Une aventure de
"Buffy contre les Vampires"
par Marc DERBESSE
située pendant la 2ème saison
de la série originale créée par Joss WHEDON
Résumé des chapitres précédents : Rien ne va plus à Sunnydale ! Giles, Willow et Alex échafaudent des plans pour sauver Buffy tandis que celle-ci pactise avec l'abominable Spike, son ennemi juré, afin de retrouver Dawn, laquelle vit une tendre romance avec la terrible Drusilla. Quant à Cordelia, la malheureuse a perdu tout espoir de pouvoir terminer la soirée au Bronze, où elle avait un mystérieux rendez-vous...
Pendant ce temps, dans le grand salon du rez-de-chaussée, Buffy exposait le plan qu'elle avait imaginé à son ennemi juré, avec lequel elle venait de conclure une trève. Tous deux se tenaient près d'une imposante cheminée dont les somptueuses ornementations laissaient imaginer ce qu'avait pu être la demeure du temps de sa splendeur. La pièce, à l'exception d'un grand coffre, était rigoureusement vide et il s'en dégageait une impression de désolation.
"Alors, tu m'as bien compris, c'est simple ! Tu montes prévenir ta Dulcinée que tu m'as capturée, tu redescends avec elle et tu nous laisses nous expliquer entre filles ! Pendant ce temps, tu remontes aussitôt et tu aides Dawn à s'enfuir loin d'ici. Même toi, tu dois arriver à comprendre ça, je pense...
- Ne sois pas inutilement désagréable avec moi, Tueuse. Nous sommes alliés, pour l'instant mais un jour, tu pourrais regretter de m'avoir traité comme tu le fais...
- On en reparlera, en attendant, vas-y ! Flanque-moi un bon coup de poing, là, fit-elle en désignant du doigt son menton. Je veux une belle ecchymose !
- Quoi ? Mais non, on va pas se rebastonner !
- Frappe-moi, imbécile ! Ça aura l'air plus vrai ! Si tu crois que ta poule va tomber dans le panneau en me voyant fraiche et pimpante... Et n'aie pas peur de m'amocher, je te dis. C'est pour Dawn que je le fais.
- Ah mais non... Attends...
- Quoi encore ?, jeta Buffy excédée.
- Je suppose que si je te dis que de mon vivant, j'étais un poète, que lorsque l'on devient vampire, on se rappelle toujours un peu de ce qu'on était avant et que jamais un poète ne frapperait une jolie fille, tu ne me croiras pas, hein, poupée... ?!
- Spiiiiiike !!!!!! Je sens que je perds patience...!
- Et bien, tu as raison de pas me croire ! Mais j'aurais essayé... Ecoute, on va pas recommencer comme tout à l'heure, OK ? D'autant que dans l'état d'énervement où je suis, je risquerais de te mettre en pièces, si je m'énervais vraiment, pigé ? Pour le moment, j'essaye de me contrôler, je suis calme et je suis pas en vampire là, tu vois. On a fait une pause, toi et moi et c'est déjà assez difficile pour moi. On est alliés, et comme j'ai un minimum de sens de l'honneur, je peux pas te frapper comme ça, de sang-froid, si j'ose dire... Alors, me tente pas trop, si je commence, je risque de te réduire en bouillie !
- Dans le fond, tu as raison. Ça risque de dégénérer, si tu me frappes... Tu as le don de m'énerver et j'ai peur de ne pas pouvoir me contrôler moi non plus...
- Bon, écoute, j'ai une idée : si tu veux, je peux te ligoter. Il n'y a pas de cordes, mais j'ai des chaînes dans le coffre, près de la cheminée. Je vais te les passer, ça sera crédible, ça, qu'est-ce que t'en penses ?
Il se dirigea vers le coffre en question, l'ouvrit et en revint avec, dans les bras des chaînes rouillées par les années.
- Wow... Dis donc, t'es bien équipé..., fit-elle d'un air admiratif. Pour une fois, je dois reconnaître que tu assures. Ouais, ce sera encore plus crédible et puis..., je sais pas pourquoi, mais j'adore les chaînes, moi !" ajouta-t-elle pleine de conviction et devenue curieusement fébrile. "Je me demande si c'est normal...? Bon c'est pas tout ça : maintenant passons aux actes !"
Tout en parlant, la jeune fille avait remarqué l'étonnant assemblage de poutres de bois, disposé contre le mur en pierres, auprès de l'âtre, pour on ne savait trop quel inavouable usage.
"Dis donc, il avait de l'idée, le type qui a fait monter ce truc, à l'origine, fit-elle, songeuse. Bon ! Tant qu'à faire, accroche-moi à cette poutre au-dessus, suspends-moi les bras aux montants, de chaque côté et serre bien, que ça fasse vrai ! De toute façon, elles sont pourries, ces chaînes, je pourrai me libérer facilement. N'aie pas peur de me faire mal. Allez ! Speede un peu !", fit-elle, l'encourageant tandis que Spike lançait l'une des chaines par-dessus la poutre maîtresse. Puis, avec une autre chaîne, le vampire entreprit de ligoter la jeune fille et bientôt, Buffy se retrouva suspendue à la potence, bras et jambes immobilisés.
"Dis donc, tu y a pas été de main morte ! Ça me tire partout et je peux vraiment plus bouger, moi... Bon, c'est pas grave. Va chercher Drusilla, maintenant et dès qu'elle sera descendue, remonte délivrer Dawn ! Allez !
- Oui mais...
- Quoi encore ? On n'a pas de temps à perdre !!! Si Drusilla lui fait du mal, je t'en tiendrai pour responsable !", fit-elle en essayant sans succès de changer de position, ne réussissant qu'à resserrer encore les chaînes qui la retenaient prisonnière.
"C'est juste une question à deux balles mais... qu'est-ce que tu compte faire après, toi, face à ma Dru ? Tu m'as tellement fait speeder, suppose que j'ai un peu trop serré tes chaînes... Si t'arrivais pas à te détacher... Je tiens pas à ce qu'elle t'esquinte trop, moi, si elle s'énerve... Les Tueuses, c'est mon affaire ! Je me suis toujours juré de te faire la peau personnellement et...
- Je suis la Tueuse, tu viens de le dire ! Et puis, ma vie m'importe peu en ce moment, c'est celle de Dawn qui est en jeu ! D'ailleurs, ce qui m'arrivera, c'est pas ton problème, compris ! File maintenant !", répondit Buffy. Ce disant, tandis que le vampire gravissait rapidement le grand escalier, elle constata que ses muscles commençaient à s'ankyloser, dans son inconfortable situation et elle se mit à réaliser que, aussi étroitement enchaînée, elle risquait peut-être de se retrouver réellement en danger suivant la tournure que prendrait la situation, comme Spike l'avait souligné. Pourtant, elle chassa vite ces crainte de son esprit : le danger que courait Dawn était encore plus grand et puis avant que Spike ne commence à l'enchaîner, elle avait regardé l'heure à une minuscule montre empruntée à Joyce. Se félicitant d'avoir, par précaution glissé l'objet dans une des poches avant de son jean, elle avait ainsi constaté que près de deux heures s'étaient écoulées - le temps de repasser chez elle se changer puis, surtout gravir le très long chemin caillouteux et escarpé dans les collines au-dessus de la ville -, délai au bout duquel ses amis interviendraient si elle n'était pas revenue. Et elle savait qu'ils mettraient tout en oeuvre pour la tirer d'un éventuel mauvais pas pour le cas où sa force et sa ruse n'y suffiraient pas.
Dans la chambre du premier étage aménagée avec un goût sûr par Spike sur les consignes de Drusilla, Dawn venait de se réveiller. La vampire lui avait apporté un superbe plateau d'argent sur lequel elle avait disposé un copieux petit déjeuner composé d'un grand bol de chocolat chaud et crémeux, de croissants dorés à point et de toasts beurrés. Il y avait aussi plusieurs variétés de confitures fines, des céréales bien craquantes ainsi que du jus d'oranges fraichement pressées. La fillette terminait de faire honneur à tous ces mets et Drusilla la desservit.
"Comment te sens-tu, maintenant, ma chère petite ? Es-tu remise de cette longue nuit et de toutes ces choses terribles que je t'ai apprises sur ta méchante soeur ?
- Oui, je vais mieux, madame, merci, répondit-elle en souriant.
- Tu ne peux décidément pas m'appeller Drusilla, je vois ? Je suis déçue, je suis triste. Oooooooh, je crois bien que je vais pleurer..., fit la vampire dont la voix se cassait et qui semblait réellement peinée et au bord des larmes.
Dawn sortit de son lit. Elle portait un magnifique pyjama blanc en soie orné de précieuses broderies faires de minuscules perles roses que Drusilla lui avait passé pour dormir et avait aux pieds d'élégantes babouches aux extrémités très pointues et renforcées. Elle s'arrêta devant la femme-vampire.
"Oh, non, ne soyez pas triste, dit-elle en lui prenant tendrement la main. C'est parce que je n'ai jamais eu d'amis que je ne peux pas. Mis à part ma soeur et ses copines, vous savez, je ne connais personne ici ! Je n'ai même pas une seule camarade en classe !
- Ma pauvre petite poupée, reprit Drusilla, comme c'est triste, comme je te plains ! Désormais, tu ne sera plus jamais seule. Je veillerai toujours sur toi à partir de maintenant, je te le promets, si tu es d'accord, évidemment. Si tu veux bien.
- Si je le veux...? Mais bien sûr, seulement...
- Seulement...?
- Lui, qu'est-ce qu'il va en penser, le grand blond tout en noir comme un croque-mort...?
- Un croque-mort...? S'il t'entendait...
- Oui, lui, il est sûrement derrière la porte, là, à essayer d'écouter, justement ! Il est toujours à vous tourner autour et il a pas l'air très content de nous voir ensemble...
- Spike ! Ne t'en fais pas ! Il s'y fera, fais-moi confiance. Ce n'est que mon laquais... mais il a toujours été très jaloux, fit-elle de sa voix chantante. Mais je m'en fiche de lui, il n'y a que mon petit Chérubin qui compte vraiment pour moi."
Elle la serra délicatement contre elle tout en caressant les longs cheveux doux et soyeux de la fillette. Puis elle se pencha et lui baisa tendrement le front.
"Je crois que je pourrais passer toute la nuit à caresser tes cheveux, murmura-t-elle.
- Vous... vous êtes si gentille, je voulais vous faire un cadeau, reprit Dawn, en s'écartant afin de prendre quelque chose dans la poche du pyjama.
- Un cadeau, à moi ? Oooooh, personne ne me fait jamais de cadeau, à part Spike bien sûr, mais ça ne compte pas... Il m'a toujours offert tout ce que je voulais, et plus encore. Mais là... Je ne sais pas, je... D'habitude, si quelque chose me plait, je le prends et..."
L'espace d'un bref instant, Drusilla se sentit comme prise de vertige. Il lui semblait redevenir la jeune fille qu'elle était avant qu'elle ne devienne vampire... Elle s'entendit même dire, chose inconcevable pour elle : "Je ne sais pas si je peux accepter...".
Elle comprit que le pouvoir de l'enfant qu'elle ne contrôlait plus vraiment, se réveillait et commençait à reprendre le dessus sur sa propre volonté. Ces caresses, ce chaste baiser sur le front de l'enfant... Elle comprit que, par un impensable phénomène, ce mystérieux pouvoir était en train de lui redonner des sentiments humains. Elle dut faire un violent effort de volonté pour se ressaisir et reprendre le contrôle psychique de la fillette qui semblait, elle, ne s'être rendue compte de rien. Dawn, souriante et radieuse, tendait à la vampire, redevenue elle-même, un petit médaillon doré au bout d'un délicat pendentif assorti, qui s'ouvrait, découvrant sa photo, la photo d'une fillette aux longs cheveux bruns, avec un beau sourire rieur.
"Si, si, il faut accepter. Et vous le garderez toujours en souvenir de ces moments. Voilà, il est à vous pour l'éternité, maintenant, quoi qu'il arrive...", fit-elle avec une lueur étrange dans le regard. Elle avait prit la main droite de Drusilla. Elle y déposa délicatement l'objet, referma la main de la vampire et la maintint fermée quelques instants entre ses ses propres mains.
Semblant émue, la femme admira la photo, referma le médaillon puis se passa le pendentif autour du cou.
- Comme tu es adorable, ma chérie. Je ne sais pas quoi faire pour te remercier...
- Non, non, il faut pas me remercier. C'est moi au contraire qui vous dois beaucoup... vous m'avez donné ce que je n'avais jamais connu : du temps et de la tendresse, fit Dawn qui émue, tout comme Drusilla, marqua un temps de silence, avant de poursuivre :
"Si j'étais plus âgée, je...
- Oui, mon ange...?
- Je crois que je tomberais amoureuse de vous ! Il parait qu'il y a des filles qui font ça entre elles. Enfin, c'est ce que j'ai entendu dire...
- Amoureuse, fit Drusilla, troublée. Tu me sembles encore bien jeune, pour parler ainsi de l'amour... C'est quelque chose qui peut faire souffrir et je ne veux pas que tu souffres...
- Oh mais non ! Je disais ça comme ça, y'a pas photo ! C'était seulement si on avait eu le même âge ! Et puis, vous, vous êtes une grande. A votre âge, vous pouvez en avoir quand vous voulez, des petits copains ! C'est pour ça que j'ai même cru que vous sortiez avec l'autre grand benêt, avec la façon qu'il a de vous regarder..."
A ce moment, deux coups brefs furent frappés. Avant même que Drusilla réponde, la porte s'ouvrit et Spike apparut sur le seuil.
"Spike !, rugit la vampire, qu'est-ce que tu viens faire ici ? Tu ne devais pas me déranger ! Et je ne t'ai même pas dit d'entrer !!!
- Excuse-moi mon chou ! Mais j'ai une grande nouvelle pour toi !
- Spike, laisse-moi tranquille ! Qu'est-ce que tu as encore inventé pour te rendre intéressant ?
- C'est la Tueuse ! Je l'ai capturée !!!
- La Tueuse ?, fit Drusilla, comme soudain électrisée.
- Oui ! Elle est en bas dans l'ancienne salle d'armes, enchaînée et inoffensive...
- La Tueuse ! La Tueuse !!!, scandait maintenant Drusilla.
- Oui ! Viens la voir juste un moment pour la narguer et puis, tu remonteras auprès de ta chère Dawn pendant que moi, je la tuerai pour ma princesse. Et il y aura des confettis et des chansons, comme je te l'ai promis !
- La Tueuse ! La Tueuse ! La Tueuse !!!, scandait frénétiquement Drusilla.
- Allez, viens, princesse !, fit Spike, la prenant par la main et la tirant hors de la chambre. Laisse l'enfant un instant. Elle se reposera en attendant."
Mais Drusilla à son tour saisit Dawn fermement par un poignet.
"Non, elle vient aussi ! Il faut qu'elle voie aussi ! Et je vais la tuer moi-même, cette Tueuse !
- Mais quelle Tueuse, madame Drusilla ?, demanda Dawn étonnée. Qui c'est encore celle-là ?
- La Tueuse... La vampire Tueuse de gens gentils... C'est comme ça qu'on surnomme ta soeur, répondit Drusilla tandis que tous trois descendaient le grand escalier.
- Oh, mais qu'est-ce que vous lui avez fait, vous ?", fit Dawn furieusement à Spike, en arrivant au bas de l'escalier et en découvrant Buffy enchaînée et pendue à la poutre. Et aussitôt, la fillette lui décocha un violent coup de pied dans le tibia. Spike se mit à hurler tout en sautant frénétiquement de sa jambe valide tandis que Dawn se précipitait vers sa soeur.
"Buffy ! Buffy ! Tu vas bien ! Il ne t'a pas fait de mal ?
- Dawn ! Sauve-toi, vite !!!, hurla Buffy. Méfie-toi de Drusilla ! Elle est dangereuse !
- Drusilla ?!? Oh non, elle est gentille ! C'est Spike qui est méchant ! Et bête et jaloux ! Drusilla, c'est mon amie ! Mais dis-moi, elle croit que tu es un vampire ! Ce n'est pas vrai, hein ! Elle se trompe, hein ! Dis-lui à Drusilla, elle te croira, si tu lui dit, n'est-ce pas, Drusilla...?"
Sur ces mots, elle se retourna et frémit d'horreur. Tandis que Spike, dans le fond de la pièce sautait toujours à cloche-pied, elle vit Drusilla qui s'avançait vers elle et Buffy. Mais son visage avait maintenant pris le masque hideux, bestial et terrifiant des vampires.
"Drusilla !!!..." hurla Dawn.
Mais d'un geste, la terrible vampire qui, aveuglée par la haîne qu'elle portait à la Tueuse ne se maîtrisait plus, renversa l'enfant en poussant un grognement sauvage.
"Ecarte-toi, que je la tue, puis je la saignerai jusqu'à la dernière goutte !", vociféra Drusilla au comble de la fureur. Puis elle saisit un tisonnier dans la cheminée et le brandit en direction de Buffy, prête à frapper.
"Dru !!! Non, attends !", hurla Spike, revenant en courant du fond de la pièce.
Mais tout à coup, il y eut une violente lueur. Un souffle traversa la salle et le cloua à terre, ainsi que Drusilla. Buffy, elle, regardait la scène sans comprendre.
A l'endroit où se trouvait Dawn un instant auparavant, une boule d'énergie vibrante flottait maintenant dans l'air, irradiant toute la salle d'une lumière presque insoutenable.
"Dawn, Dawn !" hurla Buffy.
De la masse d'énergie sans cesse en mouvement, une voix aux accents inhumains et titanesques s'éleva, glaçant sur place les trois témoins de cette scène dantesque.
"- Ecoutez-moi, toi humaine et vous, vampires ! En vérité, Dawn, l'enfant pour qui vous vous déchirez, n'est pas encore née. Dans trois ans seulement, je viendrai dans le monde sous le nom et sous l'apparence de Dawn Summers, âgée de quatorze ans, petite soeur de Buffy Summers la Tueuse de vampires, à la suite d'une puissante magie dont vous ne pouvez avoir idée. Pour que nul ne s'étonne de mon arrivée subite, de faux souvenirs seront implantés à toute la population de la région. Et voici, ces événements ne se produiront que dans trois ans à l'échelle du temps humain ou vampirique mais dans les dimensions mystiques au-delà de votre perception, ils sont, seront et ont déjà été tout à la fois. Le temps, en effet, tel qu'il vous apparaît à vous, humains ou vampires, n'existe pas pour les êtres faits d'énergie pure. Lorsque ces mémoires illusoires furent fabriquées en puisant à des sources de puissances inimaginables, immuables et délicates, il se produisit une duplication de votre univers comme il peut s'en produire lorsque l'on met en oeuvre de telles forces cosmiques incommensurables. C'est ainsi qu'un nouvel univers est né, dont je suis le centre, le seul maître, la divinité toute-puissante ! Il en existe une infinité, je suis la Clef entre ces mondes et celui-ci n'en n'est qu'un parmi tant d'autres. Mais vous êtes dans cet univers où les gens ont des souvenirs d'une Dawn qui n'existe pas encore et vous êtes mes créatures, soumises à ma volonté, à mes caprices ! Cependant, bien que je sois une déesse dans ce monde parmi des mortels ou des non-morts, je m'ennuie car personne n'a jamais vraiment été disposé à me consacrer suffisamment de temps et d'amour. Je pensais pourtant pouvoir y aspirer, sous mon incarnation humaine. J'ai donc ainsi été déçue par les humains, égoïstes et futiles, mais je vois que les vampires sont encore plus répugnants ! Toi, spécialement, Drusilla qui a trahi ma confiance et qui a tenté de t'approprier mes pouvoirs en me mentant effrontément et en pensant naïvement pouvoir contrôler ma Toute-puissance ! C'est pourquoi tu vas disparaître, toi et tous ceux de ta race maudite car telle est ma volonté !"
Le magma énergétique d'où s'était élevé ce discours avait maintenant repris l'apparence de Dawn, mais celle-ci, malgré sa forme humaine, irradiait toujours comme mille soleils et semblait composée d'une infinité de particules d'énergie vibrantes perpétuellement en mouvement. La voix, de nouveau, s'éleva de la chose, rappellant celle de l'enfant mais comme monstrueusement déformée par des filtres qui l'auraient rendue formidable et terrifiante. Elle récitait une incantation dans une langue inconnue autant de Buffy que des deux vampires. Au fur et à mesure que la terrible voix psalmodiait, une sorte de vortex tourbillonnant, effrayant et gigantesque s'ouvrit à mi-hauteur au centre de la pièce, sous les regards terrifiés des trois témoins de cette invraisemblable scène. La voix s'était interrompue puis reprit. Cette fois-ci, c'était bien la voix de Dawn, mais comme amplifiée, qui lança avec force :
"Drusilla, tu m'as trahie ! Je t'aime encore car tu m'as un moment apporté ce que je recherchais ici-bas et je te pardonne, car tu ne peux rien contre ta nature sournoise de vampire. Je pourrais facilement mettre un terme à ta vie de non-morte, pourtant, je ne doute pas de la sincérité de l'affection que tu as eue pour moi et je t'épargnerai. Cependant, pour avoir convoité mon pouvoir, je te condamne à disparaître de mon univers !".
Au même instant, comme sous l'effet d'une force invisible, la vampire s'éleva dans les airs. Elle resta suspendue un instant tout en criant et remuant frénétiquement bras et jambes puis elle fut emportée en direction du vortex où elle disparut en hurlant.
"Toi, Spike, tu ne vaux pas mieux ! Disparaîs ! Rejoins-là si tu le peux : elle aura peut-être besoin de toi !".
Instantanément, le vampire connut le même sort que Drusilla.
"Et maintenant que tous les vampires présents à Sunnydale disparaîssent aussi !".
Brusquement, l'une des vitres de la grande salle vola violemment en éclats, se fracassant en d'innombrables morceaux, laissant place à une sorte de trombe mouvante qui s'engouffra en tourbillonnant dans la pièce. On pouvait y distinguer un hallucinant entrelacs de corps qui s'agitaient, gesticulaient vainement et hurlaient en un terrifiant et assoudissant meuglement. C'étaient des vampires, il y en avait peut-être des centaines, peut-être davantage, inextricablement imbriqués les uns dans les autres au sein de ce maëlstrom infernal. Aussitôt, tandis que, à l'autre bout, continuant à s'infiltrer par la fenêtre elle se recourbait sur elle-même, la tornade en son extrémité fut happée dans le vortex où elle s'engouffra. En quelques secondes, elle fut complètement absorbée et le vortex lui-même disparut. La grande salle du manoir recouvra instantanément son calme. Il n'y restait plus que Buffy toujours suspendue et enchaînée, et Dawn qui avait repris son apparence de petite fille. Elle se dirigea vers Buffy, encore hébétée.
"Ne t'inquiète pas, Buffy, je t'aime. Tu vas oublier tout ce que tu viens de voir ! Mais ne t'en fais pas : il n'y aura plus jamais de vampires à Sunnydale.
- Plus de vampires ! Mais qu'est-ce que je vais devenir, moi... ???", fit-elle dans un souffle en plaisantant sans doute, encore sous le choc de la scène extraordinaire qu'elle venait de vivre.
Au même instant, la grande porte s'ouvrit violemment. Giles, Alex, Willow et Cordelia apparurent armés de pied en cap de pieux, crucifix, arbalètes, tandis que leurs cris retentissaient. Il y avait derrière eux une vraie petite troupe surgissant des véhicules qui venaient de stopper devant le manoir. Tous étaient équipés d'armes improvisées autant qu'hétéroclites telles que casseroles et couvercles de poubelles. On trouvait là des lycéens avertis par téléphone aussitôt après le départ de Buffy par Giles, accréditant l'enlèvement de la jeune fille par des malfrats. Mais le bibliothécaire les avait recrutés seulement pour impressionner l'ennemi et les avait priés de se tenir à l'écart d'éventuels combats. Parmi eux, on reconnaissait entre autres Jonathan, le souffre-douleur du lycée, ainsi que Fritz, Dave et Chris, des informaticiens collègues de Willow, arrachés à une tardive partie de Doom en réseau, auxquels s'étaient joint un de leurs amis surnommé Oz ainsi que le frère d'un certain Tucker.
"Buffy, tiens bon !, lança Giles
- Courage, Buffy ! Voici la cavalerie !, ajouta Alex.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé, ici ?, demanda Willow.
- C'était quoi, ce truc ? Ils avaient pourtant pas annoncé de cyclone, à la météo..., conclut Cordelia, qui aussitôt ajouta : Bon, et bien il n'est pas si tard en fin de compte... Alors, puisque tout va bien et que tout le monde est content, je vais vous laisser : j'ai encore le temps d'aller au Bronze !!!
Au moment où Spike pénétra dans leur chambre, il vit Drusilla s'agitant frénétiquement sur son lit complètement défait, criant et battant des bras.
"Tu étais là, mon poussin ? Ça fait des heures que je te cherche. Mais tu n'as vraiment pas l'air en forme. Tu as fait un mauvais rêve ?
- Un rêve ? Un rêve, Spike...? Non, je n'ai pas rêvé. J'étais ailleurs... Et elle nous faisait du mal...
- Qui osait te faire du mal, princesse ? Raconte-moi. C'était encore cette maudite Tueuse...?
- Non, ce n'était pas elle. C'était sa soeur et nous étions dans son monde...
- La soeur de la Tueuse ? Mais la Tueuse n'a pas de soeur, c'est bien connu ! Allons, prends plutôt cette infusion que je t'ai préparée. Tu verras, ça va te calmer, fit-il tout en lui présentant un grand verre dont elle se mit à boire difficilement le contenu.
- Si, elle a une soeur !, répliqua-t-elle avec vigueur, malgré son état de faiblesse. Elle s'appelle Dawn, c'est une petite fille de douze ans à peine. Elle est si charmante, si adorable, si douce. Elle n'est pas encore arrivée à Sunnydale. Pour le moment, elle vit dans un monde qui ressemble au notre, mais qui n'est pas le notre. C'est un monde juste à elle. Nous y étions mais elle nous en a chassés. Pourtant, si elle m'avait laissé exterminer la Tueuse, j'aurais été si heureuse avec elle... Je l'aimais, je l'aimais, je l'aim... ..., fit-elle, sombrant de nouveau progressivement dans le sommeil.
- Tu as rêvé, je te dis. Mais tu vas te rendormir et tu ne feras plus ces mauvais rêves...
Elle trouva encore la force de se redresser à moitiè et de répliquer :
- Non ! Ce n'était pas un rêve ! Regarde ce que je porte au cou..."
Faiblement, elle découvrit sa chemise de nuit, montrant sur son sein un médaillon doré au bout d'un délicat pendentif assorti, puis elle retomba sur l'oreiller et se rendormit. Spike prit l'objet et l'ouvrit. Il vit la photo d'une fillette aux longs cheveux bruns, avec un beau sourire rieur. Une fillette ordinaire, pourtant, en le refermant, il eut l'impression fugace de l'avoir déjà vue auparavant.
"Bah !, se dit-il, sans doute une enfant du coin qui aura servi de repas à Dru. Elle lui aura piqué ce médaillon, ma princesse adore commettre ce genre de menus larcins... Si ça se trouve, la gamine prenait des médicaments et son sang lui aura refilé une indigestion. Il faut se méfier de ce que l'on bouffe, maintenant...
- Allons, calme-toi mon amour, fit-il avec douceur, sans se formaliser des dernières paroles de sa bien-aimée. Tu es toute froide : tu dois avoir de la fièvre. Dors paisiblement et n'aie pas peur : je veillerai sur ton sommeil et, à ton réveil, tu auras tout oublié.
Tout en se levant tandis qu'il remettait les couvertures en place, la bordant délicatement, il murmura, pour lui-même : "Ma pauvre chérie... Quelle imagination ! Amoureuse de la soeur de la Tueuse ! C'est comme si tu me disais que moi, j'allais tomber amoureux de cette pétasse de Buffy !", fit-il avec un sourire moqueur.
*** FIN ***
