Lionel souriait. Il n'avait aucunement l'intention d'obéir à
la folle qui avait épousé son fils, mais avait trouvé un
moyen de tourner la situation à son avantage.
Comme toujours…
Il savait que la jeune femme allait bientôt arriver dans son bureau et
vérifia une dernière fois son plan.
Helen entra dans la pièce et claqua la porte avant de se retourner vers
Lionel.
- Pourquoi m'avez-vous fait venir ? Vous savez exactement ce que je veux ! Vous
n'êtes pas capable de virer les Kent de leur ferme ?
- Asseyez-vous, ma chère.
A contrecœur, la jeune femme obéit.
- Alors ?
- Avez-vous bien lu votre contrat de mariage ?
- Pour qui me prenez-vous ? Bien entendu !
- Je n'en suis pas si sûr.
Il lui tendit un document relié qu'elle reconnut aussitôt.
- Ouvrez-le à la dernière page et lisez l'avant-dernier paragraphe.
Etonnée, elle suivit les instructions et sentit son cœur se glacer.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? De quel testament parle t'il ?
- De celui-ci, répondit Lionel en lui tendant un autre document. Bien
entendu, il ne s'agit que d'une copie. L'original est bien en sécurité
chez le notaire de Lex.
Helen prit le testament et lut. Plus elle lisait, plus sa rage contre Lex décuplait.
- Il ne m'a pas fait ça ? Il n'a pas osé ?
- Si, sourit Lionel, satisfait de sa manœuvre. Si Lex disparaît ou
meurs avant la fin de votre première année de mariage, tous ses
biens reviendront à Clark Kent. Si celui-ci n'est pas en mesure de toucher
son héritage, ce seront ses parents qui en bénéficieront.
Et si, par malheur, eux non plus ne sont plus de ce monde, tout ira à
des œuvres de charité, des orphelinats ou des instituts de recherche
contre le cancer et le SIDA . En d'autres mots, vous n'aurez que vos yeux pour
pleurer !
La jeune femme se leva d'un bond, folle de rage.
- Je ne peux rien y faire ?
- Non, ce contrat de mariage et le testament de Lex sont tout ce qu'il y a de
plus légaux. Vous n'aurez absolument rien !
- Pourquoi vous faites ça ? Je croyais que vous détestiez votre
fils ?
- C'est vrai. Mais, je vous déteste encore plus. Je n'ai pas envie que
la LexCorp et, de ce fait, une partie de ma compagnie, tombe entre vos mains.
- Et, vous ne voulez pas savoir que ce que j'ai découvert au sujet de
Clark Kent ? Je croyais pourtant que ce jeune homme vous intéressait
au plus haut point.
- C'est vrai. Mais, je me débrouillerai sans vous. Et puis, de toutes
manières, je commence à vous comprendre et je suis certain que
vous m'auriez joué un mauvais tour.
Elle lui lança un regard meurtrier et sortit en claquant à nouveau
la porte. Une fois seul, Lionel rangea les documents qu'il avait montrés
à Helen dans son coffre et appela son chauffeur. Il avait une folle envie
de manger italien, la discussion avec la jeune femme lui ayant ouvert l'appétit.
Helen entra dans la maison abandonnée qu'elle avait louée à
la sortie de Metropolis et se dirigea directement vers l'escalier menant à
la cave. Elle fut surprise de ne pas voir son complice devant la porte. Son
intuition lui souffla qu'il y avait un problème. Elle entra dans la cave
et sa rage décupla lorsqu'elle vit son complice attaché sur le
sol et la cage en kryptonite vide.
- NON ! C'est impossible !
Elle ressortit aussi vite, sans même prendre le temps de libérer
l'homme qui gisait par-terre.
La Porshe de Lex filait à vive allure sur la route menant à Metropolis.
Pour une fois, Clark était trop préoccupé pour se soucier
des risques d'accidents. Après avoir récupéré les
vêtements de Clark et quitté la maison où ils étaient
retenus prisonniers, les deux hommes avaient marché pendant quelques
centaines de mètres avant de tomber sur une station service. Heureusement
pour eux, Helen avait oublié de prendre le portefeuille de Lex dans sa
poche de pantalon. Ils appelèrent un taxi et se firent conduire au siège
de la LexCorp. Ils descendirent dans le garage situé au sous-sol du bâtiment
où se trouvaient deux des voitures du milliardaire. Clark savait qu'il
aurait pu partir seul et qu'il serait arrivé bien plus vite à
Smallville, mais Lex l'avait convaincu qu'il avait besoin de lui pour contrer
les arguments juridiques que ne manquerait pas d'employer son père pour
expulser les Kent de chez eux. De plus, Clark était encore faible suite
à l'exposition prolongée à la kryptonite. Alors qu'ils
quittaient Metropolis, chacun raconta à l'autre comment il s'était
fait prendre par Helen.
- J'ai cru qu'elle allait te tuer, Clark.
- Moi aussi… Mais, comment a t'elle su pour nous deux ?
- Je ne sais pas, répondit Lex en haussant les épaules.
Un sourire énigmatique apparut sur son visage.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu souris comme ça ?
- Je repensais à Helen… Je ne sais pas ce qu'elle voulait exactement,
mais c'est un échec total ! De toutes façons, même si elle
nous avait tué, elle n'aurait pas réussi à mettre la main
sur ma fortune.
- Pourquoi ?
- On a signé un contrat de mariage. Dedans, il est stipulé que
si je meurs avant une année de mariage, mes biens seraient distribués
selon ce qui est indiqué dans mon testament. Et, celui-ci ne fait aucunement
mention d'Helen.
- Tu ne lui lègue rien ?
- Non. En fait, c'est toi qui aurait tout récupéré.
- Moi ? Pourquoi moi ?
- Voyons Clark ! Tu sais très bien pourquoi ! Je me suis rendu compte
de mes sentiments pour toi bien avant de la rencontrer. Et je savais que tu
étais la seule personne de mon entourage qui se serait servi de cet argent
pour faire le bien.
- Mais, si Helen m'avait tué aussi ?
- L'argent serait revenu à tes parents. Et, dans le pire des cas, il
aurait été distribué à des œuvres de charité.
- Elle n'aurait pas eu un centime ?
- Pas un. Tu comprends maintenant pourquoi je souriais.
- Tu sais que tu es encore plus machiavélique que je ne croyais !
- Merci !
Ils se turent en voyant le panneau "Smallville 5 miles". Plus que
quelques minutes et ils sauraient si Lionel avait consenti à aider Helen.
