Auteur : Gwenaelle D.

Adresse : karrakoln@yahoo.fr

Origine : Gundam Wings

Disclaimer : ai pas inventé les persos malheureusement… mais ça serait pas une fanfic sinon ^^

Genre : POV de Heero.

Remarque : vu qu'il y a eu des reviews, je fais une suite ! ^___^. Merci d'ailleurs à tous mes reviewers, c'est super super super gentil ^___^.

Les dérives du cœur

2e partie

J'ai peur de me lever.

J'ai peur de croiser son regard.

Que va-t-il se passer aujourd'hui ?

Va-t-il se souvenir de cette nuit ?

Va-t-il être fâché ? Heureux ? Ennuyé ? Choqué ?

Que va-t-il penser ?

Va-t-il me haïr pour avoir été témoin de sa faiblesse ?

Je ne veux pas me lever.

Je ne veux pas l'affronter, je n'en ai pas la force, mais...

Heero se leva sans le moindre bruit. Son compagnon de chambrée dormait toujours. Il resta dans le noir, trouva ses vêtements à tâtons et s'habilla le plus discrètement possible. Il se dirigea vers la porte, fit tourner lentement la poignée, ouvrit la porte en priant pour qu'elle ne grince pas, et sortit enfin de la chambre soulagé.

- « …ro. » comme un souffle dans un mouvement de couvertures.

Il se pétrifia net à ces mots, incapable de respirer ni de bouger tellement son cœur fit un bond dans sa poitrine.

Il doit toujours dormir…

Heero referma doucement la porte.

Il descendit à la cuisine sans allumer les lumières. Une fois en bas, il ouvrit les volets et s'aperçut qu'il avait neigé pendant la nuit. Cela le rendit joyeux pendant quelques secondes. Duo allait probablement être aussi excité qu'un gosse devant cette belle étendue blanche. Il aurait le sourire aujourd'hui, contrairement à cette nuit.

Les souvenirs et sensations de leur étreinte l'assaillirent soudain. En repensant à la chaleur du corps de Duo contre le sien, à ses larmes qui tombaient dans son cou, à ses bras qui l'enserraient, Heero sentit le rouge lui monter aux joues et sa respiration devenir difficile.

Il avait aimé ce moment. Même s'il avait été dur, même s'il avait été dramatique, il avait aimé ce moment.

Il posa ses mains sur le rebord de l'évier et serra.

Je ne comprend pas.

Pourquoi est-ce que je me sens plus mal qu'avant ?

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de souffrir encore plus qu'avant ?

Je l'ai tenu dans mes bras, ce n'était pas un rêve, je l'ai bel et bien fait, je devrais être heureux !

Alors pourquoi ?

La porte de la cuisine s'ouvrit soudain sur un Wufei aux yeux bouffis pas encore réveillé.

Ils arrivent.

Cette simple constatation permit à Heero de redevenir le soldat parfait, de mettre de côté toutes ses nouvelles sensations et émotions qui l'avaient fait chavirer la nuit dernière. Il oublia de nouveau son cœur, pour redevenir la machine de guerre qu'il était.

Trowa arriva peu de temps après, suivi de Quatre. Ce dernier se mit à papoter un peu avec Wufei, comme d'habitude. Trowa ne disait pas grand chose, bien qu'il lui ai envoyé son regard matinal souhaitant la bonne journée. Il ne manquait plus que Duo, qui devait faire la grasse matinée comme toujours.

Cela n'est pas plus mal, je n'ai pas trop envie de le voir…

Heero se composa une attitude normale et se barricada derrière son devoir.

Tout se cassa la figure lorsque Duo arriva avec son éternel « Saluuuuuuuuuuuuuuuut ! » et son sourire des meilleurs jours.

Qu'est-ce que…

Pourquoi est-il aussi joyeux ?

Il… Il ne devrait pas être un peu plus… Et me…

Pourquoi est-ce qu'il ne me regarde pas plus intensément ?

Ni plus longtemps ?

On dirait qu'il ne s'est rien passé cette nuit !

Alors il ne se souvient de rien ?

Un sentiment de vexation d'une puissance inégalée vint troubler le cœur en émoi d'Heero.

Il ne se souvient pas de moi ? De notre étreinte ?

Il répétait mon nom pourtant !

Je pensais… Je croyais…

Etre important pour lui !

Je… Je croyais que j'étais spécial pour lui…

Je l'ai réconforté, tenu dans mes bras et… Et je lui ai montré que…

Peut-être que… qu'il ne veut pas de moi…

Il est gêné ! Il ne sait pas comment faire pour rester décent devant moi alors que… qu'il a honte de ce qu'il s'est passé cette nuit !

Il… Il ne veut pas de moi…

Que… Qu'est-ce que j'ai cru ? Je…

Heero réalisa alors tout l'espoir que lui avait apporté cette nuit, tout le réconfort qu'il avait lui aussi trouvé dans les bras du Shinigami. Il réalisa que Duo ne serait plus jamais le même pour lui, qu'il ne serait plus juste un camarade de combat, qu'il avait pris une place prépondérante dans son cœur, et qu'il en serait désormais le maître.

Pour la première fois de sa vie, Heero se sentit faible vis-à-vis de quelqu'un.

Dépendant.

Il trembla violemment.

Heero partit de la cuisine sans un mot ni un regard pour qui que ce soit, et surtout pas pour Duo.  

Duo, qui s'était joué de lui.

Duo, qui l'avait appelé dans ses rêves, mais uniquement dans ses rêves.

Duo, qui ne ressentait finalement rien pour lui.

Duo, qui le rendait confus, triste et heureux à la fois.

Duo, qui n'avait aucune idée de ce qu'il ressentait pour lui.

Duo, qui allait devenir la source des tourments de son cœur.

Duo, qu'il aurait souhaité ne jamais rencontrer.

Duo, qu'il voulait oublier.

Duo, qu'il aimait.

Heero sortit de leur maisonnette et marcha dans la neige fraîche, encore vierge de toute trace. Il était pieds nus, mais le froid transperçant l'obligeait à reprendre le contrôle de lui-même, à se forcer à rester maître de ses émotions. Il marcha jusqu'au premier grand arbre qui bordait la petite route menant à leur cachette. Il s'arrêta devant lui, et posa son front contre l'écorce gelée du vénérable ancêtre.

Il ne se reconnaissait plus. Lui d'habitude si logique, imperturbable, au cœur de glace. Lui, si efficace, si intelligent, si dangereux. Lui, Heero Yuy, venait d'être vaincu par le plus improbable des sentiments.

Il venait d'être terrassé par l'amour.

Je me demande… ce que je vais devenir…

Ai-je le droit de continuer à me battre ? J'ai perdu… Je suis perdu…

Ma raison est noyée sous les effluves de mon cœur.

Je ne me contrôle plus, je ne réfléchis plus…

Je ne suis plus un professionnel.

Est-ce que c'est dangereux de se battre dans ces conditions ?

Est-ce que mon am… Est-ce que je vais mettre mes camarades en danger, si je me bats à leur côté en ne pensant qu'à lui ?

Vais-je devenir ma propre menace ?

Que dois-je faire ?

Personne ne m'a appris à réagir aux sentiments.

Personne ne m'a prévenu.

Personne ne m'a averti.

Et personne ne va m'aider.

Parce que mes sentiments ne sont pas désirés, ils me rendent faible.

On m'a apprit à être fort, à tuer pour la justice, pour la paix, pour toutes ces valeurs fondamentales.

On ne m'a jamais appris à tuer pour moi-même, pour mes idéaux, pour… pour lui.

Que vais-je devenir ? Que dois-je faire ? Dois-je redevenir insensible pour le bien de tous ? Dois-je laisser libre cours à mes sentiments au détriment de tous les autres, de mes compagnons d'arme, de lui ? Mon cœur… a-t-il le droit de survivre ?

Gwenaelle D., 21 septembre 2003.