Disclaimer : Croyez le ou non, rien n'est à moi dans cette histoire. Harry,
et tous ce qui va avec, est à madame Rowling. Et Gabriel and co sont à Jane
Jensen.
Chapitre 4 : Emprisonnés.
Dès qu'il en eut la possibilité, Sirius reprit le chemin de la grotte. Il était à peine sorti de Pré-au-Lard qu'il comprit que quelque chose n'allait pas. Partout, des sorciers vêtus de robes du ministère parcouraient la colline. Il n'eut pas à avancer beaucoup plus loin pour comprendre qu'ils avaient investi la grotte. Oubliant toute prudence, il courut au milieu des sorciers du ministère, jusqu'à la caverne où il avait laissé son filleul. Il arriva juste à temps pour voir Harry, encadré par deux Aurors qui se chargeaient également de le soutenir, sortirent de la grotte. Mais avant qu'il n'ait pu faire un signe au garçon, un portoloin fut placé entre ses mains, et il disparut.
Harry atterrit dans une petite pièce. Tout avait été tellement vite qu'il n'avait pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Les deux Aurors qui l'accompagnaient le jetèrent sur une chaise, à laquelle ils l'attachèrent, avant de quitter la pièce. Où était-il ? Il n'en avait aucune idée, mais il savait que, quel que soit cet endroit, il ne serait pas facile d'en partir. Il allait devoir affronter le ministère. Il revit la grande salle où s'étaient déroulées les procès des mangemorts, tout ce qu'il avait vu dans la pensine de Dumbledore. Mais, après tout, peut-être n'aurait-il pas droit à un procès. peut-être serait-il, comme Sirius avant lui, enfermé à Azkaban, sans qu'on lui laisse l'occasion de se défendre. Sirius. Pourvu qu'il ne se sente pas trop coupable, pourvu qu'il ne se mette pas en danger en essayant de le libérer !
Un sorcier grand et large, avec un visage carré et des cheveux bruns très épais, pénétra dans la pièce. Il prit son temps pour s'installer au bureau, et sortir un dossier qu'il se mit à feuilleter.
« Mr Potter, annonça-t-il, je suis Franck Parrish, et le ministre m'a chargé de votre dossier. Vous êtes accusé des meurtres de Mr Cédric Diggory et de Miss Susannah Purple. Vous êtes également accusé d'avoir utilisé pour vos méfaits le sortilège Avada Kedavra, ce qui est passible d'emprisonnement à vie à Azkaban. Avouez-vous ces crimes ?
- Je n'ai tué personne.
- Nous sommes prêts à nous montrer plus cléments si vous coopérez, Mr Potter. Vous avez quinze ans à peine, vous avez subi dans votre courte vie plus que n'importe qui. Cela n'excuse pas vos actes, loin de là, mais peut- être y avons-nous tous une part de responsabilité, après tout, à cause de la manière dont nous vous avons traité. » Il avait parlé d'une voix douce, en regardant le garçon droit dans les yeux.
« Je n'ai tué personne, répéta Harry. Et je ne sais pas lancer les sortilèges impardonnables.
- Très bien. » Le dignitaire changea brusquement d'expression et ses yeux se firent d'acier. « Reprenons donc les événements depuis le début, dans ce cas. Le vingt et un juin dernier, à l'issue du Tournoi des Trois sorciers auquel vous n'auriez, par ailleurs, jamais dû participer, Mr Diggory et vous disparaissez de l'enceinte de Poudlard, à la suite de quoi vous revenez, accompagné du corps de Cédric. Admettez-vous ces faits ?
- Oui.
- Pourriez-vous être un peu plus explicite ? »
Harry ne répondit pas. Il aurait pu raconter à cet homme tout ce qui avait suivi la troisième tâche, mais à quoi bon ? Il ne le croirait pas. Et tout cela était encore trop douloureux, le simple fait de penser à Cédric.
« Je crains qu'à ce rythme nous y passions des mois. » L'homme s'était levé et marchait de long en large en face de Harry. « Peut-être aurons-nous plus de chance avec le second crime ? Votre propre famille, ceux qui vous ont élevé, affirment que c'est vous qui l'avez commis. J'ajouterai que le directeur de Poudlard en personne s'était chargé d'ériger les protections autour de la maison où le meurtre a été commis. Personne ne pouvait pénétrer dans cette maison sans y avoir préalablement été invité par l'un des membres de la famille. Or, dans cette famille, vous étiez le seul sorcier. J'imagine que vous avez une bonne explication.
- Les barrières ont été détruites, répondit Harry.
- C'est vrai. Mais ceci pourrait n'être dû qu'à certains effets méconnus du sortilège mortel. Il est autrement presque impossible d'abattre une protection basée sur les liens du sang, surtout quand c'est Albus qui l'a lancée.
Harry soupira et commença à expliquer ce que Gabriel lui avait raconté, à propos de son arrivée. Comment il avait simplement utilisé le poignard. Il espérait que le moldu n'aurait pas d'ennuis à cause de lui. Le représentant du ministère l'interrompit au bout d'à peine quelques phrases.
- Vous avez beaucoup d'imagination, Mr Potter, ironisa-t-il. Donc un chasseur d'ombre, armé d'un poignard, a pénétré chez vous. Mais Miss Purple n'a pas été tuée d'un coup de poignard. Et si je me souviens bien, les chasseurs d'ombre sont des moldus.
- Ce n'est pas Gabriel qui a tué Susannah. C'est un Mangemort, une femme.
- Et à quoi ressemblait-elle, cette « Mangemorte » ?
- Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vue.
- Ah ! Et comment savez-vous qu'elle était là et que c'était un mangemort si vous ne l'avez pas vue ? Et pourquoi avez-vous pris la fuite ? »
Harry ferma les yeux un moment pour essayer de chasser les points lumineux qui dansaient devant lui. Il savait que ce qu'il disait était décousu, et manquait de sens. Il se redressa sur sa chaise et secoua la tête. Il disait la vérité, et cela devait se voir. Après tout, Grace confirmerait son récit. Et il expliqua ce dont il se souvenait de cette soirée fatale, passant seulement sous silence ce qui pourrait nuire à d'autres personnes, comme le fait que Sirius était bien accueilli à Poudlard. L'homme l'écouta attentivement, puis éclata de rire.
« Décidément, je crois que j'étais en dessous de la vérité. Vous devriez écrire des romans. Il y a plus de cinq cent ans qu'aucune pixie n'a été vue en Angleterre. Et il y a près de quatorze ans que les mangemorts ne font plus parler d'eux. Mais vous maintenez vos déclarations, je suppose ?
- Oui.
- J'ai presque envie de vous croire. Saviez-vous qu'il existe des moyens de mesurer le niveau magique d'une personne ?
- Non.
- Seriez-vous prêt à vous y soumettre ?
- Oui.
- Très bien. Et seriez vous prêt à refaire votre témoignage sous Véritasérum ?
- Oui.
- Réfléchissez bien, Mr Potter. Nous finirons par connaître la vérité. Mais plus nous passerons de temps à la découvrir, plus nous risquons de nous énerver. Je vais vous laisser repenser tranquillement à tout ça un moment. » L'homme fit un mouvement compliqué avec sa baguette. Quelques instants plus tard, un auror en uniforme entra dans la pièce.
« Emmenez-moi ce jeune homme en cellule quelques heures. Postez un Détraqueur et un garde devant la porte, et prévenez-moi s'il se décide à parler. Et faîtes venir la fille. »
Pendant qu'ils interrogeaient Harry, Grace avait été mise en attente dans un couloir, surveillée par un garde. Elle était furieuse d'avoir été traitée comme une criminelle, furieuse de la manière dont ils avaient traité Harry, qui était mineur, et furieuse contre Gabriel qui l'avait attirée là-dedans. Et c'est d'un pas décidé, bien différent de celui qu'avait adopté Harry, qu'elle pénétra dans le bureau. Elle prit la parole avant d'y avoir été invitée.
« J'aimerais savoir ce que je fais là ! Pourquoi m'avez-vous ainsi kidnappée et fait attendre dans un couloir ? »
L'homme qui se tenait dans le bureau prit le temps de se poser. Il fit signe à l'agent qui l'avait fait entrer, puis se tourna vers Grace et lui désigna une chaise. Contrairement à Harry, elle avait gardé sa liberté de mouvement. Ils ne semblaient pas la considérer comme dangereuse. Refusant de s'asseoir, elle vint se planter fermement devant le bureau. « vous faites une énorme erreur, Monsieur. J'ai des relations dans l'aristocratie, qui n'aimeront pas du tout me savoir ici. D'autre part, je suis citoyenne américaine et j'exige d'entrer en relation avec mon ambassade.
- Je crains que vous n'ayez mal compris votre situation, Miss. Nakimura, c'est exact ? répondit l'homme froidement. Le ministère de la magie ne dépend pas directement de la Grande Bretagne, nous nous moquons des relations diplomatiques. Et je doute que les représentants de la démocratie magique américaine vous aident beaucoup : vous êtes moldue. De plus, il fallait réfléchir aux conséquences de vos actes avant de protéger un criminel et de l'aider à s'enfuir. Maintenant, asseyez-vous avant que je ne vous attache, ajouta-t-il en sortant sa baguette.
Sa colère se transformant peu à peu en rage froide, Grace obéit en serrant les dents. L'homme eut un sourire glacial. « C'est mieux ainsi, Miss. Maintenant, laissez-moi vous expliquer comment la situation se présente. Il se trouve que j'ai l'appui total du ministre, ce qui, chez nous autres sorciers, signifie que j'ai à peu près tous les droits. Pour simplifier, disons que je peux vous condamner à une longue période à Azkaban. Mais j'imagine que cela serait injuste : vous êtes jeune, ce garçon est particulièrement doué pour duper les gens, je peux concevoir que vous ayez été touchée, qu'il ait réveillé vos instincts maternels. Si vous nous aidez en nous disant toute la vérité, nous pourrons oublier cette histoire, et ce soir vous pourrez rentrer aux Etats-Unis.
- Je crains que nous n'ayons pas la même définition de ce qu'est la vérité, siffla Grace.
- Pas d'impertinence, Miss Nakimura. N'essayez pas de m'énerver. Avez-vous déjà entendu parler d'Azkaban ?
- Je suppose que c'est une prison.
- Ce n'est pas n'importe quelle prison, miss. Il s'agit de la prison des sorciers, gardée par des Détraqueurs. J'imagine que vous ignorez ce que sont les Détraqueurs ? » Il continua sans lui laisser le temps de répondre. « Ils font partie des créatures les plus horribles que l'on puisse imaginer. Les Détraqueurs sont aspirent toute pensée heureuse toute joie, et vous laissent en compagnie de vos pires souvenirs. J'ai visité Azkaban à une ou deux reprises. La plupart des prisonniers finissent par devenir fous, certains se donnent la mort en refusant de s'alimenter pour échapper à leurs gardiens. Combien de temps pensez-vous que vous tiendriez ? »
Grace avait pâli. Elle sentait que le policier disait la vérité. Mais sa rage n'en était pas moins violente.
« Combien de temps pensez-vous qu'un adolescent comme Harry tiendrait ? répliqua-t-elle.
- C'est votre liberté qui est en jeu, ici. Racontez-moi ce qui s'est réellement passé.
- A quoi bon puisque vous semblez tellement déterminé à ne croire que ce que vous avez envie d'entendre ?
- J'ignore ce que Mr Potter vous a raconté sur le ministère de la magie, mais seule la vérité m'intéresse. Ne croyez pas que vous l'aidez en vous taisant. Avez-vous des preuves de son innocence ? Etiez-vous avec lui le soir où Susannah est morte ? Ou celui où Cédric a été tué ?
- Moi, non. Mais Gabriel a tout vu., et je ne vois pas pourquoi il m'aurait menti. Et j'ai vu ces hommes en noir qui pourchassaient Harry. Il est resté inconscient pendant près de vingt-quatre heures après ce fameux soir, aujourd'hui encore il tient à peine debout et devrait être au lit. Il n'est plus capable d'utiliser une baguette. J'ai connu pas mal d'aventures dans ma vie, et je ne suis pas naïve comme vous semblez le croire. Mon jugement sur les gens est généralement bon. Et je n'ai aucun intérêt à vous mentir.
- Dans ce cas dites-moi la vérité. »
Grace finit par s'exécuter. Elle raconta tout ce qui s'était passé depuis quelques jours, omettant simplement d'impliquer le collège Poudlard, ou de révéler la forme animagus de Sirius. Elle s'arrêta au moment où ils avaient atterri dans la grotte. L'homme l'écouta sans l'interrompre. Visiblement, il était plongé dans une profonde réflexion. Quand elle eût fini, il hocha la tête. L'interrogatoire se poursuivit quelques instants, puis l'homme agita de nouveau sa baguette. Grace fut emmenée dans une cellule au sous- sol, dont la porte fut magiquement fermée.
Après son départ, Parrish resta un long moment pensif à son bureau. Ces deux témoignages concordaient trop bien, et donnaient trop de détails pour avoir été inventés. Et certains points n'étaient pas expliqués par la thèse officielle. Pourquoi Harry se serait enfui sans sa baguette magique, par exemple. Ou l'état pitoyable dans lequel se trouvait le garçon. Il n'y avait pas de doutes dans son esprit : si les deux témoins étaient soumis au Véritasérum, leurs déclarations ne bougeraient pas d'un cheveu.
A vrai dire, cela ne surprenait pas tellement Parrish. Depuis des années, il était l'un des plus proches collaborateurs de Cornélius Fudge. En réalité, on aurait pu dire qu'il était la tête pensante de Fudge, celui qui faisait tourner l'état. Et, quand, à la fin du tournoi des Trois Sorciers, le ministre était revenu porteur de la terrible nouvelle de la mort de Diggory, tué officiellement par un ancien mangemort devenu fou, Parrish avait tout de suite compris que le ministre cachait quelque chose. La rapidité avec laquelle Fudge avait ensuite placé le crime sur le dos de Harry, ce qui rendait tout ce qui s'était passé avec le mage noir complètement dénué de sens, l'avait confirmé dans cette idée. Il ignorait ce qui s'était passé ce soir là, Fudge, avec un esprit d'initiative qui ne lui ressemblait pas, avait décidé de le garder pour lui.
Parrish alluma une cigarette, un luxe qu'il ne s'autorisait que rarement, et se mit à marcher de long en large dans la pièce. Après toutes ses années, Fudge se décidait à faire quelque chose sans l'en informer préalablement. Parrish ne ressentait pas cela comme un affront : il savait que le ministre s'effondrerait immédiatement s'il s'avisait de l'évincer. Mais cela représentait un réel danger : Fudge était à peu près aussi intelligent qu'un Veracrasse, et, s'il prenait une décision seul, il y avait de fortes chances pour que cette décision soit mauvaise. Sans Parrish, il n'aurait pas tenu deux mois en tant que ministre de la magie. Certains jours, Franck enrageait en songeant à tous les honneurs qui lui étaient dus et qui étaient rendus à Fudge. Mais il enrageait encore plus quand le ministre refusait de faire appliquer l'une de ses mesures. Car si Fudge était incapable de penser par lui-même, il refusait catégoriquement de se passer de l'avis d'Albus Dumbledore. A cause de cela, Parrish avait un pouvoir de réforme limité. Si seulement il avait pu avoir le pouvoir, contrairement à cet imbécile qui avait hérité du poste de ministre, il aurait pu faire les grandes modernisations dont avait besoin le pays : la régularisation des créatures semi-humaines, le traitement des Crackmol, il fallait aussi s'occuper d'urgence d'établir des normes pour l'acceptation des enfants issus de parents moldus, des règles de sélection bien plus strictes que celles qui existaient.
Et toutes ces réformes étaient impossibles, tant qu'elles étaient soumises à l'approbation d'Albus Dumbledore. Le vieil homme était intelligent, certes, mais il n'avait aucun sens pratique. Il s'appuyaient sur des principes moraux qui étaient sûrement parfaits pour enseigner aux enfants, mais on ne gouverne pas un pays avec de la morale. Dumbledore n'avait pas l'étoffe d'un homme politique, et il devait en être conscient puisqu'il avait refusé le poste de ministre. Heureusement, ces derniers temps, Fudge semblait avoir compris tout cela, en tout cas les relations du ministère avec Poudlard étaient loin d'être au beau fixe. Pourquoi. C'était encore une chose que Parrish ignorait. A vrai dire, c'était seulement rétrospectivement, en y repensant, qu'il s'apercevait qu'il n'avait pas été ennuyé, depuis quelques temps, avec les « Albus pense que » chers à Cornélius Fudge.
Quand cela avait-il commencé ? Toute l'année, pendant le tournoi des Trois Sorciers, Fudge avait été fourré à Poudlard, et il semblait tout à fait satisfait. Jusqu'à. Bien sûr ! Tout avait commencé ce fameux soir, le soir de la dernière tâche du tournoi des trois sorciers. C'était immédiatement en revenant que Fudge avait demandé que l'on revoie les programmes scolaires, ce qui l'avait surpris puisque Dumbledore avait généralement une totale liberté sur ce sujet. Leurs divergences concernaient quelque chose qui s'était passé ce soir là, et il devait absolument découvrir ce que s'était. Car cela augmentait considérablement les chances pour Fudge soit en train de faire une énorme bêtise : Dumbledore était peut-être idéaliste et un peu faible, mais lui, au moins, avait autre chose que du jus de citrouille entre les deux oreilles..
Parrish aurait pu aller trouver son patron pour lui demander des explications. Mais il connaissait bien Fudge. Il était faible, mais il pouvait se montrer très obstiné. S'il avait décidé de ne rien dire, il ne dirait rien. Son orgueil l'empêcherait de changer d'avis. Il pouvait bien sûr essayer de le piéger, mais il se doutait que ce n'était pas le genre de secret que l'on dévoile par inadvertance. Fudge ne dirait rien. Et jamais Parrish ne s'abaisserait à demander des explications à Dumbledore. Il devait trouver quelqu'un d'autre qui savait. Et ce n'était pas difficile. Il revit le regard hanté de Harry quand il avait mentionné cette fameuse nuit. Le garçon était au c?ur de tout cela, il était forcément au courant. Le problème, c'était que, lui non plus, il n'allait pas être facile de le faire parler.
Pendant que Parrish réfléchissait ainsi, et que le mégot de sa cigarette devenait de plus en plus petit, Harry était assis par terre dans un coin de sa cellule. Ses mains étaient serrées autour de ses jambes, il avait ramené ses genoux contre sa poitrine pour tenter de se réchauffer, et posé sa tête dessus. Tout son corps était agité de tremblements. De terribles pensées se bousculaient dans son esprit. L'horrible perspective de passer sa vie à Azkaban. L'idée que ses amis puissent l'abandonner là. Ou que Sirius puisse se faire prendre en tentant de le libérer. Sirius. Qu'avait-il fait en apprenant ce qui s'était passé ? Harry ne pouvait pas penser que son parrain s'était rendu à Poudlard demander l'aide de Dumbledore. Il ne pouvait pas penser à tous ceux qui étaient prêts à tout pour le libérer. Peut-être était-ce l'effet du Détraqueur qui attendait devant la porte. Ou peut-être simplement que le garçon était trop épuisé, trop choqué. Tout ce qu'il savait c'était qu'il était seul, dans un monde glacial et hostile. Et qu'il était trop fatigué pour se battre contre les forces qui le retenaient ici. Contre le ministère, contre cet homme qui l'avait interrogé et dont il ne connaissait même pas le nom. Même s'il parvenait à sortir d'ici, que restait-il de sa vie, maintenant qu'il avait été privé de sa magie ? Au moins, s'il mourait dans ces cachots, Voldemort n'aurait jamais la satisfaction de le tuer.
Harry ne bougea pas quand la porte de sa cellule s'ouvrit.
« debout ! » cria un garde. Le garçon n'eut aucune réaction, et l'homme dût venir le prendre par le bras et l'obliger à se lever. Harry se laissa reconduire dans la salle d'interrogatoire. Le garde fit mine de l'attacher de nouveau à sa chaise, mais celui qui posait les questions l'en dispensa.
« ce ne sera pas la peine, Matt, dit-il. Vous pouvez y aller. » Harry remarqua que l'attitude du fonctionnaire avait changé. Peut-être, s'il avait été moins abbatu, y aurait-il vu un espoir, peut-être aurait-il pu penser que l'homme commençait à le croire, que Grace l'avait convaincu. Ou peut-être se serait-il méfié, pensant que l'on cherchait à le prendre par la douceur. Mais dans l'état d'esprit dans lequel il se trouvait, Harry ne cherchait pas à analyser la situation, et l'observation traversa simplement son esprit troublé, sans s'y attarder.
Parrish observa un moment le garçon qu'il avait en face de lui. Il paraissait encore plus mal que quelques heures plus tôt. Il n'était pas difficile de voir que, physiquement, et surtout mentalement, il était à bout. Si une certaine force restait en lui lors du premier interrogatoire, il l'avait mobilisée pour raconter les événements des deux derniers jours. « Harry, demanda-t-il, est-ce que tu veux manger ou boire quelque chose ? » L'adolescent secoua simplement la tête. Parrish inspira profondément. Ca n'allait certainement pas être facile de le faire parler, et surtout de cette fameuse nuit. Le fonctionnaire savait qu'il devait poser des questions les plus directes possibles s'il voulait des réponses. Et surtout qu'il devait essayer de gagner la confiance de l'adolescent.
Il déplaça sa chaise et vint s'asseoir à côté du garçon.
« Harry, dit-il doucement, ton amie Grace a confirmé ce que tu as dit. Tu n'as pas tué Susannah. Est-ce que tu as tué Cédric ? » Harry ne fit pas un geste, ne montrant même pas qu'il avait entendu la question. Sans se découragé, Parrish reprit : « Je crois moi que tu ne l'as pas fait. Parce que personne ne le croyait avant cette histoire avec Susannah. Mais j'ai besoin que tu me dises ce qui s'est passé. Qui a tué Cédric, Harry ? »
Les paroles pénétraient peu à peu l'épais brouillard qui entourait le cerveau de Harry. Il finit par relever les yeux, et les plongea dans ceux de son interlocuteur. Mais il ne disait rien. Il ne voulait pas replonger dans la renaissance de Voldemort, dans tout ce qui s'était passé. L'homme ne sembla pas se décourager, et il reprit.
« Je comprends que ce soit douloureux pour toi, mais j'ai besoin de savoir. Personne d'autre ne peux t'aider, tu sais ? » Voyant qu'il n'obtenait pas de réponse, Parrish essaya de poser des questions moins dramatiques. « Harry, fit-il, toujours aussi doucement, sans montrer son impatience croissante, il y a autre chose que je dois savoir. Et je sais que tu connais la réponse. Pourquoi le ministre et le directeur de Poudlard se sont ils fâchés ? »
Cette fois, Harry réagit. Simplement parce que la question lui semblait tellement incongrue, tellement dérisoire par rapport aux autres. Il haussa les épaules, signifiant que cela n'avait pas d'importance.
« Très bien, alors si ce n'est pas important, dis moi ce qui l'est. je ne peux pas t'aider si tu ne m'aides pas. Qui tué Cédric ?
- Queudver, finit par répondre Harry.
- Qui ?
- Peter Pettigrew. » La voix du garçon était à peine un murmure, mais Parrish l'entendit distinctement.
- Peter Pettigrew est mort il y a quatorze ans, remaqua-t-il.
- Non. » Parrish décida que ce point n'était pas important et qu'il l'éluciderait plus tard. « Pourquoi Pettigrew a-t-il tué Cédric ?
- A cause de moi.
- Mais pourquoi ?
- Pour faire revivre Voldemort. Il n'avait pas besoin de Cédric, juste moi.
- Pour faire revivre Tu-Sais-Qui ? Serais-tu en train de te moquer de moi ? »
Mais c'était évident que Harry ne mentait pas. A moins qu'il n'ait totalement perdu la tête, il disait la vérité. Il reprit la parole, cette fois sans y avoir été invité.
« Fudge n'a pas voulu me croire non plus. C'est pour cela qu'il n'y a plus de relations entre Poudlard et le ministère... Mais vous saviez déjà tout cela, n'est-ce pas ? »
Quelques instants plus tard, Parrish renvoya Harry dans sa cellule, et laissa exploser sa fureur. Fudge n'avait-il donc pas une once de raison ? C'était tellement évident que le garçon disait la vérité ! Le ministre était-il seulement stupide, ou était-ce la lâcheté qui l'avait poussé à nier le retour du mage noir ? Comme si la politique de l'autruche allait être d'une quelconque utilité en ces circonstances... Si Voldemort était de retour, le peuple finirait par le savoir. L'intérêt du ministère était alors de se placer du côté de ceux qui le combattaient... C'était le moment ou jamais de faire jouer la longue amitié entre Fudge et Dumbledore, et l'imbécile n'avait rien trouvé de mieux que de se brouiller avec celui qui était toujours apparu comme un rempart.
Enfin, peut-être était-il encore temps de corriger le tir. Parrish allait avoir une longue conversation avec Fudge. Et, cette fois, le ministre allait tout lui dire. La situation était bien trop grave pour qu'il respecte les convenances en face de son supérieur.
Dumbledore avait réussi à obtenir des renseignements du ministère, et son visage était grave quand il fit revenir Sirius et Gabriel dans son bureau.
« Harry et Miss Nakimura sont dans les locaux du ministère, annonça-t-il. Fudge a confié les interrogatoires à Franck Parrish. Autant dire qu'ils ne sont pas tirés d'affaire.
- Qui est ce Parrish ?
- Le bras droit de Fudge. Peu de gens connaissent son existence, il vit dans l'ombre, mais c'est un technicien remarquable, un homme très intelligent. Il tirera tout ce qu'il peut de la situation, et je crains que ses intérêts ne soient pas vraiment les mêmes que les nôtres.
- Peut-être comprendra-t-il la vérité, s'il est si intelligent, remarqua Gabriel.
- Il s'apercevra sûrement que Harry ne ment pas. Le problème est que ce n'est pas parce qu'il connaît la vérité qu'il la rendra publique. Il dira ce qui l'arrange. Enfin, nous verrons bien ce qui va se passer. Je me demande s'ils vont enfin décider de faire quelque chose contre Voldemort...
- Nous ne pouvons pas laisser l'histoire se répéter, rugit Sirius. Nous ne pouvons pas les laisser faire à Harry ce qu'ils m'ont fait !
- Sirius, s'il vous plaît, fit fermement Dumbledore. Harry n'est pas du tout dans la même situation que vous. Nous sommes nombreux à le croire, vous étiez seul. Malheureusement, il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Nous devons le sortir d'ici le plus vite possible.
- Et Grace ? demanda Gabriel. Que va-t-il lui arriver ?
- Je ne crois pas que Miss Nakimura les intéresse beaucoup, Mr Knight. Ils la relâcheront probablement dans quelques temps.
- Combien de temps ? Elle n'a rien à voir avec tout ça. C'est moi qui l'ai entraînée là dedans, je ne veux pas qu'elle paie les pots cassés. J'ai l'impression que vous l'oubliez.
- Personne ne l'oublie, soyez en sûr.
- Mais Harry est accusé de meurtre ! » Les yeux de Sirius lançaient des éclairs, tous son visage était crispé, il ressemblait plus que jamais à un criminel bien qu'il soit propre et bien habillé. « Ne croyez-vous pas que le reste est secondaire ? Je me demande ce que dirait James s'il savait que nous avons laissé cela arriver à son fils ! Pourquoi n'avons nous rien senti venir ? Comment avons-nous pu laisser Harry tomber si bas ?
- Nous ferons sortir Harry, Sirius, je vous le promets. Et si le ministère ne veut rien entendre, nous devrons agir contre lui. J'aurais voulu éviter d'en arriver là, cependant." Il s'interrompit un moment. "Sirius, voulez- vous nous laisser une minute, s'il vous plaît ?
Sirius parut sur le point de protester, mais il se leva brusquement, et sortit en claquant la porte. Gabriel resta seul dans le bureau, en face du vieux sorcier. Il n'aimait pas la manière dont tous les sorciers obéissaient au directeur, et il avait la très nette impression que celui-ci détenait des informations qu'il gardait pour lui. Pourtant, il ne pouvait pas se résoudre à engager une conversation directe avec le vieux sorcier, à le questionner comme il le faisait si souvent au cours de ses enquêtes. Il se dégageait de lui une aura trop puissante. Et ces yeux bleus pointés sur lui l'intimidaient, même s'ils souriaient derrière les lunettes en demi- lune. Finalement, ce fut Dumbledore qui prit la parole en premier.
« J'ai l'impression que vous bouillez intérieurement, Mr Knight.
- Je crois qu'il y aurait d'autres moyens de les délivrer.
- Feriez-vous allusion à une évasion "musclée" ? Le ministère est extrêmement bien protégé.
- La maison de Harry l'était aussi.
- Si nous devons affronter le ministère, nous devons le faire publiquement. C'est le seul moyen pour que le problème soit réglé rapidement. Nous avons besoin que Fudge revienne à la raison si nous voulons avoir une chance contre Voldemort.
- Ce n'est pas votre Voldemort qui tient Grace et Harry en ce moment. Ce n'est pas lui la priorité.
- En êtes vous sûr, Mr Knight ? Croyez-vous que votre amie accepterait que sa libération compromette l'avenir du monde ?
- Mais combien de temps cela va-t-il vous prendre ?
- Le moins longtemps possible. En attendant, vous êtes le bienvenu si vous souhaitez rester à Poudlard.
- Si ça ne vous dérange pas, je préférerais retourner dans mon monde. Ce n'est pas que votre château ne soit pas accueillant, mais je n'aime pas beaucoup les endroits dont je suis incapable de sortir seul. »
Jamais Gabriel ne s'était senti aussi nu devant un regard qu'il l'était à cet instant. Il s'était toujours flatté d'être dur à déchiffrer, mais le vieux directeur lisait en lui comme dans un livre, et ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Le sourire avait disparu de son visage quand il demanda :
« Pourrais-je savoir quels sont vos projets quand vous aurez rejoint « votre monde », Mr Knight ?
- Oh, rien de précis.
- Vous êtes adulte et je ne peux pas vous retenir si vous voulez partir. J'imagine cependant que votre intention n'est pas de regagner Rittersberg. Soyez très prudent, Mr Knight. Vous avez déjà fait l'expérience de ce dont certains sorciers sont capables.
- Croyez-moi, ils ne sont pas pires que les vaudous de la nouvelle-Orléans, ou que des vampires.
- Mais ils sont bien plus nombreux.
- Je n'ai pas l'intention de me battre contre Lord Voldemort. Je vous laisse ce soin. Mais puisque le témoignage de Grace ne suffit pas à faire éclater la vérité, et puisque vous avez l'air de penser que le mien n'améliorerait pas beaucoup la situation, je vais devoir trouver une autre solution. Maintenant, si vous pouviez me montrer comment on sort d'ici. »
Dumbledore inspira profondément.
« Très bien. Ceci - il lui donna une boule argentée - vous permettra de quitter l'école. Direction Londres. J'imagine que vous savez déjà vous servir d'un portoloin. En cas de besoin, vous pourrez également vous en servir pour revenir à Poudlard. Mais ne le laissez pas tomber entre de mauvaises mains.
- Merci. Bonne chance, Monsieur.
- Ceci, ajouta le vieux sorcier en lui tendant une boule rouge, devrait nous permettre de rester en contact. C'est un peu l'équivalent de ce que vous appelez un Talkie-walkie.
- Je ne vois pas le bouton pour parler.
- Le téléparole s'active quand vous le prenez en main. Je vous préviendrai si nous avons du nouveau au sujet de votre amie. N'hésitez pas à en faire usage si vous avez des questions. Ou si vous avez des renseignements à nous communiquer.
- Ok. Je vous appellerai si je trouve quelque chose.
- Je vous demande une nouvelle fois de faire attention. Si vous trouvez la personne qui s'est introduite chez Harry ce soir là - car c'est ça que vous cherchez, n'est-ce pas ? - n'essayez pas de l'arrêter vous-même. Nous n'avons pas besoin de victimes supplémentaires. Oh, et une dernière chose : évitez d'utiliser votre vrai nom : il est probable que Harry et Miss Nakimura vous ont cité, et que le ministère vous cherche.
- Très bien. A bientôt, professeur. »
Gabriel toucha la boule, et atterrit dans une ruelle de Londres. L'endroit était sinistre, et le pub miteux qui semblait être le seul lieux ouvert au public, ne lui inspirait pas confiance. Après quelques minutes de marche, le Schattenjäger rejoignit une rue plus animée. Il entra dans un bar.
« Je peux téléphoner ? demanda-t-il au barman, qui lui tendit un téléphone d'un air indifférent. A son grand soulagement, Mosely était encore en Angleterre, et il décrocha lui-même après deux sonneries.
« Knight, c'est toi ? demanda le policier.
- Non, c'est le dieu des policiers bedonnants et à moitié chauves. Bien sûr que c'est moi.
- On peut dire que vous avez fait un certain effet en disparaissant comme ça. Comment vous avez fait pour fuir sans vous faire voir ?
- A ton avis ? Il y avait des sorciers dans la voiture.
- Tu m'as encore l'air de super bonne humeur. J'imagine que c'est vrai qu'ils ont fini par arrêter Harry. J'avoue que je m'attendais un peu à ce qu'ils t'arrêtent en même temps que lui. Après tout tu l'as caché pendant tout ce temps.
- Je n'étais pas avec lui. Mais il y a plus grave, Mose. Ils ont emmené Grace.
- Quoi ? Bordel, Knight, comment t'as pu la laisser seule ?
- Eh ! ça va, ça fait des heures que je me pose la même question. Mais c'est pas le moment. J'ai besoin d'un moyen de transport, Mose. Je veux retourner à la maison de Mme Stevens.
- T'es pas un peu fou ? Je te rappelle que sans Gracie tu t'en serais pas tiré la dernière fois.
- La dernière fois, j'avais Harry avec moi. Les mages noirs n'ont plus aucune raison de s'en prendre à moi maintenant.
- Mais qu'est-ce que tu veux aller foutre là-bas ? Tu vas quand même pas faire tout ce chemin pour récupérer ta lotion capillaire ?
- Je veux récupérer l'ordinateur de Grace. Et j'ai laissé des papiers au sujet de Mrs Stevens. Celle-là j'aimerais bien avoir une grande conversation avec elle.
- D'accord, je passe te prendre. Où est-ce que t'es ?
- t'es pas obligé de venir avec moi, tu sais ?
- Bien sûr ! D'abord ma caisse viendra pas toute seule. Et en plus, je connais ta manière de conduire, Knight. C'est totalement hors de question que je te laisse ma voiture.
- D'accord. Merci, Mose, je te revaudrai ça. »
En début de soirée, la voiture de location de Mose s'arrêta dans l'allée de la villa. Comme Gabriel s'y attendait, celle-ci était vide, et toutes leurs affaires s'y trouvaient encore. Elles ne semblaient pas avoir été fouillées. Les Mangemorts ne semblaient pas beaucoup s'être intéressés à eux, si ce n'est bien sûr pour se servir de Gabriel.
« Et maintenant ? demanda Mose.
- Je dois m'imprimer de nouveaux papiers d'identité. Mon nom commence à être beaucoup trop connu.
- Et tu peux faire ça avec ton ordi ? Tu sais que je devrais t'arrêter ?
- Commence pas. Tu faisais bien pire quand on était au lycée. J'ai deux trois coups de fil à passer, aussi.
- Ok. Je vais faire un tour au commissariat, à Little Whining. Je reviens d'ici quelques heures.
- D'accord. »
Une fois son ami parti, Gabriel ouvrit le portable et s'occupa de son problème de papiers. Puis il décrocha le téléphone et composa le numéro de son château en Allemagne.
« Château Ritter ? répondit la voix de Gerde.
- Gerde ? C'est Gabriel.
- Oh ! Bonjour. Comment se passe votre affaire ? Vous êtes toujours en Angleterre ?
- Toujours. J'aurais besoin que vous fassiez quelques recherches pour moi.
- Bien sûr. Mais je croyais que Grace vous avait rejoint ?
- Elle n'est pas disponible pour l'instant. De plus, je voudrais que vous regardiez dans les journaux de mes ancêtres. Dans ceux de Wolfgang en particulier. » Il avait hésité sur la dernière phrase. Il savait que Gerde avait follement aimé son oncle Wolfgang, malgré leur différence d'âge, et il redoutait que ce ne fût dur pour elle. Mais l'allemande ne sembla pas trop troublée. « Bien sûr, dit-elle. A quel sujet ?
- Tout ce qui concerne les sorciers, les mages noirs, et un certain Albus Dumbledore.
- Albus, vous dites ? Wolfgang en parlait souvent. C'était un de ses plus proches amis.
- C'est ce qu'il m'a dit. J'imagine que je peux lui faire confiance. Regardez quand même dans les journaux de Wolfgang. Comment ils se sont connus, par exemple. Mon oncle a du avoir affaire à des sorciers à une époque.
- D'accord, je vais regarder. Vous avez une adresse ou un numéro de téléphone, pour que je vous communique les résultats ?
- Je vous rappellerai.
- D'accord. Au fait, votre cliente à appelé.
- Mrs Stevens ? Qu'est-ce qu'elle voulait ?
- Simplement savoir si vous étiez rentré, et où vous étiez. Elle n'arrivait pas à vous joindre dans la maison qu'elle vous prête, et elle demande que vous la rappeliez au plus tôt.
- Quand a-t-elle appelé ?
- Hier. En début de soirée. Je lui ai dit que je ne savais rien de votre enquête.
- Ca m'étonnerait qu' elle rappelle, mais au cas où, surtout vous n'avez pas entendu parler de moi depuis mon départ.
- Compris.
- Je vous rappelle dès que possible.
- Soyez prudent. Et transmettez mes amitiés à Grace. »
Si Fudge fut surpris de voir Parrish débarquer ainsi dans son bureau sans frapper, il le cacha bien et accueillit joyeusement son bras droit.
« Alors, Franck, où en êtes-vous avec Potter ? A-t-il avoué ?
- Il m'a appris des choses intéressantes. Mais pas vraiment celles que je m'attendais à entendre. Notamment sur les événements du mois de juin. Il a également laissé entendre que vous saviez tout.
- Tout quoi ? Vous savez, c'est un menteur pathologique et.
- Il ne ment pas, Cornélius. C'est évident. Son témoignage et celui de la fille qui était avec lui concordent parfaitement. Et si on retrouvait l'homme qui les a accompagnés jusque là, je suis sûr qu'il dirait également la même chose. Or ils n'ont aucune raison de le soutenir.
- Harry les a menés en bateau !
- Enfin, Cornélius, quand accepterez-vous l'évidence ? Harry Potter n'a pas tué Susannah Purple, ni Cédric Diggory. Nous avons pu suivre ce portoloin jusqu'à cette grotte. Mais à votre avis, que faisait Harry à Pré-au-Lard ?
- Comment voulez-vous que je sache ce qui se passe dans son esprit dérangé ?
- Il essayait de regagner Poudlard, voilà ce qu'il faisait. Parce que Dumbledore savait qu'il était innocent. D'ailleurs, il a essayé de vous prévenir.
- Dumbledore protège des géants et des loups-garous.
- Et vous savez très bien ce que je pense de lui. C'est vous qui avez défendu ses privilèges pendant toutes ces années, il me semble. Mais il n'aurait pas cru à cette histoire de Vous-Savez-Qui sans de bonnes raisons. Cette fois, Cornélius, vous allez me raconter ce qui s'est passé le soir de la troisième tâche. Tout ce qui s'est passé.
- Interrogez donc Potter, puisque vous le croyez. Et je vous rappelle que je suis le Ministre de la Magie, pas vous. Vous n'avez absolument pas le droit de me parler sur ce ton.
- J'essaie de vous sauver la mise. Croyez-vous que tout cela va rester secret, que Vous-Savez-Qui, s'il est de retour, va rester tranquillement dans son coin ? Si c'est lui qui a programmé l'attaque contre Potter, il ne va pas en rester là, croyez-moi. Et si les gens apprennent que vous étiez au courant, et que vous n'avez rien fait, si ce n'est mettre ses crimes sur le dos de leur héros, il risque d'y avoir quelques mécontents. Vous allez tomber, Cornélius. Et moi avec. »
Le ministre avait pâli sous l'accusation, et il baissa les yeux. « Demandez à Potter, dit-il. Diggory et lui ont disparu en touchant le trophée, personne n'a rien vu.
- Potter n'est pas en état de me raconter ça, et je suis sûr que vous avez entendu toute l'histoire. Il est peut-être encore temps d'agir, Cornélius. Mais nous devons faire vite. Dumbledore ne va certainement pas rester inactif, maintenant que vous avez arrêté un de ses élèves pour des crimes qu'il n'a pas commis. »
Fudge soupira, et raconta ce qui s'était passé le soir de la troisième tâche, et ce qu'il savait de l'histoire de Harry.
« C'est totalement invraisemblable, n'est-ce pas ? conclut-il. Une potion pour retrouver son corps.
- C'est parfaitement réaliste, au contraire. Je connais cette potion. Ignorez-vous pourquoi je suis condamné à travailler dans l'ombre ?
- Non, bien sûr.
- Mon père était un maître de Potions clandestin. Et, une fois il a fabriqué celle-ci pour un de ses clients. Un dictateur africain. Et ça a très bien marché. Cependant, il est mort peu après dans des circonstances suspectes. Je crois que ça avait un rapport avec cette potion. Je me rappelle encore mon père éclater de rire, et je crois qu'il a dit quelque chose à propos des petites lignes dans la notice d'utilisation. Je me demande à quoi il faisait allusion. Si nous pouvions nous servir de ça contre Voldemort.
- Vous croyez qu'il y a un moyen ?
- Je l'espère. Car ce serait le meilleur moyen de couvrir votre bêtise : tuer Voldemort avant que le public n'ait eu le temps de s'apercevoir de son retour. Mais j'ignore si nous le pourrons. Il doit connaître, lui, ce que mon père appelait les petites lignes.
- Que ferons-nous si vous ne trouvez pas ?
- Dans ce cas, je crains le pire. Nous pourrons peut-être essayer de garder secret le fait que vous saviez tout depuis juin, et présenter toute l'histoire comme un complot pour discréditer Harry, que nous aurions brillamment déjoué, mais tout dépend de ce que va faire Dumbledore. Nous devrons improviser.»
A ce moment, un coup sec fut frappé à la porte, et Lucius Malefoy entra dans le bureau.
- Bonjour, Cornélius.
- Lucius ? Que puis-je pour vous ?
- Je viens m'assurer du sort d'un prisonnier. En fait, Franck, je suis heureux de vous voir, car cela vous concerne. Il s'agit de Harry Potter.
- Et que voulez-vous, au sujet de Potter ? demanda Parrish d'un ton neutre. Il n'avait aucun doute sur le fait que Lucius Malefoy était un Mangemort, et le fait qu'il se préoccupe du sort de Harry lui paraissait plus que suspect.
- je voulais simplement m'assurer que vous respectiez les lois de notre peuple sur la justice des mineurs. Je sais que certaines personnes ont tendance à s'emballer quand des crimes aussi abominables sont commis.
- Depuis quand défendez-vous les criminels, Lucius ?
- Depuis qu'ils ont l'âge de mon fils, sans doute. Et aussi depuis que je suis membre du Conseil de Régulation. Je ne peux pas croire qu'un gamin de cet âge soit foncièrement mauvais. On a dû le pousser dans la mauvaise direction, pour qu'il en arrive là.
- Je ne savais pas que Drago était l'ami de Harry.
- Il ne l'est pas. Il ne sont pas dans la même maison. Mais il l'a toujours eu pitié de lui. Drago pense que la raison de Harry l'a lâché après tout ce qu'il a subi. Et il presque certain que les moldus chez qui il vivait le maltraitaient. C'est pourquoi je me permets d'intervenir en faveur de ce garçon, même si, bien sûr, il est normal qu'il reçoive un châtiment sévère après ce qu'il a fait. »
Parrish était impressionné par la maîtrise avec laquelle Malefoy proférait ces mensonges. On avait presque envie de le croire. Mais Lucius avait toujours été un des maîtres de l'hypocrisie.
« Harry est parfaitement bien traité, répondit-il froidement. Je n'ai pas pour habitude de torturer les gens que l'on me confie. Il y a d'autres moyens de mener un interrogatoire.
- Bien sûr, mon cher Franck, je ne voulais absolument pas vous accuser de quoi que ce soit. Mais j'avoue que le Conseil est inquiet, d'autant plus qu'il nous est revenu que Harry était malade.
- Et si c'était le cas ?
- Vous devriez le faire soigner. Cela fait partie de ses droits.
- Ces droits n'ont jamais été appliqués, vous le savez aussi bien que moi. Cela date de l'époque où nous n'avions même pas le temps de juger tous les mangemorts que nous arrêtions.
- Vous avez le temps aujourd'hui. Et imaginez le scandale si Harry venait à mourir dans les cachots du ministère ?
- Franck, intervint Fudge, pourquoi n'emmenez-vous pas Lucius voir Harry, qu'il puisse vérifier par lui-même ?Et, après tout, pourquoi ne pas le faire transférer, si cela peut rassurer le conseil ? »
Harry avait retrouvé son coin de cellule. Un garde lui avait laissé un plateau auquel il n'avait pas touché. Il n'avait pas envie de se nourrir, il n'avait pas envie d'aller mieux. Il n'avait pas envie de continuer, de se battre pour survivre. A quoi bon ? Des pas dans le couloir. Probablement un garde qui venait chercher le plateau.
« Alors, fit la voix qui l'avait interrogé tout à l'heure, vous voyez bien que nous ne l'avons pas frappé. Il a été nourri correctement, même s'il n'en a pas voulu.
- Je ne vous accusais pas. Mais je maintiens qu'il serait mieux dans un service de santé. Harry, est-ce que tu m'entends ? »
Cette voix. Harry la connaissait, mais impossible de la situer. Il releva la tête, et eut un mouvement de recul en apercevant Lucius Malefoy agenouillé devant lui.
« Partez ! siffla-t-il. Laissez-moi. N'en avez-vous pas fait assez ?
- Je suis là pour t'aider, Harry.
- Ce n'est pas la peine de mentir. Je sais ce que vous êtes. Etes-vous venus contempler votre triomphe, pour aller ensuite faire un rapport à votre maître ?
- Je ne comprends rien à ce que tu dis. » Malefoy se tourna vers Parrish. « Il délire, dit-il. Nous ne pouvons pas le laisser comme ça.
- Il ne délirait absolument pas quand je l'ai interrogé. Et je ne crois pas non plus qu'il délire maintenant.
- Qu'insinuez-vous, Parrish ? » Malefoy s'était redressé, et faisait face à l'autre sorcier, ses yeux gris aussi durs que de l'acier.
- Mais rien du tout, répondit l'autre d'un ton apaisant. Et puisque Fudge est d'accord avec vous, je vais faire venir un médecin. Il ne sera pas dit que j'ai laissé mourir un prisonnier.
- Je n'en attendais pas moins de vous. Au revoir, Harry. »
Harry s'était levé, et il ne quitta pas Malefoy des yeux jusqu'à ce que celui-ci ait quitté la cellule. Une telle haine se lisait dans son regard, que nul n'aurait eu de mal à imaginer, à cet instant, qu'il était un assassin. Lorsque ses deux visiteurs eurent disparu de son champ de vision, cependant, il commença à se poser des questions. Pourquoi Malefoy était-il venu ici ? Et pourquoi avait-il insisté avec une telle intensité pour que Harry soit soigné ? Il s'imaginait que les mangemorts auraient souhaité qu'il meure dans cette cellule, pour être définitivement débarrassés de lui. Voldemort avait-il en réserve un autre plan machiavélique où Harry était impliqué ? Mais il avait essayé de le tuer au mois de juin. Peut-être souhaitait-il simplement qu'on lui confirme que c'était bien Harry qui avait été arrêté, et Malefoy n'avait pas trouvé d'autre moyen de le voir. quoi qu'il en soit, dans sa situation actuelle, il se sentait protégé contre les mages noirs. Et c'était peut-être le seul avantage.
« Hermione ! comment peux-tu avoir la tête à lire alors qu'on ne sait même pas si on reverra Harry un jour ? » Les deux adolescents s'étaient isolés dans la chambre de Ron. Mais pendant que celui-ci échafaudait une liste de plans pour faire évader Harry, son amie s'était plongée dans la lecture d'un livre que ses parents venaient de lui envoyer.
- Je m'occupe l'esprit. Ca n'aidera pas beaucoup Harry si nous passons la journée à nous morfondre.
- Tu crois vraiment que tu l'aides, là ? En plus je croyais que tu avais déjà lu tous les bouquins au programme !
- Et alors ? » Elle tourna une page. « Mais c'est vrai que ce livre est loin d'être un chef d'?uvre, ajouta-t-elle.
- Alors pourquoi tu le lis ? Tu crois que nous pourrions nous arranger pour lui faire parvenir sa cape d'invisibilité ?
- Il n'a pas le droit de recevoir du courrier. Arrête, Ron, personne n'a jamais réussi à s'évader des cellules du ministère. Et quant à ce livre, je le lis pour en apprendre plus sur Gabriel Knight. C'est lui qui l'a écrit.
- C'est un écrivain, ce type ? Je ne m'en serais jamais douté. Fais voir. Crimes de sang, ça m'a l'air assez intéressant, pour une fois.
- L'histoire pourrait être assez intéressante, mais c'est plutôt mal écrit. C'est à propos de vampires. Ca se passe en France, et il y a en arrière plan des recherches historiques, sur les templiers et le Saint Graal. Le problème, c'est qu'il se contente de dire que l'assistante du héros les fait, et qu'il ne donne aucun détail. Je trouve ça plutôt frustrant. Ce serait quand même plus instructif que les courses en moto qu'il raconte.
- Mais à part toi, qui irait s'intéresser aux Templiers ? Et d'abord, qu'est-ce que c'est que les Templiers ? »
Hermione soupira : « C'est un ordre de chevalerie qui existait en France au Moyen-âge.
- Crois-moi, les vampires, c'est beaucoup mieux. Mais je croyais que les moldus ne croyaient pas à leur existence ?
- C'est une fiction, et les moldus aiment bien retrouver des éléments de notre monde dans leurs histoire. Mais je ne suis pas sûr que cette histoire soit vraiment une fiction. Je crois que Mr Knight raconte dans ses romans des aventures qui lui sont réellement arrivé, en modifiant simplement les noms des personnages.
- Comment ça ?
- Le héros de cette histoire est un chasseur d'ombres, non ? Son assistante est d'origine asiatique, tout comme cette Miss Nakimura qui a été arrêtée avec Harry. Enfin, parce que c'est comme ça qu'il présente les choses. Son héros est aussi un écrivain qui fait passer son récit pour une fiction.
- D'accord, et ça t'avance à quoi ?
- Je me renseigne, c'est tout.
- Tu es sure ? Il a de beaux cheveux blonds et des yeux verts. J'en ai connu un autre dont tu savais les livres par c?ur.
- Ron ! je n'ai plus douze ans ! Le syndrome Lockhart, ça m'a passé, merci bien. En plus, ce n'est pas du tout mon genre.
- Vraiment ? Et c'est quoi ton genre ?
- Tu m'excuseras mais je n'ai pas envie de discuter de ça avec toi, et surtout pas maintenant. » Hermione reposa le livre. « Je voulais juste me faire une idée sur cet homme. Mais je crois que j'en sais assez. » Elle consulta sa montre. « Tu crois que ton père est rentré ?
- Non, ils seraient venus nous chercher. Hermione, tu crois que c'est possible qu'on ne puisse pas le faire sortir de là ? Qu'on ne le revoie jamais ?
- Non. Je ne veux pas le croire. Pas alors que c'est tellement évident qu'il n'a rien fait. Mais d'un autre côté. S'il ne retrouvait jamais sa magie, peux-tu imaginer la vie à Poudlard sans lui ? Et imagine ce qu'il doit vivre en ce moment ! S'il n'était plus jamais comme avant ?
- Il est plus fort que ça. Après tout, il a déjà surmonté beaucoup, il surmontera ça aussi. On l'aidera. Mais en ce moment, il est tout seul. Et on n'a aucun moyen de le faire sortir. Je hais Fudge.
- Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est qu'il ait réussi à retourner aussi rapidement l'opinion publique. Tout le monde a oublié la première chute de Voldemort. Personne ne s'est posé aucune question. Harry doit se croire abandonné ! Si seulement nous pouvions lui faire parvenir un message, lui dire que nous sommes avec lui !
- Papa essaie d'obtenir l'autorisation d'aller le voir, mais il a peu de chances d'y arriver. Fudge sait très bien les liens que nous avons avec Harry. »
Il y eut un silence, puis Hermione s'écria : « Eh ! je crois que j'ai une idée ! Il y a quelqu'un qui peut se déplacer au ministère comme elle le veut !
- Qui ? La femme de Fudge ?
- Mais non ! Rita Skeeter, bien sûr !
- Et comment comptes-tu la convaincre de t'aider ? Aux dernières nouvelles, ce n'était pas le grand amour entre vous deux.
- Je lui ai fait promettre de ne plus écrire. Si je la libère de sa promesse en échange de ce petit service, je suis sûre qu'elle ne sera que trop heureuse de s'en charger. Et en plus. » Le visage de la jeune fille s'illuminait au fur et à mesure que les idées lui venaient, et son enthousiasme était contagieux.
« Et en plus ? demanda Ron d'une voix excitée. Tu crois qu'elle peut le faire sortir ?
- Non, mais aider, peut-être. Rita Skeeter est connue, les gens croient ce qu'elle raconte. Même quand ce n'est qu'un tissu de mensonges. Imagine que nous lui racontions la véritable histoire ? Si elle la publie, on la croira.
- Mais sa spécialité, d'habitude, c'est plus de détruire la vie des gens que de la sauver. Elle ne trouvera peut-être pas ça intéressant.
- Pas intéressant ? Et les révélations sur la lâcheté et les mensonges de Fudge ? C'est tout à fait le genre de détails qu'elle aime répandre. Et, franchement, lui, elle peut le détruire autant qu'elle veut, je n'en ai absolument rien à faire ! Et puis, de toute façon, qu'est-ce qu'on risque ?
- Rien. Je suis d'accord. On peut envoyer Coq à Rita immédiatement. » Ils finissaient d'écrire la lettre quand Fred passa la tête. « Papa est en route, dit-il. Et on dîne dans deux minutes.
- On arrive », dit Ron. Ils attachèrent la lettre au petit hibou de Ron, qui s'envola immédiatement, puis dévalèrent l'escalier. Mr Weasley était déjà rentré. Sa femme, les jumeaux et Ginny l'entouraient et le pressaient de questions.
« Alors ? demanda Ron. Tu as vu Harry ?
- Non, je n'ai pas obtenu l'autorisation. Mais Percy va essayer aussi. Il a l'appui de son nouveau patron. Mais j'ai des nouvelles. Harry vient d'être transféré, sous avis médical, au service haute sécurité de Ste Mangouste.
- Comment ? S'exclama sa femme. Mais c'est affreux ! Je croyais qu'ils n'envoyaient là-bas que des prisonniers mourants ! »
Les enfants Weasley et Hermione fixèrent les deux adultes avec horreur.
- A ce qu'on m'a dit, Harry ne va pas si mal que ça. Il semble qu'un haut dignitaire ait fait pression pour qu'il soit traité le mieux possible. Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est pourquoi.
- Peut-être s'agit-il de quelqu'un qui croit Harry et qui a pitié de lui. Ils ne sont pas tous stupides au ministère.
- Avec n'importe qui d'autre, ce serait possible, mais il se trouve que ce mystérieux protecteur n'est autre que Lucius Malefoy. »
La stupéfaction se peignit sur tous les visages, puis Hermione s'écria : « Il faut le sortir de là ! Lucius doit penser qu'il sera plus facile de capturer Harry quand il sera sorti du ministère !
- Je ne crois pas, dit Arthur Weasley. Le service haute sécurité de Ste Mangouste est un des endroits les mieux protégés. Les prisonniers sont presque totalement isolés du monde extérieur. Et un ?il magique est placé dans chaque chambre, transmettant en permanence des images au ministère.
- Mais dans ce cas que cherche-t-il ?
- Peut-être cherche-t-il simplement à éviter que Harry ne dévoile trop tôt ce qu'il sait. Il doit avoir peur que les gens le croient. C'est la seule explication que j'ai trouvée, mais elle ne me satisfait qu'à moitié.
- En as-tu parlé à Dumbledore ?demanda sa femme.
- Oui. Cela n'a pas paru l'étonner. Il avait même l'air soulagé. Quoi que fasse Malefoy, j'imagine que ce n'est pas contre nous. Du moins pas dans l'immédiat. Mais ça m'étonnerait qu'il n'ait pas une idée derrière la tête.
- La chambre de Harry sera surveillée vingt-quatre heures sur vingt- quatre ? demanda soudain Hermione. Elle lança un regard à Ron, qui comprit ce qu'elle voulait dire. Rita Skeeter n'allait pas pouvoir lui porter de message.
- Oui, et tout sera enregistré, répondit Mr Weasley en se méprenant sur la raison de leur inquiétude. Vous n'avez aucune raison de vous faire du soucis. »
Une odeur désagréable commença à monter de la cuisine, et Mrs Weasley sauta soudain sur ses pieds.
« Oh mon dieu ! le dîner ! Venez vite à table ! Tant pis pour Percy, il nous rattrapera. »
La soirée ne fut pas particulièrement joyeuse ce soir là chez les Weasley. Même les jumeaux semblaient ne pas avoir le c?ur à s'amuser. Tous allèrent se coucher de bonne heure, en espérant que la journée du lendemain apporteraient enfin de bonnes nouvelles.
Rita Skeeter s'apprêtait elle aussi à se coucher. Depuis le mois de juin, depuis que cette horrible petite sorcière l'avait soumise à un odieux chantage, ses jours s'écoulaient lentement. Trop lentement. Elle n'avait jamais supporté l'inaction. L'écriture était sa vie, elle n'existait pas en dehors de son métier. Aussi quand elle eut lu la lettre que lui avait apportée un minuscule hibou, un grand sourire se dessina sur son visage. D'un coup de baguette, elle fut habillée et prête à l'action. Rita Skeeter était de retour. Et avec un scoop plus terrible que jamais. Finalement, la petite peste serait peut-être celle qui finirait de lui apporter la gloire. D'un nouveau mouvement de sa baguette, la journaliste transplana. Direction Londres.
Bon, j'espère que ce Harry catatonique ne vous dérange pas trop, c'est un état qui risque de durer quelques temps. Surtout quand il va apprendre qu'en fait... Vous avez quand même pas cru que j'allais raconter la suite ? En tous cas, le pauvre n'a pas fini de souffrir. Je vais répondre aux reviews individuellement aujourd'hui ( merci la RATP pour tes splendides grèves qui font repousser les dates des exams de quinze jours.).
Xaxa : Merci pour ta Review (et merci à Lily la Tigresse)
Lily la Tigresse (justement) : Parisienne et aussi vieille que moi ? Et en plus, tu me fais de la pub ? cool ! J'habite pas très loin de la Bastille, je vais à la fac à Jussieu. Et toi, tu es où ?
Csame : Pire que tout ce que tu avais pu imaginer ? Mais le pire, mon cher Csame, reste à venir (* éclate d'un gros rire sadique*).
Ranae : Ben si ! Contente que tu aimes.
Hadler : Un fan de GK ! Et qui en plus (accessoirement), aime mon histoire. Merci pour ta review.
Choupinette : « A la limite du sadisme ? » Tu me déçois, je pensais l'avoir franchie depuis longtemps, cette limite (depuis ma première fic, en fait, on m'a accusée de l'être, et j'ai fini par m'y faire). Peut-être que je ne suis pas allée assez loin après tout. Je veillerai à remédier à ça.
Philipe Griffondor : Ce que j'aime, avec toi, c'est que tu répands des tas d'ondes positives. Un tel enthousiasme, ça fait du bien, vraiment.
Hermichocos : Tu n'as pas aimé la fin du chapitre ? C'est cruel, tu trouves ? J'espère que tu n'auras pas eu le même problème avec celui-ci, qui a aussi une fin un peu brutale. Sinon, mets ça sur le compte de ma cruauté qui d'habitude ne s'exerce que sur Harry mais pourrait bien décider un jour de s'en prendre aux lecteurs. En tous cas merci pour ta review.
Lunenoire : Merci.
Chapitre 4 : Emprisonnés.
Dès qu'il en eut la possibilité, Sirius reprit le chemin de la grotte. Il était à peine sorti de Pré-au-Lard qu'il comprit que quelque chose n'allait pas. Partout, des sorciers vêtus de robes du ministère parcouraient la colline. Il n'eut pas à avancer beaucoup plus loin pour comprendre qu'ils avaient investi la grotte. Oubliant toute prudence, il courut au milieu des sorciers du ministère, jusqu'à la caverne où il avait laissé son filleul. Il arriva juste à temps pour voir Harry, encadré par deux Aurors qui se chargeaient également de le soutenir, sortirent de la grotte. Mais avant qu'il n'ait pu faire un signe au garçon, un portoloin fut placé entre ses mains, et il disparut.
Harry atterrit dans une petite pièce. Tout avait été tellement vite qu'il n'avait pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Les deux Aurors qui l'accompagnaient le jetèrent sur une chaise, à laquelle ils l'attachèrent, avant de quitter la pièce. Où était-il ? Il n'en avait aucune idée, mais il savait que, quel que soit cet endroit, il ne serait pas facile d'en partir. Il allait devoir affronter le ministère. Il revit la grande salle où s'étaient déroulées les procès des mangemorts, tout ce qu'il avait vu dans la pensine de Dumbledore. Mais, après tout, peut-être n'aurait-il pas droit à un procès. peut-être serait-il, comme Sirius avant lui, enfermé à Azkaban, sans qu'on lui laisse l'occasion de se défendre. Sirius. Pourvu qu'il ne se sente pas trop coupable, pourvu qu'il ne se mette pas en danger en essayant de le libérer !
Un sorcier grand et large, avec un visage carré et des cheveux bruns très épais, pénétra dans la pièce. Il prit son temps pour s'installer au bureau, et sortir un dossier qu'il se mit à feuilleter.
« Mr Potter, annonça-t-il, je suis Franck Parrish, et le ministre m'a chargé de votre dossier. Vous êtes accusé des meurtres de Mr Cédric Diggory et de Miss Susannah Purple. Vous êtes également accusé d'avoir utilisé pour vos méfaits le sortilège Avada Kedavra, ce qui est passible d'emprisonnement à vie à Azkaban. Avouez-vous ces crimes ?
- Je n'ai tué personne.
- Nous sommes prêts à nous montrer plus cléments si vous coopérez, Mr Potter. Vous avez quinze ans à peine, vous avez subi dans votre courte vie plus que n'importe qui. Cela n'excuse pas vos actes, loin de là, mais peut- être y avons-nous tous une part de responsabilité, après tout, à cause de la manière dont nous vous avons traité. » Il avait parlé d'une voix douce, en regardant le garçon droit dans les yeux.
« Je n'ai tué personne, répéta Harry. Et je ne sais pas lancer les sortilèges impardonnables.
- Très bien. » Le dignitaire changea brusquement d'expression et ses yeux se firent d'acier. « Reprenons donc les événements depuis le début, dans ce cas. Le vingt et un juin dernier, à l'issue du Tournoi des Trois sorciers auquel vous n'auriez, par ailleurs, jamais dû participer, Mr Diggory et vous disparaissez de l'enceinte de Poudlard, à la suite de quoi vous revenez, accompagné du corps de Cédric. Admettez-vous ces faits ?
- Oui.
- Pourriez-vous être un peu plus explicite ? »
Harry ne répondit pas. Il aurait pu raconter à cet homme tout ce qui avait suivi la troisième tâche, mais à quoi bon ? Il ne le croirait pas. Et tout cela était encore trop douloureux, le simple fait de penser à Cédric.
« Je crains qu'à ce rythme nous y passions des mois. » L'homme s'était levé et marchait de long en large en face de Harry. « Peut-être aurons-nous plus de chance avec le second crime ? Votre propre famille, ceux qui vous ont élevé, affirment que c'est vous qui l'avez commis. J'ajouterai que le directeur de Poudlard en personne s'était chargé d'ériger les protections autour de la maison où le meurtre a été commis. Personne ne pouvait pénétrer dans cette maison sans y avoir préalablement été invité par l'un des membres de la famille. Or, dans cette famille, vous étiez le seul sorcier. J'imagine que vous avez une bonne explication.
- Les barrières ont été détruites, répondit Harry.
- C'est vrai. Mais ceci pourrait n'être dû qu'à certains effets méconnus du sortilège mortel. Il est autrement presque impossible d'abattre une protection basée sur les liens du sang, surtout quand c'est Albus qui l'a lancée.
Harry soupira et commença à expliquer ce que Gabriel lui avait raconté, à propos de son arrivée. Comment il avait simplement utilisé le poignard. Il espérait que le moldu n'aurait pas d'ennuis à cause de lui. Le représentant du ministère l'interrompit au bout d'à peine quelques phrases.
- Vous avez beaucoup d'imagination, Mr Potter, ironisa-t-il. Donc un chasseur d'ombre, armé d'un poignard, a pénétré chez vous. Mais Miss Purple n'a pas été tuée d'un coup de poignard. Et si je me souviens bien, les chasseurs d'ombre sont des moldus.
- Ce n'est pas Gabriel qui a tué Susannah. C'est un Mangemort, une femme.
- Et à quoi ressemblait-elle, cette « Mangemorte » ?
- Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vue.
- Ah ! Et comment savez-vous qu'elle était là et que c'était un mangemort si vous ne l'avez pas vue ? Et pourquoi avez-vous pris la fuite ? »
Harry ferma les yeux un moment pour essayer de chasser les points lumineux qui dansaient devant lui. Il savait que ce qu'il disait était décousu, et manquait de sens. Il se redressa sur sa chaise et secoua la tête. Il disait la vérité, et cela devait se voir. Après tout, Grace confirmerait son récit. Et il expliqua ce dont il se souvenait de cette soirée fatale, passant seulement sous silence ce qui pourrait nuire à d'autres personnes, comme le fait que Sirius était bien accueilli à Poudlard. L'homme l'écouta attentivement, puis éclata de rire.
« Décidément, je crois que j'étais en dessous de la vérité. Vous devriez écrire des romans. Il y a plus de cinq cent ans qu'aucune pixie n'a été vue en Angleterre. Et il y a près de quatorze ans que les mangemorts ne font plus parler d'eux. Mais vous maintenez vos déclarations, je suppose ?
- Oui.
- J'ai presque envie de vous croire. Saviez-vous qu'il existe des moyens de mesurer le niveau magique d'une personne ?
- Non.
- Seriez-vous prêt à vous y soumettre ?
- Oui.
- Très bien. Et seriez vous prêt à refaire votre témoignage sous Véritasérum ?
- Oui.
- Réfléchissez bien, Mr Potter. Nous finirons par connaître la vérité. Mais plus nous passerons de temps à la découvrir, plus nous risquons de nous énerver. Je vais vous laisser repenser tranquillement à tout ça un moment. » L'homme fit un mouvement compliqué avec sa baguette. Quelques instants plus tard, un auror en uniforme entra dans la pièce.
« Emmenez-moi ce jeune homme en cellule quelques heures. Postez un Détraqueur et un garde devant la porte, et prévenez-moi s'il se décide à parler. Et faîtes venir la fille. »
Pendant qu'ils interrogeaient Harry, Grace avait été mise en attente dans un couloir, surveillée par un garde. Elle était furieuse d'avoir été traitée comme une criminelle, furieuse de la manière dont ils avaient traité Harry, qui était mineur, et furieuse contre Gabriel qui l'avait attirée là-dedans. Et c'est d'un pas décidé, bien différent de celui qu'avait adopté Harry, qu'elle pénétra dans le bureau. Elle prit la parole avant d'y avoir été invitée.
« J'aimerais savoir ce que je fais là ! Pourquoi m'avez-vous ainsi kidnappée et fait attendre dans un couloir ? »
L'homme qui se tenait dans le bureau prit le temps de se poser. Il fit signe à l'agent qui l'avait fait entrer, puis se tourna vers Grace et lui désigna une chaise. Contrairement à Harry, elle avait gardé sa liberté de mouvement. Ils ne semblaient pas la considérer comme dangereuse. Refusant de s'asseoir, elle vint se planter fermement devant le bureau. « vous faites une énorme erreur, Monsieur. J'ai des relations dans l'aristocratie, qui n'aimeront pas du tout me savoir ici. D'autre part, je suis citoyenne américaine et j'exige d'entrer en relation avec mon ambassade.
- Je crains que vous n'ayez mal compris votre situation, Miss. Nakimura, c'est exact ? répondit l'homme froidement. Le ministère de la magie ne dépend pas directement de la Grande Bretagne, nous nous moquons des relations diplomatiques. Et je doute que les représentants de la démocratie magique américaine vous aident beaucoup : vous êtes moldue. De plus, il fallait réfléchir aux conséquences de vos actes avant de protéger un criminel et de l'aider à s'enfuir. Maintenant, asseyez-vous avant que je ne vous attache, ajouta-t-il en sortant sa baguette.
Sa colère se transformant peu à peu en rage froide, Grace obéit en serrant les dents. L'homme eut un sourire glacial. « C'est mieux ainsi, Miss. Maintenant, laissez-moi vous expliquer comment la situation se présente. Il se trouve que j'ai l'appui total du ministre, ce qui, chez nous autres sorciers, signifie que j'ai à peu près tous les droits. Pour simplifier, disons que je peux vous condamner à une longue période à Azkaban. Mais j'imagine que cela serait injuste : vous êtes jeune, ce garçon est particulièrement doué pour duper les gens, je peux concevoir que vous ayez été touchée, qu'il ait réveillé vos instincts maternels. Si vous nous aidez en nous disant toute la vérité, nous pourrons oublier cette histoire, et ce soir vous pourrez rentrer aux Etats-Unis.
- Je crains que nous n'ayons pas la même définition de ce qu'est la vérité, siffla Grace.
- Pas d'impertinence, Miss Nakimura. N'essayez pas de m'énerver. Avez-vous déjà entendu parler d'Azkaban ?
- Je suppose que c'est une prison.
- Ce n'est pas n'importe quelle prison, miss. Il s'agit de la prison des sorciers, gardée par des Détraqueurs. J'imagine que vous ignorez ce que sont les Détraqueurs ? » Il continua sans lui laisser le temps de répondre. « Ils font partie des créatures les plus horribles que l'on puisse imaginer. Les Détraqueurs sont aspirent toute pensée heureuse toute joie, et vous laissent en compagnie de vos pires souvenirs. J'ai visité Azkaban à une ou deux reprises. La plupart des prisonniers finissent par devenir fous, certains se donnent la mort en refusant de s'alimenter pour échapper à leurs gardiens. Combien de temps pensez-vous que vous tiendriez ? »
Grace avait pâli. Elle sentait que le policier disait la vérité. Mais sa rage n'en était pas moins violente.
« Combien de temps pensez-vous qu'un adolescent comme Harry tiendrait ? répliqua-t-elle.
- C'est votre liberté qui est en jeu, ici. Racontez-moi ce qui s'est réellement passé.
- A quoi bon puisque vous semblez tellement déterminé à ne croire que ce que vous avez envie d'entendre ?
- J'ignore ce que Mr Potter vous a raconté sur le ministère de la magie, mais seule la vérité m'intéresse. Ne croyez pas que vous l'aidez en vous taisant. Avez-vous des preuves de son innocence ? Etiez-vous avec lui le soir où Susannah est morte ? Ou celui où Cédric a été tué ?
- Moi, non. Mais Gabriel a tout vu., et je ne vois pas pourquoi il m'aurait menti. Et j'ai vu ces hommes en noir qui pourchassaient Harry. Il est resté inconscient pendant près de vingt-quatre heures après ce fameux soir, aujourd'hui encore il tient à peine debout et devrait être au lit. Il n'est plus capable d'utiliser une baguette. J'ai connu pas mal d'aventures dans ma vie, et je ne suis pas naïve comme vous semblez le croire. Mon jugement sur les gens est généralement bon. Et je n'ai aucun intérêt à vous mentir.
- Dans ce cas dites-moi la vérité. »
Grace finit par s'exécuter. Elle raconta tout ce qui s'était passé depuis quelques jours, omettant simplement d'impliquer le collège Poudlard, ou de révéler la forme animagus de Sirius. Elle s'arrêta au moment où ils avaient atterri dans la grotte. L'homme l'écouta sans l'interrompre. Visiblement, il était plongé dans une profonde réflexion. Quand elle eût fini, il hocha la tête. L'interrogatoire se poursuivit quelques instants, puis l'homme agita de nouveau sa baguette. Grace fut emmenée dans une cellule au sous- sol, dont la porte fut magiquement fermée.
Après son départ, Parrish resta un long moment pensif à son bureau. Ces deux témoignages concordaient trop bien, et donnaient trop de détails pour avoir été inventés. Et certains points n'étaient pas expliqués par la thèse officielle. Pourquoi Harry se serait enfui sans sa baguette magique, par exemple. Ou l'état pitoyable dans lequel se trouvait le garçon. Il n'y avait pas de doutes dans son esprit : si les deux témoins étaient soumis au Véritasérum, leurs déclarations ne bougeraient pas d'un cheveu.
A vrai dire, cela ne surprenait pas tellement Parrish. Depuis des années, il était l'un des plus proches collaborateurs de Cornélius Fudge. En réalité, on aurait pu dire qu'il était la tête pensante de Fudge, celui qui faisait tourner l'état. Et, quand, à la fin du tournoi des Trois Sorciers, le ministre était revenu porteur de la terrible nouvelle de la mort de Diggory, tué officiellement par un ancien mangemort devenu fou, Parrish avait tout de suite compris que le ministre cachait quelque chose. La rapidité avec laquelle Fudge avait ensuite placé le crime sur le dos de Harry, ce qui rendait tout ce qui s'était passé avec le mage noir complètement dénué de sens, l'avait confirmé dans cette idée. Il ignorait ce qui s'était passé ce soir là, Fudge, avec un esprit d'initiative qui ne lui ressemblait pas, avait décidé de le garder pour lui.
Parrish alluma une cigarette, un luxe qu'il ne s'autorisait que rarement, et se mit à marcher de long en large dans la pièce. Après toutes ses années, Fudge se décidait à faire quelque chose sans l'en informer préalablement. Parrish ne ressentait pas cela comme un affront : il savait que le ministre s'effondrerait immédiatement s'il s'avisait de l'évincer. Mais cela représentait un réel danger : Fudge était à peu près aussi intelligent qu'un Veracrasse, et, s'il prenait une décision seul, il y avait de fortes chances pour que cette décision soit mauvaise. Sans Parrish, il n'aurait pas tenu deux mois en tant que ministre de la magie. Certains jours, Franck enrageait en songeant à tous les honneurs qui lui étaient dus et qui étaient rendus à Fudge. Mais il enrageait encore plus quand le ministre refusait de faire appliquer l'une de ses mesures. Car si Fudge était incapable de penser par lui-même, il refusait catégoriquement de se passer de l'avis d'Albus Dumbledore. A cause de cela, Parrish avait un pouvoir de réforme limité. Si seulement il avait pu avoir le pouvoir, contrairement à cet imbécile qui avait hérité du poste de ministre, il aurait pu faire les grandes modernisations dont avait besoin le pays : la régularisation des créatures semi-humaines, le traitement des Crackmol, il fallait aussi s'occuper d'urgence d'établir des normes pour l'acceptation des enfants issus de parents moldus, des règles de sélection bien plus strictes que celles qui existaient.
Et toutes ces réformes étaient impossibles, tant qu'elles étaient soumises à l'approbation d'Albus Dumbledore. Le vieil homme était intelligent, certes, mais il n'avait aucun sens pratique. Il s'appuyaient sur des principes moraux qui étaient sûrement parfaits pour enseigner aux enfants, mais on ne gouverne pas un pays avec de la morale. Dumbledore n'avait pas l'étoffe d'un homme politique, et il devait en être conscient puisqu'il avait refusé le poste de ministre. Heureusement, ces derniers temps, Fudge semblait avoir compris tout cela, en tout cas les relations du ministère avec Poudlard étaient loin d'être au beau fixe. Pourquoi. C'était encore une chose que Parrish ignorait. A vrai dire, c'était seulement rétrospectivement, en y repensant, qu'il s'apercevait qu'il n'avait pas été ennuyé, depuis quelques temps, avec les « Albus pense que » chers à Cornélius Fudge.
Quand cela avait-il commencé ? Toute l'année, pendant le tournoi des Trois Sorciers, Fudge avait été fourré à Poudlard, et il semblait tout à fait satisfait. Jusqu'à. Bien sûr ! Tout avait commencé ce fameux soir, le soir de la dernière tâche du tournoi des trois sorciers. C'était immédiatement en revenant que Fudge avait demandé que l'on revoie les programmes scolaires, ce qui l'avait surpris puisque Dumbledore avait généralement une totale liberté sur ce sujet. Leurs divergences concernaient quelque chose qui s'était passé ce soir là, et il devait absolument découvrir ce que s'était. Car cela augmentait considérablement les chances pour Fudge soit en train de faire une énorme bêtise : Dumbledore était peut-être idéaliste et un peu faible, mais lui, au moins, avait autre chose que du jus de citrouille entre les deux oreilles..
Parrish aurait pu aller trouver son patron pour lui demander des explications. Mais il connaissait bien Fudge. Il était faible, mais il pouvait se montrer très obstiné. S'il avait décidé de ne rien dire, il ne dirait rien. Son orgueil l'empêcherait de changer d'avis. Il pouvait bien sûr essayer de le piéger, mais il se doutait que ce n'était pas le genre de secret que l'on dévoile par inadvertance. Fudge ne dirait rien. Et jamais Parrish ne s'abaisserait à demander des explications à Dumbledore. Il devait trouver quelqu'un d'autre qui savait. Et ce n'était pas difficile. Il revit le regard hanté de Harry quand il avait mentionné cette fameuse nuit. Le garçon était au c?ur de tout cela, il était forcément au courant. Le problème, c'était que, lui non plus, il n'allait pas être facile de le faire parler.
Pendant que Parrish réfléchissait ainsi, et que le mégot de sa cigarette devenait de plus en plus petit, Harry était assis par terre dans un coin de sa cellule. Ses mains étaient serrées autour de ses jambes, il avait ramené ses genoux contre sa poitrine pour tenter de se réchauffer, et posé sa tête dessus. Tout son corps était agité de tremblements. De terribles pensées se bousculaient dans son esprit. L'horrible perspective de passer sa vie à Azkaban. L'idée que ses amis puissent l'abandonner là. Ou que Sirius puisse se faire prendre en tentant de le libérer. Sirius. Qu'avait-il fait en apprenant ce qui s'était passé ? Harry ne pouvait pas penser que son parrain s'était rendu à Poudlard demander l'aide de Dumbledore. Il ne pouvait pas penser à tous ceux qui étaient prêts à tout pour le libérer. Peut-être était-ce l'effet du Détraqueur qui attendait devant la porte. Ou peut-être simplement que le garçon était trop épuisé, trop choqué. Tout ce qu'il savait c'était qu'il était seul, dans un monde glacial et hostile. Et qu'il était trop fatigué pour se battre contre les forces qui le retenaient ici. Contre le ministère, contre cet homme qui l'avait interrogé et dont il ne connaissait même pas le nom. Même s'il parvenait à sortir d'ici, que restait-il de sa vie, maintenant qu'il avait été privé de sa magie ? Au moins, s'il mourait dans ces cachots, Voldemort n'aurait jamais la satisfaction de le tuer.
Harry ne bougea pas quand la porte de sa cellule s'ouvrit.
« debout ! » cria un garde. Le garçon n'eut aucune réaction, et l'homme dût venir le prendre par le bras et l'obliger à se lever. Harry se laissa reconduire dans la salle d'interrogatoire. Le garde fit mine de l'attacher de nouveau à sa chaise, mais celui qui posait les questions l'en dispensa.
« ce ne sera pas la peine, Matt, dit-il. Vous pouvez y aller. » Harry remarqua que l'attitude du fonctionnaire avait changé. Peut-être, s'il avait été moins abbatu, y aurait-il vu un espoir, peut-être aurait-il pu penser que l'homme commençait à le croire, que Grace l'avait convaincu. Ou peut-être se serait-il méfié, pensant que l'on cherchait à le prendre par la douceur. Mais dans l'état d'esprit dans lequel il se trouvait, Harry ne cherchait pas à analyser la situation, et l'observation traversa simplement son esprit troublé, sans s'y attarder.
Parrish observa un moment le garçon qu'il avait en face de lui. Il paraissait encore plus mal que quelques heures plus tôt. Il n'était pas difficile de voir que, physiquement, et surtout mentalement, il était à bout. Si une certaine force restait en lui lors du premier interrogatoire, il l'avait mobilisée pour raconter les événements des deux derniers jours. « Harry, demanda-t-il, est-ce que tu veux manger ou boire quelque chose ? » L'adolescent secoua simplement la tête. Parrish inspira profondément. Ca n'allait certainement pas être facile de le faire parler, et surtout de cette fameuse nuit. Le fonctionnaire savait qu'il devait poser des questions les plus directes possibles s'il voulait des réponses. Et surtout qu'il devait essayer de gagner la confiance de l'adolescent.
Il déplaça sa chaise et vint s'asseoir à côté du garçon.
« Harry, dit-il doucement, ton amie Grace a confirmé ce que tu as dit. Tu n'as pas tué Susannah. Est-ce que tu as tué Cédric ? » Harry ne fit pas un geste, ne montrant même pas qu'il avait entendu la question. Sans se découragé, Parrish reprit : « Je crois moi que tu ne l'as pas fait. Parce que personne ne le croyait avant cette histoire avec Susannah. Mais j'ai besoin que tu me dises ce qui s'est passé. Qui a tué Cédric, Harry ? »
Les paroles pénétraient peu à peu l'épais brouillard qui entourait le cerveau de Harry. Il finit par relever les yeux, et les plongea dans ceux de son interlocuteur. Mais il ne disait rien. Il ne voulait pas replonger dans la renaissance de Voldemort, dans tout ce qui s'était passé. L'homme ne sembla pas se décourager, et il reprit.
« Je comprends que ce soit douloureux pour toi, mais j'ai besoin de savoir. Personne d'autre ne peux t'aider, tu sais ? » Voyant qu'il n'obtenait pas de réponse, Parrish essaya de poser des questions moins dramatiques. « Harry, fit-il, toujours aussi doucement, sans montrer son impatience croissante, il y a autre chose que je dois savoir. Et je sais que tu connais la réponse. Pourquoi le ministre et le directeur de Poudlard se sont ils fâchés ? »
Cette fois, Harry réagit. Simplement parce que la question lui semblait tellement incongrue, tellement dérisoire par rapport aux autres. Il haussa les épaules, signifiant que cela n'avait pas d'importance.
« Très bien, alors si ce n'est pas important, dis moi ce qui l'est. je ne peux pas t'aider si tu ne m'aides pas. Qui tué Cédric ?
- Queudver, finit par répondre Harry.
- Qui ?
- Peter Pettigrew. » La voix du garçon était à peine un murmure, mais Parrish l'entendit distinctement.
- Peter Pettigrew est mort il y a quatorze ans, remaqua-t-il.
- Non. » Parrish décida que ce point n'était pas important et qu'il l'éluciderait plus tard. « Pourquoi Pettigrew a-t-il tué Cédric ?
- A cause de moi.
- Mais pourquoi ?
- Pour faire revivre Voldemort. Il n'avait pas besoin de Cédric, juste moi.
- Pour faire revivre Tu-Sais-Qui ? Serais-tu en train de te moquer de moi ? »
Mais c'était évident que Harry ne mentait pas. A moins qu'il n'ait totalement perdu la tête, il disait la vérité. Il reprit la parole, cette fois sans y avoir été invité.
« Fudge n'a pas voulu me croire non plus. C'est pour cela qu'il n'y a plus de relations entre Poudlard et le ministère... Mais vous saviez déjà tout cela, n'est-ce pas ? »
Quelques instants plus tard, Parrish renvoya Harry dans sa cellule, et laissa exploser sa fureur. Fudge n'avait-il donc pas une once de raison ? C'était tellement évident que le garçon disait la vérité ! Le ministre était-il seulement stupide, ou était-ce la lâcheté qui l'avait poussé à nier le retour du mage noir ? Comme si la politique de l'autruche allait être d'une quelconque utilité en ces circonstances... Si Voldemort était de retour, le peuple finirait par le savoir. L'intérêt du ministère était alors de se placer du côté de ceux qui le combattaient... C'était le moment ou jamais de faire jouer la longue amitié entre Fudge et Dumbledore, et l'imbécile n'avait rien trouvé de mieux que de se brouiller avec celui qui était toujours apparu comme un rempart.
Enfin, peut-être était-il encore temps de corriger le tir. Parrish allait avoir une longue conversation avec Fudge. Et, cette fois, le ministre allait tout lui dire. La situation était bien trop grave pour qu'il respecte les convenances en face de son supérieur.
Dumbledore avait réussi à obtenir des renseignements du ministère, et son visage était grave quand il fit revenir Sirius et Gabriel dans son bureau.
« Harry et Miss Nakimura sont dans les locaux du ministère, annonça-t-il. Fudge a confié les interrogatoires à Franck Parrish. Autant dire qu'ils ne sont pas tirés d'affaire.
- Qui est ce Parrish ?
- Le bras droit de Fudge. Peu de gens connaissent son existence, il vit dans l'ombre, mais c'est un technicien remarquable, un homme très intelligent. Il tirera tout ce qu'il peut de la situation, et je crains que ses intérêts ne soient pas vraiment les mêmes que les nôtres.
- Peut-être comprendra-t-il la vérité, s'il est si intelligent, remarqua Gabriel.
- Il s'apercevra sûrement que Harry ne ment pas. Le problème est que ce n'est pas parce qu'il connaît la vérité qu'il la rendra publique. Il dira ce qui l'arrange. Enfin, nous verrons bien ce qui va se passer. Je me demande s'ils vont enfin décider de faire quelque chose contre Voldemort...
- Nous ne pouvons pas laisser l'histoire se répéter, rugit Sirius. Nous ne pouvons pas les laisser faire à Harry ce qu'ils m'ont fait !
- Sirius, s'il vous plaît, fit fermement Dumbledore. Harry n'est pas du tout dans la même situation que vous. Nous sommes nombreux à le croire, vous étiez seul. Malheureusement, il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Nous devons le sortir d'ici le plus vite possible.
- Et Grace ? demanda Gabriel. Que va-t-il lui arriver ?
- Je ne crois pas que Miss Nakimura les intéresse beaucoup, Mr Knight. Ils la relâcheront probablement dans quelques temps.
- Combien de temps ? Elle n'a rien à voir avec tout ça. C'est moi qui l'ai entraînée là dedans, je ne veux pas qu'elle paie les pots cassés. J'ai l'impression que vous l'oubliez.
- Personne ne l'oublie, soyez en sûr.
- Mais Harry est accusé de meurtre ! » Les yeux de Sirius lançaient des éclairs, tous son visage était crispé, il ressemblait plus que jamais à un criminel bien qu'il soit propre et bien habillé. « Ne croyez-vous pas que le reste est secondaire ? Je me demande ce que dirait James s'il savait que nous avons laissé cela arriver à son fils ! Pourquoi n'avons nous rien senti venir ? Comment avons-nous pu laisser Harry tomber si bas ?
- Nous ferons sortir Harry, Sirius, je vous le promets. Et si le ministère ne veut rien entendre, nous devrons agir contre lui. J'aurais voulu éviter d'en arriver là, cependant." Il s'interrompit un moment. "Sirius, voulez- vous nous laisser une minute, s'il vous plaît ?
Sirius parut sur le point de protester, mais il se leva brusquement, et sortit en claquant la porte. Gabriel resta seul dans le bureau, en face du vieux sorcier. Il n'aimait pas la manière dont tous les sorciers obéissaient au directeur, et il avait la très nette impression que celui-ci détenait des informations qu'il gardait pour lui. Pourtant, il ne pouvait pas se résoudre à engager une conversation directe avec le vieux sorcier, à le questionner comme il le faisait si souvent au cours de ses enquêtes. Il se dégageait de lui une aura trop puissante. Et ces yeux bleus pointés sur lui l'intimidaient, même s'ils souriaient derrière les lunettes en demi- lune. Finalement, ce fut Dumbledore qui prit la parole en premier.
« J'ai l'impression que vous bouillez intérieurement, Mr Knight.
- Je crois qu'il y aurait d'autres moyens de les délivrer.
- Feriez-vous allusion à une évasion "musclée" ? Le ministère est extrêmement bien protégé.
- La maison de Harry l'était aussi.
- Si nous devons affronter le ministère, nous devons le faire publiquement. C'est le seul moyen pour que le problème soit réglé rapidement. Nous avons besoin que Fudge revienne à la raison si nous voulons avoir une chance contre Voldemort.
- Ce n'est pas votre Voldemort qui tient Grace et Harry en ce moment. Ce n'est pas lui la priorité.
- En êtes vous sûr, Mr Knight ? Croyez-vous que votre amie accepterait que sa libération compromette l'avenir du monde ?
- Mais combien de temps cela va-t-il vous prendre ?
- Le moins longtemps possible. En attendant, vous êtes le bienvenu si vous souhaitez rester à Poudlard.
- Si ça ne vous dérange pas, je préférerais retourner dans mon monde. Ce n'est pas que votre château ne soit pas accueillant, mais je n'aime pas beaucoup les endroits dont je suis incapable de sortir seul. »
Jamais Gabriel ne s'était senti aussi nu devant un regard qu'il l'était à cet instant. Il s'était toujours flatté d'être dur à déchiffrer, mais le vieux directeur lisait en lui comme dans un livre, et ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Le sourire avait disparu de son visage quand il demanda :
« Pourrais-je savoir quels sont vos projets quand vous aurez rejoint « votre monde », Mr Knight ?
- Oh, rien de précis.
- Vous êtes adulte et je ne peux pas vous retenir si vous voulez partir. J'imagine cependant que votre intention n'est pas de regagner Rittersberg. Soyez très prudent, Mr Knight. Vous avez déjà fait l'expérience de ce dont certains sorciers sont capables.
- Croyez-moi, ils ne sont pas pires que les vaudous de la nouvelle-Orléans, ou que des vampires.
- Mais ils sont bien plus nombreux.
- Je n'ai pas l'intention de me battre contre Lord Voldemort. Je vous laisse ce soin. Mais puisque le témoignage de Grace ne suffit pas à faire éclater la vérité, et puisque vous avez l'air de penser que le mien n'améliorerait pas beaucoup la situation, je vais devoir trouver une autre solution. Maintenant, si vous pouviez me montrer comment on sort d'ici. »
Dumbledore inspira profondément.
« Très bien. Ceci - il lui donna une boule argentée - vous permettra de quitter l'école. Direction Londres. J'imagine que vous savez déjà vous servir d'un portoloin. En cas de besoin, vous pourrez également vous en servir pour revenir à Poudlard. Mais ne le laissez pas tomber entre de mauvaises mains.
- Merci. Bonne chance, Monsieur.
- Ceci, ajouta le vieux sorcier en lui tendant une boule rouge, devrait nous permettre de rester en contact. C'est un peu l'équivalent de ce que vous appelez un Talkie-walkie.
- Je ne vois pas le bouton pour parler.
- Le téléparole s'active quand vous le prenez en main. Je vous préviendrai si nous avons du nouveau au sujet de votre amie. N'hésitez pas à en faire usage si vous avez des questions. Ou si vous avez des renseignements à nous communiquer.
- Ok. Je vous appellerai si je trouve quelque chose.
- Je vous demande une nouvelle fois de faire attention. Si vous trouvez la personne qui s'est introduite chez Harry ce soir là - car c'est ça que vous cherchez, n'est-ce pas ? - n'essayez pas de l'arrêter vous-même. Nous n'avons pas besoin de victimes supplémentaires. Oh, et une dernière chose : évitez d'utiliser votre vrai nom : il est probable que Harry et Miss Nakimura vous ont cité, et que le ministère vous cherche.
- Très bien. A bientôt, professeur. »
Gabriel toucha la boule, et atterrit dans une ruelle de Londres. L'endroit était sinistre, et le pub miteux qui semblait être le seul lieux ouvert au public, ne lui inspirait pas confiance. Après quelques minutes de marche, le Schattenjäger rejoignit une rue plus animée. Il entra dans un bar.
« Je peux téléphoner ? demanda-t-il au barman, qui lui tendit un téléphone d'un air indifférent. A son grand soulagement, Mosely était encore en Angleterre, et il décrocha lui-même après deux sonneries.
« Knight, c'est toi ? demanda le policier.
- Non, c'est le dieu des policiers bedonnants et à moitié chauves. Bien sûr que c'est moi.
- On peut dire que vous avez fait un certain effet en disparaissant comme ça. Comment vous avez fait pour fuir sans vous faire voir ?
- A ton avis ? Il y avait des sorciers dans la voiture.
- Tu m'as encore l'air de super bonne humeur. J'imagine que c'est vrai qu'ils ont fini par arrêter Harry. J'avoue que je m'attendais un peu à ce qu'ils t'arrêtent en même temps que lui. Après tout tu l'as caché pendant tout ce temps.
- Je n'étais pas avec lui. Mais il y a plus grave, Mose. Ils ont emmené Grace.
- Quoi ? Bordel, Knight, comment t'as pu la laisser seule ?
- Eh ! ça va, ça fait des heures que je me pose la même question. Mais c'est pas le moment. J'ai besoin d'un moyen de transport, Mose. Je veux retourner à la maison de Mme Stevens.
- T'es pas un peu fou ? Je te rappelle que sans Gracie tu t'en serais pas tiré la dernière fois.
- La dernière fois, j'avais Harry avec moi. Les mages noirs n'ont plus aucune raison de s'en prendre à moi maintenant.
- Mais qu'est-ce que tu veux aller foutre là-bas ? Tu vas quand même pas faire tout ce chemin pour récupérer ta lotion capillaire ?
- Je veux récupérer l'ordinateur de Grace. Et j'ai laissé des papiers au sujet de Mrs Stevens. Celle-là j'aimerais bien avoir une grande conversation avec elle.
- D'accord, je passe te prendre. Où est-ce que t'es ?
- t'es pas obligé de venir avec moi, tu sais ?
- Bien sûr ! D'abord ma caisse viendra pas toute seule. Et en plus, je connais ta manière de conduire, Knight. C'est totalement hors de question que je te laisse ma voiture.
- D'accord. Merci, Mose, je te revaudrai ça. »
En début de soirée, la voiture de location de Mose s'arrêta dans l'allée de la villa. Comme Gabriel s'y attendait, celle-ci était vide, et toutes leurs affaires s'y trouvaient encore. Elles ne semblaient pas avoir été fouillées. Les Mangemorts ne semblaient pas beaucoup s'être intéressés à eux, si ce n'est bien sûr pour se servir de Gabriel.
« Et maintenant ? demanda Mose.
- Je dois m'imprimer de nouveaux papiers d'identité. Mon nom commence à être beaucoup trop connu.
- Et tu peux faire ça avec ton ordi ? Tu sais que je devrais t'arrêter ?
- Commence pas. Tu faisais bien pire quand on était au lycée. J'ai deux trois coups de fil à passer, aussi.
- Ok. Je vais faire un tour au commissariat, à Little Whining. Je reviens d'ici quelques heures.
- D'accord. »
Une fois son ami parti, Gabriel ouvrit le portable et s'occupa de son problème de papiers. Puis il décrocha le téléphone et composa le numéro de son château en Allemagne.
« Château Ritter ? répondit la voix de Gerde.
- Gerde ? C'est Gabriel.
- Oh ! Bonjour. Comment se passe votre affaire ? Vous êtes toujours en Angleterre ?
- Toujours. J'aurais besoin que vous fassiez quelques recherches pour moi.
- Bien sûr. Mais je croyais que Grace vous avait rejoint ?
- Elle n'est pas disponible pour l'instant. De plus, je voudrais que vous regardiez dans les journaux de mes ancêtres. Dans ceux de Wolfgang en particulier. » Il avait hésité sur la dernière phrase. Il savait que Gerde avait follement aimé son oncle Wolfgang, malgré leur différence d'âge, et il redoutait que ce ne fût dur pour elle. Mais l'allemande ne sembla pas trop troublée. « Bien sûr, dit-elle. A quel sujet ?
- Tout ce qui concerne les sorciers, les mages noirs, et un certain Albus Dumbledore.
- Albus, vous dites ? Wolfgang en parlait souvent. C'était un de ses plus proches amis.
- C'est ce qu'il m'a dit. J'imagine que je peux lui faire confiance. Regardez quand même dans les journaux de Wolfgang. Comment ils se sont connus, par exemple. Mon oncle a du avoir affaire à des sorciers à une époque.
- D'accord, je vais regarder. Vous avez une adresse ou un numéro de téléphone, pour que je vous communique les résultats ?
- Je vous rappellerai.
- D'accord. Au fait, votre cliente à appelé.
- Mrs Stevens ? Qu'est-ce qu'elle voulait ?
- Simplement savoir si vous étiez rentré, et où vous étiez. Elle n'arrivait pas à vous joindre dans la maison qu'elle vous prête, et elle demande que vous la rappeliez au plus tôt.
- Quand a-t-elle appelé ?
- Hier. En début de soirée. Je lui ai dit que je ne savais rien de votre enquête.
- Ca m'étonnerait qu' elle rappelle, mais au cas où, surtout vous n'avez pas entendu parler de moi depuis mon départ.
- Compris.
- Je vous rappelle dès que possible.
- Soyez prudent. Et transmettez mes amitiés à Grace. »
Si Fudge fut surpris de voir Parrish débarquer ainsi dans son bureau sans frapper, il le cacha bien et accueillit joyeusement son bras droit.
« Alors, Franck, où en êtes-vous avec Potter ? A-t-il avoué ?
- Il m'a appris des choses intéressantes. Mais pas vraiment celles que je m'attendais à entendre. Notamment sur les événements du mois de juin. Il a également laissé entendre que vous saviez tout.
- Tout quoi ? Vous savez, c'est un menteur pathologique et.
- Il ne ment pas, Cornélius. C'est évident. Son témoignage et celui de la fille qui était avec lui concordent parfaitement. Et si on retrouvait l'homme qui les a accompagnés jusque là, je suis sûr qu'il dirait également la même chose. Or ils n'ont aucune raison de le soutenir.
- Harry les a menés en bateau !
- Enfin, Cornélius, quand accepterez-vous l'évidence ? Harry Potter n'a pas tué Susannah Purple, ni Cédric Diggory. Nous avons pu suivre ce portoloin jusqu'à cette grotte. Mais à votre avis, que faisait Harry à Pré-au-Lard ?
- Comment voulez-vous que je sache ce qui se passe dans son esprit dérangé ?
- Il essayait de regagner Poudlard, voilà ce qu'il faisait. Parce que Dumbledore savait qu'il était innocent. D'ailleurs, il a essayé de vous prévenir.
- Dumbledore protège des géants et des loups-garous.
- Et vous savez très bien ce que je pense de lui. C'est vous qui avez défendu ses privilèges pendant toutes ces années, il me semble. Mais il n'aurait pas cru à cette histoire de Vous-Savez-Qui sans de bonnes raisons. Cette fois, Cornélius, vous allez me raconter ce qui s'est passé le soir de la troisième tâche. Tout ce qui s'est passé.
- Interrogez donc Potter, puisque vous le croyez. Et je vous rappelle que je suis le Ministre de la Magie, pas vous. Vous n'avez absolument pas le droit de me parler sur ce ton.
- J'essaie de vous sauver la mise. Croyez-vous que tout cela va rester secret, que Vous-Savez-Qui, s'il est de retour, va rester tranquillement dans son coin ? Si c'est lui qui a programmé l'attaque contre Potter, il ne va pas en rester là, croyez-moi. Et si les gens apprennent que vous étiez au courant, et que vous n'avez rien fait, si ce n'est mettre ses crimes sur le dos de leur héros, il risque d'y avoir quelques mécontents. Vous allez tomber, Cornélius. Et moi avec. »
Le ministre avait pâli sous l'accusation, et il baissa les yeux. « Demandez à Potter, dit-il. Diggory et lui ont disparu en touchant le trophée, personne n'a rien vu.
- Potter n'est pas en état de me raconter ça, et je suis sûr que vous avez entendu toute l'histoire. Il est peut-être encore temps d'agir, Cornélius. Mais nous devons faire vite. Dumbledore ne va certainement pas rester inactif, maintenant que vous avez arrêté un de ses élèves pour des crimes qu'il n'a pas commis. »
Fudge soupira, et raconta ce qui s'était passé le soir de la troisième tâche, et ce qu'il savait de l'histoire de Harry.
« C'est totalement invraisemblable, n'est-ce pas ? conclut-il. Une potion pour retrouver son corps.
- C'est parfaitement réaliste, au contraire. Je connais cette potion. Ignorez-vous pourquoi je suis condamné à travailler dans l'ombre ?
- Non, bien sûr.
- Mon père était un maître de Potions clandestin. Et, une fois il a fabriqué celle-ci pour un de ses clients. Un dictateur africain. Et ça a très bien marché. Cependant, il est mort peu après dans des circonstances suspectes. Je crois que ça avait un rapport avec cette potion. Je me rappelle encore mon père éclater de rire, et je crois qu'il a dit quelque chose à propos des petites lignes dans la notice d'utilisation. Je me demande à quoi il faisait allusion. Si nous pouvions nous servir de ça contre Voldemort.
- Vous croyez qu'il y a un moyen ?
- Je l'espère. Car ce serait le meilleur moyen de couvrir votre bêtise : tuer Voldemort avant que le public n'ait eu le temps de s'apercevoir de son retour. Mais j'ignore si nous le pourrons. Il doit connaître, lui, ce que mon père appelait les petites lignes.
- Que ferons-nous si vous ne trouvez pas ?
- Dans ce cas, je crains le pire. Nous pourrons peut-être essayer de garder secret le fait que vous saviez tout depuis juin, et présenter toute l'histoire comme un complot pour discréditer Harry, que nous aurions brillamment déjoué, mais tout dépend de ce que va faire Dumbledore. Nous devrons improviser.»
A ce moment, un coup sec fut frappé à la porte, et Lucius Malefoy entra dans le bureau.
- Bonjour, Cornélius.
- Lucius ? Que puis-je pour vous ?
- Je viens m'assurer du sort d'un prisonnier. En fait, Franck, je suis heureux de vous voir, car cela vous concerne. Il s'agit de Harry Potter.
- Et que voulez-vous, au sujet de Potter ? demanda Parrish d'un ton neutre. Il n'avait aucun doute sur le fait que Lucius Malefoy était un Mangemort, et le fait qu'il se préoccupe du sort de Harry lui paraissait plus que suspect.
- je voulais simplement m'assurer que vous respectiez les lois de notre peuple sur la justice des mineurs. Je sais que certaines personnes ont tendance à s'emballer quand des crimes aussi abominables sont commis.
- Depuis quand défendez-vous les criminels, Lucius ?
- Depuis qu'ils ont l'âge de mon fils, sans doute. Et aussi depuis que je suis membre du Conseil de Régulation. Je ne peux pas croire qu'un gamin de cet âge soit foncièrement mauvais. On a dû le pousser dans la mauvaise direction, pour qu'il en arrive là.
- Je ne savais pas que Drago était l'ami de Harry.
- Il ne l'est pas. Il ne sont pas dans la même maison. Mais il l'a toujours eu pitié de lui. Drago pense que la raison de Harry l'a lâché après tout ce qu'il a subi. Et il presque certain que les moldus chez qui il vivait le maltraitaient. C'est pourquoi je me permets d'intervenir en faveur de ce garçon, même si, bien sûr, il est normal qu'il reçoive un châtiment sévère après ce qu'il a fait. »
Parrish était impressionné par la maîtrise avec laquelle Malefoy proférait ces mensonges. On avait presque envie de le croire. Mais Lucius avait toujours été un des maîtres de l'hypocrisie.
« Harry est parfaitement bien traité, répondit-il froidement. Je n'ai pas pour habitude de torturer les gens que l'on me confie. Il y a d'autres moyens de mener un interrogatoire.
- Bien sûr, mon cher Franck, je ne voulais absolument pas vous accuser de quoi que ce soit. Mais j'avoue que le Conseil est inquiet, d'autant plus qu'il nous est revenu que Harry était malade.
- Et si c'était le cas ?
- Vous devriez le faire soigner. Cela fait partie de ses droits.
- Ces droits n'ont jamais été appliqués, vous le savez aussi bien que moi. Cela date de l'époque où nous n'avions même pas le temps de juger tous les mangemorts que nous arrêtions.
- Vous avez le temps aujourd'hui. Et imaginez le scandale si Harry venait à mourir dans les cachots du ministère ?
- Franck, intervint Fudge, pourquoi n'emmenez-vous pas Lucius voir Harry, qu'il puisse vérifier par lui-même ?Et, après tout, pourquoi ne pas le faire transférer, si cela peut rassurer le conseil ? »
Harry avait retrouvé son coin de cellule. Un garde lui avait laissé un plateau auquel il n'avait pas touché. Il n'avait pas envie de se nourrir, il n'avait pas envie d'aller mieux. Il n'avait pas envie de continuer, de se battre pour survivre. A quoi bon ? Des pas dans le couloir. Probablement un garde qui venait chercher le plateau.
« Alors, fit la voix qui l'avait interrogé tout à l'heure, vous voyez bien que nous ne l'avons pas frappé. Il a été nourri correctement, même s'il n'en a pas voulu.
- Je ne vous accusais pas. Mais je maintiens qu'il serait mieux dans un service de santé. Harry, est-ce que tu m'entends ? »
Cette voix. Harry la connaissait, mais impossible de la situer. Il releva la tête, et eut un mouvement de recul en apercevant Lucius Malefoy agenouillé devant lui.
« Partez ! siffla-t-il. Laissez-moi. N'en avez-vous pas fait assez ?
- Je suis là pour t'aider, Harry.
- Ce n'est pas la peine de mentir. Je sais ce que vous êtes. Etes-vous venus contempler votre triomphe, pour aller ensuite faire un rapport à votre maître ?
- Je ne comprends rien à ce que tu dis. » Malefoy se tourna vers Parrish. « Il délire, dit-il. Nous ne pouvons pas le laisser comme ça.
- Il ne délirait absolument pas quand je l'ai interrogé. Et je ne crois pas non plus qu'il délire maintenant.
- Qu'insinuez-vous, Parrish ? » Malefoy s'était redressé, et faisait face à l'autre sorcier, ses yeux gris aussi durs que de l'acier.
- Mais rien du tout, répondit l'autre d'un ton apaisant. Et puisque Fudge est d'accord avec vous, je vais faire venir un médecin. Il ne sera pas dit que j'ai laissé mourir un prisonnier.
- Je n'en attendais pas moins de vous. Au revoir, Harry. »
Harry s'était levé, et il ne quitta pas Malefoy des yeux jusqu'à ce que celui-ci ait quitté la cellule. Une telle haine se lisait dans son regard, que nul n'aurait eu de mal à imaginer, à cet instant, qu'il était un assassin. Lorsque ses deux visiteurs eurent disparu de son champ de vision, cependant, il commença à se poser des questions. Pourquoi Malefoy était-il venu ici ? Et pourquoi avait-il insisté avec une telle intensité pour que Harry soit soigné ? Il s'imaginait que les mangemorts auraient souhaité qu'il meure dans cette cellule, pour être définitivement débarrassés de lui. Voldemort avait-il en réserve un autre plan machiavélique où Harry était impliqué ? Mais il avait essayé de le tuer au mois de juin. Peut-être souhaitait-il simplement qu'on lui confirme que c'était bien Harry qui avait été arrêté, et Malefoy n'avait pas trouvé d'autre moyen de le voir. quoi qu'il en soit, dans sa situation actuelle, il se sentait protégé contre les mages noirs. Et c'était peut-être le seul avantage.
« Hermione ! comment peux-tu avoir la tête à lire alors qu'on ne sait même pas si on reverra Harry un jour ? » Les deux adolescents s'étaient isolés dans la chambre de Ron. Mais pendant que celui-ci échafaudait une liste de plans pour faire évader Harry, son amie s'était plongée dans la lecture d'un livre que ses parents venaient de lui envoyer.
- Je m'occupe l'esprit. Ca n'aidera pas beaucoup Harry si nous passons la journée à nous morfondre.
- Tu crois vraiment que tu l'aides, là ? En plus je croyais que tu avais déjà lu tous les bouquins au programme !
- Et alors ? » Elle tourna une page. « Mais c'est vrai que ce livre est loin d'être un chef d'?uvre, ajouta-t-elle.
- Alors pourquoi tu le lis ? Tu crois que nous pourrions nous arranger pour lui faire parvenir sa cape d'invisibilité ?
- Il n'a pas le droit de recevoir du courrier. Arrête, Ron, personne n'a jamais réussi à s'évader des cellules du ministère. Et quant à ce livre, je le lis pour en apprendre plus sur Gabriel Knight. C'est lui qui l'a écrit.
- C'est un écrivain, ce type ? Je ne m'en serais jamais douté. Fais voir. Crimes de sang, ça m'a l'air assez intéressant, pour une fois.
- L'histoire pourrait être assez intéressante, mais c'est plutôt mal écrit. C'est à propos de vampires. Ca se passe en France, et il y a en arrière plan des recherches historiques, sur les templiers et le Saint Graal. Le problème, c'est qu'il se contente de dire que l'assistante du héros les fait, et qu'il ne donne aucun détail. Je trouve ça plutôt frustrant. Ce serait quand même plus instructif que les courses en moto qu'il raconte.
- Mais à part toi, qui irait s'intéresser aux Templiers ? Et d'abord, qu'est-ce que c'est que les Templiers ? »
Hermione soupira : « C'est un ordre de chevalerie qui existait en France au Moyen-âge.
- Crois-moi, les vampires, c'est beaucoup mieux. Mais je croyais que les moldus ne croyaient pas à leur existence ?
- C'est une fiction, et les moldus aiment bien retrouver des éléments de notre monde dans leurs histoire. Mais je ne suis pas sûr que cette histoire soit vraiment une fiction. Je crois que Mr Knight raconte dans ses romans des aventures qui lui sont réellement arrivé, en modifiant simplement les noms des personnages.
- Comment ça ?
- Le héros de cette histoire est un chasseur d'ombres, non ? Son assistante est d'origine asiatique, tout comme cette Miss Nakimura qui a été arrêtée avec Harry. Enfin, parce que c'est comme ça qu'il présente les choses. Son héros est aussi un écrivain qui fait passer son récit pour une fiction.
- D'accord, et ça t'avance à quoi ?
- Je me renseigne, c'est tout.
- Tu es sure ? Il a de beaux cheveux blonds et des yeux verts. J'en ai connu un autre dont tu savais les livres par c?ur.
- Ron ! je n'ai plus douze ans ! Le syndrome Lockhart, ça m'a passé, merci bien. En plus, ce n'est pas du tout mon genre.
- Vraiment ? Et c'est quoi ton genre ?
- Tu m'excuseras mais je n'ai pas envie de discuter de ça avec toi, et surtout pas maintenant. » Hermione reposa le livre. « Je voulais juste me faire une idée sur cet homme. Mais je crois que j'en sais assez. » Elle consulta sa montre. « Tu crois que ton père est rentré ?
- Non, ils seraient venus nous chercher. Hermione, tu crois que c'est possible qu'on ne puisse pas le faire sortir de là ? Qu'on ne le revoie jamais ?
- Non. Je ne veux pas le croire. Pas alors que c'est tellement évident qu'il n'a rien fait. Mais d'un autre côté. S'il ne retrouvait jamais sa magie, peux-tu imaginer la vie à Poudlard sans lui ? Et imagine ce qu'il doit vivre en ce moment ! S'il n'était plus jamais comme avant ?
- Il est plus fort que ça. Après tout, il a déjà surmonté beaucoup, il surmontera ça aussi. On l'aidera. Mais en ce moment, il est tout seul. Et on n'a aucun moyen de le faire sortir. Je hais Fudge.
- Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est qu'il ait réussi à retourner aussi rapidement l'opinion publique. Tout le monde a oublié la première chute de Voldemort. Personne ne s'est posé aucune question. Harry doit se croire abandonné ! Si seulement nous pouvions lui faire parvenir un message, lui dire que nous sommes avec lui !
- Papa essaie d'obtenir l'autorisation d'aller le voir, mais il a peu de chances d'y arriver. Fudge sait très bien les liens que nous avons avec Harry. »
Il y eut un silence, puis Hermione s'écria : « Eh ! je crois que j'ai une idée ! Il y a quelqu'un qui peut se déplacer au ministère comme elle le veut !
- Qui ? La femme de Fudge ?
- Mais non ! Rita Skeeter, bien sûr !
- Et comment comptes-tu la convaincre de t'aider ? Aux dernières nouvelles, ce n'était pas le grand amour entre vous deux.
- Je lui ai fait promettre de ne plus écrire. Si je la libère de sa promesse en échange de ce petit service, je suis sûre qu'elle ne sera que trop heureuse de s'en charger. Et en plus. » Le visage de la jeune fille s'illuminait au fur et à mesure que les idées lui venaient, et son enthousiasme était contagieux.
« Et en plus ? demanda Ron d'une voix excitée. Tu crois qu'elle peut le faire sortir ?
- Non, mais aider, peut-être. Rita Skeeter est connue, les gens croient ce qu'elle raconte. Même quand ce n'est qu'un tissu de mensonges. Imagine que nous lui racontions la véritable histoire ? Si elle la publie, on la croira.
- Mais sa spécialité, d'habitude, c'est plus de détruire la vie des gens que de la sauver. Elle ne trouvera peut-être pas ça intéressant.
- Pas intéressant ? Et les révélations sur la lâcheté et les mensonges de Fudge ? C'est tout à fait le genre de détails qu'elle aime répandre. Et, franchement, lui, elle peut le détruire autant qu'elle veut, je n'en ai absolument rien à faire ! Et puis, de toute façon, qu'est-ce qu'on risque ?
- Rien. Je suis d'accord. On peut envoyer Coq à Rita immédiatement. » Ils finissaient d'écrire la lettre quand Fred passa la tête. « Papa est en route, dit-il. Et on dîne dans deux minutes.
- On arrive », dit Ron. Ils attachèrent la lettre au petit hibou de Ron, qui s'envola immédiatement, puis dévalèrent l'escalier. Mr Weasley était déjà rentré. Sa femme, les jumeaux et Ginny l'entouraient et le pressaient de questions.
« Alors ? demanda Ron. Tu as vu Harry ?
- Non, je n'ai pas obtenu l'autorisation. Mais Percy va essayer aussi. Il a l'appui de son nouveau patron. Mais j'ai des nouvelles. Harry vient d'être transféré, sous avis médical, au service haute sécurité de Ste Mangouste.
- Comment ? S'exclama sa femme. Mais c'est affreux ! Je croyais qu'ils n'envoyaient là-bas que des prisonniers mourants ! »
Les enfants Weasley et Hermione fixèrent les deux adultes avec horreur.
- A ce qu'on m'a dit, Harry ne va pas si mal que ça. Il semble qu'un haut dignitaire ait fait pression pour qu'il soit traité le mieux possible. Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est pourquoi.
- Peut-être s'agit-il de quelqu'un qui croit Harry et qui a pitié de lui. Ils ne sont pas tous stupides au ministère.
- Avec n'importe qui d'autre, ce serait possible, mais il se trouve que ce mystérieux protecteur n'est autre que Lucius Malefoy. »
La stupéfaction se peignit sur tous les visages, puis Hermione s'écria : « Il faut le sortir de là ! Lucius doit penser qu'il sera plus facile de capturer Harry quand il sera sorti du ministère !
- Je ne crois pas, dit Arthur Weasley. Le service haute sécurité de Ste Mangouste est un des endroits les mieux protégés. Les prisonniers sont presque totalement isolés du monde extérieur. Et un ?il magique est placé dans chaque chambre, transmettant en permanence des images au ministère.
- Mais dans ce cas que cherche-t-il ?
- Peut-être cherche-t-il simplement à éviter que Harry ne dévoile trop tôt ce qu'il sait. Il doit avoir peur que les gens le croient. C'est la seule explication que j'ai trouvée, mais elle ne me satisfait qu'à moitié.
- En as-tu parlé à Dumbledore ?demanda sa femme.
- Oui. Cela n'a pas paru l'étonner. Il avait même l'air soulagé. Quoi que fasse Malefoy, j'imagine que ce n'est pas contre nous. Du moins pas dans l'immédiat. Mais ça m'étonnerait qu'il n'ait pas une idée derrière la tête.
- La chambre de Harry sera surveillée vingt-quatre heures sur vingt- quatre ? demanda soudain Hermione. Elle lança un regard à Ron, qui comprit ce qu'elle voulait dire. Rita Skeeter n'allait pas pouvoir lui porter de message.
- Oui, et tout sera enregistré, répondit Mr Weasley en se méprenant sur la raison de leur inquiétude. Vous n'avez aucune raison de vous faire du soucis. »
Une odeur désagréable commença à monter de la cuisine, et Mrs Weasley sauta soudain sur ses pieds.
« Oh mon dieu ! le dîner ! Venez vite à table ! Tant pis pour Percy, il nous rattrapera. »
La soirée ne fut pas particulièrement joyeuse ce soir là chez les Weasley. Même les jumeaux semblaient ne pas avoir le c?ur à s'amuser. Tous allèrent se coucher de bonne heure, en espérant que la journée du lendemain apporteraient enfin de bonnes nouvelles.
Rita Skeeter s'apprêtait elle aussi à se coucher. Depuis le mois de juin, depuis que cette horrible petite sorcière l'avait soumise à un odieux chantage, ses jours s'écoulaient lentement. Trop lentement. Elle n'avait jamais supporté l'inaction. L'écriture était sa vie, elle n'existait pas en dehors de son métier. Aussi quand elle eut lu la lettre que lui avait apportée un minuscule hibou, un grand sourire se dessina sur son visage. D'un coup de baguette, elle fut habillée et prête à l'action. Rita Skeeter était de retour. Et avec un scoop plus terrible que jamais. Finalement, la petite peste serait peut-être celle qui finirait de lui apporter la gloire. D'un nouveau mouvement de sa baguette, la journaliste transplana. Direction Londres.
Bon, j'espère que ce Harry catatonique ne vous dérange pas trop, c'est un état qui risque de durer quelques temps. Surtout quand il va apprendre qu'en fait... Vous avez quand même pas cru que j'allais raconter la suite ? En tous cas, le pauvre n'a pas fini de souffrir. Je vais répondre aux reviews individuellement aujourd'hui ( merci la RATP pour tes splendides grèves qui font repousser les dates des exams de quinze jours.).
Xaxa : Merci pour ta Review (et merci à Lily la Tigresse)
Lily la Tigresse (justement) : Parisienne et aussi vieille que moi ? Et en plus, tu me fais de la pub ? cool ! J'habite pas très loin de la Bastille, je vais à la fac à Jussieu. Et toi, tu es où ?
Csame : Pire que tout ce que tu avais pu imaginer ? Mais le pire, mon cher Csame, reste à venir (* éclate d'un gros rire sadique*).
Ranae : Ben si ! Contente que tu aimes.
Hadler : Un fan de GK ! Et qui en plus (accessoirement), aime mon histoire. Merci pour ta review.
Choupinette : « A la limite du sadisme ? » Tu me déçois, je pensais l'avoir franchie depuis longtemps, cette limite (depuis ma première fic, en fait, on m'a accusée de l'être, et j'ai fini par m'y faire). Peut-être que je ne suis pas allée assez loin après tout. Je veillerai à remédier à ça.
Philipe Griffondor : Ce que j'aime, avec toi, c'est que tu répands des tas d'ondes positives. Un tel enthousiasme, ça fait du bien, vraiment.
Hermichocos : Tu n'as pas aimé la fin du chapitre ? C'est cruel, tu trouves ? J'espère que tu n'auras pas eu le même problème avec celui-ci, qui a aussi une fin un peu brutale. Sinon, mets ça sur le compte de ma cruauté qui d'habitude ne s'exerce que sur Harry mais pourrait bien décider un jour de s'en prendre aux lecteurs. En tous cas merci pour ta review.
Lunenoire : Merci.
