7- Alea jacta est…

James ne savait pas ce qui le surprenait le plus entre ce qu'il venait de découvrir et le fait de ne pas y avoir pensé plus tôt. C'était tellement évident ! La réponse à la question qu'il se posait depuis la première fois qu'il avait vu Remus se trouvait juste sous son nez et il ne l'avait jamais compris. Qu'est-ce qu'il avait été stupide. Puis James comprit ce que sa découverte impliquait et les pensées se mirent à défiler dans sa tête. Il passa une main sur son visage et se laissa tomber contre le dossier de sa chaise.

- Est-ce que ça va, James ? demanda Sirius.

James ne répondit pas tout de suite. Il tourna lentement la tête vers lui. Le jeune Black le regardait avec inquiétude. James ouvrit la bouche pour répondre mais une bombabouse éclata au même moment. Évidemment, toutes les têtes se tournèrent vers le fond de la salle commune où une fumée épaisse, accompagnée d'une odeur horrible, se dégageait. Marcial-le-préfet se leva d'un bond, hurlant comme un dément à savoir qui avait bien pu faire une chose pareille. Puis, les effets de la bombabouse devenant insupportables, tout le monde se pressa vers la sortie. James se pencha vers Sirius et Lily.

- Prenez la recherche avant de partir, dit-il sèchement.

Puis, sans leur laisser de temps pour poser de question, il attrapa ses parchemins, fourra plume et encre dans son sac et s'engagea dans la masse qui essayait de sortir. Au bout d'un moment, il parvint enfin à l'air frais. Au loin, il vit Cathy qui s'en allait avec un groupe de protestataire. Il étaient en train de se demander si il devait l'attendre lorsque Lily et Sirius sortirent à leur tour. Il les attrapa tous les deux par le bras et les entraîna à sa suite, dans la direction opposée de tout le monde. Il marchait à toute vitesse et tirait incroyablement fort sur ses amis.

- Mais enfin, James !

- Tu peux nous dire ce qui se passe ?

Mais James ne répondit pas. Il trouva une classe vide et les força à entrer. Comme il allait fermer la porte, Peter entra en courant, très essoufflé.

- Vous auriez pu m'attendre ! s'indigna Peter.

James le regarda un moment. Il savait à peu près comment le prendrait Sirius et Lily mais Peter ? Il soupira, il n'avait pas le choix de lui dire aussi, maintenant.

- James, qu'est-ce qui se passe ? demanda Sirius.

- Lis ! À voix haute ! ordonna-t-il en lui tendant un parchemin.

- Quoi ? Tu nous a entraîner de force ici pour que je lise ta rédaction ? J'aurais pu la lire ailleurs ! s'indigna Sirius.

- LIS !

Ses trois amis le regardèrent avec stupéfaction. Jamais ils n'avaient vu James dans un état pareil.

- D'a… d'accord. Hum… Les caractéristiques des loup-garous sous leur forme humaine : Le premier signe visible d'un loup-garou est l'état de fatigue, surtout dans les jours précédant et suivant la pleine lune. La transformation est douloureuse et demande beaucoup d'énergie. De plus, une fois transformé en loup, la personne atteinte devient incontrôlable et dépense encore plus d'énergie. En règles générale, il semble vieillir physiquement plus rapidement que les autres. C'est une conséquences dû au…

- Trop long, dit James en lui arrachant la feuille des mains.

- C'est quoi ton problème, s'impatienta Sirius.

Mais James ne porta attention ni à la colère montante de Sirius, ni à la crainte de Peter, ni à l'inquiétude de Lily. Il parcoura rapidement sa recherche.

- Faut aller à l'essentiel… dit-il.

- Quoi ? s'exclamèrent ses trois amis en même temps.

- La ferme et écoutez-moi avant que je change d'avis.

Ils ne dirent plus rien, échangeant des regards d'incompréhension.

- Bon d'accord. Si  je regarde ça et que je fais une liste rapide on a : Fatigue, vieillissement prématuré, force dépensant les normes, ouïe surdéveloppée, système olfactif surdéveloppée, endurance physique deux fois plus grande que n'importe quel athlète entraîné. Ils captent mieux les mouvements que les humains normaux et leur acuité visuel n'est pas affectée par l'obscurité. Ils sont allergique au Napel (tue-loup) et à l'argent. Ils ont un sens de l'orientation étonnant. En règle générale, ils s'arrangent pour continuellement camoufler l'endroit où ils ont été mordu puisque la morsure ne s'effacera jamais.

James leva finalement les yeux de son parchemin. Sirius avait reculé dans un coin près de la porte et, les bras croisés, il fixait le vide avec une expression entre la surprise et l'horreur. Peter n'avait rien saisi du tout et les regardait tous avec une expression de carpe hors de l'eau. James se tourna vers Lily. Elle ne semblait pas avoir compris non plus mais James devina qu'elle ne voulait surtout pas comprendre.

- Ca ne te fais penser à personne, Lily, demanda doucement James.

Elle ouvrit la bouche pour répliquer avec véhémence mais la referma sans rien dire. James haussa les épaules en signe d'impuissance. Il était impossible de nier l'évidence. Elle se mordit la lèvre inférieur et baissa la tête pour cacher la tristesse de ses yeux. Un long silence s'installa que personne n'osa briser, même pas Peter qui semblait au bord de la panique d'avoir manqué une étape importante.

- Insécurité, timidité. Ils se renferment sur eux même, ne sont pas portés à aller vers les gens. Ce qui n'aide pas à leur réputation antisociale. Ils n'avouent leur situation que dans les cas de réelle nécessité et, en règle générale, il en résulte un abandon quasi-automatique. Il est préférable de ne pas leur chercher querelle dans les jours précédant la pleine lune car ils sont beaucoup plus agressifs et ce, sans le vouloir, récita Lily à voix basse.

- Je n'avais pas lu cette section là mais… ça concorde, dit doucement James.

Tandis que Sirius ne bougeait pas d'un centimètre, Lily leva lentement les yeux vers James.

- Ca explique beaucoup de choses… C'est bête qu'on y ait pas pensé avant… dit-elle.

- La pleine lune est ce soir, tu sais ? demanda James.

Le visage de Lily s'emplit d'horreur et elle détourna les yeux.

- Est-ce qu'on pourrait m'expliquer à la fin ? s'impatienta Peter.

Lily tourna à nouveau le regard vers James et ils se fixèrent un moment en silence.

- Et ben alors ? demanda Peter.

- Remus… murmura James sans le regarder.

- Quoi Remus ? Qu'est-ce qu'il… ? Vous ne voulez tout de même pas dire… ? C'est un… ? Oh mon Dieu !

Peter resta figé pendant quelques secondes puis s'élança vers la porte qu'il ouvrit en panique. James se prépara à s'élancer à sa poursuite lorsque Sirius bougea enfin. Il attrapa Peter par le collet et le projeta vers James qui réussit à le rattraper avant qu'il ne tombe par terre. Sirius claqua la porte et traversa la pièce d'un air mauvais. Peter recula au fond de la pièce.

- Où est-ce que tu comptais aller ? HEIN ? gronda-t-il.

- Mais enfin, je devais aller le dire à quelqu'un ! C'est grave, c'est un…

- ET ALORS ? Qu'est-ce que ça change ? Ce n'est pas ton ami ? Il t'a fait beaucoup de mal, ces derniers temps ? Il t'a mordu souvent depuis que tu le connais ? continua Sirius.

- Mais… mais… enfin ! Tu vas laisser faire ça ? Après tout ce que Spite a dit ?

- Spite raconte n'importe quoi ! Tu le sais ! Et il a sûrement fait exprès de nous donner ce devoir à la con pour qu'on se retourne contre Remus ! protesta Sirius.

- Mais… Remus ne nous l'a pas dit ! Il nous a menti ! Spite avait raison de dire que les… les… c'est des menteurs !

- Ce n'est PAS un menteur ! Il ne l'a pas dit, c'est vrai mais… est-ce tu lui as déjà demandé ? répliqua Sirius.

En d'autres circonstances, James aurait ri.

- Non… non ! Jamais je n'aurais pensé que quelqu'un comme lui aurait pu être accepté à Poudlard ! C'est de la démence !

James se décida à les rejoindre lorsqu'il vit Sirius serrer les poings. Lily le suivit de près.

- James, Lily ! Dites-lui que ça n'a pas de sens, couina Peter, le dos au mur.

James ne dit rien. Lui et Lily encadrèrent Sirius et regardèrent Pettigrow en silence. Comme un rat prit au piège, Peter comprit qu'ils étaient tous contre lui.

- Vous êtes tous fous ! Vous n'allez rien faire ? Vous allez le laisser dans notre dortoir ? demanda Peter d'une tout petite voix.

- ÉVIDEMMENT ! Au cas où tu l'aurais oublié, Remus est notre ami ! Et aux dernières nouvelles, il était aussi le tien ! dit Sirius, les dents serrées.

Ses poings étaient maintenant si serrés que ses jointures étaient blanches. Il tremblait de colère, les veines de ses tempes battant à toute vitesse.

- Mais… mais… il est dangereux ! Il me l'a dit lui-même ! De façon détournée mais quand même. Et puis, vous avez vu comment il s'est énervé, l'autre soir ? Il m'a crié dessus comme un dément ! J'étais certain qu'il allait me frapper ! protesta Peter.

- ET QU'EST-CE QUE JE SUIS SUR LE POINT DE FAIRE À TON AVIS ? hurla Sirius.

Peter se replia sur lui même en poussant un gémissement. Il est vrai que peu de gens serait resté de glace devant la furie de Sirius. Il avait prit une teinte presque violette et les nerfs de son cou étaient plus qu'apparents.

- Qui t'aides à faire tes devoirs ? Qui a la patience de tout t'expliquer une bonne douzaine de fois ? Qui prend la peine de te réveiller lorsque tu as oublié de mettre ton réveil ? Qui t'as évité de te faire assommer par le Saule Cogneur ? Réfléchis, Peter. Tu n'as rien à reprocher à Remus et tu le sais. Pourquoi est-ce que tu le rejettes maintenant ? Il à toujours été là quand tu as eu besoin de lui. Maintenant, c'est lui qui a besoin de nous et tu veux lui tourner le dos ? C'est tout de même chouette d'avoir un ami comme toi !

Sirius avait parlé sur un ton bas, crachant ses phrases avec une rage difficilement contenue, ses yeux lançant des éclairs.

- C'est vrai, Peter… Tu peux voir plus loin que ça ! Tu ne peux pas le trahir comme ça ! demanda James sur un ton presque suppliant.

Sirius regarda James un moment puis fila à l'autre bout de la pièce, sans doute pour s'empêcher de tuer Peter si la réponse qu'il donnerait n'était pas la bonne. Il s'appuya contre le mur et se contenta de dévisager Peter, les bras croisés et les dents serrées.

- Est-ce que tu as déjà réfléchi à ce qu'il doit endurer ? demanda Lily.

Le regard de Peter passait de James à Lily à une vitesse fulgurante. Puis il baissa la tête et fixa le sol.

- C'est… c'est vrai. Excusez-moi, murmura Peter.

- Tu le dis parce que tu le penses ou tu le dis pour nous faire plaisir ? demanda sèchement Sirius.

- P… parce que je le pense ! s'écria Peter.

James n'était pas tout à fait convaincu que le doute ait totalement quitté l'esprit de Peter.

- D'accord, je te donne le bénéfice du doute. Mais écoute moi bien, je ne te le dirais pas deux fois. Je ne veux pas que tu crois que je n'ai pas aussi une sincère amitié pour toi mais il y a quelque petits points que nous devons mettre au clair. Tu peux avoir peur de lui et ne pas vouloir t'en approcher mais je te conseille de la fermer et de ne jamais lui faire de commentaires désobligeants. De plus, si ça s'ébruite ou que tu fais une plainte à quelque niveau que ce soit, je te garantis que je ne te laisserais pas vivre assez longtemps pour le voir faire ses bagages. Et ce n'est pas une menace que je te fais, c'est une promesse.

James frissonna. Sirius avait parlé sur une voix basse et grave qui ne lui ressemblait pas. Le visage à demi dans l'ombre, il avait presque un visage de mort. James entendit Peter avaler avec difficulté.

- D'a… d'accord, couina Peter.

- Peter… Penses-y… Pense à tous les mois que tu as côtoyé Remus et dis moi ce que tu as à lui reprocher, dit doucement Lily.

- Ca va, j'ai compris, répondit Peter d'une petite voix.

- Il ne faut pas que tu aies compris les menaces de Sirius, il faut que tu aies compris qu'il ne sert à rien d'avoir peur de Remus, dit Lily.

- Mais… tout le monde dit qu'ils sont dangereux…

- Seulement à la pleine lune, dit James.

- Mais c'est la pleine lune ! s'écria Peter.

- Exact… tu as déjà vu Remus dans le coin les soirs de pleine lune ? Il doit aller quelque part… Je me demande où… D'habitude, il disparaît un peu après le souper. Je crois que je vais essayer d'aller voir où il peut bien aller, dit James à Sirius.

Ce dernier hocha la tête sans rien dire.

- Et on doit lui dire qu'on sait ? demanda Lily.

- Oui… Je crois que c'est ce qu'il y a de plus important à faire. Je… je ne suis pas certain mais je crois que c'est ça qui le ronge, que c'est ça qui le tient éveillé la nuit, que c'est ça qui le fait se refermer à chaque fois qu'on essaie de se rapprocher de lui, dit James d'une voix triste.

- Remus est la personne la plus honnête que je connaisse, ça doit le tuer de ne pas pouvoir nous le dire, ajouta Sirius sur le même ton.

- Mais il veut nous le dire ! Il a essayer l'autre soir… Jeudi ? Le jour où on a eut le devoir. Foutu devoir, grogna James.

Sirius eut un petit rire.

- Je ne dirais pas ça. Moi je le trouve pratique ! Il nous a fait comprendre quelque chose qu'on aurait dû voir depuis longtemps et, le plus beau, Spite va être drôlement déçu, expliqua Sirius.

- Pourquoi ? demanda Lily.

- Il devait s'attendre à ce qu'on se mette à crier aux loups… euh… enfin, vous voyez ce que je veux dire ? C'est donc pour ça qu'il lui en veut… Les professeurs ont droit de porter préjudice à leurs élèves ? demanda Sirius à Lily.

La jeune fille fronça les sourcils.

- Hum… Excellente question. Faudra vérifier. On pourrait porter plainte ! dit Lily avec un sourire.

- Tu lis dans mes pensées, Lily Jolie ! dit Sirius en répondant à son sourire.

- Il faudrait peut-être aller manger maintenant, non ? Cathy va se demander où on est, dit James en regardant sa montre.

- Cathy… oh… Tu ne l'as pas amené avec nous ? demanda Lily.

- Elle était déjà trop loin et je ne voulais pas attendre, dit James avec un mince sourire d'excuse.

- Ouais… on verra plus tard. Allons manger, ça nous aidera à réfléchir.

Ils sortirent de la pièce en silence, trop de choses bouillonnant dans leur tête. James lança un regard inquiet à Peter. Il était toujours pâle. Allait-il vraiment tourner le dos à Remus ?

À la table des Gryffondor, Cathy n'était pas assise à leur place habituelle. Elle était entourée d'un groupe principalement constitué de garçons, troisième et quatrième année, qui discutaient avec elle de Quidditch. James sourit en voyant la mine de Sirius se renfrogner. Il fit une moue dégoûtée et passa devant Cathy sans la regarder. Mais elle, elle les avait vu.

- Mais enfin, où étiez-vous passés ? Je vous ai cherchés presque partout ! s'indigna-t-elle en les regardant un à un, insistant sur Sirius.

- Oh… On avait un truc à faire pour notre recherche, lança Lily sur un ton très convaincant.

Cathy plissa les yeux.

- Ah oui ? Alors qu'est-ce qu'il fait là, lui ? demanda Cathy avec un signe de tête en direction de Peter.

- Je… les ai suivi, dit timidement le jeune garçon.

- Évidemment, j'aurais dû y penser, rétorqua Cathy. Et bien la prochaine fois, arrangez-vous donc pour que je puisse vous suivre aussi !

- Je ne vois pas en quoi ça te dérange, tu as l'air de très bien t'amuser quand même, dit Sirius sur un ton très sec sans regarder la jeune fille.

Il ne s'était pas arrêté devant son amie et était déjà assis devant son assiette qu'il remplissait machinalement. James fut surpris. Pourquoi Black était si agressif ?

- Hey, c'est moi que vous avez abandonnée et c'est toi qui est fâché ? s'indigna Cathy.

- Je ne suis pas fâché. Et tu ne sembles pas si abandonnée que ça, réplique Sirius en prenant des petits pois.

Sirius ayant une sainte horreur des petits pois, il n'était pas difficile de voir qu'il n'était pas tout à fait dans son état normal. James et Lily échangèrent un regard et réprimèrent un fou rire.

- Tu es jaloux, Sirius ? demanda Peter en riant.

Le fou rire de James cessa aussitôt et son visage se crispa légèrement. Peter semblait souvent avoir un don pour trouver la phrase exacte à ne pas dire. Des images et des phrases passèrent rapidement dans l'esprit de James. Dans le couloir après le cours de Défense contre les forces du mal : « Il doit te prendre pour un loup-garou »; lorsque Remus s'était emporté contre eux : « Ce n'est pas grave, ce n'est pas la pleine lune. Y'aurait pas eu de loups-garous ! ». Oui, Peter avait un don… Et Sirius semblait trouver aussi. Il se tourna lentement vers le jeune garçon et le regarda avec son air le plus digne et le plus hautain.

- Jaloux ? Et puis quoi encore ? T'as pas déjà dit assez de bêtises pour aujourd'hui, il faut que tu en ajoutes ? Tu pourrais prendre une pause pendant que je mange ? dit Sirius sur un ton froid avant de reporter son attention sur son assiette.

Peter enfonça la tête dans ses épaules et fila s'asseoir sans ajouter un mot. James prit précautionneusement place à coté de Sirius. Du coin de l'œil, il vit Cathy qui se redressait, semblant vouloir renchérir sur le cas de Peter mais Lily, avant de s'asseoir, la fit taire d'un seul regard. James sourit à sa charmante amie aux yeux verts et se servit. Ils mangèrent en silence, ne sachant trop que dire. Ils ruminaient chacun leur propre pensée et ils ne furent interrompus qu'une seule fois lorsque Sirius se rendit compte qu'il y avait des petits pois dans la bouchée qu'il venait de prendre. Son visage avait prit la même couleur que les petits pois en question et il les avait recrachés dans sa serviette de table avec une grimace de dégoût.

- Dis moi, Sirius, qu'est-ce que tu as fait du guide des bonnes manières que je t'ai donné pour Noël l'an dernier ? demanda James sur un ton amusé.

Sirius le fusilla du regard mais le large sourire de James le fit bientôt craquer. Il se mit à rire doucement.

- Je l'ai étudié avec un grand soin mais que veux-tu, nous n'avons pas tous la capacité de manger avec dignité et élégance. Ca doit être génétique. J'ai probablement sacrifié ce don au profit d'avoir des cheveux normaux, répondit Sirius en haussant les épaules.

Peter semblant avoir peur de se faire entendre, seuls Lily et James éclatèrent de rire. Ce dernier fit une grimace à Sirius et se remit à manger tranquillement, se replongeant aussitôt dans ses réflexions. Il ne vit donc pas ses amis le regarder. Sirius avait marqué un point en parlant de génétique. Les règles de l'étiquette semblaient tellement naturelles pour James qu'il les faisaient sans s'en rendre compte. Il prenait toujours l'ustensile approprié, déposait invariablement sa serviette sur ses genoux, pliée selon les normes. Il buvait même avec le petit doigt légèrement relevé, à son grand dam. Il rougissait à chaque fois que quelqu'un le lui faisait remarquer et il s'efforçait de le poser sur le verre à sa prochaine gorgée mais il finissait toujours par ne plus y penser et récidivait. Il n'avait pas les manières affectés des gens qui voulaient avoir de la classe, ce qui le rendait encore plus aristocratique. Bien qu'il ne l'aurait jamais avoué lui-même sous la torture, James était le modèle exemplaire du parfait petit gentleman.

Après leur repas, ils retournèrent dans la classe vide que James avait dégoté pour leur parler. Avant de partir, Lily avait demandé à Cathy si elle venait avec eux mais elle refusa en levant le nez, soulignant qu'elle s'amusait effectivement très bien. Sirius lui avait lancé un regard mauvais et avait quitté la grande salle à grand pas. Une fois dans leur coin isolé, ils s'étaient installés confortablement pour réfléchir. Sirius était assis près de Peter et suivait le moindre de ses mouvements des yeux. Le pauvre garçon en était totalement terrifié. Ils ne surent jamais combien de temps ils passèrent là, perdus dans leurs pensées. Puis James se leva et se dirigea vers la porte.

- Où vas-tu, Jamesie ? demanda Sirius.

- Je veux savoir où va Remus. Logiquement, il doit aller à l'infirmerie avant de partir. Je vais peut-être pouvoir le suivre à partir de là, répondit James en ouvrant la porte.

Il était sur le point de sortir lorsque Lily cria son nom. Il se tourna vers elle. Debout au milieu de la pièce, le visage rouge comme une pivoine, elle fixait le sol.

- Oui, Lily ? demanda James d'une voix douce.

- Ne… Ne vas pas trop loin, James. Je ne voudrais pas que… qu'il t'arrive quelque chose, balbutia Lily.

James retourna vers elle et posa sa main sur son épaule.

- Ne t'en fais pas, Lily Jolie, je te promets de faire très attention, lui dit tendrement James.

Sirius eut un petit rire moqueur tandis qu'elle levait la tête vers lui pour lui faire un sourire. James sentit une drôle de sensation dans son estomac et lui rendit son sourire. Après un clin d'œil, il sortit de la pièce d'un pas déterminé.