Disclaimer : Rien à moi, HP à JK Rowling, GK à J Jensen.

Chapitre 7 : la fin des vacances.

Le directeur de Poudlard ne parut pas surpris de les revoir si vite. Il renvoya le policier dans le monde moldu, puis se tourna vers Gabriel et Grace.

« J'ai décidé de vous confier mon médaillon pendant quelques jours, dit le Schattenjäger, devançant la question qu'il sentait venir. Mais uniquement pendant que je serai à Poudlard, et je veux pouvoir le récupérer à n'importe quel moment.

- Naturellement. Votre bien ne quittera pas ce bureau, et vous êtes libre de venir le chercher quand vous le désirez. Et puisqu'il semble que vous vous soyez décidé pour un court séjour chez nous, je vais demander que la réserve de la bibliothèque vous soit ouverte. Je suis également à votre disposition à tout moment, et si vous le souhaitez, certains de nos professeurs peuvent venir vous enseigner quelques rudiments de magie qui risquent de vous être utiles au cours de votre carrière.

- Non, merci, ce ne sera pas nécessaire. Je n'ai jamais aimé l'école.

- Comme vous voudrez. Miss Nakimura, vous restez également, je suppose ?

- Si cela ne vous dérange pas.

- Bien sûr que non. Il n'y aura pas eu autant de monde à Poudlard au mois d'août depuis bien des années. Mais revenons en au médaillon, Mr Knight, si vous permettez. »

Le Schattenjäger hocha la tête et enleva le lourd bijou de son cou. Il le tendit ensuite au vieux sorcier, qui le prit avec précaution.

« Ainsi voilà ce fameux médaillon, capable de tant de prodiges », murmura-t- il pour lui-même. Il le regarda quelques instants, puis rajusta ses lunettes et effleura d'un long doigt ridé les curieux dessins gravés à sa surface, l'air songeur, et un curieux sourire sur le visage.

« Savez-vous ce que signifient ces motifs ?demanda Gabriel, soudain intéressé. Il n'avait pas pensé que les sorciers pouvaient répondre aux questions que lui-même se posait sur le bijou.

- Oh, oui, je le sais, répondit le vieil homme. Et n'importe quel sorcier à qui vous auriez posé la question aurait également su. Finalement, je crois que je n'aurai pas besoin de le garder bien longtemps pour comprendre d'où viennent ses pouvoirs.

- Vous voulez dire que le lion, et le serpent, sont des symboles sorciers ? Il me semblait bien les avoir vus dans la salle, en bas.

- Le lion et le serpent ne sont pas des symboles sorciers. Ce sont les emblèmes de deux sorciers. Deux des plus puissants sorciers qui aient jamais existé. Je ne m'étonne plus des pouvoirs de votre médaillon. Wolfgang m'avait dit que votre famille était très ancienne, il ne se trompait pas. Ce bijou a près de mille ans.

- Le poignard en a deux mille, si la vision que j'ai eue l'an passé est exacte. Qui étaient ces puissants sorciers dont vous avez parlé ?

- Godric Griffondor et Salazar Serpentard. Deux des quatre fondateurs de cette époque, c'est pourquoi leurs emblèmes se trouvent dans la Grande Salle. S'ils se sont vraiment unis pour confectionner cet objet, nul doute que ses pouvoirs soient exceptionnels.

- Vous n'avez pas l'air d'y croire.

- Je ne peux qu'émettre des hypothèses. Mais il est bien connu que Griffondor et Serpentard ne s'entendaient pas. Ils ont réussi à mettre leurs différents de côté juste assez longtemps pour bâtir cette école.

- Ils ont pu créer le médaillon à cette époque, pour une raison quelconque.

- Possible. Mais Serpentard n'était pas un opposant à la magie noire. De plus, il n'avait que mépris pour les moldus. Pourquoi aurait-il aidé à la confection d'un médaillon dans le seul but de les protéger ?

- Ce n'est peut-être pas dans ce but qu'il l'a créé.

- Je ne suis pas sûre que ces deux sorciers aient créé le bijou ensemble, intervint Grace. A vrai dire, c'est une question que je me suis toujours posée en regardant le médaillon. Le lion et le serpent sont enlacés dans une attitude qui pourrait suggérer une alliance. Mais d'un autre côté, quand on regarde la position de leurs visages, et leurs regards, on a plus l'impression qu'ils s'affrontent.

- Vous avez peut-être raison, dit le directeur de Poudlard. Dans ce cas, cela signifie que Griffondor a créé seul le médaillon, dans le but de faire face à Serpentard. Oui, cela aurait un sens. Vers la fin de sa vie, Serpentard semblait décidé à s'en prendre aux moldus. Peut-être Griffondor a-t-il voulu les armer contre lui, en effet.

- Je me demande pourquoi ce Griffondor aurait été donner cette protection à mon ancêtre. Après tout, nous sommes allemands, et, à l'époque, la mondialisation n'était pas vraiment à l'ordre du jour.

- La distance n'a jamais été un problème pour nous autres sorciers. Et peut- être Griffondor a-t-il créé plusieurs de ces objets. Les chasseurs d'ombre étaient assez fréquents, à l'époque. C'est seulement quand la modernisation à fait disparaître les anciennes croyances que la plupart des familles chargées de protéger les moldus ont disparu. »

Grace eut alors une idée. « Gabriel ! s'exclama-t-elle. Si ton ancêtre de l'époque tenait déjà son journal, nous ne devrions pas avoir de mal à en savoir plus sur l'origine du médaillon.

- Non. Les journaux les plus anciens de la bibliothèque remontent à 1300 et des poussières. Ceux d'avant sont devenus complètement illisibles.

- Oh, fit la jeune femme d'une voix déçue. Bien sûr.

- Peut-être trouverons-nous par une autre voie, fit remarquer doucement Dumbledore. Nous avons pas mal d'écrits de la main de Godric Griffondor, dans cet établissement. Peut-être pourront-ils nous apprendre quelque chose d'utile. »

Gabriel et Grace ressortirent du bureau un peu plus tard, perplexes. Suivant le plan fourni pas Dumbledore, ils se rendirent à la bibliothèque. Ce n'est que vers sept heures que Gabriel referma son livre dans un bruit de claquement.

« Ca suffit pour ce soir, décréta-t-il. A quoi ça va nous servir de savoir tout ça ?

- Gabriel ! protesta Grace. C'est passionnant.

- Peut-être, mais ça le sera tout autant demain. Et je suis sûr qu'on en aurait trouvé tout autant dans la bibliothèque de Rittersberg.

- Et est-ce qu'un jour tu te serais vraiment donné la peine de lire les livres que tu as à Rittersberg ?

- Pourquoi faire ? Je t'ai sous la main pour faire des recherches, et je peux toujours demander à Gerde d'aller faire un tour dans les vieux bouquins du château.

- Pas cette fois.

- Je m'en suis toujours bien sorti jusqu'à maintenant. En plus, j'ai tellement lu ce soir que je ne pourrais plus rien assimiler. Allez, viens dîner. »

Dans la nuit, Gabriel fut une fois de plus arraché au sommeil par un rêve d'une terrifiante intensité. Des lumières violentes, qu'il ne parvenait pas à interpréter, des cris, des images floues et sans suite, hantaient ses nuits depuis qu'il était en âge de s'en souvenir. Il se leva, et enfila ses chaussures. Doucement, il ouvrit la porte de la chambre de Garce. La jeune femme semblait dormir paisiblement, et il décida de ne pas la réveiller. Elle avait besoin de récupérer après son séjour au ministère. Revenant dans la petite pièce qu'on lui avait attribuée, le Schattenjäger s'assit sur le lit. Il n'avait aucune envie de se rendormir. Il consulta sa montre : six heures. Le jour devait déjà être levé. Incapable de supporter l'inactivité, Gabriel décida d'aller un peu explorer le château. Il devait sûrement y avoir une ou deux pièces intéressantes.

Pendant un long moment, Gabriel arpenta les couloirs de Poudlard, s'émerveillant devant la richesse des décorations omniprésentes. Le fait que tous les objets, que ce soient les armures ou les tapisseries, soient vivants, ne faisait qu'ajouter un peu de piment, ce qui était loin de lui déplaire. Son impression sur le monde magique fut cependant dévaluée lorsqu'en montant un escalier il sentit le plancher céder sous lui et sa jambe s'enfoncer dans le sol. Après avoir débiter un chapelet de jurons des plus imagés, il essaya de trouver un moyen de se sortir de là. Inutile d'appeler, personne ne devait être levé.

Après plusieurs tentatives pour s'extirper hors du trou à la force des bras, il essayait de dégainer le poignard qu'il avait toujours dans la poche de son jean, pour découper les lattes de bois, quand un rire sonore retentit derrière lui.

« Oh ! un intrus au beau milieu de la nuit ! Pas bon, ça ! Attendez que j'aille chercher le directeur !

- Allez-y ! C'est lui qui m'a invité à rester ici. Mais si vous pouviez avant m'aider à sortir de là, qui que vous soyez ?

- Vous aider à sortir ? Pourquoi ferais-je ça ? Vous êtes tellement mignon avec votre jambe dans le trou ! » De nouveau, un rire aigu retentit et un drôle de petit homme se retrouva en face de Gabriel. On voyait tout de suite que ce n'était pas réellement un être humain, mais plutôt une espèce de fantôme. En d'autres circonstances, le Schattenjäger aurait pu être effrayé, mais il se souvint que Dumbledore lui avait parlé de Pieves, l'esprit frappeur.

« Génial, pensa-t-il. Me voici pris au piège dans ce maudit escalier, et il faut que la seule créature qui s'en aperçoive soit un fantôme avec quatre ans d'âge mental.

- Eh ! Soyez sympa ! essaya-t-il à haute voix. Vous ne le regretterez pas !

- Si ! je n'aurai plus le bonheur de vous voir prisonnier de la marche. En plus je manquais un peu de distractions ces jours derniers. Vous m'apportez juste ce qu'il me fallait.

- Ecoutez, menaça Gabriel, si vous ne m'aidez pas je vous jure que je vais vous faire mener une vie d'enfer pendant tout le temps où je resterai au château. Et croyez-moi j'en connais un bout quand il s'agit d'emmerder le monde.

- Moi aussi. C'est mon métier, figurez-vous. La seule chose que je sache faire et je le fais bien. » Sur ce, l'esprit lui tira la langue, et commença à voler tout autour de lui en faisant des grimaces. Gabriel commençait à être sérieusement énervé. Il parvint à sortir son poignard et essaya de couper le plancher, mais le bois était trop dur et trop épais. De nouveau, Peeves éclata de rire.

« Vous y arriverez pas ! Et je vais aller répéter partout que vous essayer de dégrader le château ! chantonna-t-il. Oh, le vilain monsieur !

- Ca suffit ! explosa Gabriel. Il savait qu'il n'aurait pas dû, mais il n'était pas d'humeur à subir les railleries de l'esprit. Maintenant si vous ne m'aidez pas à sortir d'ici tout de suite, c'est vous qui pourrez bien faire connaissance avec ce poignard la prochaine fois que vous croiserez mon chemin.

- Pfff ! railla l'esprit. J'ai tellement peur ! Est-ce que vous êtes vraiment très stupide ou est-ce que vous êtes un très bon acteur ? Je suis un esprit, chantonna-t-il. Cervelle de veracrasse qui tente de blesser un esprit !

- Moi, au moins, quand je lance des vannes, c'est drôle. Maintenant sortez- moi de là. » Il brandit son couteau en direction de l'esprit frappeur qui fit un bond en arrière. Une expression d'intense stupéfaction et de peur se lut sur son visage, et, pendant un court instant, il parut à cours de mots. Puis il fit de nouveau un pas vers Gabriel. vers Gabriel.

« Fallait pas vous énerver, M'sieur. Moi, je ne suis qu'un esprit frappeur, c'est mon rôle de vous taquiner un peu. Mais je ne pensais pas à mal, vous savez. » Il flotta au dessus de Gabriel et le fit sortir du trou.

« merci, dit sèchement le Schattenäger. Il décida alors que sa promenade dans les couloirs avait assez duré, et descendit s'asseoir dans le Hall.

Alors qu'il passait devant les grandes portes, celles-ci s'ouvrirent et il faillit entrer en collision avec un homme. Les cheveux châtains, grisonnant bien qu'il n'eût pas l'air très vieux, et l'air malade, l'homme lui jeta un regard étonné.

« Qui êtes-vous ? demanda-t-il d'une voix calme où perçait une certaine méfiance.

Gabriel se présenta, et l'homme sourit légèrement. « Ravi de vous connaître. Je ne pensais pas vous trouver ici, surtout à cette heure. Je m'appelle Remus Lupin. Désolé de vous avoir agressé ainsi. Nous sommes tous inquiets, même à Poudlard.

- Je peux savoir ce que vous faites ici de si bon matin ?

- Oh, j'ai toujours été matinal. Et comme je sais que le directeur ne dort jamais beaucoup non plus, et que je devais venir ici régler plusieurs affaires, j'en ai profité. Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas de mauvaises intentions.

- En es-tu sûr, Lupin ?

Les deux hommes se retournèrent pour faire face au professeur Rogue.

« Severus, quel plaisir ! fit Lupin avec une cordialité forcée. Je devais justement passer te voir, pour ma potion.

- Bien sûr. Mais tu devras attendre un peu, elle n'est pas tout à fait prête. Figure-toi que je n'ai pas que cela à faire.

- je passerai plus tard, dans ce cas. Quand j'aurai vu Dumbledore et Sirius.

- Comme tu voudras. Mais si tu vas voir Black, tu pourras lui porter quelques potions pour Potter. Ca m'évitera d'avoir à supporter sa tête d'assassin plus longtemps que nécessaire. Et franchement, avec le travail que vous me donnez tous, j'ai mieux à faire.

- Si tu y tiens. Je n'ai pas envie qu'un duel se déclenche à Poudlard. » le maître des Potions grimaça, adressa un petit signe de tête à Gabriel, et continua son chemin vers la grande salle. Le Schattenjäger eut soudain beaucoup moins envie d'aller s'y installer lui aussi. L'idée d'un tête à tête avec Severus Rogue ne lui plaisait qu'à moitié. Non qu'il fut impressionné par le professeur aux cheveux gras, mais celui-ci semblait de fort mauvaise humeur et promettait de se montrer désagréable.

Lupin, qui était toujours là, eut un petit rire. « J'espère que ce n'était pas la première fois que vous croisiez Severus ?

- Non. Nous nous sommes vus hier. On dirait qu'il ne vous aime pas beaucoup, ajouta-t-il d'un ton ironique. Et Sirius Black encore moins.

- On peut le dire comme ça. Et il n'a pas d'élèves à persécuter en ce moment, donc ça le met de mauvaise humeur. Je dois y aller. Profitez bien de votre séjour à Poudlard. » Finalement, Gabriel décida de rentrer quand même dans la grande salle. Il avait très envie d'un café, et il n'allait pas laisser croire à ce sorcier asocial qu'il lui faisait peur. Rogue était déjà attablé devant un solide petit déjeuner, un énorme grimoire ouvert devant lui. Il ne releva même pas la tête à l'arrivée de Gabriel.

Celui-ci s'installa à l'autre bout de la pièce et se servit une tasse de café. Puis il se mit à noter dans un carnet tous les éléments de l'affaire qui venait de s'achever. Il ignorait si cela pourrait faire un bon livre un jour, mais préférait être sûr de ne rien oublier. Quand il eut fini, il regarda ce qu'il avait obtenu, et n'en fut pas satisfait. Il n'y avait pas matière à sortir un roman. A moins de beaucoup modifier l'histoire. C'était beaucoup trop court. Et la fin n'était pas satisfaisante : ils n'avaient pas arrêté les mangemorts, on ignorait si Harry allait un jour retrouver ses pouvoirs, ou comment allait se finir l'affrontement entre le ministère et Poudlard. Non, en fait, le problème de cette histoire, c'était qu'elle n'était pas finie. La seule chose qui semblait bien finie, c'était son rôle. Bien sûr, il aurait pu facilement inventer une fin, mais ça l'embêtait de publier une histoire mêlant à ce point réalité et fiction. Même si, bien sûr, les gens pensaient toujours que ses histoires étaient de la pure fiction.

Gabriel était trop absorbé pour remarquer le départ du professeur de potions. Lorsqu'il releva la tête de son cahier, il vit Grace se diriger vers lui. Elle paraissait parfaitement reposée et sereine.

« Ca va ? demanda-t-elle. Tu étais debout bien tôt. Encore un cauchemar ?

- Gagné.

- Tu sais, tu devrais regarder quand nous serons à la bibliothèque tout à l'heure, ils ont des livres sur l'interprétation des rêves. C'était quoi cette nuit ?

- Des lumières. Vertes et rouges. Des cris. Et un serpent. Et, s'il te plaît, ne viens pas me reparler de la signification du serpent selon Freud. Mes rêves n'ont rien à voir avec ça.

- Ok, sourit Grace. Je ne te parlerai pas de la superbe journaliste qui te serrait de près hier soir. Mais le serpent. je me demande s'il n'aurait pas un rapport avec Voldemort.

- Peut-être. D'un autre côté, j'ai toujours rêvé de serpents. En particulier au moment des meurtres vaudous il y a quelques années. Ca ne signifie peut-être rien du tout. Mais les rêves ont rarement été aussi intenses que cette nuit.

- C'est peut-être la chaleur, ou l'atmosphère du château. Demande à Dumbledore, lui saura peut-être ce que cela signifie.

- Ca m'étonnerait qu'il s'intéresse beaucoup à mes rêves.

- Comme tu veux. Tu as l'intention de travailler sur quoi, aujourd'hui ?

- Oh, je ne sais pas trop. Tu sais, moi, passer la journée à la bibliothèque.

- Je te rappelle que c'est pour cela que nous sommes ici.

- Je sais. Mais j'avais envie d'aller parler un peu avec nos amis sorciers, et explorer un peu ce château. Cela aussi peut être très instructif, on doit y rencontrer pas mal de trucs intéressant. Rien que ce matin, j'ai fait la connaissance d'un esprit frappeur.

- Super, dit Grace, l'air peu enthousiaste. En tous cas moi, si tu le permets, je vais retourner à la bibliothèque. Je n'ai pas très envie de me retrouver face à ce genre de bestioles. »

Leur conversation fut interrompue par l'arrivée du professeur Dumbledore, avec un journal à la main. Une petite étincelle brillait dans ses yeux, et il s'avança vers eux en souriant.

« Bonjour, dit-il en leur tendant le journal. J'ai pensé que vous aimeriez jeter un coup d'?il là-dessus. »

L'article de Rita s'étalait en première page de la Gazette du sorcier, apportée par le directeur. En énormes caractères s'étalait le titre : HARRY POTTER INNOCENT ! L'ENORME ERREUR DE FUDGE. Tout l'article n'était qu'une rétrospective des événements des jours précédents, dans lesquels le témoignage de Gabriel, ainsi qu'une biographie courte mais flatteuse, y tenait une bonne part. Grace, de manière complètement irrationelle, en ressentit une profonde amertume. Mais globalement, elle était bien obligée de reconnaître que l'article était bon, bien argumenté, et donnait envie de croire ce que racontait la journaliste.

« Qu'en pensez-vous ? demanda-t-elle au vieux sorcier. C'est convaincant, non ?

- Très certainement, surtout si on considère la naïveté du sorcier moyen. Je crains que Fudge n'ait quelques ennuis dans les prochains jours.

- Ca n'a pas l'air de vous enchanter, remarqua Gabriel.

- Mon but principal n'a jamais été de causer des ennuis à Fudge. Et je crains que si nous le poussons trop loin il n'ait envie de se venger. Auquel cas il peut nous faire beaucoup de mal, en utilisant le même procédé. Et surtout à Harry.

- Il l'a déjà fait, non ? s'inquiéta Grace. Que pourrait-il raconter de pire sur Harry que de le faire passer pour un assassin ?

- La vérité peut faire beaucoup plus de mal que le mensonge, croyez-moi. Parce qu'il est toujours plus facile de démentir un mensonge. Mais peut- être qu'ils ne feront rien. J'espère qu'ils ne feront rien. » Les yeux bleus du vieux directeur s'emplirent un instant de crainte et de tristesse, et semblèrent se perdre dans l'abîme de ses réflexions. Puis il se reprit, et c'est d'un air sévère qu'il reporta son attention sur les deux moldus en face de lui, en particulier Gabriel.

« J'ai passé une bonne partie de la nuit à étudier votre médaillon, Mr Knight.

- Et ?

- Et les sortilèges dont Godric Griffondor l'a entouré sont d'une extrême puissance. Nous savions déjà cela, bien sûr. J'ai pris quelques empreintes que le Professeur Flitwick et moi allons étudier attentivement, dans l'espoir de trouver quelle est cette force qui lui permet de repousser le sortilège de la mort. Cependant, au cours de la nuit, j'ai réalisé que Griffondor n'avait certainement pas confié ce bijou à votre famille sans raison. Il voulait que vous possédiez cet objet, et je crois finalement plus sage, en des temps troublés comme celui que nous vivons, que sa volonté soit respectée. » Il plongea la main dans la poche de sa robe, et en sortit le bijou. « Je vous rends votre bien, Mr Knight. Veillez bien dessus, je vous en conjure. »

Gabriel plaça la lourde chaîne autour de son cou. En d'autres circonstances, il aurait probablement ri de l'air solennel du vieil homme, mais il savait que Dumbledore n'était pas un homme qui agissait à la légère. Il savait également que le vieux sorciers tenaient énormément à avoir le médaillon pour pouvoir l'étudier, et qu'il n'aurait pas renoncé à ce privilège au bout d'à peine vingt-quatre heures sans d'excellentes raisons.

- Je ne le quitterai pas, promit-il. Le médaillon ne sera pas perdu de nouveau.

Pendant ce temps, Sirius se débattait pour essayer de tirer son filleul des horreurs qui se jouaient dans son esprit. « Harry ! Harry, réveille-toi, ce n'est qu'un cauchemar. » Il ne comptait plus les fois où il avait été obligé de réveiller Harry depuis que celui-ci avait repris conscience la veille. Sirius, lui, n'avait pas beaucoup eu le temps de se reposer. Molly Weasley avait fait une courte visite, et il avait du lui jeter un sortilège de silence pour l'empêcher de réveiller Harry avec ses cris horrifiés et scandalisés. Puis, vers onze heures, Dumbledore était venu, et il avait longuement examiné Harry, jetant sur lui différents sortilèges qui l'entourait d'un halo lumineux, puis il avait pris une mèches de ses cheveux noirs avant de partir, expliquant à Sirius qu'il allait tester la magie du garçon.

Harry ouvrit des yeux troublés et se relaxa lentement en prenant conscience de l'étreinte de son parrain. Sa respiration se fit plus calme. Il referma les yeux, et Sirius crut que, comme les autres fois, il s'était rendormi, mais au bout de quelques minutes, Harry se redressa et Sirius le lâcha, sentant les barrières du garçon se reformer alors qu'il se réveillait complètement.

« Salut, Harry, dit-il joyeusement en lui tendant ses lunettes. Comment te sens-tu ce matin ?

- Mieux, merci, répondit Harry en s'asseyant. Quelle heure est-il ? »

Sirius consulta sa montre.

« Neuf heures, dit-il. Plus que temps de déjeuner. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? »

Harry haussa les épaules. Il n'avait pas faim, mais se doutait que son parrain ne serait pas très heureux d'entendre ça.

« Peu importe, dit-il. Il regarda soudain son parrain avec attention, comme si la présence de l'homme lui semblait soudain insolite, ou comme s'il réalisait pour la première fois qu'il était là.

« Tu es resté là toute la nuit ? demanda-t-il.

- On dirait bien. » Sirius se leva, plaçant une main sur ses reins et fit une grimace. « D'ailleurs, je crois que je me fais vieux pour ce genre de choses. Jamais cru qu'un jour j'aurais mal au dos.

- Tu n'aurais pas dû, dit Harry, sans sourire. Je veux dire, tu n'as pas dormi du tout ?

- Mais si. Sur cette chaise. Ne commence pas à t'inquiéter pour moi, Harry, s'il te plaît. Je suis parfaitement capable de m'occuper de moi tout seul, je suis un grand garçon.

- Bien sûr, Patmol. Remus Lupin apparut brusquement derrière lui. Tu es un grand garçon. Mais, dis-moi, c'est une attitude particulièrement adulte de te jeter sur Rogue comme tu l'as fait hier soir.

- Eh ! il l'avait bien cherché ! Tu n'étais pas là ! Tu n'as pas entendu ce qu'il a dit sur James ! C'est lui qui devrait grandir un peu.

- Naturellement. Peu importe. Je l'ai vu ce matin, il vous envoie ça. » Lupin déposa quelques flacons remplis de potions colorées sur la table de nuit, et se tourna vers Harry. « Content de te revoir, Harry. Même si j'aurais préféré que ce soit dans d'autres conditions. Nous avons réussi à récupérer tes affaires. Enfin la partie qui était encore chez les Dursley. » il sortit de sa poche la malle de Harry et la cage d'Hedwidge auxquelles il rendit leurs tailles originelles d'un mouvement tranquille de sa baguette. « Je crois que le ministère a saisi plusieurs de tes possessions, mais Dumbledore s'arrangera pour que tu les récupères également rapidement.

.- Ou est Hedwidge ? demanda Harry. Est-ce que quelqu'un s'occupe d'elle ?

- Je crois que Ron s'en est chargé à partir du moment où elle est arrivée chez lui. Mais elle est parfaitement capable de se débrouiller toute seule.

- Je ne crois pas qu'il aura besoin de deux hiboux. Mais peut-être que la famille Weasley aura envie de trouver un successeur à Errol, puisqu'il a pris sa retraite. Ou peut-être que Hermione sera contente d'avoir Hedwidge.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? s'inquiéta Sirius. Pourquoi parles-tu de donner Hedwidge ? Elle reste ta chouette, n'est-ce pas ? Je croyais que tu ne pensais plus à .

- Sirius, c'est toi-même qui a dit que Hedwidge ne pouvait plus m'apporter de courrier parce que je n'avais plus de magie. Si je n'existe plus pour elle, autant lui trouver un autre maître, non ?

- J'ai effectivement dit qu'elle ne pouvait plus te retrouver, pas que tu n'existais plus pour elle. Le maître d'Hedwidge, c'est toi, pas ton empreinte magique. Simplement, elle s'en servait pour te retrouver, comme un chien piste son maître à l'odeur. Si, et je ne crois vraiment pas que cela arrive, tu ne devais jamais retrouver tes pouvoirs, ce ne serait pas une raison pour que tu ne puisses plus avoir de chouette. Simplement, il faudrait que tu lui dises toujours où tu te trouveras à son retour, pour qu'elle te retrouve. Si tu étais resté à Privet Drive, là où elle pensait que tu étais, Hedwidge serait revenue vers toi. Et je suis sûr qu'elle était aussi inquiète que nous de ne pas savoir où tu étais. »

Pour la première fois depuis des jours, un véritable sourire illumina le visage de Harry. Hedwidge lui avait été offerte par Hagrid, c'était le premier véritable cadeau qu'il ait jamais reçu. Mais, plus que cela, c'était presque comme une amie. Pendant les longs étés passés à Privet Drive, elle était même sa seule amie, la seule créature vivante qui semblait éprouver de la sympathie pour lui. Il aurait été désolé de la perdre.

Malgré toutes les assurances qu'il avait pu recevoir, de la part de Ron et Hermione quand il les avait vus avant de sauter, de Sirius depuis, et de Molly Weasley qui lui avait rendu visite la veille au soir, l'étreignant une nouvelle fois comme une mère, Harry ne croyait pas que sa magie allait revenir. Il la sentait partie. C'était là, comme un vide au fond de lui, une sensation de froid permanent qui lui donnait l'impression d'être entouré de Détraqueurs. Et c'était définitif. Il l'avait toujours su, depuis le moment où Sirius lui avait donné la signification de ses symptômes. Il ne pouvait pas expliquer d'où lui venait ce sentiment, et c'est pourquoi il ne l'exprimait pas, mais il savait que cette part de lui qui lui permettait d'accomplir tant de choses était partie. C'était pour cela qu'il avait cessé de se battre pour sa propre survie, même avant d'apprendre le lien qui l'unissait probablement à Voldemort. Mais depuis sa conversation de la veille avec Sirius, il avait réalisé qu'il ne pouvait pas partir. Pas comme ça. Pas tant qu'il y avait tant de gens qui tenaient à lui, qui l'aimaient, lui, Harry, indépendamment de son statut de Survivant, de sorcier, ou maintenant de Cracmol. Une lettre n'aurait jamais suffi à leur faire comprendre. à leur faire accepter. Pour eux, il devait au moins faire semblant de continuer. Surtout si sa connexion avec Voldemort n'était pas telle que Parrish l'avait espérée.

Sirius leva sa baguette et fit apparaître un petit déjeuner pour trois. Harry accepta la tasse de thé qu'il lui tendait, et commença à mâchonner un toast.

« Que va-t-il se passer maintenant ? demanda Harry après un moment de silence.

- Maintenant ? demanda Sirius, la bouche pleine d'?ufs brouillés. Maintenant, Dumbledore va faire virer Fudge, le retour de Voldemort va enfin être reconnu et tout va très bien se passer.

Harry se sentit soudain particulièrement égoïste. Il avait posé la question dans un sens beaucoup plus personnel. Pourtant, il insista. Il fallait qu'il sache.

« Je voulais dire, pour la suite des vacances, la rentrée, et tout ça. On ne peut sûrement pas passer tout le mois d'août à Poudlard, si ? Et si je ne peux pas entrer en cinquième année, il va bien falloir que je vive quelque part, parce que ça m'étonnerait que les Dursley me reprennent, maintenant.

- Je viens de passer voir Dumbledore, répondit Lupin. Il est hors de question que tu quittes Poudlard pour l'instant. Même si c'est les vacances. Mais puisque Sirius est là aussi, et que Ron et Hermione sont autorisés à venir aussi souvent qu'ils en ont envie, je suppose que tu ne passeras pas de trop mauvaises vacances.

- Oh, non, ce n'est pas ce que je voulais dire, n'importe quoi est mieux que les Dursley. Mais je croyais que c'était interdit.

- Dumbledore décide de ce qui est permis ou non. Et, pour ce qui est de la suite, tu pourras toujours suivre les cours de cinquième année de manière théorique, pour être avec tes camarades. Ou si tu préfères, tu pourras vivre dans une autre aile du château et essayer de rattraper le retard que tu as pris sur les enseignements moldus. Ou faire tout à fait autre chose. N'importe quoi du moment que tu te sens bien dans ce que tu fais. Si ta magie ne revient pas, ce ne sera pas facile, mais tu t'en sortiras. Tu as plus que prouvé que tu en étais capable. Et je suis sûr que Dumbledore trouvera rapidement un moyen pour que tu puisses sortir d'ici en toute sécurité. »

Harry hocha simplement la tête. Il avait posé la question en s'attendant plus ou moins à ce genre de réponse, mais maintenant il n'avait plus envie de penser à cela. Il était soulagé de pouvoir rester à Poudlard pour l'instant, en même temps il était cruellement évident qu'il devrait un jour prochain se détacher de la sécurité que lui offrait le château. Et il ne pensait pas à la sécurité qui lui était apportée contre les mangemorts, mais plutôt à la sécurité psychologique apportée par un lieu familier où il avait passé ses quatre dernières années, un lieu où il savait que ses amis étaient là pour lui apporter leur soutien, un lieu ou il pouvait vivre sans avoir à se battre. Par ailleurs, il avait envie de fuir ce lieu, justement parce qu'il lui apportait un tel confort, tout en lui rappelant sans cesse qu'il n'était plus chez lui, et qu'il n'appartenait plus à Poudlard. Qu'il allait devoir refaire sa vie ailleurs, et qu'il n'avait aucune idée de comment il pourrait y arriver. Ni personne pour le soutenir, toutes ses connaissances étaient des sorciers.

Sirius et Remus l'observaient d'un air inquiet. Harry essaya de faire comme s'il acceptait la situation, comme s'il croyait vraiment que tout allait s'arranger, comme si l'envie de mettre fin à tout cela l'avait définitivement quitté. Il repoussa le plateau, et se tourna de manière à poser ses pieds par terre.

« Harry, es-tu sûr que tu es en état de te lever ? demanda Sirius, en lui posant une main sur l'épaule. Tu as vraiment l'air malade.

- Je vais bien. » Harry tenta une nouvelle fois de sourire, mais il n'était pas sûr que ce soit tellement convainquant. « En plus, il faut que j'aille à la salle de bains. »

Il se leva, les jambes flageolantes. Sirius parut sur le point de l'accompagner, mais Lupin l'en dissuada. Ils demandèrent simplement à l'adolescent d'appeler en cas de problème. Dès que la porte se fut refermée, les deux ex-maraudeurs échangèrent un regard.

- Pourquoi ne m'as tu pas laisser l'accompagner ? demanda Sirius. Et s'il avait un malaise là-dedans ? Ou s'il tentait. quelque chose ?

- Il a besoin d'un peu d'indépendance, répondit Lupin. Imagine, il n'a plus de magie. il doit se sentir complètement inutile et impuissant. N'ajoutons pas à ce sentiment en lui donnant l'impression qu'il ne peut même plus se laver tout seul. En plus, nous ne devons pas lui laisser penser que nous n'avons plus confiance en lui. Il ne fera rien de dangereux, pas maintenant.

- Allons, Remus, je croyais que tu étais le perspicace de la bande ! Ca se voit comme le nez au milieu de la figure qu'il est perdu et qu'il n'a pas envie de continuer, surtout sachant ce qu'il sait ! Tout ce que j'ai pu lui dire n'a eu aucun effet !

- Bien sûr que si, Patmol ! Je ne dis pas qu'il va parfaitement bien, parce que ce n'est pas vrai, mais il a trop peur de faire mal aux autres pour se faire du mal. En plus, s'il devait arriver quoi que ce soit, la protection de Dumbledore est encore active, il n'y a pas vraiment de risque.

- Je me demande ce que dirait James, s'il savait ce que nous avons laissé arriver à son fils, murmura Sirius. Tu crois qu'il nous détesterait ?

- Non. personne n'aurait pu empêcher ce qui vient d'arriver. Tu te rappelles ce qu'il disait toujours à Peter, quand il loupait quelque chose ?

- Personne ne t'en voudra si tu as fait de ton mieux. » Le visage du fugitif se durcit soudain. « Je préfère qu'on ne m'applique pas les mêmes maximes qu'à ce rat, siffla-t-il.

Remus soupira.

- Là n'est pas la question, dit-il. L'important, c'est que Harry a besoin de savoir que nous sommes là maintenant, et qu'il a besoin de toi.

- Je n'y arriverai pas, avoua brusquement Sirius. Je ne peux pas lutter contre tout ce qu'il a vu et entendu, contre cette culpabilité que lui a donnée le ministère. Et le pire, c'est que je peux comprendre son point de vue. A sa place, moi aussi je crois que j'aurais sauté.

- Probablement. Mais c'aurait été une bêtise, tout comme dans son cas. J'imagine que vous êtes tous deux des personnes trop généreuses pour faire passer votre vie avant le reste du monde, et c'est pourquoi vous êtes des gens bien.

- Et toi, Rem, tu ne l'aurais pas fait ?

- Oh, tu sais, une simple chute, même du sixième étage, ne suffit pas à tuer un loup-garou. »

Ils restèrent un moment silencieux, puis Remus reprit la parole.

« Dumbledore a dit que si nous étions trop inquiet au sujet de Harry, il lui parlerait. Que peut-être, s'il connaissait toute la vérité, il se sentirait moins coupable.

- je ne sais pas, dit Sirius. S'il savait tout, il penserait que ce n'est que pour cela que Dumbledore l'a sauvé, ou que nous essayons de le garder en vie.

- je suis d'accord avec toi. Il a besoin d'exister pour lui-même. En plus, je crois qu'il en a suffisamment sur les épaules en ce moment.

- Attendons de voir comment les choses évoluent. » Il parut un moment songeur, puis regarda son ami dans les yeux, et demanda d'un ton anxieux : « Dumbledore a-t-il dit quelque chose au sujet de sa magie ? Il a eu le temps de faire les tests ? Elle va revenir, n'est-ce pas ? Il y a eut une petite étincelle quand il a utilisé ma baguette l'autre jour. »

Remus devint grave lorsqu'il soutint le regard de Sirius, et il lui passa une main dans le dos.

- Il m'a demandé de te parler de cela, dit-il d'une voix basse, mais je ne savais pas comment. » il s'interrompit, prit une grande inspiration et reprit. « Non. Ses pouvoirs ne reviendront pas. Pas spontanément, en tous cas. Il en reste encore quelques traces, et notamment au niveau de sa cicatrice, mais pas suffisamment pour qu'elle se reconstruise toute seule. Il a dit qu'il allait envisager toutes les options, mais que nous ferions bien de penser à un avenir pour Harry.

- Oh mon dieu ! » ce fut tout ce que put s'exclamer Sirius, qui avait soudain blêmi. S'il savait que c'était une possibilité, il ne l'avait jamais envisagée sérieusement. Harry Potter, le fils de James Potter, ne pouvait pas ne plus être un sorcier.

Il tenta vainement de se recomposer un visage quand Harry sortit de la salle de bains, mais le garçon devina tout de suite que quelque chose n'allait pas.

« Sirius ? demanda-t-il. Que se passe-t-il ?

- Rien, Harry », répondit-il, d'un ton qui ne pouvait que convaincre son filleul du contraire.

Celui-ci le regarda attentivement, puis ses yeux se fixèrent sur Lupin qui rougit et, gêné, détourna les yeux. L'adolescent réfléchit un moment, puis il comprit.

- C'est ma magie, n'est-ce pas ? Elle ne reviendra pas ? » les deux Maraudeurs échangèrent un regard, et Lupin fit un pas vers Harry, passant son bras autour de ses épaules, comme s'il craignait que, sous le choc, l'adolescent ne tombe à terre.

« Ecoute, dit-il, tu ne dois pas perdre espoir, mais Dumbledore a réalisé des tests, et il semble que tu ne retrouveras pas tes pouvoirs. Pas naturellement. »

Les deux adultes fixèrent l'adolescent, s'attendant à le voir s'effondrer, mais Harry se dégagea de son ancien professeur, et vint calmement s'asseoir sur le lit.

« Je le savais, dit-il simplement, je l'avais senti. » Il accrocha le drap du lit pour ne pas montrer que ses mains tremblaient. S'il s'était attendu à cette nouvelle, l'entendre dire, savoir que c'était définitif, et que tous les autres le savaient également, lui faisait un choc. Il s'efforça de ne rien montrer de la vague d'émotions qui l'envahissait, et demanda : « Est-ce que Ron et Hermione vont venir aujourd'hui ? »

le visage de Sirius s'éclaira. « Bien sûr ! Je m'étonne qu'ils n'aient pas encore débarqué ici. Molly a dû les attacher pour les faire tenir tranquilles jusqu'à ce qu'elle estime que l'heure est convenable pour faire des visites. Et tout le reste de la fratrie Weasley voulait venir, notamment les jumeaux. Je ne sais pas s'ils ont réussi à négocier avec leur mère.

- Et bien je vais y aller, dit Remus en se levant. Je ne suis pas sûr que tout ce petit monde ait envie d'avoir un ancien professeur sur le dos, et j'ai à faire. A très bientôt, Harry, et prends soin de toi. Sirius, c'est également valable pour toi. » Sur ce, le loup-garou quitta la pièce, alors que les deux autres le saluaient à leur tour. Peu après, Molly Weasley arriva à son tour. Voyant que Harry était réveillé, elle se précipita sur lui et le serra longuement dans ses bras, manquant l'étouffer.

« Oh, Harry ! s'écria-t-elle. Nous avons tous été tellement inquiets et désolés d'apprendre ce qui t'est arrivé ! Pas une seconde nous n'avons cru ce que le Prophète racontait sur toi ! Tu sais que quoi qu'il arrive, tu pourras toujours venir chez nous, tu le sais n'est-ce pas ?

- Oui, Mrs Weasley, parvint à articuler Harry, le souffle court. Elle le lâcha et l'observa un moment d'un ?il critique, avant de reprendre : « J'aimerais tant que tu puisses venir au terrier tout de suite ! Pauvre chéri, comment te sens-tu ?

- Ca va, merci, répondit Harry.

- Ron et Hermione ont vraiment envie de te voir, mais si tu es trop fatigué ils comprendront. Je leur ai dit que tu avais besoin de repos.

- Je vais bien, répéta Harry. Et je serai content de les voir. »

Elle hocha la tête, l'embrassa une dernière fois et partit chercher les deux adolescents. Au bout de quelques instants, Harry fut de nouveau à moitié étouffé dans une étreinte serrée. Cette fois, il n'avait eu que le temps de reconnaître la chevelure touffue d'Hermione.

« Eh, Herm, lâche le, fit la voix de Ron, amusée. Laisse le respirer. Pendant quelques minutes, le trio parla gaiement de choses sans importance. Harry se doutait que Mrs Weasley ne s'était pas limitée à dire à ses amis qu'il avait besoin de repos, elle avait dû leur donner quelques recommandations supplémentaires, dont une longue liste de sujets de conversion à éviter.

Après cette première matinée, Harry parvint à peu près à laisser de côté ses sentiments de déprime et à s'amuser avec ses amis comme si de rien était. Petit à petit, il se renforçait physiquement, et se fatiguait moins facilement. A chaque fois que ses pensées s'arrêtaient un instant du côté de la rentrée, cependant, une sensation désagréable le saisissait au creux de l'estomac. Il se hâtait de chasser ses pensées, et souriait à ses amis. Ron et Hermione, comme Sirius, continuaient de se faire du soucis pour lui. Ils voyaient, aux expressions douloureuses qui traversaient parfois son visage quand Harry ne se croyait pas observé, ou à la manière dont son sourire se crispait parfois, que la gaieté du garçon n'était qu'apparente. Ils savaient à quel point il redoutait la rentrée. Bien qu'il n'en parlât jamais, Harry voyait filer les jours d'août et septembre approcher avec une horreur croissante. Chaque jour passé était un jour de moins à se sentir en sécurité, à pouvoir nier son horrible destin, et la date du premier septembre se rapprochait inexorablement. Depuis ce premier matin, il n'avait plus posé la question de son avenir, il n'avait pas le courage de remettre le sujet sur le tapis. Il avait l'impression de tenir le futur à distance en le chassant de ses pensées.

Mais malheureusement, nul n'a le pouvoir d'arrêter le temps, et finalement, il n'y eut plus qu'une semaine avant la rentrée, les professeurs revinrent au chateau, et les jours continuèrent à s'écouler lentement. Le trente août, Ron et Hermione se rendirent à Pré-au-Lard acheter leurs affaires. Lorsque Harry se réveilla se matin là, il ne put s'empêcher de penser à l'imminence de la rentrée. Une boule douloureuse pesait sur sa poitrine. Il se leva et s'habilla dans un état de quasi-panique. Plus que deux jours avant... Il ne savait même pas avant quoi. Il essaya de se dire qu'il lui restait deux jours, qu'il n'avait qu'à en profiter au maximum sans se soucier de l'avenir, mais il savait qu'il fallait qu'il sache maintenant. Il n'avait déjà que trop attendu. Trop fui. Lorsqu'il revint dans la chambre, il envisagea un moment de réveiller Sirius, qui ronflait doucement sur le deuxième lit, mais il savait que son parrain, encore plus que lui, évitait d'aborder le sujet de l'avenir. Il laissa donc un petit mot pour que le dormeur ne s'inquiète pas, et se dirigea vers le bureau du directeur.

Ce n'est qu'en arrivant devant la gargouille qu'il réalisa qu'il n'avait pas le mot de passe. Cependant, à son grand soulagement, bien qu'il en soit un peu étonné, l'escalier pivota dès qu'il arriva devant, sans qu'il ait besoin de dire quoi que ce soit. Harry monta les marches et frappa à la porte du bureau. Dumbledore lui cria d'entrer et il pénétra dans la pièce. Le vieux sorcier leva la tête du parchemin sur lequel il était en train d'écrire et lui sourit.

"Bonjour, Harry, dit-il. Je dois dire que je m'attendais un peu à te voir aujourd'hui, mais pas d'aussi bonne heure. Comment vas-tu ?

- Bien, merci Monsieur", répondit Harry automatiquement.

Le vieil homme examina Harry de son regard pénétrant, l'adolescent se sentit comme percé au plus profond de ses secrets, mais Dumbledore hocha simplement la tête et dit:

"Je suppose que tu es là parce que tu te demandes ce qui a été prévu pour toi au cours de cette année scolaire.

- Oui, répondit Harry. Je sais que je ne pourrai pas suivre les cours de cinquième année, puisque je ne retrouverai pas mes pouvoirs, mais je n'ai pas d'autre endroit où aller que Poudlard, et je ne pourrais pas suivre des cours modlus, même si j'en avais envie. J'ai manqué quatre ans.

- Je sais, répondit calmement le vieil homme. Je ne crois pas souhaitable que tu quittes Poudlard pour l'instant. Voldemort est plus que jamais décidé à mettre la main sur toi, et je préfère savoir que tu es en sécurité au château. Et ce n'est pas parce que tu n'as plus de pouvoirs que tu dois quitter définitivement la communauté magique. Regarde Rusard : combien d'élèves ici ont-ils deviné que c'était un cracmol ? Et certaines disciplines ne nécessitent pas l'usage d'une baguette : l'étude des Potions, par exemple, la botanique en grande partie, l'histoire, l'étude des runes... "

Harry ne répondit pas. Passer sa vie comme Rusard était une perspective qui était loin de l'enchanter. Pas plus que l'idée de s'enfermer dans l'étude des Runes ou de l'histoire de la magie. Et que pouvait-il imaginer de pire que de travailler avec Rogue, sur les potions ?

- Pourquoi devrai-je continuer à étudier les matières de Poudlard ? demanda- t-il. Ni l'histoire de la magie ni l'étude des Runes ne m'aideront à trouver un emploi.

- Parce que malgré tout tu restes un sorcier. Et, en tant que sorcier, tu te dois d'avoir un minimum de culture générale. Réfléchis, Harry. As-tu vraiment envie de quitter notre monde ?

- A votre avis ? Mais croyez-vous que j'avais envie de perdre ma magie ?" Malgré lui, Harry se sentait s'emporter.

- Il y a dans la vie certaines choses qui arrivent et que l'on ne peut pas éviter, répondit calmement le vieux sorcier. Lorsque ces choses arrivent, nous ne pouvons que les accepter et continuer du mieux que nous pouvons, en espérant que tout s'arrangera. Mais à d'autres moments, nous avons la possibilité de faire des choix. En ce moment, différentes voix s'ouvrent à toi, Harry. Aucune d'entre elle n'est celle que tu avais rêvée, sans doute, mais chacune d'elle peut te mener à un avenir heureux. Ce qui t'est arrivé avec les pixies n'a pas pu être évité. Tu n'en avais pas envie, personne n'aurait souhaité cela. Il n'empêche qu'aujourd'hui tu as encore le choix : tu peux décider de t'intégrer dans le monde magique, avec ce handicap que tu portes maintenant. Rusard n'est pas le seul exemple d'intégration plus ou moins réussie. Ou tu peux décider d'apprendre à vivre comme un moldu, et de recommencer une vie ailleurs dès que Voldemort ne sera plus une menace. Je n'ai pas besoin de rajouter que, quel que soit ton choix, nous serons tous derrière toi pour t'aider à y faire face, mais je crois qu'au fond de toi, tu sais que tu n'as pas ta place dans le monde moldu.

- Je n'ai pas ma place parmi les sorciers.

- Bien sûr que si. Tu as toujours ta place parmi nous. Crois-tu vraiment que les sorciers pourront te rejeter ainsi ? Après tout ce que tu as fait pour nous? Allons, Harry, pense à qui tu es, pense à ce que tu as déjà fait. Tu as vaincu Voldemort plus de fois que tous les autres sorciers réunis. Et tu as gagné le tournoi des trois sorciers. Tu peux encore faire beaucoup. Tu n'auras pas besoin de trouver un emploi, si tu gère correctement l'argent de tes parents et les mille gallions que tu as gagné. Tu es entièrement libre de ce que tu veux faire de ta vie. Et je sais que tu trouveras le moyen de te rendre utile.

- Je n'ai plus ces mille gallions, dit Harry.

- Vraiment ? Et pourrais-je savoir ce que tu en as fait ?

- Je..." Harry hésita. Il ne pouvait trouver aucune explication à la disparition de son or. "Je les ai donnés, dit-il enfin.

- Tu n'es pas obligé d'en dire plus. Tu fais ce que tu veux de ton or. Ce que je voulais de faire comprendre, c'est que la communauté magique n'a pas uniquement besoin de sorciers puissants, elle manque plus que jamais d'hommes de valeurs. Des hommes courageux, forts, intelligents. Et tu deviendras... non, tu es déjà, tout cela. De plus, pense à qui tu es. Tu es le Survivant, tu es celui qui nous a tous sauvés. Tu garderas toujours une influence sur les sorciers. Un pouvoir qui n'a rien de magique mais qui peut amener beaucoup, en bien comme en mal.

- Il n'ont pas été longs à me rejeter comme un assassin quand Fudge a affirmé que j'en étais un. Survivant ou non.

- Ce sont les deux aspect de la célébrité. On peut te prendre pour un héros ou pour un assassin, mais pas pour quelqu'un d'ordinaire. Pour la plupart des sorciers, tu apparaîtras toujours comme quelqu'un d'exceptionnel."

Dumbledore avait essayé de le rassurer en prononçant cette phrase, mais c'était justement ce que Harry ne voulait pas entendre. Et pour la première fois depuis le mois de juin, il laissa éclater sa colère.

- Je ne veux pas être exceptionnel. Je veux juste... avoir une chance d'être comme tout le monde. Simplement être un étudiant de Poudlard comme les autres, pouvoir me réjouir d'aller à Pré-au-Lard, et n'avoir pour sujet d'inquiétude que les résultats des examens. Mais ça, personne n'a jamais voulu le comprendre ! Je n'ai pas demandé cette influence, la responsabilité je n'en veux pas, et la célébrité non plus ! Et je n'ai pas demandé à être la cible de Voldemort ! J'en ai assez, professeur. Vous vous rendez compte dans quelle situation j'en suis arrivé à cause de ça ? Je suis incapable de la moindre magie et je suis toujours la cible du plus puissant mage noir de notre époque, obligé de me terrer dans ce château. Et si Voldemort reste un danger pendant encore des années ? Devrai-je rester à Poudlard pendant tout ce temps ? J'aime beaucoup Poudlard, Professeur, mais je ne veux pas passer ma vie enfermé.

- Et cela n'arrivera pas. Il y a encore beaucoup de choses que je ne peux pas dire, je ne voudrais pas te donner de faux espoirs, ou t'emplir de crainte sans raison tant que je n'ai pas de certitude, mais la situation ne restera pas longtemps telle qu'elle l'est maintenant. Je suis même surpris que cela ait tenu presque un an. Je suis sûr que Voldemort manigance quelque chose, et Fudge doit savoir que s'il n'agit pas facilement il sautera dans les prochaines semaines, voire les prochains jours. En attendant, je préfère te savoir en sécurité à Poudlard. Après, nous prendrons d'autres dispositions. Je suis navré, Harry. Je sais que cette situation est extrêmement difficile pour toi. J'aurais voulu que les choses se passent autrement... Que tu aies le droit de vivre ton enfance comme les autres.malheureusement le destin en a décidé autrement. Mais revenons en au sujet qui nous occupe aujourd'hui. Désires-tu du temps pour réfléchir ?

Harry s'accorda à peine quelques instants de réflexion. Au cours du mois précédent, bien qu'il ait tout fait pour s'en empêcher, il s'était souvent vu dans un collège moldu, seul au milieu d'une trentaine de Dursley, tous riant du retard qu'il avait accumulé en quatre ans, et aucun ne pouvant jamais comprendre qui il était vraiment. Il savait que tout valait mieux que cela. Qu'en restant à Poudlard, au moins, il garderait l'amitié de Ron et Hermione... ou du moins il l'espérait. C'est pourquoi il répondit :

"Je veux rester dans votre monde. Du moins je crois."

Un large sourire éclaira le visage de Dumbledore.

" J'espérais bien que tu dirais cela, dit-il. Voilà ce que je propose, mais tu as parfaitement le droit de refuser si cela ne te convient pas. Tu suivras avec tes camarades tous les cours sauf Sortilèges, Métamorphose, et Défense contre les Forces du Mal. Ce qui te laissera plusieurs heures pour éventuellement d'autres options, et pour te reposer. Ne fais pas cette tête là, je sais très bien que tu es encore fatigué, et que tu continues de faire des cauchemars. Tu pourrais réfléchir à d'autres options, je pense par exemple à l'étude des Runes ou l'Arithmancie. Avec un autre étudiant et un autre enseignant, j'aurais probablement également suggéré des cours renforcés en Potions, mais je crois que dans les circonstances présentes il vaut mieux l'éviter. Je ne veux pas avoir ta mort ou celle du professeur Rogue sur la conscience. J'aimerais également que tu continues à jeter un coup d'oeil sur les notes de tes amis, concernant les cours auxquels tu n'assisteras pas. Miss Granger se fera probablement un plaisir de t'aider sur la théorie.

- Pourquoi ? demanda Harry. A quoi cela pourra-t-il me servir de connaître la théorie de sorts que je ne pourrai jamais jeter ?

- Eh bien, disons qu'un peu de culture générale ne peut pas nuire. Et puis qui sait, cela pourrait t'être utile un jour." Harry hocha la tête. Revoir les cours d'Hermione ne le dérangeait pas. A la place, il demanda :

" Comment ça va se passer, en dehors des cours ? Je veux dire : qu'est-ce que je vais dire aux autres ?

- L'inconvénient de l'article de Rita Skeeter est qu'il savent déjà presque tout. Tu n'auras pas grand-chos à leur expliquer. Je leur demanderai de ne pas te parler de tout cela.

- Et je vais retourner au dortoir ?

- Etant donnée la situation, si tu n'en as vraiment pas envie je ne t'y obligerai pas. Mais il faut que tu comprennes qu'avec le retour des élèves Sirius ne peut plus rester au château. C'est beaucoup trop dangereux. Il sera à proximité, mais pas à Poudlard. Je lui en ai parlé il y a quelques jours, et je crois qu'il a compris."

Harry hocha la tête. Il savait que son parrain courait un énorme danger s'il restait au château là où des dizaines de personnes pouvaient le voir. Pourtant, il n'avait pas envie que Sirius s'en aille. Au cours de ces quelques semaines, c'était avec Ron et Hermione qu'il avait passé la plus grande partie de ses journées, mais c'était Sirius qui était là la nuit, quand de terribles cauchemars le réveillaient, quand sa cicatrice le faisait souffrir, ou simplement quand la situation lui paraissait trop intolérable, quand il avait l'impression qu'il ne pourrait pas tenir le coup. L'absence de son parrain allait lui peser. C'était ce qu'il avait de plus proche d'un père, et il avait bien besoin de ce support. Mais la vie de Sirius était en jeu... et Harry n'avait pas le droit de la risquer pour des enfantillages.

" Je peux rester seul dans la chambre," dit-il d'une voix forte.

- Tu es sûr que tu ne préfères pas retourner dans la tour de Griffondor ?

- Sirius dit que je crie la nuit, et je ne veux pas réveiller tout le monde. Après tout, l'année des BUSES est une année difficile, n'est-ce pas ? Ils auront besoin de dormir. Et ils me regardent déjà suffisamment comme une bête curieuse.

- Toi aussi tu as besoin de dormir, remarqua Dumbledore. Je sais que Sirius t'en a déjà parlé et que tu as refusé, mais Mme Pomfresh possède une version allégée de la Potion de sommeil sans rêves. Tu devrais vraiment y réfléchir.

- Non. Je sais que ça n'est pas encore arrivé, mais si Voldemort faisait quelque chose d'important, une nuit, je veux le voir. Il n'y a plus que comme ça que je peux aider, maintenant."

Le vieux sorcier n'insista pas. Il avait perçu le désespoir dans la voix de son élève, et savait que celui-ci avait besoin de sentir qu'il était autre chose qu'un poids mort, un être à protéger mais qui n'est plus capable de rien. "Très bien, dit-il simplement. Tu peux garder la chambre que tu occupes actuellement avec Sirius. Mais si un jour le poids de tes rêves, ou de quoi que ce soit d'autre, est trop lourd pour tes épaules, tu sais que tu peux venir me trouver. Moi ou n'importe lequel de tes professeurs."

Harry hocha de nouveau la tête. Puis il imagina en train de demander de l'aide au professeur Rogue, et un sourire ironique se dessina sur ses lèvres. "Pas tout à fait n'importe que professeur, songea-t-il alors qu'il remerciait le directeur et se préparait à quitter le bureau. Mais une soudaine pensée le frappa alors qu'il allait passer la porte, et il se retourna vers le vieil homme. "Professeur, demanda-t-il. Comment vais-je faire pour mes livres, si je dois continuer à étudier ici ?

- Eh bien... disons que j'avais anticipé ton choix. j'ai eu une petite conversation avec tes amis hier soir, et ils s'occupent actuellement d'acheter tes affaires. Tu n'as donc aucun souci à te faire."

Peu après, Harry ressortit du bureau pour trouver Sirius qui l'attendait dans la chambre. Tous deux passèrent la journée à jouer aux échecs et à regarder un vieux registre qu'ils avaient emprunté à Rusard et qui relatait certaines blagues des Maraudeurs qui avaient perturbé l'école. Lorsqu'ils se rendirent au dîner le soir, Harry eut la bonne surprise de voir que Hagrid était rentré. Le demi-géant avait les larmes aux yeux lorsqu'il étreignit son ami, et Harry se sentit étrangement conforté par cette étreinte. Il savait que Hagrid, au moins, le comprenait.

Le dernier jour de vacances passa rapidement, et bientôt ce fut le moment d'attendre l'arrivée du train. Harry avait dit au revoir à Sirius quelques heures plus tôt. Son parrain ne lui avait pas dit exactement où il allait, mais il savait que ce n'était pas loin de Poudlard. A présent, seul dans sa chambre, l'adolescent faisait nerveusement les cent pas, s'asseyait quelques minutes avant de se relever, incapable de lire ou de faire quoi que ce soit d'autre. Il avait peur d'affronter ses camarades, il ne se sentait pas prêt pour cela. Il savait que les Serpentards ne lui feraient pas de cadeaux, mais c'était plus la réaction du reste de l'école qui l'inquiétait : une nouvelle fois, il le savait, tous les regards allaient être fixés sur lui. Le récit de ses aventures avait occupé une bonne partie de la presse pendant les vacances, et nul n'ignorerait ce qui lui était arrivé. Peut-être certains ne le croiraient-ils pas, peut-être certains penseraient-ils vraiment qu'il avait tué Susannah. Et les autres seraient probablement également gêné en sa présence... A part Ron et Hermione, il n'avait envie de voir personne. Et surtout, il n'avait pas envie d'affronter toute l'école réunie dans la Grande Salle. Peut-être pourrait- il ne pas aller à la soirée... Mais ses amis allaient probablement débarquer ici dès leur arrivée s'ils ne le voyaient pas dans le Hall, et ils le traîneraient à la fête qu'il le veuille ou non. Autant qu'il descende de son plein gré, ils se feraient probablement moins de soucis.

Lorsqu'il entendit du bruit au dehors, et vit arriver les carrosses sans chevaux, Harry respira profondément, rassembla son courage, et sortit de sa chambre. Il descendait le dernier escalier lorsqu'il faillit rentrer dans Hermione qui montait, Ron derrière elle.

" Salut, Harry! s'écria-t-elle. Nous venions te chercher, on avait peur que tu ne veuilles pas descendre !"

Harry sourit à demi malgré son stress. Ses amis étaient réellement prévisibles.

"Tu vois, je suis là, répondit-il. On descend ?"

Cette proposition lui coûtait, il n'aurait rien souhaité d'autre que de s'enfuir en courant, mais la présence de ses amis de part et d'autre de lui le rassurait cependant quelque peu. Il ne se sentait plus aussi seul, ni aussi vulnérable.

La grande salle était déjà presque pleine lorsqu'ils y pénétrèrent. Autour des quatre tables, des élèves bavardaient gaiement, tout à la joie de se retrouver. Cependant, les conversations s'arrêtèrent un instant quand certains élèves reconnurent Harry. Celui-ci vit quelques doigts se pointer vers lui, ignorants des règles de politesse élémentaires.

« Ne fais pas attention, lui murmura Hermione, pendant que Ron foudroyait la salle du regard. Le trio traversa la salle et vint s'asseoir à la table des Griffondors. Au moment où ils s'asseyaient, le murmure des conversations reprit. Harry reçut soudain deux grosses bourrades dans le dos, et Fred et Georges se matérialisèrent à ses côtés.

« Salut, Harry ! s'écria Fred. Content de te voir. On a vraiment pu faire du bon boulot pendant les vacances.

- Je suis sûr que ça va marcher du tonnerre, ajouta Georges. On a même trouvé un emplacement pour la boutique, sur le chemin de traverse. Il nous reste un an à Poudlard pour nous faire de la pub.

-, C'est vraiment nul ce qui t'arrive, reprit Fred. Ron nous a parlé de tes problèmes de magie. Et on voulait te dire, on va avoir besoin de monde à la boutique. Des gens assez intelligents pour avoir une bonne idée de blague de temps à autre, c'est tout ce qu'on demande. Penses-y.

- Merci, répondit Harry, avec un grand sourire sur les lèvres. Enfin une perspective d'avenir sans retrouver sa magie, qui ne lui paraissait pas totalement dénuée d'intérêt.

- C'est le moins qu'on puisse faire, répondit Georges. En fait, quand on y pense, la magie en elle-même n'est pas tellement utile. La plupart de nos farces, c'est quelques objets aux propriétés intéressantes, et des potions. En fait, tu sais ce que c'est le pire dans ce qui t'est arrivé ?

- Non. Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry, qui n'était pas tellement sûr d'avoir envie de le savoir.

- Griffondor n'a plus d'attrapeur ! répondirent en c?ur les deux jumeaux. Comment veux-tu qu'on gagne la coupe sans toi ?

- Fred ! Georges ! protesta Hermione qui avait entendu la dernière phrase de la conversation. Comment pouvez-vous plaisanter avec ça ? Ne croyez-vous pas qu'il y a plus important que le Quidditch ?»

Mais elle s'interrompit en voyant que Harry souriait comme rarement au cours du mois écoulé. « Ok, dit-elle. Si ça t'amuses. Je crois que je ne coomprendrai jamais les garçons. » Puis elle retourna à sa conversation avec Ginny.

« Là, chapeau ! complimenta Ron en se tournant lui aussi vers ses frères et Harry. Réussir à faire admettre à Hermione qu'il y a certaines choses dans ce monde qui dépassent les limites de sa compréhension, vous êtes vraiment très forts. Mais c'est vrai que nous n'arriverons jamais à retrouver un aussi bon attrapeur que Harry. Au fait, qui est le nouveau capitaine ?

- Angélina, répondit Fred. Et elle était plutôt paniquée en découvrant que Harry ne pourrait pas jouer. En plus, il va falloir qu'on trouve un nouveau gardien, et ça va être coton pour un avoir un aussi bon qu'Olivier. Je crois que l'équipe de Griffondor à perdu ses deux atouts maîtres.

- Il reste vous autres, remarqua Harry. Vous êtes loin d'être mauvais.

- Je n'ai jamais dit qu'on était mauvais. Mais les bons gardiens ou les bons attrapeurs son bien plus difficiles à trouver que les batteurs ou les poursuiveurs. Enfin, on aura peut-être de bonnes surprises. Les sélections sont la semaine prochaine. »

A ce moment là, Mc Gonagall entra avec les premières années, et le silence se fit dans la salle. Tout au long de la cérémonie de la Répartition, et de la fête qui suivit, Harry se sentit étrangement bien. Les élèves avaient cessé de le regarder comme s'il était une bête curieuse. Plusieurs de ses camarades de Griffondor l'avaient salué comme si de rien était, peut-être un peu plus chaleureusement que d'habitude, mais sans la moindre trace de moquerie. Harry, pour la première fois depuis qu'il était revenu à Poudlard, fit honneur à la nourriture abondante et délicieuse du château, et c'est le ventre plein et le c?ur chargé d'optimisme, qu'il avait souhaité une bonne nuit aux autres et regagné sa chambre solitaire.

Je sais que ce chapitre n'est pas très bon, et qu'il ne s'y passe rien. J'espère qu'il est passé quand même. Merci en tous cas d'avoir lu jusque là. Et merci à Miss_Tania, KTK, et Olingo pour vos reviews.