Disclaimer : Gabriel, Grace et Mose sont à Jane Jensen, et le reste à J.K.Rowling.

Chapitre 3 : l'étrange maladie de Harry

Au milieu de la nuit, Ron fut réveillé par de petits bruits secs. Un moment, il se demanda ce que la vielle Goule qui occupait le grenier avait bien pu inventer, puis il réalisa que les bruits venaient de la fenêtre, pas du plafond. Un hibou, réalisa-t-il. Il se leva d'un bond. Peut-être Harry lui avait-il envoyé Hedwidge !

Le rouquin ouvrit la fenêtre, et reconnut la chouette couleur de neige de son ami. Un intense soulagement l'envahit. La chouette ne semblait cependant pas dans son état normal, et elle hulula plusieurs fois d'une manière qui ne lui ressemblait pas.

« Ne t'inquiète pas, dit Ron, on va aider ton maître. Donne-moi son message. » Il parvint à attraper le morceau de parchemin attaché à la patte du volatile, bien que la chouette parut hésiter à le lui remettre. Hululant une nouvelle fois en mordillant l'épaule du garçon, elle vint se poser sur son épaule. Ron la mit dans la cage de Pig, son hibou, et ouvrit la lettre. L'écriture n'était pas celle de Harry, ce qui fut pour le rouquin une première déception. Il parcourut les quelques lignes.

Cher Harry,

Ne t'inquiète pas pour moi, je vais bien. Je t'ai envoyé un mot pour ton anniversaire, et je n'ai pas le temps de t'écrire longuement, mais j'ai été très content de recevoir ta lettre. Je crois comprendre que tes vacances ne sont pas ce qu'elles auraient dû être. Je suis désolé de ne pas pouvoir t'offrir la maison à laquelle tu aurais eu droit. Les événements du mois de juin te hantent encore, n'est-ce pas ? N'oublie pas, rien de tout cela n'était de ta faute. Tu as fait ce qu'il fallait, tu ne pouvais pas prévoir.

Au risque d'apparaître comme un vieux radoteur, je te le répète encore une fois : fais attention à toi. Si tu as encore des douleurs à ta cicatrice, ou ces rêves sur Voldemort, surtout préviens Dumbledore. Et si tu as besoin de moi, pour quoi que ce soit, je rentre bientôt en Angleterre. N'hésite surtout pas à m'écrire. Je verrais si je peux passer te voir à Privet Drive au cours des prochaines semaines.

Sniffle.

Ron replia la lettre, puis courut presque jusqu'à la chambre de ses parents, et tambourina à la porte. Son père ouvrit presque immédiatement.

« Ron ! que se passe-t-il ?

- Hedwidge est là.

- Que dit Harry ? Est-ce qu'il va bien ?

- Il n'y avait pas de lettre de Harry ! Elle portait encore celle de Sirius ! Je crois qu'elle ne l'a pas trouvé !

- Comment ? Mais c'est impossible ! Je me rends immédiatement à Poudlard.

- Je viens avec toi.

- Non, Ron, dit sa mère en s'avançant derrière Arthur, le visage grave. Retourne te coucher.

- Mais maman ! Il a du arriver quelque chose de grave à Harry si Hedwidge ne peut pas le trouver ! C'est mon ami, je dois venir.

- Ron, nous sommes tous inquiets, mais tu es trop jeune pour participer aux recherches.

- Molly, laisse le venir, dit Arthur. Il n'y a aucun danger à Poudlard. Et il peut être utile : personne ne connaît mieux Harry que lui.»

Quelques instants plus tard, le père et le fils débarquaient d'une cheminée de Pré au Lard et prenaient la direction de Poudlard. Ils parlèrent peu, mais la main du plus âgé restait posée sur les épaules du plus jeune, en un geste rassurant.

Bien que ce soit le milieu de la nuit, Albus Dumbledore les accueillit à sa manière habituelle. Il ne paraissait pas surprit par cette visite.

« Je suppose que vous avez eu des nouvelles de Harry, dit-il en guise d'entrée en matière.

- Pas vraiment », répondit Arthur Weasley. Il expliqua ce qui venait d'arriver. Les sourcils du vieux directeur se soulevèrent, son regard se fit inquiet.

« Vous savez ce que ça signifie ? demanda Ron.

- D'ordinaire, répondit le directeur d'une voix usée, lorsqu'une chouette ne retrouve pas le sorcier à qui elle appartient, ça ne peut être que pour deux raisons.

- Est-il nécessaire de. commença Mr Weasley, mais le directeur ne l'écouta pas.

- Tout d'abord, il est possible que Harry se trouve dans une pièce à laquelle elle n'a pas accès. Une pièce sans fenêtre, par exemple, ou un endroit qui bloque la magie et empêche Hedwidge de retrouver la trace de son maître.

- Et l'autre solution ? demanda Ron.

- Il est possible que Harry soit mort cas. Auquel il ne laisse plus cette trace magique qui permettait à sa chouette de le retrouver. »

Ron avait pâli. « Je croyais que vous ne croyiez pas à cette possibilité, dit-il d'une voix blanche.

- Et je n'y crois toujours pas. Cependant la seule chose dont je sois sûr est que Harry a survécu à l'attaque. Je ne peux pas être certain qu'ils ne l'aient pas emmené avec eux, bien que l'on m'ait affirmé le contraire, ou rattrapé tué par la suite. J'avoue que ce que vous me rapportez sur le comportement de Hedwidge me laisse perplexe. Il y a cependant une troisième possibilité. Il est tout à fait possible que, pour une raison ou une autre, ce soit Harry lui-même qui vous ai renvoyé sa chouette avec le mot de Sirius.

- Pourquoi aurait-il fait cela ? demanda Mr Weasley.

- Je l'ignore. Mais en théorie, c'est possible.

- Ca me paraît quand même plus probable que Harry se soit enfermé dans une cave, ou un endroit comme ça. C'est ce que j'aurais fait à sa place, dit Ron.

- Je suis d'accord avec vous. » Dumbledore avait l'air pensif. « Mais les environs de son domicile ont été fouillés minutieusement par le ministère et la police, et il n'a ni sa baguette ni sa cape d'invisibilité.

- Harry connaît son quartier mieux que personne, il l'a longuement exploré quand Dudley le pourchassait.

- C'est possible, répondit le directeur, mais il n'avait pas l'air convaincu.

- Etes vous certain que les mangemorts ne l'ont pas emmené ? demanda Arthur Weasley.

- Je ne suis sûr de rien, mais c'est ce qu'ils essaient de faire croire.

- Mais dans ce cas, où est passé Harry ? Il a quinze ans, pas un sou moldu, pas de nourriture ni de vêtements. Comment peut-il ainsi échapper à tous les efforts pour le retrouver s'il n'a pas non plus sa baguette ?

- Le ministère pense qu'il a une baguette, parce que ce n'est pas celle qu'il a laissée derrière lui qui a été utilisée pour tuer la jeune fille. Naturellement je n'y crois pas. Où est Harry, cela, personne ne le sait.

- Et Sirius ? demanda Ron. Comment va-t-il ?

- Il a insisté pour se rendre à Privet Drive, sous sa forme de chien. Il espère retrouver Harry à son odeur, mais les policiers moldus ont l'habitude d'utiliser des chiens. Je crois qu'il a surtout besoin d'être sur place et de faire quelque chose. »

A ce moment, un coup sec fut frappé à la porte du bureau et Rogue entra, l'air épuisé. Il renifla bruyamment en apercevant les Weasley.

« Je repasserai plus tard, dit-il à Dumbledore.

- Allons, Severus, répondit celui-ci avec un sourire, vous savez bien que les Weasley sont au moins aussi préoccupés que nous par le sort de Harry. Et totalement dignes de confiance. De plus, Ronald est déjà au courant de votre position. Vous pouvez parler devant eux.

- Très bien, admit le professeur de Potions. Ils se méfient de moi, et je n'ai pas pu apprendre grand chose. C'est effectivement un Mangemort qui a tué là petite moldue. Potter y est pour rien. Il semble que le mangemort soit venu à la base pour s'occuper de Potter, et que la fille les ait entendus et se soit mise à hurler.

- Il n'y avait qu'un mangemort ? s'étonna Mr Weasley.

- On peut imaginer que pour s'occuper d'un sorcier de premier cycle c'est suffisant. Et deux autres devaient attendre un peu plus loin.

- Mais le mangemort a emmené Harry ? demanda Ron d'une voix tendue.

- Je n'ai pas dit cela, Weasley. Vous feriez mieux de me laisser continuer. Il semble que le mangemort soit parvenu à neutraliser Potter sans difficulté. Ne prenez pas ces airs surpris, ce n'est qu'un gamin après tout. Mais il y avait là un moldu qui a réussi à empêcher le mangemort d'emporter Harry, et le mage a pris peur et transplané après avoir tué la fille. Les mangemorts ont réussi à retrouver le moldu alors qu'il rentrait chez lui, en emmenant Potter. Mais ils ont été frappés par une inconnue, et immédiatement mis KO. Et bien sur, quand ils sont revenus à eux, il n'y avait plus personne.

- Est-ce que le moldu dont vous parlez était l'oncle de Harry ? demanda Ron.

- Cela vous arrive-t-il d'utiliser vos neurones, Weasley ? L'oncle de Potter n'aurait pas pu quitter la maison pour rentrer chez lui, puisque c'est chez lui que se sont déroulés les événements. En plus, j'ose espérer que s'il avait assisté à la scène il n'aurait pas été assez stupide pour raconter les bobards qu'il a sortis à la police.

- Que savez-vous sur cet homme, Severus ? demanda Dumbledore, sans se défaire de son calme.

- Apparemment, Voldemort le connaissait. Sa présence là-bas ne l'a pas surpris. J'ai son nom, mais je ne sais pas si ça vous dira quelque chose. Gabriel Knight. On nous a tous ordonné d'ouvrir l'?il, des fois qu'il ait l'idée saugrenue d'essayer de s'immiscer parmi les sorciers.

- Gabriel Knight ? Je ne crois pas avoir déjà entendu ce nom. Savez-vous ce qu'il faisait dans la maison de Harry ?

- Je l'ignore, mais il est probable que les mangemorts les plus proches du maître le savent. Ils se méfient de moi.

- Naturellement. Cependant, vous êtes sûr que c'est un moldu ?

- C'est ce qui s'est dit dans les rangs des mangemorts, et je vois mal comment ils auraient inventé cette histoire. Après tout, un mangemort mis en échec par un moldu, ce n'est pas particulièrement quelque chose dont ils se vanteraient si ce n'était pas vrai. D'un autre côté, pourquoi Voldemort connaîtrait un simple moldu, et ce qu'il pouvait bien faire à cet endroit à ce moment là, je n'en ai aucune idée.

- Donc Harry serait en vie, quelque part avec ce Knight ? résuma Mr Weasley. Savez-vous ce qu'a l'intention de faire Vous-Savez-Qui à présent ?

- J'ai déjà dit qu'il ne me faisait pas confiance. Mais il semble relativement satisfait par la tournure qu'a prise les événements. Il aurait probablement préféré avoir Potter à sa merci, mais il a annoncé à tous les mangemorts que, bien que son ennemi soit encore en vie, il ne représentait plus une menace. Et il a insisté sur le fait qu'il nous était interdit de tuer Potter si nous le rencontrions, que celui qui le priverait du plaisir de l'exécuter lui-même regretterait d'être venu au monde. »

Les deux Weasley se regardèrent d'un air étonné. Dumbledore demanda : « Il n'a pas précisé pourquoi il considérait que Harry n'était plus une menace ?

- Non. Mais cela venait peut-être du fait qu'il est à présent banni de notre civilisation. Il risque de ne plus avoir la possibilité de s'opposer au seigneur des Ténèbres. Ou peut-être que Potter, défait de sa réputation, n'est plus qu'un gamin comme les autres.

- C'est possible, dit le vieux directeur d'un air soucieux, mais cela n'explique pas pourquoi Hedwidge n'a pas su le retrouver.

- Si cela ne vous dérange pas, je vais retourner dans les donjons. J'aimerais prendre un peu de repos avant d'être rappelé.

- Bien sûr. Merci, Severus, pour ces informations. Vous prenez de gros risques, et rien ne vous y oblige. »

Le professeur hocha la tête et grommela « Bonne nuit », avant de disparaître.

« Le stress n'arrange pas son humeur, remarqua le directeur.

- Je comprends de moins en moins, fit Ron. Ce que Rogue a dit n'a pas de sens, et c'est totalement décousu.

- Même pendant les vacances, c'est le Professeur Rogue, corrigea Dumbledore. Et je crois que si son récit est décousu, c'est parce que, comme il l'a répété, les mangemorts n'ont pas confiance en lui. Il a dû être obligé de glaner des petits bouts d'informations auprès de différentes sources pour ne pas avoir l'air d'attirer l'attention, et il y a encore beaucoup de choses qu'il ignore. D'ailleurs, c'est probablement la raison de sa mauvaise humeur : il a du mal à remplir sa mission et ça l'énerve.

- Je me demande pourquoi Harry et ce moldu ont fui la maison après le départ du mangemort, remarqua Mr Weasley. Harry devait se douter que le ministère serait rapidement sur les lieux, et il n'avait aucune raison de croire qu'il serait accusé puisque quelqu'un avait assisté à la scène.

- Peut-être qu'il a eu peur que le Mangemort ne revienne avec des renforts, et qu'il n'a pas réfléchi. Ou peut-être que ce Knight l'a emmené sans lui demander son avis. Severus a dit que Harry avait été « neutralisé ». Il était peut-être blessé, incapable de réagir, peut-être même inconscient. Tant que nous n'en saurons pas plus, toutes les hypothèses sont ouvertes. Ce qui m'intrigue davantage, c'est la relation entre Knight et Voldemort. Voldemort ignore et méprise les moldus, pourtant il connaissait celui-là et n'a pas été surpris d'entendre qu'il était là. Mais d'un autre côté, Knight n'est pas un de ses soutiens puisqu'il a protégé Harry. Il connaissait visiblement l'existence de la magie, et il devait également avoir un moyen de la contrer. Pourtant, c'était un moldu. Je me demande.

- Qu'y a-t-il ? demanda Arthur.

- Rien. Juste une hypothèse à vérifier. Je me demande si Knight est le vrai nom de ce moldu. Nous n'en ferons pas plus cette nuit. L'aube ne devrait pas tarder à se lever, vous devriez rentrer chez vous. Je suis sûr que Molly attend les nouvelles avec impatience. »

Au numéro 4, Privet Drive, si l'agitation était un peu retombée en ce deuxième jour, la police, ainsi que les membres du ministère, restaient très présents. Tous étaient persuadés que Harry s'était enfui seul, donc qu'il n'avait pas pu aller très loin avant que l'alerte ne soit donnée. Des patrouilles continuaient de sillonner les environs, au cas où l'adolescent s'y cacherait encore, mais de moins en moins de monde croyait à cette hypothèse. La fouille des affaires de Harry, y compris ce qui était caché sous la lame de parquet branlante et que les policiers n'avaient pas eu de mal à découvrir, ne leur avait apporté aucune indication. Si ce n'est que les moldus étaient maintenant persuadés que c'était un fou qu'ils recherchaient.

Le corps de la jeune fille était toujours dans les locaux de la police pour autopsie. Ses parents étaient arrivés à l'aube, animés d'une soif de revanche qui avait réveillé la flamme des enquêteurs. Sans compter bien sûr qu'il s'agissait de gens extrêmement puissants et que le ministre de l'intérieur en personne était intervenu pour demander que cette affaire soit bouclée au plus vite. Il régnait donc toujours, ce matin là, dans ce quartier tranquille, une activité nettement supérieure à la normale. Et au milieu des enquêteurs, de la presse, des personnes venues assurer leur soutien à la famille, ou des simples curieux, nul ne prêta une grande attention à un gros chien noir qui se promenait seul, essayant de glaner des informations. Et cela arrangeait bien les affaires de Sirius.

Bien sûr, avec toutes les allées-venues qui s'étaient produites au cours des dernières vingt-quatre heures, il n'avait pas réussi à repérer l'odeur de son filleul. Mais sous son apparence d'animal inoffensif, il pouvait circuler parmi les représentants des autorités, aussi bien sorciers que moldus. Et il se rassurait d'apprendre qu'aucun d'eux n'avait la moindre idée de l'endroit où se terrait le garçon. Sa terrible erreur avait livré James et Lily au traître et à Voldemort. A cause de lui, Harry avait grandi chez ces horribles moldus. Mais aujourd'hui, Sirius était libre, et il allait accomplir son devoir de parrain. Même s'il devait y laisser la vie, il ne les laisserait pas emmener le fils de James à Azkaban.

Pendant ce temps, à quelques centaines de kilomètres de tous ceux qui le recherchaient, Harry dormait encore dans la petite chambre d'hôtel, malgré la lumière du jour qui perçait entre les rideaux. « Harry ! » Le garçon grogna et se retourna sur le dos. « Désolée de te réveiller, fit Grace, mais Mosely arrive dans une demi-heure, et il voudra probablement te parler. Comment te sens-tu ce matin ?

- Mieux, répondit Harry en baillant. Il se redressa et regarda dans la pièce. Hedwidge n'est toujours pas venue ?

- Non.

- Je ne comprends pas. Elle ne met pas autant de temps d'habitude. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé.

- Ne t'inquiète pas, elle a peut-être juste un peu de mal à te retrouver. Veux-tu manger quelque chose ? Tu n'as rien avalé depuis le dîner d'avant-hier.

- Je n'ai pas très faim, merci. » A ce moment, Gabriel émergea de la salle de bains, une serviette sur les épaules. « Alors, tout est prêt pour l'arrivée du grand ponte du FBI ? demanda-t-il d'un ton moqueur. Je me demande si les fédéraux s'intéressent vraiment à cette histoire ou s'ils ne l'ont envoyé en Angleterre que pour se débarrasser de lui.

- Tu es injuste ! protesta Grace. Mosely n'a peut-être pas ton look, mais il n'est pas stupide pour cela, et tu le sais très bien.

- C'est juste que c'est tellement facile de le charrier ! » Il redevint sérieux et se tourna vers Harry. « Si Mose n'apporte pas de mauvaises nouvelles, j'imagine que nous pourrons rester ici quelques jours de plus, mais on finira bien par nous repérer. Il faut que nous trouvions quoi faire, si ta chouette n'arrive pas.

- Je ne crois pas que la police moldue puisse nous renseigner beaucoup sur ce que les sorciers du ministère savent, dit Harry. Et encore moins sur Voldemort. » Il s'assit au bord du lit. « J'ai besoin d'aller à la salle de bains. » Harry entreprit de se lever. Ses jambes tremblaient, et Gabriel vint le soutenir. S'il était mieux que la veille, Harry se sentait toujours extrêmement faible. Et il ressentait un vide étrange, un froid intérieur, comme si on lui avait pris une partie de lui, mais il ne parvenait pas à déterminer ce qui lui manquait.

« Ca ira ? demanda Gabriel alors qu'ils atteignaient la porte de la salle de bains. Tu pourras te débrouiller seul ?

- Oui, je crois, dit Harry. Il s'assit sur le rebord de la baignoire, et fit couler de l'eau. Gabriel regarda d'un air sceptique le visage pâle et maigre de l'adolescent, mais hocha la tête. Il retourna dans la chambre et revint en portant une pile de vêtements qu'il déposa sur le sol.

« J'espère que ça te va, dit-il. Nous n'avions pas la moindre idée de ta taille. Mais ce sera toujours mieux que ce que tu portais chez ton oncle et ta tante. »

Après avoir soulagé sa vessie, Harry se débarrassa du pyjama froissé qu'il portait depuis deux et se plongea dans l'eau brûlante. Mais il ne sentit pas la chaleur se répandre en lui, et dissiper la lassitude qu'il ressentait dans tous ses membres. Il frissonna, et plongea la tête dans l'eau, aussi longtemps qu'il put retenir sa respiration. Même ainsi, il avait froid. Harry sortit rapidement de l'eau, et s'enveloppa dans l'une des grandes serviettes blanches fournies par l'hôtel. La tête lui tourna et il dut se rasseoir sur le bord de la baignoire. Au bout de quelques minutes, le malaise passa, mais Harry continuait de se sentir étrangement vide. C'est les jambes flageolantes et au prix d'un énorme effort qu'il se releva et s'habilla du jean et du tee-shirt que Gabriel avait déposés pour lui, et sortit. Gabriel et Grace furent aussitôt à ses côtés et le conduisirent à un fauteuil. Harry était heureux qu'ils ne lui suggèrent pas de retourner se coucher, il estimait qu'il avait passé suffisamment de temps au lit ces derniers jours.

Un petit coup sec fut frappé à la porte. « Entre ! » cria Gabriel, s'attendant à voir son ami. A la place, ce fut une femme de ménage qui poussa la porte.

« Si vous voulez que je fasse la chambre, dit-elle, il va falloir que vous sortiez d'ici quelques instants.

- Oh, non ! répondit Grace. Je m'occuperai moi-même du ménage. Je suis désolée, nous avons oublié de poser la pancarte

- Très bien », répondit la femme. Elle jeta des regards curieux tout autour de la pièce. Depuis qu'ils étaient arrivés la veille, les occupants de la chambre n'en étaient que très peu sortis, l'homme et la femme avaient juste été faire des courses une fois chacun. Et ils commençaient à exciter la curiosité du personnel. Que faisait un couple enfermé nuit et jour en compagnie d'un adolescent ? Ils semblaient trop jeunes pour que ce soit leur fils... Le gardien de nuit disait qu'en arrivant, ils avaient expliqué que le garçon était malade. Elle reporta son attention sur le jeune homme... Un regard suffisait pour comprendre qu'ils avaient dit la vérité. Ses yeux se fixèrent un instant. Le visage de l'adolescent lui paraissait familier. Où l'avait-elle vu ? Elle était sûre qu'il ne s'agissait pas d'une de ses connaissances.

« Vous voulez autre chose ? demanda sèchement Gabriel, agacé de la présence de la femme. Celle-ci rougit et recula.

- Non, monsieur. Je vais vous laisser des serviettes, ajouta-t-elle en joignant le geste à la parole. Et si vous avez besoin de quelque chose, vous pouvez toujours appeler la réception. »

Elle sortit, et les autres se regardèrent. « J'ai vraiment cru qu'elle t'avait reconnu, Harry, dit Grace.

- Je ne crois pas, dit le garçon, elle aurait paniqué. Mais j'espère qu'elle ne fera pas le lien plus tard. »

Ils n'eurent pas le temps de s'inquiéter davantage sur ce point car à cet instant le téléphone de l'autre chambre se mit à sonner. Gabriel alla décrocher et revint quelques secondes plus tard.

« Mose monte, » annonça-t-il. Et, en effet, quelques secondes plus tard, deux coups lourds furent frappés à la porte. Gabriel ouvrit. Harry ne s'était pas fait une idée très précise de l'homme qui devait sauver la situation, mais s'il l'avait fait, le détective Franklin Mosely n'y aurait certainement pas correspondu. Bien qu'il ait le même âge que Gabriel, il présentait déjà un embonpoint respectable, et son crâne était largement dégarni.

« Alors, Knight, entama-t-il, dans quel pétrin t'es-tu encore fourré cette fois ?

- T'as eu toute la nuit pour y réfléchir, me dis pas que t'as pas compris ?

- Bon, j'ai compris qu'y a quequ'chose de pas naturel dans ces meurtres. Mais j'ai jamais entendu parler de vaudouisme dans ce coin de l'Angleterre, et à part ça je sèche.

- Tu aurais pu tomber plus loin, dit Grace en s'avançant. L'attention de Mosely se détourna aussitôt sur elle. Il l'embrassa. « Gaby m'avait bien dit que tu serais là aussi, Grace. Tu es toujours aussi belle, dis-moi.

- Merci. Mais ça ne durera pas si monsieur le schattenjäger continue de m'entraîner dans ses aventures.

- Qu'est-ce que tu disais au sujet des vaudous ?

- Ce n'est pas le vaudou qui est intéressant, mais les sorciers. Mais on ne devrait peut-être pas discuter de ça dans le couloir. »

Ils finirent d'entrer. Grace avait ramené les deux fauteuils de l'autre chambre dans celle-ci, pour qu'ils puissent s'asseoir à quatre sans utiliser les lits. Mosely stoppa net en percevant Harry.

« Oh merde ! s'exclama-t-il. Ne me dis pas que c'est...

- Mose, je te présente Harry Potter. Harry, voici le détective...

- Knight, coupa le policier, je te savais con mais là t'es vraiment en train de t'attirer des emmerdes. Ce gosse a toutes les polices du pays et d'ailleurs sur le dos. Et j'imagine que tu sais que c'est un assassin ? » Il se tourna vers Harry et posa la main sur la crosse de son pistolet. « Tu ne bouge pas, je jure que je t'ai à l'oeil. »

- Le style cow-boy, ça te va pas terrible, fit Gabriel. Pourquoi crois-tu que je t'ai demandé de venir ? Harry n'a tué personne, Mose. J'étais là ce fameux soir, j'ai tout vu. En fait, c'est de ma faute si cette fille est morte.

- Mais bon dieu, Knight, dans ce cas, pourquoi t'es pas simplement allé voir la police pour leur dire ce que t'as vu ?

- Et comment j'explique que j'étais là-bas ? J'avais aucune bonne raison d'y être.

- Mais t'as sans doute une bonne explication ?

- J'étais sur une enquête. Ce n'est pas l'important.

- Je comprends rien à votre histoire. Et d'abord, si Potter n'a rien à voir là dedans, qui a tué la fille ? Et pourquoi avez vous pris la fuite ? On n'aurait pas soupçonné le gosse autrement.

- C'est une longue histoire. Et je vais laisser Harry te la raconter lui- même. »

Sirius avait suivi les policiers au poste, désespérant d'en apprendre davantage sur place. Il savait que ce n'était pas raisonnable, il savait que les chiens errants n'étaient pas censés fréquenter les commissariats. Mais les moldus ne se méfiaient pas des chiens. Les sorciers non plus, d'ailleurs.

Il se coucha aux pieds d'une jeune femme inspecteur qui travaillait sur l'affaire, et ne tarda pas à se faire adopter. « Oh ! il est trop mignon ! s'exclama la femme en s'apercevant de sa présence. Comment es-tu arrivé ici, toi ?

- Jenkins ! appela-t-elle. Il est à toi ce chien ? »

L'autre se retourna et lui jeta un regard. « Non, mais il me suis depuis ce matin. Je me demande ce qu'il veut. Bien content qu'il ait choisi de t'adopter toi, finalement. J'espère pour toi qu'il est propre.

- Bien sûr, il n'a pas l'air d'un chien errant. C'est bizarre, tu ne trouves pas ? Peut-être a-t-il perdu son maître et espère-t-il que nous allons le retrouver ?

- Bien sûr... Les chiens viennent demander de l'aide à la police, maintenant... C'est nouveau ! Il s'en ira probablement dès que nous lui aurons donné à bouffer. On ferait mieux de se remettre au travail. » A ce moment son téléphone sonna et il décrocha.

« Poste de police de Little Whiming, j'écoute... Oui, madame, c'est ici. » Il écouta un instant un air d'excitation se peignit sur son visage. « Vous êtes sûre qu'il s'agissait de Harry Potter, Madame ? Nous avons déjà reçu plusieurs coups de fils de ce genre depuis hier, vous savez... Oui, bien sur, cette cicatrice est assez exceptionnelle, mais vous dites qu'il n'était pas seul. Y aurait-il une chance pour que l'homme l'accompagnant soit Sirius Black ?... Très bien, ne bougez pas, on vous envoie une patrouille. Merci, madame » Il raccrocha et se tourna vers sa collègue.

« Eh, Liz, va chercher le patron, il sembla qu'on ait localisé le jeune Potter. C'est la femme de ménage d'un hôtel qui vient d'appeler. Presque immédiatement, une conférence s'organisa dans le bureau, mais Sirius n'attendit pas d'avoir les détails de l'opération. S'avançant discrètement, il put lire l'adresse de l'hôtel sur le papier où l'inspecteur Jenkins l'avait marquée. Puis il s'empressa de sortir de la pièce. Bénissant Duumbledore de lui avoir redonné une baguette, il transplana sur le parking. Il s'agissait d'un petit hôtel, comme on en trouve sur toutes les autoroutes. Sirius reprit sa forme de chien. Si le personnel de l'hôtel avait localisé Harry, ils devaient être en alerte et guetter la présence de Sirius Black. Mais comment allait-il trouver la bonne chambre ? Cette difficulté lui fut heureusement épargnée par l'arrivée d'un homme blond, les cheveux en brosse, vêtu d'un costume noir.

« Commissaire Williams, se présenta-t-il. Mes hommes sont en route. Les collègues de Litle Whiming nous ont informés de la situation. Nous allons devoir évacuer discrètement l'hôtel. Ce garçon est extrêmement dangereux., il dispose d'armes d'ont vous n'avez même pas idée. Dans quelle chambre se trouve-t-il ?

- La 204. Comme je l'ai dit à vos collègues, il est accompagné de deux personnes, un homme et une femme avec des accents américains. Foutus Yankees, il faut toujours qu'ils exportent leurs criminels. Mais aucun des trois n'a l'air dangereux, en fait le garçon sembla vraiment malade.

- Ne vous y fiez pas. Combien de chambres sont occupées en ce moment ?

- Presque toutes.

- Très bien. Nous allons rassembler les gens dans la cour. » tout un groupe d'agents en uniforme débarquèrent dans le hall. Mais Sirius en reconnut certains : il s'agissait de sorciers du ministère. Il se glissa dans l'escalier et rejoignit la chambre 204.

Lorsque Harry acheva son récit, Mose le regarda d'un air interloqué.

« Ok, dit-il. Vous avez sur le dos la police, votre ministère de la magie, et un groupe de sorciers maléfiques ou je ne sais quoi bien décidés à vous tuer... Excuse moi, Knight, mais là je crois que même pour toi c'est un peu trop. Et personnellement, entre la police et ces mages noirs, je choisirais la police. Après tout, ce ministère ne peut pas être si terrible, et tes fameux amis, Harry, sauront enfin où te trouver.

- Il doit y avoir une autre solution, dit Grace. »

On entendit alors un grattement contre la porte.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Gabriel, alors que Mosely sortait son arme.

- On dirait un animal, remarqua Grace. Un genre de chien. » Un petit jappement vint lui donner raison.

« Ouvrez lui, s'il vous plaît, demanda Harry, saisi soudain d'un espoir insensé. Gabriel jeta un coup d'oeil par le trou de la serrure.

« C'est un chien, en effet, commenta-t-il. Il a l'air innoffensif. Il entrouvrit la porte et le chien se précipita dans la pièce, et claqua la porte d'un coup de patte. Et sous l'oeil stupéfait des trois moldus, ses pattes se mirent à s'allonger, ses poils disparurent et il se redressa. Avant que l'un d'eux ait pu réagir, Harry était déjà dans les bras de son parrain.

« Sirius ! s'écria-t-il. Je suis tellement heureux de te voir !

- Tu n'imagines pas à quel point j'ai eu peur, Harry, répondit Sirius en enveloppant son filleul d'une étreinte protectrice. Mais nous n'avons pas le temps de parler maintenant. Une femme de ménage t'a reconnu. L'hôtel grouille de flics et de sorciers du ministère. Nous devons partir d'ici, et vite.

- Mais comment ?

- Avez-vous une voiture ? demanda Sirius aux moldus.

- Oui, répondirent Mose et Gabriel d'une seule voix.

- on va prendre la mienne, dit Gabriel. Mose, va voir si tu peux les retenir, en usant de ta carte du FBI.

- Essayez de les éloigner du parking, précisa Sirius.

- OK, dit Mosely, je vais voir ce que je peux faire, mais ça ne marchera sûrement pas longtemps. » Il sortit et Slirius se retourna vers Gabriel.

« Décrivez la moi, le plus précisément possible », demanda-t-il. Gabriel s'exécuta, tout en se demandant où le sorcier voulait en venir. « Bien, dit finalement Sirius, je crois que je l'ai vue sur le parking en venant. Ca devrait aller. » Il repoussa doucement Harry, tira sa baguette de sa poche et s'approcha de la fenêtre puis ferma les yeux. Une intense concentration se peignit sur son visage, pendant quelques instants, puis il rouvrit les yeux, et tira les rideaux. Ni Gabriel ni Grace ne put retenir une exclamation de stupeur : la vieille voiture prêtée par leur cliente flottait maintenant à leur hauteur.

« Allons-y, les pressa Sirius, je ne pourrais pas maintenir longtemps. L'un de vous conduit. » Après un instant d'hésitation, Gabriel se jeta dans le véhicule, et le traversa pour s'installer au volant. Grace prit la place du mort, et Harry se laissa tomber sur le siège arrière, où il fut rejoint par Sirius, qui gardait les doigts crispés sur sa baguette. La voiture commença lentement à descendre, et atteignait le sol quand un visage apparut à la fenêtre. « Ils s'échappent ! et Black est avec eux ! »hurla la personne. Des sorts commencèrent à fuser. Gabriel démarra le plus rapidement possible, alors que Sirius entourait le véhicule d'un bouclier protecteur. Ils furent rapidement hors de portée des sorciers dans la chambre. Mais presque aussitôt des sirènes retentirent derrière eux. Sirius reporta son attention sur un morceau de papier qu'il avait en mains.

« Ils nous poursuivent ! s'écria Gabriel. Accrochez vous ! » Il écrasa l'accélérateur et commença à slalomer entre les voitures.

« Tu es complètement fou ! cria Grace. Tu vas nous tuer !

- Si tu as une autre solution pour nous sortir de là, je suis preneur ! » Mais malgré tous les efforts de Gabriel, les gyrophares se rapprochaient, les sirènes se faisaient plus fortes. Un vrombissement résonna au dessus de leurs têtes, et ils virent un hélicoptère les survoler.

« C'est le moment d'avoir une idée de génie pour nous sortir de là, fit Gabriel, en voyant un barrage se dresser devant eux.

- Continuez à avancez, fit Sirius. Encore une minute. »

Mais à ce moment il y eu un claquement sec, et Gabriel perdit le contrôle de la voiture.

« Les cons ! s'exclama-t-il. Ils ont dû tirer dans un des pneus. » Il écrasa le frein. Il n'y avait heureusement plus personne sur la route. Les voitures de police les encerclèrent.

« Sirius, transplane ! hurla Harry. Si tu es pris, tu sais ce qu'ils vont te faire ! »

Son parrain ne répondit pas.

« Sortez du véhicule, les mains en l'air, ordonna une voix forte. Résignés, Gabriel et Grace avancèrent leurs mains vers les poignées de porte.

Attendez, siffla Sirius. Encore quelques secondes.... » Le morceau de papier qu'il avait à la main brilla soudain d'une lumière bleutée et il le brandit.

« Prenez le, ordonna-t-il aux autres qui obéirent, puisque la situation pouvait difficilement empirer. Seul Harry se doutait de ce que c'était, et il ressentit un intense soulagement en se sentant tirer par le nombril, emporté vers, il l'espérait, la sécurité.

Tous furent projetés à terre par l'atterrissage, et ils restèrent un moment immobiles. Après les minutes qu'ils venaient de vivre, le silence fut accueilli comme une bénédiction. Gabriel resta un moment allongé sur le sol. Lors du choc, son bras s'était retrouvé autour des épaules de Grace. Il la sentait trembler légèrement. Finalement, il se releva, aida la jeune femme à en faire autant, et regarda autour de lui. L'endroit où ils se trouvaient était sombre. Une cave, peut-être. Non, une grotte. Sirius murmura une formule, et de la lumière jaillit au bout de sa baguette. Il dirigea le faisceau vers Harry, qui s'asseyait lentement.

« Ca va ? demanda-t-il d'une voix inquiète. Harry, que s'est-il passé, tu as une mine atroce...

- Je ne sais pas, répondit l'adolescent. C'est à cause de ces choses qui m'ont attaqué... » Une fois de plus, il se vit contraint de raconter ce qui s'était passé le soir où il avait quitté les Dursley. Pendant tout son récit, Sirius resta derrière lui, une main posée sur son épaule.

- Tu dis que ces créatures ressemblaient à de petites femmes blanches.... Oh, non ! Pourtant, cela expliquerait pourquoi Hedwidge ne pouvait plus te trouver....

- Sirius, qu'est-ce que c'était ?

- Je ne suis pas sûr... Harry, prends ça. » Il éteignit sa baguette et la lui tendit. Harry la prit, incertain.

« Que dois-je faire ? demanda-t-il.

- Essaie de lancer un sort, n'importe quoi.

- Lumos dit Harry. » Rien ne se produisit. « Lumos, répéta-t-il, plus fort, en essayant de se concentrer. Le bout de la baguette s'alluma quelques secondes et s'éteignit.

« Que se passe-t-il ? demanda le garçon en commençant à paniquer. Sirius, qu'est-ce qu'ils m'ont fait ? »

L'ancien prisonnier reprit sa baguette des mains de son filleul et la mit dans sa poche. Puis il regarda Harry avec douceur.

« As-tu déjà entendu parler des pixies, Harry ?

- Non, jamais.

- Je crois que c'est ce qui t'a attaqué l'autre jour. Les pixies sont de lointaines cousines des fées. Tu sais ce que sont les fées ?

- Oui. Des êtes qui vivent de magie. On pense que ce sont elles qui nous donnent nos pouvoirs, qu'elles sont à l'origine de toute la magie de ce monde.

- Exactement. Les pixies sont très proches des fées, mais elles leur sont en quelque sorte opposées. Un peu comme la magie blanche et la magie noire. Les fées sont les sources de toute magie. Les pixies, elles, viennent puiser dans les sources de magie et s'en nourissent. Normalement, elles ne s'attaquent plus aux hommes, nous avions réussi à les chasser depuis 1578. Je ne sais pas ce qui leur a pris.

- Voldemort a du s'octroyer leurs services, répondit sombrement Harry. Mais... tu veux dire qu'elles se sont nourries de ma magie ? C'est ce qu'elles faisaient quand elles tournaient autour de moi ?

- Je crois, oui. Et c'est pour cela que tu es malade, depuis. Tu es un sorcier, et la magie était une partie de ta force vitale. C'est aussi pour cela qu'Hedwidge n'arrivait pas à te retrouver. Elle ne retrouvait plus les effluves de magie que tu laissais derrière toi et qu'elle pouvait suivre. »

Harry hocha la tête. Ce que disait Sirius avait un sens. Mais derrière la logique de l'explication se cachait une terrible réalité qui le frappa soudain.

« Sirius, demanda-t-il d'une petite voix, ce n'est pas définitif, n'est-ce pas ? Je veux dire, mes pouvoirs vont revenir ?

- Je ne sais pas, répondit Sirius en serrant son filleul dans ses bras. Peut-être existe-t-il une potion, ou un sort, qui permette de les faire revenir. » Mais on sentait à sa voix qu'il n'y croyait pas. Le garçon enfouit sa tête dans l'épaule de son parrain. « Je ne pourrai pas retourner à Poudlard, murmura-t-il. Sirius, qu'est-ce que je vais devenir ?

- Nous aurons le temps de reparler de cela. Pour l'instant, l'important est que nous restions en vie. Mais sache que je ne te laisserai jamais tomber, Harry, et Dumbledore non plus. Je suis sûr que Ron et Hermione resteront tes amis, également, quoi qu'il arrive. » Harry ne répondit pas. Il se recroquevilla dans les bras de son parrain. Même s'il était innocenté, s'il parvenait à montrer au ministère que tout cela était lié au retour de Voldemort, à quoi bon maintenant ? S'il ne pouvait pas réintégrer Poudlard, où irait-il ? Jamais les Dursley n'accepteraient de le reprendre... Et comment pourrait-il accepter de réintégrer une école moldue classique aprè avoir passé quatre ans à Poudlard ? Il aurait pu aller vivre avec Sirius, mais le ministère n'était pas près d'admettre son erreur. Et que pourrait lui offrir Dumbledore ? Le même genre de poste qu'il avait donné à Hagrid et Rusard ? Harry pouvait déjà voir le sourire narquois et l'air triomphant de Malefoy. Tout ça à cause de Voldemort ! Et maintenant, en plus, Harry savait qu'il n'aurait jamais l'occasion de s'en venger.

« Ca va s'arranger, Harry, tenta de le rassurer Sirius. Nous trouverons un moyen de te rendre tes pouvoirs. » De nouveau, le garçon ne répondit pas. Mais, peu à peu, il se reprit. Il n'avait pas l'habitude de montrer comme ça ses sentiments. Se dégageant de l'étreinte de Sirius, il se leva avec difficulté, et s'adossa à un mur.

Sirius brûlait d'envie de le réconforter, mais il savait que Harry ne l'accepterait pas. Grandir chez ces moldus avait appris à son filleul à se débrouiller tout seul, à tout garder pour lui. Et, comme un nombre incalculable de fois auparavant, Sirius maudit le destin qui, non content d'avoir tué Lily et James, l'avait séparé de Harry. Et qui s'acharnait sur le garçon, sans lui laisser le temps de souffler.

Gabriel et Grace ne pouvaient qu'assister, impuissants, à la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Finalement, Sirius sembla remarquer leur présence. « Excusez-moi, dit-il, je crois que nous n'avons pas été présentés.

- Vous êtes Sirius Black, répondit Grace. Le fameux criminel en fuite, qui est en fait innocent et qui est le parrain de Harry.

- Exact. J'avoue avoir plus de doutes sur votre identité.

- Je suis Gabriel Knight, répondit Gabriel, et voici mon assistante Grace Nakimura. Je suis un Scattenjäger.

- Un chasseur d'ombre ? Je pensais que ce n'était qu'une histoire que l'on racontait aux enfants....

- Jusqu'à récemment, j'aurais pu dire la même chose des sorciers. Dites, Mr Black, je suis enchanté de faire votre connaissance, et je vous remercie de nous avoir sauvé la mise tout à l'heure, mais avez-vous une idée de ce qui va se passer maintenant ? Et où sommes nous ?

- Dans une grotte, près d'un endroit qui s'appelle Pré-au-Lard. Nous ne sommes pas loin du collège Poudlard, je suppose que Harry vous en a parlé ? » Obtenant une réponse affirmative, il poursuivit : « Nous serons en sécurité au collège. » Il jeta un coup d'oeil inquiet à Harry, qui était immobile dans la pénombre. Il se moquait que Harry possède ou non des pouvoirs magiques, mais l'adolescent semblait brisé par ce qu'il venait d'apprendre.

« Qu'attendons nous pour rejoindre Poudlard ? demanda Gabriel.

- Harry ne peut pas traverser Pré-au-Lard en plein jour, répondit Sirius. Il y est beaucoup trop connu. Pourtant, Dumbledore voudrait être informé au plus tôt de la situation.

- Je peux aller le voir, proposa Gabriel.

Le sorcier eut un petit rire. « Vous ne trouverez pas le château seul, dit- il. Il est trop bien protégé contre les moldus. Je vais y aller.

- Vous aussi vous êtes recherché, remarqua Grace.

- Pas sous ma forme de chien. Très peu de gens savent que je suis un animagus. » Il s'avança vers Harry. « Ca ira ? demanda-t-il.

- Oui, répondit Harry, en s'efforçant de se montrer brave. Il savait qu'il n'avait pas le choix. Mais il n'avait pas envie que Sirius s'en aille. Il ne savait pas s'il pourrait rester dans cette cave jusqu'au soir, avec pour compagnie ses sombres pensées. Il aimait bien Gabriel et Grace, après tout ils lui avaient sauvé la vie, mais ils n'étaient pas Sirius. Et ils n'étaient pas sorciers, comment pourraient-ils comprendre ce qu'il ressentait à l'idée de ne plus être capable de faire de la magie ? De plus, Dumbledore voudrait probablement entendre toute l'histoire, ce qui signifiait qu'il serait mieux que Gabriel accompagne Sirius. Harry fit cette dernière remarque à voix haute. Finalement, il fut décidé que Grace resterait avec Harry. Sirius se promit de rejoindre la grotte le plus tôt possible. Il n 'aimait pas l'idée de laisser son filleul seul avec cette jeune femme d'apparence frêle, même si personne ne connaissait l'existence de la grotte. Surtout quand Harry paraissait si faible. Il prit cependant sa forme de chien, et, accompagné du Schattenjäger, sortit de la grotte.

Il était près de midi et le soleil tapait fort. Gabriel, pourtant bon marcheur, avait du mal à suivre le chien. Ils arrivèrent rapidement dans un village. « Probablement Pré-au-Lard », songea-t-il. Il y régnait une atmosphère étrange : les maisons, les boutiques, ne ressemblaient à rien de ce que Gabriel connaissait. Par certains côtés, il se serait cru revenu cent ans en arrière, ou même plus : aucun bruit de moteur ne venait troubler le silence, aucune voiture n'était garée dans les rues, qui étaient pavées, non goudronnées. Les maisons, et les boutiques, étaient en pierre, mais elles avaient des formes et des couleurs étranges, qui ne devaient pas avoir existé dans le passé. Un peu partout volaient différentes sortes d'oiseaux, certains avec des messages attachés aux pattes. Les gens qu'ils croisèrent dans le village étaient, eux aussi, différents de ceux que Gabriel connaissait. Ils étaient tous vêtus de robes, comme Sirius, et regardaient curieusement le jean et le tee-shirt portés par le moldu.

Finalement, ils quittèrent le village et s'enfoncèrent dans la forêt. En quelques secondes, ils semblaient avoir complètement quitté la civilisation. A quelques centaines de mètres devant eux se dressaient de vieilles ruines. Plus ils avançaient, plus Gabriel avait envie de faire demi-tour. Pourquoi exactement, il l'ignorait : certes, l'endroit était plutôt sinistre, mais il avait affronté pire dans sa vie. Il avait le sentiment qu'il ne fallait pas qu'il continue à avancer. Il devait retourner auprès de Grace, il ne lui avait pas demandé ce qu'elle pensait de toute cette histoire. De toute façon, qu'avait-il à faire dans cette forêt ? Sirius avait un piètre flair pour un chien, aucun collège ne se trouvait par ici, il en était persuadé.

« Eh ! attendez ! lança-t-il. » Le chien se retourna, et commença à trépigner en voyant que Gabriel s'était laissé distancer. « Ce n'est pas par là, cria le Schattenjäger. Mieux vaut retourner vers la grotte. »

Sirius revint vers lui et poussa un bref jappement, invitant Gabriel à continuer à le suivre. Voyant que celui-ci semblait déterminer à ne pas continuer dans cette direction, il se plaça derrière lui et se mit à le pousser. Finalement, comprenant qu'il n'arriverait à rien, il regarda attentivement autour d'eux, dressa les oreilles et, ne voyant ni n'entendant rien de suspect, se métamorphosa.

« Nous devons continuer, dit-il. Je connais les environs de Poudlard par coeur, je les ai suffisamment sillonnés quand j'étais censé être au lit. Je vous garantis que nous sommes sur le bon chemin. Vous subissez simplement les effets des sortilèges anti-moldus qui entourent le château.

- Vous ne me ferez pas croire qu'un château se trouve dans cette forêt !

- Vraiment ? fit Sirius d'un ton ironique. Il y en a pourtant un juste en face de nous.

- Ces ruines ? Ne me dites pas que des enfants vivent là-dedans !

- Continuons d'avancer, s'il vous plaît, et vous me direz ce que vous pensez de ces ruines, comme vous dites.

- Je croyais que vous étiez réellement inquiet pour Harry. Je n'imaginais vraiment pas que vous me joueriez une mauvaise blague en un moment pareil.

- Je ne plaisante absolument pas. Faites moi confiance, je vous en prie. Je ne veux pas laisser Harry plus longtemps que nécéssaire. Quand je vous ai dit que vous ne trouveriez pas le château seul, c'est qu'il est extrêmement bien protégé contre les moldus. Vous ne le verrez probablement pas avant que nous ne soyons tout près. A vrai dire, je ne suis même pas sûr que vous pourrez le voir, même à deux mètres. D'autre part, ajouta-t-il avec une petite grimace qui ressemblait à un sourire, quand je fais des blagues elles sont bien meilleures que ça. »

Sur ce, il reprit sa forme de chien, et reprit sa progression. Prenant sur lui pour ne pas se laisser aller à ses instincts et faire demi-tour, Gabriel le suivit. Les ruines se rapprochaient rapidement. Elles n'étaient plus qu'à cent mètres, et il ne voyait toujours pas de château. Cinquante mètres... Trente... plus que vingt-mètres... dix... cinq... Lorsqu'il fut suffisament proche des ruines pour pouvoir les toucher, Gabriel s'arrêta. Le chemin menait à une petite ouverture dans le plus grands des bâtiments effondrés. Le chien lui fit signe de passer par là. Gabriel hésita. Il n'était même pas sûr de pouvoir se glisser dans l'ouverture. Et encore moins sûr d'en avoir envie. C'était peut-être un château, mais pour lui cela ressemblait à un énorme tas de pierres écroulées. Il était impensable que des gens puissent se trouver là-dedans, y habiter... Il fit un pas en avant, et tenta de regarder par l'ouverture, mais l'intérieur était sombre. Il tenta d'y faire passer sa main, mais rencontra une surface lisse. Un moment, il songea à la barrière magique qui avait protégé la maison des Dursley. Mais ce n'était pas cela. A l'instant où sa main toucha la surface, les ruines commencèrent à se métamorphoser sous ses yeux. Quelques secondes plus tard, un immense chateau se dressait à l'emplacement où elles s'étaient tenues. Et, là où il n'y avait qu'une ouverture entre deux pierre, se trouvait maintenant une imposante porte en bois, sur laquelle la main de Gabriel était toujours posée. Il laissa échapper une exclamation de surprise et d'émerveillement. Le chien poussa un petit jappement et lui fit une grimace moqueuse.

« D'accord, admit Gabriel, vous aviez raison. Je suppose que le château n'est pas ouvert à tous les visiteurs. Je dois frapper ? » Le chien fit oui de la tête et Gabiel cogna contre la lourde porte. Quelques instants plus tard, celle-ci s'ouvrit et un homme maigre, accompagné d'un gros chat, demanda sèchement : « Qu'est-ce que vous voulez ?

- J'aimerais voir Mr Dumbledore, répondit Gabriel.

- A quel sujet ? Le directeur est très occupé, même si les élèves sont en vacances.

- C'est personnel. » Le concierge s'apprêtait à répondre quand Sirius se mit à grogner, en montrant les dents en direction du chat.

« Retenez votre chien, grogna l'homme. Il prit le félin dans ses bras. « Tout va bien, Miss, dit-il d'une voix soudain douce. Il ne te touchera pas. » Pendant que l'homme rassurait sa chatte, Sirius passa à côté de lui, et pénétra dans le château. « Eh ! je vous ai dit de retenir votre cabot ! » s'écria le concierge en reposant la chatte à terre et en se lançant à la poursuite du chien. Gabriel les suivit. Sirius galopa dans les couloirs, pendant que l'homme à la chatte le poursuivait en poussant des grognements : « Attends un peu que je t'attrape, sale bête ! Mais quelle mouche a bien pu te piquer ? »

Finalement, le chien s'arrêta devant une gargouille en pierre, s'assit sur ses pattes arrières, et se mit à aboyer bruyamment. « Je te tiens », fit l'homme d'un air sadique en attrapant l'animal par le collet. Il essaya de l'entraîner mais Sirius résista. L'homme fit mine de le frapper, mais Gabriel s'interposa.

« Je vous défends de toucher à mon chien, dit-il.

- Dans ce cas, faites le taire. Il va déranger le directeur, son bureau est juste au dessus.

- Je crains que ce soit impossible. Voyez-vous je crois que c'est justement ce qu'il cherche. »

A cet instant, la gargouille pivota et un vieil homme s'encadra dans l'ouverture. Son visage prit une expression amusée, et ses yeux pétillèrent quand il vit ce qui se passait.

« Eh bien, Argus, on dirait que vous vous entendez mieux avec les chats qu'avec les chiens, commenta-t-il.

- Je suis désolé, Mr le directeur, répondit le concierge. Cette bestiole ne veut rien entendre... et son maître ne fait pas grand chose pour la raisonner.

- Ca ira, Argus, merci. Je m'en occupe. Vous pouvez retourner à vos occupations. » L'homme grogna quelque chose d'incompréhensible et tourna le dos, rejoignant sa chatte. Le vieux directeur s'effaça pour laisser passer Sirius et Gabriel, qui montèrent un escalier en colimaçon et se retrouvèrent dans un bureau. Dumbledore vint s'asseoir derrière, et désigna deux chaises à ses visiteurs. Sirius reprit forme humaine avant de prendre place sur son siège.

« Eh bien, sourit Dumbledore, on peut dire que vous avez le don de faire des entrées remarquées, Sirius. Et vous n'avez pas plus de pitié pour ce pauvre Rusard qu'il y a quinze ans. Pourrais-je savoir pourquoi vous n'avez pas utilisé votre fidèle passage secret ?

- Parce que Mr Knight aurait difficilement pu entrer inaperçu chez Honeydukes pour rejoindre l'entrée du passage qui se trouve dans la cave, répondit Sirius.

- Vous êtes Mr Knight ? Dumbledore se tourna vers Gabriel. Je suis le professeur Dumbledore, directeur de ce collège. Enchanté.

- Moi de même, répondit Gabriel en serrant la main qu'on lui tendait.

- Ainsi vous avez retrouvé Harry, Sirius ?

- Comment savez-vous... Oh, laissez tomber. Il est dans la grotte, celle où je me cachais l'année dernière.

- Bien. Comment va-t-il ?

- Il a été attaqué par des pixies... Il n'y a plus aucune magie en lui.

- Oh mon dieu ! » Le sourire du directeur disparut soudainement, il se leva d'un bond et son visage se fit sévère. « Mr Knight, demanda-t-il, racontez- moi exactement ce qui s'est passé cette fameuse nuit. Pour commencer, comment les barrières que j'avais bâties ont elles été désactivées ? »

Gabriel s'éxécuta. Il ne se rappelait pas avoir jamais vu quelqu'un d'aussi impressionnant que l'était le vieux sorcier à cet instant. Lorsqu'il en arriva au moment où il avait fait fuir les pixies, le directeur l'arrêta.

« Dites-moi, êtes-vous sûr que les créatures n'avaient pas lâché Harry au moment où vous êtes intervenu ?

- Elles étaient encore collées à lui. C'est le médaillon qui les a fait fuir. Mais j'imagine que c'était déjà trop tard. »

Le visage ridé d'Albus Dumbledore exprimait maintenant un soulagement visible. « Alors tout n'est peut-être pas perdu, dit-il. Elles n'ont sans doute pas eu le temps de finir leur rituel. D'ailleurs, Harry ne se serait pas effondré ainsi si elles l'avaient fait. Continuez, s'il vous plait. » Gabriel finit sont récit, et Sirius expliqua comment il les avait retrouvés. Le vieux sorcier hocha pensivement la tête.

« Dites-moi, Mr Knight, demanda-t-il, à moins que l'âge n'ait des effets sur mon cerveau, il n'existe pas de famille Knight chez les chasseurs d'ombre. Quel est votre vrai nom ?

- Je suis un descendant des Ritter, de Rittersberg.

- Des Ritter ? Je connaissais bien Wolfgang Ritter. Nous avons travaillé ensemble plusieurs fois, dans le passé. J'ai été désolé d'apprendre sa mort. J'imaginais de plus que la branche s'éteignait avec lui.

- Il avait un frère, Heinz, qui a émigré aux Etats-Unis pour échapper à tout ça. C'était mon grand-père.

- Je suis heureux de vois que la flamme des Ritter ne s'est pas éteinte avec Wolfgang. J'ai cependant l'impression qu'il n'a pas eu le temps de vous enseigner grand-chose, Mr Knight.

- Que voulez-vous dire par là ?

- Qu'un Schattenjäger ayant reçu une instruction complète ne se serait pas fait avoir comme vous l'avez été. Je crains qu'on ne se soit servi de vous, Mr Knight. Votre oncle, ou d'autres chasseurs d'ombre que je connais auraient immédiatement reconnu la marque des sorciers dans les bizarreries qui entouraient la maison de Harry.

- Eh ! Je savais que des sorciers étaient derrière tout ça !

- Mais vous vous en êtes quand même mêlé. Je ne vous fais aucun reproche, vous ne pouviez pas deviner dans quoi vous mettiez les pieds. Vous êtes jeune, fougueux, et je peux comprendre. Malheureusement votre intervention était l'une des rares choses que je n'avais pas prévues en créant les protections entourant cette maison. Jamais je n'aurais imaginé que Voldemort pourrait se servir d'un chasseur d'ombre.

- Personne ne s'est servi de moi. J'ai peut-être fait des bêtises, mais je les ai faites seul.

- Je crains que si, Mr Knight. Si la maison de Harry était effectivement surveillée, aucun chien n'a été tué pas Avada Kedavra à proximité. J'en aurais immédiatement été informé. Je crains que votre prétendue cliente ait été au service de nos ennemis. Comment ils ont eu connaissance de votre existence, cela, je l'ignore.

- Tout ceci est secondaire, professeur », intervint Sirius. Il s'était efforcé jusque là de rester calme, mais il bouillait intérieurement de retourner auprès de Harry. Il avait un mauvais pressentiment. Pourtant, la grotte était sûre. Rien ne menaçait l'adolescent dans l'immédiat. Il n'avait aucune raison de ne pas faire confiance à la moldue qui était avec lui. Il avait beau se répéter cela sans cesse, une chope d'anxiété continuait d'enserrer sa poitrine. « Pour l'instant, l'important est Harry, reprit-il. Maintenant que nous l'avons retrouvé, il faut trouver un endroit sur où il pourra rester. Nous devons trouver un moyen de prouver son innocence, et de lui rendre ses pouvoirs. Et dans l'immédiat il a besoin de voir Mme Pomfresh.

- Je n'oublie pas Harry, Sirius. Pour l'instant, il peut rester à Poudlard. Mais plus nous en sauront sur les événement qui ont abouti à la tragédie qui s'est déroulée il y a quatre jours, plus nous aurons de chances de prouver son innocence.

- Croyez-vous vraiment que Fudge gobera cette histoire ?

- Avez-vous une meilleure idée ? Rien de ce que nous pourrons dire ne fera admettre à Fudge qu'il s'est trompé au sujet de Harry, ou à votre sujet, d'ailleurs, tout comme rien ne lui fera admettre le retour de Voldemort. J'en suis parfaitement conscient. Très bien. Cette fois, nous ne pouvons plus attendre qu'il revienne à la raison. Nous ne passerons pas par lui pour divulguer la vérité. Je me flatte d'avoir une grande influence sur l'opinion publique. Et les gens ne demanderont qu'à me croire : beaucoup supportent mal la perte de leur golden boy. J'aurais préféré éviter d'en arriver là, mais Fudge ne nous laisse pas le choix.

Le temps s'écoulait lentement dans la petite grotte. La pénombre régnait depuis le départ de Sirius et de la lumière émise par sa baguette. Harry était couché dans un coin. Dormait-il ? Grace n'en avait aucune idée. Elle se demandait ce qui allait se passer maintenant. Lorsque Harry aurait rejoint la sécurité du château, qu'adviendrait-il d'elle et de Gabriel ? Elle n'était pas sûre d'avoir envie de continuer cette affaire. C'était beaucoup trop dangereux. Et, comme elle avait tenté de l'expliquer à Gabriel avant cette fameuse nuit, leur présence n'était pas nécessaire. Les sorciers n'avaient pas besoin d'eux. Pourtant, laisser là cette histoire, ne jamais en connaître la fin... Maintenant qu'ils y étaient impliqués, cela lui semblait presque impossible. Et elle savait que Gabriel n'était pas du genre à se laisser écarter. Il ne se rendrait peut-être même pas compte que ce Voldemort était différent des vampires ou des loups-garous qu'il avait affrontés.

Des bruits de pas au dehors. Grace se redressa. Les pas se rapprochaient. Gabriel et Sirius étaient-ils déjà de retour ? Non, il y avait beaucoup plus de monde. Peut-être ne s'agissait-il que de simples promeneurs... Mais les pas avaient un rythme décidé, qui n'était pas celui de flâneurs. Harry s'était redressé, lui aussi était inquiet, il regardait autour de lui comme pour chercher une cachette qu'il ne trouverait pas. Instinctivement, elle se rapprocha de lui, pour le protéger. Et un groupe d'une dizaine d'hommes fit irruption dans la grotte.

« Ministère de la magie, pas un geste, vous êtes en état d'arrestation ! »cria l'un d'eux.

Voilà, c'est tout pour cette fois. Merci aux lecteurs et reviewers. Vous êtes géniaux.

Oui, Csame, Harry est vraiment dans le pétrin. Et sa situation risque de ne pas s'arranger avant le chapitre 6 ( en fait, ça va empirer).

Juste une question pour Lunenoire : c'est quoi cette histoire de sifflet ?