XXIV/Retenues
- Bien, professeur.
Le jeune homme bouillait intérieurement.
« Ils paieront tous, jusqu'au dernier. »
Il en était blanc. Pâle comme la mort.
- Bien, je vais vous laisser rendre ses livres à Miss W£asl£y. Vous irez à votre dortoir avec Monsieur Picott, et les lui remettrez.
- Bien, professeur Padbras…
À ce moment là, le jeune homme avait particulièrement envie de faire en sorte qu'elle porte bien son nom. Des visions qui feraient tomber d'inanition, d'horreur, même les plus durs en ce monde, hantaient son esprit depuis quelques temps.
- Et bien jeune homme. En route. Rendez-nous déjà ce qui nous a permis de vous prendre sur le fait.
- Bien.
Il sortit de la poche de sa cape deux livres miniaturisés, dont le titre fit dresser les cheveux sur la tête des personnes présentes.
- Vous… Vous lisez ceci…
- Pas encore. Je les aurais rendus plus tard, c'était pour cet été.
- Bien. Heureusement que vous avez été pris sur le fait.
Allez, en route mauvaise troupe !!!
Picott et Tom partirent en direction de la salle commune de Serpentard.
Tom ouvrit la porte, et laissa entrer le concierge.
Les Serpentards se retournaient sur l'étrange paire.
Tom grimpa jusqu'à son dortoir, suivi de très près par Apollon Picott.
Arrivé devant son lit, il s'agenouilla, tâtonna entre son sommier et son matelas, et sortit une douzaine de livres miniaturisés, qu'il déposa dans les paumes ouvertes du concierge.
- C'est tout ce qu'il y avait, vous êtes sûr ?
- Vérifiez par vous-même !!!
- Jeune insolent, je ne sais pas ce qui me retient de vous …
- De me …?
Un rictus froid, un sourire tordu. Le visage du jeune Tom était transformé.
- De me quoi ???
Effrayé, le concierge cracmol recula.
- Je ne vous crains pas Picott, vous ne pouvez rien me faire.
D'un geste de la main, il fit léviter son matelas.
- Regardez par vous-même. Il n'y a plus rien sous ce matelas.
- Oui oui. Il n'y a rien.
Un léger vent avait envahit la pièce. Il retomba en même temps que le matelas sur le lit.
Le visage de Tom redevint normal. Épuisé, il vacilla.
Picott le rattrapa, et le déposa sur son lit.
- Voilà ce qui arrive quand on essaie de dépenser plus d'énergie magique que ce qu'on possède. Tu t'es laissé submerger par ta colère petit homme. ( Et la colère même au chemin du coté obscur, on connaît la chanson … )
Le concierge ressortit.
Il ramena les livres à Miss W£asl£y, et ne dit rien de la scène précédente à personne.
Le jeune homme se réveilla le lendemain matin, se demandant pourquoi il était encore tout habillé, et habité par la faim.
Il fila à la salle de bains, se lava, se changea, et monta à la Grande Salle prendre son petit déjeuner.
L'affaire n'avait pas été ébruitée.
Même si le professeur Padbras n'avait pas enlevé de points à Serpentards, ni précisé le fait qu'il serait désormais interdit de réserve, il savait qu'elle ne le lâcherait pas. Mais elle paierait, comme les autres.
*¤*
Les cours de la journée terminés, Tom se dirigea vers le bureau du professeur Adams.
Marchant comme un robot, ce qui fit rire Peeves, qui ne put s'empêcher de le narguer. Tom lui lança alors un sortilège que lui-même ne connaissait pas, et l'esprit frappeur s'envola au loin, et atterrit contre une armure qui se mit à protester.
- Bienvenue à votre retenue jeune homme - lui dit le professeur Adams à son arrivée.
Je sais que vous avez un potentiel énorme, c'est pour cela que j'ai demandé à vous avoir en retenue. Nous allons le développer.
- Ah ?
- Oui. Mais tout d'abord, vous allez récurer sans magie cette partie de la salle de cours je vous prie.
- Bien, professeur.
Il commença donc sa tâche, se disant que le professeur devait avoir ses raisons. Et il les comprit très vite.
En effet, au bout d'une demi-heure, on frappa à la porte. C'était le professeur Padbras qui venait s'assurer que tout allait bien.
Dès son départ, Tuesday Adams arriva dans la salle de classe, et prit le jeune homme par le bras.
- Viens, nous allons travailler maintenant.
Elle l'entraîna dans un coin qu'il ne connaissait pas.
- J'ai cru remarquer que tu avais des problèmes de concentration. Nous allons travailler cela. Dis-moi, honnêtement, t'es-tu déjà concentré au point d'imaginer une scène précise qui s'est alors produite ?
- Oui. Une fois.
- Et ?
- J'avais adoré, mais jamais je n'ai réussi à le refaire.
- C'est ce qui s'appelle provoquer un événement à distance. Peu de sorciers y arrivent. Tu es promis à un brillant avenir, si tu maîtrise déjà cette forme de magie. Nous allons faire un exercice simple.
Tu vas te concentrer, visualiser un coin de la pièce, et essayer de produire une action. J'attend.
Il se concentra donc. Il visualisa la pièce en pensée, puis vit sa prof. Il ne pouvait en détacher son regard. « Elle n'est pas comme les autres, elle est … spéciale. Puissante. Redoutable. »
Il la souleva mentalement, et la fit voler à travers la pièce, sans jamais la lâcher. Puis, il la reposa.
Il ouvrit les yeux. Elle était là, debout devant lui, débraillée, décoiffée.
- Ne me dites pas que ça a marché !!!
- Je ne le dirai pas, je crois que ça se voit. Nous avons fini pour aujourd'hui.
Elle se recoiffait, ne se préoccupant plus de lui.
Tom sortit, et pensa à ce qu'il pourrait faire avec ce don. Les idées fusaient dans son esprit. Un sourire sadique ornait son visage.
*¤*
La plupart des retenues suivantes se déroulèrent de manière semblable, jusqu'à ce jour de mai, où le professeur Padbras débarqua en pleine séance de concentration. Jamais elle n'était venue deux fois.
- Professeur Adams !!!! Il est censé être puni, pas jouer à faire voler des objets !!!
- Vous ne comprenez pas, il a un réel potentiel... Il faut qu'il le développe !!!
- Non, VOUS ne comprenez pas. A partir de demain, il viendra en retenue avec moi !!!
- Bien madame.
- Professeur !!!!!!!
- Bien, professeur Padbras. ( C'est le professeur Adams qui va aller en retenue maintenant !!! )
- Tom, suivez-moi.
Elle l'entraîna dans son bureau à travers un dédale de couloirs.
Il acheva ses retenues de l'année avec elle, à récurer les fonds de chaudrons…
