Auteur : Gwenaelle D.
Adresse : karrakoln@yahoo.fr
Origine : Gundam Wings
Genre : POV
Disclaimer : ai pas inventé les persos malheureusement… mais ça serait pas une fanfic sinon ^^
Les dérives du cœur3e partie
Je suis frigorifié. Il faut que je rentre, je ne peux pas me permettre d'attraper froid avant la mission.
Heero quitta son arbre et se dirigea lentement vers la maison. Il ne sentait plus ses pieds ni le bas de ses jambes, mais une bonne douche bien chaude allait remettre tout cela en place. Ce qui l'avait retenu de rentrer jusqu'à présent, c'est qu'il savait que ses quatre compagnons seraient dans le salon, et il n'avait pas envie de les affronter du regard.
C'était étrange. Avant le regard des autres sur lui ne le dérangeait absolument pas.
Maintenant qu'il les connaissait un peu, il avait peur qu'ils ne posent les mauvaises questions.
Et surtout, il ne voulait pas revoir Duo souriant. C'était parfaitement odieux de sa part, mais il n'y pouvait rien. Ce sourire lui faisait mal. Il ne comprenait pas trop pourquoi, mais il avait mal.
Il resta quelques secondes sans bouger devant la porte, puis se décida à entrer.
Il n'eut pas le temps d'attraper la poignée que la porte s'ouvrait.
Il se retrouva face à face avec Duo.
Ses yeux…
Ses yeux m'engloutissent…
Ils sont si grands… dilatés… mauves…
Je ne vois qu'eux…
Ils… Disent-ils quelque chose ?
Je n'arrive pas à savoir…
Et les battements de mon cœur m'empêchent d'entendre, de réfléchir…
Ses yeux…
D'une beauté démoniaque…
Les yeux du Shinigami, du Dieu de la Mort…
Je me reflète dans ses prunelles…
J'ai l'impression de me voir tomber dans le puit sans fond de ses yeux…
Heero détourna soudainement les yeux, le cœur battant la chamade, le souffle court. Raide comme un piquet, il contourna Duo qui n'avait pas bougé d'un pouce. Il traversa le salon en regardant droit devant lui, et se dirigea vers les escaliers. Il les monta avec la régularité d'une horloge, se dirigea vers la salle de bain, alluma puis referma la porte. Il s'y adossa, et soupira enfin.
Qu'est-ce que c'était, Duo, ce regard ?
As-tu voulu me dire quelque chose ?
Etais-tu seulement surpris de te trouver face à face avec moi ?
Tes yeux…
Ils étaient si expressifs et pourtant…
Je n'ai rien su y lire…
Souriais-tu ?
Je crois que non…
Heero frissonna.
Il se dirigea vers la baignoire et ouvrit les robinets pour qu'un filet d'eau tiède s'en échappe. Il boucha le fond de la baignoire, ajouta du gel moussant puis s'assit sur la chaise à côté.
Il regarda l'eau couler.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Je ne me reconnais plus…
J'ai l'impression de vivre dans… dans la peur…
La peur… du rejet.
La peur de l'autre…
Peur ?
Alors, maintenant que je l'aime, j'aurais peur de lui ?
Peur de son importance ?
Peur du pouvoir qu'il a sur moi ?
Peur…
Parce que…
Il va décider de mon bonheur ou de mon malheur…
Personne n'a jamais décidé pour moi auparavant…
J'ai toujours été maître de mon destin, de mon futur, de mes actes et de leurs conséquences…
Maintenant… C'est différent…
Quelqu'un… J'ai quelqu'un qui compte autant que ma propre vie…
Désormais, cette personne va entrer dans tous mes paramètres…
Tout va être influencé par elle…
Heero se leva lentement et commença à se déshabiller.
Je n'avais pas réalisé avant cette nuit.
Tant que je ne l'avais pas touché, tant que je n'avais pas connu le plaisir de serrer un corps dans mes bras… son corps… Alors cela allait.
Je pouvais me détacher, rester indifférent, faire comme si de rien n'était…
Mais maintenant…
J'ai l'impression de sentir encore le contact de sa peau contre la mienne.
J'ai envie de ce contact.
Il m'a fait du bien.
Avant, je ne savais pas combien ma vie était vide, creuse, sans âme.
Mais c'était peut-être mieux ainsi.
Au moins je ne regrettais rien. Je n'avais peur de rien. Je pouvais mourir demain, rien ne me perturbais.
Aujourd'hui, je ne veux pas mourir parce que…
Parce que…
Peut-être qu'un jour…
On frappa à la porte.
- « Heero, tu vas bien ? »
Quatre.
Décidément, rien ne lui échappe.
Il décida de répondre, pour être tranquille après.
- « Oui ! »
Un silence, puis :
- « Très bien. Trowa et Wufei vont faire des courses, on reste dans le coin avec Duo. »
Il attendit un peu, puis entendit les pas de Quatre qui s'éloignait.
Il enleva son boxer et se plongea doucement dans la baignoire à moitié pleine d'eau tiède moussante. La chaleur lui transperça ses muscles gelés, mais la douleur fit vite place à une caresse bienfaisante. Il s'allongea progressivement et posa sa tête sur le rebord. Il ferma les yeux, et apprécia la relaxation prodiguée par une eau à la température idéale.
Qu'aurais-je répondu si cela avait été Duo qui était venu poser la question ?
Aurais-je pu seulement parler ?
Aurais-je été content que ce soit lui ?
… Content ?…
Non. Non, non et non.
Je ne veux pas.
Je ne veux pas être vulnérable.
Je ne peux pas me permettre de douter.
Je dois rester ferme.
Je dois rester moi-même.
Je dois…
Aujourd'hui je saurais.
S'il ne fait rien de différent de d'habitude, s'il sourit toujours, s'il agit comme d'habitude... alors je saurais.
Heero ricana.
Un rire jaune, sans joie.
Je suis sûr que ce sera le cas.
Il n'a jamais montré plus d'affection pour moi que pour les autres.
Pas plus de sourires, plutôt moins même…
Pas de gestes équivoques, pas d'attentions particulières mais… est-ce que je faisais attention, aussi ?
Je ne le regarde jamais vraiment.
Je ne répond généralement pas au question.
Je ne participe pas aux conversations…
Pas étonnant qu'il me déteste !
Déteste…
Pourquoi est-ce que j'ai pensé cela ?
N'y a-t-il rien entre l'amour et la haine ?
Heero soupira. Il sentait son corps s'alanguir et ses muscles s'assouplir.
Un bain à 10h du matin. Je crois bien que c'est la première fois que cela m'arrive.
Il se releva, se mit en position assise, et commença à se savonner.
Il essaya de libérer son cerveau de toutes ces questions qui le hantaient depuis son réveil, ou plutôt, depuis cette étreinte qui avait tout fait basculer.
Il pensa à leur future mission, et repassa au peigne fin sa stratégie. Cela lui rappela soudain qu'il devait l'exposer à ses camarades aujourd'hui.
Il grogna.
Je n'ai absolument pas envie de parler aujourd'hui.
Mais c'était de son devoir de faire cet exposé. Et il ne pouvait pas échapper à son devoir. Il était ancré en lui comme sa cuisse gauche faisait partie de son corps.
Il maugréa.
Il allait donc devoir faire face au regard de Duo.
Duo, qui lui paraissait d'un seul coup antipathique.
Duo, dont il avait envie mais qu'il craignait aussi.
Duo, l'insensible.
…
Je me demande comment ferait Duo pour exprimer son affection…
Gwenaelle D., 23 septembre 2003.
