Loup-Garoutisme

10- Wanted dead or alive (alive por favor)

Après avoir fixé le lit vide de Remus pendant au moins dix minutes, ils avaient finalement décidé de se coucher. Peter avait suggéré d'aller avertir Lily que Remus manquait à l'appel mais James fit remarquer, avec justesse d'ailleurs, qu'il serait plus sage de la laisser dormir paisiblement. Une fois dans son lit, les yeux grand ouverts, Sirius songea en son fort intérieur que lui aussi, aurait aimé arriver à dormir paisiblement. Les hypothèses de ce qui avait bien pu arriver à Remus devenaient de plus en plus mélodramatiques et le jeune Black s'en serait bien passé.

- Sirius ? chuchota la voix de James.

- Oui ?

- Est-ce que les extraterrestres gardent leurs cobayes humains longtemps, à ton avis ?

- Selon l'hypothèse que j'ai élaborée tout à l'heure, ça dépend du temps qu'ils prennent à faire repousser ce qu'ils ont prélevé…

- Mouais… C'est à peu près ce que j'avais conclu… Aller-retour dans le quadrant Gamma en plus… dit James en poussant un soupir.

Ils se turent tous les deux, rassurés de voir qu'ils n'étaient pas seuls à avoir une imagination débordante. Le temps passa et Sirius fixait toujours le vide, essayant de se concentrer sur le son apaisant de la respiration de James et des soupirs tristes qu'il poussait de temps à autre. Une petite voix s'éleva alors dans le dortoir.

- Vous… vous ne pensez tout de même pas qu'il s'est fait enlever par les extra-terrestres… hein ?

Ils ne prirent même pas la peine de répondre à Peter et éclatèrent de rire tous les deux. Pettigrow se retourna dans son lit en ronchonnant. Certains auraient peut-être dit que le moment n'était pas à rire. Certes… Mais le rire à du bon et ce petit moment de détente leur permit enfin de plonger dans un sommeil profond que rien ne pouvait déranger. Pas même le son, près d'une heure plus tard, de la porte qui s'ouvrait doucement et de quelqu'un qui avançait dans la pièce à pas de loup.

James ouvrit les yeux juste à temps pour voir le réveil-matin de Sirius passer à toute vitesse devant son visage. Le pauvre appareil s'écrasa contre un mur et quitta le monde des réveil-matins sur le coup.

- Saleté de machine ! Tu peux pas me laisser dormir ?!?! hurla Sirius, debout sur son lit, le visage aussi fripé que son pyjama.

Peter se redressa brusquement dans son lit, l'air paniqué. James se mit à rire tout en cherchant ses lunettes.

- Et toi, l'angora à lunettes, arrête de rire ! dit Sirius en se laissant tomber en tailleur sur son lit.

- Quess… qu'est-ce qui se passe ? demanda Peter.

- Je crois que Sirius n'avait pas envie d'entendre son cadran, ce matin, dit James.

- Gnagnagnagna… Et toi ? Tu avais envie d'avoir l'air d'un pinceau crêpé ?

- Que d'insultes de si bon matin ! Une sacrée chance que je compatisse avec toi sinon… dit James avant de sauter en bas de son lit avec une vivacité étonnante. Bon, il est déjà sept heures…

- Si tôt ? Mais… comment ? balbutia Sirius.

- J'ai changé l'heure de l'alarme de ton cadran… mais peu imp…

- Quoi ??!! Tu vas mourir….

- …rte ! Remus se lève tôt et, aujourd'hui, nous aussi. On va essayer de le coincer dans la Grande Salle.

- C'est une bonne idée… mais tu vas tout de même souffrir…

-  Je n'en doute pas. Debout, pour la mission.

- Tu as changé le cadran de Lily aussi ? demanda Peter.

- Non, bien sûr, répondit James, légèrement rose. Mais je suis certain qu'elle est déjà en bas en train de l'attendre.

- Ça, c'est plus que certain, dit Sirius en se laissant tomber en bas de son lit.

James fit une grimace de compassion lorsqu'il entendit « boom » du corps de son ami tomber sur le sol avant de se pencher sur sa malle pour trouver ses vêtements.

- Pourquoi tu veux te dépêcher, James ? demanda Peter, assis par terre en train de mettre ses chaussettes. Tu crois qu'il se sauve de nous ?

Sirius haussa les sourcils et se tourna vers James, qui avait figé, les bras dans les airs, la tête coincée dans le col de sa chemise dont les boutons n'étaient pas détachés. Sirius pouffa de rire avant de reporter son attention sur Peter.

- Se sauver de nous ? Il ne nous parle plus depuis vendredi soir et on ne l'a pas vu depuis ! Est-ce une raison pour dire qu'il se sauve ? Je serais tenté de dire oui… Mais c'est peut-être un hasard ! répondit Sirius en roulant les yeux.

Peter haussa les épaules avec un sourire d'excuse et enfila sa deuxième chaussette tandis que Sirius allait porter secours à James. Après le sauvetage, ils finirent de s'habiller en grande hâte, préparèrent leurs livres et descendirent illico dans la salle commune. Une seule personne y était assise : Lily Evans.

- Tu as un don pour la divination, Jamesie ? murmura Sirius.

- Mmmm… Ca m'étonnerait, ce n'est pas du tout dans nos gènes… Bonjour Lily ! dit James. Tu as bien dormi ?

Elle avait sourit en les voyant arriver mais son sourire avait maintenant disparu.

- Où est Remus ?

- Nous aussi, Lily, merci beaucoup ! dit Sirius.

James lui fila un coup de coude dans les côtes et s'avança lentement vers Lily. Il la prit par la main et la fit se lever.

- Viens… On va t'expliquer ça en allant déjeuner, dit doucement James en l'entraînant vers la porte.

Sirius fut absolument et définitivement épaté de voir les talents diplomatiques de James en action, évitant ainsi une crise d'hystérie de la part de Lily. Elle se contenta de pousser un profond soupir et de marcher en silence jusqu'à la Grande Salle. Une fois assis, Remus n'étant pas en vue, Sirius se sacrifia pour rompre le silence en posant une question très anodine.

- Alors, euh, Cathy n'était pas encore debout ? Elle… va bien ? demanda-t-il en buvant son chocolat chaud d'un air beaucoup trop nonchalant.

Lily eut un mince sourire.

- Sirius, elle ne t'adressera plus la parole avant que tu ne lui demandes pardon, répondit simplement Lily sans quitter la porte des yeux.

- Lui demander pardon ? Moi ? Pourquoi ??? s'indigna Sirius.

Il se tourna vers James pour qu'il l'appuie dans sa démarche mais le regard que M. Potter lui adressa par-dessus ses lunettes, sourcil haussé, fit mourir ses protestations. Il se tut et, à l'instar de ses amis, mangea sans appétit tout en regardant la porte. Remus n'apparut jamais.

Cinq minutes avant le début des cours, ils se résignèrent à se lever et à se diriger vers leur salle de classe.

- Heeeeey ! C'est botanique ! On va être en retard ! dit James avec de grands yeux ronds.

La plupart des élèves se plaquant contre les murs en entendant Sirius hurler « Attention ! Maniaque à la hache ! Attention ! Maniaque à la hache ! », le chemin au pas de course se fit beaucoup plus rapidement malgré le fait qu'ils étaient à contre courant. Le fait qu'ils étaient passablement morts de rire n'aidait pas du tout la progression, il faut bien l'admettre. Ils arrivèrent une minute pile avant le début des cours. Ils se laissèrent tomber à leur place, soufflant fortement. Lily fut la première à s'étirer le cou pour regarder partout. Remus devait logiquement être déjà arrivé. Il était toujours en avance. Mais pas aujourd'hui. Ils poussèrent tous un profond soupir. La jeune professeur Chourave entra dans la serre et s'installa à l'avant. Peter profita de l'absence de Remus pour se faufiler à sa place, qu'ils lui avaient gardé, entre James et Lily. Surtout que Cathy semblait totalement opposé à l'idée de supporter Peter maintenant que Remus avait disparu et qu'elle était en froid avec Sirius. Elle était assise un peu plus loin, tout près des « trois atrocités du dortoir des filles », comme elle appelait si aimablement ses autres compagnes de chambre. Après un bref froncement de sourcil vers l'arrière de la classe, le professeur débuta son cours. Chourave leur donna quelques données techniques avant de les laisser travailler individuellement. Au bout de cinq minutes, James vit Cathy prendre ses affaires et se replier près d'une jolie Serdaigle aux cheveux noirs et aux yeux bleus. Ca avait peut-être un rapport avec le fait que Marie, une des atrocités, venait de se mettre à geindre parce qu'elle se salissait les ongles avec la terre.

- Elle avait qu'à venir avec nous, murmura Sirius avec un sourire heureux.

 Une fois leur exercice pratique terminé, Chourave se lança à nouveau dans la théorie. Cours passionnant sur une plante dont Sirius ne retiendrait malheureusement jamais le nom, jusqu'à la fin de ses jours. Vers la moitié de la deuxième heure de cours, le professeur leur demanda de se mettre en équipe de trois. Lily fit signe à Cathy de venir la rejoindre. Ce qu'elle fit en entraînant sa Serdaigle avec elle sans lui demander son avis.

- Lily, Kyana ! Kyana, Lily ! Vous êtes ravies ? Moi aussi ! Allez, au travail !

Ce qu'elles firent en riant. Les garçons se mirent ensemble et commencèrent à travailler avant même que les équipes ne soient toutes formées.

- Oh ? Il vous manque un équipier ? Allez avec Remus, il est… tout seul, dit Chourave à deux Serdaigle.

James et Sirius échangèrent un regard hautement surpris avant de fouiller la salle du regard. Remus était effectivement dans la pièce, installé au fond. Les deux Serdaigle allaient tranquillement le rejoindre, sans doute aussi étonnés que le professeur qu'il soit effectivement seul. Sirius quitta sa table pour se diriger vers lui.

- Monsieur Black, il est temps de travailler, dit le professeur.

- Mais…

- Pas de mais… au travail.

Lily poussa un profond soupir, son désir d'aller rejoindre James venant de tomber à l'eau.

- Il… il y a un problème avec… votre ami ? demanda timidement Kyana.

- Un problème ? C'est à lui qu'il faudrait le demander, répondit sèchement Cathy avec un signe de tête en direction de Remus, qui évitait soigneusement de regarder ses « amis ».

- Oh… répondit simplement Kyana.

Lily ne dit rien, se sentant coupable de ne pas avoir dit la vérité à Cathy. Elle devait logiquement encore croire qu'il était fâché contre eux pour l'épisode de Rogue. Ils se remirent donc au travail. Le temps fila et Chourave annonça enfin la fin du cours. James n'hésita pas une seconde et se dirigea vers le fond de la salle… mais Remus avait disparu.

- Ben ça alors ! Où est-il passé ? demanda Peter qui arrivait derrière James.

- Il a fait son sac en toute vitesse et il est parti avant même que le prof ait fini de parler, répondit un Serdaigle qui avait travaillé avec Lupin. Il est peut-être allé à l'infirmerie, il avait pas l'air de se sentir bien.

- Peut-être bien, dit James, songeur.

- Tu penses qu'il est malade ? demanda-t-il à James.

La première réaction de James fut de froncer les sourcils. Si tout le monde commençait à s'intéresser au cas de Remus, ça pourrait devenir problématique. Puis il réalisa que le Serdaigle, Machin Trent, selon son souvenir, ne souffrait pas de curiosité mais de sympathie. Il eut un faible sourire et ouvrit la bouche pour répondre.

- Mêle-toi donc…

- Il travaille trop, l'est juste fatigué… et peut-être une petite grippe. Merci, au revoir ! répondit James, interrompant Sirius et le poussant hors de la serre avant qu'il ne fasse un carnage du pauvre Serdaigle.

Une fois au dehors, Sirius se débattit pour se déprendre de la poigne solide de son ami.

- Qu'est-ce qui te prend ? gronda-t-il.

- Il me prend que ce n'est pas bien de sauter à la gorge des gens comme ça. Et puis, tu connais la curiosité humaine. Si tu es mystérieux, ils vont chercher à percer le mystère. Alors reste poli et trouve de bons mensonges quand on te pose des questions ! répondit James en relâchant finalement Sirius.

- Pour les mensonges, ça va, mais tu sais que la politesse n'est pas mon rayon, dit Sirius avec un sourire d'excuse.

- En voilà une étonnante nouvelle… dit simplement Cathy en passant devant eux d'un air digne.

Sirius gonfla de colère mais le coup que Lily lui fila entre les omoplates lui suggéra de se taire. Il la regarda donc partir. Puis il soupira et se tourna vers Lily. Juste derrière elle, la Serdaigle qui avait travaillé avec Cathy s'était arrêtée et les regardait avec de grands yeux. Sirius haussa un sourcil, croisa les bras et la fixa d'un air menaçant.

- J'avais deux options, dit-elle, faisant sursauter les trois autres. Soit je me sauvais en douce et vous n'auriez jamais su que je vous avais entendu. Soit je restais ici pour me faire « sauter à la gorge » mais en vous donnant une petite leçon de subtilité. Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez mais je crois que si vous voulez que ça reste entre vous, n'en parlez pas à la sortie des cours.

James fit une grimace. Elle avait absolument raison. Sirius, de son côté, ne semblait pas du tout ravi de se faire donner une leçon par une petite Serdaigle trop curieuse, aussi jolie fusse-t-elle.

- Ouais, ben reste que ce n'est pas ton put…

- Kyana… C'est… que… dit précipitamment Lily en lançant un regard en coin à son ami.

- Ne vous en faites pas pour moi. J'avais suivi Cathy pour lui parler après le cours, je ne pensais pas tomber sur un champ de mine. Et puis, vous ne pouvez pas m'accuser de ne pas avoir été honnête. Désolée de me mêler de vos affaires. Après tout, je ne suis qu'une Serdaigle, n'est-ce pas ? dit-elle en fixant Sirius droit dans les yeux.

Elle lui fit un sourire amical et se dirigea vers le château. Sirius était sous le choc. À ce jour, en omettant Lily et Cathy, aucune fille n'avait osé le narguer lorsqu'il était en colère. Elle gagnait peut-être à être connue.

- Étrange jeune fille. On va devoir la surveiller de près, dit-il.

- Excellente idée. Commence donc par aller t'excuser, ce serait un bon début ! dit James en lui donnant une tape sur l'épaule.

- QUOI ? Pourquoi ce serait toujours à moi de m'excuser ? demanda Sirius.

- Parce que c'est toujours toi qui te mets les pieds dans la bouche, dit Lily en riant. Allez, viens manger.

Sirius poussa un grognement et, avec un air boudeur, avança vers le château. Peter, James et Lily le suivirent de près, en ricanant dans son dos.

Remus ne se trouvait pas dans la grande salle mais personne n'en fut spécialement surpris. Cathy était encore assise avec son fan-club, chose que Sirius ne manqua pas de remarquer. L'humeur du repas fut donc très morose. James repoussa rapidement son assiette et sortit son horaire.

- Oh… dit-il simplement.

- Quoi ? demanda Peter.

- Défense contre les forces du Mal…

- Ah non ! dit Sirius en laissant tomber sa fourchette dans son assiette. Écoute, ça va déjà assez mal comme ça, tu ne vas pas me dire qu'on a de la défense contre les forces du mal cet après-midi ??

James se contenta de hocher lugubrement la tête. Sirius poussa un gémissement et enfouit sa tête dans ses mains. Lily lui tapota amicalement l'épaule.

- Ça va aller, dit-elle avec un mince sourire.

- Je veux pas y aller, gémit Sirius.

- T'as pas vraiment le choix, mon vieux, dit tranquillement James.

- C'est pas juste… soupira Sirius. Mais puisqu'il le faut… On va chercher nos livres ? demanda-t-il en se levant lentement.

- Ouais… j'ai pas vraiment faim, dit James.

- Moi non plus, ajouta Lily.

- Mais… Mais… Mais moi si !! protesta Peter.

- Oh, bien je vais t'attendre dans la salle commune parce que, honnêtement, j'en peux plus, dit Sirius en pointant Cathy qui, justement, gloussait à une remarque d'un type de quatrième année.

- Vas-y avec Lily, je reste avec Peter, dit James en riant.

Sirius haussa les épaules et se dirigea vers la sortie, sans pouvoir s'empêcher de fusiller Cathy du regard tandis qu'il passa devant elle.

Ils avaient fait exprès pour arriver au local de Spite le plus tard possible pour croiser ou arriver après Remus et pouvoir le forcer à venir s'asseoir avec eux mais leur plan se révéla inutile. Remus n'était visible nul part. Ils précédaient tout juste Spite et durent donc prendre leur place rapidement.

- Bonjour les enf…

Le regard de Spite passa de la place vide de Remus au fond de la classe, où le jeune garçon se trouvait probablement. Un mince et cruel sourire de satisfaction se dessina sur son visage et James entendit Sirius glisser ses ongles sur le bureau. Personne ne prit la peine de regarder si Remus était effectivement là, désireux de ne pas augmenter la satisfaction du professeur.

- …ants. Aujourd'hui, nous allons étudier les chimères…

Le cours de déroula étonnement bien. Spite ne posa aucune question à Remus et ne lui fit aucune remarque désobligeante, ce qui était tout de même exceptionnel. James baissa les yeux sur le bout de papier que Sirius venait de lui glisser

C'est louche… tu trouves pas ?

James ne fit qu'hocher la tête, sans détourner les yeux du professeur.

Je te parie 10 gallions qu'il termine le cours sur les loups-garous… Tu es partant ?

James secoua la tête, ne voulant pas prendre un pari qu'il était certain de perdre. Et il aurait effectivement perdu. Dix minutes avant la fin du cours, Spite trouva un habile moyen de passer des Chimères aux Loups-garous. Sirius figea sur place. C'était sans doute le meilleur moyen qu'il avait trouvé pour garder son calme. Les cours de défense contre les forces du mal auraient pu être si intéressants sans cette fixation sur les loups-garous…

- … sont à mon avis les créatures les plus infâmes et cruelles qui existent. Il est important que vous compreniez qu'il ne faut pas leur faire confiance. Ce qu'ils peuvent faire est atroce. Ma mère, par exemp…

- OH ! CA SUFFIT ! Vous allez pas recommencer avec l'histoire de votre mère ? Ca commence à bien faire ! On la connaît par cœur, merci !

La patience de Sirius venait d'atteindre ses limites. Spite ouvrit grand les yeux et gonfla de colère.

- Et pas besoin de nous dire que vous nous dites ça pour notre bien ! Ca fait douze milles fois que vous nous dites à quel point les loups-garous sont cruels, méchants, hypocrites et j'en passe ! Je crois que le message a fini par passer, merci beaucoup ! gronda Sirius avant de se lever. Tout le monde à compris ? Tout le monde après moi : Les loups-garous sont pas gentils !

- Les loups-garous sont pas gentils ! répéta Cathy avec un large sourire.

- Bien ! Maintenant, restez chez vous à la pleine lune ou apporter un appareil photo ! Ne faites pas confiance aux gens trop poilus. Coupez les canines de vos ennemis. Et faites attention, les loups-garous peuvent voler vos chaussettes lorsque vous ne vous méfiez pas ! (James émit un gémissement et laissa tomber sa tête sur la table, secoué d'un fou rire.) On a saisi le topo ! On peut revenir aux chimères ? conclut Sirius en se rasseyant à sa place.

Un long silence s'installa durant lequel tout le monde fixait Sirius avec de grands yeux ronds… sauf James qui riait encore et toujours.

- Très bien, Monsieur Black. Vous viendrez me voir ce soir. Et dans le délai, je vous conseil de trouver de bons arguments pour vous justifier auprès de vos condisciples de Gryffondor pour la perte de soixante points, dit-il très calmement. Et Monsieur Potter, si vous avez terminé de rire d'ici à demain matin, venez me voir aussi.

Sirius aurait bien voulu répondre que ses condisciples de Gryffondor, et des trois autres maisons, en avaient aussi marre que lui d'entendre parler de loups-garous mais il jugea préférable de se taire. Soixante points, c'était quand même quelque chose.

L'histoire du cours de défense contre les forces du mal fit rapidement le tour de l'école. Outre quelques Serpentard, incluant Rogue (qui avait un bien drôle de nez, maintenant, il faut le dire), les élèves appuyaient tous Sirius dans sa démarche. Ce dont il fut ravi. Même sa détention de nettoyer les bassines de l'infirmerie avec une brosse à dent ne le fit pas cesser de sourire. Mais c'était la seule chose d'agréable qui lui arriva cette semaine-là. Cathy ne voulait toujours pas lui adresser la parole et Sirius se refusait totalement à lui demander pardon. Il aurait bien voulu aller demander pardon à Kyana mais la potentialité de mourir à coup de batte de Quidditch, manié par Catherine White, ne l'enchantait guère. Le comble de tout, Remus restait inapprochable. Ils avaient tout essayé. Ils étaient arrivé à l'avance, pile à l'heure et même en retard mais il n'avait rien à y faire. Remus trouvait toujours le moyen de les éviter. Ils avaient même essayé de le suivre mais c'était peine perdue. Remus connaissait le château mieux que beaucoup de septième année et il avait plusieurs avantages sur eux. Et son talent aux échecs lui conférait la qualité d'être un excellent stratège. Donc, plus la semaine avançait, plus leurs tentatives échouaient, plus ils devenaient découragés. Sauf Sirius, qui lui, devenait de plus en plus agacé. Après tout, ils ne voulaient pas le faire cuire à la broche !

Remus aurait souhaité ne jamais avoir eu d'amis. Il avait été stupide de croire qu'il était préférable de savoir ce que c'était au moins une fois dans sa vie. S'il n'avait jamais eu la bêtise de se lier d'amitié avec eux, ils ne lui manqueraient pas autant. Il savait bien qu'ils le pourchassaient depuis le début de la semaine mais il ne voulait pas leur parler. Il se doutait trop bien de ce qu'ils lui diraient. Certes, il ne l'avait pas dénoncé et ils ne le feraient sans doute pas (sinon, ce serait fait depuis longtemps) mais, honnêtement, qui voudrait rester ami avec quelqu'un comme lui. Se sauver d'eux fut sans doute la chose la plus difficile que Remus eut à faire de toute sa courte existence. Non pas qu'ils étaient faciles à semer, au contraire, mais il aurait tellement voulu passer son temps avec eux au lieu de rester tout seul dans le local désaffecté qu'il avait trouvé. Il aurait voulu être là aussi pour réconcilier Sirius et Cathy. Leur dispute le rendait triste. Ils étaient trop orgueilleux tous les deux et la conscience du groupe avait toujours été Remus… aussi diplomatique que pouvait l'être James.

Vendredi après-midi, il se dépêcha de sortir de la salle de classe, comme il le faisait depuis le début de la semaine, et se dirigea vers les cuisines. C'est là qu'il allait chercher sa nourriture depuis le mardi matin. Les elfes de maison étaient heureux de lui rendre service et Remus n'avait pas à aller dans la Grande Salle Il prit son repas, préalablement emballé, remercia les elfes et, en faisant bien attention de ne pas se faire suivre, emprunta un couloir qui ne devait plus servir à grand chose depuis des lustres. Il suivit un chemin que Peter n'arriverait sans doute jamais à se souvenir avant d'arriver devant un somptueux portrait maintenant défraîchi, d'un paysage hivernal. Il caressa doucement le cheval qui menait un chariot et la porte s'ouvrit. Autrefois, cet endroit avait dû servir d'appartement pour un professeur. Remus entra dans le l'immense bureau poussiéreux, déposa son sac et franchit la porte qui conduisait à la chambre à coucher, chambre de bain adjacente. Toutes les affaires de Remus se trouvaient dans ces trois pièces. Il avait été tout chercher lundi soir, sans réveiller personne. Il avait fermé les rideaux de son lit et laissé sa malle sur place pour ne pas que James, Sirius et Peter ne s'en aperçoivent. Techniquement, il avait un endroit bien à lui que beaucoup d'étudiants lui envieraient mais Remus n'en voulait pas. Premièrement, parce qu'il y était seul. Deuxièmement parce qu'il allait avoir beaucoup de travail à y faire s'il voulait le rendre habitable. À ce jour, il avait seulement enlevé un peu de poussière sur le bureau pour arriver à travailler et il avait changé les draps du lit. Le reste restait recouvert de poussière et de toiles d'araignées. Les immenses fenêtres étaient tellement sales que la lumière du jour avait du mal à les traverser. Mais de toute façon, Remus gardait les rideaux fermés.

Il s'installa dans le coin de la pièce, par terre, pour manger. Il n'avait pas réellement faim mais il se força tout de même à finir son assiette, comme sa maman lui avait toujours demandé de faire « pour ne pas que son petit garçon tombe malade ». Remus ne put retenir un petit rire. Que dirait Athéna Lupin si elle voyait son cher petit garçon à ce moment ? Il chassa rapidement l'image de sa mère en larmes et prit son dessert. Cette fois, ce fut le visage de Lily qui lui vint en tête. Il avait rêvé d'elle à l'infirmerie. Elle était venue le voir… elle pleurait, elle aussi. Il secoua la tête. Ce n'était qu'un rêve ! « Vraiment ? » demanda la petite voix dans sa tête. « Évidemment ! » se répondit sèchement Remus. Il repoussa son assiette et appuya sa tête sur le mur, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir faire de sa fin de semaine, une fois qu'il aurait terminé ses devoirs. Il ferma les yeux, découragé de ne rien trouver d'intéressant et de ne pouvoir s'empêcher de regretter les bêtises de ses amis. Puis soudain, une odeur familière lui sauta au nez. Il n'était pas seul dans la pièce. C'était impossible ! Personne ne l'avait suivi et, de toute façon, il n'avait pas entendu la porte s'ouvrir. L'intrus avait dû l'attendre sur place. Et il savait qui c'était…

- Mmmmm… Depuis le temps que tu te terre dans cette charmante tanière, j'aurais cru que tu aurais fait un peu de ménage, mon loup…