Disclaimer : Harry Potter est à J.K.Rowling, Gabriel Knight à Jane Jensen, et moi. Je possède mes doigts pour taper l'histoire.

Chapitre 2 : L'erreur de Gabriel.

Malgré les avertissements de Grace, Gabriel avait retrouvé son poste de surveillance en face du 4, Privet Drive. Il ne pensait pas que les hommes en noir reviennent, leur conversation laissait penser qu'ils avaient un rendez-vous important avec celui qu'ils appelaient leur maître. Mais il voulait en savoir plus sur cette maison, sur ce garçon aux cheveux noirs à qui il n'avait pas pu parler.

Vers dix heures et demi, toute la maison sembla s'être endormie, et il se prépara à une longue et peu fructueuse attente. Il était un peu plus de minuit, et il commençait à se demander sérieusement ce qu'il faisait là au lieu de passer une soirée paisible avec Grace, quand il assista à un bien curieux spectacle. De partout, des oiseaux qu'il reconnut comme des hiboux ou des chouettes, fondaient sur la maison, et entraient par la fenêtre du garçon aux cheveux noirs. Pointant ses jumelles sur les volatiles, Gabriel remarqua qu'ils avaient des paquets attachés aux pattes. La lumière se ralluma dans la chambre du garçon, et Gabriel avança silencieusement vers la maison. En en faisant le tour, il découvrit une fenêtre mal fermée. Après l'avoir ouverte, il tenta de se glisser à l'intérieur, mais s'aperçut rapidement que cela était impossible : un mur invisible l'en empêchait.

Gabriel passa ses mains sur la surface. Jamais il n'avait rien senti de semblable. On aurait dit de l'air, mais il était impossible de le traverser. Lorsqu'il tenta d'appuyer, ses mains le brûlèrent, alors qu'aucune chaleur n'était dégagée auparavant par la pièce. Il prit dans sa poche un trousseau de clés, et essaya de tester l'obstacle. A sa grande surprise, la clé s'enfonça sans problème dans la pièce, seule sa main fut une fois de plus retenue par le mur invisible. Des tests sur divers autres objets confirmèrent que seule sa personne ne pouvait pas traverser : la fenêtre laissait passer tous les objets inanimés.

Une chose semblait certaine : cette barrière était magique. Saisi d'une subite inspiration, Gabriel la dague de Schattenjäger. Lorsqu'il la pointa sur la fenêtre, il sentit aussitôt une résistance. Et contre le poignard, une surface floue se refléta. Gabriel leva le poignard, et vint frapper la fenêtre. Il sentit, plus qu'il ne vit, la lame s'enfoncer dans la barrière. Saisissant le manche à deux mains, il découpa une espèce de fenêtre dans la fenêtre. Il y eut un léger « pop », et un peu de fumée quand il eut fini. Tendant la main, Gabriel découvrit que la barrière avait disparu dans l'espace qu'il avait découpé. Il enjamba la fenêtre et s'engouffra dans la maison.

Il fit un tour rapide du rez-de-chaussée sans rien voir d'anormal. Puis il entreprit de monter l'escalier. Il se figea quand une marche craqua, puis, après une minute de calme, continua son ascension, jusqu'à atteindre le pallier du premier étage. De forts ronflements se faisaient entendre, en provenance de certaines chambres, et de la lumière filtrait sous la porte d'une autre. C'est vers cette dernière que s'avança Gabriel. Il colla son oreille contre la porte, et entendit des huhulements impatients. Une certaine agitation semblait régner dans la chambre. Puis il y eut la voix du garçon, trop basse pour qu'il puisse comprendre ce qu'il disait. Au bout d'une grosse demi-heure, la lumière s'éteignit.

Gabriel attendit encore plusieurs minutes avant de pousser doucement la porte de la chambre, qui s'ouvrit sans bruit. Il s'arrêta un instant, écoutant. Il n'entendit que la respiration tranquille du garçon qui devait dormir. Gabriel alluma sa lampe de poche, et s'avança en silence. Tous les oiseaux semblaient être repartis. Le faisceau de la lampe balaya la pièce. Tout autour, des étagères étaient encombrées de vieux jouets cassés et de livres. Des vêtements étaient jetés sur une chaise. Une cage vide trônait sur le bureau. A côté se trouvaient de gros livres, d'étranges objets, des parchemins, une bouteille d'encre et une plume. Gabriel s'approcha, prit un parchemin et se mit à lire. Il se sentait un peu coupable d'être ainsi indiscret, mais il ne s'était pas donné tout ce mal pour rentrer dans la maison pour rien. L'écriture était désordonnée et un peu brouillon.

Salut, Harry !

Courage, tu en es presque à la moitié de ton temps chez les moldus. Et peut- être en partiras-tu avant la fin ? Ma mère a encore envoyé un hibou à Dumbledore pour lui demander si tu pouvais venir chez nous, mais il a encore refusé, prétextant que tu étais plus en sécurité là ou tu étais. Je suppose qu'il a ses raisons.

Au terrier, l'ambiance est plutôt explosive ces derniers temps. Les jumeaux ont trouvé de l'argent, je ne sais pas trop comment (tu crois que Verpey aurait pu les rembourser ?), et ils passent leurs journées à travailler à leurs inventions. Bien entendu, ils les testent sur le reste de la famille, en particulier Percy. Ma mère n'arrête pas de leur crier dessus, pour qu'ils travaillent leurs ASPICs, mais ils sont plus que jamais décidés à ouvrir leur boutique l'année prochaine, quels que soient leurs résultats. En tous cas, ils se sont montrés plutôt cools avec moi : ils m'ont offert une nouvelle robe de soirée. J'espère que nous aurons un bal cette année à Poudlard.

Oh ! j'allais oublier ! BON ANNIVERSAIRE ! ! ! ! C'est dur que tu sois obligé de le passer dans ta famille, alors qu'on aurait pu faire une super fête ici. Mais on pourra peut-être se rattraper plus tard. Maman et Ginny t'ont fait les gâteaux et les petits pâtés, elles ont peur que les moldus te laissent mourir de faim comme l'année dernière. Les jumeaux t'envoient des échantillons de leurs produits, et l'ordre de les tester sur ton cousin. Mon cadeau est un sifflet d'Estraal. Je me le suis fait envoyer de Roumanie par Charlie. On dit que si tu es en danger, il te suffit de siffler dedans en pensant à une personne pour que cette personne entende ton appel. J'espère que ça marche, te connaissant tu en auras sûrement besoin un jour.

A bientôt

Ron.

Gabriel reposa la lettre, et voulut en prendre une autre, écrite cette fois soigneusement. L'écriture ronde et clairement lisible lui rappelait un peu celle de Grace. Mais il avait à peine déchiffré quelques mots que le garçon commença à s'agiter. Le premier réflexe du schattenjäger fut de s'immobiliser d'éteindre sa lampe, et de sauter dans un placard, en tenant toujours la lettre à la main. Il n'avait absolument aucun droit de se trouver là. Pendant un moment, le garçon se tourna dans son lit, et Gabriel s'attendait à ce que la lampe de chevet s'allume à tout moment. Puis, l'adolescent se mit à pousser de légers gémissements, et il comprit qu'il était simplement en train de rêver. Mais ce n'était sûrement pas des rêves agréables qui peuplaient son sommeil : ses mouvements se firent de plus en plus violents, et il commença à hurler. Gabriel rouvrit doucement la porte de placard, et pointa le faisceau de sa lampe sur le garçon. Celui-ci ne bougeait plus que par spasmes. Il était roulé en boule, les mains crispées sur son front, et continuait à hurler de plus belle. Pour avoir lui-même été la proie de cauchemars toute sa vie, Gabriel ne pouvait que compatir. Il s'avança imprudemment.

« Lucius, Queudver, qu'avez vous à m'annoncer ? »

Deux mangemorts s'avancèrent vers leur maître et s'inclinèrent. L'un d'eux tendit un parchemin, puis baissa la tête avant de dire : « Voici la liste des protections dont est entouré Potter, Maître. Nous ne sommes pas parvenus à les désactiver.

- Et pourquoi donc ? Lucius, tu sais bien que je n'aime pas être déçu.

- Il sembla que Dumbledore les ait entourés d'un globe d'infinimagie. C'est impossible d'en venir à bout.

- Laisse moi décider de ce qui est impossible ou non, Lucius, siffla froidement le Seigneur des Ténèbres. En entendant ces mots, Lucius Malefoy frémit, et, à ses côtés, Quedver se mit à trembler violemment. Mais, à la surprise générale, Voldemort éclata de rire. Un rire froid et cruel, qui donnait des frissons à tous ceux qui l'entendaient, mais un rire tout de même.

« Allons, dit-il d'une voix doucereuse, de quoi avez-vous peur ? Croyez- vous que je ne suis pas capable de m'apercevoir quand je confie à mes mangemorts une tâche trop difficile pour eux ? Lucius, tu seras sûrement ravi d'apprendre que j'ai chargé ta chère et tendre épouse de la même tâche, avec une autre optique. Elle va obtenir des résultats, du moins je l'espère. » Le mage noir saisit une petite boule de verre à côté de lui, murmura quelques mots et sourit en voyant que le globe émettait une lumière rouge.

« En fait, dit-il, nous sommes déjà parvenus à nos fins. Une brèche a été ouverte dans les protections entourant Potter. Il risque de recevoir une visite bien désagréable, cette nuit. Nous en serons bientôt débarrassés. » Voldemort éclata de rire, de nouveau, et Harry se réveilla en sursaut, la cicatrice en feu. Haletant, le c?ur battant, il s'assit et alluma sa lampe de chevet. Il savait que ce rêve n'était pas seulement un rêve. Il y avait de grandes chances pour que cette scène se soit réellement déroulée. Et dans ce cas, il pouvait être attaqué d'une minute à l'autre. Il crut voir un mouvement dans la chambre. Mais si les mangemorts étaient déjà là, pourquoi n'était-il pas encore mort ? D'une main tremblante, Harry tendit la main vers la table de nuit et chaussa ses lunettes. La chambre semblait vide. Pourtant.

S'immobilisant, Harry tendit l'oreille, sans rien entendre. En essayant de repousser l'impression qu'il avait d'être un enfant qui a peur de la nuit, il souleva la lame de parquet branlante, sous son lit, et saisit sa baguette. Hedwidge était toujours en voyage. C'était un autre hibou qui lui avait apporté le mot et le cadeau de son parrain, mais il était reparti, comme tous les autres. Harry n'avait aucun moyen de demander de l'aide. Il envisagea un moment de sortir, et de prendre le Magicobus jusqu'à Poudlard. Mais que dirait-il ? J'ai fait un cauchemar, et jugé préférable de fuir ma chambre et la maison où j'étais censé être en sécurité ? Non, ce n'était pas possible.

Un bruit le fit sursauter. Et si quelqu'un était là, invisible, à l'observer ? « Il y a quelqu'un ? » demanda Harry d'une voix tremblante. N'obtenant pas de réponse, il se leva. Il n'y avait personne sous le lit. Se sentant ridiculement enfantin, il s'avança vers le placard où il rangeait ses vêtements. Posant une main sur la poignée, resserrant l'autre sur sa baguette, il prit une grande inspiration, ferma les yeux et tira.

Et si son comportement avait eu jusque là quelque chose d'enfantin, il affronta, lorsqu'il rouvrit les yeux, le pire cauchemar de n'importe quel enfant. Car un homme se tenait dans son placard. Un homme aux cheveux châtain clair et aux yeux verts. La baguette de Harry fut aussitôt en position de combat, avant même qu'il n'ait reconnu le journaliste qui avait posé des questions plus tôt dans l'après-midi à sa tante.

« Heu. Bonsoir », dit l'homme d'un ton particulièrement gêné. Surpris d'être encore en vie, surpris de voir cet homme qui n'avait pas du tout l'air d'être un mangemort, Harry mit un certain temps avant de pouvoir parler. Ce fut l'inconnu qui reprit le premier la parole, fixant d'un air légèrement inquiet la baguette en face de lui.

« Ecoutez, dit-il, et si vous posiez ça ? Je n'ai aucune mauvaise intention. Je sais, je n'ai aucun droit de me trouver là, mais laissez moi m'expliquer.

- Sortez de là, dit Harry d'une voix bien plus grave qu'à l'habitude. Donnez-moi votre baguette.

- Je n'en ai pas. Je ne suis pas un sorcier. Ecoutez, si j'avais voulu vous faire du mal, je l'aurais fait pendant que vous dormiez. »

Ca avait un sens. En d'autres circonstances, Harry l'aurait probablement cru, même si cela ne lui donnait aucune raison de se trouver dans sa chambre. Mais si tôt après son rêve, il ne pouvait pas ne pas faire le lien. Sans lâcher sa baguette, il se déplaça pour laisser l'homme sortir du placard.

« Accio baguette », lança-t-il. Rien ne se produisit. Harry ne relâcha pas la pression pour autant. Si l'homme était là, ses défenses étaient probablement détruites. Comme il l'avait vu dans son rêve. Et cet homme était peut-être la surprise annoncée.

« Je vous préviens, dit-il, je connais pas mal de sorts intéressants. Vous feriez mieux de me dire qui vous êtes et pourquoi vous êtes là.

- Très bien. Je me nomme Gabriel Knight, et j'enquête sur des hommes en noirs qui surveillaient votre maison depuis quelques nuits. Je pensais trouver ici pourquoi ils étaient là.

- Pourquoi vous enquêtez sur ces hommes ?

- Ils ont tué un chien. Probablement d'un sortilège mortel. Une lumière verte.

- Si vous êtes un moldu, comment savez vous tout ça ? Pourquoi devrais-je vous croire ?

- Je suis un Schattenjäger, un chasseur d'ombres. Depuis des siècles, ma famille lutte contre les forces obscures. J'ai déjà été amené à croiser notamment des vampires ou des loups-garous. Alors, des sorciers, après ça. ça ne me paraît pas impossible, loin de là.

- Je n'ai jamais entendu parler de ça. En plus, aucun chien n'a été tué dans ma rue. Vous dites qu'il y avait des hommes en noir, que savez-vous sur eux ?

- Leurs noms, Lucius, et Queudver.

- Lucius. Malefoy ?

- J'ignore son nom de famille. »

Malefoy et Queudver. Harry commençait à croire ce que disait l'homme. Après tout, il venait de voir les deux mangemorts annoncer à leur maître qu'ils avaient échoué à détruire ses défenses. Ils avaient bien dû passer du temps à les observer et à essayer de les affaiblir. Il commença à baisser sa baguette.

« Vous êtes Harry, n'est-ce pas, demanda l'homme. Et votre nom de famille, c'est bien Potter ? C'est après vous qu'ils sont.

- Je sais, dit Harry d'une voix sombre. La situation était plutôt insolite, mais Harry se sentait mieux que quelques instants auparavant. Sans trop savoir pourquoi, il était rassuré par la présence de l'homme, et parler dissipait les angoisses provoquées par son rêve. Il savait qu'il aurait dû être terrorisé, mais il ne l'était pas. Après tout, il était armé, pas l'homme. Gabriel, sentant l'adolescent plus ouvert, presque en confiance, reprit la conversation à son compte. « N'êtes vous pas un peu jeune pour participer à cette guerre, ou quoi que ce soit ?

- Ca ne vous regarde pas.

- Je me posais juste la question. Après tout, c'est ce que j'étais venu chercher. La réponse à cette question : pourquoi des sorciers surveillaient- ils votre maison ? Je sais déjà qu'ils cherchaient à affaiblir des sorts censés vous protéger, mais pourquoi ?

- Parce qu'ils veulent me conduire à leur maître pour qu'il me tue, répondit calmement l'adolescent. Gabriel eut un mouvement de recul en l'entendant mentionner sa propre mort avec une telle indifférence.

- Pourquoi veut-il vous tuer ?

- Je ne sais pas. » Harry porta soudain la main à sa cicatrice, qui s'était remise à chauffer légèrement. Son rêve lui revint, plus présent que jamais, et, avec lui, la panique.

« Partez, dit-il à Gabriel. Si vous m'avez dit la vérité, et s'ils vous trouvent ici, vous êtes mort.

- Ils ne viendront pas ce soir, répondit son aîné d'un ton rassurant. Ils devaient voir leur maître.

- Ils sont en route ! » Le garçon avait resserré sa main sur sa baguette. Son visage s'était crispé, il avait à présent l'air d'un adulte. Harry décida qu'il ne pouvait plus rester là à attendre qu'ils viennent s'emparer de lui. Si cette nuit devait être sa dernière nuit, il allait au moins essayer de sauver sa peau. Sans tenir compte du fait qu'il était en pyjama et en pantoufles, il sortit de sa chambre. Gabriel le suivit, un peu désorienté par son comportement.

« Ne restez pas avec moi, dit Harry, doucement pour ne pas réveiller les Dursley, qui, par miracle, dormaient encore. Ils n'hésiteront pas une seule seconde à vous tuer.

- Eh ! attendez un instant ! tenta de protester Gabriel. Mais Harry ne l'écouta pas. Il réalisa soudain que son balai et sa cape d'invisibilité se trouvaient dans le placard sous l'escalier. Peut-être avait-il une chance de s'en tirer. Il courut presque vers l'escalier et avait à peine eu le temps de descendre deux marches qu'il y eut un bruit de verre brisé, et que la vitre de la porte fenêtre du salon volait en éclats. Aussitôt, de petites créatures volantes d'un blanc lumineux s'engouffrèrent par l'ouverture. On aurait dit de gros flocons de neige. Mais de plus près, elles avaient forme humaine. Il s'agissait de minuscules femmes ailées, vêtues de longues robes blanches. Elles se précipitèrent sur Harry et se mirent à danser une curieuse ronde autour de lui.

« Stupéfix ! »tenta de crier le garçon, mais elles étaient trop rapides, et trop nombreuses, pour que le sort soit efficace. Se tenant par la main, les minuscules femmes se rapprochèrent de lui. Il ne pouvait plus avancer, c'était comme si une force invisible le maintenait au milieu de leur cercle. Puis, toutes en même temps, elle tendirent une main et le touchèrent au niveau de la tête.

Harry éprouva alors une horrible sensation. C'était comme si une partie de lui était drainée par les femmes. Un flux chaud lui montait à la tête, et il le sentait fuir dans les petites mains. Il tenta de résister, de fuir leur contact, mais il ne le pouvait pas. Il était incapable de bouger. Puis elles le lâchèrent, et il entendit une voix crier, avant que ses jambes ne cèdent sous son poids, et que l'obscurité ne l'envahisse.

Gabriel avait assisté, stupéfait, à l'arrivée des créatures qui avaient entouré le garçon. Il s'était avancé doucement, mais elles n'avaient pas semblé le voir. Comme hypnotisé, il avait observé leur danse. Puis, son regard s'était posé sur l'adolescent, dont le visage était d'une pâleur de craie. Il avait laissé tomber sa baguette. Quoi que soient ces créatures, elles n'avaient pas été envoyées ici dans un but pacifique. Mais il ne pouvait pas se résoudre bouger pour aider Harry. Pourtant, lentement, sa main monta vers sa poitrine. Au moment où elle se referma sur le médaillon qu'il portait autour du cou, le charme fut rompu, et il retrouva l'usage de ses membres. Brandissant le médaillon, il s'avança vers elles.

« Ca suffit comme ça, » dit-il d'une voix ferme. Un murmure parcourut les petites femmes, qui lâchèrent le garçon et volèrent jusqu'à la fenêtre où elles disparurent. Harry s'effondra, comme vidé de toute énergie. Gabriel bondit pour le rattraper, mais ne fut pas assez rapide et l'adolescent dégringola les marches jusqu'en bas des escaliers, où il ne bougea plus. Alors que le Schattenjäger arrivait à ses côtés, une femme vêtue de noir, le visage masqué, entra par la fenêtre qu'avaient utilisée les créatures.

« Ecartez vous, dit-elle sèchement.

- Pourquoi ? demanda Gabriel, avec une pointe de sarcasme dans la voix. Pour que vous puissiez l'achever ?

- Pour sauver votre peau. » Sentant l'extrémité d'une baguette contre sa tempe, Gabriel fit ce qu'on lui demandait. Il ne serait d'aucune aide au garçon s'il était mort. Il ne le serait probablement pas beaucoup plus en restant en vie, mais la situation était tout de même préférable ainsi. La femme prit le poignet de Harry, le reposa presque aussitôt, et murmura une formule. Le corps inerte se mit à flotter.

« Est-ce qu'il est mort ? ne put s'empêcher de demander Gabriel.

- Non, répondit la femme. Heureusement. Je vais pouvoir l'amener vivant à mon maître, conformément à ses instructions. J'imagine qu'il se fera un plaisir de le tuer lui-même.

- Pourquoi ?

- Vous n'êtes pas en position pour poser des questions, moldu. Je pourrais décider de vous tuer avant de l'emmener. Ce serait sans doute même la meilleure des choses à faire.

- Moldu, hein ? C'est censé être une insulte ?

- Cela signifie que vous n'avez pas de pouvoirs magiques. Donc que je peux vous écraser comme un misérable petit insecte. Je n'ai que deux mots à prononcer, et vous êtes mort. Maintenant taisez-vous. »

Elle commença à faire flotter Harry à travers le carreau cassé. Il ne pouvait pas la laisser amener l'adolescent à celui qu'elle appelait son maître. Il ne lui avait parlé que quelques instants, mais cela avait suffi à Gabriel pour savoir que Harry était quelqu'un de bien. Mais la femme ne plaisantait probablement pas. Elle n'hésiterait probablement pas à le tuer. Son médaillon à la main, il s'avança. Grace avait dit que les sorciers n'étaient pas des créatures de l'ombre, le talisman n'avait pas d'effet sur la femme, mais il espérait que, d'une manière ou d'une autre, il l'impressionnerait. Et, en effet, le Schattenjäger sentit la sorcière hésiter. Il saisit sa chance et sauta sur la baguette. Mais elle s'était ressaisie et hurla : « Avada Kedavra ! »

Une lumière verte jaillit de la baguette magique. Gabriel n'avait pas le temps d'esquiver. Il tint fermement son médaillon dans ses mains, attendant la mort. Mais lorsque le sort entra en contact avec le bijou, celui-ci se mit à brûler. Gabriel avait du mal à le tenir, mais il ne lâcha pas. La lumière verte fut absorbée par le médaillon qui brilla violemment pendant un instant, puis disparut. Un cri aigu détourna alors l'attention de Gabriel et de la femme :

« Que se passe-t-il ici ? Ne savez-vous pas que les gens normaux dorment à cette heure-ci ? » Susannah s'avança, l'air meurtrier, et se pencha par dessus la balustrade, et contempla la scène en dessous d'elle. Puis, elle hurla : « Dudley, appelle la police, vite ! »

La femme réagit immédiatement, en envoyant sur elle le sortilège qu'elle avait tenté d'utiliser contre Gabriel. La jeune fille s'effondra. Puis la femme, entendant remuer en haut, tenta de faire avancer Harry, mais Gabriel retint le garçon, et fit face à la sorcière en pointant son médaillon à bout de bras. Quand il y eut un cri désespéré « Susannah ! », et que plusieurs voix se firent entendre, la femme agita sa baguette et disparut. En haut, une voix d'homme cria : « HARRY ! Cette fois, c'en est trop. Mon garçon, je jure que tu ne t'en tireras pas comme ça. »

Personne ne semblait avoir eu l'idée de regarder ce qui se passait au rez- de-chaussée, maintenant silencieux. Gabriel hésita à peine un instant, puis il souleva dans ses bras le garçon inanimé, et sortit par la porte-fenêtre au carreau cassé. Il s'éloigna à grands pas dans l'air frais de la nuit, rejoignant rapidement la voiture qu'on lui avait prêtée. Il installa Harry sur le siège arrière, et se mit au volant. Une demi-heure plus tard, il arrivait devant la villa de Mme Stevens. Il se gara dans l'allée, et sortit de la voiture. Ce n'est que lorsqu'il se pencha pour sortir le garçon, toujours inconscient, qu'il remarqua les deux silhouettes noires. L'une d'entre elles, un homme, l'écarta violemment. Sa compagne, la femme qu'il avait vue auparavant, rit légèrement.

« On ne se moque pas ainsi de nous, Mr Knight. Merci cependant de nous avoir amené Potter. »

Mais aucun d'entre eux n'avait remarqué l'ombre silencieuse qui s'était avancée.

« Haoo Tshi ! » fit une voix, et l'homme tomba à terre. Avant d'avoir eu le temps de réagir, la femme subit le même sort.

« Waou ! Dis donc, Gracie, tu n'as pas perdu la main ! s'écria Gabriel.

- J'ai toujours pensé que mon entraînement au Taï shi n'était pas inutile. Grace s'avança et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Ca va, tu n'as rien ?

- Non. Je peux savoir comment tu as fait pour arriver d'une manière aussi providentielle ?

- Je suis sortie en entendant la voiture arriver. Je ne dormais pas, j'étais inquiète pour toi. J'ai vu les silhouettes s'approcher de toi, et vu ce que tu m'avais raconté sur les hommes en noirs. Maintenant dis-moi : dans quel pétrin t'es-tu encore fourré ?

- Je t'expliquerai plus tard. Ne traînons pas, ici. Monte. » Il ouvrit la portière avant, côté passager, puis contourna la voiture pour aller s'asseoir sur le siège du conducteur. Grace s'assit, et Gabriel démarra.

« Maintenant vas-tu m'expliquer ce qui se passe ? Comment as-tu fait pour te mettre ces sorciers à dos ? » Grace était inquiète, mais relativement calme.

- Regarde derrière toi », fit simplement le Schattenjäger. Elle se retourna, et cette fois étouffa un cri.

- Mon dieu ! Est-ce qu'il est. ?

- Il était vivant quand nous avons fui la maison où il habitait.

- Mais qui est-ce ? Gabriel, combien de temps vais-je devoir te questionner pour que tu daignes m'expliquer la situation ?

- Je ne peux pas t'expliquer ce que je ne comprends pas, Grace. Tout ce que je sais, c'est qu'il s'appelle Harry Potter. C'est de lui que parlaient les hommes que j'ai espionnés hier. Apparemment, c'est un sorcier, et il est pourchassé par ces hommes, et ces femmes, qui sont visiblement des mages noirs. J'avais pensé qu'en le ramenant à la villa, nous aurions quelques moments de paix, mais ils ont dû nous suivre.

- J'imagine que tu n'as pas pensé une seule seconde que tu te mettais dans le même danger que lui en le prenant avec toi ?

- Que voulais tu que je fasse ? Que je les laisse l'emmener ? Grace, c'est un gamin ! »

Elle soupira. « Je vois bien, dit-elle. Mais nous sommes vraiment dans un beau pétrin.

- Je sais. » La vois de Gabriel était plus basse qu'à l'accoutumé. « Mais je ne pouvais vraiment pas le laisser. Plus je repense à tout ce qui est arrivé cette nuit, puis je me dis que tout cela, c'est de ma faute. Il y avait autour de lui de nombreuses défenses, et je les ai brisées.

- Comment ça ? »

Il raconta en détail les événements de la soirée. Quand il raconta comment il avait utilisé le poignard des Schattenjäger pour pénétrer dans la maison, Grace le regarda avec des yeux ronds.

« Gabriel ! s'exclama-t-elle. Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Nous savions que les hommes en noir cherchaient à s'emparer de quelqu'un de bien protégé, de magiquement protégé. Comment as-tu pu ne pas faire le lien en rencontrant cette barrière ? Bien sûr que tu leur as ouvert la voie en la découpant !

- Je sais, dit-il d'une voix énervée. N'insiste pas. Je sais bien que tout cela est de ma faute. » Il donna un coup de volant nerveux. La voiture s'engagea sur une bretelle d'accès à l'autoroute. Ils roulèrent un moment en silence, puis Grace demanda : « Où allons nous ?

- Je ne sais pas. Je suppose que nous pourrons essayer de trouver un hôtel quand nous serons suffisamment loin de cette fichue ville. Je ne crois pas qu'ils nous suivent, avec un peu de chance ils mettront un bout de temps à nous retrouver. Le mieux serait d'essayer de retrouver des sorciers amis de Harry.

- Ils parlaient d'un certain Dumbledore, dans la conversation que tu as enregistrée. Mais j'imagine que nous n'avons aucune chance de le trouver. Les sorciers font tout pour être inaccessibles aux gens comme toi et moi.

- Peut-être que Harry saura quoi faire quand il se réveillera.

- S'il se réveille, dit Grace d'un ton inquiet en jetant un coup d'?il derrière elle. Le garçon n'avait pas fait un mouvement depuis qu'ils étaient partis. Tu ne m'as pas raconté ce qui s'était passé après que tu sois entré dans la maison. »

Gabriel finit son récit, et Grace soupira.

« Je me demande comment il a su que ses défenses étaient tombées.

- Il a du le rêver dit Gabriel.

- Possible. J'ai fait des recherches sur les sorciers pendant que tu étais parti.

- Des recherches ? Pourquoi ? Nous savons très bien ce qu'est un sorcier : un être doué de pouvoirs magiques qu'il catalyse à l'aide d'une baguette.

- Il y a bien plus à apprendre. Il existe plusieurs types de magie. Je pense que si tu as réussi à absorber ce sort, tout à l'heure, c'est parce qu'il s'agissait de magie noire. Mais même si ton médaillon a certains pouvoirs contre eux, je continue de croire que tu n'aurais pas dû te mêler de ça. Dès que l'on tape le mot « sorcier », Sidney déclenche le programme « mise en garde ». Ils sont dangereux.

- J'ai eu l'occasion d'en faire l'expérience, merci. Tu as quelque chose de neuf à m'apprendre ?

- Oui. D'abord sur ce sorcier dont ils parlaient, Dumbledore. Il était dans la base. Apparemment, c'est le directeur du plus grand collège de sorciers du pays. Et c'est également une célébrité : il est venu à bout d'un puissant mage noir dans les années quarante. Et il est cité comme un des sorciers les plus puissants en vie actuellement.

- Dans les années quarante ? Mais ce doit être un vieillard !

- Je crois que les sorciers vieillissent moins vite que nous. Mais en effet, il n'est probablement pas jeune.

- Et sur celui qu'ils appelaient leur « maître », tu as trouvé quelque chose ?

- Il y avait un mage noir qui terrorisait les sorciers il y a une quinzaine d'années, et qui a disparu. C'est la seule référence « récente » à ce genre d'activités que j'ai trouvée. Mais beaucoup disent qu'il est mort.

- Il y a une quinzaine d'années ? mais pourquoi serait-il aujourd'hui après ce garçon, qui devait à peine être né à l'époque ?

- C'est là que l'histoire devient intéressante. D'après ce que j'ai lu, c'est un bébé qui l'aurait fait disparaître. Nul ne sais comment. Le mage noir aurait tué les parents de l'enfant, et tenté de tuer le bébé, mais le sortilège mortel qu'il aurait lancé aurait rebondi contre le front de l'enfant, laissant une curieuse cicatrice, et frappé le sorcier qui l'avait lancé. Et le nom de la famille qu'il a attaquée était justement Potter.

- Harry a une cicatrice bizarre sur le front. On dirait un éclair. Alors comme ça il aurait fait disparaître ce mage noir il y a toutes ces années, mais ces hommes parlaient de leur maître, qui semblait bien vivant, je t'assure.

- Je n'ai pas la réponse à cette question. Mais je crois qu'on peut partir du principe que c'est pour ça qu'ils veulent le tuer, en effet. Soit un nouveau mage noir est monté et veut venger son prédécesseur, soit c'est l'ancien qui n'a pas été tué par le sort et a trouvé le moyen de revenir.

- Je suppose que tu n'as pas trouvé le moyen d'entrer en contact avec des sorciers ? Ce Dumbledore, par exemple ?

- Non. Les sorciers ont leurs propres moyens de communication.

- Les chouettes, par exemple.

- En effet. Mais aussi d'autres moyens plus rapides. Mais nous n'y avons pas accès. Harry pourrait probablement nous aider là dessus.

- J'espère. » Il s'engagea sur une bretelle de sortie. Un jour pâle s'était levé.

« J'imagine que nous ferions mieux de trouver un hôtel. Je ne crois pas qu'ils nous aient suivis jusqu'ici, et, s'ils l'ont fait, ils n'ont aucune raison de ne pas nous suivre plus loin. »

Quelques minutes plus tard, ils s'arrêtaient devant un petit hôtel Pendant que Gabriel allait à la réception prendre des chambres, Grace passa à l'arrière de la voiture pour examiner le garçon. Elle était plus inquiète qu'elle ne l'avait laissé paraître. Elle savait que Gabriel était persuadé qu'il allait très bien se remettre. Tout simplement parce qu'il n'osait pas envisager que les choses puissent mal tourner. Si le garçon mourait, il aurait beaucoup de mal à s'en remettre. C'était de sa faute si l'attaque avait eu lieu, et une fille était probablement morte déjà.

Grace prit le poignet du garçon. Le pouls était faible, mais régulier. Il n'avait pas de fièvre. Si seulement elle avait eu le temps de prendre son portable, elle aurait pu interroger Sydney sur ces mystérieuses femmes miniatures. D'après la description de Gabriel, ça ressemblait beaucoup à des fées. Mais les fées étaient censées être des êtres bénéfiques, des créatures toujours prêtes à aider les humains. Ce que n'était pas vraiment le cas de celles qu'ils avaient rencontrées. Qu'avaient-elles fait à Harry ?

Gabriel revint, une grosse clé à la main, qu'il lança à Grace. Il prit le garçon par les épaules et le fit glisser doucement sur la banquette pour pouvoir l'installer plus facilement dans ses bras.

« Ce n'est peut-être pas très prudent de le déplacer, fit remarquer Grace. Tu as bien dit qu'il était tombé dans les escaliers ?

- Et comment crois-tu que je l'ai ramené à la voiture ? Si cela avait du lui faire du mal, ce serait déjà fait, crois-moi. » Il commença à se diriger vers l'entrée de l'hôtel.

« Une minute ! cria Grace. Comment comptes-tu expliquer que tu transportes un adolescent inconscient en pyjama ?

- Couvre le de ton imper. On aura qu'à dire que c'est mon petit frère, et qu'il est malade. Et maintenant, si tu me laissais avancer ? Il a beau être maigre, je n'ai pas tellement envie de le porter pendant des heures. »

Gabriel avait loué deux chambres communiquantes, l'une à un lit, l'autre à deux. L'ensemble était probablement prévu pour des couples avec enfants. Le personnel de l'hôtel ne leur avait pas posé de questions embarrassantes, se contentant d'exprimer leur compassion envers leur jeune frère. Gabriel déposa Harry sur un des lits de la chambre en contenant deux, que Grace avait ouvert. Puis, la jeune femme borda l'adolescent.

« Ca fait près de cinq heures, remarqua-t-elle. Nous devrions appeler un médecin.

- C'est bien trop risqué. C'est déjà bien assez que l'employé de l'hôtel ait vu Harry. Ca m'étonnerait qu'ils aient arrêté de le pourchasser. En plus, je me vois mal expliquer que des méchantes petites fées l'ont attaqué. Je ne crois pas qu'un médecin pourrait l'aider, à moins qu'il ne se soit blessé en tombant. C'est de trouver ces fameux sorciers qui le protégeaient dont nous avons besoin. Mais nous n'avons aucun moyen de les prévenir sans avertir aussi ceux qui nous pourchassent.

- Je sais tout cela. Mais il respire à peine.

- S'il ne va pas mieux demain matin, ou plutôt tout à l'heure, nous aviserons. Tu devrais aller te coucher dans l'autre chambre. Je vais le veiller.

- Tu es fatigué. Tu as besoin d'être en forme tout l'heure, parce qu'il va falloir que nous décidions ce que nous allons faire, et je crois que même si tu n'en as pas l'intention, tu vas t'endormir. Prends l'autre chambre, toi.

- Toi aussi tu es épuisée. Je peux rester ici.

- Tu sais bien que tu dors comme une masse. J'ai le sommeil léger. Je vais m'étendre ici. Je te réveillerai s'il arrive quoi que ce soit. »

Il était midi passé quand ils se réveillèrent, se sentant beaucoup plus frais bien que n'ayant dormi que quelques heures. Après une rapide toilette, Gabriel sortit pour aller acheter de quoi manger, et des vêtements puisqu'ils étaient partis sans rien prendre. Il ne perdit pas de temps en faisant ses achats, et ce n'est qu'en rentrant à l'hôtel qu'il remarqua le présentoir d'un marchand de journaux. Stoppant net, il acheta une édition et courut presque pour rentrer dans la chambre.

« Qu'y a-t-il ? demanda Grace en le voyant débarquer. Il lui tendit le journal du jour. En première page s'étalait un portrait-robot de Harry. Le titre disait : Un adolescent de quinze ans en fuite. Recherché pour l'assassinat d'une jeune fille.

Ils parcoururent l'article. La police, aiguillonnée sur cette voix par les Dursley, dont les paroles étaient citées à plusieurs reprises, semblait persuadée que Harry était l'assassin de Susannah. Aucun des deux ne parla jusqu'à ce qu'ils en arrivent à la conclusion : « Certaines sources nous ont suggéré que le jeune homme n'en était peut-être pas à son premier meurtre. Harry Potter peut se vanter désormais d'être le mineur le plus recherché du pays. Ne vous fiez pas à ses allures d'adolescent petit et maigre, à ses airs d'enfant sage. Il est dangereux, et probablement armé. Si vous l'apercevez, appelez immédiatement le numéro vert fourni par la police. »

Gabriel jeta le journal sur le bureau.

« Il ne manquait plus que ça ! gronda-t-il. Nous sommes à présent recherchés non seulement par de dangereux sorciers, mais en plus par toute la police du pays !

- Je me demande comment sa famille est arrivée si vite à cette conclusion. Et de quels autres meurtres ils parlent.

- Pour les autres meurtres, je n'en sais rien, mais pour ton autre question, si tu avais rencontré sa famille tu ne la poserais même pas. Ils le détestent.

- Personne ne doit le voir. Ce portrait est beaucoup trop ressemblant.

- Si nous déguisons un peu Harry, nous devrions pouvoir nous en sortir. Après tout, il sembla que personne ne m'ait vu. Ils recherchent un garçon solitaire, pas accompagné de deux adultes. Peut-être pourrions nous le rajeunir un peu et nous faire passer pour ses parents. Le vrai problème, c'est que nous n'avons nulle part où aller. Et j'ignore combien de temps nous pourrons rester ici. »

Hermione Granger était dans sa chambre, en train de finir son devoir d'histoire de la magie, quand un hibou lui apporta son édition quotidienne de la gazette du sorcier. Elle poussa un cri de surprise et d'horreur et se précipita dans la cuisine. Ses parents étaient déjà partis, elle leur laissa un mot avant d'utiliser la cheminée pour se rendre au Terrier.

Les Weasley avaient tous été unanimes. L'article de la Gazette n'était qu'un tissu de mensonges, pire que les racontars de Rita Skeeter.

« Comment osent-ils ? S'indigna Molly. Après tout ce que le pauvre garçon a déjà enduré !

- Fudge profite de la situation pour asseoir ses théories, dit calmement Arthur. Si Harry avait tué Cédric, en plus de cette jeune fille, comme ils semblent l'insinuer, alors il est la cause des événements de l'été dernier, et il n'y a aucun souci à se faire au sujet du retour de Vous-Savez-Qui. Je vais aller voir au ministère, essayer d'avoir des informations sur ce qui s'est réellement passé.

- Où pensez-vous que se trouve Harry maintenant ? demanda Ron, son visage blanc sous les taches de rousseur. Est-ce que Vous-Savez-Qui ne va pas essayer de le capturer ?

- S'il y parvient, répondit sa mère, ce sera à mettre sur la conscience de Fudge. Dans l'article, ils disent que Harry pourrait avoir rejoint Sirius Black, puisqu'il l'a protégé plusieurs fois. J'espère que c'est le cas. Sirius pourra le protéger.

- Mais il n'avait aucune idée de l'endroit où Sirius serait pendant l'été. »

A ce moment, les flammes devinrent vertes et Hermione fit irruption dans la cuisine.

« Il faut faire quelque chose, s'exclama-t-elle. Harry n'a pas tué cette fille, il ne ferait jamais une chose pareille !

- Nous le savons, répondit Ron. Bien sûr qu'il est innocent.

- Il faut le retrouver. Dites-moi que Dumbledore est à sa recherche.

- Nous n'avons pas encore eu de nouvelles de Dumbledore ce matin, dit Molly, en prenant sur elle pour paraître calme en face des plus jeunes. Mais il ne peut pas s'interposer. Il n'a pas à se mettre dans les roues du ministère.

- Mais vous ne comprenez donc rien ? explosa Hermione. Fudge est peut être un idiot, mais il n'a pas inventé toute cette histoire. Cette fille a bien été tuée dans la maison de Harry cette nuit. D'un sortilège mortel. A votre avis, qui l'a lancé ?

- Un mangemort, évidemment, répondit Fred.

- Ce qui signifie qu'un mangemort au moins était là cette nuit. Or Harry a disparu. Le ministère a dit qu'il était déjà parti quand ils sont arrivés. Pourquoi aurait-il pris la fuite ? »

Un silence de plomb s'abattit sur les Weasley alors qu'ils réalisaient qu'elle avait raison.

« Si Vous-Savez-Qui avait réussi à tuer Harry, ou même à l'enlever, il se serait arrangé pour que le monde le sache, dit finalement Ron

- Ou alors il avait prévu la réaction de Fudge et il joue sur sa bêtise.

- Si Harry est libre et s'il va bien, alors dis moi où il est. Il ne serait pas parti comme ça, pas s'il avait simplement eu peur des mangemorts. Il avait sa baguette, il aurait très bien pu appeler le Magicobus, et venir ici, ou à Poudlard. Pourquoi n'a-t-il pas au moins envoyé un hibou ?

- Je ne sais pas. Peut-être qu'il n'en avait pas. Peut-être que Hedwidge était en voyage.

- Moi aussi, j'espère que je me trompe, Ron. Mais j'ai vraiment peur pour lui.

- Et vous n'êtes pas la seule. » Albus Dumbledore venait à son tour d'émerger de la cheminée des Weasley. « J'imagine d'après cette conversation qu'aucun de vous n'a eu de nouvelles de Harry ?

- Non, professeur, répondit Molly Weasley. Vous ne croyez pas qu'il soit coupable, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que non. Cette nuit, les défenses qui entouraient Harry ont été détruites. J'ignore comment, je n'imaginais pas que Voldemort y parviendrait, surtout pas si rapidement. Je crains d'être en grande partie responsable de ces événements. Mais ça ne sert à rien de s'appesantir là- dessus.

- Professeur, demanda Ron d'une petite voix, pensez-vous qu'ils lui aient fait du mal ? Où croyez-vous que Harry se trouve maintenant ?

- Je l'ignore, répondit le directeur de Poudlard. Mais j'ai de bonnes raisons de croire qu'il est en vie.

- Il va bien ?

- Je vous le répète, je n'en sais rien. Il se peut qu'il soit entre les mains des Mangemorts, il se peut qu'il se cache quelque part. Ron, Hermione, vous le connaissez mieux que quiconque. A votre avis, que ferait Harry s'il devait se cacher du ministère et de Voldemort ?

- Il viendrait ici, dit Ron. Il sait forcément que nous ne croyons pas à sa culpabilité. Ou il essaierait de rejoindre Sirius, mais je crois qu'il ignore où il est.

- J'ai parlé avec Sirius tout à l'heure. Il était en mission pour moi en Espagne. J'ai cru qu'il allait commettre un meurtre quand il a appris ce qui s'est passé. Il rentre immédiatement en Angleterre. Hedwidge lui a apporté une lettre hier soir, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous n'avons pas reçu de nouvelles de Harry par courrier. Mais lui aussi est encore recherché par le ministère, et Harry ne peut pas le contacter facilement.

- Alors il essaiera de venir ici. Ou d'aller à Poudlard, répéta Ron.

- Je n'en suis pas sûre, fit pensivement Hermione. Harry pourrait ne pas être totalement sûr que nous le croyons. En plus, il ne viendra pas ici s'il pense que ça peut nous mettre en danger. Il peut être extrêmement borné quelques fois, et il pourrait très bien décider de se débrouiller seul. Il nous a raconté que quand il a fait gonfler sa tante comme un ballon, il voulait aller vivre sa vie de proscrit dans le Londres moldu.

- A l'époque, il n'était pas accusé d'un meurtre et il n'y avait pas Vous- Savez-Qui.

- Vous avez raison tout les deux, dit Dumbledore. Je pense que Harry essaiera de rentrer en contact avec vous, mais pas s'il croit vous mettre en danger. Je propose que nous attendions jusqu'à demain matin, pour lui laisser le temps de récupérer Hedwidge et de nous écrire. S'il ne le fait pas, et si nous n'avons toujours pas de nouvelles, nous aviserons.

- Mais si Vous-Savez-Qui le tenait ? s'inquiéta Molly.

- Nous devrions en savoir plus d'ici quelques heures, affirma Dumbledore. Quand mon espion reviendra. En attendant, je voudrais m'assurer que si vous ou Arthur appreniez quoi que ce soit, mous m'en informeriez immédiatement.

- Bien sûr.

- Bien, dit le vieux sorcier. Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne journée. Même si je sais que ce sera dur. »

Dans les deux petites chambres d'hôtel, dans une petite ville à l'ouest du pays, l'après-midi s'écoulait lentement. Ni Gabriel ni Grace ne savaient quoi faire. Ils étaient ressortis acheter un maximum de journaux, qu'ils avaient étudiés minutieusement, sans trouver aucune trace de sorcellerie. Gabriel avait même appelé le commissariat chargé de l'enquête, mais on lui avait ri au nez quand il avait commencé à parler de magie. Ils semblaient n'avoir aucun doute quant à la culpabilité de Harry.

D'autre part, celui-ci ne s'était toujours pas réveillé, et même s'il semblait plus fort, si son pouls battait plus fermement et s'il respirait moins faiblement, les deux américains étaient inquiets. L'inaction leur pesait, parce qu'ils n'avaient aucun moyen de réfréner leurs angoisses. A chaque instant, ils craignaient de voir la porte s'ouvrir, et un sorcier en robe noire entrer. Ou une brigade de policiers.

Finalement, Grace alla s'installer sur le lit de la plus petite des deux chambres, espérant récupérer un peu de sommeil après leur trop courte nuit. Gabriel s'assit au bureau, et entreprit de rédiger une lettre pour Gerde, l'intendante du château des Ritter. Il lui demandait de chercher dans les annales de ses ancêtres si elle trouvait quelque chose sur les sorciers. Puis il se mit à marcher silencieusement dans la pièce, fouillant une fois de plus dans les événements des derniers jours, cherchant le détail qui lui aurait échappé, qui lui permettrait de se sortir de cette situation, et surtout d'en tirer Harry. Dans les journaux, ils donnaient le nom d'un forçat en fuite que le garçon pourrait avoir rejoint. Il y avait tout lieu de supposer que c'était le nom d'un sorcier, mais un sorcier recherché sur qui ils n'avaient aucun moyen de mettre la main, et qui avait toutes les chances d'être de leurs ennemis. Revenant s'asseoir, il alluma la télévision, et trouva une chaîne diffusant des informations. Il n'attendit pas longtemps avant de voir à l'antenne la maison qu'il avait surveillée pendant les derniers jours. On passa des images de la fille qui était morte, de son petit ami effondré, puis le portrait robot de Harry. Pas une seule fois il ne mentionna que des personnes qui n'avaient rien à y faire s'étaient trouvées dans la maison. Il semblait que ni la sorcière ni Gabriel n'aient été remarqués. La vitre explosée ne semblait pas non plus avoir attiré l'attention. Le commentateur parla de Harry comme d'un garçon perturbé par la mort de ses parents. Il le présenta comme dénué de tout scrupule, et rappela à toute personne le voyant de composer le numéro spécial. Il précisa que le principal signe distinctif du jeune homme était la cicatrice unique qu'il avait sur le front. Gabriel savait déjà tout cela. Le reportage s'acheva sur quelque mot du policier chargé de l'enquête. Et derrière lui se trouvait un petit homme à moitié chauve bien qu'il ne soit pas très âgé. Le schattenjäger eut un petit rire en éteignant le poste.

« Tiens, murmura-t-il. Le détective Franck Mosely de la Nouvelle Orléans, affilié à la CIA, est sur l'affaire. Je me demande bien ce que les services secrets américains font là-dedans. » Il se moquait, mais était plutôt soulagé. Mose ne brillait peut-être pas par son intelligence, mais c'était un bon professionnel, on pouvait lui faire confiance. En plus, c'était son ami et il écouterait ce que Gabriel avait à dire. Il allait décrocher le téléphone pour rappeler la police, quand un léger bruit le fit se retourner. Le garçon s'agitait et gémissait faiblement. Gabriel s'avança et l'appela doucement, puis le secoua légèrement, sans obtenir de réponse.

Le schattenjäger se jeta sur la porte de communication, et frappa bruyamment. « Grace, appela-t-il. Grace ! »

Presque immédiatement, la porte s'ouvrit, et la jeune femme sut face à lui, les cheveux ébouriffés et l'air affolé.

« Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

- Il se réveille », répondit Gabriel en désignant Harry.

Elle s'avança vers le lit. Gabriel la suivit, soulagé de ne pas avoir à jouer les infirmiers, tâche pour laquelle il ne se sentait aucun penchant. Surtout vis-à-vis d'un adolescent qui venait d'être attaqué et risquait de paniquer.

Grace prit une chaise et s'assit près du garçon, qui continuait de remuer.

« Harry ? appela-t-elle. Harry, il faut que tu te réveilles. Ouvre les yeux » Elle lui prit la main et serra doucement, en continuant de l'appeler. Au bout de quelques instants, Harry se calma, et ses paupières se mirent à battre. Puis il ouvrit les yeux, regardant autour de lui d'un air confus. Son regard s'arrêta sur Grace, penchée sur lui, mais il avait du mal à faire le point, sans ses lunettes. Il tendit la main vers la table de chevet, s'étonnant que son bras pèse si lourd. La personne au dessus de lui aperçut son mouvement et lui mit les verres sur le nez. Il put alors distinguer plus clairement une femme d'environ vingt-cinq ans, de type asiatique.

« Qui êtes-vous ? articula-t-il avec effort. Où suis-je ?

- Dans une chambre d'hôtel, répondit la femme. Et je suis Grace Nakimura, une amie de Gabriel. » Harry aperçut alors, légèrement en retrait, l'homme qu'il avait vu la veille. Petit à petit, les événements de la nuit lui revenaient. Son rêve. Mais où s'arrêtait le rêve, et où commençait la réalité ? Est-ce que les créatures qui l'avaient attaqué étaient réelles ? Et, si oui, que s'était-il passé ensuite ? Pourquoi n'était-il pas mort ?

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-il d'une voix rauque. Gabriel expliqua rapidement les événements, pendant que Grace faisait boire à Harry un gobelet rempli d'eau. Lorsque Gabriel en arriva au moment où il avait tenté de s'emparer de la baguette et où la lumière verte envoyée par la femme avait été absorbée par le médaillon, Harry l'arrêta d'une exclamation surprise.

« Vous êtes sûr que c'était une lumière verte ? demanda-t-il.

- Oui. Je ne me rappelle plus bien la formule, mais ça ressemblait à Abracadabra.

- Avada Kedavra, murmura Harry, en fixant le schattenjäger d'un air abasourdi. Il porta pensivement la main à sa cicatrice. Comment était-ce possible ? Qu'était-ce donc que ce médaillon ?

- Harry, tu te sens bien ? demanda Grace, soudain inquiète.

- Oui. Que s'est il passé après ?

- Eh bien. » Gabriel hésitait, ne sachant pas trop comment présenter la suite. « L'amie de ton cousin est sortie de sa chambre. Elle s'est mise à hurler. » Il fit une pause.

- Et ? demanda Harry, tout en se doutant de ce qui allait suivre. Il le lisait sur le visage de son interlocuteur.

- La femme a paniqué. Elle a lancé le même sort que précédemment, la lumière verte a frappé la fille, et.

- Non ! ne le dites pas ! » s'exclama Harry. Si c'était possible, son visage avait encore pâli. Il était plus blanc que l'oreiller sur lequel sa tête reposait. Il ferma les yeux. Ce n'était pas possible. Pas un mort de plus à cause de lui ! Susannah était une peste, mais elle ne méritait pas ça. Personne ne méritait ça. Personne ne méritait la mort, et surtout pas comme ça. Combien de victimes innocentes y allait-il encore avoir ?

Il rouvrit les yeux, et contempla les deux personnes qui le regardaient avec inquiétude. Eux aussi, ils les mettait en danger en restant avec eux. Réunissant ses forces, il entreprit de s'asseoir, puis posa ses pieds par terre.

« Que fais-tu ? interrogea Gabriel en posant une main sur son épaule.

- Je m'en vais. Je ne peux pas rester là, c'est beaucoup trop dangereux. » Il tenta de se lever, mais ses jambes refusèrent de le porter, et il serait tombé sans le bras de Gabriel.

- Je crains que tu ne sois coincé avec nous pour l'instant, dit le Schattenjäger en le recouchant.

- Partez, vous, laissez-moi. Je ne veux plus que des gens meurent à cause de moi, dit Harry. Je n'en vaux pas la peine.

- Nous ne pouvons pas te laisser seul, dit Grace.

- C'est de ma faute si tout ceci est arrivé, dit Gabriel. Tu n'y es pour rien.

- Vous ne comprenez pas ! Ils veulent me tuer, ils l'ont toujours voulu ! Ma mère est morte pour me protéger, ils ont tué Cédric, et maintenant Susannah !

- Je ne connais pas ton histoire. Ce que je sais, c'est que j'ai agi sans réfléchir, et que j'ai brisé les protections qui entouraient ta maison. Cette jeune fille ne serait pas morte autrement, et tu ne serais pas dans cette situation. Et je ne les laisserai pas te tuer sans réagir.

- Vous avez. Mais c'est impossible. Seul Voldemort aurait pu briser ces protections ! C'est Dumbledore en personne qui s'était chargé d'ériger ces barrières.

- Et pourtant je suis rentré chez toi avant eux. Ils n'ont fait que profiter de la brèche que j'avais ouverte. »

Harry hocha la tête. Après tout, c'était également impossible de contrer un sortilège mortel, or ce moldu l'avait fait.

« Bien, dit Gabriel. Maintenant que ce point est réglé, je pense que le mieux serait que tu retrouves rapidement ceux qui peuvent te protéger. Ce Dumbledore, par exemple. Y a-t-il un moyen de le joindre ?

- Il est à Poudlard. Mais je ne sais pas comment aller là-bas, pas avant le premier septembre. Je pourrai lui envoyer un mot quand Hedwidge reviendra.

- Hedwidge ?

- Ma chouette. Nous utilisons les hiboux et les chouettes pour envoyer du courrier.

- J'ai vu ça, sourit Gabriel. Mais es-tu sur que ta chouette va revenir ? Elle ne sait pas que tu es ici.

- Elle me trouvera. Hedwidge est très intelligente. » Il dirigea son regard vers la fenêtre comme s'il s'attendait à voir arriver l'oiseau blanc et réfléchit un moment. « Ce serait peut-être mieux si nous ne restons pas trop longtemps ici. Est-ce que nous sommes loin de Londres ?

- A quelques centaines de kilomètres, mais nous avons une voiture.

- Il y a là-bas un pub. Ils me connaissent, ils m'aideront à joindre Dumbledore. Et Voldemort n'osera pas attaquer dans un lieu rempli de sorciers.

- Tu ne peux pas sortir dans un lieu public, dit Gabriel. Ce serait suicidaire.

- Le Chaudron Baveur n'a pas la réputation d'être fréquenté par les mages noirs, dit Harry. Et il y a généralement quelques Aurors, ce sont des genres de gendarmes, en faction devant. »

Gabriel soupira, mais ce fut Grace qui répondit d'une voix douce.

« C'est pour cela que tu ne peux pas y aller. Il y a encore quelque chose que nous ne t'avons pas dit. Les mages noirs ne sont malheureusement pas les seuls à te rechercher.

- Comment ça ?

- La police est persuadée que tu es responsable du meurtre de cette jeune fille. Nous ne pouvons contacter que es gens en qui nous avons une entière confiance. »

Harry accusa le coup en silence. Cela n'aurait pas dû le surprendre. Après l'article de Rita Skeeter. Certains le croyaient déjà responsable de la mort de Cédric, un meurtre supplémentaire autour de lui n'avait pas du arranger ses affaires. De plus, si Fudge voulait continuer à nier le retour de Voldemort, il lui fallait décrédibiliser Harry. Et ce n'étaient probablement pas les Dursley qui avaient aidé à sa défense.

« Nous trouverons un moyen de t'innocenter, dit Grace. Et s'il n'y a pas d'autre solution, je suppose que nous pouvons attendre ici le retour de ta chouette. Et nous dirons à tes amis ce qui s'est réellement passé.

- Ils doivent être fous d'inquiétude, fit Harry d'une petite voix. J'espère seulement qu'ils savent que je suis innocent. Le fait que je hais les Dursley n'est pas un secret pour eux.

- Je suis sûre qu'ils le savent. Ne t'inquiète pas. Quelques minutes m'ont suffi pour réaliser que tu n'es pas un assassin. Ils le savent forcément.

- J'imagine. Ils doivent savoir que je ne sais pas jeter le sortilège mortel. Maintenant Sirius et moi sommes dans la même galère, ajouta-t-il sur un ton ironique, plus pour lui-même que pour les deux autres. Aucun deux ne releva l'allusion, ni ne demanda d'explication. Notant à quel point Harry était pâle, Gabriel décida de changer le sujet de conversation.

« Tu ne devineras jamais qui suit l'enquête ! lança-t-il à Grace.

- Qui ?

- Mose ! Je me demande ce qu'il fait là.

- Mose ? Je ne savais pas qu'il était en Angleterre. Il est sur l'affaire ?

- Il faut croire. Je pense que la CIA l'a envoyé pour s'en débarasser.

- Tu devrais essayer de le joindre. C'est toujours utile d'avoir des contacts avec la police, dans une enquête.

- Je sais. Je vais les rappeler.

- Qui est Mose ? demanda Harry.

- Un ami à moi. Ne t'inquiète pas, il est un peu frustre, mais il ne nous trahira pas. » Le garçon ne répondit pas. Il détestait dépendre ainsi d'inconnus, impliquer des gens dans des affaires qui ne les concernaient pas et qui les mettaient en danger. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix.

- Je crois que tu devrais essayer de dormir un peu, Harry, dit Grace en remontant ses couvertures. Tu as l'air épuisé, et nous aurons peut-être besoin d'être en forme plus tard. »

Harry secoua la tête sans répondre. Il y avait soudain tant de pensées qui tourbillonnaient dans sa tête qu'il avait l'impression que s'il laissait échapper le moindre son il allait se mettre à hurler. Il n'imaginait pas pouvoir dormir. Il voulait au contraire se réveiller, dans le dortoir des Griffondor, ou même dans le silence de la plus petite chambre du 4, Privet Drive. Il ferma les yeux un instant, essayant de maîtriser ses émotions.

« Détends-toi, dit Grace d'une voix douce. Tout va bien pour l'instant. Laisse-toi aller. »

Harry rouvrit les yeux, constatant que les deux adultes l'examinaient de nouveau avec inquiétude, et réalisa qu'il s'était mis à trembler. Il respira profondément, espérant reprendre le contrôle de lui-même.

« Ca va aller, reprit Grace avec un sourire rassurant, pendant que Gabriel l'observait d'un air mi-inquiet mi-admiratif. Tu es juste un peu fatigué. »

Au prix d'un énorme effort, Harry parvint à cesser de trembler. Il ne voulait pas passer pour un gosse impressionnable. Après tout, il avait déjà affronté des situations dangereuses, il s'en était toujours sorti. Demain, Hedwidge serait sûrement de retour. Sirius n'était sûrement pas parti si loin que ça. Il pourrait écrire à Dumbledore. Et le vieux sorcier aurait sûrement une solution à lui proposer. La simple pensée de Dumbledore entrant dans la pièce et prenant la situation en main suffisait à le calmer.

« Je suis désolé, dit-il.

- Ce n'est pas grave, répondit Grace. Mais tu devrais vraiment dormir un peu. Est-ce que tu veux quelque chose à manger ou à boire ?

- Non, merci. » Harry sentait maintenant la fatigue peser sur chacun de ses membres. Il reposa sa tête sur l'oreiller, et ferma les yeux. Il n'entendit pas les deux adultes quitter la pièce.

Gabriel et Grace s'étaient installés dans l'autre chambre, laissant la porte de communication entrouverte. Gabriel décrocha le téléphone et composa le numéro. Une voix de femme, énervée, lui répondit.

« Centre de police, Little Whiming, bonjour, dit elle.

- Bonjour, répondit Gabriel. Je vous appelle à propos d'un reportage qui a été diffusé tout à l'heure sur ce garçon, Harry Potter.

- Le standard est saturé d'appels à son sujet depuis ce matin, j'aurais pu le deviner. Est-ce que vous l'avez vu ?

- En fait, je n'appelais pas vraiment pour parler de lui. Vous l'avez probablement remarqué, je suis américain. En arrière plan sur un des reportages au sujet de cette affaire, j'ai remarqué un vieil ami à moi. Il y a des années que j'habite en Europe, et que je ne l'avais pas revu, et je me demandais si vous pouviez me mettre en communication avec lui.

- Vous savez que nous ne sommes pas le bureau des renseignements ? Nous n'avons pas les noms et adresses de tous les curieux qui étaient là quand le reportage a été tourné, et même si nous les avions je n'aurais aucune raison de vous les communiquer.

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Mon ami est policier, et je crois qu'il travaille avec vous. Il s'appelle Franck Mosely.

- Nous avons également quelqu'un portant ce nom qui est arrivé des Etats Unis en fin de matinée. Soit dit en passant, je me demande bien ce qu'il fait là. Cette affaire ne concerne absolument pas les américains.

- Je ne peux pas vous aider sur ce point. Pouvez dire à Mose que Gabriel Knight l'a appelé ? Et qu'il peut me rappeler à ce numéro. » Il donna le numéro de téléphone de sa chambre d'hôtel, avant de raccrocher. Il n'était pas sûr que sa communication serait faite, mais, au bout d'à peine un quart d'heure, le téléphone se mit à sonner et il décrocha.

« Allo,

- Knight ! fit la voix traînante de Mosely. Qu'est-ce que tu fais dans le coin ? J'te croyais dans ton château en Allemagne.

- Je pourrais te poser la même question. Depuis quand la CIA s'intéresse au meurtre d'une jeune fille par un adolescent dans une petite ville de Grande Bretagne ?

- Cette affaire est bien plus compliquée qu'il n'y paraît, Knight. Mais je ne suis pas autorisé à discuter de ça avec les civils.

- Sur le premier point, je suis d'accord avec toi. Mais depuis quand suis- je un simple civil ?

- Depuis que. Attends, comment ça tu es d'accord avec moi ? Qu'est ce que tu sais de cette affaire ? Ne me dis pas que tu es sur le coup ? C'est pas contre toi, mon pote, mais je déteste les histoires dans lesquelles tu m'entraînes en général.

- Tu crois que je les choisis ? Toi, au moins, tu as choisi d'être flic. Oui, il est bien possible que je m'embarque dans cette histoire. Dis moi un peu ce que tu en sais.

- Très bien. Mais ça reste entre nous, compris ? Et après, c'est ton tour.

- Ok.

- C'est le modus opérandi qui a alerté la CIA. Le crime a été mis sur interpol, avec le profil du gosse qui est recherché. Je ne sais pas si tu l'as remarqué, , mais la manière dont cette fille est morte n'a pas été rendue publique. Elle ne porte aucune blessure, aucune trace de coup, rien. Dans d'autres circonstances, on aurait pu conclure à une mort naturelle, par crise cardiaque. Mais la famille l'a entendue crier, ils rapportent que le neveu était un mec bizarre, dangereux, depuis tout petit. En plus, le môme a disparu. Et des membres haut-placés au gouvernement, ont poussé la police locale à lancer un mandat d'arrêt international.

- D'accord, je savais ça, du moins les grandes lignes. Dis-moi plutôt ce qui a alerté la CIA.

- Nous avons eu récemment une série de morts inexpliquées. Toujours des personnes jeunes, en bonne santé, que l'ont retrouve mortes avec juste un expression de terreur sur le visage. Comme il y avait pas mal de membre de la mafia dans le lot, on a pensé qu'il devait s'agir d'assassinats, avec probablement une arme d'un genre nouveau. Peut-être un rayon laser ultra- performant, ou quelque chose comme ça. Et si le garçon a utilisé cette arme, alors il est encore plus dangereux que les anglais ne l'imaginent. C'est le lien qu'ils faisaient entre Potter et ce Black qui nous a mis la puce à l'oreille, également. Il y a une quinzaine d'années, Black a tué plusieurs personnes en utilisant une arme que personne n'a jamais retrouvée, mais qui avait à peu près les mêmes effets. Il est peut-être en cheville avec les meurtriers que nous avons aux Etats-Unis, et ce serait également lui qui aurait fourni le gosse.

- Ok, je vois le tableau. C'est une assez belle théorie, mais vous êtes complètement à côté de la plaque.

- Knight, je déteste quand tu prends ce ton là. Les vampires, l'année dernière, ça m'a largement suffi. Oh, non ! Attends, je n'avais pas fait le lien jusqu'ici, mais ça ressemble étrangement aux meurtres vaudous, tout cela ! je n'ai aucune envie de me replonger là-dedans.

- Ca s'en rapproche un peu, mais ce n'est pas ça. Ecoute, Mose, je ne peux pas parler de tout cela au téléphone. Est-ce que tu pourrais venir me retrouver ?

- Ca dépend, t'es où ? » Gabriel le lui expliqua rapidement.

« Mince, Knight! J'en ai bien pour deux heures pour venir dans ton trou ! Ca ne serait pas mieux si toi, tu venais à Londres ?

- Je ne crois pas que ce soit possible.

- D'accord. Je viendrai demain matin. Je veux continuer de fouiller un peu ici et à Little Whining avant. Mais t'as vraiment intérêt à avoir des informations qui valent le déplacement.

- T'inquiète, tu risques pas d'être déçu. En plus, Grace est là, et je croyais qu'elle valait le déplacement à elle seule. A demain, Mose. »

Merci à tous ceux qui m'ont suivie dans cette histoire (lecteurs- reviewers). J'avoue que je ne m'attendais pas vraiment à avoir des review pour cette fic, qui en a d'ailleurs moins que les autres, puisqu'elle intègre un univers que peu d'entre vous connaissent, et que le sujet en dehors de ça n'est pas très original.

Csame : Contente que ça te plaise, et que le personnage de Susannah corresponde à tes attentes. Et, au passage, je suis vraiment flattée qu'on relise mes fics. Merci pour tout ton soutien.

Lunenoire, Lily la tigresse, Ender : Contente que ça vous plaise et j'espère que vous aurez aimé ce chapitre.

Philippe Griffondor : Merci pour ta review pour ce chapitre, et pour celle d'Un Enfant si Particulier. Si, avec tout ce que tu me laisses, la magie n'est pas avec moi. c'est que vraiment je le fais exprès.

Mélusine d'Oratlante : Je crois bien que j'ai jamais reçu une review aussi longue. Et je suis contente de voir que quelqu'un partage mon enthousiasme pour les jeux d'aventure. J'espère que ce chapitre ne t'a pas déçue. Moi aussi, je suis particulièrement accroc à The Beast Within ( C'est lui qui m'a lancée dans la série). Je compatis pour ton incompatibilité technique avec GK1. Ne pas pouvoir finir un jeu, c'est toujours frustant. Moi, j'ai de gros problèmes avec Runaway ( je l'ai acheté quelques jours après sa sortie, me suis ruée dessus, et il plante au début du troisième chapitre. grrrr). Mais en dehors de ça, totalement d'accord avec toi : c'est une petite merveille que ce jeu. Grim Fandango, par contre, je ne connais que de nom. Tu t'es créé un univers ? On peut le trouver sur le net ?