9- ¯ Loup, y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ? ¯

En d'autres circonstances, Sirius aurait éclaté de rire devant la tête qu'affichait présentement James. Il semblait totalement paniqué. Lorsque Lily s'était effondrée dans ses bras, il avait figé puis posé une main sur sa nuque tout en enroulant son autre bras autour de sa taille. Maintenant, il la pressait contre lui, en caressant doucement ses cheveux et son dos, attendant que ses sanglots cessent et qu'elle explique enfin ce qui l'avait mis dans cet état. L'heure n'était pas à rire. Lily n'était pas de ces jeunes filles qui pleuraient pour rien et Sirius devait avoir un visage aussi inquiet que celui de James.

- Lily, qu'est-ce qui se passe ? demanda doucement Sirius.

Lily ne répondit pas et s'accrocha plus fort à James, comme si elle avait peur qu'il se sépare d'elle.

- Mais enfin, Lily ! Dis-nous pourquoi tu pleures ! Il s'est passé quelque chose de grave ? Où tu étais ? insista Sirius.

La jeune fille ne répondit rien et enfouit son nez dans le cou de James qui la serra encore plus fort contre lui. Sirius échangea un regard avec Peter, qui semblait aussi désemparé que lui. Puis le visage de Sirius prit peu à peu une expression horrifiée. Il savait que la possibilité que Remus puisse se faire mal à lui-même torturait l'esprit de Lily. Beaucoup plus qu'elle ne l'avait laissé paraître. Sirius savait pour avoir lu beaucoup de livre pour la recherches que les blessures que les loups-garous s'infligeaient dépassaient de loin les petites égratignures et d'après une photo, ce n'était guère recommandé d'aller rendre visite à un loup-garou le lendemain d'une pleine lune.

- Tu… tu n'as pas été à l'infirmerie, hein, Lily ? Tu n'es pas allé voir Remus, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une voix légèrement tremblante.

Sirius ferma les yeux lorsqu'il vit Lily hocher la tête.

- Mais enfin… Pourquoi ? demanda Peter.

- Je… voulais… savoir, répondit Lily entre ses sanglots.

- Lily Jolie… Tu n'en fais toujours qu'à ta tête, dit Sirius avec un soupir.

Lily se mit à sangloter de plus belle et James fusilla Black du regard. Sirius rougit et haussa les épaules en signe d'excuse.

- C'était… c'était si… grave ? demanda timidement Peter.

Lily fit un visible effort pour arrêter de pleurer. Sans lâcher prise sur James, elle leva une main pour essuyer ses larmes puis elle pivota dans les bras de James et se tourna vers Sirius et Peter. Elle passa ses mains par-dessus celles de James et enferma ses doigts dans une étreinte solide.

- Mme Pomfresh dit que ce n'est pas toujours aussi grave mais… mais… De ce que j'ai vu, il ne lui restait pas beaucoup de peau intacte, expliqua Lily.

Lily avait toujours eut tendance à fendre l'air avec ses mains lorsqu'elle parlait, et ce matin ne faisait pas exception. Même s'il était infiniment triste de savoir que Remus était mal en point, il ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de rire. Pressé derrière Lily, les mains emprisonnées dans les siennes, James avait l'air d'un pantin. Il gardait ses bras les plus mous possible pour aider Lily dans sa gesticulation.

- Il y a sûrement un moyen de le guérir de tout ça. On ne le voit jamais avec des marques, dit doucement Sirius qui arrivait miraculeusement à ne pas rire.

- Je sais bien mais… Si tu l'avais vu, répliqua Lily avec de nouvelles larmes.

Elle laissa tomber ses bras le long de son corps et Sirius vit parfaitement James plier les genoux pour qu'elle y arrive sans encombre. Peut-être que l'air misérable de Lily ou le visage inquiet et consterné de James l'avait aidé mais Sirius se surprit lui-même à ne pas éclater de rire. Lily pouvait faire n'importe quoi à James, même s'ils l'auraient nié tous les deux. Quoi que James ferait n'importe quoi pour n'importe lequel de ses amis…

- Pourquoi tu es allée le voir ? demanda Peter. Tu savais bien qu'il…

- Je n'arrivais plus à dormir et… j'avais fait un mauvais rêve… vraiment mauvais… et je voulais voir qu'il allait bien et… et…

- Tu aurais dû venir nous voir dans notre dortoir. On ne dormait pas non plus et de toute façon, nous sommes là pour te protéger des méchants ! dit Sirius avec un mince sourire.

Lily lui sourit avec reconnaissance et avança vers lui. En d'autres circonstances, Sirius aurait apprécié ce que Lily s'apprêtait à faire mais à ce moment précis, il ne fut pas totalement ravi qu'elle le prenne dans ses bras. Le docile James avait suivi le mouvement et maintenant, Sirius et lui était nez à nez, Lily confortablement installée entre les deux, la tête appuyée contre le cœur de Sirius. C'était le premier vrai câlin que Lily lui faisait, bien qu'il ne l'eut pas cherché, et il avait fallu qu'elle amène James avec elle…

- C'est vraiment gentil, Sirius, dit Lily.

- Oh… mais il n'y a pas de quoi, répondit Sirius qui n'avait jamais vu James de si près.

Ce dernier le regardait avec une surprise qui se transformait peu à peu en malice. Il haussa le sourcil de manière suggestive. Sirius se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire.

- Mais si… c'est tellement agréable d'avoir des amis si compréhensif, répliqua Lily qui ne se doutait pas un instant que James envoyait une pluie de baisers à Sirius.

- Mais c'est normal, Lily… Je…

En voyant James s'humecter sensuellement la bouche du bout de la langue, Sirius n'avait pas pu s'empêcher d'éclater de rire. Lily se redressa vivement et lança un regard outré à Sirius.

- Non seulement tu ne réponds pas à mon câlin, tu te moques de moi ? s'écria-t-elle.

- Hey ! Ce n'est pas de ma faute ! C'est ton imbécile de petit ami que tu as amené avec toi qui me fait des avances dans ton dos ! protesta Sirius.

- Mais de quoi tu parles ? demanda Lily en levant une main pour menacer Sirius de son point.

Se faisant, elle remarqua enfin qu'elle tenait encore les mains de James dans les siennes. Elle tourna la tête et, avec un grognement, donna un coup de bassin pour se dégager de James, qui recula en riant. Peter se tordait déjà de rire depuis un bon moment sur son fauteuil.

- Vous… Vous… Vous n'êtes que des… des… gronda Lily qui gonflait d'indignation. Et puis d'abord, ce n'est pas un imbécile… Euh… pas mon petit ami !

Sirius se mit à rire de plus belle tandis que Lily semblait vouloir se fondre avec les motifs de la moquette. James semblait déchiré entre la gêne et le bonheur.

- Charmant lapsus… dit Sirius.

- Oh, tu sais bien que ce n'est pas DU TOUT ce que je voulais dire, protesta Lily.

- Tu n'aimes pas James ? demanda très sérieusement Sirius.

- Bien sur que je l'aim… Non ! Oui ! OH ! T'es cruel, Sirius Black ! dit Lily en frappant la poitrine de Sirius.

- Mais ça te fait rire quand même, dit Sirius qui paraît les coups en riant.

- Même pas vrai ! protesta Lily qui avait effectivement un large sourire aux lèvres.

Elle fixa d'un air mauvais Sirius qui riait doucement, planté devant elle, puis elle lui fit une grimace et le poussa de toutes ses forces. Sirius tomba assis sur son fauteuil, les yeux pétillants. Lily, qui pour une raison obscure, évitait maintenant le regard de James, s'assit à son tour. Son sourire s'effaça lentement.

- Et puis, ce n'est pas vraiment le moment de rire, dit-elle, à nouveau triste.

Lily baissa la tête et fixa ses mains, ses grands yeux verts se remplissant à nouveau de larmes. Sirius cessa de rire immédiatement et vit du coin de l'œil James qui semblait désespéré. Sirius poussa un grognement et se glissa sur les genoux, juste devant le fauteuil de Lily. Il prit sa tête dans ses mains, essuya ses larmes et l'obligea à le regarder dans les yeux, à la grande surprise de tout le monde. Sirius n'était pas réputé pour sa douceur et sa tendresse. Mais pourtant…

- Lily… écoute… Tu vas peut-être trouver que c'est cliché, et c'est peut-être effectivement le cas mais… Tu crois vraiment que Remus aimerait que tu restes assise dans ton fauteuil à pleurer toutes les larmes de ton corps pour lui ? Hein ? demanda doucement Sirius.

Lily secoua la tête entre les mains de Sirius, qui faisait de son mieux pour ne pas voir l'air ébahi de James qui le regardait avec de grands yeux tout ronds à travers ses lunettes.

- C'est bien ce que je pensais… Je sais bien que tu l'aimes beaucoup. Nous aussi, on l'aime beaucoup. Et c'est pourquoi on ne doit pas s'apitoyer sur son sort. Il est très doué pour le faire tout seul. Nous, notre travail, c'est d'être ses copains. Trouver un moyen de le réconforter s'il est triste et de le faire rire quand il en a besoin. Mais pas de se morfondre sur son état. Jamais. T'en inquiéter, oui, mais pas te morfondre. Alors arrête de pleurer et sourit, Lily Jolie. On a autre chose à faire aujourd'hui, comment botter le derrière de Spite qui semble faire tout son possible pour martyriser Remus ! D'accord ? demanda Sirius avec un sourire.

Lily répondit à son sourire et hocha la tête avant d'enrouler ses bras autour de Sirius et de le serrer dans ses bras. Cette fois, Sirius ne se fit pas prier pour lui retourner la pareille. Il glissa ses bras autour de sa taille et la serra fort contre lui.

- Aaaahhhhhhh… C'est bien plus confortable sans James, tu ne trouves pas ?

Lily se mit à rire et James grommela dans son coin, pour la forme. Du bruit dans l'escalier leur fit réaliser qu'ils n'étaient pas seuls au monde et que les autres étudiants commençaient à descendre dans la salle commune. Sirius se sépara de Lily à regret.

- Faudrait pas que les gens pensent que je suis beaucoup plus sentimental que j'en ai l'air… Ce qui est effectivement le cas, dit Sirius avec un clin d'œil devant le sourire narquois de Lily.

Ils reprirent tous leur place et attendirent Cathy. Les Gryffondor semblaient s'être donnés le mot pour arriver en masse. Bientôt, la salle commune grouillait de monde et le tableau de la grosse dame pivotait sans arrêt. Sirius regarda d'un air mauvais le nouveau Harem de Cathy qui était assis pas très loin d'eux. Il ne vit donc pas la jeune fille arriver et se diriger directement vers eux.

- Catherine, tu viens déjeuner avec nous ? demanda un type du Harem sur un ton mielleux.

Sirius ne put s'empêcher de tourner la tête vers Cathy et de la fusiller du regard, comme pour la mettre au défi d'accepter. Chose qu'il regretta immédiatement. Cathy leva le menton.

- Mais avec plaisir, répondit-elle en fixant Sirius droit dans les yeux.

Black poussa un grognement, attrapa son sac et se leva. Sans un regard pour Cathy, il se dirigea vers la sortie, espérant fortement que les autres le suivraient. Il eut la réponse à sa question lorsqu'il fut sorti de la salle commune.

- Ce n'était pas très malin, ça, Sirius, murmura la voix de James à son oreille.

Sirius haussa les épaules et prit un air fier qui ne trompa personne. 

Sirius n'avait pas faim. En partie à cause de son manque de sommeil, de leur récente découverte et de l'émoi que Lily avait créé en revenant de l'infirmerie. Mais la plus grande partie était à ce moment même imputée à Catherine qui, assise non loin de là, riait à gorge déployée aux blagues sans doute très ennuyantes et de très mauvais goût de ses nouveaux amis, et, finalement, au professeur Spite qui de la table des professeurs, ne cessait de regarder dans leur direction avec un sourire narquois, sans doute satisfait que son plan ait fonctionné. Sirius, les dents serrées, tambourinait la table de ses doigts, de plus en plus de mauvaise humeur. Cathy éclata à nouveau de rire en lui lança un regard de coté. Elle savait qu'elle le faisait enrager et il était certain qu'elle le faisait exprès. Sirius ferma les yeux et étouffa un grognement. Il serait beaucoup plus facile, en considérant la possibilité d'exclusion de l'école et en faisant abstraction du fait que Cathy savait fort bien se servir de sa batte de Quidditch, de passer sa frustration sur la jeune fille que sur le professeur. Mais lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, Spite planta son regard dans le sien avec un sourire suffisant. Ce fut la dernière goutte qui fit déborder le vase, relativement petit, de la patience de Sirius Black.

- Qui a la recherche ? demanda-t-il sèchement.

James, Lily et Peter sursautèrent. Sans doute sans grand appétit eux-même, ils ne parlaient pas, évitant soigneusement de regarder Spite et jetant de temps à autre des regards tristes vers Cathy, qui ne les narguait pas, eux.

- Qui a la recherche ? répéta-t-il.

- Euh… moi… pour…

- Donne-la-moi ! ordonna Sirius.

- Mais pourquoi ? demanda James en sortant tout de même la pile de parchemins soigneusement rangée dans son sac.

Sirius ne répondit pas. Aussitôt qu'il put arracher le travail des mains de James sans la déchirer ou la froisser, il le fit et se leva, en jetant sa serviette de table dans son assiette. C'était absolument ridicule puisqu'il n'utilisait jamais de serviette de table mais ça donnait beaucoup d'impact au mouvement.

- Spite voulait la recherche lundi matin et bien il va l'avoir lundi matin ! déclara Sirius en tournant les talons.

Il eut cependant le temps de voir que Lily et James échangeaient un regard inquiet. Sirius sentit le regard de ses amis le suivre tandis qu'il contournait la table des Gryffondor d'un pas vif de conquérant trop sûr de lui. Il longea la table des professeurs et se planta devant Spite. La Grande Salle au complet semblait s'être arrêtée pour regarder ce que faisait Sirius. Il faut dire que la serviette de table lui avait donné beaucoup de crédibilité.

- M. Black… dit courtoisement le professeur Spite.

- Professeur Spite. Vous aviez demandé une recherche de quatre rouleaux de parchemins sur les loups-garous. Et bien, la voici ! dit Sirius en lui tendant le travail qui faisait beaucoup plus que quatre rouleaux.

- Oh… C'est… Bien, répondit Spite qui essayait de ne pas avoir l'air trop surpris.

Sirius soupçonnait fort que le professeur n'avait jamais imaginé qu'ils la termineraient, sans doute trop perturbé par les révélations qu'ils auraient.

- Ce fut très instructif, je vous remercie beaucoup, dit Sirius avant de lui tourné le dos et de s'éloigner lentement vers sa place.

- Très instructif ? C'est à dire ? demanda Spite avec une note de jubilation dans la voix.

Un sourire machiavélique se dessina sur le visage de Sirius avant qu'il ne se retourne pour faire à nouveau face à son professeur.

- Et bien… Nous avons appris beaucoup de chose sur les loups-garous, bien sûr, et sur la méchanceté, dit innocemment Sirius.

- Ah bon ? Pouvez-vous nous en faire part ? demanda Spite avec un sourire.

- Mais avec plaisir, dit gentiment Sirius.

Spite était tombé dans le piège que lui avait tendu Sirius. Et en plus, tout le monde écoutait, maintenant… Dont Dumbledore qui s'était penché vers l'avant pour mieux entendre.

- Donc ? demanda Spite.

- Ce que j'ai retenu de plus important est ceci : Une personne atteinte d'une maladie qui le transforme en bête sanguinaire une fois par mois est, en comparaison avec un être humain en parfaite santé qui se voue corps et âme à détruire la vie de quelqu'un d'autre, beaucoup moins… cruel… Professeur.

Sirius hocha aimablement la tête à l'intention du professeur Spite, qui était absolument abasourdi, et se mit en route vers sa place, le cœur un peu plus léger. Dans la Grande Salle, un silence, brisé que par le son que faisait Sirius en marchant, régnait. Tout le monde le regardait avec des grands yeux ronds. Ils ne savaient pas exactement ce que sous-entendaient les paroles de Sirius mais il était évident que Spite venait de recevoir un coup. Puis, un petit rire se fit entendre. Toutes les têtes, incluant celle de Sirius, se tournèrent vers la personne qui avait osé rire durant un instant aussi dramatique. Spite aurait sans doute vertement réprimandé l'odieux personnage mais il ne dit rien. Et pour cause… Le professeur Dumbledore regardait Sirius, ses yeux bleu pétillants de malice. Il se remit à manger avec un autre petit rire, non sans avoir fait un clin d'œil à l'intention de Sirius. Le jeune garçon, maintenant passablement rouge, regagna sa place avec un large sourire de satisfaction personnelle.

- Je n'aurais pas pu faire mieux, dit James en riant tandis que Sirius se rasseyait devant lui.

- J'ai eu un excellent professeur pour les insultes avec de la classe, répondit Sirius avec un clin d'œil.

James se mit à rire de plus belle. À côté de lui, Peter regardait Sirius avec une admiration qui frôlait presque la frayeur.

- Je suis soulagée… j'étais certaine que tu allais la lui lancer au visage ou que tu lui casserais toutes les dents avec Dieu seul sait quoi ! dit Lily.

- J'avoue que c'est ce que j'avais d'abord l'intention de faire… et avec la table, dit Sirius en mimant l'action de prendre quelqu'un par les cheveux et de lui fracasser le crâne sur la table, effets sonores en prime.

- Sadique… Ca te ressemble plus, dit Lily avec une grimace amusée.

Sirius lui lança un sourire malicieux et tourna la tête vers Cathy. Sans se préoccuper de son harem qui faisait des pieds et des mains pour attirer son attention, elle regardait Sirius avec un sourire… son sourire… LE sourire. Seulement un coin de sa bouche était levé et elle avait haussé un sourcil. Ses grands yeux bleus brillaient d'une lueur étrange. Elle le fixait, la tête légèrement penchée vers l'avant, ce qui ajoutait au charme de son visage. Ce n'était ni de l'admiration, ni de l'amusement. Sirius savait que ce qu'il venait de faire avait répondu aux attentes que Cathy avait de lui et il n'en était pas peu fier. Il aimait être à la hauteur de ses amis et surtout de Cathy. Il était cent fois plus satisfait de son seul sourire que de n'importe quelle réaction qu'il avait causée. Elle le regarda pendant quelques secondes puis lui fit un clin d'œil avant de reporter son attention vers son harem, d'un air vaguement ennuyé. Sirius poussa un profond soupir, sans remarquer qu'il arborait un sourire stupide. Un petit rire de James le sorti de sa contemplation de Cathy. Il regarda son ami pour savoir ce qui le faisait rire. Au premier coup d'œil, Sirius sut que c'était lui.

- Ca, c'était beaucoup mieux, dit James avec un sourire.

Malgré le fait qu'il se sentait rougir, Sirius haussa les épaules et leva le nez avec dignité. À côté de James, Lily fixait la porte avec intensité. Remus n'était pas encore revenu. Sirius sentit une vague d'inquiétude le submerger mais il la chassa rapidement. Parfois, Remus manquait le premier cours de la journée. Une seule fois, il avait manqué toute la matinée. Il allait bien refaire surface bientôt.

Mais lorsque les cours du matin furent terminés et que Sirius fut à nouveau attablé devant son repas du midi, après avoir été prendre ses livres pour l'après-midi, Remus n'était toujours pas là.

- Pomfresh a peut-être préféré le faire manger à l'infirmerie, murmura Sirius à l'intention de Lily qui fixait la porte plus ardemment que jamais.

- Oui… tu as sûrement raison, dit Lily avec un faible sourire.

Elle ne le croyait pas vraiment et Sirius le savait mais faire semblant était, parfois, la meilleure chose à faire. Quelques minutes plus tard, Cathy, qui s'était presque battue avec un type de Serpentard à la fin des classes, revenait paisiblement de son meeting avec McGonagall. C'était devenu presque naturel. Cathy avait une sérieuse tendance à vouloir se battre avec qui le voulait bien. En voyant qu'elle se dirigeait droit vers eux, Sirius fut fou de joie, bien qu'il le cachait à merveille. La jeune fille semblait lui avoir pardonné de n'être qu'un maladroit jeune garçon.

- J'ai perdu 10 points mais je n'ai pas de détention. N'est-ce pas merveilleux ? dit-elle simplement en prenant place à coté de Sirius, au grand plaisir de celui-ci.

- Comment t'as réussi ça ? demanda Peter.

- Charme naturel, dit Cathy qui s'était penchée pour inspecter la table des Gryffondor en entier.

Sirius se renfrogna. Elle était venue avec eux simplement parce qu'elle n'avait pas trouvé ses admirateurs ?

- Ton harem est là-bas, dit Sirius, plutôt sèchement, en pointant le petit groupe de garçons qui fixaient avidement Cathy.

- Je sais et je m'en moque. C'est Remus que je cherche. Mais si tu y tiens vraiment, je peux aller les rejoindre, répliqua Cathy sur un ton acide.

Sirius plissa les yeux et, malgré un coup de pied magistral de James sur son pauvre tibia, il ne put refouler l'élan de son orgueil mal placé.

- Mais je ne te retiens pas ! Vas-y, si ça t'amuse plus que nous ! Je m'en fiche totalement, dit-il Sirius.

Cathy serra les dents et se leva lentement.

- Cathy… dit Lily mais Cathy leva la main pour la faire taire.

Elle ne quitta pas Sirius des yeux, brillants de colère, tout en parlant aux autres.

- Laisse tomber, Lily Jolie. On se parlera ce soir. Pour l'instant, je préfère m'éloigner de ce type avant que sa tête n'explose de suffisance, dit sèchement Cathy avant de s'éloigner vers ses nouveaux amis qui souriaient à belles dents.

- Alors là, bravo, Sirius. C'est exactement ce qu'il fallait faire, dit sarcastiquement James.

- Hey, c'est elle qui a…

- Sirius… C'est toi qui la provoque depuis deux jours, coupa James.

Sirius ouvrit la bouche pour protester mais le regard dur de James le fit changer d'avis. Et puis, il avait raison.

- Ce n'est pas de ma faute… Elle me fait perdre tous mes moyens et je ne sais pas pourquoi, dit Sirius avec un profond soupir.

- Quand tu auras trouvé pourquoi, tu pourras peut-être agir intelligemment, dit Lily avec un regard en coin pour James.

Sirius fronça les sourcils. Qu'est-ce que voulait dire Lily, exactement ? Mais la jeune fille ne dit rien de plus et continua de manger, regardant en direction de la porte à toutes les trente secondes. Mais Remus ne se montra pas. D'un accord tacite, ils restèrent dans la Grande Salle jusqu'au moment où ils durent se rendre à leur prochain cours. Remus n'était pas dans la salle de classe. Lily devenait de plus en plus pâle, James semblait avoir prit un choc de 500 volts, si on se fiait à ses cheveux, et Sirius avait beaucoup de difficulté à paraître décontracté. Seul Peter semblait relativement normal puisqu'il avait toujours l'air désemparé dans les cours de Métamorphoses. Curieusement, Cathy, qui s'était assise non loin d'eux, semblait aussi très nerveuse. Donc, aucun d'eux n'était très concentré à la métamorphose. Coup de chance, McGonagall s'était lancée dans un cours théorique et donnait ses notes d'une façon étonnamment claire et facile à suivre pour leur esprit égaré. Le professeur Flitwick devait avoir mangé la même chose que McGonagall le midi puisque le cours de Sortilèges fut aussi théorique et facile à suivre. Remus ne s'était pas présenté. Lily devenait hystérique peu à peu et Sirius commençait à se demander si James n'allait pas perdre ses cheveux.

Remus ne réapparut pas non plus pour le repas du soir. Sirius s'était finalement résigné à quitter la Grande Salle, après une heure d'attente, et faisait distraitement ses devoirs avec ses amis. Heureusement pour eux, ils n'en avaient pas beaucoup. À vingt heures, Remus ne s'était toujours pas montré. Leurs devoirs étaient terminés et ils étaient tous assis dans un coin reculé de la salle commune. Lily, oubliant toute timidité et retenue, s'était réfugiée dans le fauteuil de James. Sirius, qui avait attaqué la peau de ses doigts parce que sa réserve d'ongles était épuisée, se leva d'un bond.

- On va aller voir à l'infirmerie ! dit-il d'un ton décidé, se demandant pourquoi il n'y avait pas pensé avant.

Lily se recroquevilla contre James. Visiblement, l'idée de retourner la-bas ne l'intéressait guère. Sirius jugea donc préférable de lui laisser James.

- Tu viens, Peter ? Comme ça, on va en avoir le cœur net, dit Sirius.

Peter se leva lentement, l'air craintif mais décidé. Lui aussi s'inquiétait. Sirius lança un dernier regard à James, qui hocha la tête en caressant doucement le dos de Lily. Sirius lui fit un signe de tête et se dirigea vers la sortie. Il passa devant Cathy, qui était toujours avec son harem. Elle ne semblait pas écouter du tout ce que ses petits amis lui disaient. Le menton appuyé sur sa main, elle fixait la porte d'un air indéchiffrable. Sirius aurait bien voulu lui demander ce qui se passait mais il n'osa pas lui adresser la parole et il avait une mission à accomplir. Peter sur les talons, il prit le chemin de l'infirmerie. Une fois devant la porte, il prit une profonde inspiration et entra d'un pas volontaire. Mme Pomfresh, qui discutait avec une jolie jeune femme inconnue, se dirigea vers lui.

- Oui ? Que puis-je pour vous ? demanda l'infirmière.

- Nous voudrions voir Remus Lupin, s'il vous plait, dit poliment Sirius.

- Oh… Je suis désolée mais M. Lupin nous a quitté, répondit doucement Mme Pomfresh.

Sirius se figea puis se décomposa sur place, son cœur ayant fort probablement cessé de battre. Remus était… MORT ??? Peter s'était accroché à la manche de Sirius et menaçait fortement de les faire tomber tous les deux sur le sol puisque Sirius n'avait pas les jambes très solides lui non plus. Pomfresh resta perplexe devant leur air interdit puis sembla comprendre. Elle s'expliqua précipitamment.

- Oh, non ! Pardonnez-moi, je n'ai pas pensé que c'était une formule pour annoncer… Hum… M. Lupin a quitté l'infirmerie juste après manger. Il devrait être dans votre salle commune maintenant.

Sirius se remit à respirer et poussa un soupir de soulagement. Il mit la main sur son cœur et fut satisfait de voir qu'il avait recommencé à fonctionner. Peter alla s'asseoir sur un lit vide.

- Enfin ! Vous pourriez faire attention à ce que vous dites ! gronda Sirius.

L'infirmière, qui aurait normalement dû réprimander Sirius pour son manque de politesse, prit un air embarrassé.

- Je sais… Je suis désolée… Votre ami va… bien. Je suppose qu'il ira mieux lorsqu'il aura retrouvé son énergie et ses amis, dit Pomfresh avec un sourire.

Sirius, qui la fusillait toujours du regard, finit par lui accorder un mince sourire.

- Bien sûr. Merci de l'information… Mais je vous le répète, vous devriez faire attention à vos formules, un infarctus arrive si vite, de nos jours, dit Sirius.

- Je vais faire plus attention, à l'avenir. Maintenant, ouste ! J'ai des choses à faire ! dit Mme Pomfresh en pointant la porte.

- Oui m'dame ! Tu viens, Peter ?

Mais Peter ne bougeait pas. Il était assis sur le bout du lit, blanc comme les draps. Pomfresh eut une grimace désolée mais Sirius lui fit signe de ne pas s'inquiéter.

- Allez, Peter. Remus va bien et j'ai une réserve de Chocogrenouilles, dit Sirius en prenant le bras de Peter pour l'aider à se lever.

- Hein ? Oh… oui. Pardon… dit timidement Peter à l'infirmière. Vous m'avez vraiment fait peur.

- Encore désolée, murmura Pomfresh.

- Ca va aller pour cette fois. Mais ne recommencez plus ! dit Sirius en poussant Peter hors de l'infirmerie.

Il ferma la porte, non sans avoir lancé un dernier sourire à Pomfresh.

- C'est une chance que Lily ne soit pas venue avec nous ! dit Peter qui semblait enfin s'être remis de son choc.

- On va essayer de lui annoncer d'une manière plus… positive, dit Sirius avec un sourire.

- Ca, c'est certain ! dit Peter en riant.

Après avoir donné le mot de passe à la grosse dame, Sirius se dirigea vers Lily et James tout en balayant la salle commune du regard. Remus n'était pas là.

- Il est sorti de l'infirmerie, annonça Sirius sans préambule.

Il ne vit pas Cathy, derrière lui, qui s'était tournée au son de sa voix et qui s'approchait subtilement pour écouter la conversation. Lily poussa un soupir de soulagement à la nouvelle de Sirius et laissa tomber sa tête contre l'épaule de James, qui avait fermé les yeux avec un sourire heureux.

- Il doit être monté pendant qu'on mangeait et il doit s'être couché directement. Pomfresh dit qu'il va bien, continua Sirius.

- Malgré le fait qu'elle ait sous-entendu qu'il était mort quand on lui a demandé où il était, ajouta Peter.

- Quoi ? s'écrièrent James et Lily.

- Elle a dit qu'il nous avait quittés ! Je ne sais pas pour vous, mais chez-moi… expliqua Peter.

- Ca fait un choc, je vous le dis moi ! dit Sirius en riant.

- Probablement, oui ! dit James avec un sourire.

- Heureuse de pas avoir été là, dit Lily, qui commençait lentement à réaliser qu'elle était lovée dans les bras de James.

Tout le monde se mit à rire. James s'étira langoureusement. Le stress l'ayant quitté, le jeune Potter semblait être revenu à son humeur joyeuse normale… malgré sa coupe de cheveux encore très électrique. Lily, qui avait été dérangée par les mouvements de James, semblait déchirée entre rester dans le fauteuil avec James ou changer de place. Sirius crut deviner qu'elle préférait largement rester là où elle était. Il sourit lorsqu'il vit James passer à nouveau son bras autour des épaules de Lily et la presser doucement contre lui. Black songea un instant à lui faire remarquer qu'il n'avait plus besoin de réconforter Lily, chose que James savait sûrement déjà, mais, pour une fois, il décida de ne pas les taquiner.

Pour ne pas déranger Remus en montant se coucher, ils restèrent encore un bon moment dans la salle commune, bien qu'ils étaient épuisés par leur courte nuit et leur journée de stress.

Mais lorsque les garçons gagnèrent enfin leur dortoir, tout doucement, ils ne purent que constater l'évidence. Remus n'était pas là non plus.