Disclaimer : Tout ce qui touche à Harry Potter est à Joanne Rowling,
Gabriel Knight and co sont à Jane Jensen.
Chapitre 5 : Sombres préparatifs.
A la nuit tombée, les cellules du ministère devenaient encore plus sinistres que pendant la journée. Ce soir là, elles étaient presque toutes vides, et il y régnait un profond silence, un silence lourd et angoissant. Seul être humain dans les sous-sol, Grace était allongée sur sa paillasse. Les yeux grand ouverts dans la pénombre, elle expérimentait des sensations étranges et désagréables. Elle se sentait oppressée, comme jamais auparavant. Et les souvenirs les plus désagréables lui revenaient en mémoire. L'horrible vision des deux hommes du prince James, vidés de leur sang, allongés sur le lieux de leur sacrifice. Gabriel qui se transformait soudain en loup au beau milieu de la représentation de l'opéra perdu de Wagner. Elle ignorait pourquoi, c'était sans doute un effet de l'obscurité et du silence. Elle ne pouvait pas savoir, bien sûr, que la nuit les prisonniers étaient gardés par des Détraqueurs. Elle les croyait cantonnés à Azkaban, et ne pouvait pas voir la créature plantée devant la porte de sa cellule.
Elle ne pouvait pas se permettre de se laisser aller au désespoir. Se redressant brusquement, elle s'assit en tailleur sur ce qui lui servait de lit, et entreprit une séance de méditation Taï Shi. D'habitude, cet exercice suffisait à lui rendre sa sérénité, quelque soient les circonstances. Vidant sa tête de toutes pensées, elle commença progressivement à se sentir mieux. Après une demi-heure, plus détendue, elle se rallongea. Le sentiment de désespoir n'avait pas disparu, mais il était moins présent, plus supportable.
Grace repensa à tout ce qui s'était passé. Où était Gabriel en ce moment ? Que faisait-il ? Etait-il resté avec les sorciers ? Allait-il faire la bêtise d'essayer de la libérer ? Elle espérait que non, le sorcier lui avait dit qu'elle sortirait dans quelques jours, et Gabriel avait un don pour se mettre en danger. Mais après tout, peut-être avait-il trouvé une superbe fille avec qui il passait la nuit, et était-il bien content qu'elle ne soit pas là. Tout était possible avec lui. Les sorcières étaient peut- être mignonnes. Oh, et puis il faisait bien ce qu'il voulait après tout.
Elle pensa un instant à Harry. Le garçon avait été emmené quelques heures plus tôt par des hommes en blouse blanche. Au moins lui était sorti d'ici, même si, sur le long terme, il était dans une situation bien pire que la sienne. Combien de nuits allait-elle devoir passer ainsi ?
Un léger bruit la détourna de ses pensées. On aurait dit un bourdonnement.
« Super, pensa-t-elle en scrutant la pénombre pour essayer de découvrir l'insecte. En plus je vais me retrouver couverte de piqûres de moustiques. »
Mais lorsqu'elle localisa la bestiole, qui passait devant le rai de lumière qui filtrait à travers les barreaux, elle eut la surprise de constater que c'était bien plus gros qu'un moustique. Elle espérait que ce n'était pas un frelon, ou autre chose dans le même genre. L'insecte sembla se désintéresser d'elle et passa entre deux barreaux pour rejoindre l'extérieur. Il avait bien de la chance.
Grace se détendit quelque peu en le voyant s'éloigner. Elle devait essayer de dormir un peu si elle voulait pouvoir affronter le lendemain. De nouveau, elle utilisa ses techniques de relaxation, cette fois dans le but de s'endormir. Mais alors qu'elle commençait à s'assoupir, le bourdonnement se fit entendre de nouveau. Dans un premier temps, elle l'ignora, mais l'insecte passa tout près de son visage, la sortant de sa somnolence. Elle ouvrit les yeux, légèrement irritée, prête à saisir sa chaussure pour écraser le gêneur.
On entendit alors un petit « pop », et, comme surgie de nulle part, une femme se tint devant elle. Grande, elle avait des cheveux blonds décolorés et un visage dont, même dans cette semi-obscurité, on pouvait dire qu'il était outrageusement maquillé.
Le c?ur de Grace fit un bond dans sa poitrine, et elle poussa un léger cri.
« Chut ! fit la femme. Je n'ai pas du tout envie qu'on me trouve ici.
- Qui êtes vous ? demanda Grace d'une voix qu'elle avait du mal à contenir. Que faites-vous ici ?
- Je m'appelle Rita Skeeter. N'ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Je cherche Harry. Vous êtes la moldue qui a été arrêtée avec lui, n'est- ce pas ?
- Oui. Pourquoi voulez-vous voir Harry ?
- J'ai un message pour lui. De la part de ses amis. Et je voudrais lui poser quelques questions : je suis journaliste.
- Ne croyez-vous pas que vous lui avez fait assez de mal ?
- Je sais qu'il est innocent. Si vous me dites où il est, je pourrais peut- être écrire un article qui aidera à le faire libérer. Et vous avec lui.
- Harry n'est plus ici. Et pourquoi devrais-je vous faire confiance ? Comment êtes vous entrée ici ?
- Comment je suis entrée n'a pas d'importance. Où est Harry, s'il n'est pas là ? A-t-il été relâché ?
- Croyez-vous vraiment que les gens du ministère me font des confidences ? Et si c'était le cas, vous savez probablement que les amis de Harry ne sont pas les seuls à le rechercher. Vous vous dites journaliste, mais, dans le monde moldu, les journalistes n'ont pas pour habitude de s'introduire dans les prisons pour y interviewer les détenus. Ce genre de méthodes est plutôt l'apanage des bandits, et encore ce n'est pas très répandu. »
Rita Skeeter eut un soupir d'exaspération, et, un moment, Grace crut qu'elle allait faire machine arrière et sortir de sa cellule. Mais, finalement, la journaliste planta ses yeux dans ceux de la prisonnière, inspira profondément, et reprit la parole.
« Ecoutez, dit-elle d'une voix mesurée, si vous jurez de n'en parler à personne et de ne pas mentionner ma visite, je vous montrerai comment je suis entrée. C'est une preuve de confiance, j'aurais de très gros problèmes si ça se savait. En échange, j'aimerais que vous répondiez à mes questions.
- D'accord, si j'estime que je peux vous faire confiance, je répondrai à vos questions, dans la mesure du possible. »
Il y eut un plop, la femme disparut. Le gros insecte vint voler autour de Grace, puis revint se poser par terre. De nouveau, on entendit un plop, et la journaliste réapparut.
Grace cligna plusieurs fois des yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
« Je ne comprends toujours pas, avoua-t-elle. Vous pouvez disparaître et réapparaître, mais si c'était possible ici, tous les sorciers en feraient autant. Sirius nous a fait disparaître tout à l'heure.
- Sirius ? Quel Sirius ? »
Grace comprit trop tard qu'elle avait fait une bourde.
- Oubliez. C'était juste une phrase comme ça.
- Sirius Black, n'est-ce pas ? Ce n'est pas la peine de vous demander ce que vous faisiez avec lui, j'imagine. En tous cas, je n'ai pas disparu. Je suis un animagus. C'est à dire que je peux me transformer en scarabée. Et je peux vous dire que c'est très utile quand on est journaliste.
- Vous vous transformez en scarabée ? » Grace avait du mal à croire ce qu'elle entendait. Elle avait vu Sirius se changer en chien un peu plus tôt, et ça avait déjà été un choc, mais elle pouvait encore le concevoir. Elle vivait dans le surnaturel depuis suffisamment longtemps. Mais un scarabée.
« Certains sorciers sont capables de se transformer en animaux, poursuivait Rita. On les appelle des animagus. C'est un don rare. Mais, normalement, ils sont très contrôlés par le ministère. Le problème, c'est que moi, je ne me suis jamais déclarée en tant qu'animagus. Donc ce que je fais est absolument illégal. »
Sirius non plus ne devait pas être déclaré, songea Grace, sinon sa forme canine ne passerait pas inaperçue aussi facilement. Finalement, les animagus non déclarés avaient l'air d'être plutôt fréquents dans le monde des sorciers. Même si la journaliste pensait que c'était rare.
« Maintenant, continua la journaliste, dites-moi où je peux trouver Harry.
- Attendez. Je veux voir le message que vous apportiez à Harry.
- Même pour une journaliste, ça ressemble un peu trop à une insertion dans sa vie privée. Et je ne vois pas ce que ça vous apportera.
- Rien ne me dit que vous dites la vérité. Je n'ai que votre parole comme quoi ce que vous faites est illégal.
- Vous êtes vraiment du genre soupçonneux, vous. Très bien. » Elle sortit de sa poche une feuille pliée en quatre. Puis elle claqua des doigts et une petite lumière apparut.. C'est la lettre que m'a envoyé l'amie de Harry. Puisque vous savez déjà mon secret, je suppose que je ne risque rien à vous la montrer. »
Grace reconnut sans mal l'écriture sage qui figurait sur une des lettres que Gabriel avait prises dans la chambre de Harry. Elle parcourut la lettre, constatant qu'en effet Ron et Hermione, les amis de Harry, avaient demandé à la journaliste de porter un message à Harry et de les aider à le faire sortir, puis rendit le papier à sa propriétaire.
« Satisfaite ? demanda Rita.
- J'imagine. Je suis désolée de vous avoir semblé si méfiante, mais je ne sais vraiment plus à qui je peux faire confiance.
- Ce n'est pas grave. Mais maintenant dites-moi : où est Harry ?
- En réalité, je n'en sais rien. Il a passé la journée ici, mais des médecins l'ont emmené en début de soirée. Il doit être à l'infirmerie, ou quelque chose comme ça. Il n'était pas vraiment en grande forme ces derniers jours.
- Il n'y a pas d'infirmerie ici. Il est probablement dans l'un des rares endroits de ce pays où je ne peux pas me rendre. Hermione devra trouver un autre moyen pour lui faire parvenir son courrier.
- Je suis désolée.
- Ca fait partie des aléas de mon métier. J'imagine cependant que vous connaissez une bonne partie de ce que Harry aurait pu me raconter. J'ai énormément de questions à vous poser.
- Allez-y. Mais si vous me citez dans votre article, les gens vont se douter que vous êtes venue ici.
- C'est mon problème. Je m'arrangerai. » Et une fois de plus, Grace se retrouva à raconter son histoire. Au milieu de son récit, cependant, la journaliste disparut soudainement, prenant sa forme arthropodienne. Grace entendit le bruit d'une porte qui s'ouvre, puis elle ressentit un froid terrible, comme si une main glacée lui enserrait la poitrine. Puis elle entendit la porte se refermer, et la chaleur lui revint. Peu après, Rita réapparut.
« Ouf ! s'écria-t-elle. Il s'en est fallu d'un cheveu.
- Qu'est-ce que c'était ?
- Un de vos gardiens. Il ne devrait plus revenir avant un certain temps, maintenant.
- Je n'ai vu personne.
- Normal, vous êtes moldue. Ce serait trop long de vous expliquer. Continuez votre histoire, s'il vous plaît.
- Très bien, répondit Grace, encore un peu choquée par l'étrange phénomène qui venait d'avoir lieu. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans son récit, elle voyait le visage de la journaliste s'illuminer.
- Je vois déjà l'article fabuleux que tout cela va faire ! s'exclama-t- elle. J'ai l'impression que cette petite peste et moi allons pouvoir trouver un terrain d'entente. Dites-moi, savez-vous où je peux trouver votre ami ? Pour avoir une source que je puisse citer !
- Aucune idée. J'ai moi-même passé suffisamment de temps à le chercher ces dernières années. Peut-être à Poudlard, peut-être pas. Mais vous pouvez toujours demander à Mose. Son copain policier. Lui ne devrait pas être trop dur à trouver. Il a un bureau dans les locaux de la police, à Little Whiming. En espérant bien sûr qu'il ne sera pas déjà reparti à la Nouvelle Orléans.
- Bien sûr. Et peut-être que Ron et Hermione pourront m'aider sur ce point, s'il était à Poudlard plus tôt dans l'après-midi. Dites-moi, encore un détail, quelle est la nature exacte de votre relation avec Mr Knight ?
- Gabriel ? » Grace sentit son visage s'empourprer, elle ne s'attendait pas à cette question, mais elle répondit néanmoins. « Nous sommes collègues. Je l'aide dans ses enquêtes.
- Et sur un plan plus personnel ?
- Je ne vois pas ce que cela vient faire ici. Mais il n'y a rien entre lui et moi, si vous tenez vraiment à le savoir.
- Dommage. C'aurait donné une petite note bien agréable. Un petit plus. Tant pis. Dans deux jours, le monde risque d'être pas mal secoué. Et Fudge a intérêt à surveiller ses arrières. Bonne nuit, Miss Nakimura.
- Au revoir. »
Une seconde plus tard, le scarabée passait entre deux barreaux. Et Grace, de nouveau, se retrouva seule à fixer l'obscurité.
Gabriel se réveilla en sursaut. Il tenta de se souvenir de son rêve. Des yeux rouges. Un serpent. Il lui semblait avoir déjà fait ce rêve auparavant. Mais tout était toujours si confus ! Son regard se posa un instant sur le médaillon posé sur sa poitrine, comme après chaque rêve depuis qu'il avait récupéré le bijou. Il n'avait jamais réellement compris ce qui y était gravé. Un serpent était enlacé autour d'un lion. Il ignorait d'où venait le médaillon. Le poignard, il l'avait découvert l'année précédente, avait deux mille ans, et avait été sacré, semblait-il, par le christ en personne. A l'époque, pourtant, les Ritter ne devaient pas encore avoir accédé au rang de chasseurs d'ombres. Le médaillon devait être plus récent. Et il était probablement le véritable lien entre les Ritter et leur fonction. Son père, qui n'avait jamais rien su de ce qu'il était, avait été hanté par des rêves toute sa vie. Et dans les dessins qu'il avait fait de ses rêves, on voyait clairement le lion, et le serpent.
Gabriel décida que le moment n'était peut-être pas très bien choisi pour s'interroger sur ses origines. Le soleil commençait à percer à travers les rideaux, sa montre indiquait sept heures. Courbaturé après une nuit passée sur le canapé, Gabriel se leva. Mosely avait insisté pour qu'ils quittent la villa prêtée par Mme Stevens et aillent dormir chez lui. Evidemment, lui avait un lit, et on entendait ses ronflements à travers la porte de sa chambre.
Ils n'avaient pas appris grand chose la veille au soir. La cliente de Gabriel était injoignable, ce qui n'était pas très surprenant. A tout hasard, il avait placé quelques micros dans la maison, mais il n'était même pas sur de pouvoir venir les relever un jour. Les recherches dans l'ordinateur à propos de Voldemort, et du ministère de la magie n'avaient rien donné, mais évidemment il n'avait pas les talents de Grace pour ce genre d'exercice. La police moldue semblait avoir classé l'affaire, mais Mose avait obtenu la permission de rester pour vérifier quelques faits.
Gabriel mit un la cafetière en marche, et se dirigea vers la salle de bains pendant que le liquide passait. Lorsqu'il ressortit, Mosely émergeait de sa chambre.
« Dis donc le moteur a bien fonctionné cette nuit, se moqua le Schattenjäger.
- Oh, ça va Knight. Epargne-moi tes commentaires. » Tous deux se servirent une tasse de café fort.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda Mosely.
- Je n'en sais rien. J'aimerais trouver où est Grace, mais ça m'étonnerait que j'arrive à localiser leur foutu ministère sans l'aide d'un sorcier, et le vieux directeur n'a rien voulu me dire. Je crois qu'il avait peur de ce que je ferais. Le problème, c'est qu'il est le seul lien que j'aie avec ces gens. Les amis de Harry auraient probablement été prêts à m'aider, notamment son parrain. Mais je ne sais pas comment le contacter.
- Je crois que le vieux avait raison. Je n'aime pas du tout l'idée que tu ailles affronter ces sorciers. Non, en fait, ce que je n'aime pas, c'est l'idée que tu pourrais m'y entraîner avec toi.
- Il y a aussi cette Mme Stevens. Elle s'est fichue de moi, et franchement ça commence à m'énerver.
- Elle non plus, je n'ai pas tellement envie de m'y frotter.
- Je me demande si on pourrait découvrir à quelle adresse correspond cette ligne, poursuivit Gabriel, sans tenir compte des interruptions. D'après ce que j'ai appris, les sorciers ignorent tout de nos technologies. J'imagine qu'il ne se sont pas souciés de crypter leur ligne, ou de se mettre sur liste rouge.
- Liste rouge ou pas, quand on a accès aux fichiers de la police, ce n'est pas vraiment difficile, rappela Mosely.
- Bien sûr ! Tu n'avais pas l'intention de retourner au commissariat, ce matin, par hasard ?
- Je crois que j'aurais mieux fait de me taire.
- Je me demande si Stevens est son vrai nom, continua Gabriel. C'est tellement courant. L'idéal pour un pseudonyme.
- Pas aussi bien que Smith.
- Peut-être, mais pas mal quand même.
- Tu ne crois pas que ta cliente pourrait attendre ? L'important, pour l'instant, c'est de libérer Gracie.
- Crois-tu vraiment que je l'ai oublié ? Mais si j'arrivais à faire parler Mme Stevens, cela pourrait aider, tu ne crois pas ?
- Redescends sur terre, Knight. Tu n'as aucun moyen de faire pression sur elle. C'est une sorcière, rien ne dit qu'elle soit seule. Et elle semble du genre impitoyable. Si tu veux mon avis, si jamais tu lui sembles un peu trop dangereux, elle se fera un plaisir de te liquider. Ce qui me rendra peut-être la vie un peu plus agréable et moins risquée, mais n'arrangera pas beaucoup la situation.
- Je n'avais pas vraiment l'intention de me planter devant elle et de lui dire : « Bonjour, je sais que vous m'avez trompé et que vous êtes responsable des événements de l'autre jour. Maintenant, allez voir la police s'il vous plaît. Je ne suis pas totalement stupide.
- Tu fais bien semblant, en tous cas. Et je peux savoir ce que tu comptes faire ?
- j'improviserai. Au besoin, une fois que je saurai qui elle est, je ferai appel à Dumbledore.
- Bien sûr. Quand les poules auront des dents.
- Quand t'auras fini de me faire la morale, tu pourras te rendre au commissariat s'il te plaît.
- Ouais, ouais, je vais y aller. Mais tu ne diras pas que je ne t'ai pas prévenu. »
Il s'écoula environ une heure avant le retour de Mosely.
- J'ai ton adresse. Dans un coin perdu, à environ deux heures de route. D'après les collègues, c'est un immense manoir, dont les propriétaires sont extrêmement puissants.
- Tu as le nom des propriétaires ?
- La maison est au nom d'un certain Lucius Malefoy.
- Donc elle m'a menti d'un bout à l'autre. Prête moi ta voiture.
- Je ne crois vraiment pas que ce soit une bonne idée. Ils te connaissent, et ils doivent avoir compris que tu n'étais pas vraiment de leur côté, tu es parti en emmenant Harry !
- Mose, les clés.
- T'es vraiment une tête de mule, toi ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire à ta grand-mère quand ils t'auront tué ?
- Mose, les clés, répéta Gabriel d'un ton plus pressant.
- Ok. Mais je te préviens, s'il y a la moindre éraflure.
- A plus tard ! coupa Gabriel en franchissant la porte d'entrée. Il s'installa au volant de la voiture de location, et démarra. Il eut quelques difficultés à trouver le manoir, qui était réellement isolé, perdu au milieu d'une immense forêt. Gabriel laissa sa voiture à une centaine de mètres de la grille d'entrée. Le parc semblait si grand que la maison était à peine visible de la route. De nombreuses plaques étaient posées sur la grille, principalement pour dissuader les rôdeurs d'entrer. Ces gens là n'avaient pas l'air de plaisanter. Gabriel chercha une sonnette, mais n'en trouva pas. La grille était beaucoup trop haute pour être escaladée, et un mur entourait la propriété. Les sorciers avaient probablement leurs propres moyens de se faire annoncer chez les gens.
Dépité à l'idée d'avoir fait tout ce chemin pour rien, Gabriel entreprit de faire le tour de la propriété. Le mur qui l'entourait était parfaitement hermétique, et n'offrait aucun passage. Cependant, à l'arrière, il découvrit un érable qui avait poussé un peu trop près. Gabriel hésita un instant, pensa à la tête que ferait Mosely s'il rentrait bredouille, puis il commença à grimper à l'arbre. Quand il fut sur le sommet du mur, il regarda à l'intérieur. Le parc était vide, à l'exception d'un garçon d'une quinzaine d'années, qui était juché sur ce qui ressemblait à un balai volant et exécutait des loopings parmi les arbres.
« Eh bien, se dit Gabriel, on comprend pourquoi ils ont des murs pour protéger la propriété. Si tous les passants pouvaient voir ça ! » S'assurant que le garçon ne regardait pas dans sa direction, Gabriel se laissa glisser doucement sur le sol. Il s'avança en direction de la maison. Enfin, si on pouvait appeler ça une maison. Il s'agissait d'un manoir carré, haut de trois étages. Le schattenjäger en fit le tour, en s'efforçant de rester dans l'ombre. Les fenêtres sur l'arrière donnaient sur une immense salle de réception. Jamais il n'avait rien vu d'aussi luxueux. Partout, ce n'était que dorures, cristal, et marbre. Bien que la pièce soit vide, un énorme feu brûlait dans la cheminée. Une fenêtre était entrouverte. Gabriel repensa un instant à ce qu'il avait déclenché la dernière fois où il avait fait ça, puis, sans laisser cette pensée l'arrêter, il poussa la fenêtre et se faufila à l'intérieur. Alors qu'il atteignait la porte, il entendit des voix qui se rapprochaient. Il courut presque, enjamba la fenêtre et s'accroupit à l'extérieur.
Il vit entrer trois hommes et une femme. Il reconnut sans mal Mrs Stevens, bien qu'elle soit nettement moins maquillée que la fois où elle l'avait reçu. Deux des hommes avaient des carrures de bouledogue, un visage empâté et des yeux ternes. Le troisième était blond avec un visage dur. Ce devait être le maître de maison, car il claqua des doigts, et des bouteilles et des verres apparurent sur une table basse. Gabriel mit en marche son magnétophone.
« Bien, commença l'homme en servant à boire à ses hôtes, si je vous ai fait venir ici ce soir, c'est pour vous transmettre un message du maître. Autant vous le dire tout de suite : il n'est pas très satisfait. Que vous vous soyez fait avoir aussi facilement l'autre soir, et que le ministère ait retrouvé Potter avant nous l'ont contrarié au plus haut point. Il craint que ce ne soit qu'une question de temps avant que ce Parrish ne comprennent la vérité. Or, c'est quelque chose que nous ne pouvons pas nous permettre. Nous devons rester les seuls, à l'exception du seigneur de Ténèbres, à connaître ce secret. Je n'ai pas besoin de vous rappeler quelles seraient les conséquences si, par malheur, certaines personnes venaient à l'apprendre.
- Non, bien sûr, dit l'un des deux autres hommes. Mais pourquoi le Maître ne se rend-il pas simplement à l'endroit où est Potter pour s'en débarrasser ? Il pourrait écraser tous ces sorciers du ministère en quelques instants.
- Le maître n'a pas encore repris suffisamment de forces pour une telle attaque frontale, Crabbe. C'est pourquoi il nous demande de lui amener Potter.
- Mais comment pourrions nous faire cela ? Il doit être le prisonnier le mieux gardé depuis au moins dix ans. Et le fait que tu l'aies fait transférer à Ste Mangouste n'a pas dû arranger les choses.
- Je n'avais pas le choix. Il fallait que je fasse cesser ces interrogatoires, et le petit idiot aurait bien été capable de se laisser mourir. Là, au moins, il est en sécurité pour quelques jours.
- Où qu'il soit, remarqua la femme, ce n'est probablement pas aussi inviolable que son ancienne maison. Or nous l'en avons sorti.
- Pour le bien que ton intervention a fait, remarqua le blond. Nous aurions pu en avoir terminé avec lui si tu n'avais pas stupidement tué cette moldue et perdu la tête, Narcissa.
- Le moldu n'était pas censé empêcher les pixies de finir leur travail.
- Si tu m'avais parlé de ce plan, nous aurions peut-être pu l'organiser un peu mieux.
- Je respectais les ordres du maître en ne t'en parlant pas, mon cher Lucius. Mais pour en revenir au problème présent, nous avons deux solutions : attaquer en force pour le sortir de là, ou trouver un moyen de l'emmener sans donner l'alarme.
- Les deux semblent également irréalisables, grogna l'un des deux mastodontes.
- Ne sois pas défaitiste, Goyle. Le Seigneur des Ténèbres ne nous aurait pas donné une mission irréalisable.
- Attaquer à quatre me semble quand même impossible.
- je suis d'accord, Goyle. Dans ce cas, nous devrons simplement utiliser l'autre méthode. Ils est temps de faire fonctionner vos neurones. »
Les deux gros hommes prirent des têtes comiques, et Lucius et Narcissa échangèrent un regard moqueur.
« C'est vrai que le cerveau est la seule partie de votre anatomie qui ne soit pas outrageusement développée, rit Lucius. Il est donc heureux que Narcissa et moi ayons déjà réfléchi sur le sujet. J'ai fait ce matin, une fois de plus, un don important à Ste Mangouste, et j'ai obtenu pour Narcissa une visite de l'hôpital, dans quelques heures. Le Seigneur des Ténèbres m'a fourni ceci - Il sortit de sa cape ce qui ressemblait à une pierre plate. - C'est une écaille de basilic, et, vous le savez sans doute, un puissant inhibiteur de magie. Il lui suffira de placer l'écaille à un endroit judicieusement pour que toutes les communications entre la chambre de Potter et l'endroit où se trouvent les Aurors soient interrompues. C'est alors que nous interviendrons.
- Mais comment on entre ?
- Par la porte, Crabbe, tu es trop gros pour passer par la fenêtre. Les barrière sont là pour empêcher les gens de sortir, pas d'entrer.
- Alors comment on sort ?
- Ah ! voilà une question intéressante. Nous pourrions sortir sans problème, bien sûr, mais pas en emmenant Potter. Eh bien, N'avez-vous pas une petite idée ? » Crabbe et Goyle se regardèrent d'un air ahuri. « Non, bien sûr, ce serait trop vous demander. Il nous suffira de forcer Potter à boire une certaine potion pour qu'il prenne la forme de quelqu'un d'autre. Mon fils, par exemple. Et là, il devrait pouvoir sortir. »
Les deux autres regardaient leur chef avec une intense admiration. La femme souriait doucement.
« Heureusement Drago s'est entraîné à la fabrication du polynectar, cet été. Son travail va nous servir, dit-elle. Maintenant, Messieurs, à moins que vous n'ayez d'autres suggestions à émettre, ou des questions à poser, je propose que nous arrêtions là cette réunion. Je dois me rendre au comité des bonnes ?uvres du ministère dans une demi-heures, et je ne voudrais pas faire attendre ces dames.
- Va te préparer, chérie, dit son mari. » A ce moment, Gabriel entendit un sifflement joyeux. Son balai à la main, le garçon revenait vers la maison. Heureusement, il ne semblait pas l'avoir vu, et le Schattenjäger courut silencieusement jusqu'au coin de la maison, hors de vue de l'adolescent.
Puis il sortit de sa poche la boule que lui avait donné Dumbledore la veille, et la prit en main.
Une fois de plus, Parrish pénétra sans frapper dans le bureau de Fudge. Il tenait à la main un livre ouvert, qu'il jeta triomphalement sur le bureau de son supérieur. Celui-ci le lut, son visage exprimant tour à tour l'incompréhension puis la stupeur.
« Vous ne voulez pas dire que pour nous débarrasser de ce monstre, nous devons.
- Si, exactement. C'est le seul moyen d'éviter de rendre votre erreur publique. Mais nous devons agir vite : je suis presque sur que Vous-Savez- Qui est également au courant. C'est pour ça qu'il nous a envoyé Malefoy.
- Je ne peux pas croire que Lucius travaille pour Vous-Savez-Qui. Avec tout ce qu'il donne pour les bonnes ?uvres, et la réputation de sa famille !
- Cornélius, je crains de ne pas avoir le temps d'ouvrir un débat là- dessus. Nous avons le moyen de le détruire. Le problème est de savoir comment nous allons procéder.
- Mais si Harry avait raison depuis le début, s'il est réellement innocent, nous ne pouvons pas.
- En êtes vous sûr ? Si nous posions la question au peuple sorcier, quelle serait à votre avis leur réponse ? Quel est le prix d'une vie, Cornélius ? Et combien seront épargnées si nous agissons maintenant ?
- Bien sûr, mais.
- Nous n'avons pas le choix. Si nous lui en laissons le temps, Vous-Savez- Qui reprendra rapidement ses forces, et fera à nouveau parler de lui. Vous pouvez bien sûr annoncer son retour maintenant, et tenter de le combattre, mais quelles chances aurons-nous, honnêtement ? Et si Vous-Savez-Qui revient au pouvoir, et que les gens comprennent que vous étiez au courant depuis le début et que vous n'avez rien fait, votre carrière est finie.
- Et accessoirement la vôtre, répliqua sèchement le ministre.
- Je ne le nie pas. Mais indépendamment de nos raisons personnelles, c'est la meilleure solution. Contrairement à ce que semble penser un certain Albus Dumbledore, on ne sauvera pas le monde avec de la morale de bas- étage. Nous sommes en guerre et une guerre requiert des sacrifices. Si vous n'aviez pas commis l'erreur de commencer par nier le retour de Celui-dont- le-nom-ne-doit-pas-être-prononcé, nous aurions même pu mener notre action publiquement, et le peuple aurait très certainement loué votre action.
- Peut-être. Il n'empêche que si quelqu'un découvre ce que nous aurons fait, et ne connaît pas toute l'histoire, les retombées seront terribles.
- C'est un risque à courir. Dans ce cas, nous pourrons toujours expliquer pourquoi nous avons fait cela. Mais il y a peut-être un moyen d'empêcher cela. Je crois que Harry ignore tout de cette situation.
- C'est aussi bien comme ça. Il n'a pas besoin de le savoir.
- Je ne le connais pas bien , mais j'ai pu obtenir quelques échos sur Harry Potter. J'ai l'impression que s'il savait tout il serait d'accord avec nous. Il serait probablement même prêt à agir lui-même. Nous évitant de prendre ce risque.
- Vous pensez qu'il pourrait.. ? Mais nous ne pourrons même pas lui apporter une certaine reconnaissance pour son geste !
- Croyez-vous vraiment que la reconnaissance est ce que l'on cherche en une telle circonstance ? Nous pourrons toujours l'innocenter plus tard.
- Si Harry est d'accord, je suppose que je n'ai aucune raison de m'y opposer, finit par céder Fudge. Je suppose qu'il est assez grand pour savoir ce qu'il veut faire.
- C'est la bonne décision. » Parrish posa la main sur l'épaule de Fudge. « Il y a des choix qui font mal, mais c'est beaucoup mieux ainsi. Pour tout le monde. »
Gabriel finit par trouver un ensemble de fauteuils de jardin qu'il empila tant bien que mal pour pouvoir repasser par-dessus le mur. Dès qu'il fut sorti de la propriété, il se précipita vers la voiture de Mosely, et démarra précipitamment. Lorsqu'il s'estima à une distance suffisante de la propriété des Malefoy, il sortit de sa poche la petite boule rouge que lui avait donnée Dumbledore, et la prit dans sa main. Un moment, il se demanda si c'était vraiment possible qu'un tel objet puisse servir à établir un contact, ou si le vieux sorcier s'était moqué de lui, mais au bout de quelques instants la boule commença à émettre des crachotements, puis elle s'éclaircit jusqu'à devenir blanche, et le visage ridé du directeur de Poudlard s'y dessina.
« Mr Knight ? demanda-t-il. Vous vouliez me parler ?
- Il y a quelques petits détails dont j'aurais aimé vous faire part, en effet. Ceci est une conversation que je viens de surprendre. » Il mit en marche son magnétophone. Le vieux sorcier écouta attentivement, et son visage exprima un vif intérêt, en même temps qu'une profonde inquiétude. Lorsque la bande s'arrêta, il hocha la tête.
« J'imagine que c'est ce que vous appelez un magnétophone, n'est-ce pas ? Cette conversation a réellement eu lieu.
- Bien sur qu'elle a eu lieu. Je ne me suis pas amusé à enregistrer une mise en scène pour vous faire une blague.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Bien sur que j'ai une entière confiance en vous. S'ils parviennent à leurs fins, ce sera une véritable catastrophe. Merci de m'avoir averti.
- Vous allez pouvoir empêcher cela ?
- Je l'espère. Mais le ministère semble décidé à me mettre des bâtons dans les roues.
- Professeur, où se trouve cet endroit dont ils ont parlé, et où se trouverait Harry ?
- Ste Mangouste ? C'est à Londres, dans un quartier connu uniquement des sorciers. Je crains de devoir vous demander de rester en dehors des événements qui vont se dérouler demain, Mr Knight. Il y a des enjeux dont vous n'avez pas la moindre idée. Et des forces qui vous dépassent. Votre monde a encore besoin de vous.
- Que savez-vous de mon monde ? De quel droit me dites-vous ce que je dois faire ?
- Je ne peux pas vous dire ce que vous devez faire ou ne pas faire. Vous décidez seul de vos actes. Je ne peux que vous donner un conseil, dont vous ferez ce que vous voulez. Et, au sujet de votre monde, et de votre fonction, j'en sais plus que vous ne le pensez. Peut-être même plus que vous n'en savez vous-même. Wolfgang n'a pas eu le temps de vous apprendre grand-chose, n'est-ce pas ?
- J'ai appris tout seul. » Gabriel jugea préférable de changer de sujet, sentant que le vieil homme ne lui en dirait pas plus. « Avez-vous des nouvelles de Grace ? demanda-t-il.
- Il semble que le ministère ait complètement oublié son existence, autrement il est probable qu'ils l'auraient déjà libérée.
- comment ça oublié son existence ? vous rendez-vous compte de ce que vous êtes en train de me dire ?
- Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'une question de temps. Il y a quelques semaines, j'aurais facilement pu obtenir de Fudge qu'il s'occupe de ce problème, malheureusement aujourd'hui. Je crains que tout ne dépende de sa bonne volonté.
- Que tout dépende de sa bonne volonté ? Vous qui prétendez connaître mon monde, vous devriez avoir entendu parler de ce que nous appelons la démocratie. J'ai l'impression que vous auriez quelques petites choses à apprendre. Chez moi, il y a des lois contre la détention abusive ! On ne maintient pas ainsi les gens dans un total isolement, sans raison valable par surcroît.
- Je n'ai pas grand-chose à répondre à cela, répondit doucement Dumbledore, son visage semblant à cet instant plus vieux et fatigué que Gabriel ne l'aurait pu possible. Je suis entièrement d'accord avec vous. Certains des pouvoirs du ministre sont très certainement abusifs. Mais nous devons faire avec. Je dois vous laisser, j'ai énormément de travail. »
Gabriel aurait aimé protester, mais le visage disparut de la boule qu'il tenait à la main, qui reprit sa couleur d'origine. De frustration, il la jeta sur le siège passager, puis il démarra en trombe.
Ron et Hermione avaient fixé rendez vous à Rita Skeeter dans un parc non loin de la maison des Weasley ce soir là. Ils y arrivèrent les premiers et s'installèrent sur un banc.
« Tu crois qu'elle va venir ? demanda Ron.
- J'en suis persuadée. Non seulement c'est sa seule chance d'écrire avant un an, mais en plus nous lui offrons de quoi engager une polémique, avec de bonnes sources d'informations. C'est le rêve pour une journaliste. A mon avis, elle n'aura même pas attendu ce soir pour commencer.
- Je me demande si elle a pu voir Harry, fit Ron songeusement.
- Il y a peu de chances, rappelle-toi qu'il a été transféré.
- Au moins lui transmettre notre mot, je ne sais pas. Qu'il ait un signe.
- Harry sait qu'on ne l'a pas abandonné. Il a vu Sirius. Il sait que Dumbledore est avec lui.
- Peut-être saura-t-il qu'on était derrière quand l'article sortira.
- Peut-être. Je me demande si nous n'aurions pas dû parler de tout ça avec tes parents. Avoir l'accord d'un adulte. Je n'aime pas l'idée que nous faisons ça dans leur dos.
- Allons, Mione, ce n'est pas la première fois que nous accomplissons quelque chose sans l'accord d'un adulte ! Et il y va de la vie de Harry !
- Ils auraient peut-être été d'accord. C'est la première fois que ce que nous faisons va être vu par toute la Grande Bretagne. Je sais bien qu'ils ne sauront pas que nous sommes derrière, mais si les retombées n'étaient pas celles que nous espérons ?
- Que veux-tu qu'il arrive ? La situation ne peut pas être pire qu'elle n'est déjà. Avec le retour de Tu-Sais-Qui, Harry emprisonné, malade et sans pouvoirs, et le journal de ce matin. je ne vois vraiment pas comment ça pourrait empirer. » le journal du matin avait en effet exhibé en première page un article sur la situation, qui mettait tout ce qui s'était passé sur le dos de Dumbledore, et de sa trop grande tolérance. Y était citée une interview de Fudge, qui laissait entendre, sans le dire clairement, comme l'homme politique qu'il était, que l'âge du directeur était en cause, et qu'il était possible qu'un nouveau directeur arrive prochainement à Poudlard.
« Tu as raison, dit Hermione, s'ils emploient ces moyens nous pouvons les utiliser aussi. Les gens ont le droit de connaître toute la vérité, pas seulement une partie. »
- C'est ma devise dans la vie, jeune fille. » Les deux adolescents se retournèrent, pour faire face à Rita Skeeter qui se tenaient en face d'eux, main tendue. « Oublions nos petits différents de l'an passé, et travaillons ensemble sur cette histoire, proposa-t-elle. Ce qui se passe est énorme. »
Ron et Hermione se regardèrent un instant, hésitants. Certains articles parus l'année passée étaient encore frais dans leur mémoire. Les attaques contre Hagrid, contre Hermione, et contre Harry.
« D'accord, dit finalement la jeune fille en serrant légèrement la main tendue. Mais je veux pouvoir lire tout ce que vous écrirez avant que ce ne soit publié. Notre but n'est pas de semer la panique, ou même de détruire Fudge. C'est de faire libérer Harry. Et d'éviter que Dumbledore ne soit viré.
- Méfiante, hein ? » La journaliste eut un petit rire. Ma foi, j'avoue que je ne peux pas t'en vouloir. Mais je suppose que je n'ai pas le choix.
- Nous pouvons toujours révéler quel superbe scarabée vous faites, si vous vous amusez à publier n'importe quoi, fit Ron avec une certaine rancune.
- J'en suis parfaitement consciente, rétorqua sèchement Rita. Mais en l'occurrence, c'est vous qui avez besoin de moi. Vous pourriez peut-être être un peu plus poli.
- Je ne suis pas malpoli. Je rappelle seulement certains faits qui ont eu lieu dans le passé. Un article sur Hagrid, ou un sur Hermione, par exemple.
- Je n'ai jamais dit que la vérité. Après, tout est une question d'interprétation. Revenons en au sujet qui nous occupe aujourd'hui, s'il vous plaît. Je vous ramène votre lettre. Il est hors de question que je l'amène à Harry. Vous devez probablement savoir où il est.
- Nous ne le savions pas quand nous vous avons écrit, répondit Hermione. Mais vous avez dû mener un début d'enquête, si vous avez découvert ça.
- En journalisme, un jour de plus est un jour de trop. J'ai rendu une petite visite aux geôles du ministère cette nuit. Harry n'y était pas, bien sûr, mais j'ai eu une conversation intéressante avec la moldue qu'ils ont arrêté avec lui. Elle m'a raconté leur version des faits.
- Leur version des faits ? protesta Ron. C'est la vérité.
- Je n'ai pas dit le contraire. J'ai assisté à quelques petites scènes qui ne manquaient pas de piquant au mois de juin dernier. Avant de me laisser piéger bêtement sur le rebord de cette fenêtre. Peu importe ce que je pense, d'ailleurs. Il y a suffisamment de preuves en faveur de cette version pour faire un bon article et déclencher une bonne polémique. J'en ai déjà parlé à mon rédacteur en chef : il est ravi. Je suppose que je peux avoir votre témoignage sur l'état d'esprit de Harry, et sur l'état dans lequel il était en revenant après la troisième tâche ?
- Bien sûr. Harry n'est pas un meurtrier.
- Bien. Il y a quelqu'un d'autre que j'aurais particulièrement souhaité interviewer. Mais j'ignore où il se trouve. Il s'agit du fameux Gabriel Knight, qui semble être au c?ur de cette histoire. Vous n'auriez pas une petite idée de l'endroit où il se cache ?
- Mon père m'a dit que le ministère le cherchait aussi. Mais pas très activement.
- Miss Nakimura m'a parlé d'un de ses amis, qui saurait probablement où le joindre. Un policier, qui travaillait au centre qui enquêtait sur la mort de cette jeune fille. Si je ne me trompe, fit-elle en se tournant vers Hermione, tu es d'origine moldue. As-tu une idée pour entrer en contact avec lui ?
- Si j'étais chez moi avec un téléphone, répondit la jeune fille, peut- être.
- Nous avons le téléphone au Terrier, rappela Ron.
- C'est vrai. Quoi que je ne sois pas très sûre que l'antiquité récupérée par ton père puisse encore être appelée téléphone. Je peux toujours essayer d'appeler le numéro qu'ils donnaient hier. Vous avez un nom, Mrs Skeeter ? »
Gabriel conduisit d'une traite jusqu'à l'appartement prêté à son ami. Mosely était déjà rentré, et confortablement installé devant un énorme sandwich.
« Je ne t'attendais pas si tôt, Knight, commenta-t-il. Et pas en aussi bonne forme.
- C'est pas le moment de plaisanter. On a un sérieux problème. » Il résuma ce qu'il venait d'apprendre. « On a jusqu'à demain pour les empêcher d'emmener Harry.
- Attends, je croyais qu'on était d'accord pour dire que la priorité du moment, c'était Grace. Alors pourquoi tu ne vas pas voir ce vieux professeur pour lui dire ce que tu sais sur le môme, et tu le laisses se débrouiller avec ça ? Je te rappelle qu'on ne sait même pas où il est, comment tu veux qu'on le sauve ?
- J'ai dit à Dumbledore ce que je savais, mais j'ai peur que ça ne suffise pas. N'oublie pas que sans moi il serait encore en sécurité chez lui, et rien de tout cela ne serait arrivé.
- D'après ce que tu as dit, ce gosse avait suffisamment d'ennemis pour que ça lui arrive même sans toi. Alors oublie cette histoire. Fais libérer Grace et rentre en Allemagne. Et moi, j'aimerais bien retourner à la Nouvelle Orléans.
- Je ne te retiens pas, Mose. Je me débrouillerai tout seul.
- C'est ça. Je n'ai pas envie que Grace passe sa vie en tôle, mon vieux. Et visiblement, je suis le seul ici à penser à elle. Ce n'est pas étonnant qu'elle t'ait plaqué comme ça l'année dernière.
- Comment oses-tu dire une chose pareille ? Je ne pense qu'à elle, figure- toi. Crois-tu que s'il y avait la moindre possibilité pour la sortir de là, j'hésiterais un seul instant ? Mais ça m'étonnerait que Grace veuille de moi en sachant que je suis responsable de la mort d'un gosse. Tu aurais vu le regard qu'elle m'a lancé quand je lui ai dit ce que j'avais fait ? Je suis sûr qu'elle a compris tout de suite que c'était moi qui avais détruit ces barrière.
- Toi et ta foutue conscience ! Ok, mais tu n'as pas répondu à ma question : comment tu comptes faire ?
- Je vais bien finir par trouver. Il s'agit de localiser ce Ste Mangouste. Après. Eh bien nous sommes deux, ils devraient être trois. Dont une seule cervelle.
- Peut-être mais trois sorciers. Je ne marche pas. Je ne suis pas suicidaire.
- Tu as ton arme ici, pas vrai ? Et nous bénéficierons de l'effet de surprise. Ce ne sera pas pire que les trois vampires que tu as affrontés en France.
- Si on m'avait dit que j'aurais à faire face à trois vampires de cette puissance, je peux t'assurer que je serais resté à l'hôtel. Et je n'aurais pas tenu deux secondes sans Baza. Ce type se préparait à ça depuis la nuit des temps. J'imagine que tu ne sais pas où le joindre, lui non plus ?
- Baza n'a rien à voir avec toute cette histoire, Mose. Ceci est complètement hors sujet. Sirius Black nous aurait probablement aidés, mais il est toujours recherché, donc nous n'avons aucune chance de le trouver. Donc je crois que cette fois c'est toi et moi. Ou moi tout seul si tu refuses.
- Je vais te dire une bonne chose, Knight. Tu es complètement barge. Si je pensais qu'il y a la moindre chance pour que tu trouves cet hosto avant demain, je refuserais net.
- Je savais que je pouvais compter sur toi. Maintenant, il ne nous reste plus qu'à trouver Harry. » Il fit semblant de ne pas remarquer le sourire narquois de son ami. Il est à Londres, si on en croit Dumbledore.
- Ce qui réduit considérablement la zone à explorer, ricana Mose. Rien qu'un petit millier de kilomètres carrés. En une nuit, nous avons toutes nos chances, vraiment.
- Tu ne voudrais pas essayer de penser de manière constructive, pour changer ? Ou même de penser tout court ? Je sais bien que ça n'a jamais été ton fort, mais même toi tu peux faire mieux que ça.
- Je sais que tu es très intelligent, mais là tu débloques complètement, Knight. C'est demain qu'ils veulent agir. On n'a aucune chance.
- Au moins on aura essayé. Les sorciers vivent cachés, et étant donné leur look plutôt bizarre, ça m'étonnerait qu'ils se baladent souvent au milieu de Londres pour se rendre d'un endroit à un autre. D'ailleurs, Dumbledore m'a parlé d'un quartier réservé aux sorciers.
- Peut-être que tous leurs bâtiments se trouvent ailleurs. Au beau milieu d'une cambrousse, par exemple. Et que le vieux s'est foutu de toi.
- Possible, mais on n'a pas vraiment le temps de vérifier cette hypothèse. Donc on va partir du principe que tout ce trouve à Londres, et sinon tant pis. On aura fait ce qu'on pouvait. J'imagine que tous leurs sites sont regroupés dans un même lieu. Reste à trouver où, dans Londres pourrait se trouver cet endroit.
- -Et tu comptes t'y prendre comment ?
- Aurais-tu un plan de la ville?
- Ils ont dû me donner ça quand ils m'ont envoyé en mission ici." Mosely farfouilla un long moment dans sa valise, avant d'en sortir une énorme carte.
- Tiens, grand chef. Et maintenant ?
- Tais-toi un peu si tu n'as rien d'intéressant à dire. » Gabriel étala la carte sur la table et prit un crayon. Il commença par rayer toutes les zones hyperfréquentées du centre ville. Mais Mosely avait raison : même après cela, il restait une immense surface à explorer. Il leur aurait fallu des mois.
« Hé ! Qu'est-ce que tu croyais ? se moqua son ami. Que tu allais jeter un coup d'?il à la carte et avoir une illumination, qu'il y aurait un gros cercle rouge avec marqué : " quartier sorcier " ? Ils ne veulent pas être trouvés. On n'a aucune chance. Tu ferais mieux de rester bien tranquille à la maison, laisse-les se débrouiller. Au fait, une de tes conquêtes a appelé tout à l'heure. A la brigade. D'abord, tu n'avais pas à donner ce numéro, je ne m'appelle pas répondeur téléphonique, et franchement je pensais que tu accordais un peu plus de respect à Grace.
- Quoi ? Tu plaisantes, Mose ! Crois-tu que j'ai le c?ur à avoir des aventures en ce moment, et à leur donner ton numéro de téléphone ? Qu'est- ce que c'est que cette histoire ?
- En tous cas, on aurait dit une toute jeune fille. Elle a dit qu'il fallait qu'elle te parle, que c'était urgent. J'ai dit que tu la rappellerais.
- Elle t'a laissé son nom ?
- Ouais. » Le gros policier se leva et alla fouiller les poches de son horrible blouson jaune. Il finit par revenir avec un petit bout de papier crasseux.
« Voyons, dit-il. C'est une certaine Hermine... Granges, un nom comme ça.
- Hermine ? demanda Gabriel, de plus en plus perplexe. Je ne connais personne de ce nom... Attends, est-ce que ce ne serait pas plutôt Hermione ?
- Si, c'est ça. Elle est mignonne ?
- Mose, je ne fais pas dans la pédophilie. C'est une amie de Harry. J'espère que tu as noté son numéro un peu plus lisiblement que le nom. » Après une dizaine d'essais infructueux et quelques tentatives de meurtre sur la personne de Franck Mosely, Gabriel finit par composer le bon numéro.
« Allo ? répondit une voix claire dès la première sonnerie.
- Miss Hermione Granger ? demanda Gabriel, avec une once d'espoir, la voix ressemblant à ce qu'il imaginait de celle de la jeune fille. Ici Gabriel Knight.
- Oh ! Merci de rappeler, Mr Knight. On avait peur que vous n'ayez pas notre message.
- Si, je l'ai eu. Mais j'aimerais savoir pourquoi vous m'avez appelé.
- Il s'agit de Harry. Toutes ces horreurs qu'on dit sur lui. Et Fudge qui refuse d'admettre le retour de Voldemort et qui nous met tous en danger !
- Je sais tout cela. C'est extrêmement triste, mais qu'est-ce que j'y peux ?
- Harry, Ron et moi avons. disons, des relations avec une journaliste très connue dans notre monde. Elle est prête à écrire un article au sujet de tout ça, pour expliquer la vérité. Mais elle a besoin de témoignages, et le vôtre pourrait être déterminant. Vous avez assisté à tout. Et ça aiderait aussi votre amie.
- Quand devrait sortir cet article ?
- Si vous acceptiez de rencontrer Rita Skeeter immédiatement, ce pourrait être dans la Gazette d'après-demain. »
L'idée partait d'une intention louable, mais le surlendemain, c'était trop tard. Comment réagirait la jeune fille s'il révélait ce qu'il savait ? Mal, probablement. Les deux adolescents seraient probablement paniqués. Mais eux devaient savoir où se trouvait ce fameux Ste Mangouste, et Gabriel savait que les arguments de Mosely n'étaient pas faux : sans aide, leurs chances de sauver Harry étaient voisines de zéro.
« Je crains que nous ne puissions pas attendre après-demain. Votre ami est en danger.
- Harry ? s'écria Hermione d'un ton terrifié, alors que derrière elle en voix de garçon poussait une exclamation. Ils ne peuvent pas lui faire donner un baiser, il est mineur !
- Des Mangemorts ont un plan pour l'enlever demain. » Il y eut deux nouvelles exclamations à l'autre bout du fil, puis Hermione reprit d'une voix étranglée.
« Vous devez vous tromper, Mr Knight. Il est impossible d'approcher Harry là où il se trouve. En plus, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit en ce moment une menace pour Voldemort.
- J'ignore le pourquoi de tout cela, mais c'est la vérité. Vous n'avez pas trop de raisons de vous inquiéter cependant.
- Si vous dites la vérité, alors il faut prévenir Dumbledore, immédiatement. Peut-être qu'il pourra empêcher ça !
- Votre directeur est déjà au courant.
- Dans ce cas Harry ne risque rien. Dumbledore fait même peur à Vous-Savez- Qui. » La confiance que la jeune fille avait dans le vieux sorcier fit sourire Gabriel, mais aux murmures que les deux adolescents échangèrent dans les secondes qui suivirent, on sentait qu'ils restaient inquiets.
- Pourquoi vous nous dites ça ? demanda finalement Hermione.
- Parce que c'est votre ami. Et que j'imagine que vous voulez l'aider.
- Bien sûr qu'on veut l'aider. Mais on ne peut pas entrer à Ste Mangouste. Sinon, il y a longtemps qu'on aurait été chercher Harry. Et Dumbledore ne les laissera pas faire.
- Peut-être mais il y a des risques que je ne suis pas prêt à prendre. Je pense que la chambre de votre ami sera ouverte à tous au moment où les mangemorts y entreront. Et je veux y être aussi. Le problème est que je ne sais pas où se trouve cet hôpital. Vous le savez.
- Pourquoi devrions-nous vous faire confiance ? demanda Hermione.
- Croyez-vous que je l'aurais caché ainsi si j'avais été contre vous ? » De nouveau, Gabriel entendit Ron parler à voix basse à son amie. Celle-ci répondit quelque chose qu'il ne comprit pas non plus, puis reprit le combiné.
« D'accord, dit-elle. On va vous dire où se trouve Ste Mangouste. Mais on vient avec vous.
- Hors de question. J'ai déjà mis un gosse en danger, il est hors de question que je vous entraîne là-dedans.
- On est pas des gosses, protesta Ron en arrière plan. Et si quelqu'un veut s'en prendre à Harry, on doit être là. Ca fait près de quatre ans que ça marche comme ça, on ne va sûrement pas le laisser tomber maintenant.
- C'est à prendre ou à laisser, expliqua Hermione, plus calmement. Et même si on vous disait où ça se trouve, vous ne pourriez pas entrer. Il faut l'aide d'un sorcier pour cela. De plus, maintenant que nous savons ce qui se prépare, nous n'allons pas rester ici sans rien faire. Avec ou sans votre aide, nous serons là demain.
- Très bien », capitula Gabriel en se traitant intérieurement d'imbécile pour la énième fois depuis quelques jours. Pourquoi n'avait-il pas inventé quelque chose pour que les adolescents lui disent où était Harry, au lieu de leur dire bêtement la vérité ? Il ne les connaissait pas, mais il aurait pu se douter qu'ils réagiraient ainsi. Ils lui donnèrent rendez-vous dans une rue de Londres, et Gabriel se sentit encore plus bête. C'était la ruelle où il avait atterrit après avoir touché le portauloin de Dumbledore. Il aurait quand même pu penser que l'endroit où le vieux sorcier l'avait envoyé se trouvait proche du Londres magique, lorsqu'il cherchait à le localiser sur la carte. Enfin, c'était trop tard, maintenant. Il allait devoir faire équipe avec Ron et Hermione, en espérant que rien de fâcheux ne leur arriverait.
Merci d'avoir lu. Un chapitre où Harry ne souffre pas. en fait, un chapitre où on ne voit pas Harry. mais il revient au prochain.
Csame : Wouah, quel enthousiasme. Je suis vraiment contente que tu aies tant aimé le chapitre 4. Je vais essayer de venir voir ta fic. Merci pour ta review.
Elava la Louve : Contente que tu aimes. Merci pour ta review.
Lunenoire : Que cherche Lucius ? C'est une bonne question en effet. Est-ce que tu y vois plus clair après ce chapitre ?
Ranae : Harry, devenir chasseur d'ombre ? Je ne crois malheureusement pas que ce soit possible. Les chasseurs d'ombres, c'est un peu comme les sorciers, c'est quelque chose qu'ils acquièrent en naissant. Remarque, avec la magie, on ne sait plus très bien ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.
Philippe Griffondor : Merci pour ta review.
Chapitre 5 : Sombres préparatifs.
A la nuit tombée, les cellules du ministère devenaient encore plus sinistres que pendant la journée. Ce soir là, elles étaient presque toutes vides, et il y régnait un profond silence, un silence lourd et angoissant. Seul être humain dans les sous-sol, Grace était allongée sur sa paillasse. Les yeux grand ouverts dans la pénombre, elle expérimentait des sensations étranges et désagréables. Elle se sentait oppressée, comme jamais auparavant. Et les souvenirs les plus désagréables lui revenaient en mémoire. L'horrible vision des deux hommes du prince James, vidés de leur sang, allongés sur le lieux de leur sacrifice. Gabriel qui se transformait soudain en loup au beau milieu de la représentation de l'opéra perdu de Wagner. Elle ignorait pourquoi, c'était sans doute un effet de l'obscurité et du silence. Elle ne pouvait pas savoir, bien sûr, que la nuit les prisonniers étaient gardés par des Détraqueurs. Elle les croyait cantonnés à Azkaban, et ne pouvait pas voir la créature plantée devant la porte de sa cellule.
Elle ne pouvait pas se permettre de se laisser aller au désespoir. Se redressant brusquement, elle s'assit en tailleur sur ce qui lui servait de lit, et entreprit une séance de méditation Taï Shi. D'habitude, cet exercice suffisait à lui rendre sa sérénité, quelque soient les circonstances. Vidant sa tête de toutes pensées, elle commença progressivement à se sentir mieux. Après une demi-heure, plus détendue, elle se rallongea. Le sentiment de désespoir n'avait pas disparu, mais il était moins présent, plus supportable.
Grace repensa à tout ce qui s'était passé. Où était Gabriel en ce moment ? Que faisait-il ? Etait-il resté avec les sorciers ? Allait-il faire la bêtise d'essayer de la libérer ? Elle espérait que non, le sorcier lui avait dit qu'elle sortirait dans quelques jours, et Gabriel avait un don pour se mettre en danger. Mais après tout, peut-être avait-il trouvé une superbe fille avec qui il passait la nuit, et était-il bien content qu'elle ne soit pas là. Tout était possible avec lui. Les sorcières étaient peut- être mignonnes. Oh, et puis il faisait bien ce qu'il voulait après tout.
Elle pensa un instant à Harry. Le garçon avait été emmené quelques heures plus tôt par des hommes en blouse blanche. Au moins lui était sorti d'ici, même si, sur le long terme, il était dans une situation bien pire que la sienne. Combien de nuits allait-elle devoir passer ainsi ?
Un léger bruit la détourna de ses pensées. On aurait dit un bourdonnement.
« Super, pensa-t-elle en scrutant la pénombre pour essayer de découvrir l'insecte. En plus je vais me retrouver couverte de piqûres de moustiques. »
Mais lorsqu'elle localisa la bestiole, qui passait devant le rai de lumière qui filtrait à travers les barreaux, elle eut la surprise de constater que c'était bien plus gros qu'un moustique. Elle espérait que ce n'était pas un frelon, ou autre chose dans le même genre. L'insecte sembla se désintéresser d'elle et passa entre deux barreaux pour rejoindre l'extérieur. Il avait bien de la chance.
Grace se détendit quelque peu en le voyant s'éloigner. Elle devait essayer de dormir un peu si elle voulait pouvoir affronter le lendemain. De nouveau, elle utilisa ses techniques de relaxation, cette fois dans le but de s'endormir. Mais alors qu'elle commençait à s'assoupir, le bourdonnement se fit entendre de nouveau. Dans un premier temps, elle l'ignora, mais l'insecte passa tout près de son visage, la sortant de sa somnolence. Elle ouvrit les yeux, légèrement irritée, prête à saisir sa chaussure pour écraser le gêneur.
On entendit alors un petit « pop », et, comme surgie de nulle part, une femme se tint devant elle. Grande, elle avait des cheveux blonds décolorés et un visage dont, même dans cette semi-obscurité, on pouvait dire qu'il était outrageusement maquillé.
Le c?ur de Grace fit un bond dans sa poitrine, et elle poussa un léger cri.
« Chut ! fit la femme. Je n'ai pas du tout envie qu'on me trouve ici.
- Qui êtes vous ? demanda Grace d'une voix qu'elle avait du mal à contenir. Que faites-vous ici ?
- Je m'appelle Rita Skeeter. N'ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Je cherche Harry. Vous êtes la moldue qui a été arrêtée avec lui, n'est- ce pas ?
- Oui. Pourquoi voulez-vous voir Harry ?
- J'ai un message pour lui. De la part de ses amis. Et je voudrais lui poser quelques questions : je suis journaliste.
- Ne croyez-vous pas que vous lui avez fait assez de mal ?
- Je sais qu'il est innocent. Si vous me dites où il est, je pourrais peut- être écrire un article qui aidera à le faire libérer. Et vous avec lui.
- Harry n'est plus ici. Et pourquoi devrais-je vous faire confiance ? Comment êtes vous entrée ici ?
- Comment je suis entrée n'a pas d'importance. Où est Harry, s'il n'est pas là ? A-t-il été relâché ?
- Croyez-vous vraiment que les gens du ministère me font des confidences ? Et si c'était le cas, vous savez probablement que les amis de Harry ne sont pas les seuls à le rechercher. Vous vous dites journaliste, mais, dans le monde moldu, les journalistes n'ont pas pour habitude de s'introduire dans les prisons pour y interviewer les détenus. Ce genre de méthodes est plutôt l'apanage des bandits, et encore ce n'est pas très répandu. »
Rita Skeeter eut un soupir d'exaspération, et, un moment, Grace crut qu'elle allait faire machine arrière et sortir de sa cellule. Mais, finalement, la journaliste planta ses yeux dans ceux de la prisonnière, inspira profondément, et reprit la parole.
« Ecoutez, dit-elle d'une voix mesurée, si vous jurez de n'en parler à personne et de ne pas mentionner ma visite, je vous montrerai comment je suis entrée. C'est une preuve de confiance, j'aurais de très gros problèmes si ça se savait. En échange, j'aimerais que vous répondiez à mes questions.
- D'accord, si j'estime que je peux vous faire confiance, je répondrai à vos questions, dans la mesure du possible. »
Il y eut un plop, la femme disparut. Le gros insecte vint voler autour de Grace, puis revint se poser par terre. De nouveau, on entendit un plop, et la journaliste réapparut.
Grace cligna plusieurs fois des yeux pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
« Je ne comprends toujours pas, avoua-t-elle. Vous pouvez disparaître et réapparaître, mais si c'était possible ici, tous les sorciers en feraient autant. Sirius nous a fait disparaître tout à l'heure.
- Sirius ? Quel Sirius ? »
Grace comprit trop tard qu'elle avait fait une bourde.
- Oubliez. C'était juste une phrase comme ça.
- Sirius Black, n'est-ce pas ? Ce n'est pas la peine de vous demander ce que vous faisiez avec lui, j'imagine. En tous cas, je n'ai pas disparu. Je suis un animagus. C'est à dire que je peux me transformer en scarabée. Et je peux vous dire que c'est très utile quand on est journaliste.
- Vous vous transformez en scarabée ? » Grace avait du mal à croire ce qu'elle entendait. Elle avait vu Sirius se changer en chien un peu plus tôt, et ça avait déjà été un choc, mais elle pouvait encore le concevoir. Elle vivait dans le surnaturel depuis suffisamment longtemps. Mais un scarabée.
« Certains sorciers sont capables de se transformer en animaux, poursuivait Rita. On les appelle des animagus. C'est un don rare. Mais, normalement, ils sont très contrôlés par le ministère. Le problème, c'est que moi, je ne me suis jamais déclarée en tant qu'animagus. Donc ce que je fais est absolument illégal. »
Sirius non plus ne devait pas être déclaré, songea Grace, sinon sa forme canine ne passerait pas inaperçue aussi facilement. Finalement, les animagus non déclarés avaient l'air d'être plutôt fréquents dans le monde des sorciers. Même si la journaliste pensait que c'était rare.
« Maintenant, continua la journaliste, dites-moi où je peux trouver Harry.
- Attendez. Je veux voir le message que vous apportiez à Harry.
- Même pour une journaliste, ça ressemble un peu trop à une insertion dans sa vie privée. Et je ne vois pas ce que ça vous apportera.
- Rien ne me dit que vous dites la vérité. Je n'ai que votre parole comme quoi ce que vous faites est illégal.
- Vous êtes vraiment du genre soupçonneux, vous. Très bien. » Elle sortit de sa poche une feuille pliée en quatre. Puis elle claqua des doigts et une petite lumière apparut.. C'est la lettre que m'a envoyé l'amie de Harry. Puisque vous savez déjà mon secret, je suppose que je ne risque rien à vous la montrer. »
Grace reconnut sans mal l'écriture sage qui figurait sur une des lettres que Gabriel avait prises dans la chambre de Harry. Elle parcourut la lettre, constatant qu'en effet Ron et Hermione, les amis de Harry, avaient demandé à la journaliste de porter un message à Harry et de les aider à le faire sortir, puis rendit le papier à sa propriétaire.
« Satisfaite ? demanda Rita.
- J'imagine. Je suis désolée de vous avoir semblé si méfiante, mais je ne sais vraiment plus à qui je peux faire confiance.
- Ce n'est pas grave. Mais maintenant dites-moi : où est Harry ?
- En réalité, je n'en sais rien. Il a passé la journée ici, mais des médecins l'ont emmené en début de soirée. Il doit être à l'infirmerie, ou quelque chose comme ça. Il n'était pas vraiment en grande forme ces derniers jours.
- Il n'y a pas d'infirmerie ici. Il est probablement dans l'un des rares endroits de ce pays où je ne peux pas me rendre. Hermione devra trouver un autre moyen pour lui faire parvenir son courrier.
- Je suis désolée.
- Ca fait partie des aléas de mon métier. J'imagine cependant que vous connaissez une bonne partie de ce que Harry aurait pu me raconter. J'ai énormément de questions à vous poser.
- Allez-y. Mais si vous me citez dans votre article, les gens vont se douter que vous êtes venue ici.
- C'est mon problème. Je m'arrangerai. » Et une fois de plus, Grace se retrouva à raconter son histoire. Au milieu de son récit, cependant, la journaliste disparut soudainement, prenant sa forme arthropodienne. Grace entendit le bruit d'une porte qui s'ouvre, puis elle ressentit un froid terrible, comme si une main glacée lui enserrait la poitrine. Puis elle entendit la porte se refermer, et la chaleur lui revint. Peu après, Rita réapparut.
« Ouf ! s'écria-t-elle. Il s'en est fallu d'un cheveu.
- Qu'est-ce que c'était ?
- Un de vos gardiens. Il ne devrait plus revenir avant un certain temps, maintenant.
- Je n'ai vu personne.
- Normal, vous êtes moldue. Ce serait trop long de vous expliquer. Continuez votre histoire, s'il vous plaît.
- Très bien, répondit Grace, encore un peu choquée par l'étrange phénomène qui venait d'avoir lieu. Au fur et à mesure qu'elle avançait dans son récit, elle voyait le visage de la journaliste s'illuminer.
- Je vois déjà l'article fabuleux que tout cela va faire ! s'exclama-t- elle. J'ai l'impression que cette petite peste et moi allons pouvoir trouver un terrain d'entente. Dites-moi, savez-vous où je peux trouver votre ami ? Pour avoir une source que je puisse citer !
- Aucune idée. J'ai moi-même passé suffisamment de temps à le chercher ces dernières années. Peut-être à Poudlard, peut-être pas. Mais vous pouvez toujours demander à Mose. Son copain policier. Lui ne devrait pas être trop dur à trouver. Il a un bureau dans les locaux de la police, à Little Whiming. En espérant bien sûr qu'il ne sera pas déjà reparti à la Nouvelle Orléans.
- Bien sûr. Et peut-être que Ron et Hermione pourront m'aider sur ce point, s'il était à Poudlard plus tôt dans l'après-midi. Dites-moi, encore un détail, quelle est la nature exacte de votre relation avec Mr Knight ?
- Gabriel ? » Grace sentit son visage s'empourprer, elle ne s'attendait pas à cette question, mais elle répondit néanmoins. « Nous sommes collègues. Je l'aide dans ses enquêtes.
- Et sur un plan plus personnel ?
- Je ne vois pas ce que cela vient faire ici. Mais il n'y a rien entre lui et moi, si vous tenez vraiment à le savoir.
- Dommage. C'aurait donné une petite note bien agréable. Un petit plus. Tant pis. Dans deux jours, le monde risque d'être pas mal secoué. Et Fudge a intérêt à surveiller ses arrières. Bonne nuit, Miss Nakimura.
- Au revoir. »
Une seconde plus tard, le scarabée passait entre deux barreaux. Et Grace, de nouveau, se retrouva seule à fixer l'obscurité.
Gabriel se réveilla en sursaut. Il tenta de se souvenir de son rêve. Des yeux rouges. Un serpent. Il lui semblait avoir déjà fait ce rêve auparavant. Mais tout était toujours si confus ! Son regard se posa un instant sur le médaillon posé sur sa poitrine, comme après chaque rêve depuis qu'il avait récupéré le bijou. Il n'avait jamais réellement compris ce qui y était gravé. Un serpent était enlacé autour d'un lion. Il ignorait d'où venait le médaillon. Le poignard, il l'avait découvert l'année précédente, avait deux mille ans, et avait été sacré, semblait-il, par le christ en personne. A l'époque, pourtant, les Ritter ne devaient pas encore avoir accédé au rang de chasseurs d'ombres. Le médaillon devait être plus récent. Et il était probablement le véritable lien entre les Ritter et leur fonction. Son père, qui n'avait jamais rien su de ce qu'il était, avait été hanté par des rêves toute sa vie. Et dans les dessins qu'il avait fait de ses rêves, on voyait clairement le lion, et le serpent.
Gabriel décida que le moment n'était peut-être pas très bien choisi pour s'interroger sur ses origines. Le soleil commençait à percer à travers les rideaux, sa montre indiquait sept heures. Courbaturé après une nuit passée sur le canapé, Gabriel se leva. Mosely avait insisté pour qu'ils quittent la villa prêtée par Mme Stevens et aillent dormir chez lui. Evidemment, lui avait un lit, et on entendait ses ronflements à travers la porte de sa chambre.
Ils n'avaient pas appris grand chose la veille au soir. La cliente de Gabriel était injoignable, ce qui n'était pas très surprenant. A tout hasard, il avait placé quelques micros dans la maison, mais il n'était même pas sur de pouvoir venir les relever un jour. Les recherches dans l'ordinateur à propos de Voldemort, et du ministère de la magie n'avaient rien donné, mais évidemment il n'avait pas les talents de Grace pour ce genre d'exercice. La police moldue semblait avoir classé l'affaire, mais Mose avait obtenu la permission de rester pour vérifier quelques faits.
Gabriel mit un la cafetière en marche, et se dirigea vers la salle de bains pendant que le liquide passait. Lorsqu'il ressortit, Mosely émergeait de sa chambre.
« Dis donc le moteur a bien fonctionné cette nuit, se moqua le Schattenjäger.
- Oh, ça va Knight. Epargne-moi tes commentaires. » Tous deux se servirent une tasse de café fort.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? demanda Mosely.
- Je n'en sais rien. J'aimerais trouver où est Grace, mais ça m'étonnerait que j'arrive à localiser leur foutu ministère sans l'aide d'un sorcier, et le vieux directeur n'a rien voulu me dire. Je crois qu'il avait peur de ce que je ferais. Le problème, c'est qu'il est le seul lien que j'aie avec ces gens. Les amis de Harry auraient probablement été prêts à m'aider, notamment son parrain. Mais je ne sais pas comment le contacter.
- Je crois que le vieux avait raison. Je n'aime pas du tout l'idée que tu ailles affronter ces sorciers. Non, en fait, ce que je n'aime pas, c'est l'idée que tu pourrais m'y entraîner avec toi.
- Il y a aussi cette Mme Stevens. Elle s'est fichue de moi, et franchement ça commence à m'énerver.
- Elle non plus, je n'ai pas tellement envie de m'y frotter.
- Je me demande si on pourrait découvrir à quelle adresse correspond cette ligne, poursuivit Gabriel, sans tenir compte des interruptions. D'après ce que j'ai appris, les sorciers ignorent tout de nos technologies. J'imagine qu'il ne se sont pas souciés de crypter leur ligne, ou de se mettre sur liste rouge.
- Liste rouge ou pas, quand on a accès aux fichiers de la police, ce n'est pas vraiment difficile, rappela Mosely.
- Bien sûr ! Tu n'avais pas l'intention de retourner au commissariat, ce matin, par hasard ?
- Je crois que j'aurais mieux fait de me taire.
- Je me demande si Stevens est son vrai nom, continua Gabriel. C'est tellement courant. L'idéal pour un pseudonyme.
- Pas aussi bien que Smith.
- Peut-être, mais pas mal quand même.
- Tu ne crois pas que ta cliente pourrait attendre ? L'important, pour l'instant, c'est de libérer Gracie.
- Crois-tu vraiment que je l'ai oublié ? Mais si j'arrivais à faire parler Mme Stevens, cela pourrait aider, tu ne crois pas ?
- Redescends sur terre, Knight. Tu n'as aucun moyen de faire pression sur elle. C'est une sorcière, rien ne dit qu'elle soit seule. Et elle semble du genre impitoyable. Si tu veux mon avis, si jamais tu lui sembles un peu trop dangereux, elle se fera un plaisir de te liquider. Ce qui me rendra peut-être la vie un peu plus agréable et moins risquée, mais n'arrangera pas beaucoup la situation.
- Je n'avais pas vraiment l'intention de me planter devant elle et de lui dire : « Bonjour, je sais que vous m'avez trompé et que vous êtes responsable des événements de l'autre jour. Maintenant, allez voir la police s'il vous plaît. Je ne suis pas totalement stupide.
- Tu fais bien semblant, en tous cas. Et je peux savoir ce que tu comptes faire ?
- j'improviserai. Au besoin, une fois que je saurai qui elle est, je ferai appel à Dumbledore.
- Bien sûr. Quand les poules auront des dents.
- Quand t'auras fini de me faire la morale, tu pourras te rendre au commissariat s'il te plaît.
- Ouais, ouais, je vais y aller. Mais tu ne diras pas que je ne t'ai pas prévenu. »
Il s'écoula environ une heure avant le retour de Mosely.
- J'ai ton adresse. Dans un coin perdu, à environ deux heures de route. D'après les collègues, c'est un immense manoir, dont les propriétaires sont extrêmement puissants.
- Tu as le nom des propriétaires ?
- La maison est au nom d'un certain Lucius Malefoy.
- Donc elle m'a menti d'un bout à l'autre. Prête moi ta voiture.
- Je ne crois vraiment pas que ce soit une bonne idée. Ils te connaissent, et ils doivent avoir compris que tu n'étais pas vraiment de leur côté, tu es parti en emmenant Harry !
- Mose, les clés.
- T'es vraiment une tête de mule, toi ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire à ta grand-mère quand ils t'auront tué ?
- Mose, les clés, répéta Gabriel d'un ton plus pressant.
- Ok. Mais je te préviens, s'il y a la moindre éraflure.
- A plus tard ! coupa Gabriel en franchissant la porte d'entrée. Il s'installa au volant de la voiture de location, et démarra. Il eut quelques difficultés à trouver le manoir, qui était réellement isolé, perdu au milieu d'une immense forêt. Gabriel laissa sa voiture à une centaine de mètres de la grille d'entrée. Le parc semblait si grand que la maison était à peine visible de la route. De nombreuses plaques étaient posées sur la grille, principalement pour dissuader les rôdeurs d'entrer. Ces gens là n'avaient pas l'air de plaisanter. Gabriel chercha une sonnette, mais n'en trouva pas. La grille était beaucoup trop haute pour être escaladée, et un mur entourait la propriété. Les sorciers avaient probablement leurs propres moyens de se faire annoncer chez les gens.
Dépité à l'idée d'avoir fait tout ce chemin pour rien, Gabriel entreprit de faire le tour de la propriété. Le mur qui l'entourait était parfaitement hermétique, et n'offrait aucun passage. Cependant, à l'arrière, il découvrit un érable qui avait poussé un peu trop près. Gabriel hésita un instant, pensa à la tête que ferait Mosely s'il rentrait bredouille, puis il commença à grimper à l'arbre. Quand il fut sur le sommet du mur, il regarda à l'intérieur. Le parc était vide, à l'exception d'un garçon d'une quinzaine d'années, qui était juché sur ce qui ressemblait à un balai volant et exécutait des loopings parmi les arbres.
« Eh bien, se dit Gabriel, on comprend pourquoi ils ont des murs pour protéger la propriété. Si tous les passants pouvaient voir ça ! » S'assurant que le garçon ne regardait pas dans sa direction, Gabriel se laissa glisser doucement sur le sol. Il s'avança en direction de la maison. Enfin, si on pouvait appeler ça une maison. Il s'agissait d'un manoir carré, haut de trois étages. Le schattenjäger en fit le tour, en s'efforçant de rester dans l'ombre. Les fenêtres sur l'arrière donnaient sur une immense salle de réception. Jamais il n'avait rien vu d'aussi luxueux. Partout, ce n'était que dorures, cristal, et marbre. Bien que la pièce soit vide, un énorme feu brûlait dans la cheminée. Une fenêtre était entrouverte. Gabriel repensa un instant à ce qu'il avait déclenché la dernière fois où il avait fait ça, puis, sans laisser cette pensée l'arrêter, il poussa la fenêtre et se faufila à l'intérieur. Alors qu'il atteignait la porte, il entendit des voix qui se rapprochaient. Il courut presque, enjamba la fenêtre et s'accroupit à l'extérieur.
Il vit entrer trois hommes et une femme. Il reconnut sans mal Mrs Stevens, bien qu'elle soit nettement moins maquillée que la fois où elle l'avait reçu. Deux des hommes avaient des carrures de bouledogue, un visage empâté et des yeux ternes. Le troisième était blond avec un visage dur. Ce devait être le maître de maison, car il claqua des doigts, et des bouteilles et des verres apparurent sur une table basse. Gabriel mit en marche son magnétophone.
« Bien, commença l'homme en servant à boire à ses hôtes, si je vous ai fait venir ici ce soir, c'est pour vous transmettre un message du maître. Autant vous le dire tout de suite : il n'est pas très satisfait. Que vous vous soyez fait avoir aussi facilement l'autre soir, et que le ministère ait retrouvé Potter avant nous l'ont contrarié au plus haut point. Il craint que ce ne soit qu'une question de temps avant que ce Parrish ne comprennent la vérité. Or, c'est quelque chose que nous ne pouvons pas nous permettre. Nous devons rester les seuls, à l'exception du seigneur de Ténèbres, à connaître ce secret. Je n'ai pas besoin de vous rappeler quelles seraient les conséquences si, par malheur, certaines personnes venaient à l'apprendre.
- Non, bien sûr, dit l'un des deux autres hommes. Mais pourquoi le Maître ne se rend-il pas simplement à l'endroit où est Potter pour s'en débarrasser ? Il pourrait écraser tous ces sorciers du ministère en quelques instants.
- Le maître n'a pas encore repris suffisamment de forces pour une telle attaque frontale, Crabbe. C'est pourquoi il nous demande de lui amener Potter.
- Mais comment pourrions nous faire cela ? Il doit être le prisonnier le mieux gardé depuis au moins dix ans. Et le fait que tu l'aies fait transférer à Ste Mangouste n'a pas dû arranger les choses.
- Je n'avais pas le choix. Il fallait que je fasse cesser ces interrogatoires, et le petit idiot aurait bien été capable de se laisser mourir. Là, au moins, il est en sécurité pour quelques jours.
- Où qu'il soit, remarqua la femme, ce n'est probablement pas aussi inviolable que son ancienne maison. Or nous l'en avons sorti.
- Pour le bien que ton intervention a fait, remarqua le blond. Nous aurions pu en avoir terminé avec lui si tu n'avais pas stupidement tué cette moldue et perdu la tête, Narcissa.
- Le moldu n'était pas censé empêcher les pixies de finir leur travail.
- Si tu m'avais parlé de ce plan, nous aurions peut-être pu l'organiser un peu mieux.
- Je respectais les ordres du maître en ne t'en parlant pas, mon cher Lucius. Mais pour en revenir au problème présent, nous avons deux solutions : attaquer en force pour le sortir de là, ou trouver un moyen de l'emmener sans donner l'alarme.
- Les deux semblent également irréalisables, grogna l'un des deux mastodontes.
- Ne sois pas défaitiste, Goyle. Le Seigneur des Ténèbres ne nous aurait pas donné une mission irréalisable.
- Attaquer à quatre me semble quand même impossible.
- je suis d'accord, Goyle. Dans ce cas, nous devrons simplement utiliser l'autre méthode. Ils est temps de faire fonctionner vos neurones. »
Les deux gros hommes prirent des têtes comiques, et Lucius et Narcissa échangèrent un regard moqueur.
« C'est vrai que le cerveau est la seule partie de votre anatomie qui ne soit pas outrageusement développée, rit Lucius. Il est donc heureux que Narcissa et moi ayons déjà réfléchi sur le sujet. J'ai fait ce matin, une fois de plus, un don important à Ste Mangouste, et j'ai obtenu pour Narcissa une visite de l'hôpital, dans quelques heures. Le Seigneur des Ténèbres m'a fourni ceci - Il sortit de sa cape ce qui ressemblait à une pierre plate. - C'est une écaille de basilic, et, vous le savez sans doute, un puissant inhibiteur de magie. Il lui suffira de placer l'écaille à un endroit judicieusement pour que toutes les communications entre la chambre de Potter et l'endroit où se trouvent les Aurors soient interrompues. C'est alors que nous interviendrons.
- Mais comment on entre ?
- Par la porte, Crabbe, tu es trop gros pour passer par la fenêtre. Les barrière sont là pour empêcher les gens de sortir, pas d'entrer.
- Alors comment on sort ?
- Ah ! voilà une question intéressante. Nous pourrions sortir sans problème, bien sûr, mais pas en emmenant Potter. Eh bien, N'avez-vous pas une petite idée ? » Crabbe et Goyle se regardèrent d'un air ahuri. « Non, bien sûr, ce serait trop vous demander. Il nous suffira de forcer Potter à boire une certaine potion pour qu'il prenne la forme de quelqu'un d'autre. Mon fils, par exemple. Et là, il devrait pouvoir sortir. »
Les deux autres regardaient leur chef avec une intense admiration. La femme souriait doucement.
« Heureusement Drago s'est entraîné à la fabrication du polynectar, cet été. Son travail va nous servir, dit-elle. Maintenant, Messieurs, à moins que vous n'ayez d'autres suggestions à émettre, ou des questions à poser, je propose que nous arrêtions là cette réunion. Je dois me rendre au comité des bonnes ?uvres du ministère dans une demi-heures, et je ne voudrais pas faire attendre ces dames.
- Va te préparer, chérie, dit son mari. » A ce moment, Gabriel entendit un sifflement joyeux. Son balai à la main, le garçon revenait vers la maison. Heureusement, il ne semblait pas l'avoir vu, et le Schattenjäger courut silencieusement jusqu'au coin de la maison, hors de vue de l'adolescent.
Puis il sortit de sa poche la boule que lui avait donné Dumbledore la veille, et la prit en main.
Une fois de plus, Parrish pénétra sans frapper dans le bureau de Fudge. Il tenait à la main un livre ouvert, qu'il jeta triomphalement sur le bureau de son supérieur. Celui-ci le lut, son visage exprimant tour à tour l'incompréhension puis la stupeur.
« Vous ne voulez pas dire que pour nous débarrasser de ce monstre, nous devons.
- Si, exactement. C'est le seul moyen d'éviter de rendre votre erreur publique. Mais nous devons agir vite : je suis presque sur que Vous-Savez- Qui est également au courant. C'est pour ça qu'il nous a envoyé Malefoy.
- Je ne peux pas croire que Lucius travaille pour Vous-Savez-Qui. Avec tout ce qu'il donne pour les bonnes ?uvres, et la réputation de sa famille !
- Cornélius, je crains de ne pas avoir le temps d'ouvrir un débat là- dessus. Nous avons le moyen de le détruire. Le problème est de savoir comment nous allons procéder.
- Mais si Harry avait raison depuis le début, s'il est réellement innocent, nous ne pouvons pas.
- En êtes vous sûr ? Si nous posions la question au peuple sorcier, quelle serait à votre avis leur réponse ? Quel est le prix d'une vie, Cornélius ? Et combien seront épargnées si nous agissons maintenant ?
- Bien sûr, mais.
- Nous n'avons pas le choix. Si nous lui en laissons le temps, Vous-Savez- Qui reprendra rapidement ses forces, et fera à nouveau parler de lui. Vous pouvez bien sûr annoncer son retour maintenant, et tenter de le combattre, mais quelles chances aurons-nous, honnêtement ? Et si Vous-Savez-Qui revient au pouvoir, et que les gens comprennent que vous étiez au courant depuis le début et que vous n'avez rien fait, votre carrière est finie.
- Et accessoirement la vôtre, répliqua sèchement le ministre.
- Je ne le nie pas. Mais indépendamment de nos raisons personnelles, c'est la meilleure solution. Contrairement à ce que semble penser un certain Albus Dumbledore, on ne sauvera pas le monde avec de la morale de bas- étage. Nous sommes en guerre et une guerre requiert des sacrifices. Si vous n'aviez pas commis l'erreur de commencer par nier le retour de Celui-dont- le-nom-ne-doit-pas-être-prononcé, nous aurions même pu mener notre action publiquement, et le peuple aurait très certainement loué votre action.
- Peut-être. Il n'empêche que si quelqu'un découvre ce que nous aurons fait, et ne connaît pas toute l'histoire, les retombées seront terribles.
- C'est un risque à courir. Dans ce cas, nous pourrons toujours expliquer pourquoi nous avons fait cela. Mais il y a peut-être un moyen d'empêcher cela. Je crois que Harry ignore tout de cette situation.
- C'est aussi bien comme ça. Il n'a pas besoin de le savoir.
- Je ne le connais pas bien , mais j'ai pu obtenir quelques échos sur Harry Potter. J'ai l'impression que s'il savait tout il serait d'accord avec nous. Il serait probablement même prêt à agir lui-même. Nous évitant de prendre ce risque.
- Vous pensez qu'il pourrait.. ? Mais nous ne pourrons même pas lui apporter une certaine reconnaissance pour son geste !
- Croyez-vous vraiment que la reconnaissance est ce que l'on cherche en une telle circonstance ? Nous pourrons toujours l'innocenter plus tard.
- Si Harry est d'accord, je suppose que je n'ai aucune raison de m'y opposer, finit par céder Fudge. Je suppose qu'il est assez grand pour savoir ce qu'il veut faire.
- C'est la bonne décision. » Parrish posa la main sur l'épaule de Fudge. « Il y a des choix qui font mal, mais c'est beaucoup mieux ainsi. Pour tout le monde. »
Gabriel finit par trouver un ensemble de fauteuils de jardin qu'il empila tant bien que mal pour pouvoir repasser par-dessus le mur. Dès qu'il fut sorti de la propriété, il se précipita vers la voiture de Mosely, et démarra précipitamment. Lorsqu'il s'estima à une distance suffisante de la propriété des Malefoy, il sortit de sa poche la petite boule rouge que lui avait donnée Dumbledore, et la prit dans sa main. Un moment, il se demanda si c'était vraiment possible qu'un tel objet puisse servir à établir un contact, ou si le vieux sorcier s'était moqué de lui, mais au bout de quelques instants la boule commença à émettre des crachotements, puis elle s'éclaircit jusqu'à devenir blanche, et le visage ridé du directeur de Poudlard s'y dessina.
« Mr Knight ? demanda-t-il. Vous vouliez me parler ?
- Il y a quelques petits détails dont j'aurais aimé vous faire part, en effet. Ceci est une conversation que je viens de surprendre. » Il mit en marche son magnétophone. Le vieux sorcier écouta attentivement, et son visage exprima un vif intérêt, en même temps qu'une profonde inquiétude. Lorsque la bande s'arrêta, il hocha la tête.
« J'imagine que c'est ce que vous appelez un magnétophone, n'est-ce pas ? Cette conversation a réellement eu lieu.
- Bien sur qu'elle a eu lieu. Je ne me suis pas amusé à enregistrer une mise en scène pour vous faire une blague.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire. Bien sur que j'ai une entière confiance en vous. S'ils parviennent à leurs fins, ce sera une véritable catastrophe. Merci de m'avoir averti.
- Vous allez pouvoir empêcher cela ?
- Je l'espère. Mais le ministère semble décidé à me mettre des bâtons dans les roues.
- Professeur, où se trouve cet endroit dont ils ont parlé, et où se trouverait Harry ?
- Ste Mangouste ? C'est à Londres, dans un quartier connu uniquement des sorciers. Je crains de devoir vous demander de rester en dehors des événements qui vont se dérouler demain, Mr Knight. Il y a des enjeux dont vous n'avez pas la moindre idée. Et des forces qui vous dépassent. Votre monde a encore besoin de vous.
- Que savez-vous de mon monde ? De quel droit me dites-vous ce que je dois faire ?
- Je ne peux pas vous dire ce que vous devez faire ou ne pas faire. Vous décidez seul de vos actes. Je ne peux que vous donner un conseil, dont vous ferez ce que vous voulez. Et, au sujet de votre monde, et de votre fonction, j'en sais plus que vous ne le pensez. Peut-être même plus que vous n'en savez vous-même. Wolfgang n'a pas eu le temps de vous apprendre grand-chose, n'est-ce pas ?
- J'ai appris tout seul. » Gabriel jugea préférable de changer de sujet, sentant que le vieil homme ne lui en dirait pas plus. « Avez-vous des nouvelles de Grace ? demanda-t-il.
- Il semble que le ministère ait complètement oublié son existence, autrement il est probable qu'ils l'auraient déjà libérée.
- comment ça oublié son existence ? vous rendez-vous compte de ce que vous êtes en train de me dire ?
- Ne vous inquiétez pas, ce n'est qu'une question de temps. Il y a quelques semaines, j'aurais facilement pu obtenir de Fudge qu'il s'occupe de ce problème, malheureusement aujourd'hui. Je crains que tout ne dépende de sa bonne volonté.
- Que tout dépende de sa bonne volonté ? Vous qui prétendez connaître mon monde, vous devriez avoir entendu parler de ce que nous appelons la démocratie. J'ai l'impression que vous auriez quelques petites choses à apprendre. Chez moi, il y a des lois contre la détention abusive ! On ne maintient pas ainsi les gens dans un total isolement, sans raison valable par surcroît.
- Je n'ai pas grand-chose à répondre à cela, répondit doucement Dumbledore, son visage semblant à cet instant plus vieux et fatigué que Gabriel ne l'aurait pu possible. Je suis entièrement d'accord avec vous. Certains des pouvoirs du ministre sont très certainement abusifs. Mais nous devons faire avec. Je dois vous laisser, j'ai énormément de travail. »
Gabriel aurait aimé protester, mais le visage disparut de la boule qu'il tenait à la main, qui reprit sa couleur d'origine. De frustration, il la jeta sur le siège passager, puis il démarra en trombe.
Ron et Hermione avaient fixé rendez vous à Rita Skeeter dans un parc non loin de la maison des Weasley ce soir là. Ils y arrivèrent les premiers et s'installèrent sur un banc.
« Tu crois qu'elle va venir ? demanda Ron.
- J'en suis persuadée. Non seulement c'est sa seule chance d'écrire avant un an, mais en plus nous lui offrons de quoi engager une polémique, avec de bonnes sources d'informations. C'est le rêve pour une journaliste. A mon avis, elle n'aura même pas attendu ce soir pour commencer.
- Je me demande si elle a pu voir Harry, fit Ron songeusement.
- Il y a peu de chances, rappelle-toi qu'il a été transféré.
- Au moins lui transmettre notre mot, je ne sais pas. Qu'il ait un signe.
- Harry sait qu'on ne l'a pas abandonné. Il a vu Sirius. Il sait que Dumbledore est avec lui.
- Peut-être saura-t-il qu'on était derrière quand l'article sortira.
- Peut-être. Je me demande si nous n'aurions pas dû parler de tout ça avec tes parents. Avoir l'accord d'un adulte. Je n'aime pas l'idée que nous faisons ça dans leur dos.
- Allons, Mione, ce n'est pas la première fois que nous accomplissons quelque chose sans l'accord d'un adulte ! Et il y va de la vie de Harry !
- Ils auraient peut-être été d'accord. C'est la première fois que ce que nous faisons va être vu par toute la Grande Bretagne. Je sais bien qu'ils ne sauront pas que nous sommes derrière, mais si les retombées n'étaient pas celles que nous espérons ?
- Que veux-tu qu'il arrive ? La situation ne peut pas être pire qu'elle n'est déjà. Avec le retour de Tu-Sais-Qui, Harry emprisonné, malade et sans pouvoirs, et le journal de ce matin. je ne vois vraiment pas comment ça pourrait empirer. » le journal du matin avait en effet exhibé en première page un article sur la situation, qui mettait tout ce qui s'était passé sur le dos de Dumbledore, et de sa trop grande tolérance. Y était citée une interview de Fudge, qui laissait entendre, sans le dire clairement, comme l'homme politique qu'il était, que l'âge du directeur était en cause, et qu'il était possible qu'un nouveau directeur arrive prochainement à Poudlard.
« Tu as raison, dit Hermione, s'ils emploient ces moyens nous pouvons les utiliser aussi. Les gens ont le droit de connaître toute la vérité, pas seulement une partie. »
- C'est ma devise dans la vie, jeune fille. » Les deux adolescents se retournèrent, pour faire face à Rita Skeeter qui se tenaient en face d'eux, main tendue. « Oublions nos petits différents de l'an passé, et travaillons ensemble sur cette histoire, proposa-t-elle. Ce qui se passe est énorme. »
Ron et Hermione se regardèrent un instant, hésitants. Certains articles parus l'année passée étaient encore frais dans leur mémoire. Les attaques contre Hagrid, contre Hermione, et contre Harry.
« D'accord, dit finalement la jeune fille en serrant légèrement la main tendue. Mais je veux pouvoir lire tout ce que vous écrirez avant que ce ne soit publié. Notre but n'est pas de semer la panique, ou même de détruire Fudge. C'est de faire libérer Harry. Et d'éviter que Dumbledore ne soit viré.
- Méfiante, hein ? » La journaliste eut un petit rire. Ma foi, j'avoue que je ne peux pas t'en vouloir. Mais je suppose que je n'ai pas le choix.
- Nous pouvons toujours révéler quel superbe scarabée vous faites, si vous vous amusez à publier n'importe quoi, fit Ron avec une certaine rancune.
- J'en suis parfaitement consciente, rétorqua sèchement Rita. Mais en l'occurrence, c'est vous qui avez besoin de moi. Vous pourriez peut-être être un peu plus poli.
- Je ne suis pas malpoli. Je rappelle seulement certains faits qui ont eu lieu dans le passé. Un article sur Hagrid, ou un sur Hermione, par exemple.
- Je n'ai jamais dit que la vérité. Après, tout est une question d'interprétation. Revenons en au sujet qui nous occupe aujourd'hui, s'il vous plaît. Je vous ramène votre lettre. Il est hors de question que je l'amène à Harry. Vous devez probablement savoir où il est.
- Nous ne le savions pas quand nous vous avons écrit, répondit Hermione. Mais vous avez dû mener un début d'enquête, si vous avez découvert ça.
- En journalisme, un jour de plus est un jour de trop. J'ai rendu une petite visite aux geôles du ministère cette nuit. Harry n'y était pas, bien sûr, mais j'ai eu une conversation intéressante avec la moldue qu'ils ont arrêté avec lui. Elle m'a raconté leur version des faits.
- Leur version des faits ? protesta Ron. C'est la vérité.
- Je n'ai pas dit le contraire. J'ai assisté à quelques petites scènes qui ne manquaient pas de piquant au mois de juin dernier. Avant de me laisser piéger bêtement sur le rebord de cette fenêtre. Peu importe ce que je pense, d'ailleurs. Il y a suffisamment de preuves en faveur de cette version pour faire un bon article et déclencher une bonne polémique. J'en ai déjà parlé à mon rédacteur en chef : il est ravi. Je suppose que je peux avoir votre témoignage sur l'état d'esprit de Harry, et sur l'état dans lequel il était en revenant après la troisième tâche ?
- Bien sûr. Harry n'est pas un meurtrier.
- Bien. Il y a quelqu'un d'autre que j'aurais particulièrement souhaité interviewer. Mais j'ignore où il se trouve. Il s'agit du fameux Gabriel Knight, qui semble être au c?ur de cette histoire. Vous n'auriez pas une petite idée de l'endroit où il se cache ?
- Mon père m'a dit que le ministère le cherchait aussi. Mais pas très activement.
- Miss Nakimura m'a parlé d'un de ses amis, qui saurait probablement où le joindre. Un policier, qui travaillait au centre qui enquêtait sur la mort de cette jeune fille. Si je ne me trompe, fit-elle en se tournant vers Hermione, tu es d'origine moldue. As-tu une idée pour entrer en contact avec lui ?
- Si j'étais chez moi avec un téléphone, répondit la jeune fille, peut- être.
- Nous avons le téléphone au Terrier, rappela Ron.
- C'est vrai. Quoi que je ne sois pas très sûre que l'antiquité récupérée par ton père puisse encore être appelée téléphone. Je peux toujours essayer d'appeler le numéro qu'ils donnaient hier. Vous avez un nom, Mrs Skeeter ? »
Gabriel conduisit d'une traite jusqu'à l'appartement prêté à son ami. Mosely était déjà rentré, et confortablement installé devant un énorme sandwich.
« Je ne t'attendais pas si tôt, Knight, commenta-t-il. Et pas en aussi bonne forme.
- C'est pas le moment de plaisanter. On a un sérieux problème. » Il résuma ce qu'il venait d'apprendre. « On a jusqu'à demain pour les empêcher d'emmener Harry.
- Attends, je croyais qu'on était d'accord pour dire que la priorité du moment, c'était Grace. Alors pourquoi tu ne vas pas voir ce vieux professeur pour lui dire ce que tu sais sur le môme, et tu le laisses se débrouiller avec ça ? Je te rappelle qu'on ne sait même pas où il est, comment tu veux qu'on le sauve ?
- J'ai dit à Dumbledore ce que je savais, mais j'ai peur que ça ne suffise pas. N'oublie pas que sans moi il serait encore en sécurité chez lui, et rien de tout cela ne serait arrivé.
- D'après ce que tu as dit, ce gosse avait suffisamment d'ennemis pour que ça lui arrive même sans toi. Alors oublie cette histoire. Fais libérer Grace et rentre en Allemagne. Et moi, j'aimerais bien retourner à la Nouvelle Orléans.
- Je ne te retiens pas, Mose. Je me débrouillerai tout seul.
- C'est ça. Je n'ai pas envie que Grace passe sa vie en tôle, mon vieux. Et visiblement, je suis le seul ici à penser à elle. Ce n'est pas étonnant qu'elle t'ait plaqué comme ça l'année dernière.
- Comment oses-tu dire une chose pareille ? Je ne pense qu'à elle, figure- toi. Crois-tu que s'il y avait la moindre possibilité pour la sortir de là, j'hésiterais un seul instant ? Mais ça m'étonnerait que Grace veuille de moi en sachant que je suis responsable de la mort d'un gosse. Tu aurais vu le regard qu'elle m'a lancé quand je lui ai dit ce que j'avais fait ? Je suis sûr qu'elle a compris tout de suite que c'était moi qui avais détruit ces barrière.
- Toi et ta foutue conscience ! Ok, mais tu n'as pas répondu à ma question : comment tu comptes faire ?
- Je vais bien finir par trouver. Il s'agit de localiser ce Ste Mangouste. Après. Eh bien nous sommes deux, ils devraient être trois. Dont une seule cervelle.
- Peut-être mais trois sorciers. Je ne marche pas. Je ne suis pas suicidaire.
- Tu as ton arme ici, pas vrai ? Et nous bénéficierons de l'effet de surprise. Ce ne sera pas pire que les trois vampires que tu as affrontés en France.
- Si on m'avait dit que j'aurais à faire face à trois vampires de cette puissance, je peux t'assurer que je serais resté à l'hôtel. Et je n'aurais pas tenu deux secondes sans Baza. Ce type se préparait à ça depuis la nuit des temps. J'imagine que tu ne sais pas où le joindre, lui non plus ?
- Baza n'a rien à voir avec toute cette histoire, Mose. Ceci est complètement hors sujet. Sirius Black nous aurait probablement aidés, mais il est toujours recherché, donc nous n'avons aucune chance de le trouver. Donc je crois que cette fois c'est toi et moi. Ou moi tout seul si tu refuses.
- Je vais te dire une bonne chose, Knight. Tu es complètement barge. Si je pensais qu'il y a la moindre chance pour que tu trouves cet hosto avant demain, je refuserais net.
- Je savais que je pouvais compter sur toi. Maintenant, il ne nous reste plus qu'à trouver Harry. » Il fit semblant de ne pas remarquer le sourire narquois de son ami. Il est à Londres, si on en croit Dumbledore.
- Ce qui réduit considérablement la zone à explorer, ricana Mose. Rien qu'un petit millier de kilomètres carrés. En une nuit, nous avons toutes nos chances, vraiment.
- Tu ne voudrais pas essayer de penser de manière constructive, pour changer ? Ou même de penser tout court ? Je sais bien que ça n'a jamais été ton fort, mais même toi tu peux faire mieux que ça.
- Je sais que tu es très intelligent, mais là tu débloques complètement, Knight. C'est demain qu'ils veulent agir. On n'a aucune chance.
- Au moins on aura essayé. Les sorciers vivent cachés, et étant donné leur look plutôt bizarre, ça m'étonnerait qu'ils se baladent souvent au milieu de Londres pour se rendre d'un endroit à un autre. D'ailleurs, Dumbledore m'a parlé d'un quartier réservé aux sorciers.
- Peut-être que tous leurs bâtiments se trouvent ailleurs. Au beau milieu d'une cambrousse, par exemple. Et que le vieux s'est foutu de toi.
- Possible, mais on n'a pas vraiment le temps de vérifier cette hypothèse. Donc on va partir du principe que tout ce trouve à Londres, et sinon tant pis. On aura fait ce qu'on pouvait. J'imagine que tous leurs sites sont regroupés dans un même lieu. Reste à trouver où, dans Londres pourrait se trouver cet endroit.
- -Et tu comptes t'y prendre comment ?
- Aurais-tu un plan de la ville?
- Ils ont dû me donner ça quand ils m'ont envoyé en mission ici." Mosely farfouilla un long moment dans sa valise, avant d'en sortir une énorme carte.
- Tiens, grand chef. Et maintenant ?
- Tais-toi un peu si tu n'as rien d'intéressant à dire. » Gabriel étala la carte sur la table et prit un crayon. Il commença par rayer toutes les zones hyperfréquentées du centre ville. Mais Mosely avait raison : même après cela, il restait une immense surface à explorer. Il leur aurait fallu des mois.
« Hé ! Qu'est-ce que tu croyais ? se moqua son ami. Que tu allais jeter un coup d'?il à la carte et avoir une illumination, qu'il y aurait un gros cercle rouge avec marqué : " quartier sorcier " ? Ils ne veulent pas être trouvés. On n'a aucune chance. Tu ferais mieux de rester bien tranquille à la maison, laisse-les se débrouiller. Au fait, une de tes conquêtes a appelé tout à l'heure. A la brigade. D'abord, tu n'avais pas à donner ce numéro, je ne m'appelle pas répondeur téléphonique, et franchement je pensais que tu accordais un peu plus de respect à Grace.
- Quoi ? Tu plaisantes, Mose ! Crois-tu que j'ai le c?ur à avoir des aventures en ce moment, et à leur donner ton numéro de téléphone ? Qu'est- ce que c'est que cette histoire ?
- En tous cas, on aurait dit une toute jeune fille. Elle a dit qu'il fallait qu'elle te parle, que c'était urgent. J'ai dit que tu la rappellerais.
- Elle t'a laissé son nom ?
- Ouais. » Le gros policier se leva et alla fouiller les poches de son horrible blouson jaune. Il finit par revenir avec un petit bout de papier crasseux.
« Voyons, dit-il. C'est une certaine Hermine... Granges, un nom comme ça.
- Hermine ? demanda Gabriel, de plus en plus perplexe. Je ne connais personne de ce nom... Attends, est-ce que ce ne serait pas plutôt Hermione ?
- Si, c'est ça. Elle est mignonne ?
- Mose, je ne fais pas dans la pédophilie. C'est une amie de Harry. J'espère que tu as noté son numéro un peu plus lisiblement que le nom. » Après une dizaine d'essais infructueux et quelques tentatives de meurtre sur la personne de Franck Mosely, Gabriel finit par composer le bon numéro.
« Allo ? répondit une voix claire dès la première sonnerie.
- Miss Hermione Granger ? demanda Gabriel, avec une once d'espoir, la voix ressemblant à ce qu'il imaginait de celle de la jeune fille. Ici Gabriel Knight.
- Oh ! Merci de rappeler, Mr Knight. On avait peur que vous n'ayez pas notre message.
- Si, je l'ai eu. Mais j'aimerais savoir pourquoi vous m'avez appelé.
- Il s'agit de Harry. Toutes ces horreurs qu'on dit sur lui. Et Fudge qui refuse d'admettre le retour de Voldemort et qui nous met tous en danger !
- Je sais tout cela. C'est extrêmement triste, mais qu'est-ce que j'y peux ?
- Harry, Ron et moi avons. disons, des relations avec une journaliste très connue dans notre monde. Elle est prête à écrire un article au sujet de tout ça, pour expliquer la vérité. Mais elle a besoin de témoignages, et le vôtre pourrait être déterminant. Vous avez assisté à tout. Et ça aiderait aussi votre amie.
- Quand devrait sortir cet article ?
- Si vous acceptiez de rencontrer Rita Skeeter immédiatement, ce pourrait être dans la Gazette d'après-demain. »
L'idée partait d'une intention louable, mais le surlendemain, c'était trop tard. Comment réagirait la jeune fille s'il révélait ce qu'il savait ? Mal, probablement. Les deux adolescents seraient probablement paniqués. Mais eux devaient savoir où se trouvait ce fameux Ste Mangouste, et Gabriel savait que les arguments de Mosely n'étaient pas faux : sans aide, leurs chances de sauver Harry étaient voisines de zéro.
« Je crains que nous ne puissions pas attendre après-demain. Votre ami est en danger.
- Harry ? s'écria Hermione d'un ton terrifié, alors que derrière elle en voix de garçon poussait une exclamation. Ils ne peuvent pas lui faire donner un baiser, il est mineur !
- Des Mangemorts ont un plan pour l'enlever demain. » Il y eut deux nouvelles exclamations à l'autre bout du fil, puis Hermione reprit d'une voix étranglée.
« Vous devez vous tromper, Mr Knight. Il est impossible d'approcher Harry là où il se trouve. En plus, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit en ce moment une menace pour Voldemort.
- J'ignore le pourquoi de tout cela, mais c'est la vérité. Vous n'avez pas trop de raisons de vous inquiéter cependant.
- Si vous dites la vérité, alors il faut prévenir Dumbledore, immédiatement. Peut-être qu'il pourra empêcher ça !
- Votre directeur est déjà au courant.
- Dans ce cas Harry ne risque rien. Dumbledore fait même peur à Vous-Savez- Qui. » La confiance que la jeune fille avait dans le vieux sorcier fit sourire Gabriel, mais aux murmures que les deux adolescents échangèrent dans les secondes qui suivirent, on sentait qu'ils restaient inquiets.
- Pourquoi vous nous dites ça ? demanda finalement Hermione.
- Parce que c'est votre ami. Et que j'imagine que vous voulez l'aider.
- Bien sûr qu'on veut l'aider. Mais on ne peut pas entrer à Ste Mangouste. Sinon, il y a longtemps qu'on aurait été chercher Harry. Et Dumbledore ne les laissera pas faire.
- Peut-être mais il y a des risques que je ne suis pas prêt à prendre. Je pense que la chambre de votre ami sera ouverte à tous au moment où les mangemorts y entreront. Et je veux y être aussi. Le problème est que je ne sais pas où se trouve cet hôpital. Vous le savez.
- Pourquoi devrions-nous vous faire confiance ? demanda Hermione.
- Croyez-vous que je l'aurais caché ainsi si j'avais été contre vous ? » De nouveau, Gabriel entendit Ron parler à voix basse à son amie. Celle-ci répondit quelque chose qu'il ne comprit pas non plus, puis reprit le combiné.
« D'accord, dit-elle. On va vous dire où se trouve Ste Mangouste. Mais on vient avec vous.
- Hors de question. J'ai déjà mis un gosse en danger, il est hors de question que je vous entraîne là-dedans.
- On est pas des gosses, protesta Ron en arrière plan. Et si quelqu'un veut s'en prendre à Harry, on doit être là. Ca fait près de quatre ans que ça marche comme ça, on ne va sûrement pas le laisser tomber maintenant.
- C'est à prendre ou à laisser, expliqua Hermione, plus calmement. Et même si on vous disait où ça se trouve, vous ne pourriez pas entrer. Il faut l'aide d'un sorcier pour cela. De plus, maintenant que nous savons ce qui se prépare, nous n'allons pas rester ici sans rien faire. Avec ou sans votre aide, nous serons là demain.
- Très bien », capitula Gabriel en se traitant intérieurement d'imbécile pour la énième fois depuis quelques jours. Pourquoi n'avait-il pas inventé quelque chose pour que les adolescents lui disent où était Harry, au lieu de leur dire bêtement la vérité ? Il ne les connaissait pas, mais il aurait pu se douter qu'ils réagiraient ainsi. Ils lui donnèrent rendez-vous dans une rue de Londres, et Gabriel se sentit encore plus bête. C'était la ruelle où il avait atterrit après avoir touché le portauloin de Dumbledore. Il aurait quand même pu penser que l'endroit où le vieux sorcier l'avait envoyé se trouvait proche du Londres magique, lorsqu'il cherchait à le localiser sur la carte. Enfin, c'était trop tard, maintenant. Il allait devoir faire équipe avec Ron et Hermione, en espérant que rien de fâcheux ne leur arriverait.
Merci d'avoir lu. Un chapitre où Harry ne souffre pas. en fait, un chapitre où on ne voit pas Harry. mais il revient au prochain.
Csame : Wouah, quel enthousiasme. Je suis vraiment contente que tu aies tant aimé le chapitre 4. Je vais essayer de venir voir ta fic. Merci pour ta review.
Elava la Louve : Contente que tu aimes. Merci pour ta review.
Lunenoire : Que cherche Lucius ? C'est une bonne question en effet. Est-ce que tu y vois plus clair après ce chapitre ?
Ranae : Harry, devenir chasseur d'ombre ? Je ne crois malheureusement pas que ce soit possible. Les chasseurs d'ombres, c'est un peu comme les sorciers, c'est quelque chose qu'ils acquièrent en naissant. Remarque, avec la magie, on ne sait plus très bien ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.
Philippe Griffondor : Merci pour ta review.
