2- Sombres pensées...
Au cœur de la nuit, tandis que Poudlard avait tourné dos au monde extérieur pour s'enfoncer confortablement dans les abîmes du rêve, un jeune garçon regardait à la fenêtre, les yeux perdus dans le lointain. De temps en temps, une larme roulait sur sa joue mais il était trop absorbé par ses pensées pour s'en soucier. Et de toute façon, personne n'était là pour s'en rendre compte. Recroquevillé sur le rebord de la fenêtre, Remus Lupin priait silencieusement. Si il avait essayé, il ne serait pas arrivé à se souvenir du dernier moment où il s'était sentit vraiment heureux et libre. Il n'avait jamais eu d'amis, les enfants ayant beaucoup trop peur de lui. Et ceux qui n'avaient pas peur avaient l'interdiction parentale de lui adresser la parole et de ne pas s'approcher de lui à moins de 2 mètres si cela s'avérait réellement nécessaire. Il avait toujours été mis à l'écart, personne ne voulait avoir de contact avec lui. Avant de faire son entrée à Poudlard, il n'avait pu compter que sur la présence de ses parents, qui faisaient tout pour lui. Ils avaient changé de pays pour qu'il puisse faire ses études, Dumbledore étant le seul directeur voulant bien l'accepter dans son école. Seuls les professeurs savaient ce qu'il était. Personne d'autres ne le savait. Aucun enfant, aucun parent. Ici, personne ne se sauvait en hurlant, personne ne le pointait du doigt, personne ne lui lançait des insultes. À Poudlard, il avait enfin pu s'approcher de ce que pouvait être le vrai bonheur.
Jamais il n'avait été assez naïf pour croire que cela durerait toujours. Il savait que tout finirait par redevenir comme avant. Mais il aurait ses souvenirs pour lui tenir compagnie ou pour l'aider à tenir lors des moments difficiles, lorsque ceux qui avaient eut confiance en lui se retourneraient contre lui. Par contre, il ne savait pas comment réagirait Dumbledore lorsque la nouvelle se répandrait. Il ne savait pas si il allait être renvoyé ou autorisé à terminer ses études. Il n'avait guère d'espoir. Aucun parent ne laisserait son enfant côtoyer quelqu'un comme lui. Et il ne savait pas si il avait envie de vivre parmi des gens qui auraient peur de lui. Il ne savait pas ce qui lui arriverait mais il savait que son sentiment de haine pour le professeur Spite ne disparaîtrait jamais.
Avec ce qu'avait fait aujourd'hui le professeur de défense contre les forces du mal, il ne restait à ce jeune garçon que de minces espoirs. Il songea un moment qu'il pourrait demander à Dumbledore de faire annuler la punition de ses amis. Mais il savait que le directeur ne pouvait agir de la sorte et que cela serait trop étrange pour passer inaperçu. Il abandonna donc l'idée. Il songea aussi que peut-être, malgré la recherche, ni James, ni Sirius, ni Lily ne perceraient son secret. Ou peut-être qu'ils ne diraient rien à personne ? Il pourrait alors rester à l'école et faire semblant de mener une vie normale.
Au cœur de la nuit, Remus Lupin pria le silence de lui accorder la faveur de ne pas détruire complètement sa vie.
- Remus ?
Il tourna la tête vivement pour apercevoir James Potter debout près de lui. L'air endormi, il regardait son ami en clignant continuellement des yeux pour mieux voir. Il n'avait pas mis ses lunettes, ce qui lui donnait un air vulnérable. Avec la lumière de la nuit, Remus put s'apercevoir que les cheveux de James Potter s'étaient une nouvelle fois tous donnés le mot pour consciencieusement se tenir dans la direction fondamentalement opposée à celle qui leur était génétiquement assignée.
- Remus, qu'est-ce que tu fais encore debout ? murmura James .
- Rien… Je ne m'endors pas, répondit Remus en retourna son visage vers la fenêtre.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Non, ça va. Je…
- Remus…
James s'était rapproché de lui et avait posé une main sur son épaule. Remus sursauta et tourna la tête vers lui. James le regarda dans les yeux quelques secondes puis leva la main pour enlever de son index la dernière larme qui roulait sur la joue de son ami, puis il reposa sa main sur son épaule. Remus ouvrit grand les yeux, horrifié que James l'ait vu pleurer.
- Tu crois que je n'avais jamais remarqué que tu te levais la nuit ? demanda James d'une voix douce.
Remus ne trouva rien à répondre. Il se contentait de fixer, hésitant entre la reconnaissance pour son inquiétude manifeste ou la colère de s'être fait prendre.
- Vas-tu finalement me dire ce qui ne va pas ?
Cette fois, Remus ne prit pas la peine de tenter de dire que tout allait bien. Il écoutait les deux voix dans sa tête, l'une lui disant de dire la vérité à James, l'autre lui disant de se taire. Les deux amis se dévisagèrent pendant de longues minutes. Puis Remus détourna les yeux.
- Je… Je suis désolé. Je voudrais… Vraiment… Mais je ne peux pas, finit-il par répondre d'une voix rauque.
James ferma les yeux et poussa un soupir de désolation.
- D'accord. Mais je serais toujours là si tu as besoin de quelqu'un.
Remus se força à croire de tous son cœur aux paroles de son ami. Il tourna à nouveau la tête vers lui et lui fit un faible sourire. James lui sourit en retour et serra son épaule. Puis il détourna finalement les yeux du visage de Remus pour regarder à la fenêtre.
- La lune est belle ce soir, déclara James d'un ton vague.
- Oui…
- Elle est presque pleine.
- Je sais…
Remus le regardait du coin de l'œil. Le savait-il ? Peut-être que James avait déjà compris. Peut-être était-il de ceux qui pouvaient comprendre. Peut-être… Il tenta le coup.
- Elle sera pleine dans trois jours.
James tourna la tête vers lui et sourit.
- Si la nuit s'annonce aussi claire qu'aujourd'hui, ce sera un excellent moment pour une balade au clair de lune ! Répondit James.
Remus tourna à nouveau la tête vers la fenêtre. Non, James ne savait pas encore. Il avait eut la porte grande ouverte pour montrer qu'il le savait mais il l'avait refermée. Remus se força donc à entrer dans son jeu.
- Je me demande qui tu pourrais bien vouloir inviter… dit-il sur un ton malicieux.
- Mmmmmm… Je me demande aussi ! répondit James sur le même ton.
Il serra une nouvelle fois l'épaule de Remus et retourna dans son lit. Remus l'imita.
- Bonne nuit Remus.
- Bonne nuit James.
Longtemps après que la respiration de son ami ait prit son rythme de croisière pour le sommeil, Remus pensait toujours à ce que James lui avait dit et à tout ce qu'il avait lu dans son regard. Et c'est le cœur torturé de ne pas lui avoir dit la vérité qu'il fini par s'endormir.
Contrairement à son habitude, James Potter fut habillé, entièrement réveillé et prêt à démarrer sa journée à l'heure où habituellement il essayait d'assassiner son réveille-matin. Lorsqu'il avait enfin consentit à retirer l'oreiller qu'il avait mit sur sa tête pour se protéger des rayons que le soleil distribuait avec un peu trop d'enthousiasme à son goût, il avait repensé aux événements de la nuit. Il s'était assis dans son lit et avait regardé partout en clignant des yeux pour être certain de bien voir. Après un grognement, il avait finalement attrapé ses lunettes à tâtons pour se rendre compte que Remus n'était effectivement pas dans le dortoir. Il était donc parti à sa recherche.
Il descendit, sans faire de bruit, dans la salle commune de Gryffondor dans l'espoir d'y trouver son ami. À première vue, la pièce semblait vide. Le feu qui réchauffait les nuits froides d'automne s'était éteint et un parfait silence y régnait. James s'avança doucement entre les fauteuils, regarda dans chaque recoin. Il finit par apercevoir une main paisiblement posée sur le bras d'un fauteuil, tout au fond, près d'une fenêtre. Même de loin, il était facile de savoir à qui appartenait cette main. D'un teint pâle et maladif, très mince et pourtant très forte, la main que James avait repérée ne pouvait qu'appartenir à Remus Lupin. Il espéra donc que le reste de son corps serait dans le reste du fauteuil et il s'avança en silence. Lorsqu'il fut assez près pour voir le visage de Remus, il se rendit compte tout de suite qu'il dormait, une feuille de papier glacée vierge posée sur ses genoux. James prit donc place dans le fauteuil juste en face et le regarda dormir. Pour une raison étrange, Remus avait toujours l'air plus jeune et plus heureux lorsqu'il était endormi. Son visage habituellement mélancolique et fatigué prenait un air enfantin qui ne lui était pas familier. Remus semblait être de ces enfants qui avaient vécu quelque chose qui les avaient fait vieillir trop rapidement. Même lorsqu'il était d'une humeur joyeuse, un voile restait sur son regard déjà trop mature pour celui d'un garçon de douze ans. James le regarda donc dormir paisiblement, se demandant ce qui pouvait bien se passer dans sa tête pour le faire sourire. Un temps indéfini passa avant que le vacarme de quelqu'un descendant les escaliers avec conviction se fasse entendre. James identifia la personne comme étant un Sirius Black passablement de bonne humeur au moment où Remus s'éveilla en sursaut. La feuille de papier glacée tomba de ses genoux et glissa sous son fauteuil tandis qu'il se levait à moitié pour regarder partout pour savoir d'où venait le bruit. Il fini par apercevoir James assis en face de lui et lui lança un regard interrogateur. James lui sourit et ouvrit la bouche pour lui parler mais, comme il avait vu juste, Sirius Black entra dans la pièce à la vitesse de l'éclair, repéra James et fonça dessus tel un aigle sur sa proie.
- Salut Jamesie ! Qu'est-ce que tu fais déjà debout ? Où est Remus ? Ca va bien ce matin ? Tu est prêt pour le match de demain ? Ah, salut Rémi ! Ca va ce matin ? demanda Sirius de sa voix joviale habituelle.
James et Remus échangèrent un regard et un sourire et puis tournèrent à nouveau la tête vers Sirius qui prenait place dans un fauteuil entre ses deux amis, tout sourire.
- Ca va très bien merci et toi ? répondit James.
- Moi ? Je suis en pleine forme ! répondit Sirius. Qu'est-ce que vous faisiez tous les deux ? vous magouillez des trucs dans mon dos ?
Remus eut un air embarrassé. Visiblement, il ne tenait pas à ce que James lui raconte les événement de la nuit dernière ni le fait qu'il s'était endormi dans la salle commune.
- Voyons Sirius, jamais nous n'oserions ! Je me suis fait réveiller par le soleil et je suis descendu ici. Remus y était déjà et nous étions justement en train de nous dire que tu ferais une excellente mascotte pour l'équipe de Gryffondor lorsque tu es arrivé, déclara James d'un ton désinvolte.
- Ah ah ! Vraiment très drôle, Potter ! Bon, puisque nous sommes tous réveillés, on devrait aller manger ! dit Sirius.
- Et Peter ? demanda Remus, ouvrant la bouche pour la première fois.
Sirius se contenta de répondre avec un sourire machiavélique puis il bondit de son fauteuil et fila en direction du dortoir des garçons. James regarda Remus en souriant.
- Réveil brutal en perspective ! Pauvre Peter, dit James.
Remus ne répondit pas. Il regardait James avec son air le plus sérieux. Les deux amis se fixèrent quelques secondes sans rien dire.
- Remus ?
- Ca fait longtemps que tu me regarde dormir ?
- Oh, je ne sais pas ! Je n'ai pas regardé l'heure. Pourquoi ? demanda James.
- Pour rien… merci, répondit-il sur un ton brusque
- Merci pour quoi ?
- Pour rien. Merci, c'est tout.
James resta trop surpris pour répondre et se contenta de regarder Remus qui cherchait quelque chose. Au bout d'un moment, après que Remus se fut levé pour chercher avec une insistance grandissante, James se rappela du papier glacé et se pencha pour le prendre sous le fauteuil.
- C'est ça que tu…
James ne finit pas sa phrase, étonné de ce qu'il venait de voir. Il avait cru que le papier glacé était vierge mais il se rendit compte que c'était une photo. Habillé en danseuse Hawaiienne, fleur dans les cheveux comprise, Sirius Black faisait une danse exotique assez bien réussie avec Cathy White, qui riait beaucoup trop pour danser convenablement. Assis sur le sol, riant aux éclats, Peter frappait des mains suivant le rythme. Lily était à genoux sur le sol, derrière James et Remus, ses bras autour de leur cou. Tous trois pleuraient de rire. La photographie avait été prise durant les vacances d'été, à la maison de Remus. James la regarda un moment puis leva les yeux vers Remus qui évitait à nouveau son regard. James fronça les sourcils en se demandant pourquoi, diable, est-ce que Remus s'était endormi avec une photo à la main. Il essaya de se souvenir de ce qui avait bien pu se passer de si marquant durant cette semaine de leurs vacances mais outre le fait qu'elle avait été une des plus amusante de sa vie, il ne vit pas ce qu'elle avait de spécial. Il allait poser la question lorsqu'un vacarme d'enfer retentit à nouveau dans l'escalier. James rendit rapidement la photo à Remus tandis que Peter, à moitié habillé et encore endormi, faisait son entrée dans la salle commune, suivi de Sirius qui le poussait dans le dos.
- On va manger les mecs ! annonça Sirius tout en continuant de pousser Peter en direction de la sortie.
Lorsque James regarda Remus à nouveau, il s'aperçut que la photo avait déjà disparue, probablement dans sa poche, et qu'il regardait ses amis avec un léger sourire. Il lança finalement un regard reconnaissant à James et se dirigea à la suite de Sirius et de Peter qui essayait de nouer sa cravate et de mettre sa robe tout en enfilant ses chaussures.
Même avec toute la bonne volonté du monde, James Potter n'aurait jamais pu se concentrer sur les problèmes de son ami tellement la fièvre du premier match de Quidditch de la saison était forte en ce vendredi matin. Et puisqu'il y jouerait par la même occasion son premier match en tant que poursuiveur, James fut frappé de plein fouet par l'hystérie collective. Même Remus sembla reprendre du poil de la bête durant le petit déjeuné. Il faut dire que lorsque Sirius Black était d'une aussi bonne humeur, il était difficile de rester morose.
- C'est quoi le cours ce matin ? demanda Peter, entre deux pitreries de Sirius.
- Peter !! C'est vendredi ! Et qu'a-t-on la joie et le bonheur d'avoir à tous les vendredi ? Double boisson avec les Serpentins ! Annonça Sirius d'une voix claironnante.
La réplique de Sirius était tombé dans un de ces moments où tout le monde semblait s'être donné le mot pour arrêter de parler en même temps. Par conséquent, la grande salle en entier entendit la réplique de Sirius. Le silence se fit encore plus grand.
- Oups…
James vit Sirius rougir jusqu'aux oreilles lorsqu'il sentit la salle entière le regarder avec des grands yeux ronds. James savait que peu importait à Sirius d'avoir insulté haut et fort les Serpentard. Par contre, il savait que son ami aimait bien le professeur de potion et qu'il espérait ne pas l'avoir trop mis en colère. Évidemment, tous les élèves disaient en secret étudier les boissons et non les potions avec Jacques Daniel mais personne ne l'avait jamais dit en sa présence. Parce que, bien que le Français était un alcoolique notoire, ses leçons étaient amusantes et très instructives. C'est sans doute pourquoi il avait pu garder sa place à l'école. Même saoul, il maîtrisait parfaitement sa matière. Sirius, à l'instar de beaucoup de ses camarades, avait beaucoup d'affection pour le professeur Daniel. James osa donc regarder vers la table des enseignants pour juger des dégâts. Il ne sut pas si il fut plus étonné que soulagé lorsqu'il vit Daniel, la tête appuyée sur son bras secoué parce ce qui semblait être un énorme fou rire. Toutes les têtes se tournèrent vers lui lorsqu'il se renversa sur sa chaise, les deux mains sur son ventre proéminent, en riant aux éclats.
- Cours de boisson ! C'est la meilleure !! arriva à dire Daniel en reprenant son souffle.
À ce moment se déclencha une réaction en chaîne qui amena la majorité des enseignants et des élèves à accompagner Jacques Daniel. Des éclats de rires fusèrent de partout et Sirius reçut quelques tapes dans le dos.
- Alors ça, j'appelle ça un coup de chance, s'exclama Cathy. Sirius, tu as une veine de pendu !
- Ca fait parti de mon charme, répondit Sirius en riant.
Cathy lui décocha un coup de poing sur l'épaule et se mit à rire.
- Tu as un charme fooouuuuuuu, mon chou ! répliqua-t-elle.
James échangea un regard entendu avec Remus. Aux yeux de tout le monde, Cathy avait un faible évident pour le charme fou de Black mais ce dernier semblait ne pas s'en rendre compte le moins du monde. James se demanda à nouveau pourquoi lorsqu'il se souvint de ce que Remus lui avait dit un jour. Lorsque nous sommes attiré vers quelqu'un, nous sommes toujours le dernier à nous rendre compte que cette attirance est réciproque. Pour une raison inexplicable, James était convaincu que Remus n'avait pas parlé uniquement pour Sirius et Cathy. Il nota donc mentalement de demander à son ami ce qu'il avait derrière la tête ce jour là et prit son sac pour se rendre au cours de « boisson ». Il fut imité par la plupart des élèves. Puisque lui et ses amis étaient assis au fond de la salle, il dût s'arrêter un moment pour laisser le trafic sortir de la pièce.
- Je crois que le charme foooooouuuuuu de Sirius n'a pas atteint tout le monde, murmura une voix à l'oreille de James.
James se retourna pour tomber nez à nez avec Remus. Ce dernier donna un coup de tête en direction d'un groupe de Serpentard. Quatre-vingt dix-neuf point neuf pour cent des élèves de Serpentard n'avaient pas ri à la plaisanterie de Sirius. Ils se contentaient de regarder Black avec un regard haineux. Et le gagnant de la palme du regard le plus maléfique fut sans doute Severus Rogue. La grimace de dégoût qu'il affichait annonça à James que si Sirius ne risquait pas de problème avec Jacques Daniel, il en aurait avec Rogue. Il regarda à nouveau Remus qui haussa les épaules et se dirigea vers la sortie.
- Nous construirons le pont une fois à la rivière, dit Remus sans regarder derrière.
Contrairement à son habitude, Sirius avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas se faire remarquer dans le cours de potion. Bien que Daniel lui avait fait un grand sourire en entrant dans la classe, suivi par son habituelle odeur d'alcool, Sirius n'avait pas prit la chance de voir le vent changer de direction. Assit à ses cotés, comme à l'habitude, James le regardait de temps à autre avec un sourire aux lèvres. Voir Sirius Black afficher un air sérieux pendant un aussi long laps de temps était aussi fréquent que de voir Spite sourire. James tourna la tête vers Remus et vit tout de suite que son ami était en train de penser exactement la même chose que lui. Ils tournèrent la tête en même temps vers Sirius qui leva les yeux et leur offrit le visage le plus angélique qu'on puisse imaginer. James et Remus se mirent à rire doucement.
- Vous êtes bien tranquille Monsieur Black. Quelque chose vous tracasse ? demanda subitement le professeur Daniel.
Sans se départir de son air angélique, Sirius tourna la tête vers lui.
- Oh non Monsieur Daniel. Je trouve simplement votre cours très intéressant, répondit Sirius.
Quelques rires étouffés se firent entendre dans les rangs des Gryffondor.
- Évidemment. Évidemment Monsieur Black ! répliqua Daniel d'un ton amusé. Je suppose que la potentialité d'une dissertation sur les propriétés du napel n'a rien à voir avec votre calme évident ?
De toute évidence, Daniel avait entendu parler des quatre rouleaux de parchemin que Spite leur avait donné. Tandis que James éclatait de rire, il sentit Remus se raidir. Il tourna la tête vers lui pour s'apercevoir que Remus lançait un regard à la fois désespéré et inquisiteur au professeur Daniel. Ce dernier s'en aperçut puisque son sourire se fit moins naturel..
- Oh, ce serait charmant puisque ce serait dans le même ton que ce qu'on nous a déjà donné, répondit Sirius, bon joueur. Le napel, c'est bien le tue-loup ?
- En effet ! Vous l'avez retenu ? J'en suis fort aise ! 5 points pour Gryffondor ! Maintenant, retournez à votre potion Monsieur Black, conclut Daniel en balayant le sujet du revers de la main.
Tandis que Sirius souriait à belles dents, James vit le professeur échanger un étrange regard avec Remus. On aurait presque dit qu'il s'excusait. Perplexe, il regarda autour pour voir si quelqu'un avait saisi cet échange mais l'idée lui sortit de la tête lorsqu'il vit le regard horrifié que Rogue lançait à Sirius. James sentit une tête s'infiltrer entre lui et Remus.
- Vautour sur le sentier de guerre. Sortez canons et arquebuses, murmura la voix de Cathy White.
Elle était assise derrière eux, avec Peter. Elle avait lancer son avertissement juste assez fort que pour qu'il se rende jusqu'à Sirius et Lily. D'un même mouvement, ils levèrent les yeux vers Severus. Les garçons se mirent à rire tandis que Cathy et Lily échangeaient un regard entendu. Daniel lança un regard d'avertissement vers eux. Ils se remirent donc au travail promptement. James nota mentalement de demander à Cathy ce que pouvait bien être les canons et les arquebuses et se concentra sur son écrabouillage d'araignées. À intervalles réguliers, il sentait du mouvement entre Cathy et Lily. Il sourit en songeant que Lily était probablement bombardée de petit message de la part de Cathy sur la gente masculine en particulier et en général. Il fini par se pencher légèrement en avant pour regarder Lily. Cette dernière, les sourcils froncés, répondait à une petite note de Cathy. Elle avait dû sentir le regard de James puisqu'elle tourna les yeux vers lui et lui sourit. James répondit à son sourire puis leva les yeux au ciel pour signifier son ennui total face aux petits messages de Cathy. Mais Lily, qui habituellement lui répondait de la même manière, se contenta de sourire mystérieusement et de lui faire un clin d'œil avant de retourner à sa réponse. James la regarda intensément dans l'espoir d'une quelconque explication mais Lily garda consciencieusement le regard loin du sien, toujours son étrange sourire aux lèvres. James songea une nouvelle fois à quel point elle pouvait être jolie lorsqu'elle souriait de cette manière puis retourna à ses araignées, qu'il jugea beaucoup plus dégoûtantes que quelques secondes plus tôt. Il avait oublié l'échange de messages depuis déjà plusieurs minutes lorsque Peter laissa échapper un cri étranglé. Toute la classe tourna la tête vers lui. De sa marmite sortait une fumée absolument anormale. Le professeur Daniel se précipita vers lui aussi vite que ses jambes chancelantes le lui permettaient.
- Mais enfin, Monsieur Pettigrow ! Qu'avez-vous donc fait encore ? gronda Daniel.
- Rien du tout ! Je ne comprend pas professeur ! gémit Peter.
- Vous avez encore mélangé les ingrédients ! C'est pourtant facile de suivre une recette aussi simple ! Vous devriez porter plus attention à…
Le professeur s'arrêta lorsqu'il entendit un autre cri venant du coté des Serpentard. Il tourna vivement la tête pour apercevoir Severus Rogue aux prises avec une bande de tarentules gigantesques qui semblaient s'être prises les pattes dans ses cheveux. Les Gryffondor éclatèrent de rire tandis que la potion de Peter arrêtait miraculeusement de fumer. D'un geste rapide, Daniel fit disparaître les araignées des cheveux de Rogue à l'aide de sa baguette puis il fit face à la classe des Gryffondor, les yeux emplis de colère.
- Très bien, très bien. Je sais que cela vient de votre côté. Une excellente diversion et quelqu'un de doué en sortilège et le tour est dans le sac. Je n'ai aucune preuve pour accuser qui que ce soit, donc je ne peux pas enlever de point à votre maison, mais je SAIS qui a manigancé cette histoire. Je vous conseille de ne pas recommencer !
Tandis qu'il parlait, son regard allait alternativement de Cathy, qui était bien placée pour la diversion, à Lily qui était la meilleure élève de sortilèges. Les deux jeunes filles prirent un air surpris et innocent très bien réussi et hochèrent la tête en même temps que les autres. James n'osa pas regarder dans la direction de Lily ou de Cathy. Par contre, il vit très nettement que Rogue aussi avait compris tout de suite qui avait fait le coup et que le crime ne resterait pas impuni. James nota mentalement de surveiller Lily et Cathy de très près au cours des prochains jours. Il échangea un regard entendu avec Sirius et Remus et se remit au travail. Le professeur Daniel n'étant pas de ceux à rester en colère plus de 3 minutes et demi, l'atmosphère se détendit rapidement. Mais les élèves savaient que si quelqu'un s'avisait de le remettre en colère, il s'en souviendrait longtemps. Il était plutôt difficile de faire sortir le professeur Daniel de ses gonds, mais lorsque sa fureur atteignait son point culminant, il était étonnant de voir à quel point son visage jovial pouvait changer. Le cours se termina donc dans le plus total des silences.
Plus personne ne reparla de l'incident de la matinée. Ce n'est qu'une fois à table qu'ils revinrent sur le sujet.
- Mais enfin, qu'est-ce qui vous a prit de faire ça ? demanda Remus d'une voix à la fois admirative et inquiète.
- Je n'aime pas que les gens lancent des regards assassins à mon petit Siriusinouchet en susucre, répondit Cathy.
Ils éclatèrent tous de rire. Le flirt amical entre Sirius et Cathy était toujours source de divertissement. Étrangement, ils passaient leur temps à se dire des mots doux mais aucun des deux n'avaient jamais comprit qu'ils étaient sincères de part et d'autre.
- D'accord. C'est gentil, Cathy chérie. Mais toi, Lily, c'est quoi ton excuse ? demanda Sirius. Pour le jour où il a malencontreusement marché sur les lunettes de notre cher Jamesie ?
Lily leva le menton d'un air digne. Elle n'allait tout de même pas admettre vouloir venger James Potter devant James Potter. D'un autre côté, elle ne parvint pas à s'empêcher de rosir légèrement. Chose que James ne remarqua pas puisqu'il était occupé à fusiller Sirius du regard.
- Pas du tout. Il se trouve que je suis la meilleure en sortilèges et Cathy avait besoin de moi pour son Siriusinouchet en susucre, répliqua-t-elle d'un ton hautain.
- Exactement ! J'ai donc fait diversion en jetant un petit sort de fumée à la potion de Paul…
- Ah merci, c'est gentil ! Et mon nom, c'est Peter !
- Ah ? oui, c'est vrai. Peu importe, il fallait une diversion réaliste et, en toute franchise, tes potions ont une fâcheuse tendance à fumer étrangement, répliqua Cathy.
Peter ouvrit la bouche pour protester puis la referma. Il était vrai qu'il était loin d'être doué en potion. Ni dans les autres matières d'ailleurs. Il se contenta donc de croiser les bras et de prendre un air boudeur. Cathy haussa les épaules, les états d'âmes de Peter Pettigrow étant le dernier de ses soucis.
- Et Lily à jeter son sortilège de… de… de quoi déjà ? demanda Cathy.
- Je ne te le dirais pas, je ne veux pas que tu t'en serve contre moi ! J'ai horreur des araignées, répondit Lily en frissonnant.
Tout le monde éclata de rire. Personne ne remarqua que non loin de là, Severus Rogue avait écouté la conversation avec attention et s'en allait maintenant avec un horrible sourire aux lèvres.
