Titre: Si nous survivons - Chapitre 7: Si Raffiné (7/11) version modifiée 10/2003

Author: R. J. Anderson

Email: rebeccaj@pobox.com

Traduit de l'anglais par dark_rogue@caramail.com

Category: Drama/Angst/Romance

Mots-clefs: Rogue, George, après la coupe de feu, Voldemort, guerre

(Accord parental souhaitable)

* * *

Froid, tellement, tellement froid. Elle tremblait violemment, serrant les couvertures contre elle, ayant grand besoin d'une chaleur et d'un confort qui ne semblaient jamais devoir venir.

( Maudie! Peux-tu m'entendre, gamine ?)

Elle était de retour sur le chemin de Poudlard, seul dans l'hiver sombre, regardant fixement les minuscules feux scintillant qui semblaient si loin, impossible à atteindre. Les portes étaient fermées et ne voulaient pas s'ouvrir, peu importe comment désespérément elle battait ses mains contre elles.

"S - Severus - dois atteindre -"

( Depuis combien de temps est-elle comme cela ?)

Il tenait ses poignets, trop durement, il la blessait et elle essayait de dire son nom mais elle ne pouvait pas respirer-

( Poudlard ? Dans son état ? Est-ce qu'elle est folle ?)

Trop proche du feu maintenant; elle pouvait sentir la sueur coulant goutte à goutte le long de son visage. Ses mains tiraient ses robes - non, elle ne devait pas le laisser - pas encore-

( Retenez-la !)

Le chagrin poignarda sa poitrine, une douleur comme une dague à deux tranchants conduite entre ses côtes - son corps entier ébranlé avec une toux de sanglots-

( Je fais tout que je peux pour elle, mais je ne peux rien garantir.)

Cela faisait si mal-

( Ne t'avise pas de mourir devant moi, Maud Maugrey!)

Elle était si fatiguée-

( Ça va, je peux comprendre l'allusion. Je promets de ne plus te faire venir voir de match de Quidditch. Juste - juste remets toi, OK ?)

Elle sentait sa tête sur le point d'éclater-

( Oh, gamine.)

Formes tordues, couleurs éclatantes, lumières flashantes, sons frappant à ses oreilles-

(Augmenter la dose pourrait être dangereux, mais si vous me demandez mon avis, il n'y a plus rien à perdre.)

Un liquide ardent dessécha sa gorge et elle inspira pour crier; alors elle se rendit compte qu'elle pouvait respirer et le cri mourut sur ses lèvres. La douleur dans sa tête se détendait enfin, le carrousel tourbillonnant du délire commençant à ralentir. Une main caressa ses cheveux, doucement les écartant doucement de son visage.

( Repose toi maintenant. Tout va bien. Je suis là.)

Elle dormit.

***

Maud se réveilla, pour se trouver couchée dans sa vieille chambre familière au premier étage de la maison de son oncle. Il y avait deux édredons lourds au-dessus d'elle, plusieurs oreillers derrière elle et sur la table de nuit à son côté, un verre et une cruche d'eau. S'asseyant, ses muscles tremblant de l'effort, elle se versa à boire et avala d'un trait , savourant la fraîcheur de l'eau sur sa gorge desséchée.

"Je pense avoir entendu quelque chose," dit une voix assourdie à l'extérieur, accompagnée par le son de pieds se dépêchant dans l'escalier. "Juste une minute, je vais voir-"

Réalisant que la chemise de nuit qu'elle portait était non seulement mince mais avait plusieurs boutons manquant - elle devait les avoir arrachés dans son délire - Maud tirait les couvertures autour d'elle lorsque la porte s'ouvrit et Imogen entra. Son visage s'éclaira en voyant Maud et elle tourbillonna et appela dans le couloir, "Elle est réveillée!"

L'escalier grinça lorsqu' Alastor Maugrey se hissa à l'étage, la respiration ronflante. Il s'arrêta brusquement dans l'embrasure, regardant Maud avec un étonnement plat; puis il se précipita en avant, prit le visage de Maud entre ses mains et lui donna un baiser sonore sur le front. "Ah, gamine," gronda-t-il en reculant de nouveau. "J'ai pensé t'avoir perdue."

"Trois hourras pour la santé de fer des Maugrey," dit Imogen. Elle se percha sur le bout du lit, examinant Maud d'un oeil critique. "Quoique ça me soit égal de te dire, que je t'ai déjà vue plus en forme. Tu devrais te reposer quelques jours encore, je pense."

"Qu'est-il ...arrivé ?" dit Maud. Il était dur de pousser les mots à travers l'étroitesse de sa gorge et sa voix sonnait brute et étrangère à ses oreilles. "Tout ce dont je me rappelle est .de m'être endormie-" avoir pleuré jusqu'à t'endormir, corrigea sa conscience - "dans le salon..."

"Que penses-tu ? Tu étais déjà épuisée et en état de choc, alors tu es partie en courant jusqu'à Poudlard et es revenue dans le froid glacial. Alors naturellement tu es revenue avec une pneumonie rageante et nous as fais à tous la peur de notre vie." Imogen leva des yeux pleins de reproche vers elle. "Si j'avais le moindre soupçon d'où tu te dirigeais quand tu as transplané samedi, je serais partie après toi et t'aurais ramené par la peau du cou."

Maud lui fit un demi-sourire las. "Pourquoi penses-tu que je ne te l'ai pas dit ?"

"Tu as à répondre à plus que cela, fillette," gronda Maugrey. "Si j'avais su que tu avais frappé ta tête sur une place de stade et que tu t'étais presque faite embrasser par un Détraqueur cet après-midi là, je ne t'aurais jamais laisser aller à Poudlard non plus."

Samedi... Cet après-midi là... Maud fronça les sourcils. "Combien de temps ai-je été malade?"

"Trois jours," dit Imogen.

"Trois ... ?" Maud la regarda fixement. "Mais cela ne peut pas avoir été - cela n'a pas semblé si long-" Même en parlant, cependant, son estomac se plaignait fort et elle pouvait sentir la faim ronger ses entrailles. Elle n'avait pas mangé depuis midi samedi; pas étonnant qu'elle se sente faible.

"Tu te reposes, Maudie," dit son oncle, posant une main ferme sur son épaule et la faisant se recoucher . "Je vais aller te préparer un petit déjeuner." Il marcha d'un pas lourd vers la porte, puis se retourna, dirigeant un doigt noueux vers Imogen. "Et ne laisse pas celle-là parler jusqu'à t'arracher les oreilles, non plus."

Imogen lui fit un sourire désinvolte. "Oh, va faire cuire un oeuf," dit- elle.

Maugrey la regarda de travers - pas tout à fait d'une façon convaincante - et sortit.

"Je suis venue à connaître ton oncle tout à fait bien ces derniers jours," dit Imogen quand il fut parti. "Tu sais, dans une sorte tordue et horrible de voie, il est doux. Je pense que je le trouve assez attirant."

Maud s'étrangla et Imogen lui tendit rapidement le verre d'eau. "S'il te plaît dis moi que c'était une plaisanterie," dit Maud, quand elle put parler.

Imogen lui fit un clin d'?il. "Ne t'inquiète pas, je n'ai aucunement l'ambition de devenir ta tante. En plus, tu as déjà fait le coup du vieil homme et j'aurais horreur que les gens pensent que je ne suis pas originale."

"Et George ? Est-il hors course ?"

"Oh, sapristi. Et bien, laisse-moi te raconter." Imogen plia ses jambes sous elle et s'assit en tailleur sur le lit, se penchant en avant d'un air conspirateur. "Dans la nuit de dimanche à lundi j'ai traîné George du sofa de ton oncle et l'ai fait venir avec moi au service commémoratif de Prospero Peachtree. Tu délirais et te débattais toujours et docteur Hammond a refusé de laisser l'un ou l'autre un d'entre nous rester près de toi, donc cela semblait la meilleure chose à faire. De toute façon, tandis que nous étions là-bas nous avons vu plein de gens du match de Quidditch, y compris Annie-"

"Est-ce que Lucinda était avec elle ?"

Imogen eut l'air absente. "Lucinda ?"

"Une grande fille, l'air un peu chevalin, même couleur de peau que moi ?"

"Pas que je me rappelle, non. Quoiqu' Annie ait dit quelque chose à propos d'une amie qui avait été à l'hôpital. Peut-être que c'était d'elle qu'elle voulait parler." Elle fit une pause, puis se racla la gorge et continua :

"En tout cas, nous avons rencontré quelques-uns des parents de Peachtree après le service. Et tu ne me croiras pas, j'ai reconnu un d'entre eux. Jennet Peachtree travaille pour le Département de Protection de l'enfance à Edimbourg; c'était elle qui a averti le Ministère quand les orphelins sont arrivés-"

Maud sursauta. "Tu veux dire qu'ils ont été trouvés ?"

"Shh. Personne ne doit savoir. Mais oui - et ils vont bien. Maintenant puis-je continuer mon histoire ? Nous parlerons des orphelins plus tard."

"D'accord," dit Maud à contrec?ur.

"Alors, Jennet était debout après le service ayant l'air inconfortable et personne ne lui parlait. Donc naturellement je l'ai abordée ai dit salut et lui ai dit combien j'étais désolée pour son grand-père et tout ,et ensuite je l'ai présentée à George." Elle respira à fond. "Et bien! Devine quoi, les deux d'entre eux se sont pris de sympathie à l'instant et sont fameusement bien entendus pendant le reste de la soirée. Ce qui est tout très bien et je ne jalouse aucun d'entre eux, mais je peux voir qu'ils auront des ennuis si leur relation devient plus sérieuse."

"Pourquoi ?"

"Maud, Maud, Maud." Imogen secoua la tête. "Et tu te dis observatrice ? Il y avait assez d'indices dans cette histoire pour avertir qui que ce soit. Jennet Peachtree est une Moldue."

"Quoi ?"

Imogen s'adoucit. "Et bien, pas une Moldue exactement. Mais elle pourrait aussi bien l'être. Elle vit comme une, s'habille comme une - ce qui l'a certainement distinguée à ce service commémoratif, je peux te le dire - et semble tout à fait contente d'être considérée en tant que telle. Elle a bien fait rire George quand elle s'est appelée ' la Géante Cracmol '. Cela n'a certainement pas semblé le déranger lui qu'elle ne puisse pas faire de magie."

Peut-être que quelque chose de la fascination d'Arthur Weasley pour les Moldus avait déteint sur ses fils après tout, pensa Maud. "Et bien, tant mieux pour lui," dit-elle. Alors, avec un peu d'hésitation, "Tu n'es pas trop déçue, n'est-ce pas ?"

"Moi ? Ciel, non. Il est beau garçon et je suis charmée d'avoir fait sa connaissance, mais je pouvais voir au premier coup d'?il que nous ne faisions pas la paire." Imogen poussa un soupir théâtral. "Je suppose que je devrai juste continuer à porter ton oncle dans mon c?ur."

"Il a un certain charisme indéfinissable," consentit Maud gravement.

"Quoi qu'il en soit, revenons aux orphelins." Imogen s'agita pour trouver une position plus confortable et reprit son histoire. "Callum Gamble devait savoir que quelque chose était en mouvement, parce qu'il avait prévu un Portauloin pour les emmener en sécurité si quelque chose arrivait. Et c'est là que Jennet entre en jeu: elle leur a fourni le Portoloin-- »

« Attend. Je pensais que tu avais dit que c'était une Cracmol. Alors où s'est elle procuré un Portoloin non-autorisé? »

« Oh, il n'était pas non-autorisé. C'était un vieux portoloin enregistré pour sa famille, mais ils ne l'avaient pas utilisé depuis des années et la plupart d'entre eux avaient même oublié qu'il existait. Alors quand Jennet a réalisé que la rue Thistledown pourrait très bien devenir une cible pour Mangemorts, elle a offet à Callum d'utiliser le Portoloin, et elle a accepté d'être responsable de l'autre bout.

"Quand les enfants sont arrivés et que le mot a couru que les Gamble avaient été tués, Jennet savait qu'il était impérieux de tenir tout cela caché pour que les Mangemorts ne viennent pas finir le travail. Après tout, il y avait une bonne chance que les enfants aient vu quelque chose d'incriminant. Elle est allée chez son frère - Rob Peachtree un Auror - et il a transmis l'information à Phemie, qui m'a promptement envoyé à Edimbourg pour enquêter."

"Alors qu'avaient vu les enfants ?" demanda Maud, prenant une autre petite gorgée d'eau.

" Presque rien vraiment. Callum était celui qui a vu l'arrivée des Mangemorts : il a réveillé les orphelins et les a envoyés au portauloin. Apparemment il a essayé de faire partir Bridget aussi, mais elle ne voulait pas. »

« Pourquoi n'a-t-il pas simplement transplané avec elle, alors? Une fois qu'il savait les orphelins en sécurité-- »

« Oui, mais à ce moment là, la maison était sous sortilège anti- transplanage, et il était trop tard. Puis-je finir mon histoire maintenant? » Maud hocha la tête un peu penaude, et Imogen continua « En tout cas, plusieurs des enfants ont mentionné que ' l'Oncle Callum ' avait semblé inquiet et en colère les deux ou trois jours précédents et l'un d'entre eux a dit qu'ils l'avaient entendu se disputer avec quelqu'un dans son bureau la veille au soir." Imogen haussa les épaules. "Pas que ce soit très important maintenant. J'ai pris leurs déclarations, leur ai jeté des Charmes de Mémoire à tous et maintenant ils s'installent dans une nouvelle maison."

Maud tressaillit un peu quant aux Charmes de Mémoire, mais était trop sage pour le mentionner : elle et Imogen s'étaient disputées sur ce sujet auparavant. "Et penses-tu qu'ils seront en sécurité là-bas ?"

"Je ne vois pas pourquoi ... oh, regarde, voici ton petit déjeuner." La porte s'était ouverte comme Imogen parlait et un plateau lourdement chargé entra en flottant dans les airs. Apparemment l'oncle de Maud avait pensé mieux ne pas transporter cela dans l'escalier en faisant l'équilibre sur un pied en bois.

Imogen attrapa le plateau dans des airs et le porta au chevet de Maud. Il y avait une pile de toasts légèrement beurrés, deux oeufs à la coque, un petit pot de miel et un pot de thé dégageant une vapeur parfumée. Soit béni, Oncle Alastor, pensa Maud.

"Maintenant," dit Imogen, "où dois-je mettre cela pour que tu puisses l'atteindre ? Tu ne vas pas en vouloir sur tes genoux."

"Pourquoi pas ?"

"Parce que tu as toujours cette horrible brûlure sur ta jambe. Cela peut ne pas faire mal pour le moment, mais je n'irais pas mettre n'importe quel poids dessus à ta place."

"Brûlure ?" Maud fut étonnée. "De quoi ?"

"Ce serait plutôt à toi de me le dire. Une de ces petites bouteilles que tu portais s'est brisée quand nous essayions de t'arracher du plancher et de te monter à l'étage-"

"S'est quoi?"

"Brisée," Imogen répéta patiemment. "Comme dans, « est tombée sur le plancher et s'est cassée ». Et ensuite tu t'es roulée dessus."

La bouche de Maud s'assécha. "Et ... rien n'est arrivé ?" dit-elle d'une voix rauque.

"Et bien, à part ta brûlure et une tache assez moche sur la carpette du salon de ton oncle, non." Imogen fronça les sourcils. "Pourquoi ?"

Avec des mains tremblantes Maud rabattit les couvertures et regarda la bande épaisse de gaze blanche enroulée autour de sa cuisse. Le guérisseur devait y avoir mis un Sort Estompant, parce qu'elle ne sentait vraiment rien. Mais si cette bouteille de jus d'Erumpent avait fait ce qu'elle devait, elle ne devrait pas même avoir un pied maintenant.

"Maud ?"

Elle regarda dans les yeux perplexes d'Imogen. "Tout va bien," dit-elle. "Je ... je suppose que je dois avoir pris la mauvaise potion par erreur."

Mais profondément en elle, elle savait qu'elle ne s'était pas trompée.

* * *

"Est-ce que tu es folle, femme ?"

Maud se tourna, surprise, pour voir George Weasley venir sur elle, ses yeux brûlant d'indignation. Ce n'était pas vraiment une surprise qu'ils se heurtent ici chez l'Apothicaire du chemin de Traverse; c'était, après tout, la haute saison pour faire ses courses de Noël. Mais elle avait pensé qu'il aurait du plaisir à la voir et il ne semblait certainement pas heureux à l'instant...

"Il y a cinq jours tu te débattais sur le paillasson de la mort," dit-il avec acharnement. "Tu devrais être au lit."

Maud choisit une fiole d'épines de porc-épic de l'étagère et la mit dans son panier à provisions. "Si tu savais seulement," dit-elle, "combien tu ressembles à ta mère..."

Un pouffement de rire étouffé partit derrière George et il rougit un peu. "Ça va, ça va," dit-il. "Mais peux-tu me blâmer ? Je veux dire, ce n'est pas comme si tu avais fait preuve de beaucoup de bon sens récemment et il faut bien que quelqu'un veille sur toi..."

"Merci," répondit Maud gravement. "J'apprécie ton intérêt. Cependant, le guérisseur Hammond a dit que tant que je prenais mes potions, m'habillais chaudement et avais suffisamment de repos après, je pourrais sortir aujourd'hui. Et je me sens beaucoup mieux, vraiment." Elle se pencha de côté, essayant de voir derrière les larges épaules de George la figure plus petite qui était debout juste derrière lui. "Est-ce que c'est qui je pense ?"

La diversion fut couronnée de succès : l'expression lourde de reproches de George disparut et sa bouche se courba dans un sourire léger, rêveur. "Ouais", dit-il. Il passa un bras derrière lui et tira devant lui une jeune femme, mince et menue, avec un visage en forme de c?ur et cheveux bruns tombant en une courbe brillante sur ses épaules. Elle semblait minuscule à côté de lui, presque une enfant, mais les yeux bruns qui rencontrèrent ceux de Maud étaient grouillants d'intelligence et il n'y avait rien de timide ou de fragile dans sa façon de s'avancer et de tendre la main.

"Salut," dit-elle. "Je suis Jennet Peachtree."

"Maud Maugrey," dit Maud, achevant la poignée de main. "Je suis tellement désolée de ne pas avoir pu venir au mémorial de ton grand-père-"

"Et bien, comme je le comprends, tu n'as pas pu venir à celui du Professeur Dumbledore non plus," dit Jennet d'une voix douce, légèrement enrouée. "Et tu dois en être encore plus désolée. Donc je ne vais certainement pas te blâmer." Elle sourit, mais ses yeux s'étaient obscurcis à la mention de son grand-père et Maud pouvait voir qu'elle trouvait toujours difficile d'accepter qu'il soit parti.

"Je voudrais entendre plus parler de votre grand-père un jour," dit Maud doucement. "Il devait être un homme remarquable."

Jennet acquiesça et puis ses yeux se remplirent de larmes et elle commença à fouiller à la hâte dans ses poches. George, avec l'air résigné d'un homme qui avait passé par cette situation plusieurs fois auparavant, sortit un mouchoir avec un claquement de ses doigts et le lui tendit; elle eut un petit rire chancelant et le prit.

"Désolée," dit-elle, derrière le mouchoir. "Pas de ta faute. Et oui, j'aimerais beaucoup parler de lui - vous devrez juste me donner un peu plus de jours pour que je sache me comporter correctement." Elle se moucha, puis regarda George avec un sourire chancelant.

"Peut-être qu'à ce moment-là j'aurai appris à avoir mes propres mouchoirs, aussi."

"Nan, ne fais pas ça," dit George. "Cela me fait me sentir utile. Fort et viril."

Il parlait d'une façon désinvolte, comme si c'était une plaisanterie; mais Maud, qui avait toujours un certain mouchoir noir en sa possession (de la première fois qu'elle avait pleuré devant Rogue), pouvait dire qu'il y avait beaucoup plus derrière cela. La façon avec laquelle il regardait Jennet, affectueux , protecteur et tendre - oh, oui, George Weasley était certainement sérieux à propos de cette fille.

"Et bien," dit Maud, "je regrette de ne pas pouvoir bavarder plus longtemps, mais je vais voir Lucinda dans quelques minutes-"

"Lucinda ?" s'étonna George. "Je pensais qu'elle était à l'hôpital."

"Plus maintenant. Apparemment elle est toujours très faible, cependant et elle a peur de quitter son appartement. Donc je vais lui faire quelque potion fortifiante et avoir une conversation avec elle." Maud regarda son panier. "Qui sait ... peut-être que je peux l'aider. Annie semblait le penser, de toute façon."

"Et bien, bonne chance, alors," dit George. "Nous te reverrons plus tard." Il serra les épaules de Jennet; elle s'appuya contre lui et sourit. "Oui", dit-elle à Maud, "nous devrons parler plus une autre fois. Heureuse de t'avoir rencontrée-" et ils quittèrent le magasin ensemble.

Ils faisaient un couple saisissant, pensa Maud, les observant par la fenêtre comme ils se dirigeaient vers le Chaudron Baveur. George avec sa carrure musclée et des cheveux de feu, très sorcier dans des robes bleu marine; et à côté de lui cette femme brunette légère portant des jeans Moldus et un pull-over de la couleur de baies de houx. Elle pouvait voir les gens faire une pause pour les regarder : quelques uns étonnés, quelques uns perplexes, certains même fronçant les sourcils. Mais ni George ni Jennet ne faisaient attention à eux et après quelques instants ils avaient disparu dans la foule.

Se sentant un peu mélancolique, mais ne sachant pas tout à fait pourquoi, Maud apporta son panier au comptoir, paya pour ses achats et transplana.

* * *

"Lucinda, c'est Maud. Puis-je entrer ?"

La porte s'entrebâilla et un oeil unique, aqueux et rougeaud, regarda au dehors. "Annie t'a envoyé," dit une voix catégoriquement. "N'est-ce pas ."

"Oui," Maud admit. "Mais elle n'avait pas à insister beaucoup. Je voulais venir, depuis que j'ai entendu dire que tu étais ... indisposée. J'ai été malade moi-même, alors..."

"Je ne suis pas malade. C'est juste que je - j'ai eu une très mauvaise expérience et je veux être laissée en paix. Je ne sais pas pourquoi Annie ne peut pas se le mettre dans la tête."

"Je suis sûre qu'elle peut," dit Maud doucement. "C'est juste qu'elle ne pense pas que ce soit une bonne idée. Et je suis d'accord avec elle. Ecoute, j'ai quelques ingrédients ici pour faire une potion qui pourrait t'aider à te sentir mieux; je sais que ça marche toujours bien pour moi-"

Lucinda fit un bruit dégoûté. "Potions. J'ai avalé des litres de potion pendant des semaines. Je ne veux plus jamais revoir une seule potion."

"Très bien," dit Maud, qui commençait à se sentir fatiguée et dont la patience déclinait avec sa force. "Pas de potion. Mais pouvons-nous parler au moins ?"

Il y eut une pause maladroite. Alors Lucinda soupira et ouvrit la porte.

L'appartement de Lucinda était un studio, un espace à l'étroit et morne avec seulement une petite fenêtre pour faire entrer la lumière laiteuse d'hiver. Il ne semblait pas être habité depuis longtemps : les murs étaient nus, le mobilier maigre et plusieurs boîtes étaient empilées dans un coin. Lucinda fit un geste disgracieux bref vers le sofa, se posa ensuite dans l'unique fauteuil les pieds repliés, et les bras autour des genoux. "Alors", dit-elle. "Je suppose que tu veux savoir ce qui m'est arrivé. Ou est-ce que Annie te l'a déjà dit ?"

"Non," dit Maud. "Cette fois, elle n'a rien dit . Donc je savais que cela devait être sérieux."

"C'était dans la Gazette des Sorciers, si tu savais où regarder. La moitié d'une colonne à la page douze, directement entre un loup-garou aperçu dans Shropshire et une collision à trois balais à Glasgow." Lucinda sonnait amère. "J'avais toujours espéré voir mon nom un jour dans la presse, mais pas - pas comme cela."

Un instant Maud se demanda ce qu'elle voulait dire; puis elle se souvint que Lucinda avait dit une fois, très timidement, qu'elle pensait pouvoir faire une bonne journaliste. Muriel avait ri avec mépris , Annie avait ri sottement et le sujet n'avait jamais été abordé de nouveau. "Je suis désolée," dit Maud, ne sachant pas que dire d'autre. "Je ne l'ai pas vu."

Lucinda regarda ses pieds. Puis elle dit, "Alors. Tu as été malade, tu disais. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?"

Et bien, pensa Maud, cela ne pourrait pas faire de mal de lui dire : si elle faisait légèrement confiance à Lucinda, peut-être qu'elle pourrait obtenir quelque confiance en retour. Prenant une respiration profonde, elle dit à son ancienne camarade de dortoir autant qu'elle l'osait des événements du samedi précédent, y compris la tentative de Muriel pour la tuer. "Et ensuite j'ai continué à me pousser toute la journée, au lieu de prendre le repos dont j'avais besoin," dit-elle. "Et puis j'ai passé bien trop de temps à l'extérieur dans le froid et, et bien ... je suppose que j'ai juste exagéré."

Les yeux de Lucinda étaient énormes. "Annie m'a dit que Muriel avait essayé quelque chose sur toi. Mais - un Détraqueur ? C'est - si horrible-" Elle avala convulsivement. "Tu aurais pu être tuée. Pire que tuée."

Maud acquiesça.

"Mais - n'étais-tu pas terrifiée ?" insista Lucinda. Toute prétention d'indifférence était partie maintenant et il y avait une lumière étrange, presque désespérée dans ses yeux. "N'as-tu pas pensé, c'est fini, je vais mourir et je n'ai pas même vécu encore ?"

"Est-ce comme ça que tu t'es sentie ?" demanda Maud doucement.

Lucinda se mordit la lèvre. Alors elle dit d'une petite voix, "Je pensais qu'il m'aimait," et fondit en larmes.

Instinctivement Maud se leva et alla près d'elle, s'asseyant sur le bras de la chaise et posant une main consolatrice sur l'épaule de l'autre fille pendant qu'elle pleurait. Il y eut une longue période de temps avant que les sanglots de Lucinda ne se calment, mais presque aussitôt qu'elle put parler, l'histoire sortit en vrac.

Son nom était Thierry et il vivait en Belgique. Lucinda l'avait rencontré par l'intermédiaire des annonces personnelles dans Sorcière-Hebdo quand elle avait seize ans et ils avaient commencé une correspondance expérimentale qui devint bientôt désireuse et intense. Il louait la beauté des photographies qu'elle lui envoyait et il renvoya un portrait merveilleux de lui; quand elle lui permit timidement de voir un article qu'elle avait écrit pour le journal local, il avait partagé avec elle quelques poèmes profondément sentimentaux qu'il prétendait n'avoir montré à personne d'autre. Après quelques mois Lucinda était convaincue qu'elle était amoureuse.

Thierry la pressait de venir le voir chez lui à Liège, mais à la frustration de Lucinda ses parents refusaient de la laisser y aller : elle était trop jeune, c'était trop loin pour qu'elle puisse y aller seule et ils n'avaient aucune intention de l'y amener. Mais l'été suivant elle avait passé son permis de transplaner et avait finalement trouvé quelqu'un pour lui montrer comment arriver à Bruxelles ; mais de nouveau ses parents s'opposèrent au voyage, disant qu'elle ne connaissait pas assez bien Thierry, que ce n'était pas sûr et que s'il voulait tellement la rencontrer , pourquoi il ne viendrait pas la voir au lieu de cela ?

Ils avaient raison sur ce point, mais Lucinda était trop profondément impliquée avec Thierry - dans son propre esprit, au moins - pour écouter. Après avoir reçu son diplôme de Poudlard, ses arguments avec ses parents changèrent de protestations larmoyantes en demandes fâchées. Ils devaient simplement la laisser y aller, leur dit-elle. Pas tant que tu vivras dans cette maison, répondirent-ils. Le conflit avait fait rage pendant des semaines, déchirant leur famille autrefois heureuse, jusqu'à ce que finalement Lucinda ne le supporte plus et déménage.

Cela avait été il y a seulement six semaines. Elle regretta le changement presque immédiatement, non pour le moins parce qu'elle avait seulement été capable de trouver un travail à temps partiel et pouvait à peine payer son loyer; mais elle s'est dit qu'être capable de rencontrer enfin Thierry face à face la compenserait. Elle lui écrit pour partager la nouvelle qu'elle était finalement libre ; il répondit diligemment et ils arrangèrent un rendez-vous romantique un soir à un café dans Liège. Dans une extase d'attente Lucinda s'acheta une nouvelle robe qu'elle pouvait à peine s'offrir et alla rencontrer l'homme de ses rêves.

"J'aurai dû savoir que quelque chose allait de travers," dit-elle dans un chuchotement enroué, étranglé de larmes. "Je l'ai reconnu immédiatement - son portrait n'avait pas menti - mais il semblait si pâle, j'ai pensé qu'il était malade. Et il n'a pas mangé ou bu du tout. Quand je lui ai demandé, il a juste ri et a dit qu'il dînait d'amour - et je l'ai cru. Stupide, je sais, mais, j'étais juste si excitée - je pouvais à peine manger moi aussi.

"Après le dîner il m'a invité à faire une promenade avec lui, pour me montrer plus de la ville - il a pris mon bras et m'a mené par les rues, montrant ci et ça - sa voix était si palpitante et la façon avec laquelle qu'il me regardait me faisait me sentir si - spéciale-"

Elle s'arrêta, ses épaules tremblantes et il fallut quelques minutes avant qu'elle ne puisse parler de nouveau. Le reste de l'histoire apparut en fragments entrecoupés à peine audibles : un tour soudain dans une allée obscurcie; la réalisation de Lucinda qu'ils étaient complètement seuls; ses bras l'enveloppant avec une force terrifiante, grisante; et puis la douleur horrible dans son cou, lorsque ce qu'elle avait pensé qui serait son premier baiser d'un beau jeune sorcier s'est métamorphosé en attaque sauvage par un prédateur inhumain...

"J'ai crié," dit-elle d'une voix rauque. "Et il - se moquait de moi - et je savais alors que j'allais mourir-"

Heureusement pour Lucinda, un ouvrier Moldu revenant de la taverne locale entendit son cri perçant et se précipita à son aide. Thierry cessa son attaque et s'enfuit, laissant Lucinda inconsciente et à peine vivante. Elle passa les quatre semaines suivantes à l'hôpital, soumise tout d'abord aux caprices de la médecine Moldue et ensuite (après que ses parents l'aient localisée et aient négocié un transfert vers un hôpital sorcier) à une parade constante de potions pour nettoyer le sang et potions régénératrices . Finalement le traitement fut déclaré un succès, mais la santé de Lucinda, ses nerfs et ses rêves avaient été brisés et elle savait qu'elle ne serait jamais plus la même personne.

La pire douleur d'entre toutes avait été de découvrir qu'elle était seulement une parmi un grand nombre de jeunes sorcières naïves avec qui "Thierry" avait correspondu, quelques unes d'entre elles qu'il avait déjà séduites jusqu'à leur mort. "J'aurais dû le savoir," murmura-t-elle, sa voix morne avec la fatigue et le désespoir. "Les signes étaient tous là - le portrait au lieu d'une photographie, l'air qu'il avait quand nous nous sommes rencontrés au café - mais je n'ai jamais prêté beaucoup d'attention aux cours de Défense contre les Forces du Mal et je n'ai jamais imaginé pouvoir être assez stupide pour tomber amoureuse d'un - un - vampire-" Et avec cela elle commença à pleurer de nouveau, ses épaules bossues et son visage appuyé contre ses genoux.

Maud caressa les cheveux de son ancienne camarade de dortoir en un geste muet de sympathie, ravalant la boule dans sa gorge. Pas étonnant que Lucinda n'ait voulu voir personne, ou parler de son expérience; l'humiliation et la honte de ce qu'elle avait éprouvé étaient une agonie par elles-mêmes. Enfin elle dit, "Qu'ont dit tes parents?"

"Ils - ils veulent que je revienne à la maison," dit Lucinda d'une voix épaisse, frottant ses yeux humides avec le dos de sa main. "Et je sais qu'ils sont sincères, mais-"

"Penses-tu vraiment qu'ils seront plus heureux de te savoir ici, seule ?" Maud posa une main douce sur son épaule. "Te punir ne va rien rendre plus facile, pas plus pour eux que pour toi."

"Je sais. Mais il - y a plus que cela." Lucinda prit une respiration profonde, frissonnante . "Le Moldu qui m'a sauvé la vie - il était bon avec moi. Gentil. Il est venu me rendre visite à l'hôpital tous les jours avant que je ne soit transférée - il a même apporté des fleurs. Son anglais n'était pas très bon et mon français était pire , mais nous avons réussi à parler et - il était un ami pour moi. Et les docteurs Moldus et les infirmières - ils étaient bons avec moi, aussi."

"Je ne suis pas ... sûre de comprendre," dit Maud.

Lucinda ferma les yeux. "Mes parents sont tous les deux de très vieilles familles de sang pur," dit-elle d'une voix creuse. "Et ils pensent ... s'il te plaît ne dit à personne que j'ai dit cela, mais ... ils pensent sue Tu- Sais-Qui a raison."

Maintenant tout se mettait en place. "Mais maintenant que tu sais que les Moldus ne sont pas des ennemis après tout ... et tout ce que cela signifie vraiment pour-" Maud presque dit Voldemort, mais se rattrapa juste à temps; Lucinda aurait probablement eu une crise de nerfs si elle l'avait fait - "Tu-Sais-Qui d'avoir des vampires dans son armée..."

"Je le déteste," dit Lucinda avec une passion soudaine. "S'il travaille avec eux alors je ne me soucie pas de ce que les autres disent, il est mauvais et il a tort et je ne veux que rien avoir à faire avec lui. Et je ne peux pas aller à la maison et écouter mes parents parler des Moldus désormais. Je sais juste que je ne pourrais pas le supporter."

Maud resta silencieuse un moment, pensive. Alors elle dit enfin, très lentement, "Il ... pourrait y avoir une autre solution."

Lucinda cligna des yeux. "Solution ?"

Ne fais pas cela, le côté prudent de l'esprit de Maud l'avertit. Tu ne peux pas te permettre de perdre ta vie privée ... tu ne sais pas si tu peux vraiment avoir confiance en elle ... et si elle découvre...

" Annie ?" s'entendit Maud dire. "Voudrait-elle partager un appartement avec toi ?"

Les épaules de l'autre sorcière s'effondrèrent. "Elle ne peut pas. Elle part pour l'Amérique dans trois semaines - elle va rester chez sa tante pendant toute une année et aller à une université de sorciers. Ou c'est ce qu'elle dit, de toute façon, mais je pense vraiment qu'elle est juste effrayée de Muriel. Elle est convaincue qu'elle va sortir de prison d'une façon ou d'une autre et venir après elle."

Elle n'était pas la seule, pensa Maud avec résignation. "Et bien, alors," dit-elle, "il y a seulement une solution. Tu devras juste venir vivre avec moi."

La tête de Lucinda se releva brusquement. "Tu - tu es sérieuse ? Je - ce n'est pas possible vraiment - je n'étais jamais vraiment ton amie quand nous étions à Poudlard et-"

Tu vas le regretter, l'esprit de Maud chantonnait, mais elle l'ignora. "Oui", dit-elle fermement, "Je suis vraiment sérieuse. Il y a plein de place dans mon appartement; dans une pension pour sorciers à Oxford. Nous pourrions partager le loyer et je suis sûre que ce serait moins que ce que tu payes ici. Tu n'es pas obligée de décider tout de suite, bien sûr-"

"Oh, non," souffla Lucinda. "Je veux dire, je sais que je ne dois pas, mais j'ai décidé. Je voudrais bien." Son visage se souleva, pâle et pathétiquement désireux. "S'il te plaît".

Maud respira à fond. "Et bien, alors," dit-elle, jetant un coup d'?il à la pile de boîtes dans le coin. "Commençons à transplaner."

* * *

"Comment ça, pas marché ?"

Jusqu'à ce moment Tony, occupé à prendre des notes sur la dernière série de tests du laboratoire d'essais des antidotes, avait écouté l'histoire de Maud avec la seulement la moitié d'une oreille; maintenant, cependant, elle avait sa pleine attention. "Tu veux dire que rien n'est arrivé du tout ?" demanda-t-il d'un air incrédule. "Pas même un coup sec, un jaillissement minuscule de flamme ? Rien ?"

"C'est ce qu'on m'a dit," dit Maud. "Et puisque moi et mes amis et parents semblons toujours avoir tous nos membres attachés, je suis tentée de le croire. J'ai pensé que tu voudrais le savoir."

Tony fronça les sourcils, ses yeux se rétrécissant . "Et tu as pris les échantillons du lot de la semaine précédente ?"

"Oui."

"Tu es tout à fait sûre de ne pas avoir pris les mauvaises fioles ?"

"Oui."

"Parce que c'est d'une substance sérieuse dont nous parlons, chérie. Cet Extrait Explosif doit marcher - doit, tu m'entends ? Cela pourrait être la vie ou la mort d'un Auror en danger et avec Tu-Sais-Qui et sa petite bande de joyeux drilles en cavale, nous ne pouvons juste pas nous permettre d'erreurs."

Maud acquiesça. "Je sais. C'était pourquoi je me suis absolument assurée. J'ai même testé la fiole restante d'extrait avant de venir te voir. Les ingrédients semblaient corrects, mais c'était inerte : quelque chose dans le processus de préparation, peut-être." Elle ne pouvait pas être sûre, parce que l'Extrait Éclatant était la propre recette spéciale de Tony et seulement lui et Sarah savaient exactement comment il devait être fait. Mais la théorie était logique, au moins. "À moins qu'un ou plus des ingrédients ne soient pas frais pour commencer ."

"Peg," murmura Tony avec acharnement. "Cette sorcière idiote. Quelques jours je pourrais jurer qu'elle est une Mangemort, mais même Tu-Sais-Qui ne voudrait pas de quelqu'un d'aussi stupide."

Maud resta silencieuse, en attente. Tony pouvait être versatile; il était le meilleur de ne pas interrompre ses pensées dans un moment comme celui- là. Il était, après tout, personnellement responsable de tout qui passait par le laboratoire, qu'il l'ait préparé lui-même ou non; et la découverte de Maud, même faite par inadvertance, était sûre d'être un coup à sa fierté professionnelle.

"Bien," dit-il enfin, avec une brusquerie forcée. "J'apprécie que tu sois venue me le dire. Évidemment c'est ma faute : j'aurai dû tester ce lot plus soigneusement avant que nous ne le mettions en bouteille. Je ferai rappeler ces exemplaires et dorénavant nous ferons des tests de qualité sur tout ce que nous faisons avant que cela ne quitte le laboratoire."

Maud grimaça.

"Je sais, je sais," dit Tony, levant une main pour prévenir ses objections. "Plus de travail pour tout le monde. Mais c'est la seule façon d'être sûr. Bien, alors, chérie, tu es repartie. Merci pour le rapport, c'est bon de te ravoir avec nous et, euh ... cela t'ennuierait-il de dire à Sarah que je voudrais lui parler , quand tu la verras ? C'est ça ."

Comme Maud quittait le bureau de son supérieur elle se demanda, pas pour la première fois, comment ou Peg McGillicuddy ou Sarah Proctor réussissaient à garder leurs emplois. Autant qu'elle le comprenait, Peg détestant Tony signifiait qu'elle ne manquait jamais une occasion de lui envoyer des ingrédients inférieurs pour ses potions; une habitude non simplement petite et vindicative mais, dans leur cas, vraiment dangereuse. Bien sûr, Peg ne savait pas que le laboratoire à Ste. Mangouste était une adjonction du Département du Mystère et non pas simplement attaché à l'hôpital. Mais cependant, sûrement que n'importe quel être humain sensible saurait que l'envoi de provisions de mauvaise qualité au laboratoire affecterait plus de personnes que Tony ?

Quant à Sarah ... elle était là, préparant son chaudron et ses ingrédients dans un coin, l'air aussi blême et ébouriffé que jamais. "Tony veut te voir," dit Maud. La tête de l'autre sorcière se releva, ses yeux vagues effrayés; alors elle fit un signe de approbation brusque et partit vers le bureau que Maud venait de quitter.

Il y eut une pause, après laquelle la porte se ferma très doucement et Maud s'affaira à son propre établi tandis que les sons assourdis des voix de Tony et de Sarah montaient et retombaient. Enfin la porte s'ouvrit de nouveau et Sarah sortit, sa bouche frémissante et ses yeux très rouges. Elle marcha ,raide, vers son établi et commença à jeter des ingrédients dans son chaudron apparemment au hasard, tandis que Tony ,debout dans l'embrasure de son bureau et l'observait avec un regard de faible regret . Enfin, sentant les yeux de Maud sur lui, il se tourna et lui fit un petit sourire serré, comme pour dire, que peut-on faire ? Alors il ferma sa porte de nouveau.

Donc cela avait été la faute de Sarah après tout, pensa Maud et ne fut pas étonnée. C'était gentil de Tony d'essayer de la couvrir , mais elle devait se demander pourquoi il continuait à le faire. Après tout, elle avait attrapé assez d'allusions à ce jour pour supposer que quand la maison à la Ruelle Thistledown avait été attaquée, c'était la faute de Sarah qui avait tenu Tony à travailler toute la nuit au laboratoire et l'avait empêché d'entendre des nouvelles de Callum et Bridget avant que ce ne soit bien trop tard. Encore il ne l'en avait jamais blâmé, ou n'avait pas évoqué l'incident de nouveau, au moins pas devant Maud.

Est-ce que Tony était amoureux de Sarah, pour la protéger de cette façon ? Cela semblait peu probable, bien que du comportement de Sarah envers Tony, Maud ait peu de doute qu'elle soit amoureuse de lui. Peut-être qu'il le savait la plaignait et essayait d'être aimable sans l'encourager trop.

Et bien, en tout cas, ce n'était aucunement l'affaire de Maud. Elle se mit au travail en silence, tandis que Sarah remuait aveuglément son chaudron dans un coin et la porte de Tony resta fermée dans l'autre. Peut-être que demain les choses iraient mieux entre eux, peut-être que non. Mais en tout cas, il n'y aurait plus de lots défectueux d'Extrait Éclatant retournant au Ministère; ainsi la conscience de Maud, au moins, était satisfaite.

* * *

Quand Maud arriva à la maison, il était six heures; sa tête lui faisait mal, ses pieds aussi et elle était épuisée. Avec des mains maladroites elle débloqua le sort fermant la porte et entra, pour trouver une odeur savoureuse, délicieuse remplissant l'appartement et Lucinda, resplendissante dans un tablier blanc, mettant deux couverts à table.

"Tu cuisines," dit Maud, stupéfiée d'étonnement. "Tu cuisines vraiment ."

"Pourquoi, pas toi ?" demanda Lucinda avec curiosité. Elle donna un petit coup de baguette vers la cuisine et un plat de ragoût vint en flottant , suivi par un plat de biscuits chauds. "Tu étais toujours si bonne en potions - j'ai pensé que tu devrais être brillante à cela."

Maud secoua la tête. "Ait confiance en moi, ce n'est pas la même chose. Tout va bien quand j'y pense vraiment, mais dans un mauvais jour je peux faire que des haricots en conserve aient le goût de pas cuits." Elle enleva son manteau, l'accrocha sur le portemanteau. "T'ai-je dit que je ne suis pas du tout désolée de t'avoir invitée ici ?"

Lucinda sourit. Déjà elle avait commencé à ressembler à une personne différente; les lignes tendues autour de sa bouche et la cicatrice froncée sur son cou témoignaient toujours muettement de son épreuve récente, mais ses yeux n'étaient plus désespérés et elle parlait avec une confiance retrouvée. "As-tu vu les fleurs ?" dit-elle.

"Des fleurs ?" Maud tourna sur elle-même, perplexe. "Où ça ?"

"Là-bas, dans le pot sur la table à thé. Je ne savais pas que c'étaient des fleurs tout d'abord, mais quand j'essayais de me décider si je devais utiliser des bougies-"

Lucinda fit signe de baguette et l'appartement devint sombre. Pendant quelques secondes rien n'arriva; alors un éclat faible, argenté apparut dans la direction de la table à thé et soudainement un étalage de pétales blancs brillants fleurit pareil à une étoile dans l'obscurité. Maud retint son souffle.

"Des lis de nuit. Qui les a envoyé ?"

"Je ne sais pas. La carte était pour toi, donc je ne l'ai pas ouverte."

Distraitement Maud ralluma la lumière et se dirigea vers la table à thé. Blotti parmi le groupe de feuilles glacées dans le pot était une petite carte blanche - la seule blancheur visible maintenant, puisque les fleurs s'étaient immédiatement ré-enroulées dans leur cachette. Elle brisa le cachet et l'ouvrit.

Cela commençait, En remerciement pour votre patronage ... et continuait par plusieurs lignes de prose morne avant de finir avec Mr Glossop and Soames , Ltd. Ce fut cela qui pénétra finalement dans le cerveau las de Maud; elle secoua sa tête devant sa propre stupidité, tapota sa baguette légèrement contre la carte et chuchota,

"Armoise".

Vite les lettres se réarrangèrent et elle lut :

Mon amour, J'ai seulement appris aujourd'hui que tu avais été malade. Pardonne-moi, pour cela et pour tout. Qui suis-je, pour te posséder, posséder même un iota de ton charme supérieur, ton honnêteté pure, ta volonté- trois fois évaluée et prouvée - de fer ? Tu es mon c?ur, mon âme et ma conscience, maintenant et toujours. Comme tu as éclairé mon obscurité, puissent ces fleurs éclairer la tienne.

Jusque-là et peut être bientôt, S. Maud reposa la carte et les lettres revinrent dans leur modèle idiot et officiel de nouveau. Elle toucha la plante légèrement, ses doigts caressant les feuilles, découvrant doucement les pétales roulés au-dessous . Jusque- là...

"Alors ?" appela Lucinda de la cuisine. "De qui était-ce ?"

"Quoi ?" dit Maud, regardant toujours la plante. "Oh. Personne que tu reconnaîtrais."

Et c'était vrai, elle pensa pour elle-même. Parce que personne ne te connaît vraiment, Severus. Personne que toi ... et moi.

A/N : la ligne dans la lettre de Rogue commençant par "Qui suis-je ..." et finissant avec "... volonté de fer" est adapté d'un original par Erica H. Smith, qui est non seulement un merveilleux beta, mais un auteur doué. Ses idées lyriquement relatées dans les pensées de Rogue après le départ de Maud dans SNS 6 peuvent être trouvées à http: //