Disclaimer : Ben non, rien de tout cela ne m'appartient. GK est toujours à J.Jensen, et HP à JK Rowling.

Chapitre 6 : le sauvetage.

Les yeux de Harry s'ouvrirent brutalement et le jeune homme s'assit, encore sous l'effet de l'atroce cauchemar qu'il venait de faire. Les yeux morts de Susannah le fixaient, à côté de ceux de Cédric. Un instant, il parut plein de vie, comme n'importe quel adolescent, un peu maigre et malade peut-être à la pâle lueur du clair de lune, mais à part ça parfaitement normal. Mais si un observateur attentif s'était trouvé dans la chambre, il aurait pu voir les yeux verts s'éteindre rapidement, alors que l'esprit de Harry rattrapait ses pensées des derniers jours, et que la cage qui entourait sa poitrine se refermait, chaque fois plus serrée.

Lentement, le garçon se laissa retomber dans le lit, jusqu'à ce qu'il soit allongé sur le dos, ses yeux toujours grand ouvert fixant le plafond sur lequel quelques ombres dessinaient des formes étranges et mouvantes. Depuis qu'il avait été conduit dans cette chambre, Harry n'avait pas bougé de cette position. Il n'avait pas ouvert la bouche, que ce soit pour parler ou pour manger, et ne semblait pas avoir conscience de ce qui se passait autour de lui. Par moment, sans même s'en rendre compte, il avait basculé dans le sommeil, mais ces moments de repos ne duraient que quelques minutes, à l'issue desquelles le jeune homme se réveillait en sursaut.

Régulièrement, des membres du personnel de l'hôpital étaient passés le voir, mais aucun ne s'était attardé, aucun n'avait essayé d'établir le contact. Après tout, ce garçon était un meurtrier, tous en étaient persuadés. A quoi bon essayer de le sortir de là, de le forcer à se nourrir, le méritait-il vraiment ? Et, si certains avaient pitié des grands yeux vides et du visage pâle, ils se disaient que de toutes façons il passerait probablement le reste de sa vie à Azkaban. Il valait sûrement mieux pour lui ne pas survivre à cette étrange maladie qui l'affaiblissait tant. Du moins pas avec sa raison intacte. Pourtant, Harry croyait se souvenir d'un contact, quelques heures plus tôt. Avant qu'il ne tombe dans le sommeil. Une main fraîche sur son front brûlant, un murmure réconfortant. mais quand il avait fait l'effort de regarder, il n'y avait personne. Peut-être avait-il rêvé, après tout. Sûrement il devenait fou.

Les heures s'écoulèrent lentement, et peu à peu les ombres sur le plafond commencèrent à disparaître, alors que le jour se levait. Les cernes sous les yeux de Harry se firent également plus apparentes. Vers sept heures, un plateau fut placé devant lui, couvert de nourriture, mais il ne réagit pas plus que les fois précédentes. Sa respiration se fit peut-être un peu plus rapide, plus précipitée. L'odeur de nourriture lui donnait la nausée. Mais il n'avait pas l'idée de demander qu'on enlève le plateau, ou simplement de le poser sur le côté.

Finalement, le plateau fut enlevé sans que Harry ne sache exactement quand, ou comment. Non que cela ait la moindre importance, d'ailleurs. Puis, était- ce quelques minutes ou plusieurs heures plus tard ? Harry entendit du bruit. Des gens parlaient. Une voix lui était familière, mais il ne fit pas l'effort de la situer. La porte de la chambre s'ouvrit et se referma. Il y eut ensuite une silence. Le nouvel arrivant resta un moment sur le seuil de la chambre, à observer l'occupant. De là où il était, il n'aurait pas su dire si le garçon étendu dans le lit était mort ou vivant. Bien sûr, il avait été prévenu de l'état dans lequel se trouvait Harry, et il en avait eu un bon aperçu quelques jours plus tôt, mais il se demanda néanmoins si ce qu'il venait faire était vraiment utile. Peut-être, s'il se contentait d'attendre quelques jours de plus. Mais c'était un risque qu'il ne pouvait pas prendre, il savait que ce garçon était plus fort qu'il ne le paraissait, et, chacun de son côté, Dumbledore et Voldemort devaient chercher par tous les moyens à empêcher le destin de s'accomplir. S'il n'arrivait pas à obtenir une réaction de Harry, il devrait utiliser d'autres moyens. Ce serait plus risqué, mais la carrière de Fudge était en jeu, donc la sienne. Sans compter bien sûr l'avenir de tout leur peuple.

Parrish avança doucement et s'assit sur une chaise à la tête du lit.

" Harry ", appela-t-il, d'abord doucement puis plus fort. Mais il n'y eut aucune réaction de la part du garçon. L'aide de Fudge le prit fermement par l'épaule, et se mit à le secouer.

" Harry, il faut que tu m'écoutes. Je sais que tu es innocent, d'accord ? Je suis désolé que tu aies été traité comme ça, d'accord ? Et le ministre te présente ses excuses. "

Mais cet aveu n'eut pas l'effet escompté. L'adolescent continua à fiser le plafond, aucun signe ne montrant qu'il avait entendu. Et Parrish étouffa un soupir, sachant pertinemment qu'il n'arriverait à rien en s'énervant, mais doutant d'obtenir un quelconque résultat par la douceur. Heureusement, il n'était pas arrivé à ce poste, avec les antécédents qu'il avait, sans une parfaite maîtrise de son attitude. Franck Parrish était un acteur hors pair, il était toujours naturel et à l'aise.

Il prit le visage du garçon dans ses mains, presque tendrement, comme l'aurait fait un parent, et l'obligea à le regarder. " Harry, répéta-t-il, il faut que tu écoutes ce que j'ai à te dire. Ca ne va pas être agréable, mais il faut que tu l'entendes. Tu comprends ? " Faiblement, Harry se débattit pour échapper aux mains de l'homme. Il n'aimait pas ce visage, trop de souvenirs horribles d'interrogatoires étaient associés à lui. Pourquoi ne pouvait-on pas le laisser tranquille ? Il ne demandait rien d'autre. Ils pouvaient l'envoyer à Azkaban s'ils voulaient, au moins les Détraqueurs ne parlaient pas.

Les mains de l'homme refusaient de lâcher prise, sa voix continuait de troubler le silence. Et finalement, malgré lui, les yeux de Harry vinrent se fixer sur les siens, des mots commencèrent à percer les brumes de son esprit. L'autre dut le sentir, car il reposa la tête de Harry sur l'oreiller, posant seulement une main sur son épaule.

" Tu ne peux pas rester comme ça, dit-il. Tu n'es pas comme les autres. Tu le sais, n'est-ce pas ? " De nouveau, Harry ne répondit pas, mais cette fois son silence pouvait passer pour une invitation à poursuivre, et l'autre continua d'une voix égale. " J'aurais aimé que les choses se passent autrement, que nous t'ayons cru depuis le début, que tout cela ne soit jamais arrivé. Je suis vraiment désolé. "

Cette fois, Harry haussa imperceptiblement les épaules, comme pour signifier que cela n'avait pas d'importance, et Parrish sentit qu'il avait gagné. " Tu dois avoir envie de sortir d'ici, de retrouver tes amis, n'est- ce pas ? Ron et Hermione, j'ai beaucoup entendu parler de vous trois, tu sais. " Le regard de Harry s'intensifia. Ron et Hermione. Les folles aventures qu'ils avaient eues à Poudlard. Il ne revivrait plus jamais cela, maintenant. Pourtant, il aurait tellement eu envie de les revoir. De revoir Sirius, aussi, et tous les sorciers de Poudlard. Même Malefoy. Etre sûr qu'il n'avait pas rêvé ces quatre années.

" Tu aurais vraiment mérité de retourner là-bas. Maintenant que je connais toute l'histoire, je sais de quel courage tu as fait preuve au mois de juin. Et avant, déjà, plusieurs fois. Tu es quelqu'un de bien, Harry. Le monde des sorciers te doit beaucoup. Mais nous n'avons pas pu te protéger, Harry. Nous n'avons pas pu empêcher Tu-Sais-Qui de confectionner cette potion et de revenir. Et aujourd'hui, si nous ne l'arrêtons pas rapidement nous sommes tous menacés. " Harry haussa les épaules. Ce n'était plus sa guerre. Il n'était plus un sorcier, et, malgré les paroles de Parrish, il ne parvenait pas à se défaire de l'idée qu'il allait passer prisonnier le peu de temps qui lui restait à vivre.

" Il existe un moyen de se débarrasser du Seigneur des Ténèbres. Harry. Vous êtes liés toi et lui par la potion qu'il a confectionnée. Ton sang coule dans ses veines. Il en a besoin pour vivre. Tu comprends ce que je veux dire ? " Très lentement, le garçon secoua la tête. Pourtant, une la lumière se faisait peu à peu sur les paroles de Parrish. Et s'il pouvait réellement débarrasser le monde de Voldemort, comme il croyait le comprendre ? Et s'il pouvait enfin se débarrasser du sentiment de culpabilité qui ne le quittait plus, des yeux de Cédric, du cri de Sabrina, des supplications de sa mère ? Et, en même temps, se débarrasser de toute sensation, ne jamais devenir un moldu, décevoir Sirius, voir Ron et Hermione s'éloigner peu à peu de lui. Ce que disait Parrish confirmait ce qu'il avait cru deviner.

" Pense à toutes les vies que tu pourrais sauver. Si ton c?ur s'arrête de battre, Harry, Tu-Sais-Qui sera vaincu. Et des centaines de vies seront épargnées. " Harry avait pris sa décision avant même d'entendre les paroles du représentant du ministère. Il comprenait maintenant qu'il n'avait attendu que ce prétexte depuis des jours. Et sa mort en éviterait tant d'autres. Il n'avait pas le droit de refuser. Il hocha la tête pour signifier à Parrish qu'il comprenait, qu'il était d'accord. L'homme sourit d'un air triste, et dit : "tu ne mérites pas ça, Harry. Je peux te laisser un moment, si tu veux rester seul. " Harry acquiesça de nouveau, et Parrish se le va, et se dirigea vers la porte. Mais soudain, une pensée frappa Harry. Il ne pouvait pas partir comme ça. Ses amis ne comprendraient pas. Il essaya de rappeler l'adjoint de Fudge, mais seule une violente quinte de toux sortit de sa gorge desséchée. Parrish se retourna cependant précipitamment, et vint l'aider à avaler un verre d'eau.

" Ecrire. " Articula Harry quand il put de nouveau respirer librement.

- Bien sûr, répondit l'homme. Je vais te faire envoyer des plumes, de l'encre et du parchemin immédiatement. "

Harry s'assit lentement. Il avait eu deux jours pour se faire à l'idée que sa vie était finie. Et, finalement, cela ne lui faisait plus rien. Il n'était pas triste. Au moins, il avait retrouvé son honneur. Il ferait comprendre à Ron et Hermione qu'ils n'avaient rien à regretter. Et Sirius. Qu'allait-il pouvoir dire à Sirius, qui lui avait tant donné ? Les accessoires étaient apparus sur la table à côté de lui. Harry s'assit, les jambes ramenées vers lui pour soutenir le parchemin. Trempant la plume dans l'encre, il commença à écrire. Sa main tremblait, et l'écriture était bien différente de celle qu'il avait d'habitude. Il ne put empêcher de grosses taches d'encres de se former sur le parchemin.

Cher Sirius. Quand tu liras cette lettre, je serai mort. J'espère que Voldemort aura disparu, lui aussi. Essaie de profiter de la débâcle des mangemorts pour trouver Pettigrew et prouver ton innocence.

S'il te plaît, ne te fais pas de reproche. Tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé, et je suis content de t'avoir eu comme parrain. Finalement, c'est moi qui ne t'aurai apporté que du malheur. alors essaie de m'oublier. Je vais retrouver mes parents. C'est mieux comme ça. Adieu. Harry.

Il écrivit des lettres similaires pour Ron et Hermione, leur demandant de l'oublier et de faire leurs vies sans lui. Il n'était pas amer, ni même triste. Nostalgique, peut-être, à l'idée de tout ce qu'il allait manquer. Il roula les parchemins et écrivit les noms des destinataires. Puis il laissa son esprit s'évader. Qu'allait-il se passer quand Parrish reviendrait ? L'homme allait-il le tuer ? Probablement pas, il aurait trop de problèmes. Allait-il simplement boire une potion et. et après ? Le vide, le rien ? L'enfer ? Ou allait-il au contraire retrouver ses parents, comme il l'avait écrit à Sirius ? Bah, quelle importance, après tout ? Il allait bientôt savoir. Il se sentait plus détendu qu'il ne l'avait été depuis. il ne se rappelait même plus quand. Lorsqu'on n'a plus d'avenir, on n'a plus de responsabilités. Le soleil jouait avec le rideau, et Harry eut soudain envie de sentir ses rayons lui réchauffer la peau. Il se leva, et s'approcha de la fenêtre. Il l'ouvrit. Sa chambre se trouvait au dernier étage de l'hôpital. Loin en dessous de lui, il pouvait voir des gens se promener dans le parc. De grands arbres se dressaient, leurs feuilles d'un vert tendre arrivant presque à sa hauteur. Des oiseaux volaient tranquillement au dessus. Il pouvait en entendre d'autres chanter. Tout paraissait si calme. semblable à n'importe quelle journée d'été. Il se rappela les matins au Terrier, quand il se réveillait avec la perspective de passer la journée dehors, au soleil, avec ses amis. Il s'assit par terre, sous la fenêtre. Les chaud rayons caressaient sa peau trop pâle, et, pour la première fois depuis des jours, il n'avait pas froid. Le calme nouveau qui l'habitait eut vite raison de son esprit épuisé, et, petit à petit, il s'endormit.

Ce n'est que quelques instants plus tard que l'ouverture violente de la porte le réveilla. Harry sursauta, un instant désorienté de dormir assis sur le sol. Lucius Malefoy et deux autres hommes, répliques encore plus grosses de Crabbe et Goyle, firent irruption dans la chambre. Alors que l'un des deux gorilles restait à surveiller l'entrée, l'autre s'avança droit vers Harry, baguette en main.

" Ne bouge pas, Potter, ou tu le regretteras ", dit-il avec un sourire sadique. Lucius Malefoy, quant à lui, tira de sa longue cape une petite fiole contenant un liquide incolore, ainsi qu'une petite enveloppe. Il déboucha la fiole, et tira de l'enveloppe un long cheveu incolore, qu'il déposa dans le liquide. Le contenu de la bouteille se mit alors à bouillonner et à fumer, puis prit une couleur grise, et sembla épaissir. On aurait dit une fiole de mercure. Malefoy regarda le liquide d'un air satisfait, avec un petit sourire amusé. Puis il s'avança vers Harry, et lui tendit le flacon.

" Bois ", dit-il sèchement.

Harry avait reconnu sans mal la potion, il l'avait préparée avec l'aide de Ron et d'Hermione quelques années plus tôt. Il savait quels en seraient les effets. Et si Malefoy voulait lui faire prendre l'apparence de quelqu'un d'autre, c'était certainement pour le faire sortir d'ici. Et l'amener à Voldemort. Le garçon savait ce qu'il avait à faire. Il recula vers la fenêtre.

" Bois sans faire d'histoires, répéta Malefoy. Ca ne fera qu'améliorer un peu ton apparence physique. Tu ne peux plus lutter, Potter, alors sois sage si tu tiens à ta misérable vie. "

Harry était tout contre la fenêtre. Avec une vivacité dont nul ne l'aurait cru capable, il l'enjamba.

" N'approchez pas, dit-il. C'est vous qui tenez à ma vie, d'une voix atone. Pas moi. " Il jeta un dernier regard en bas. Pourvu qu'il ne heurte personne à l'atterrissage. Il prit une grande inspiration.

" Stupéfix ! " crièrent deux voix. Le gorille à l'entrée s'effondra. L'élan de Harry fut stoppé net. Ce n'était pas possible. Ils ne pouvaient pas être là. Et pourtant. Accompagnés de Gabriel, Ron et Hermione s'avançaient d'un pas conquérant. Malefoy parut un instant, puis, d'un sortilège, il désarma Hermione, puis Ron, malgré les efforts faits par ces derniers pour contrer le sort auquel ils s'attendaient. Puis, le père de Draco et le deuxième gorille levèrent leurs baguettes qu'ils pointèrent sur les deux adolescents. Gabriel vint se placer devant eux, son médaillon bien en évidence, alors que Harry criait :

" Non ! Si vous leur lancez le moindre sort, je vous jure que je saute. Posez vos baguettes. " Les deux mangemorts se retournèrent et le regardèrent. Il était impossible de douter de sa détermination.

" Voyons, tenta doucement Lucius Malefoy. Qu'est-ce que cela t'apportera ? Suis-nous bien gentiment, et il ne leur arrivera rien. Pourquoi toujours vouloir user de violence ?

- Vous savez aussi bien que moi ce que cela apportera. Le monde sera débarrassé de l'horrible serpent qu'est votre maître. Je ne le répéterai plus. Posez. Vos. Baguettes. "

Malefoy et son acolyte échangèrent un regard. Le père de Drago fit un signe de tête, et avec un regard mauvais, ils laissèrent les baguettes glisser au sol.

" Ron ", appela Harry. Le rouquin comprit et vint ramasser les instruments. Il rendit sa baguette à Hermione, et tous deux surveillèrent leurs captifs pendant que Gabriel déchirait les draps du lit pour en faire de fines bandes avec lesquelles il attacha solidement les trois mangemorts. Ce ne fut que quand ceux-ci furent définitivement hors d'état de nuire que ses amis reportèrent leur attention sur Harry. Le garçon n'avait pas bougé.

" Harry, dit Hermione d'une voix douce en s'avançant vers lui. C'est fini, tu peux revenir, maintenant. " Le jeune homme secoua la tête, d'une manière qui effraya ses amis. Ron fit aussi un pas en avant, la main tendue. " Je suis désolé, dit Harry. Je ne peux pas. Ne venez pas plus près. Vous ne pouvez pas comprendre.

- Alors explique nous, dit le rouquin. Les amis, ça sert à ça. Mais d'abord, reviens de ce côté. Je t'en supplie. Ne nous fais pas ça.

- Je dois le faire, Ron. Pour le monde de la sorcellerie. Pour que vous puissiez vivre en paix. Tu ne sais pas tout, mais tu ferais la même chose si tu étais à ma place. Si je reviens, ce sera encore plus dur après. " La voix de Harry était à peine audible, mais il soutenait le regard de ses amis. Puis il murmura une nouvelle fois " Je suis désolé. " Et, au moment où la porte s'ouvrait brusquement, il lâcha la barrière et sauta dans le vide. Sa dernière pensée consciente fut pour se dire que, finalement, ça n'était pas si dur que cela.

Ron, Hermione, et Gabriel poussèrent un cri d'horreur et se précipitèrent vers la fenêtre. Gabriel fut le premier à oser regarder en bas. Un murmure montait de la foule, qui s'était regroupée autour d'une silhouette immobile.

" Non ! " souffla le Schattenjäger. Il entendit léger bruit à côté de lui et se retourna. Hermione venait de glisser sur le sol. Ron, quant à lui, restait immobile, le visage de cendre, comme hypnotisé par le corps de son ami. Gabriel posa une main sur l'épaule de Ron, et l'éloigna doucement de la fenêtre. Le jeune homme n'opposa pas de résistance et se laissa guider jusqu'à une chaise. Puis, il fit de même avec Hermione, après l'avoir aidée à se relever. Il regarda la pièce. quelque chose n'allait pas. Soudain, Gabriel réalisa que leurs trois captifs avaient disparu. Chassant le sentiment de deuil et d'horreur, il fut aussitôt sur le qui-vive. Une présence hostile pouvait se trouver tout près d'eux. Il avait encore deux adolescents à protéger.

Gabriel sursauta quand des bruits de pas se rapprochèrent rapidement au dehors. Saisissant son couteau dans une main, son médaillon dans l'autre, il se plaça dans l'encadrement. il le savait, face à des sorciers ses armes étaient dérisoires. Surtout s'ils étaient nombreux. Mais peut-être pourrait- il donner aux amis de Harry le temps de réagir.

Mais ce ne fut pas les hommes qu'il s'attendait à voir qui arrivèrent. A leur place, se tenaient un vieil, homme à la longue barbe blanche, qu'il reconnu sans mal, une femme à l'air sévère, et un homme au cheveux gras.

" Vous arrivez un peu tard, professeur, dit sèchement Gabriel, s'adressant à Dumbledore

- Et je le déplore, croyez le bien. Mais j'arrive à temps pour vous éviter de gros ennuis, si vous ne partez pas d'ici dans les plus brefs délais. Je vous avais conseillé de rester en dehors de tout cela, Mr Knight. Mr Weasley, Miss Granger, je crois que nous avions également eu une petite conversation il y a quelques jours.

- Nous au moins nous avons tenté de l'aider, répondit Gabriel en foudroyant le vieux directeur du regard. Celui-ci ne répondit pas directement à la provocation. Son regard se porta sur Ron et Hermione, qui gardaient la tête baissée, et, l'espace d'un instant, son expression s'adoucit et il parut sur le point de dire quelque chose, puis se ravisa. " Minerva, demanda-t-il, ramenez Mr Weasley et Miss Granger à Poudlard. Et prévenez Molly Weasley que vous les avez récupérés. Mr Knight, nous devons faire vite, je ne pourrai pas retenir le ministère bien longtemps. Où est votre ami ?

- Grace ? s'étonna Gabriel. Si elle est sortie de votre prison je ne suis pas au courant.

- Non. Je parlais de votre autre ami. Celui qui vous a accompagné jusqu'ici ce matin.

- Comment savez-vous. ? Peu importe. Il était censé surveiller l'extérieur de la chambre. Mais j'imagine qu'il s'est endormi. Ou qu'il a préféré se cacher en voyant que vous étiez trois.

- Severus, allez jeter un ?il, s'il vous plaît. " Pendant que le directeur parlait, la sorcière s'était approchée des deux adolescents qui s'étaient levés, et tous trois étaient en train de marcher lentement vers la sortie. Dumbledore les regarda partir avec une expression indéchiffrable sur le visage. Puis son regard se posa sur les draps déchirés, les bandelettes qui avaient servi de cordes.

" Que s'est-il passé ici ? "demanda-t-il d'une voix intriguée. J'ignorais que les moldus s'amusaient ainsi à déchirer des draps.

- Nous avions réussi à neutraliser les trois mangemorts qui voulaient emmener Harry, et ces bandes nous ont servi à les immobiliser. Mais ils ont réussi à fuir pendant que nous ne regardions pas, probablement quand il a sauté. J'ignore comment. Défaire tous ces n?uds aurait dû leur prendre des heures, j'ai été scout, vous savez. Or, ils n'ont eu au plus que quelques minutes, et ont dû être particulièrement silencieux.

- Moi je sais ce qui s'est passé, fit une voix pâteuse, et Mosely pénétra dans la pièce. Ils ont eu de l'aide. Une femme. Je la tenais en joue avec mon arme quand j'ai eu l'impression que je ne pouvais plus bouger ni parler. C'est probablement elle qui les a libérés. Si je la retrouve, je vous jure qu'elle passera un mauvais quart d'heure, ajouta le policier en se frottant les bras. Le sorcier aux cheveux gras, qui l'accompagnait, poussa un petit reniflement d'un air méprisant, et Dumbledore sourit à demi.

" Pas de violence inutile, dit-il d'un ton amusé, mais ses yeux étaient extrêmement sérieux derrière ses lunettes en demi-lune. Bien, maintenant que nous avons récupéré tout le monde, inutile de s'attarder ici. " Ils sortirent de la chambre sans rencontrer personne, puis redescendirent dans le hall. Gabriel se dit que les sorciers auraient pu apprendre quelque chose des ascenceurs moldus. Il n'avait pas vraiment eu le temps d'y penser à l'aller, mais il devait bien y avoir une dizaine d'étages dans le bâtiment.

" Où allons-nous ? demanda-t-il au vieux sorcier alors qu'ils traversaient le hall d'entrée.

- Chercher Harry, répondit Dumbledore. Je me moque de ce que peut dire Fudge. Il est hors de question qu'il reste plus longtemps sous la seule protection du ministère.

- N'est-ce pas un peu tard pour vous en préoccuper ? Que peut-il lui arriver maintenant ?

- Tout, Mr Knight. Tout. Lorsque le vieux sorcier pénétra dans le parc, l'attroupement s'écarta pour le laisser passer.

" Dumbledore ! s'exclama un petit sorcier bedonnant. C'est un incident regrettable qui vient de se produire, n'est-ce pas ? Un miracle qu'il s'en soit sorti. Et sans mal apparent, il semble juste un peu choqué. Bien sûr, Potter espérait sans doute fuir ainsi ses responsabilités. " Gabriel stoppa net. Avait-il bien entendu ? C'était impossible ! Comment pouvait-on survivre à une chute pareille ? Il n'aurait probablement même pas pensé à vérifier s'il s'était trouvé en bas. Mais le directeur de Poudlard ne semblait pas surpris, ni même soulagé. Il se contenta de fixer son interlocuteur d'un regard glacial.

" Un incident regrettable, n'est-ce pas, Cornélius ? Que Harry ait sauté ou qu'il s'en soit sorti ? Ne l'auriez vous pas un peu aidé ?

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, dit Fudge, mais il avait rougi.

- Oh, si ! je crois que vous savez très bien de quoi je veux parler. " Il tira de la poche de sa cape une grosse boule de cristal. " Vous savez ce qu'est ceci, j'imagine ? Je l'ai moi-même placé cette nuit dans la chambre de Harry. Tous les événements de cette matinée ont été enregistrés. Y compris la visite de votre homme a tout faire, et ce qu'il a dit à Harry. Je ne suis pas sûr que tout le monde apprécie la façon dont vous avez géré cette histoire, mon cher Cornélius.

- Et puis-je savoir de quel droit vous vous êtes introduit au milieu de la nuit dans la chambre d'un prisonnier ? Ou pourquoi vous avez gardé pour vous une information qui pouvait sauver notre monde ? Car vous étiez au courant depuis le mois de juin du lien entre Harry et Vous-Savez-Qui, n'est- ce pas ?

- Vous refusiez de croire à son retour, je ne vois pas pourquoi je vous aurais parlé d'une quelconque manière de le vaincre. De plus, nous n'avons pas le droit de décider de la vie ou de la mort d'un enfant, mon cher Cornélius. Nous ne sommes pas des dieux.

- Il a décidé lui-même de ce qu'il jugeait être la meilleure solution. Il avait le droit de connaître la vérité.

- Croyez-vous vraiment qu'il pouvait résister à une telle pression ? N'importe qui déciderait comme lui si on lui présentait la chose sous un angle adéquat. Restez ici, ajouta-t-il en direction de deux infirmiers qui s'apprêtaient à emmener Harry, avant de se retourner vers Fudge. Je connais Parrish mieux que vous ne le pensez, et je vous ai toujours dit de vous en méfier. Il a un pouvoir de persuasion peu commun, et c'est un excellent acteur.

- Ca suffit, Dumbledore. Arrêtez immédiatement ces affabulations. En tant que ministre de la magie, je vous démets de votre poste de directeur. Il est plus que temps que vous preniez votre retraite.

- Il faut pour cela l'accord du chef du département de l'instruction. Et je crains que vous n'ayez du mal à l'obtenir. Par contre, je crois, et j'en suis désolé, croyez le bien, que l'heure ne soit venue pour vous de prendre votre retraite. Je n'hésiterai pas à révéler tout ce que je sais dans la presse, Fudge, si vous continuez à vous comporter de manière irraisonnée.

- Vous ne pouvez pas. " Le visage du ministre était d'une pâleur de craie. " Je peux et je le ferai. Poudlard a perdu un élève l'année dernière à cause de Voldemort, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter que cela ne se reproduise, que ce soit de sa faute ou de la vôtre. Ces enfants sont sous ma responsabilité, et ce même pendant les mois d'été. Maintenant, vous savez où me trouver. Et j'emmène Harry, que cela vous plaise ou non. " Il écarta les mages qui entouraient le garçon et le souleva dans ses bras, sans que personne n'ose protester. " Mr Knight, ajouta-t-il, j'aimerais que vous, et Mr Mosely s'il en a envie, me rejoigniez à Poudlard. Vous savez comment faire. Severus, je vous confie ceci. " Il lui tendit la boule de cristal. " Certains membres du ministère doivent être mis au courant. Et vous vous arrangerez pour faire libérer une certaine jeune femme qui doit se trouver dans un des cachots." Sur ce, sans paraître sentir le poids de Harry, il transplana. Gabriel le regarda partir, incrédule. Il sursauta quand Mosely lui parla.

" Wouah ! s'écriz le policier. Je n'aimerais pas l'avoir contre moi, ce type ! Et son copain aux cheveux sales non plus. Ca c'était de la remise en place. Alors comment on y va, à ce pou au lard ?

- Comme ça, répondit simplement Gabriel en sortant le portoloin. Et je te préviens, tu n'as jamais rien vu de pareil.

Blanc... Trop de lumière... Harry referma les yeux. Se réveiller confus dans des lieux inconnus semblait devenir une habitude pour lui. Mais cette fois... Quelque chose était différent. Il en était sûr... Que s'était-il passé ? Il se rappelait cette chute vertigineuse, puis plus rien. Bien sûr ! Il avait sauté. Etait-il mort ? On ne pouvait pas survivre à une telle chute.

Un homme l'appelait, comme venant de très loin. Harry tenta de luii répondre. Une main se posa sur son front quand il remua. Ses yeux s'ouvrirent à nouveau, cette fois sur une masse de cheveux noirs. "Chut !" fit l'homme. Tout va bien. "

Il n'aurait jamais imaginé que mourir était comme cela. Qui étaient ces gens chargés de réceptionner les morts ? Etait-ce quelqu'un qu'il avait connu ?

"Harry, continuait l'homme d'une voix rassurante, réveille-toi, ça va aller. C'est fini, maintenant, ils ne peuvent plus rien te faire.

- Papa ? demanda le garçon, croyant reconnaître l'homme aux cheveux noirs. Est-ce que je suis... Est-ce que je suis mort ?

- Non, Harry. Tu n'es pas mort. Dumbledore t'a empêché de te faire du mal en atterrissant. Tout va bien."

Harry rouvrit les yeux, essayant de reprendre contact avec la réalité. Cela lui fut facilité lorsque ses lunettes furent placées sur son nez.

" Sirius ? Où sommes-nous ?

- A Poudlard. Harry, tu m'as fait tellement peur ! Je venais voir Dumbledore quand Ron et Hermione sont arrivés en criant que tu étais mort ! Comment te sens-tu ?"

Harry ne répondit pas. Il tentait de remettre en place ce qui s'était passé. Il se rappelait avoir sauté à Ste Mangouste... Comment s'était-il retrouvé à Poudlard ? Comment avait-il survécu ? Et surtout, pourquoi l'avait-on sauvé ?

" Sirius, demanda-t-il d'une petite voix.

- Oui, Harry.

- Est-ce que tu sais... Voldemort ?

- Tu veux parler de ce lien qu'il y aurait entre lui et toi ? Du fait que ton sang coule dans ses veines ? Bien sûr que je suis au courant. Dumbledore m'a parlé de cette possibilité le jour où tu es revenu, après la troisième tâche, et où tu lui as tout raconté. Mais cela ne change rien. Tu es plus important que Voldemort. Et on n'est même pas sûr que ça marche.

- Pourquoi ? Lui le croit. Et ses mangemorts aussi.

- Voldemort ne veut prendre aucun risque. Tu représentes un danger pour lui. Mais nul ne sera sûr que ta mort entraînera la sienne avant... avant que la situation ne se présente. Or personne n'a envie d'essayer. On sait très peu de choses, finalement, sur la potion qui l'a ramené à la vie. Et les choses sont encore compliquées par le fait qu'il y avait déjà un peu de lui en toi. A cause de ta cicatrice. Ce sang qu'il t'a pris était déjà un peu le sien, tu comprends." Harry secoua la tête. C'était bien trop compliqué pour son esprit embrumé, et il n'aimait pas penser qu'il avait tant en commun avec le Seigneur des Ténèbres. Cela lui faisait se sentir sale, souillé. Il ne voulait rien avoir de son ennemi.

" Mais même si nous avions été sûrs que le lien fonctionne, Harry, nous ne pouvons pas sacrifier ta vie pour mettre fin au règne de Voldemort. Ce n'est pas comme cela que ça marche.

- Je ne veux pas que d'autres personnes meurent à ma place, Sirius. Si demain il est responsable d'un autre massacre, comment pourrais-je ne pas penser que j'aurais pu l'empêcher ?

- Nous avons un espion dans les rangs des Mangemorts. Que penserais-tu si cet espion, la prochaine fois que Voldemort l'appelle, arrivait avec autour de sa taille une ceinture d'explosifs, et se faisait sauter au moment où il se penche pour embrasser la robe de son maître ? Voldemort n'y survivrait probablement pas. Crois-tu que nous avons le droit d'exiger de lui un tel sacrifice ?

- Non, bien sûr.

- C'est exactement pareil. Nous n'avons pas plus le droit d'exiger de toi ce sacrifice. Surtout si nous ne sommes pas sûrs du résultat."

Harry hocha la tête. Après un instant de silence, il demanda : "Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi Fudge m'a-t-il libéré ?

- As-tu déjà vu Dumbledore en colère ? demanda Sirius avec un éclair de malice. Je crois que Fudge ne sera plus ministre bien longtemps.

- Est-ce que toi aussi tu as été innocenté ? Je veux dire, tu es ici... N'importe qui pourrait te voir.

- C'est les vacances, il n'y a pas grand monde à Poudlard. Et, malheureusement, je n'ai pas été innocenté. Il y avait des preuves contre moi qu'il n'y a jamais eues contre toi. Mais ne t'inquiète pas pour moi. Ils ne sont pas près de me rattraper. On ne rattrape pas comme ça un maraudeur." Il sourit à nouveau. "Ne pense plus à tout cela, pour l'instant, dit-il. D'un léger mouvement de sa baguette magique, il fit apparaître un plateau rempli de nourriture.

" Je n'ai pas faim, dit Harry, légèrement dégoûté par les odeurs qui montaient du plateau.

- Il faut que tu manges quelque chose. D'après ce qu'on m'a dit, tu n'as rien avalé depuis que tu n'es plus chez les Dursley. Tu ne peux pas continuer comme ça. Et Dobby sera vexé si tu ne goûtes rien de ce qu'il a fait pour toi. De plus, j'ai peur de la réaction qu'aura Molly quand elle verra à quel point tu as maigri.

- Elle est ici ?

- C'est bien possible. Dans la tour de Griffondor occupée à essayer d'empêcher Ron et Hermione de se ruer ici pour te voir.

- Ron et Hermione sont là aussi ? Comment vont-ils ?

- Eh bien, tu as failli les faire mourir de peur, mais maintenant je crois qu'ils vont bien."

Cette fois, Harry esquissa un sourire en réponse à son parrain. Puis il avala une gorgée de soupe. Contrairement à ce qu'il redoutait, son estomac ne se révolta pas. Au contraire, il sentit une douce chaleur se répandre en lui. Et, en quelques minutes, il finit le bol sous le regard approbateur de son parrain.

Au même moment, dans le bureau du directeur, Gabriel commençait à s'impatienter. Après tout, le vieil homme leur avait demandé de le rejoindre ici, il aurait pu daigner les honorer de sa présence. Et les cris surexcités de Mose devant la pièce où ils se trouvaient commençaient aussi à lui taper sur les nerfs. Le policier semblait ignorer le sens des mots réserve et discrétion.

" Oh, ça va, gronda le Schattenjäger alors que son ami s'extasiait pour la énième fois devant le phénix du directeur. Ce n'est qu'un oiseau, tu ne vas pas nous en faire un fromage !"

L'oiseau en question émit alors un son grave, vaguement réprobateur.

" Je crois qu'il n'apprécie que moyennement ce que tu viens de dire à son sujet, Knight. Et moi aussi, franchement, je commence à en avoir ras le bol de ta mauvaise humeur. Si t'as quelque chose sur le c?ur, crache le tout de suite et qu'on en finisse, parce qu'on risque d'être coincés ici un bout de temps et que j'ai pas vraiment envie de jouer les défouloirs pendant des heures.

- J'aimerais vraiment savoir pourquoi tu essaies toujours de m'analyser. Tu ne pourrais pas me foutre un peu la paix?

- Je te rappelle que c'est toi qui es venu me chercher quand tu avais besoin d'aide. Ca me donne certains droits, et en particulier celui de ne pas me faire engueuler à tous bouts de champs. Et aussi celui de savoir pourquoi tu fais la gueule alors que tout semble enfin s'arranger.

- Tout semble s'arranger ? Si tu veux tout savoir, je commence vraiment à me poser des questions, Mose. D'abord, tu as vu le type qu'ils ont envoyé pour chercher Grace ?

- Quoi, t'as peur qu'elle tombe amoureuse de son sauveur ? Je te rassure tout de suite, il est pas du tout dans son style. Tu connais Gracie et son obsession de la propreté.

- T'y es pas du tout. Elle peut bien tomber amoureuse de qui elle veut ça ne me regarde pas.

- A d'autres.

- Et ça te regarde encore moins. Mais tu as vu ce type ? Il a l'air prêt à tuer n'importe qui. Et s'il touche à un seul de ses cheveux, je jure que je.

- Eh ! Je te rappelle que Grace est une grande fille et qu'elle est parfaitement capable de se défendre toute seule. En plus, ce n'est pas parce qu'un mec a un regard mauvais qu'il est forcément capable du pire. Il semble être un des bras droits de ce Dumbledore.

- Justement, j'aimerais bien comprendre un peu ce que ce type a dans la tête. Franchement, j'ai beau savoir que c'était un ami de mon oncle Wolfgang, je ne suis pas du tout sûr de lui faire confiance.

- Evite de le lui faire savoir. On a vu ce qu'il pouvait faire quand il se met en colère.

- Je sais qu'il est puissant. Mais pourquoi n'a-t-il pas fait usage de son pouvoir plus tôt ? S'il pouvait aller voir Harry sans que personne ne remarque rien, et probablement Grace également, pourquoi n'est-il pas simplement allé les chercher, et fin de l'histoire ?

- Peut-être qu'il cherchait un moyen de piéger le ministre.

- Peut-être. Mais je ne peux pas croire qu'il ait laissé la situation aller aussi loin. Je ne comprends pas non plus la manière dont il s'est conduit avec Ron et Hermione, tout à l'heure. Ils étaient complètement effondrés parce qu'ils croyaient leur ami mort, et, au lieu de leur dire qu'il était encore en vie, il les a engueulés parce qu'ils étaient venus pour essayer de le sauver.

- Tu veux que je te dise ce qui t'énerve vraiment ? C'est que tu es incapable de résister à cet homme. Il t'a invité à le rejoindre ici et tu es venu.

- Il m'a demandé de ne pas intervenir ce matin et j'y suis allé.

- Peut-être. N'empêche que, globalement, c'est lui et les autres sorciers qui contrôlent la situation. Pas toi. En plus, tu as fait des conneries et ça t'énerve.

- Mose, je peux te demander quelque chose ?

- Quoi ?

- Ferme là, s'il te plaît. "

Au moment où il prononçait ces mots, Dumbledore les rejoignit enfin. Sans sembler avoir conscience qu'il interrompait une conversation dont le niveau de langue n'était pas celui que l'on entendait habituellement dans ce bureau, il traversa tranquillement la pièce et vint s'asseoir en face des deux américains.

" Messieurs, excusez-moi de vous avoir fait attendre, Vous comprendrez que la situation dans laquelle nous nous trouvons est délicate, et quelques points nécessitaient mon attention.

- Quand Grace sera-t-elle ici ? demanda Gabriel.

- Connaissant Severus, ça m'étonnerait qu'il s'attarde plus que nécessaire au ministère, ils devraient donc être ici d'un instant à l'autre. Ne vous inquiétez pas, votre amie est en parfaite sécurité avec notre professeur de potions. Messieurs, je dois dire qu'à défaut d'être considérée votre intervention de ce matin ne manquait pas de courage. Mais vous devez comprendre qu'il y a certaines forces contre lesquelles vous n'êtes pas armés pour lutter. Nous ne le sommes d'ailleurs pas non plus. Pas assez, du moins. Je ne vous fais pas de reproche, comprenez bien. Sans vous, nous n'aurions jamais été au courant de la venue de ces Mangemorts, et les conséquences auraient pu être terribles. Et votre intervention de ce matin aurait pu conduire à l'arrestation de ces criminels. Peu de gens auraient pris de tels risques pour un garçon qui, après tout, est un étranger pour vous.

- Oh, vous savez, ce n'était pas la première fois qu'on faisait des trucs comme ça, remarqua Mosely d'un air blasé. Gaby et moi, on a l'habitude des grands méchants.

- J'imagine, répondit le directeur avec un petit sourire en coin. Mr Mosely, vous êtes libre de vous promener librement dans le château si vous le désirez. Et vous pouvez rester parmi nous le temps que vous souhaitez.

- Euh. Merci. Dites, est-ce qu'il y a un endroit où on peut manger quelque chose, dans votre château ?

- Bien sûr. " Dumbledore claqua des doigts, et une curieuse créature avec de grandes oreilles apparut. " Voici Frita. C'est un elfe de maison, vous n'avez rien à craindre. Frita, veuillez emmener Mr Mosely dans la grande salle, et apportez lui ce qu'il vous demandera. J'ai encore besoin de parler à Mr Knight. " Le policier sortit derrière la créature. Quand la porte se fut refermée, Dumbledore leva sa baguette et fit apparaître une théière fumante et deux tasses.

" Je vous sers une tasse, Mr Knight ? demanda-t-il.

- Non, merci. Ne serait-il pas possible d'avoir plutôt du café ?

- Bien sûr, excusez-moi, j'oubliais vos origines. " Il agita de nouveau sa baguette, et une cafetière se posa à côté de la théière. Pendant qu'il servait à boire, le directeur observa son interlocuteur sans prononcer un mot. Gabriel commençait à se sentir mal à l'aise quand, finalement, le silence fut rompu.

" Je crois savoir que vous ne me faites pas confiance, Mr Knight, pas plus qu'à la plupart des autres sorciers. "

Surpris par cette attaque directe, Gabriel était sur le point de protester, mais l'autre l'en empêcha d'un mouvement de la main.

" Je ne vous en blâme pas. Vous avez très certainement vos raisons, et quand on voit les divisions qui règnent au sein même de la communauté des sorciers, on peut comprendre les hésitations d'un étranger. J'ai cependant un service à vous demander. J'aimerais que vous me confiiez votre médaillon quelques temps. Vous n'en aurez probablement pas besoin dans les jours qui viennent.

- Mon médaillon ? pourquoi ?

- La nuit où vous êtes entré chez les Dursley, vous l'avez utilisé pour bloquer un sortilège. Le même sortilège qui avait tué cette jeune fille quelques instants auparavant.

- Et alors ?

- Le sortilège qui vous était destiné s'appelle Avada Kedavra. Ou le sortilège de la mort. C'est l'un des plus puissants sorts de magie noire existant. Il est impossible à bloquer. Le seul sorcier connu à y avoir résisté est Harry. Mais il a fallu le sacrifice de sa mère pour le sauver.

- Et alors ?

- Votre médaillon l'a stoppé. Il possède un pouvoir bien plus grand que vous ne le pensez. Et c'est la preuve qu'il existe un moyen de se défendre contre ce sort. Dans la lutte qui va nous opposer à Voldemort, nous ne pouvons pas laisser passer une telle opportunité. Je veux juste essayer de déterminer quelles sont les protections qui ont été lancées sur ce bijou. Après quoi il vous sera rendu intact, naturellement.

- je ne dois pas m'en séparer. Les conséquences seraient terribles s'il était de nouveau perdu.

- Croyez-moi, le médaillon serait en parfaite sécurité à Poudlard. Je connais l'importance de ce bijou pour votre famille, et pour l'?uvre qu'elle accomplit depuis tant de siècles. Wolfgang m'en avait parlé. Il m'a dit plusieurs fois, après qu'une de ses enquêtes se soit mal passée, que cela aurait pu se passer autrement s'il avait eu le médaillon. Il m'a même confié un jour qu'il comprenait son frère d'avoir ainsi pris la fuite. Parce que leur famille avait été déshonorée et qu'il n'était même plus sûr de pouvoir prétendre au titre de Chasseurs d'Ombres. Mais vous devez comprendre ce que signifie pour nous le sortilège d'Avada Kedavra. Aucun sorcier des temps modernes ne serait capable de fabriquer un objet d'une telle puissance. Un objet capable, semble-t-il, de bloquer toute magie noire."

Malgré tout ce que pouvait dire le vieil homme, Gabriel ne se sentait pas le droit d'abandonner ainsi son médaillon. Même s'il avait eu une totale confiance en ces sorciers, ce qui était loin d'être le cas, il aurait hésité. Il pouvait en avoir besoin à tout moment, et le château était à l'écart de tout. Pourtant, Mose avait raison, il était difficile de résister à une demande du directeur de Poudlard.

" Je vais y réfléchir, répondit-il.

- Bien sûr. Vous serez naturellement le bienvenu à Poudlard le temps que nous examinions votre bien, ou même si vous décidez de ne pas nous le confier. Je crois que nous pouvons vous apprendre beaucoup sur votre fonction, et sur ce que vous avez été amené à combattre. J'imagine que dans tous les cas vous désirez attendre l'arrivée de Miss Nakimura avant quitter le château. Vous pouvez aller retrouver votre ami si vous le désirez.

- Ca me paraît bien. Professeur, puis-je vous demander comment va Harry ? "

Une ride soucieuse barra le front du vieil homme, qui hésita un instant avant de répondre : " Il n'a pas été affecté par sa chute, si c'est ce que vous voulez savoir. Mais les derniers jours l'ont plus affecté que je ne l'aurais cru possible.

- Je m'en suis aperçu. Lorsque nous l'avons vu tout à l'heure, avant qu'il ne saute, il avait une mine horrible, encore pire que le jour où les pixies l'ont attaqué.

- Harry en a beaucoup trop vu, et beaucoup trop subi. Il n'aurait jamais dû apprendre ce que Parrish lui a dit, et surtout pas alors qu'il était déjà affaibli à la fois physiquement, magiquement et moralement par l'attaque des pixies et son incarcération. Il porte le poids du monde sur ses épaules, qui ne sont pas tout à fait assez solides pour le supporter. Cependant, Sirius est avec lui, et je crois qu'il saura trouver les mots justes pour lui redonner confiance. Et Harry est quelqu'un de fort, il l'a déjà bien assez prouvé.

- Croyez-vous pouvoir lui rendre ses pouvoirs ?

- Je l'ignore. Tout ce qui est possible sera tenté, malheureusement les flux de magie et la manière dont ils se communiquent à l'homme sont des phénomènes encore mal compris. Les pixies n'ont pas eu le temps de finir ce qu'elles avaient entrepris, et, si elles ont été interrompues suffisamment tôt, il est possible qu'il reste un peu de magie en Harry. Il n'a pas eu beaucoup d'occasion de la tester... Cependant, il est évident que la plus grande partie a été prise. Il est également possible que la magie revienne toute seule.

- Et dans le cas contraire ?

- Il y a probablement quelques méthodes qui pourraient être efficaces, mais ce sera difficile. La première qui me vienne à l'esprit consisterait à retrouver le groupe de créatures qui l'a attaqué et les forcer à régurgiter ce qu'elles ont pris. Malheureusement les partisans de Voldemort s'arrangeront sûrement pour que nous ne puissions jamais mettre la main sur ces créatures.

- Peu probable, en effet. Espérons que la magie reviendra toute seule. " Gabriel se leva et Dumbledore appela un elfe de maison pour lui montrer le chemin de la grande salle.

Grace ne se rappelait plus combien de fois déjà elle avait réalisé ses exercices de concentration et de relaxation depuis le début de la matinée. Déjà, la journée de la veille avait été interminable. En dehors de rares visites à ce qu'ils avaient l'audace d'appeler une salle de bains ( et qui aurait peut-être mérité ce nom un siècle auparavant), elle n'avait pas quitté sa cellule. Les sorciers semblaient l'avoir oubliée. Elle n'aurait jamais pensé que le temps puisse s'écouler aussi lentement. Mais près de quarante heures sans bouger, sans personne à qui parler et sans aucun moyen d'occuper son esprit, c'est long. Surtout quand on n'a aucune idée de ce qui se passe au dehors, et aucune idée du temps que va durer cette inaction forcée.

Une nouvelle fois, Grace tenta de s'occuper quelques instants en se focalisant sur les événements des derniers jours. Si seulement elle avait eu son bloc notes, elle aurait peut-être pu organiser ses idées. Essayer d'avancer. Mais ils le lui avaient pris, avec le reste de ses affaires. Elle se demanda quand l'article de la journaliste allait sortir. Peut-être le lendemain matin. Avait-elle trouvé Gabriel ? Peut-être. Après tout c'était le genre de femme qui savait obtenir ce qu'elle voulait. Le genre qui plaisait à Gabriel, justement. Malgré, ou à cause de son évidente superficialité. Peut-être n'aurait-elle pas dû jeter ainsi une rivale dans les bras de son ami. Mais après tout, les goûts de Gabriel en matière de femmes ne regardaient que lui. L'important pour l'instant était que cet article paraisse, s'il pouvait la faire sortir de là.

Se rendant soudain compte qu'elle s'était remise à tourner en rond, Grace s'obligea à s'asseoir sur le lit. Il n'était pas question de se laisser aller. Elle devait garder la tête froide et les idées claires. Depuis deux jours, elle y était parvenue bien qu'une sensation de froid permanent l'habitât pour une raison qu'elle ignorait, et malgré tous les mauvais souvenirs qui lui revenaient à l'esprit. A l'idée que certaines personnes enduraient cela pendant des années, elle ne pouvait s'empêcher d'être horrifiée. Comment les prisonniers des sorciers faisaient-ils pour ne pas devenir fous ?

Des éclats de voix lui parvinrent soudain aux oreilles. Intriguée, et avec un espoir qu'elle n'osait pas trop s'avouer, Grace se leva et se colla contre le coin de la cellule espérant en entendre davantage.

" Je ne peux pas faire cela, disait une voix. Pas sans l'accord de mon supérieur, qui lui-même dépend directement de Fudge, et. "

L'homme fut coupée par une voix grave, très basse, qu'elle ne comprit pas.

" Mais bien sûr que je sais qui c'est. Mais je n'ai pas l'autorisation de vous laisser entrer, encore moins emmener une prisonnière. Et vous n'avez aucune preuve de ce que vous prétendez. D'ailleurs qui êtes-vous ? "

Cette fois, même de là où elle se trouvait, Grace put sentir l'irritation et la menace dans la voix basse qui répondit. Et le gardien, ou quelle que soit la fonction de l'homme qui obéissait aux ordres du ministère, sembla prendre peur, car sa réponse ne fut pas non plus compréhensible. La conversation se poursuivit quelques instants, puis il y eut un cri, et la porte menant aux cachots fut ouverte bruyamment.

Un homme grand, vêtu d'une cape noire et tenant une baguette à la main, s'y engouffra à grands pas. Sa peau pâle, qui semblait presque fantomatique par contraste avec ses vêtements et ses cheveux sombres, et son nez crochu le faisaient paraître plutôt effrayant. En plus du fait qu'il semblait furieux et lançait autour de lui des regards assassins. Il tenait à la main un énorme trousseau de clé, que Grace reconnut comme étant celui de l'homme qui passait de temps en temps la tête pour la surveiller, et qui lui apportait ses repas. Le sorcier à l'allure sombre repéra immédiatement Grace, qui était la seule pensionnaire, et se dirigea vers sa cellule. Il inséra une clé dans la serrure, et la porte s'ouvrit.

" Miss Nakimura ? s'assura-t-il, du ton que l'on utilisait généralement pour parler de choses particulièrement répugnantes.

- C'est moi, répondit Grace, sans se laisser démonter par le regard méprisant qu'il posait sur elle. Et vous êtes ?

- On m'a envoyé vous chercher. " Il dit ces mots d'un ton sec, puis renifla comme s'il considérait cette tâche comme indigne de lui. " Suivez-moi, ajouta-t-il.

- Qui vous envoie ? demanda Grace. Et où allons-nous ?

- Loin d'ici. Maintenant si vous préférez sortir d'ici toute seule, libre à vous mais vous risquez d'en avoir pour un certain temps. " Lui jetant à peine un regard, il s'éloigna à grandes enjambées. Grace n'hésita qu'un instant avant de s'élancer à sa suite. N'importe quoi plutôt que de rester encore seule dans ces donjons. Même en liberté.

Ils passèrent devant le garde qui avait la tête enfouie dans la cheminée et ne fit pas attention à eux. Puis l'homme en noir remonta plusieurs marches, traversa un long corridor, passa une grosse porte en bois. A ce moment seulement, il s'arrêta et se retourna vers Grace.

" On dirait que finalement l'idée de sortir d'ici ne vous déplaît pas, fit- il avec un sourire moqueur.

- Ca vous étonne ? Il n'empêche que je voudrais savoir qui vous êtes, et où vous m'emmenez.

- J'avais cru remarquer. Très bien. Je m'appelle Severus Rogue, je suis professeur à Poudlard, si ce nom évoque quelque chose pour vous. Et c'est là qu'on m'a demandé de vous emmener. Maintenant allons-y, je n'ai pas que ça à faire. J'espère que vous savez vous servir d'un Portoloin. "

Quelques instants plus tard, le professeur Rogue et Grace réapparaissaient dans une petite pièce confortable. Après les cachots du ministère, cela semblait digne d'un cinq étoiles, mais à voir le peu de meubles et les deux portes de part et d'autre de la pièce, ça ne devait être qu'un couloir ou une antichambre.

" Le bureau du directeur est là, dit simplement Rogue avant de partir dans la direction opposée. Au revoir Miss Nakimura.

- Eh ! attendez !" Il s'arrêta un instant et se retourna.

"Que voulez-vous ?

- Juste... Merci.

- Ne me remerciez pas. Je ne l'ai pas fait pour vous mais parce que le directeur me l'a demandé." Puis Severus Rogue tourna le dos à Grace et sortit. Cette fois, elle ne fit aucun effort pour le retenir. Après un court entretien avec le directeur de Poudlard, celui-ci escorta Grace jusque dans la Grande Salle, où se trouvaient ses amis. Un instant, la jeune femme resta stupéfiée sur le seuil de la pièce. Jamais elle n'avait rien vu d'aussi beau. C'était différent de tout ce qu'elle connaissait. Il s'en dégageait une impression indescriptible... Une impression... Magique. Oui, c'était le mot. Tout dans la pièce, du plafond étoilé aux immenses cheminées, respirait la magie. A tel point que Grace hésita un instant, elle n'était pas sûre de pouvoir rentrer dans la salle. Mais le directeur du collège, avec un sourire et une étrange petite courbette, l'invita à entrer. L'attention de Grace fut alors attirée par un petit groupe réuni autour d'une table, à l'autre bout de la pièce. Il y avait deux adolescents, un garçon et une fille, Mosely qui semblait en train de s'empiffrer. Et, un peu plus loin, elle reconnut Gabriel en compagnie d'une créature dont elle ne distinguait qu'une épaisse masse de cheveux blonds. Evidemment. Gabriel se moquait bien de ce qui avait pu lui arriver. Il était parfaitement heureux sans elle, et ne manquait évidemment pas de compagnie.

Grace s'avança vers le couple, en s'efforçant d'afficher un air indifférent. Lorsqu'elle ne fut plus qu'à une dizaine de mètres, Gabriel leva la tête et l'aperçut. Elle ressentit une certaine satisfaction, en même temps qu'une certaine brûlure, quand il abandonna sa conversation et se leva d'un bond pour venir vers elle.

" Gracie ! s'exclama-t-il. Enfin tu es libre ! Comment vas-tu ? Ils ne t'ont rien fait ?

- Je vais bien, répondit-elle, d'une voix glaciale. Et toi aussi, à ce que je vois." La femme se retourna et Grace reconnut alors la journaliste qui l'avait interrogée dans le cachot. Celle qui était capable de se transformer en scarabée. Comment avait-elle pu être assez stupide pour jeter une créature pareille sur le chemin de Gabriel ?

- Bonjour Miss Nakimura, dit Rita en s'avançant, la main tendue. Heureuse de vous revoir dans des conditions un peu plus agréables. J'étais en train de réaliser l'interview de Gabriel dont nous avions parlé."

Grace serra sèchement la main tendue, et la journaliste se tourna vers le directeur de Poudlard. "Professeur, comment allez vous ?

- Très bien, je vous remercie, répondit le vieil homme, qui, lui non plus, ne semblait pas enchanté de la voir. Mais je croyais vous avoir interdit d'entrer sur le territoire de cette école, Mrs Skeeter. Je suis donc surpris de vous voir ici." Grace remarqua alors que les deux adolescents semblaient particulièrement mal à l'aise. Le visage du rouquin était devenu aussi rouge que ses cheveux, alors que la jeune fille, pour sa part, avait nettement pâli. Le professeur Dumbledore se tourna vers eux. " Mr Weasley, Miss Granger, je croyais que vous et Mrs Skeeter ne vous entendiez pas particulièrement bien. Je crois me souvenir de mots plutôt vifs prononcés l'année dernière... et d'un incident incluant du pus de Bulbobulb... J'encourage naturellement le règlement amical de toutes les divergences, mais pourrais-je savoir pourquoi vous avez aujourd'hui aidé Mrs Skeeter à pénétrer dans l'école ?"

Ron et Hermione se regardèrent un instant, puis la jeune fille prit la parole, d'une voix basse et légèrement enrouée.

"Nous avons pensé que c'était le meilleur moyen de faire connaître la vérité, dit-elle. Et quand Harry était en prison, nous voulions l'aider en faisant savoir qu'il était innocent. Aucun journal n'a ne serait-ce qu'émis cette hypothèse.

- Et nous avons pensé que, même maintenant, nous devions le faire parce que si Harry est à Poudlard, tout le monde le considère encore comme un assassin, compléta Ron. C'est un fugitif et nous ne le voulons pas.

- Et j'imagine que vous n'avez pas jugé bon de me parler de cette initiative, fit sévèrement Dumbledore. Ou d'en parler à vos parents.

- Nous pensions que vous essayeriez de nous en empêcher.

- Evidemment. Pourrais-je savoir pourquoi, entre tous les journalistes, vous avez choisi Mrs Skeeter ? Je pensais que votre foi en l'intégrité de ses écrits était pour le moins limitée...

- Ceci est une affaire entre eux et moi, intervint sèchement la journaliste. Et je ne vous permets pas de m'insulter, professeur, je n'ai jamais raconté que la vérité. En l'occurrence, je ne vous trahirai pas, soyez-en persuadé. Et nous avons largement de quoi faire un article explosif. Bien sûr, après les événements de ce matin, tous les journaux risquent d'avoir des gros titres détonnants, mais avec ce que je sais... Nous pouvons faire sauter Fudge. Il ne vous posera plus de problèmes."

Dumbledore soupira. "Contrairement à ce que vous semblez penser, Mrs Skeeter, mon but actuel n'est pas de faire sauter Fudge, comme vous dites, mais bien de lutter contre Voldemort. J'aurais préféré éviter d'en arriver à de telles extrémités.

- Professeur, dit Ron, il va refuser d'admettre qu'il a eu tort et que Harry était innocent. Ou alors il le fera tuer.

- Je connais Cornélius Fudge, Mr Weasley. Si vous et Miss Granger faîtes confiance à Mrs Skeeter, et si elle-même affirme qu'elle n'écrira que ce que vous accepterez, alors je vais vous laisser continuer. J'ai moi-même pensé dernièrement à utiliser la presse. Mais gardez à l'esprit qu'une plume peut faire autant de mal que de bien, vous en avez suffisament fait l'expérience l'an passé. Faites connaître la vérité pour que les gens s'arment contre les forces du mal, et si vous le souhaitez pour que l'innocence de votre ami soit reconnue. Pas dans le but de détruire Fudge, ou qui que ce soit. Ce n'est pas contre le ministère que nous sommes en guerre.

- Oui, professeur, dit la jeune fille. Nous voulons juste aider Harry.

- Très bien. Dans ce cas je vous laisse. J'ai du travail. Mr Knight, avez- vous réfléchi à mes propositions ?

- Pas encore.

- Prenez votre temps. Ma porte reste ouverte. Amusez-vous bien, jeunes gens." Sur ce le directeur quitta la Grande Salle. Mosely, qui était resté en retrait, vint embrasser Grace, et exprimer son soulagement de la revoir, puis elle fut présentée de manière plus officielle à Ron et Hermione. Rita rappela alors à Gabriel qu'ils avaient été interrompus au milieu d'une interview, et elle l'entraîna vers une autre table. Grace eut un pincement au coeur en voyant qu'il la suivait sans se retourner. Elle les observa un moment, regardant comment les boucles blondes de la journaliste dansaient autour de son visage quand elle parlait, comment son large sourire dévoilait ses dents blanches, et comment elle jouait de ses cils recouverts d'une épaisse couche de mascara, lançant des regards aguichant. Il fallut à Grace un moment avant de réaliser qu'on lui parlait.

"Excusez-moi ?

- Je demandais si vous vouliez manger quelque chose, répéta Hermione. Au ministère, ils n'ont pas dû vous donner grand-chose.

- Et leurs hot-dogs sont excellents, commenta Mosely.

- Si vous aviez quelques chose de plus léger, comme une salade...

- Bien sûr, fit Hermione en souriant. Quelques instants plus tard, une énorme salade composée apparaissait en face de Grace. Mais celle-ci n'y préta pas beaucup d'importance, elle continuait de jeter des regards en coin à la table où s'étaient installés Gabriel et l'autre femme.

"Allez, Gracie, t'inquiète pas, finit par dire Mosely en remarquant son manège. Tu sais bien que pour lui il n'y a que toi qui importe vraiment.

- Mose, je crois que ce n'est ni le lieu ni le moment pour ce genre de conversation." Les deux adolescents les observaient d'un air intéressé. Grace détourna la conversation en se faisant raconter les événements des jours précédents. Finalement, la journaliste parut satisfaite, et elle s'éloigna pour écrire. Gabriel revint alors vers le groupe. Peu après, une petite femme rondelette vint chercher Ron et Hermione, et les trois américains se retrouvèrent seuls. Grace se rappela alors quelque chose.

"Qu'est-ce que c'est la proposition de Dumbledore à laquelle tu es censé réfléchir ? demanda-t-elle à Gabriel.

- Il veut étudier le médaillon, répondit son ami. Et il m'a proposé de rester ici le temps qu'il l'étudie. Il prétend que j'ai beaucoup à apprendre, et qu'un séjour dans cette école pourrait me faire beaucoup de bien. Mais j'ai passé l'âge d'être collégien, même pendant les vacances.

- Il t'a proposé de rester ici ? Gabriel, tu ne peux pas passer à côté de cette chance ! Les sorciers en savent plus que n'importe qui sur les créatures de l'ombre, et cette école contient la plus grande bibliotèque d'Europe sur le sujet. En plus, s'ils pensent pouvoir apprendre quelque chose du médaillon, tu n'as pas le droit de le leur refuser. Tu as vu les dégats que pouvaient provoquer leurs ennemis. Sans compter que cet endroit est probablement assez sûr pour que tu n'en aies pas besoin.

- Franchement, je n'ai pas envie de passer l'été plongé dans de vieux bouquins. Et je n'en ai pas besoin : les recherches, c'est ton domaine, non ?

- Très bien. Alors disons que moi, j'ai envie d'explorer un peu cette bibliothèque. Mais n'as tu pas aussi envie d'en savoir plus ? Histoire, par exemple, de ne pas refaire le même genre d'erreur que celle qui nous a amenés ici.

- Hé ! c'est un peu bas comme attaque, non ? Les yeux de Gabriel lancèrent des éclairs pendant un moment, puis il admit : très bien, je vais dire au directeur que nous passerons quelques jours ici. Le temps de se documenter un peu, et j'ai aussi envie d'être rassuré sur le sort de Harry avant de partir.

- Et tu vas leur confier ton médaillon ?

- Je ne sais pas.

- Oh, allez Knight, tu ne vas pas recommencer avec ces histoires de ne pas faire confiance à Dumbledore. Tu sais très bien qu'au fond de toi tu as une confiance totale en lui.

- Et, si des sorciers étudient le médaillon, ils seront peut-être capables de nous donner des renseignements supplémentaires à son sujet, remarqua Grace.

- D'accord, d'accord, je vais le leur prêter. A condition qu'ils acceptent de me le rendre dès que je le leur demanderai.

- Dans ce cas tu peux m'accompagner voir le vieux, dit Mose. Parce que moi qui ne suis qu'un simple moldu, sans pouvoirs particuliers, j'aimerais bien rentrer chez moi. Si je disparais sans explication valable, je peux dire adieu à mon poste à la CIA. »

Le cinquième tome étant finalement sorti, ce genre d'histoire peut apparaître comme dépassé. Cependant, je vais la continuer selon le schéma prévu initialement, sans tenir compte de ce qui se passe dans l'Ordre du Phénix.

A en juger par les reviews (ou par leur absence, en l'occurence...), le précédent chapitre devait vraiment être très mauvais. Désolée. J'espère qu'il y a encore des gens pour lire celui-ci. En tous cas, Csame et Philippe Griffondor, merci d'être toujours là en soutien. Non, en fait, merci d'être là tout court.