Nom de l'auteur : Olessya

Titre : Sous le masque.

Genre : Sérieux, Lemon

Personnages principaux : Masque de mort, Saga, Camus, Hyoga, Mû, Milo, Flamme…

Note : Débute avant la bataille du Sanctuaire.

SOUS LE MASQUE 3

(3)

« Ouvre ! Ouvre-moi cette porte !!! »

Il tambourina longuement contre le métal mais rien ne se produisit. Il s'arrêta un instant pour reprendre haleine. Ses poings étaient douloureux, rougis à force de donner des coups. Des larmes de rage, d'impuissance lui montèrent aux yeux. Il cria de nouveau et sa voix s'étrangla dans sa gorge. A force de s'époumoner, elle avait de toute façon prit un registre surprenant.

Et avec le crépitement des flammes, personne de l'entendrait de dehors. Il ne savait pas encore que cela lui sauverait d'ailleurs la vie.

Perdant toute sa lucidité, il se mit à se frapper la tête contre le mur. Ses oreilles bourdonnaient. Un filet de sang chaud ruissela tout le long de son front, de sa joue puis dans son cou. Il l'essuya du dos de la main puis le lécha. Son goût salé le surprit. Il arrêta un instant de se démener.

Des tâches lumineuses apparurent devant ses yeux. Il y eut un grand bruit dehors. Il jeta un coup d'œil par la petite grille et il constata que dans un nuage de fumée noire, le toit venait de s'effondrer.

Il bourra la porte de coup de pied sans plus de succès que précédemment. La tête lui tournait à présent. Le bourdonnement dans ses oreilles s'intensifia, venant se mêler au bruit assourdissant qui venait de l'extérieur. La chaleur qui s'était étendue jusqu'ici rendait sa bouche sèche. Ses jambes vacillèrent. Il ressentit un grand choc comme il s'effondrait de tout son long sur le sol de béton. Il perdit connaissance.

*****

« Tu es coriace ! »

Masque de mort avait ouvert les yeux et découvert le visage si beau de Camus penché sur lui.

« Tiens ? Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Tu n'arrives pas à me lâcher, finalement ? »

Une lueur d'espoir avait germé dans le cœur de Masque de mort mais son ton resta ironique, sans trahir d'une quelconque façon ses pensées.

« J'ai retardé mon départ. Mais ne te fais pas trop d'illusion ! Je suis juste resté car j'ai ma part de responsabilité dans ce qui est arrivé. »

« Ta part de responsabilité… Pff ! Tu te prends pour le centre de l'univers, peut-être ? Tout ne tourne pas autour de toi ! »

Camus ne sembla pas croire un mot de ce que venait de dire le Cancer.

« Pourquoi t'en es-tu pris à Saga ? Et pas à moi ? »

Le Cancer bougea sur le lit. Une foudroyante douleur lui déchira l'abdomen. Il grimaça.

« Je te l'ai dit! Ca n'a rien à voir avec toi. Juste une petite histoire à régler avec l'autre… »

« Mais bien sûr ! Et tu t'en es rappelé comme ça, subitement ! »

« Va préparer tes bagages et va-t'en puisque tu n'as plus rien à craindre, me concernant. Si tu t'inquiétais pour moi, bien sûr… »

« Très bien. Je te laisse. »

Masque de mort ne put détacher son regard de la longue et fine silhouette et la suivit jusqu'à la dernière seconde, jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse complètement au détour d'une colonne.

Son expression se relâcha alors. Sur son visage, seule une profonde tristesse se lisait à présent.

*****

« Tiens ! En voilà un qui a été à deux doigts de finir en surimi ! »

Masque de mort, qui, enfin remis de ses blessures, se dirigeait vers les arènes pour s'entraîner, se retourna brusquement vers le petit groupe de jeunes hommes d'où était partie cette moquerie.

Il marcha sur eux. Il vit avec une certaine satisfaction que certains regrettaient déjà qu'il ait pu les entendre en voyant les visages pâlirent.

« Si quelqu'un à quelque chose à me dire, qu'il ait au moins le courage de me le dire en face ! Qui a prononcé cette phrase ?! »

Un silence suivit. Personne n'osait évidemment se dénoncer. Masque de mort commençait à se demander s'il n'allait pas tous les réduire en bouillie pour être sûr de bien avoir massacré celui qui était à l'origine de l'affront quand un membre du petit groupe qui était resté un peu en retrait jusqu'alors s'avança.

« C'est moi. »

Le ton était calme et ne reflétait aucune crainte. Les longs cheveux bleus flottèrent un instant dans le vent. Masque de mort se calma. Il ne comptait pas se battre contre un tel adversaire. De plus, il n'avait pas reconnu sa voix, tout à l'heure. Même s'il la revendiquait, ça ne devait donc pas être lui qui avait prononcé cette phrase.

« Tu as une remarque à me faire, Milo ? »

« Tu as eu une sacrée chance que Camus soit dans les parages et te sauve la vie. Je t'avoue que moi, je ne serais pas intervenu pour arrêter Saga. »

« Je n'en attendais pas moins de ta part. »

Masque de mort leur tourna le dos et s'éloigna.

« Méfiez-vous ! » dit Milo aux jeunes chevaliers en s'éloignant à son tour « Ce type est un fou. Il aurait très bien pu vous tuer uniquement pour cette moquerie. »

*****

Camus savourait sa solitude retrouvée. Voilà un mois qu'il avait quitté le Sanctuaire pour se réfugier en Sibérie dans la petite maison de rondin où il avait autrefois logé avec Isaak et Hyoga. Ici, plus de Masque de mort qui entrait intempestivement chez vous, plus de Hyoga constamment entrain de se lamenter, rien que du silence…

Il se leva pour faire chauffer de l'eau pour son thé. Il resta à côté de la bouilloire le temps que la boisson soit prête. Il se demanda un instant ce que faisait Masque de mort. Il avait eu l'air de tellement souffrir quand il lui avait annoncé que ses sentiments n'étaient pas partagés…. L'agression de Saga ressemblait plus à une tentative de suicide. Il aurait presque été touché par cela mais Masque de mort ne cessait de vouloir le rabaisser, se moquer de lui et puis… c'est lui qui lui avait imposé cette relation. Camus était juste coupable de ne pas avoir trouvé la force de lui résister et par la suite d'avoir poursuivi cette liaison par manque de courage, parce qu'il n'osait pas affronter le Cancer, même verbalement.

Il en avait tout de même tiré quelques satisfactions, et c'est peut-être justement ça qui le faisait davantage culpabiliser.

Masque de mort était quelqu'un qu'il ne comprenait décidément pas ! Celui-ci l'aimait mais il le traitait comme un moins que rien. Il l'aimait et il ne le connaissait pas. Savait-il seulement ce que Camus aimait faire ? Quels étaient ses livres préférés ? Non. Il ne s'était jamais préoccupé d'apprendre quoi que ce soit sur l'objet de son affection.

Camus emporta sa tasse de thé fumante dans la pièce principale et se replongea dans son livre.

*****

« Vous savez ce qui arrive aux personnes qui désobéissent ? Vous avez pourtant été avertis … !»

« Nous ne savions pas, monsieur, nous ne savions pas… Nous n'avons pas d'argent. Nous sommes pauvres… De pauvres paysans… »

« Laisse-le ! C'est bon ! Rentre chez toi, maintenant vieillard. Nous repasserons plus tard. »

« Merci Monseigneur ! Vous êtes bon ! Que dieu vous bénisse ! Merci infiniment ! »

« Tu avais entendu ? Descends de là, toi ! »

Le crayon se brisa dans sa main. Assis à sa table de travail, il se prit la tête entre les mains. Pourquoi ces souvenirs qu'il croyait enfouis au plus profond de lui ressurgissaient maintenant ?

*****

La porte s'ouvrit brutalement laissant entrer des flocons de neige portés par le blizzard sibérien. Dans la pénombre, se dessina une longe silhouette encapuchonnée. Camus eut un frémissement. Il fut presque soulagé quand l'homme ôta sa cape et quand il reconnut le visage familier.

« On se les gèle, ici ! »

Il avait presque cru un instant que c'était la mort en personne qui venait le chercher mais il s'agissait seulement…

« Quel intérêt de venir s'enterrer ici, au milieu des pingouins ? »

… de son plus fidèle fournisseur.

« Il n'y a pas de pingouin en Sibérie. »

Camus ne manquait jamais une occasion de railler son manque de culture mais il ne s'en formalisa pas.

« Ah bon ? J'avais cru en reconnaître quelques-uns… Peut-être des ours blancs déguisés, alors ! »

« Qu'est-ce que tu viens faire ici, Masque de mort ? » demanda Camus d'un ton calme mais las, le regardant avec sévérité s'asseoir sur une chaise et mettre ses pieds sur la table. L'encombrant chevalier du Cancer allait rapidement occuper une très grande place dans la petite maisonnette.

« Je venais rendre une petit visite à mon amant préféré ! »

« Il en a d'autres ? » se demanda brièvement Camus, un peu vexé.

Masque de mort passa une main dans ses cheveux pour les ébouriffer davantage.

« Ce ne sont pas quelques milliers de kilomètres qui vont m'arrêter ! »

« Il ne me semble pas t'avoir invité… Trouve quelqu'un d'autre pour assouvir tes pulsions ! »

L'Italien ne répondit rien mais avec un sourire diabolique il se leva et passa derrière la chaise de Camus. Lentement, ses mains glissèrent tout le long du ventre du Verseau jusque dans son pantalon. Le Français sentit un frisson de désir le parcourir.

« Tu vois ! Tu aimes tellement ça que tu es incapable de résister ! »

« Masque de mort, non ! »

« Ton corps dit exactement le contraire ! » lui susurra le Cancer, mordillant doucement le lobe de son oreille puis descendant lentement dans son cou.

*****

Tout en le déshabillant et en disséminant ses vêtements en chemin, Masque de mort l'avait entraîné au hasard dans une pièce où se trouvaient des lits. Camus se sentit mal à l'aise en constatant que ce lieu avait été la chambre de ses apprentis Hyoga et Isaak.

Le Cancer le renversa sur le lit de son apprenti finlandais. Camus se laissa faire, son excitation étant déjà bien avancée mais se maudissant d'être si faible. Tandis que Masque de mort, le maniant toujours comme une poupée, le retournait littéralement, ses yeux accrochèrent un objet fixé au mur.

Le crucifix de Hyoga !

Il n'était pas croyant mais ce face à face inattendu, ajouté au fait que leurs ébats se déroulaient dans une chambre d'enfant ne fit qu'accroître son sentiment de honte.

« Pardonnez-nous, pauvres pécheurs… »

Lui qui se pensait seulement à demi-humain, proche des dieux tellement il était détaché des besoins humains, avait sombré dans la luxure.

Si quelqu'un savait… si quelqu'un se doutait seulement… Il préférerait être mort !

Le Cancer, lui, ne semblait pas se poser toutes ces questions et Camus, revenant à leur étreinte, se rendit compte qu'il l'avait laissé prendre plus de libertés qu'il n'aurait dû. L'Italien lui imposa un long baiser. Camus ne parvint pas à le repousser tout de suite. Il s'essuya la bouche sur son bras lorsque leur baiser prit fin. Masque de mort lui adressa un regard meurtrier mais ne fit pas de commentaires.

Le Cancer s'écarta ensuite un instant pour ôter sa chemise. Il commençait toujours par déshabiller le Verseau mais n'enlevait ses propres vêtements que quand cela commençait à devenir indispensable. Certainement pas par pudeur, pensa Camus, mais sûrement pour l'humilier un peu plus.

L'Italien revint s'allonger sur lui pour le caresser encore quelques minutes.

« Prends-moi dans ta bouche ! » réclama-t-il.

Comme toujours, Camus refusa fermement.

« Non ! »

Il s'attendait à se voir gifler comme d'habitude. Il ferma les yeux, attendant la claque mais rien ne se produisit. Peut-être s'était-il lassé et résigné, après tout….

Les mains de Masque de mort vinrent caresser de façon plus insistante son membre et Camus se laissa aller, fermant les yeux. Mais le Cancer ne tarda pas à le saisir par les épaules et à le relever à moitié.

L'Italien cracha dans sa main et le caressa à nouveau. Camus grimaça de dégoût. Mais à son grand étonnement, Masque de mort, prit son membre dans sa main et le guida vers lui. Le Cancer vint s'empaler sur son propre sexe dans un gémissement puis le renversa sur lui.

Camus, surpris de voir les rôles inversés, et un peu effaré, il est vrai, resta sans réaction.

Masque de mort émit un gros soupir.

« Imbécile ! bouge ! »

Camus ouvrit de grands yeux, se demandant ce qu'il devait faire. Il se sentait pris, enserré dans cet étau de chair chaude et cela lui faisait un peu peur.

« Tu sais bien le faire quand il s'agit de remuer les fesses… »

Il essayait toujours de l'humilier par ses remarques, souvent à forte connotation sexuelle qui avait le don de faire rougir Camus.

Furieux de se faire moquer, le Verseau commença un lent mouvement de hanches, craignant tout de même de recevoir une gifle s'il blessait le Cancer.

Ce dernier se lécha deux doigts et le lui enfonça dans le derrière pour lui imposer son rythme. Camus se contracta pour les sentir davantage et il suivit la cadence.

Il peinait à reprendre son souffle. Il aurait juré que l'air s'était raréfié dans la pièce car ses poumons le brûlaient à chaque inspiration. La sensation était intense, presque grisante. Il sentait qu'il perdait un peu plus pied avec la réalité à chaque mouvement de rein.

Il ne put s'empêcher d'embrasser l'épaule du Cancer, offerte à ses lèvres et celui-ci sourit.

« Oui, c'est bon, n'est-ce pas ? »

Une grande vague de l'étrange chaleur qui s'était emparée de lui passa dans tout son corps et la tension dans son bas ventre se relâcha. Masque de mort l'éloigna de lui.

Allongé sur le dos, Camus réussit à reprendre sa respiration. Son regard se porta à nouveau sur le crucifix.

« Je t'ai fait une faveur, mais si tu veux que nos petits jeux se poursuivrent, certaines choses vont devoir changer. » annonça l'Italien.

« Tu ne comptes pas rester, j'espère ? »

« Et pourquoi pas ? A moins que tu ne rentres avec moi au Sanctuaire ? Tu comptais me fuir en venant ici ? »

« J'ai besoin de solitude ! »

« Très bien. On reste ici quelque temps, alors ! Remarque, c'est assez confortable… »

« Tu as mal compris. J'ai dit : Niet !!! Tu t'en vas dès ce soir! En quelle langue faut-il que je te le dise ? »

« C'est toi qui as dû mal comprendre ! Je ne te laisse pas le choix ! »

« Oh que si ! Il n'y a personne à des kilomètres ! Je n'hésiterai pas à faire appel à mon cosmos pour te mettre dehors ! Si tu n'es pas parti avant un quart d'heure, il y aura désormais un pingouin en Sibérie ! Pris dans un cercueil de glace ! »

Camus avait prit un ton ironique. Masque de mort sentit la colère monter en lui. Il tenta de l'endiguer.

« Tu oublies que Sibérie ou pas, mon mignon, je peux toujours aller raconter à tout le Sanctuaire tes petits penchants… Et ce, dès demain si tu me mets à la porte ce soir ! » fit remarquer le Cancer, sarcastique, lui caressant la joue du dos de la main.

Camus se dégagea.

« Tu ne vas pas me maintenir en esclavage toute ma vie avec ce chantage ! Je crois que j'ai assez payé de ma personne ! »

« Oh oui, ça… Pour payer en nature, tu es très fort ! » dit le Cancer, espérant le vexer. Mais Camus garda son calme.

« Sors ! Disparais ! Je ne te le répèterai pas dix fois ! »

Comme le Cancer ne bougeait pas, Camus se leva, enroulant un drap autour de sa taille et se dirigea vers une petite table.

« Pas de fausse pudeur ! Inutile de te cacher ! Je connais ton corps dans ses moindres recoins ! »

Sans répondre, Camus ouvrit le tiroir du petit bureau. Il y trouva un cahier et un stylo. Il arracha une feuille quadrillée du calepin et commença à écrire dessus.

Puis il se tourna vers l'Italien :

« Tu ne veux pas comprendre ? Tiens ! »

Il lui colla la feuille dans les mains.

« Mais peut-être tu ne sais pas lire ?»

« Tu me prends pour un crétin ?! »

Malgré lui, Masque de mort baissa les yeux sur la page déchirée.

'Je ne veux plus te voir.' lut-il.

*****

(A suivre)