Titre: Si nous survivons - Chapitre 2: Deux pointes du même compas (2/11)
version modifiée 10/2003
Author: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Category: Drama/Angst/Romance
Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre
(Accord parental souhaitable)
** *
Maud reposa ses coudes sur l'appui de la fenêtre, regardant au delà de la cour pavée . Pendant les deux premiers jours après son départ de Poudlard, elle était restée dans une pièce au-dessus du Chaudron Baveur; mais maintenant elle avait trouvé une place pour elle même et en était assez heureuse .
Cependant, c'était encore un choc de se réveiller chaque matin et se trouver si complètement seule : elle s'était habituée au ronflement de Muriel, aux soupirs de Lucinda et au babillage gai d'Annie tôt le matin. Une partie d'elle se demandait si elle devait rechercher quelqu'un avec qui partager son appartement, de préférence une fille avec plus de meubles avec elle, pour l'aider à meubler le silence et l'espace. Mais cela pourrait attendre que quelques autres choses n'aient été arrangées - et considérant ce qu'elle était sur le point de faire, cela vaudrait probablement mieux .
Refermant la fenêtre coulissante, elle se tourna et prit le rouleau maintenant familier de sa table de nuit. Il se déroula facilement dans sa main. Chère Mlle Maugrey...
Maud respira à fond, tira sa baguette et tapa le parchemin trois fois.
Pendant quelques secondes, rien n'arriva. Alors, sans avertissement, la lettre commença à friser, se ratatiner et noircir aux bords. Elle la laissa tomber dans l'âtre et observa les flammes faire irruption et le parchemin se consumer, ne laissant rien qu'une couche fine de cendre pétillantes.
Et quand elle leva la tête, elle n'était plus seule.
Maud n'était pas tout à fait sûre de qui ou quoi elle avait attendu, mais ce n'était certainement pas cela. Il aurait été dur de trouver un individu à l'air moins mystérieux que celui qui était debout avant elle : une jeune femme légèrement dodue, à l'air gai peut-être de trois ou quatre ans son aînée, avec des yeux noisettes brillants et un des cheveux lâches et bruns. Ses robes beurre et safran étaient juste à peine du côté du bon goût dans les tons voyants , mais ils lui allaient bien, aussi bien que le sourire chaud, ouvert qu'elle fit à Maud en avançant et en lui tendant la main.
"Salut," dit-elle. "Je suis Imogen Crump."
Maud lui serra la main, encore un peu ahurie par l'arrivée inattendue de l'autre fille. Elle s'était attendue à être avertie par le son familier du « pop » de Transplanation, mais malgré toute la vivacité de sa façon, Imogen s'était matérialisée dans un silence absolu.
"Je suis Maud Maugrey," dit-elle.
"C'est ce que j'entends. Aucune relation avec Fol ?il , je suppose ?"
"C'est mon oncle."
"Vraiment ?" Les yeux d'Imogen étaient larges. "Phemie ne me l'a pas dit. Quoiqu'elle doive avoir su, la vieille mégère." Elle sourit. "Pas étonnant qu'elle tienne autant à t'enrôler."
Maud se trouvait quelque peu embarrassée. Cela avait été une longue période de temps depuis qu'elle avait eut affaire - ouvertement, au moins - avec quelqu'un de nature si accommodante et amicale. Une partie d'elle voulait de jeter un coup d'?il à l'appartement pour s'assurer qu'il n'y avait aucun Serpentard pour les remarquer. C'est cette impulsion qui la fit demander, quelque peu sans rapport :
"Dans quelle Maison étiez-vous à Poudlard ?"
"Oh, Pouffesouffle, bien sûr," dit Imogen. "J'en ai l'air, n'est-ce pas ? Et toi ? Attends, laisse-moi deviner - Serdaigle."
"Serpentard."
"Sérieusement ?" Imogen cligna des yeux. "Et bien, c'est une nouveauté. C'est drôle, cependant je ne me rappelle pas avoir entendu ton nom à la Répartition. Je suis sûr que nous aurions dû nous croiser pendant au moins ta première année."
"J'étais seulement à Poudlard pour ma dernière année. Avant cela, j'étais à Durmstrang."
"Vraiment ?" Imogen semblait impressionnée. "Tu as eu une carrière intéressante. Espionnage pour ton oncle, je suppose ?"
Maud la regarda avec surprise. "Maintenant pourquoi penseriez-vous cela ?"
"Et bien, il a toujours eu une tendance à se mêler en amateur des affaires du Département - comme si être Auror n'était pas assez - et si tu étais partie à Durmstrang apprendre les Arts Sombres, Dumbledore ne t'aurait pas recommandée à nous, n'est-ce pas ?"
Imogen pouvait sembler sans astuce, pensa Maud, mais elle avait l'esprit vif. Et sans aucun doute elle avait jeté quelque sort protégeant la vie privée avant de transplaner, ou elle ne parlerait pas si franchement. Néanmoins, Maud tint son visage sans expression, levant simplement ses sourcils d'une fraction, comme pour dire, Pensez ce que vous voulez.
"Ooh, rusée," dit Imogen appréciative. "Bien, alors, il n'y a pas beaucoup que je doive t'apprendre à propos du secret. Le Département du Mystère est, comme tu as déjà pu le voir, extrêmement avare de ses informations. Même les membres des sous-départements différents ne connaissent souvent pas les noms de des autres ou leur travail. Nous avons nos espions, bien sûr; c'est ce que chacun soupçonne sur notre but. Mais en fait nous faisons beaucoup plus que cela. Enquête, recherche, stratégie ... nous avons des gens qui travaillent dans des fouilles archéologiques et de vieilles bibliothèques et d'autres qui restent assis dans de petits bureaux toute la journée à seulement réfléchir."
"Et que faites-vous ?" demanda Maud. "Si je peux demander."
"Je suis une des liaisons Départementales, évidemment, mais je travaille aussi dans la surveillance des Moldus. Quelqu'un doit surveiller ce qui se passe dans le reste du monde et le comprendre vraiment pour changer." Imogen soupira. "Nous avons quelques observateurs enthousiastes des Moldus dans d'autres départements du Ministère, mais ce sont de tels amateurs."
Etudes des Moldus n'étant pas un cours populaire à Durmstrang, ni un choix politique pour un Serpentard, Maud n'avait pas eu la possibilité d'étudier la population des non-sorciers. Néanmoins, elle était intriguée. "Alors que faites-vous ? Je veux dire, comment les étudiez-vous ?"
"La vérité ?" Imogen étouffa un rire. "Surtout je reste juste assise dans des cafés, portant des vêtements Moldus et écoutant leurs conversations. Ce n'est pas vraiment un travail très stimulant - au moins pas pour autre chose que mon tour de taille." Alors son visage prit une expression de fausse sévérité et elle ajouta, ", mais assez parlé de moi. Tu as un talent décidé pour changer de sujet, n'est-ce pas ? Si je ne savais pas le contraire, je penserais que tu as déjà été présentée à la Première Règle de Phemie : les gens sont beaucoup plus intéressés par parler d'eux-mêmes qu'ils ne le sont de vous découvrir. Une règle de vie, quand tu es une sorcière posant aux Moldus beaucoup de questions idiotes sur leurs emplois, leurs familles et ce qu'ils pensent du gouvernement."
Elle recula de quelques pas et se laissa tomber dans le fauteuil de Maud, posant ses pieds sur l'ottomane avec toute les apparences du bien-être. "Cela t'ennuierait-il de faire bouillir de l'eau ?" dit-elle. "Je commettrais un meurtre pour une tasse de thé."
***
Après une heure avec Imogen, l'esprit de Maud chancelait assez. Ce n'était pas que l'on lui ait donné beaucoup d'information sur le Département du Mystère - en fait, quand il s'agissait de quelque chose d'autre que les activités de son propre sous-département, Imogen ne semblait pas savoir grand-chose. Non, c'était plutôt que la méthode de l'autre fille de livrer l'information était à tout va, si empêtrée avec des anecdotes gaies et des futilités amusantes, que Maud avait beaucoup de mal à dégager ce qui était approprié.
Néanmoins, il était au moins devenu clair, que la lettre d'Euphemia Glossop n'avait pas exagéré : il y avait un nombre incalculable de carrières possibles dans le Département que Maud pourrait vouloir poursuivre. L'espionnage et le contre-espionnage qu'elle avait déjà exclu, mais il y avait là abondance d'ouvertures investigatrices et analytiques, y compris la même sorte de travail que son propre père avait fait. Encore plus intrigante était la remarque désinvolte que le Département faisait quelque travail impliquant des potions, mais malheureusement la connaissance d'Imogen semblait finir là.
"Alors," dit Imogen vivement, "que penses-tu ? Est-ce que je te fais transplaner vers Phemie, ou est-ce que je te remercie juste pour le thé, jette Oubliette et disparais ?"
Intérieurement, Maud tressaillit. L'utilisation banale de Charmes de Mémoire dans le monde sorcier, même parmi des gens authentiquement aimables et bien intentionnés, n'avait jamais échoué à la déranger. "Je suis intéressée," dit-elle. "Oui".
"Super." Imogen reposa sa tasse à thé et sauta sur ses pieds. "Bien, alors, prends mon bras et nous irons." Elle sourit à Maud presque timidement. "Tu ne seras pas déçue, Maud Maugrey," dit-elle. "Cela va être amusant."
***
"Maugrey. Hmm. Oui."
Euphemia Glossop était une sorcière grande, décharnée avec des frisettes gris fer serrées et la façon vive d'une femme habituée à l'autorité. Elle considéra Maud à travers le pince-nez scintillant perché sur la fin de son nez et dit d'un ton croquant, "Bien, vos relevés universitaires sont certainement corrects. Comment avez vous apprécié travailler avec le Professeur Rogue ?"
La direction rapide de la question surprit Maud et elle rougit. "Je - c'était-"
"Oh," dit Glossop, avec un regard pénétrant. "Une vraie Maugrey, je vois."
Ravalant son inquiétude - cette femme savait-elle tout d'elle ? - Maud se força à sourire. "C'est si malheureux ?"
"Seulement si vous espériez entrer à l'espionnage. Ce n'est pas grave. Nous pouvons vous employer de toute façon." Glossop se leva de son bureau, étendit une longue main osseuse. "Bienvenu au Département du Mystère."
Maud ne pouvait pas s'empêcher de penser, en serrant la main de son aînée, qu'elle avait rarement été dans un endroit qui ressemblait moins à un Département. Le bureau consistait en deux pièces étroites, sans fenêtre, austèrement meublées et silencieuses comme une crypte. Il ne semblait pas y avoir de porte : Imogen avait Transplané avec elle et ensuite promptement Transplané hors de la pièce . Maud n'avait même pas idée de la ville où elle était. Ce qui était, sans doute le but entier.
"Nous, avons bien sûr une base formelle d'opérations au Ministère," dit Glossop, s'asseyant de nouveau. "Mais c'est seulement le bout de la baguette , pour ainsi dire. La plus grande partie de nos activités ont lieu dans de petites cellules isolées comme celle-ci, placées partout en Grande- Bretagne."
Elle donna une chiquenaude économique de sa baguette et une carte translucide des Îles Britanniques apparut en l'air entre elles, avec des points brillants dispersés à travers .
"Je vois que vous avez votre licence de transplanation," elle continua, "donc il ne devrait y avoir aucun besoin de retard. En commençant demain, Imogen vous apprendra comment à Transplaner aux emplacements les plus publics-" Londres, Belfast et Edimbourg s'allumèrent comme des spots - "tandis que moi-même je vous emmènerai à d'autres. Plus tard, vous apprendrez quelques points de Transplanation uniques à votre sous- département." Elle écarta la carte d'un autre geste. "Personne de nous ne connaît les secrets de tout le Département. Ce qui est comme cela doit être."
Maud acquiesça. Cela pourrait créer quelques difficultés dans la communication, mais stratégiquement c'était logique : Voldemort - ou un autre - ne pourrait jamais espérer écraser le Département de Mystères d'un seul coup. Sans aucun doute Euphemia Glossop n'était seulement qu'une de plusieurs personnes en autorité, pour la même raison.
"Alors," dit Glossop, se penchant en arrière dans sa chaise et posant ses bouts de doigts les uns contre les autres, "je suppose que Mlle Crump vous a donné quelque idée des possibilités ouvertes à vous en tant que membre de notre Département. Avez-vous une préférence quant à ce que vous voudriez faire ici ?"
"J'y ai pensé," admit Maud. "Mais je suis aussi curieuse..."
"Oui ?" demanda Glossop.
"Bien, vous avez vu mes bulletins universitaires et vous connaissez mon histoire. Où me mettriez vous ?"
Les sourcils de Glossop se soulevèrent. "Une question intéressante." Elle rétrécit ses yeux, tapotant ses doigts contre le bureau en envisageant sa réponse. "Mon inclination personnelle," dit-elle enfin, "serait de vous mettre dans la Recherche et le développement de Potions."
Intérieurement, Maud exulta, mais elle tint son expression douce. "Qu'est- ce que cela veut dire , exactement ?"
"Votre travail impliquerait la formulation d'antidotes à des poisons et d'autres breuvages malveillants employés par des sorciers Sombres. Vous créeriez aussi des potions offensives et défensives pour les Aurors et les autres défenseurs du Ministère . Un peu d'analyse, un peu de médecine, un peu de créativité - et, une fois que vous aurez suffisamment d'expérience , quelque travail sur le champ de bataille. Pas tout à fait de l'espionnage, mais cela pourrait être quelque peu dangereux, néanmoins. Je crois que cela ne vous alarme pas ?"
Maud secoua la tête.
"Non, je ne pensais pas." Glossop sourit d'un air sinistre. "Personne élevé par Alastor Maugrey ne pourrait se permettre d'être timide." Ses doigts tapotèrent le bureau de nouveau. "Ce qui me rappelle. Selon tous les rapports, vous avez été séparée de votre oncle pendant les cinq mois passés . Avez-vous une intention de changer cette situation ?"
"Pensez-vous que je doive le faire ?"
"Pas à moins que le désaccord entre vous ne soit véritable, ce dont je doute. S'il convient simplement à Alastor d'avoir une nièce maintenant l'apparence d'être susceptible d'être persuadée à la cause de l'Ennemi, je n'ai aucune objection. En effet, cela rendra probablement votre travail - et quelques autres choses, j'imagine - quelque peu plus facile si vous le faites. Néanmoins-" elle garda un doigt sévèrement en l'air - "vous savez aussi bien que moi que votre ruse n'échapperait pas à une inspection de près par un Mangemort vraiment intelligent, beaucoup moins par l'Ennemi lui- même. Donc je m'attends à ce que vous vous teniez à une distance sûre et que vous ne suiviez pas l'habitude malheureuse de votre oncle de jouer à l'espion amateur. Me suis-je bien fait comprendre ?"
"Oui," dit Maud, un peu piteuse.
Pendant juste un instant, les traits de Glossop s'amollirent. "Vous n'êtes pas ... tout à fait ... ce que j'attendais, Mlle Maugrey. Mais vous ferez l'affaire. Oh, oui, vous ferez l'affaire."
Maud ouvrit sa bouche pour demander à Glossop ce qu'elle voulait dire, mais trop tard; l'autre femme prit une respiration profonde et était toute aux affaires de nouveau. "Maintenant. Imogen vous rejoindra demain matin à huit heures précises et votre formation commencera. Avez vous des questions pour le moment ?"
En fait, Maud en avait; mais elle soupçonnait que ce n'étaient pas des questions auxquelles Glossop serait préparée à répondre aujourd'hui. "Non", dit-elle. "Merci."
"Très bien. Vous pouvez aller," dit Glossop. "Bonjour."
Maud inclina sa tête avec respect, recula de deux pas et transplana.
La réalité se brouilla, se réunit ensuite de nouveau dans la forme de son appartement. Elle regarda autour d'elle et constata qu'Imogen s'était encore une fois confortablement installée dans le fauteuil, se versant une nouvelle tasse de thé.
"Alors tu es passée indemne par Phémie," dit l'autre sorcière, lui remettant la tasse. "Je pensais que ce serait le cas. T'a-t-elle dit que nous commençons demain ?"
Maud prit la tasse à thé avec reconnaissance et la berça dans ses mains, aspirant la vapeur parfumée. "Oui", dit-elle.
"Bien." Imogen rayonnait. "Tu sais, je pense que nous allons être amies, Maud Maugrey. Ne me demande pas pourquoi, mais je le pense ."
* * *
Elle avait eu raison, aussi. Comme Maud le découvrit pendant les quelques semaines suivantes de sa formation, Imogen avait souvent raison . Elle pouvait sembler modeste et se comporter innocemment - et dans une certaine mesure c'était véritable - mais au-dessous de la surface affable étaient un esprit et une volonté presque aussi formidables que celles d''Euphemia Glossop.
"Mais elle n'a aucune ambition," dit Maud à George, remuant sa boisson oisivement avec la paille et observant la glace tourner autour. "Elle est parfaitement heureuse à faire ce qu'elle fait et je ne pense pas qu'elle objecterait si elle ne devait jamais faire autre chose."
Ils étaient assis sur la terrasse de Salon de Glaces de Florean Fortarôme dans le chemin de Traverse, s'étant rencontrés (par accident, penserait n'importe quel spectateur non averti) une demi-heure plus tôt chez l'Apothicaire . C'était la première fois que Maud voyait George depuis son départ de Poudlard et elle ne pouvait pas s'empêcher de penser combien il lui avait manqué.
"Alors que fait ta nouvelle amie ?" demanda-t-il.
"De la recherche," dit Maud. "Elle étudie les Moldus et écrit sur eux."
Les sourcils roux de George montèrent en flèche. "Elle doit être aussi folle que mon père, alors. Est-ce qu'elle collectionne les prises, aussi ?"
Maud eut un sourire désabusé. La fascination d'Arthur Weasley pour le monde Moldu était bien connue au Ministère, mais il était certainement un "des amateurs" qui conduisaient Imogen au désespoir. Son opinion de la vie Moldue était idéalisée et la plupart de son information était imprécise ou démodée.
Imogen, d'autre part, savait précisément ce qu'elle faisait. Elle souscrivait aux catalogues, journaux et magazines Moldus en quantité; employait leur argot et portait leurs modes avec un bien-être naturel; et disparaissait fréquemment dans leur société pendant plusieurs jours de suite, poursuivant quelque particule obscure d'information ou acquérant une nouvelle compétence non-magique. Si elle avait jamais été éblouie par la nouveauté du monde Moldu, cette naïveté avait passé il y a longtemps .
"Pas que je sache," dit Maud. "Alors qu'est-ce que tu fais toi?"
"On bosse comme des dingues, surtout." dit George. "Tu sais, après avoir quitté Poudlard, nous ne nous sommes pas précipités à la maison-- Fred et moi avons estimé que nous avions mérité quelques vacances avant de passer vraiment aux affaires." Il fit une pause, ajouta avec un sourire narquois, "Nous essayions aussi de calculer comment communiquer la nouvelle à Maman sans nous faire enterrer jusqu'au cou dans le jardin et laissés aux gnomes."
"Comment l'a-t-elle pris ?"
"Eh bien, elle n'était pas exactement contente. Les mots ' mourir de honte ' ont circulé quelque temps. Mais finalement, nous l'avons persuadée."
"Pourquoi ne suis-je pas étonnée ?" dit Maud avec une ironie désabusée.
"Eh bien, cela n'a pas fait de mal de pouvoir lui montrer le magasin que nous avions déjà acheté, et les deux cent gallions d'avances sur les commandes, non plus." George lécha le dos de sa cuillère et regarda le plat vide de Plaisir d'Ondulation de Mûre sauvage avec satisfaction. "Maintenant ça c'est ce que j'appelle un déjeuner d'affaires."
Maud sourit.
"Et en ce qui te concerne ?" George continua. "Ta lettre me disait que tu avais trouvé un appartement - à Oxford, n'est-ce pas ? - et que tu t'étais fait une nouvelle amie, mais tu n'as pas parlé de travail."
"J'en ai un maintenant," lui dit Maud. "Je travaille dans un laboratoire à Ste. Mangouste, dans la recherche en potions médicinales."
C'était, en fait, la vérité, bien que peu des collaborateurs de Maud à l'hôpital puissent deviner la pleine mesure de ses activités. Le laboratoire en question avait une pièce supplémentaire, inconnue de tous en dehors de Maud et des deux autres membres du Département avec qui elle travaillait; c'était là qu'ils exécutaient leurs expériences les plus volatiles, et faisaient des potions top-secrètes commandées par le Ministère.
"Oh," dit George. "Et bien. Félicitations, alors."
"Tu as l'air déçu."
Il sembla timide. "Je suppose que je le suis. Je veux dire, après avoir été élevée par l'ex-Auror le plus célèbre du Ministère et avoir passé pratiquement la moitié de ta vie comme espionne, je suppose que je m'attendais à ce que tu fasses quelque chose d'un peu plus .excitant."
Maud eut un rire court. "Il y aura assez d'excitation pour nous tous avant peu .Trop même je pense. "
"Ouais, et bien, j'essaye de ne pas y penser. Les gens les plus raisonnables le font." George jeta un coup d'?il autour d'eux, puis se pencha tout près et baissa la voix. "Reçu des nouvelles ton petit ami récemment ?"
Maud s'étrangla presque avec son soda. La pensée de Severus Rogue comme "le petit ami" de quelqu'un ne lui était jamais venue. "Euh ... non."
"Quoi ?" George était outré. "Pas même une lettre ?"
"Nous savions tous les deux que cela pourrait être difficile de rester en contact," expliqua Maud calmement, bien qu'une lourde souffrance familière fraie son chemin jusque dans son c?ur pendant qu'elle parlait. "Il est dans une position précaire et moi aussi . Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le risque d'être découverts, pas encore."
De nouveau, la vérité, quoique seulement en partie . En toute honnêteté, Maud commençait à se faire du souci. Elle savait que Rogue serait occupé cet été, avec Dumbledore et avec Voldemort; mais sûrement il aurait trouvé quelque moyen d'entrer en contact avec elle ?
Cependant, elle n'avait aucune crainte que Rogue l'ait oubliée, pas plus qu'elle ne l'avait oublié. En effet, elle soupirait après sa présence, son contact, plus que jamais. C'était une bonne chose il n'ait pas accepté son offre impulsive de rester avec lui , cette dernière nuit à Poudlard; s'il l'avait fait, combien serait-ce dur pour eux deux maintenant ?
"Je sais pas," dit George, avec un regard sceptique. "Même si ça me fait mal de l'admettre , Rogue est un b- euh, type intelligent. Il devrait être capable de trouver un moyen."
"Il trouvera," dit Maud fermement. "J'en suis sûre."
***
"Fais attention à ce bêcher à ta gauche, s'il te plaît , chérie ? C'est du jus d'Erumpent et tu sais à quoi cette substance ressemble..."
Maud regarda l'établi avec surprise et vit qu'il avait raison : la fiole mince sur le présentoir était étiquetée Liquide Éclatant Explosant, Classe B.
"Sur quoi travaillez-vous donc ?" Elle demanda.
Tony Gamble tapota le côté de son nez d'un doigt ganté de peau de dragon et lui fit un clin d'?il entendu. Trapu et plein d'entrain, avec des cheveux qui commençaient à se clairsemer et des yeux bleus brillant profondément dans un visage bronzé de soleil, il était le surveillant de Maud à Ste. Mangouste et son chef d'équipe pour le Département du Secret, bien qu'il se donne rarement la peine d'y faire attention.
"Commission spéciale," dit-il. "Tout est très archi-secret." Avec des mouvements habiles il ajouta encore plusieurs ingrédients au chaudron devant lui, puis rabattit le couvercle et le tint fermé pendant que le mélange écumait et bouillonnait. "Désagréable aussi," il ajouta, avec une note distincte de satisfaction.
"Je peux voir cela," dit Maud.
Un anneau de flamme bleue lécha la jante du chaudron, puis baissa. Tony, l'air étonné, souleva le couvercle, regarda fixement le contenu et laissa échapper un juron amer. "Je savais que ces limaces avaient dépassé leur date de péremption," il s'emporta. "Un autre lot de gâché. Où est cette paresseuse putain de Peg? J'aurai sa baguette pour cela!"
Il fit claquer le couvercle et transplana avant que Maud ne puisse même parler - encore parti pour une autre de ses batailles légendaires avec la maîtresse des approvisionnements de l'hôpital. Ce qui laissait Maud devant un dilemme, parce qu'elle voulait lui demander si elle pouvait partir quelques minutes plus tôt ce soir. Devait-elle attendre qu'il revienne ?
Non, elle décida après un moment, elle pourrait juste aussi bien y aller. Elle avait passé plus qu'assez de temps sur les deux niveaux du laboratoire cette semaine et en plus, c'était vendredi. "Sarah", dit-elle, se tournant vers la femme remuant tranquillement son chaudron dans un coin, "pourras-tu dire à Tony que j'ai fini ma journée ? J'ai un rendez-vous."
Sarah Proctor leva la tête lentement et cligna des yeux, comme si elle était étonnée que Maud s'adresse à elle. C'était une femme mince, d'un certain âge, avec des frisettes blondes effacées et des yeux qui semblaient dans le vague de façon permanente. "Quoi ? Oh, oui, bien sûr."
"Merci," dit Maud et elle transplana.
***
"Tu vas aimer cette place," promit Imogen, bondissant assez loin devant Maud comme ils se dirigeaient sur la rue Charing Cross. "Ils font le curry d'agneau le plus magnifique que j'ai jamais goûté et leur veau au parmesan est sublime..."
Elle avait l'air parfaitement naturelle dans ces vêtements Moldus, pensa Maud avec un flash d'envie. Bien sûr, Imogen était une personne naturelle et les lignes fluides du chemisier de coton aux dessins éclatants et la jupe qu'elle avait choisie pour cette soirée lui allait bien.
Maud, d'autre part, se sentait embarrassée. Le fourreau retaillé, sans manches de lin bleu roi était indéniablement flatteur et elle supposait que ce n'était pas vraiment immodeste - particulièrement comparé à certains des équipements qu'elle avait vus sur des femmes Moldues. Cependant, elle était heureuse d'avoir la veste légère qui allait avec et elle ne pouvait pas s'empêcher de souhaiter que les deux parties de l'équipement soient beaucoup plus longues. Il était dur de s'habituer au sentiment de la brise du soir sur ses jambes et ses chaussures étaient si fragiles - même avec des demi-talons elle se sentait prête à trébucher et à se tordre la cheville à tout moment.
D'un geste automatique, nerveux elle posa une main sur ses cheveux épinglés doucement sur sa nuque. Elle avait l'impression qu'il allait se défaire, mais Imogen y avait mis un Charme de Prise Rapide et avait insisté que ce serait excellent. Advienne que pourra, elle avait décidé de rendre Maud à la mode : la rendre confortable, il semblait, était une préoccupation bien secondaire.
Un bref trajet en métro, suivi par une beaucoup plus longue promenade dans un autobus à impériale bruyant, les amena au restaurant que Imogen avait vanté. C'était un bistrot à devanture de verre, vivement éclairé et suintant l'aspect branché urbain sous la forme de meubles de métal poli et d'un tas de tuyauterie exposée. La musique jouée à l'arrière-plan lorsqu'ils entrèrent- du jazz dit Imogen - ressemblait pour Maud au cancanement d'un canard extrêmement dépressif, mais heureusement ce n'était pas trop fort.
Les clients semblaient tous être de jeunes Moldus d'un métier vaguement artistique, qui jetèrent des regards dédaigneux et rapides à Imogen et Maud avant de revenir à leurs conversations murmurées. Comme ils suivaient le serveur à leur table, Maud se pencha et chuchota à Imogen, "Tu n'as pas dit quelque chose à propos d'amusement?"
"Attends et tu verras," dit Imogen mystérieusement.
Maud était sceptique, mais elle se tint coite. Le restaurant était confortablement chaud, donc elle enleva sa veste et la drapa sur le dos de sa chaise avant de s'asseoir. Elles commandèrent le repas, leurs boissons furent servies, elles eurent une conversation oisive - mais soigneusement censurée - sur leurs activités des jours passés et le canard continua ses plaintes tristes dans les haut-parleurs jusqu'à ce qu'enfin le repas soit servi.
"Tu avais raison," admit Maud entre deux bouchées de curry d'agneau, "c'est bon."
Imogen semblait préoccupée, cependant. Elle n'arrêtait pas de jeter des coups d'?il par dessus son épaule, tendant le cou, comme si elle cherchait quelqu'un.
"Qu'est-ce qui t'arrive ?" Maud lui demanda, fronçant les sourcils.
"Oh, rien. Je pensais juste avoir vu ... ce n'est pas grave." Elle émit un sourire bref, d'excuse et retourna son attention à son repas. "Alors de toute façon, j'étais assise à l'extérieur d'un café sur la Route d'Edgware et un très gentil petit homme japonais avec une caméra s'est approché de moi et a dit-"
"Pas la peine," dit une voix de soie et de velours venant de l'entrée. "On m'attend."
Le c?ur de Maud s'arrêta. Lentement, elle se retourna , sachant tout le temps qu'elle était ridicule; ils étaient au milieu du Londres Moldu, après tout et il n'y avait aucune chance que ce puisse être...
Un homme, grand et maigre, impeccablement vêtu d'un ensemble décontracté gris charbon de bois , un pull-over à col roulé cramoisi profond faisant paraître dorée sa peau jaunâtre . Ses cheveux sombres et lisses, portés lâchement sur ses épaules, mais avec un lustre terne de propreté absolue et pas une mèche rebelle. Il semblait cultivé, intrigant et avait vraiment l'air d'appartenir ici - certainement beaucoup plus que Maud ou même Imogen ne le faisaient.
"Qu'est-ce que tu..." commença Imogen et ensuite, très faiblement, "Oh".
Le regard de l'homme balaya la pièce, se referma sur celui de Maud. Il eut un faible demi-sourire, renvoya le serveur avec un geste négligent et traversa la pièce d'un pas léger, posé, se dirigeant vers elles.
"Ce n'est pas possible," bafouilla Imogen. "Je veux dire ..., mais non, il ne ressemble pas à ça- et ce ne pourrait pas être lui - pas lui - sûrement - ?"
Il s'arrêta à leur table, les regarda, les sourcils arqués avec une interrogation douce. "Puis-je me joindre à vous ?" demanda-t-il.
Imogen et Maud le regardèrent fixement.
"Ah, j'oubliais-- nous n'avons pas été présentés." Il se tourna vers Imogen , "Je suis Stephen Soames."
"Et moi Celestina Warbeck," dit Imogen à mi-voix, mais elle mit un sourire brillant et lui serra la main avec toute l'apparence du plaisir. "Bien sûr," dit-elle . "Comme je suis idiote, j'aurai dû savoir - j'ai tant entendu parler de vous. Asseyez-vous donc."
Il lui sourit, montrant brièvement un éclair de dents blanches et tira une chaise.
"Certainement," dit Severus Rogue.
Author: R. J. Anderson
Email: rebeccaj@pobox.com
Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com
Category: Drama/Angst/Romance
Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre
(Accord parental souhaitable)
** *
Maud reposa ses coudes sur l'appui de la fenêtre, regardant au delà de la cour pavée . Pendant les deux premiers jours après son départ de Poudlard, elle était restée dans une pièce au-dessus du Chaudron Baveur; mais maintenant elle avait trouvé une place pour elle même et en était assez heureuse .
Cependant, c'était encore un choc de se réveiller chaque matin et se trouver si complètement seule : elle s'était habituée au ronflement de Muriel, aux soupirs de Lucinda et au babillage gai d'Annie tôt le matin. Une partie d'elle se demandait si elle devait rechercher quelqu'un avec qui partager son appartement, de préférence une fille avec plus de meubles avec elle, pour l'aider à meubler le silence et l'espace. Mais cela pourrait attendre que quelques autres choses n'aient été arrangées - et considérant ce qu'elle était sur le point de faire, cela vaudrait probablement mieux .
Refermant la fenêtre coulissante, elle se tourna et prit le rouleau maintenant familier de sa table de nuit. Il se déroula facilement dans sa main. Chère Mlle Maugrey...
Maud respira à fond, tira sa baguette et tapa le parchemin trois fois.
Pendant quelques secondes, rien n'arriva. Alors, sans avertissement, la lettre commença à friser, se ratatiner et noircir aux bords. Elle la laissa tomber dans l'âtre et observa les flammes faire irruption et le parchemin se consumer, ne laissant rien qu'une couche fine de cendre pétillantes.
Et quand elle leva la tête, elle n'était plus seule.
Maud n'était pas tout à fait sûre de qui ou quoi elle avait attendu, mais ce n'était certainement pas cela. Il aurait été dur de trouver un individu à l'air moins mystérieux que celui qui était debout avant elle : une jeune femme légèrement dodue, à l'air gai peut-être de trois ou quatre ans son aînée, avec des yeux noisettes brillants et un des cheveux lâches et bruns. Ses robes beurre et safran étaient juste à peine du côté du bon goût dans les tons voyants , mais ils lui allaient bien, aussi bien que le sourire chaud, ouvert qu'elle fit à Maud en avançant et en lui tendant la main.
"Salut," dit-elle. "Je suis Imogen Crump."
Maud lui serra la main, encore un peu ahurie par l'arrivée inattendue de l'autre fille. Elle s'était attendue à être avertie par le son familier du « pop » de Transplanation, mais malgré toute la vivacité de sa façon, Imogen s'était matérialisée dans un silence absolu.
"Je suis Maud Maugrey," dit-elle.
"C'est ce que j'entends. Aucune relation avec Fol ?il , je suppose ?"
"C'est mon oncle."
"Vraiment ?" Les yeux d'Imogen étaient larges. "Phemie ne me l'a pas dit. Quoiqu'elle doive avoir su, la vieille mégère." Elle sourit. "Pas étonnant qu'elle tienne autant à t'enrôler."
Maud se trouvait quelque peu embarrassée. Cela avait été une longue période de temps depuis qu'elle avait eut affaire - ouvertement, au moins - avec quelqu'un de nature si accommodante et amicale. Une partie d'elle voulait de jeter un coup d'?il à l'appartement pour s'assurer qu'il n'y avait aucun Serpentard pour les remarquer. C'est cette impulsion qui la fit demander, quelque peu sans rapport :
"Dans quelle Maison étiez-vous à Poudlard ?"
"Oh, Pouffesouffle, bien sûr," dit Imogen. "J'en ai l'air, n'est-ce pas ? Et toi ? Attends, laisse-moi deviner - Serdaigle."
"Serpentard."
"Sérieusement ?" Imogen cligna des yeux. "Et bien, c'est une nouveauté. C'est drôle, cependant je ne me rappelle pas avoir entendu ton nom à la Répartition. Je suis sûr que nous aurions dû nous croiser pendant au moins ta première année."
"J'étais seulement à Poudlard pour ma dernière année. Avant cela, j'étais à Durmstrang."
"Vraiment ?" Imogen semblait impressionnée. "Tu as eu une carrière intéressante. Espionnage pour ton oncle, je suppose ?"
Maud la regarda avec surprise. "Maintenant pourquoi penseriez-vous cela ?"
"Et bien, il a toujours eu une tendance à se mêler en amateur des affaires du Département - comme si être Auror n'était pas assez - et si tu étais partie à Durmstrang apprendre les Arts Sombres, Dumbledore ne t'aurait pas recommandée à nous, n'est-ce pas ?"
Imogen pouvait sembler sans astuce, pensa Maud, mais elle avait l'esprit vif. Et sans aucun doute elle avait jeté quelque sort protégeant la vie privée avant de transplaner, ou elle ne parlerait pas si franchement. Néanmoins, Maud tint son visage sans expression, levant simplement ses sourcils d'une fraction, comme pour dire, Pensez ce que vous voulez.
"Ooh, rusée," dit Imogen appréciative. "Bien, alors, il n'y a pas beaucoup que je doive t'apprendre à propos du secret. Le Département du Mystère est, comme tu as déjà pu le voir, extrêmement avare de ses informations. Même les membres des sous-départements différents ne connaissent souvent pas les noms de des autres ou leur travail. Nous avons nos espions, bien sûr; c'est ce que chacun soupçonne sur notre but. Mais en fait nous faisons beaucoup plus que cela. Enquête, recherche, stratégie ... nous avons des gens qui travaillent dans des fouilles archéologiques et de vieilles bibliothèques et d'autres qui restent assis dans de petits bureaux toute la journée à seulement réfléchir."
"Et que faites-vous ?" demanda Maud. "Si je peux demander."
"Je suis une des liaisons Départementales, évidemment, mais je travaille aussi dans la surveillance des Moldus. Quelqu'un doit surveiller ce qui se passe dans le reste du monde et le comprendre vraiment pour changer." Imogen soupira. "Nous avons quelques observateurs enthousiastes des Moldus dans d'autres départements du Ministère, mais ce sont de tels amateurs."
Etudes des Moldus n'étant pas un cours populaire à Durmstrang, ni un choix politique pour un Serpentard, Maud n'avait pas eu la possibilité d'étudier la population des non-sorciers. Néanmoins, elle était intriguée. "Alors que faites-vous ? Je veux dire, comment les étudiez-vous ?"
"La vérité ?" Imogen étouffa un rire. "Surtout je reste juste assise dans des cafés, portant des vêtements Moldus et écoutant leurs conversations. Ce n'est pas vraiment un travail très stimulant - au moins pas pour autre chose que mon tour de taille." Alors son visage prit une expression de fausse sévérité et elle ajouta, ", mais assez parlé de moi. Tu as un talent décidé pour changer de sujet, n'est-ce pas ? Si je ne savais pas le contraire, je penserais que tu as déjà été présentée à la Première Règle de Phemie : les gens sont beaucoup plus intéressés par parler d'eux-mêmes qu'ils ne le sont de vous découvrir. Une règle de vie, quand tu es une sorcière posant aux Moldus beaucoup de questions idiotes sur leurs emplois, leurs familles et ce qu'ils pensent du gouvernement."
Elle recula de quelques pas et se laissa tomber dans le fauteuil de Maud, posant ses pieds sur l'ottomane avec toute les apparences du bien-être. "Cela t'ennuierait-il de faire bouillir de l'eau ?" dit-elle. "Je commettrais un meurtre pour une tasse de thé."
***
Après une heure avec Imogen, l'esprit de Maud chancelait assez. Ce n'était pas que l'on lui ait donné beaucoup d'information sur le Département du Mystère - en fait, quand il s'agissait de quelque chose d'autre que les activités de son propre sous-département, Imogen ne semblait pas savoir grand-chose. Non, c'était plutôt que la méthode de l'autre fille de livrer l'information était à tout va, si empêtrée avec des anecdotes gaies et des futilités amusantes, que Maud avait beaucoup de mal à dégager ce qui était approprié.
Néanmoins, il était au moins devenu clair, que la lettre d'Euphemia Glossop n'avait pas exagéré : il y avait un nombre incalculable de carrières possibles dans le Département que Maud pourrait vouloir poursuivre. L'espionnage et le contre-espionnage qu'elle avait déjà exclu, mais il y avait là abondance d'ouvertures investigatrices et analytiques, y compris la même sorte de travail que son propre père avait fait. Encore plus intrigante était la remarque désinvolte que le Département faisait quelque travail impliquant des potions, mais malheureusement la connaissance d'Imogen semblait finir là.
"Alors," dit Imogen vivement, "que penses-tu ? Est-ce que je te fais transplaner vers Phemie, ou est-ce que je te remercie juste pour le thé, jette Oubliette et disparais ?"
Intérieurement, Maud tressaillit. L'utilisation banale de Charmes de Mémoire dans le monde sorcier, même parmi des gens authentiquement aimables et bien intentionnés, n'avait jamais échoué à la déranger. "Je suis intéressée," dit-elle. "Oui".
"Super." Imogen reposa sa tasse à thé et sauta sur ses pieds. "Bien, alors, prends mon bras et nous irons." Elle sourit à Maud presque timidement. "Tu ne seras pas déçue, Maud Maugrey," dit-elle. "Cela va être amusant."
***
"Maugrey. Hmm. Oui."
Euphemia Glossop était une sorcière grande, décharnée avec des frisettes gris fer serrées et la façon vive d'une femme habituée à l'autorité. Elle considéra Maud à travers le pince-nez scintillant perché sur la fin de son nez et dit d'un ton croquant, "Bien, vos relevés universitaires sont certainement corrects. Comment avez vous apprécié travailler avec le Professeur Rogue ?"
La direction rapide de la question surprit Maud et elle rougit. "Je - c'était-"
"Oh," dit Glossop, avec un regard pénétrant. "Une vraie Maugrey, je vois."
Ravalant son inquiétude - cette femme savait-elle tout d'elle ? - Maud se força à sourire. "C'est si malheureux ?"
"Seulement si vous espériez entrer à l'espionnage. Ce n'est pas grave. Nous pouvons vous employer de toute façon." Glossop se leva de son bureau, étendit une longue main osseuse. "Bienvenu au Département du Mystère."
Maud ne pouvait pas s'empêcher de penser, en serrant la main de son aînée, qu'elle avait rarement été dans un endroit qui ressemblait moins à un Département. Le bureau consistait en deux pièces étroites, sans fenêtre, austèrement meublées et silencieuses comme une crypte. Il ne semblait pas y avoir de porte : Imogen avait Transplané avec elle et ensuite promptement Transplané hors de la pièce . Maud n'avait même pas idée de la ville où elle était. Ce qui était, sans doute le but entier.
"Nous, avons bien sûr une base formelle d'opérations au Ministère," dit Glossop, s'asseyant de nouveau. "Mais c'est seulement le bout de la baguette , pour ainsi dire. La plus grande partie de nos activités ont lieu dans de petites cellules isolées comme celle-ci, placées partout en Grande- Bretagne."
Elle donna une chiquenaude économique de sa baguette et une carte translucide des Îles Britanniques apparut en l'air entre elles, avec des points brillants dispersés à travers .
"Je vois que vous avez votre licence de transplanation," elle continua, "donc il ne devrait y avoir aucun besoin de retard. En commençant demain, Imogen vous apprendra comment à Transplaner aux emplacements les plus publics-" Londres, Belfast et Edimbourg s'allumèrent comme des spots - "tandis que moi-même je vous emmènerai à d'autres. Plus tard, vous apprendrez quelques points de Transplanation uniques à votre sous- département." Elle écarta la carte d'un autre geste. "Personne de nous ne connaît les secrets de tout le Département. Ce qui est comme cela doit être."
Maud acquiesça. Cela pourrait créer quelques difficultés dans la communication, mais stratégiquement c'était logique : Voldemort - ou un autre - ne pourrait jamais espérer écraser le Département de Mystères d'un seul coup. Sans aucun doute Euphemia Glossop n'était seulement qu'une de plusieurs personnes en autorité, pour la même raison.
"Alors," dit Glossop, se penchant en arrière dans sa chaise et posant ses bouts de doigts les uns contre les autres, "je suppose que Mlle Crump vous a donné quelque idée des possibilités ouvertes à vous en tant que membre de notre Département. Avez-vous une préférence quant à ce que vous voudriez faire ici ?"
"J'y ai pensé," admit Maud. "Mais je suis aussi curieuse..."
"Oui ?" demanda Glossop.
"Bien, vous avez vu mes bulletins universitaires et vous connaissez mon histoire. Où me mettriez vous ?"
Les sourcils de Glossop se soulevèrent. "Une question intéressante." Elle rétrécit ses yeux, tapotant ses doigts contre le bureau en envisageant sa réponse. "Mon inclination personnelle," dit-elle enfin, "serait de vous mettre dans la Recherche et le développement de Potions."
Intérieurement, Maud exulta, mais elle tint son expression douce. "Qu'est- ce que cela veut dire , exactement ?"
"Votre travail impliquerait la formulation d'antidotes à des poisons et d'autres breuvages malveillants employés par des sorciers Sombres. Vous créeriez aussi des potions offensives et défensives pour les Aurors et les autres défenseurs du Ministère . Un peu d'analyse, un peu de médecine, un peu de créativité - et, une fois que vous aurez suffisamment d'expérience , quelque travail sur le champ de bataille. Pas tout à fait de l'espionnage, mais cela pourrait être quelque peu dangereux, néanmoins. Je crois que cela ne vous alarme pas ?"
Maud secoua la tête.
"Non, je ne pensais pas." Glossop sourit d'un air sinistre. "Personne élevé par Alastor Maugrey ne pourrait se permettre d'être timide." Ses doigts tapotèrent le bureau de nouveau. "Ce qui me rappelle. Selon tous les rapports, vous avez été séparée de votre oncle pendant les cinq mois passés . Avez-vous une intention de changer cette situation ?"
"Pensez-vous que je doive le faire ?"
"Pas à moins que le désaccord entre vous ne soit véritable, ce dont je doute. S'il convient simplement à Alastor d'avoir une nièce maintenant l'apparence d'être susceptible d'être persuadée à la cause de l'Ennemi, je n'ai aucune objection. En effet, cela rendra probablement votre travail - et quelques autres choses, j'imagine - quelque peu plus facile si vous le faites. Néanmoins-" elle garda un doigt sévèrement en l'air - "vous savez aussi bien que moi que votre ruse n'échapperait pas à une inspection de près par un Mangemort vraiment intelligent, beaucoup moins par l'Ennemi lui- même. Donc je m'attends à ce que vous vous teniez à une distance sûre et que vous ne suiviez pas l'habitude malheureuse de votre oncle de jouer à l'espion amateur. Me suis-je bien fait comprendre ?"
"Oui," dit Maud, un peu piteuse.
Pendant juste un instant, les traits de Glossop s'amollirent. "Vous n'êtes pas ... tout à fait ... ce que j'attendais, Mlle Maugrey. Mais vous ferez l'affaire. Oh, oui, vous ferez l'affaire."
Maud ouvrit sa bouche pour demander à Glossop ce qu'elle voulait dire, mais trop tard; l'autre femme prit une respiration profonde et était toute aux affaires de nouveau. "Maintenant. Imogen vous rejoindra demain matin à huit heures précises et votre formation commencera. Avez vous des questions pour le moment ?"
En fait, Maud en avait; mais elle soupçonnait que ce n'étaient pas des questions auxquelles Glossop serait préparée à répondre aujourd'hui. "Non", dit-elle. "Merci."
"Très bien. Vous pouvez aller," dit Glossop. "Bonjour."
Maud inclina sa tête avec respect, recula de deux pas et transplana.
La réalité se brouilla, se réunit ensuite de nouveau dans la forme de son appartement. Elle regarda autour d'elle et constata qu'Imogen s'était encore une fois confortablement installée dans le fauteuil, se versant une nouvelle tasse de thé.
"Alors tu es passée indemne par Phémie," dit l'autre sorcière, lui remettant la tasse. "Je pensais que ce serait le cas. T'a-t-elle dit que nous commençons demain ?"
Maud prit la tasse à thé avec reconnaissance et la berça dans ses mains, aspirant la vapeur parfumée. "Oui", dit-elle.
"Bien." Imogen rayonnait. "Tu sais, je pense que nous allons être amies, Maud Maugrey. Ne me demande pas pourquoi, mais je le pense ."
* * *
Elle avait eu raison, aussi. Comme Maud le découvrit pendant les quelques semaines suivantes de sa formation, Imogen avait souvent raison . Elle pouvait sembler modeste et se comporter innocemment - et dans une certaine mesure c'était véritable - mais au-dessous de la surface affable étaient un esprit et une volonté presque aussi formidables que celles d''Euphemia Glossop.
"Mais elle n'a aucune ambition," dit Maud à George, remuant sa boisson oisivement avec la paille et observant la glace tourner autour. "Elle est parfaitement heureuse à faire ce qu'elle fait et je ne pense pas qu'elle objecterait si elle ne devait jamais faire autre chose."
Ils étaient assis sur la terrasse de Salon de Glaces de Florean Fortarôme dans le chemin de Traverse, s'étant rencontrés (par accident, penserait n'importe quel spectateur non averti) une demi-heure plus tôt chez l'Apothicaire . C'était la première fois que Maud voyait George depuis son départ de Poudlard et elle ne pouvait pas s'empêcher de penser combien il lui avait manqué.
"Alors que fait ta nouvelle amie ?" demanda-t-il.
"De la recherche," dit Maud. "Elle étudie les Moldus et écrit sur eux."
Les sourcils roux de George montèrent en flèche. "Elle doit être aussi folle que mon père, alors. Est-ce qu'elle collectionne les prises, aussi ?"
Maud eut un sourire désabusé. La fascination d'Arthur Weasley pour le monde Moldu était bien connue au Ministère, mais il était certainement un "des amateurs" qui conduisaient Imogen au désespoir. Son opinion de la vie Moldue était idéalisée et la plupart de son information était imprécise ou démodée.
Imogen, d'autre part, savait précisément ce qu'elle faisait. Elle souscrivait aux catalogues, journaux et magazines Moldus en quantité; employait leur argot et portait leurs modes avec un bien-être naturel; et disparaissait fréquemment dans leur société pendant plusieurs jours de suite, poursuivant quelque particule obscure d'information ou acquérant une nouvelle compétence non-magique. Si elle avait jamais été éblouie par la nouveauté du monde Moldu, cette naïveté avait passé il y a longtemps .
"Pas que je sache," dit Maud. "Alors qu'est-ce que tu fais toi?"
"On bosse comme des dingues, surtout." dit George. "Tu sais, après avoir quitté Poudlard, nous ne nous sommes pas précipités à la maison-- Fred et moi avons estimé que nous avions mérité quelques vacances avant de passer vraiment aux affaires." Il fit une pause, ajouta avec un sourire narquois, "Nous essayions aussi de calculer comment communiquer la nouvelle à Maman sans nous faire enterrer jusqu'au cou dans le jardin et laissés aux gnomes."
"Comment l'a-t-elle pris ?"
"Eh bien, elle n'était pas exactement contente. Les mots ' mourir de honte ' ont circulé quelque temps. Mais finalement, nous l'avons persuadée."
"Pourquoi ne suis-je pas étonnée ?" dit Maud avec une ironie désabusée.
"Eh bien, cela n'a pas fait de mal de pouvoir lui montrer le magasin que nous avions déjà acheté, et les deux cent gallions d'avances sur les commandes, non plus." George lécha le dos de sa cuillère et regarda le plat vide de Plaisir d'Ondulation de Mûre sauvage avec satisfaction. "Maintenant ça c'est ce que j'appelle un déjeuner d'affaires."
Maud sourit.
"Et en ce qui te concerne ?" George continua. "Ta lettre me disait que tu avais trouvé un appartement - à Oxford, n'est-ce pas ? - et que tu t'étais fait une nouvelle amie, mais tu n'as pas parlé de travail."
"J'en ai un maintenant," lui dit Maud. "Je travaille dans un laboratoire à Ste. Mangouste, dans la recherche en potions médicinales."
C'était, en fait, la vérité, bien que peu des collaborateurs de Maud à l'hôpital puissent deviner la pleine mesure de ses activités. Le laboratoire en question avait une pièce supplémentaire, inconnue de tous en dehors de Maud et des deux autres membres du Département avec qui elle travaillait; c'était là qu'ils exécutaient leurs expériences les plus volatiles, et faisaient des potions top-secrètes commandées par le Ministère.
"Oh," dit George. "Et bien. Félicitations, alors."
"Tu as l'air déçu."
Il sembla timide. "Je suppose que je le suis. Je veux dire, après avoir été élevée par l'ex-Auror le plus célèbre du Ministère et avoir passé pratiquement la moitié de ta vie comme espionne, je suppose que je m'attendais à ce que tu fasses quelque chose d'un peu plus .excitant."
Maud eut un rire court. "Il y aura assez d'excitation pour nous tous avant peu .Trop même je pense. "
"Ouais, et bien, j'essaye de ne pas y penser. Les gens les plus raisonnables le font." George jeta un coup d'?il autour d'eux, puis se pencha tout près et baissa la voix. "Reçu des nouvelles ton petit ami récemment ?"
Maud s'étrangla presque avec son soda. La pensée de Severus Rogue comme "le petit ami" de quelqu'un ne lui était jamais venue. "Euh ... non."
"Quoi ?" George était outré. "Pas même une lettre ?"
"Nous savions tous les deux que cela pourrait être difficile de rester en contact," expliqua Maud calmement, bien qu'une lourde souffrance familière fraie son chemin jusque dans son c?ur pendant qu'elle parlait. "Il est dans une position précaire et moi aussi . Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le risque d'être découverts, pas encore."
De nouveau, la vérité, quoique seulement en partie . En toute honnêteté, Maud commençait à se faire du souci. Elle savait que Rogue serait occupé cet été, avec Dumbledore et avec Voldemort; mais sûrement il aurait trouvé quelque moyen d'entrer en contact avec elle ?
Cependant, elle n'avait aucune crainte que Rogue l'ait oubliée, pas plus qu'elle ne l'avait oublié. En effet, elle soupirait après sa présence, son contact, plus que jamais. C'était une bonne chose il n'ait pas accepté son offre impulsive de rester avec lui , cette dernière nuit à Poudlard; s'il l'avait fait, combien serait-ce dur pour eux deux maintenant ?
"Je sais pas," dit George, avec un regard sceptique. "Même si ça me fait mal de l'admettre , Rogue est un b- euh, type intelligent. Il devrait être capable de trouver un moyen."
"Il trouvera," dit Maud fermement. "J'en suis sûre."
***
"Fais attention à ce bêcher à ta gauche, s'il te plaît , chérie ? C'est du jus d'Erumpent et tu sais à quoi cette substance ressemble..."
Maud regarda l'établi avec surprise et vit qu'il avait raison : la fiole mince sur le présentoir était étiquetée Liquide Éclatant Explosant, Classe B.
"Sur quoi travaillez-vous donc ?" Elle demanda.
Tony Gamble tapota le côté de son nez d'un doigt ganté de peau de dragon et lui fit un clin d'?il entendu. Trapu et plein d'entrain, avec des cheveux qui commençaient à se clairsemer et des yeux bleus brillant profondément dans un visage bronzé de soleil, il était le surveillant de Maud à Ste. Mangouste et son chef d'équipe pour le Département du Secret, bien qu'il se donne rarement la peine d'y faire attention.
"Commission spéciale," dit-il. "Tout est très archi-secret." Avec des mouvements habiles il ajouta encore plusieurs ingrédients au chaudron devant lui, puis rabattit le couvercle et le tint fermé pendant que le mélange écumait et bouillonnait. "Désagréable aussi," il ajouta, avec une note distincte de satisfaction.
"Je peux voir cela," dit Maud.
Un anneau de flamme bleue lécha la jante du chaudron, puis baissa. Tony, l'air étonné, souleva le couvercle, regarda fixement le contenu et laissa échapper un juron amer. "Je savais que ces limaces avaient dépassé leur date de péremption," il s'emporta. "Un autre lot de gâché. Où est cette paresseuse putain de Peg? J'aurai sa baguette pour cela!"
Il fit claquer le couvercle et transplana avant que Maud ne puisse même parler - encore parti pour une autre de ses batailles légendaires avec la maîtresse des approvisionnements de l'hôpital. Ce qui laissait Maud devant un dilemme, parce qu'elle voulait lui demander si elle pouvait partir quelques minutes plus tôt ce soir. Devait-elle attendre qu'il revienne ?
Non, elle décida après un moment, elle pourrait juste aussi bien y aller. Elle avait passé plus qu'assez de temps sur les deux niveaux du laboratoire cette semaine et en plus, c'était vendredi. "Sarah", dit-elle, se tournant vers la femme remuant tranquillement son chaudron dans un coin, "pourras-tu dire à Tony que j'ai fini ma journée ? J'ai un rendez-vous."
Sarah Proctor leva la tête lentement et cligna des yeux, comme si elle était étonnée que Maud s'adresse à elle. C'était une femme mince, d'un certain âge, avec des frisettes blondes effacées et des yeux qui semblaient dans le vague de façon permanente. "Quoi ? Oh, oui, bien sûr."
"Merci," dit Maud et elle transplana.
***
"Tu vas aimer cette place," promit Imogen, bondissant assez loin devant Maud comme ils se dirigeaient sur la rue Charing Cross. "Ils font le curry d'agneau le plus magnifique que j'ai jamais goûté et leur veau au parmesan est sublime..."
Elle avait l'air parfaitement naturelle dans ces vêtements Moldus, pensa Maud avec un flash d'envie. Bien sûr, Imogen était une personne naturelle et les lignes fluides du chemisier de coton aux dessins éclatants et la jupe qu'elle avait choisie pour cette soirée lui allait bien.
Maud, d'autre part, se sentait embarrassée. Le fourreau retaillé, sans manches de lin bleu roi était indéniablement flatteur et elle supposait que ce n'était pas vraiment immodeste - particulièrement comparé à certains des équipements qu'elle avait vus sur des femmes Moldues. Cependant, elle était heureuse d'avoir la veste légère qui allait avec et elle ne pouvait pas s'empêcher de souhaiter que les deux parties de l'équipement soient beaucoup plus longues. Il était dur de s'habituer au sentiment de la brise du soir sur ses jambes et ses chaussures étaient si fragiles - même avec des demi-talons elle se sentait prête à trébucher et à se tordre la cheville à tout moment.
D'un geste automatique, nerveux elle posa une main sur ses cheveux épinglés doucement sur sa nuque. Elle avait l'impression qu'il allait se défaire, mais Imogen y avait mis un Charme de Prise Rapide et avait insisté que ce serait excellent. Advienne que pourra, elle avait décidé de rendre Maud à la mode : la rendre confortable, il semblait, était une préoccupation bien secondaire.
Un bref trajet en métro, suivi par une beaucoup plus longue promenade dans un autobus à impériale bruyant, les amena au restaurant que Imogen avait vanté. C'était un bistrot à devanture de verre, vivement éclairé et suintant l'aspect branché urbain sous la forme de meubles de métal poli et d'un tas de tuyauterie exposée. La musique jouée à l'arrière-plan lorsqu'ils entrèrent- du jazz dit Imogen - ressemblait pour Maud au cancanement d'un canard extrêmement dépressif, mais heureusement ce n'était pas trop fort.
Les clients semblaient tous être de jeunes Moldus d'un métier vaguement artistique, qui jetèrent des regards dédaigneux et rapides à Imogen et Maud avant de revenir à leurs conversations murmurées. Comme ils suivaient le serveur à leur table, Maud se pencha et chuchota à Imogen, "Tu n'as pas dit quelque chose à propos d'amusement?"
"Attends et tu verras," dit Imogen mystérieusement.
Maud était sceptique, mais elle se tint coite. Le restaurant était confortablement chaud, donc elle enleva sa veste et la drapa sur le dos de sa chaise avant de s'asseoir. Elles commandèrent le repas, leurs boissons furent servies, elles eurent une conversation oisive - mais soigneusement censurée - sur leurs activités des jours passés et le canard continua ses plaintes tristes dans les haut-parleurs jusqu'à ce qu'enfin le repas soit servi.
"Tu avais raison," admit Maud entre deux bouchées de curry d'agneau, "c'est bon."
Imogen semblait préoccupée, cependant. Elle n'arrêtait pas de jeter des coups d'?il par dessus son épaule, tendant le cou, comme si elle cherchait quelqu'un.
"Qu'est-ce qui t'arrive ?" Maud lui demanda, fronçant les sourcils.
"Oh, rien. Je pensais juste avoir vu ... ce n'est pas grave." Elle émit un sourire bref, d'excuse et retourna son attention à son repas. "Alors de toute façon, j'étais assise à l'extérieur d'un café sur la Route d'Edgware et un très gentil petit homme japonais avec une caméra s'est approché de moi et a dit-"
"Pas la peine," dit une voix de soie et de velours venant de l'entrée. "On m'attend."
Le c?ur de Maud s'arrêta. Lentement, elle se retourna , sachant tout le temps qu'elle était ridicule; ils étaient au milieu du Londres Moldu, après tout et il n'y avait aucune chance que ce puisse être...
Un homme, grand et maigre, impeccablement vêtu d'un ensemble décontracté gris charbon de bois , un pull-over à col roulé cramoisi profond faisant paraître dorée sa peau jaunâtre . Ses cheveux sombres et lisses, portés lâchement sur ses épaules, mais avec un lustre terne de propreté absolue et pas une mèche rebelle. Il semblait cultivé, intrigant et avait vraiment l'air d'appartenir ici - certainement beaucoup plus que Maud ou même Imogen ne le faisaient.
"Qu'est-ce que tu..." commença Imogen et ensuite, très faiblement, "Oh".
Le regard de l'homme balaya la pièce, se referma sur celui de Maud. Il eut un faible demi-sourire, renvoya le serveur avec un geste négligent et traversa la pièce d'un pas léger, posé, se dirigeant vers elles.
"Ce n'est pas possible," bafouilla Imogen. "Je veux dire ..., mais non, il ne ressemble pas à ça- et ce ne pourrait pas être lui - pas lui - sûrement - ?"
Il s'arrêta à leur table, les regarda, les sourcils arqués avec une interrogation douce. "Puis-je me joindre à vous ?" demanda-t-il.
Imogen et Maud le regardèrent fixement.
"Ah, j'oubliais-- nous n'avons pas été présentés." Il se tourna vers Imogen , "Je suis Stephen Soames."
"Et moi Celestina Warbeck," dit Imogen à mi-voix, mais elle mit un sourire brillant et lui serra la main avec toute l'apparence du plaisir. "Bien sûr," dit-elle . "Comme je suis idiote, j'aurai dû savoir - j'ai tant entendu parler de vous. Asseyez-vous donc."
Il lui sourit, montrant brièvement un éclair de dents blanches et tira une chaise.
"Certainement," dit Severus Rogue.
