Disclaimer : Je ne fais qu'emprunter quelques personnages pour occuper mes
soirées. Je ne les possède malheureusement pas, pas plus que les concepts
qui leurs sont associés.
Avertissement : j'espère que vous êtes bien installés, je ne me rappelle pas avoir jamais écrit un chapitre aussi long. D'autre part, je sais que beaucoup d'entre vous ont pris Harry en pitié ( Quelle idée !), et souhaiteraient le voir cesser de souffrir, malheureusement ce n'est pas pour aujourd'hui. En fait, certains passages sont plutôt durs pour le lecteur ( je vous laisse imaginer, ou lire, comme vous préférez, ce que ça donne pour Harry). Mais je vais faire un effort dans la suite.
Chapitre 9 : La revanche de Fudge
Lorsque Harry descendit dans la Grande salle, ce matin là, peu d'élèves étaient déjà là, mais il sentit que leurs regards étaient tous fixés sur lui. Il devina que ce qui s'était passé avec Malefoy avait dû faire le tour de l'école. Il alla s'asseoir seul à la table des Griffondors, Ron et Hermione n'étaient pas encore arrivés, et il ne voulait pas subir les interrogations et remarques de ses camarades.
Il se servit un bol de céréales et commença à manger. Au bout de quelques instants, il fut rejoint par ses amis. Ron et Hermione s'assirent en face de lui, le visage joyeux.
« Bien dormi ? demanda Hermione.
- Ca peut aller.
- Tu as meilleure mine qu'hier. J'imagine que tu n'as sauvé personne cette nuit ?
- Pas à ma connaissance.
- Avec Harry, on ne sait jamais, fit Ron d'une voix moqueuse. Il peut sauver les gens sans même s'en rendre compte.
- Très drôle, répondit Harry. Qu'est-ce qu'on a comme cours aujourd'hui ?
- A part botanique cet après-midi, pas grand-chose en commun je crois. » Harry jeta un coup d'?il à son emploi du temps : il avait Etude des Runes ce matin là, puis une période libre.
« Super, marmonna-t-il. Et vous, vous avez quoi ?
- Métamorphose et Défense, répondit Ron. Au fait, vous avez vu le nouveau prof ? Je ne crois pas qu'il ait été présenté à la fête.
- C'est parce qu'il n'y était pas, répliqua Hermione. Il n'est arrivé qu'hier matin, Dumbledore l'a dit mais je suppose que vous n'écoutiez pas, comme d'habitude. D'ailleurs, ce n'est pas un prof mais une prof.
- En tous cas, nous on l'a eue, décréta Fred en venant s'asseoir en face d'eux, rapidement rejoint par Georges. Et c'est pas un cadeau.
- A ce point là ? » Ron semblait soudain anxieux. Elle est comment ?
- Horrible, répondit Georges. Tu vois comment était Maugrey avec son « vigilance constante » ?
- Eh bien c'est bien pire. Bien pire. J'ai cru que je ne vivrai jamais pour voir la fin de la leçon.
- Et c'est une de tes fans, Harry. A chaque fois qu'elle nous infligeait un mauvais sort impossible à contrer, elle affirmait que tu t'en serais tiré sans problèmes dès ta première année.
- Au moins, comme je n'assisterai pas à ses cours elle n'aura jamais l'occasion d'être déçue », remarqua Harry.
Leur conversation fut interrompue par l'arrivée dans la Grande Salle d'une nuée de hiboux. Harry les regarda dans l'espoir d'apercevoir Hedwidge, mais sa chouette n'était pas visible. Par contre, Pig, le petit hibou de Ron, vint voler autour d'eux. Son maître l'attrapa.
« Que dit maman ? demanda Fred .
- Comment sais-tu que c'est elle qui m'écrit ? demanda Ron.
- Facile. Elle a écrit ton nom sur la lettre. Et crois le ou non, je connais l'écriture de ma mère. »
Ron deroula le rouleau de parchemin et commença à lire. « Elle nous rappelle d'être prudents et dit que je ferais mieux de commencer à travailler dès maintenant pour mes BUSEs, et vous pour vos ASPICs. Ah , Harry, par contre, il faut que tu te reposes. Sinon, tout va bien à la maison et... » Il s'interrompit soudain quand Hermione étouffa un cri.
« Que se passe-t-il ? demanda Harry en regardant son amie. Sa gorge se serra quand il vit qu'elle tenait à la main la Gazette du sorcier. « Oh non ! pria-t-il silencieusement. Pourvu qu'il n'y ait pas eu de massacre ! S'il vous plaît, faites que ce ne soit pas ça ! »
Autour d'eux, d'autres élèves avaient eux aussi reçu le journal. Des murmures commencèrent à se répandre dans la Grande salle. Harry mit un certain temps avant de réaliser que, de nouveau, tous les regards étaient fixés sur lui, et que certains n'hésitaient même pas à le montrer du doigt.
« Que se passe-t-il, Hermione ? demanda-t-il. Qu'est-ce qu'ils ont encore été raconter sur moi ? »
Ron parvint à prendre le journal des mains serrées d'Hermione. Il jeta un regard à la première page. Harry tenta de regarder par dessus son épaule, mais Hermione l'en empêcha.
« Laisse-moi regarder, dit Harry. Je sais qu'ils parlent de moi, et franchement, je me moque de ce qu'ils racontent. Ca ne peut pas être pire que cet été. »
Ron avait pâli en voyant le journal. Ses frères, qui s'étaient approchés de lui, semblaient pour une fois sans voix.
« Hermione, insista Harry en voyant les regards meurtriers que lui lançaient deux Poufsouffle en quittant la Grande salle, qu'est-ce qu'ils ont encore inventé ?
- Ils n'ont rien inventé, répondit faiblement la jeune fille. Ils ont... Ils révèlent ton lien avec Voldemort. Le fait que si... si tu meurs, il mourra aussi.
- Quoi ? s'écria Harry. Mais comment ont-ils su ?
- Fudge. Il se venge de l'humiliation que nous lui avons fait subir en révélant que tu étais innocent... Et en même temps, il justifie ses actes. Il affirme qu'il n'a pas souhaité inquiéter les gens avec le retour de Tu- Sais-Qui alors qu'il avait toujours su qu'il existait un moyen de s'en débarrasser. Que quand l'attaque sur ta maison a eu lieu, ça lui a brisé le c?ur de devoir t'arrêter quand il savait que tu n'y étais pour rien, mais qu'il savait ce qu'il avait à faire pour préserver la paix. Il dit même qu'il était prêt à sacrifier sa conscience au profit de la conscience collective des sorciers, et de leur tranquillité d'esprit.
- C'est complètement ridicule, d'ailleurs, dit Ron. Un ministre de la magie qui aurait su tout cela depuis le début, et qui n'aurait rien dit, à mon avis il mériterait largement d'être renvoyé, et même jugé. Non mais franchement, commettre un meurtre par système judiciaire interposé !
- Je suis d'accord avec toi, Ron, mais il y a beaucoup de gens qui ne le seront pas. Qui auraient préféré rester dans l'ignorance et continuer leur petite vie pépère. Et même si certains s'indignent que Fudge ait pu leur cacher tant de choses, il y en aura qui penseront que tous les moyens doivent être utilisés pour se débarrasser de Voldemort.
- Ca m'étonnerait quand même que Fudge parvienne à rester ministre de la magie avec des attaques aussi basses.
- Je ne sais pas. » Hermione reprit le journal. « Quand on lit ça on a vraiment l'impression qu'il a eu raison. Et même si cela ne suffit pas, il aura au moins eu le plaisir de se venger de Dumbledore. Les gens ne vont pas forcément apprécier qu'il leur ait caché ça, ou qu'il ait protégé Harry aussi ardemment en sachant cela.
- Peut-être que nous pourrions donner quelques trucs à papa pour rendre la vie impossible à Fudge, proposa Fred. Je le vois assez bien se balader dans le ministère avec trois têtes.
- Et peut-être que comme ça il atteindrait une intelligence quasi-humaine, renchérit Georges.
- Mais comment a-t-il pu faire une chose pareille ! s'indigna Ron. Est-ce que vous vous rendez compte qu'il encourage presque les gens à tuer Harry, laissant entendre qu'il n'y aurait pas de poursuites du ministère, à cause des circonstances atténuantes ! Et tout est présenté d'une telle façon qu'on a l'impression que la mort de Harry aurait u empêcher celles de Cédric et de Susannah !
- Ron ! s'écria Hermione, avec un regard dans la direction de Harry, qui disait « Crois-tu vraiment qu'il avait besoin de savoir cela ? » Les autres reportèrent alors eux aussi leur attention sur Harry. Ils avaient presque oublié sa présence. Ron rougit. Harry tenta de s'emparer du journal.
« C'est de moi qu'ils parlent. Je suis un grand garçon, Hermione, quoi qu'ils racontent tu n'as aucune raison de me le cacher.
- Il n'y a rien d'autre là dedans, répondit la jeune fille.
- Comme si ce n'était pas déjà assez, approuva Ron. En tous cas, continua-t- il rapidement, Fudge mériterait d'aller à Azkaban pour ce qu'il a fait. »
Hermione et les jumeaux exprimèrent leur accord, mais Harry haussa les épaules.
« Je ne vois pas en quoi révéler cela est un crime, dit-il finalement. Les gens avaient le droit de savoir. C'est ce que dit toujours Dumbledore : ils ont droit à la vérité.
- Mais pas ça ! Et surtout pas présenté comme ça ! Il joue avec leurs peurs !
- Est-ce que nous avions vraiment le droit de rendre public le retour de Voldemort sans dire qu'il était si facile de s'en débarrasser ?
- Harry, tu sais très bien qu'en révélant cela Fudge met ta vie en danger ! Maintenant les gens vont t'en vouloir simplement parce que tu es encore en vie ! explosa Ron. Il ne réalisa que trop tard que ce n'était pas la chose à dire.
- Et peut-être auront-ils raison, répondit Harry. Je préfère qu'ils sachent, au moins je n'ai plus l'impression de les tromper. Quoi qu'il en soit, vous feriez mieux d'aller en cours, Mac Gonagall n'aime pas vraiment les retardataires.
- Le professeur Lingale non plus, répondit Hermione en se levant. Tu es sûr que ça va aller, Harry ?
- Bien sûr. » une soudaine pensée le frappa. « Eh, Hermione, appela-t-il. Attends une seconde. Pourquoi ont-ils mis le cours de Rune en même temps que celui de métamorphose ? Je suis le seul à pouvoir y aller, et je croyais que tu suivais cette option, toi aussi.
- C'est le cours des quatrièmes années, je pensais que le professeur Mac Gonagall t'avait prévenu. Tu suis les cours des deux niveaux. après tout tu as deux années de retard sur nous, et les BUSES sont à la fin de l'année. »
Harry soupira. Il s'était effectivement demandé comment on attendait de lui qu'il suive des cours dans des matières où il avait deux ans de retard sur les autres, mais il trouvait tout de même qu'on aurait pu lui en parler plus tôt. Mac Gonagall avait averti Hermione, qui était préfète, mais apparemment lui avait été oublié. Il avait de plus en plus l'impression de retomber en enfance, et cela ne lui plaisait vraiment pas. Il sourit cependant à ses amis et leur souhaita une bonne matinée, avant de prendre le chemin de la salle de Runes. Ron et Hermione avaient proposé de l'accompagner, mais il avait refusé. Il n'avait pas besoin de gardes du corps. Cependant, au cours de son chemin solitaire, il se prit à déplorer l'absence de ses amis. Partout où il passait, des murmures l'accompagnaient. Il gardait les yeux baissés pour éviter les regards curieux, et souvent hostiles, qui le suivaient. Lorsque, finalement, il atteignit la salle de cours, il s'aperçut que la plupart des élèves étaient déjà là, ainsi que le professeur. Ms Linguale était une petite sorcière boulotte avec de courtes boucles noires striées de blanc volant autour de sa figure ronde. Elle lui sourit quand il entra.
« Ah ! Mr Potter, on m'a prévenue de votre situation. j'espère que vous n'aurez pas trop de mal à suivre. Asseyez-vous je vous prie. » Harry se dirigea vers le côté de la pièce pour s'asseoir à une table libre.
« Je peux me mettre là ? demanda une voix timide quelques instants plus tard. Il releva la tête. Ginny, la jeune soeur de Ron, se tenait devant lui. Il poussa ses affaires pour lui faire de la place et elle s'assit.
« je suis content de voir une tête connue, dit Harry. Je commençais à me demander s'il y avait des Griffondor dans cette classe. »
Ginny rougit. « Bien sûr, dit-elle, en désignant l'autre bout de la pièce. Harry reconnut en effet des visages qu'il croisait habituellement dans la salle commune. Il réalisa alors qu'à part Ginny et Colin Crivey il connaissait très mal les quatrième années. En fait, il ne savait pas grand- chose non plus de la soeur de Ron.
« Merci d'avoir laissé tes amis pour venir me tenir compagnie, dit-il, sincèrement.
- Je me doutait que tu serais un peu seul sans Ron et Hermione, répondit Ginny avec un petit sourire. Surtout après ce qui était dans le journal ce matin ! C'est vraiment n'importe quoi ce qu'ils racontent là dedans.
- C'est vrai, tu sais ?
- Ton lien avec Voldemort ? Peut-être. Je ne vois pas ce que ça change, d'ailleurs. Mais pas le reste. J'ai entendu Papa parler de Fudge, cet été. Je sais très bien qu'il ne croyait pas au retour de Tu-Sais-Qui. Et c'est ridicule qu'ils puissent t'utiliser comme ça pour se débarrasser de lui. Quand je pense qu'il y a des idiots qui s'imaginent qu'il a raison !
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Harry. Mais à ce moment, le professeur prit la parole et ils se turent. Harry ne retint pas grand-chose de la leçon. Il sentait les regards de certains étudiants sur lui, et il repensait à ce que Ginny lui avait dit. Quand la cloche sonna, il fut un des derniers à ranger ses affaires et à sortir de la pièce, la jeune fille à côté de lui.
« Où vas-tu, maintenant ? lui demanda-t-il.
- Histoire de la magie, soupira Ginny. Bonne sieste en perspective. Et toi ?
- Sieste aussi, probablement, mais dans ma chambre. Je suis dispensé de défense. A plus. » Ils partirent chacun dans une direction. Au bout d'une dizaine de mètres, Harry fut arrêté par un groupe d'élèves.
« Potter, dit l'un d'eux, dont l'insigne était celui de Serdaigle. Comment oses-tu arpenter ainsi les couloirs quand nous sommes tous au courant de qui tu es vraiment ?
- Oui, renchérit un autre. Tous, nous comptions sur toi, mais toi tu préfères vivre ta petite vie de presque moldu plutôt que de nous aider à vaincre Tu-Sais-Qui ! Est-ce que Dumbledore et toi vous-êtes mis d'accord pour le protéger, ou est-ce que tu es simplement trop lâche pour prendre tes responsabilités ? »
Harry ne répondit pas et accéléra en direction de sa chambre, espérant que les autres cesseraient de le suivre. Mais ce n'était apparemment pas leur intention. Une fille vint se planter devant lui, lui barrant le chemin, et brandissant le journal, comme une furie.
« Voldemort est plus proche de toi qu'un frère, Potter ! Tu caches bien ton jeu, hein ?
- Mais je n'ai pas. Laissez-moi passer ! » protesta faiblement Harry. Il ne pouvait pas supporter d'entendre ces accusations. Au fond de lui, il était encore persuadé qu'ils avaient raison et qu'il aurait dû faire ce qu'il fallait pour éliminer Voldemort. Même si ce n'était pas sûr que ça marche. « Non, pensa-t-il alors que le garçon de Serdaigle l'accusait de protéger le Seigneur des Ténèbres. Il ne faut pas que je pense comme cela. Sirius a raison, Dumbledore a raison. J'ai le droit de vivre. » Il s'efforça de continuer à avancer comme s'il n'entendait pas les railleries et les accusations qui l'entouraient. Il aurait donné n'importe quoi, en cet instant, pour avoir Ron et Hermione à ses côtés. Ou n'importe quelle présence amicale. Il arriva finalement dans sa chambre et se laissa tomber sur le lit. Mais, contrairement à ce qu'il avait dit à Ginny, il ne dormit pas. Il en était incapable, après ce qu'il venait d'entendre. Après avoir passé une demi-heure à ressasser de sombres pensées, il se secoua et ouvrit son sac. Il sortit son livre de Potions, et un rouleau de parchemin, et commença à rédiger le devoir qu'on leur avait donné pour la semaine suivante. Lorsqu'il eut fini, il sortit son livre de Runes et commença à apprendre les signes étranges qui composaient ce langage. Il déployait une intense concentration, alors qu'il travaillait, pour bloquer ses pensées, bloquer tout ce qui n'était pas purement le travail scolaire. Et cela marcha bien mieux qu'il ne s'y attendait. Lorsqu'il regarda l'heure, en rangeant son livre de Runes, il constata avec stupeur qu'il avait cinq minutes de retard pour le déjeuner. Ron et Hermione devaient déjà commencer à s'inquiéter de ne pas le voir. Sautant à bas du lit, il remplit son sac avec les livres dont il aurait besoin l'après-midi et sortit de sa chambre. Il avait à peine fait quelques pas quand quelqu'un l'attrapa par le bras, le tenant sans ménagement. Harry tenta violemment de se dégager, mais se figea net quand il vit le visage de la personne qui l'avait accosté. Cho. Cho dont le visage ruisselait de larmes, mais dont les yeux exprimaient une profonde haine.
« Cédric avait fini par te faire confiance, cracha-t-elle avant qu'il ait eu le temps de lui demander ce qui n'allait pas. Tu-Sais-Qui l'a tué pour pouvoir t'avoir, toi, et pour pouvoir renaître. Tu devais à Cédric de tout faire pour l'éliminer, Harry !
- Je suis désolé pour Cédric, murmura Harry. Mais je n'aurais pas pu le sauver. le lien n'existait pas encore quand.
- Maintenant le lien existe. Je ne laisserai personne vivre ce que j'ai vécu quand Cédric est mort ! Toutes les nuits je rêve de lui !
- Du calme, Cho, dit doucement un garçon derrière elle. Il se tourna vers Harry. « Non Loquoris, lança-t-il, avant de se mettre à parler. Cédric était mon cousin, dit-il. Nous avons pratiquement grandi ensemble, et tu n'imagines pas ce que j'ai ressenti quand il est mort. Je ne permettrai pas que d'autres gens aient à subir la même chose à cause de toi. Il prit l'autre bras de Harry et l'entraîna. Complètement abasourdi, le garçon aux cheveux noirs ne pouvait pas résister à ces deux personnes déterminées à l'emmener.
- Je ne sais pas à quoi pensait Dumbledore, reprit le cousin de Cédric. Il est complètement fou. Mon père travaille au ministère, il m'a écrit également ce matin pour m'expliquer la situation. Potter, tu n'as pas de petite amie, ta seule famille te déteste. moi, entre toi et peut-être des dizaines d'innocents à qui tiennent d'autres dizaines d'innocents, le choix est vite fait. Et franchement, on aurait pu penser que toi aussi tu aboutirais à ce résultat.
- Thierry, souffla Cho, je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Laissons le partir. Nous allons avoir de gros ennuis.
- Non. Tu n'es pas obligée de venir, mais quelqu'un doit le faire. Et puisque personne d'autre ne semble réaliser à quel point c'est urgent, je vais le faire. Je me moque d'être exclu de Poudlard ou même d'aller à Azkaban, Cho. Nous ne pouvons pas laisser Tu-Sais-Qui continuer ses massacres. »
Harry réalisa soudain ce que le garçon avait l'intention de faire. Il s'arrêta, pris d'effroi. Il ne pouvait pas le laisser faire. Il avait promis. Pourtant, les larmes de Cho. Il les comprenait. Ils ne pouvaient pas laisser quelqu'un d'autre être tué comme Cédric. Au fond, il était parfaitement d'accord avec eux. Mais ils avaient tort en disant qu'il n'avait pas de famille. S'ils parvenaient à le tuer, comme ça, sans l'avertir, cela ruinerait la vie de Sirius. Il ouvrit la bouche pour crier, mais aucun son n'en sortit. Il se rappela alors le sort que lui avait lancé le garçon. Oui, ça ressemblait bien à un sort de silence. Cho, hésitante, l'avait lâché, et Harry se débattit de toutes ses forces pour échapper à la prise de l'autre garçon. Mais celui-ci était bien plus fort que lui, et il n'eut aucun mal à le maîtriser en le saisissant par les deux poignets.
« Calme, Potter, lança-t-il. Crois-moi, je n'ai aucune envie de faire ce que je suis en train de faire. Je ne suis pas comme Tu-Sais-Qui. Mais il n'y a pas d'autre solution. Et franchement, si tu n'étais pas aussi égoïste, tu le verrais aussi, Potter.. » Il poussa Harry à travers une porte ouverte, dans un réduit peu utilisé.
« Cho, tu peux venir ou non, mais c'est maintenant. Je crois que tu ferais mieux de retourner à la salle commune. » Le visage de la jeune fille était toujours baigné de larmes, et elle semblait prête à s'effondrer. Pourtant, elle pénétra dans le réduit. Le cousin de Cédric continuait à tenir fermement Harry, et celui-ci à se débattre. Mais celui qui le tenait parvint à sortir sa baguette.
« Locomotor mortis ! » Lança-t-il, et Harry tomba sur le sol, incapable de bouger. L'autre garçon se frotta les mains, satisfait, et lança son pied dans les côtes de Harry.
« Arrête, Thierry ! s'écria Cho en venant se planter devant Harry qui tentait, la poitrine douloureuse, de retrouver sa respiration. Ce n'est pas ce qu'on avait dit. Tu n'as aucune raison de le torturer.
- Cédric est mort à cause de lui, tu te souviens ? » De nouveau, son pieds se connecta douloureusement avec la poitrine de Harry.
« Non. Ce n'est pas une vengeance, Thierry. Et s'il y avait une autre solution, nous ne ferions pas cela.
- Très bien, si tu es si maligne, Cho, vas-y, je vais te regarder. » La jeune fille blêmit. Elle prit un flacon dans la poche de sa robe, et faillit le laisser tomber tant sa main tremblait. Harry faisait de son mieux pour se libérer, mais c'était comme si ses jambes et ses bras étaient collés. Il aurait voulu parler à Cho, lui dire que ce n'était pas la bonne solution, lui dire aussi que si elle faisait ce que lui demandait Thierry elle porterait sur sa conscience le poids de sa mort pour le restant de ses jours. Et lui savait à quel point c'était dur. Mais il ne pouvait toujours pas parler. Cho s'approcha de lui, le flacon à la main, mais ne put aller bout et tomba à genoux.
« Ce n'est pas un travail de filles, Cho. Je t'avais dit de remonter à la salle commune. Mais puisque tu es là, essaie au moins de ne pas me déranger. » Il s'approcha d'elle et lui prit le flacon des mains, puis revint vers Harry.
« J'espère que tu es prêt, Potter. Ouvre la bouche. » il approcha la fiole des lèvres de Harry, qui se débattait autant que le sort le lui permettait, et gardait les lèvres serrées et la tête tournée.
« Thierry ! arrête ! Je me suis trompée, ça m'a fait un choc de voir cet article !
- c'est trop tard maintenant, Cho. Tu aurais dû réfléchir avant d'aller voler ceci dans l'armoire du professeur Rogue.
- Mais c'est un meurtre que nous sommes en train de commettre, Thierry !
- Bien sûr. Et c'est des dizaines de meurtres que nous évitons. Mes deux parents sont Aurors. Maintenant si tu as peur, retourne dans la salle commune, ou va déjeuner.
- Non. Si tu bouges, je hurle. Et comme le poison n'est pas immédiat, tu auras quand même fait cela en vain.
- je ne m'arrêterai pas maintenant, Cho, je n'ai pas du tout envie que Potter aille raconter partout ce que nous avions l'intention de faire. Si je dois être exclu, autant que Cédric soit vengé. Désolé, je t'avais dit de ne pas rester. Petrificus totalus ! lança-t-il en direction de l'attrapeuse des Serdaigles, qui tomba à terre. Puis il revint vers Harry.
« Maintenant, Potter, avale et finissons-en, avant que le déjeuner ne soit terminé. Il le regardait dans les yeux, semblant se réjouir des efforts désespérés de Harry. Celui-ci comprit, à son regard fixe, à son expression de jouissance, qu'il avait affaire à un fou. Non que cela l'avance beaucoup, d'ailleurs. Finalement, un nouveau coup de pied dans les côtes lui fit desserrer sa mâchoire crispée. Le cousin de Cédric en profita pour lui verser le contenu de la fiole dans la gorge.
« Ca risque d'être un peu long, dit-il, d'une voix où perçait maintenant un plaisir non dissimulé. L'élève que Rogue empoisonne est censé avoir le temps de reconnaître le poison avant choisir l'antidote. »
La porte s'ouvrit soudain avec violence. Ron et Hermione sur le seuil, se figèrent un instant, contemplant la scène qui s'offrait à leurs yeux : sur le sol, apparemment immobilisés, gisaient Harry et cho, et debout près de leur ami se tenait un garçon, probablement un septième année, baguette levée. Ils réagirent presque instantanément : tirant de leurs poches leurs propres baguettes, ils crièrent « stupéfix ! ». Le cousin de Cédric s'effondra. Ron précipita vers Harry, pendant que Hermione se dirigeait vers Cho.
« Finite incantatem ! lançèrent presque au même moment les deux adolescents. » Harry sentit ses bras et ses jambes se décoller, il pouvait de nouveau bouger librement.
« Harry, ça va ? Tu n'as rien ?
Harry commençait à ressentir les premiers effets de la potion qu'on lui avait fait avaler. Malgré la chaleur qui régnait dans le réduit, un froid intense l'envahissait. Mais il n'eut pas le temps de répondre, à peine libérée, Cho avait sauté sur ses jambes.
« Il l'a empoisonné, s'écria-t-elle.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama Ron.
- Thierry a empoisonné Harry ! Je ne voulais pas ! » La jeune fille semblait presque hystérique. On pensait qu'en le tuant on tuerait aussi Vous-Savez-Qui, et j'ai volé un poison dans l'armoire de Rogue en cours de Potions ce matin ! Oh, mon Dieu, faites qu'il ne meure pas !
- Vous avez empoisonné Harry ? » le visage de Ron virait au violet. « Sales ordures, assassins ! Je vais.
« Ron ! s'exclama Hermione. Ce n'est pas le moment. Il faut l'amener à Mme Pomfresh, tout de suite ! Harry, tu peux te lever ? » Mais les tremblements qui agitaient Harry l'empêchaient de bouger librement. Jamais il n'avait eu aussi froid. « Tiens bon, Harry, ça va aller ». Ron passa un bras sous les épaules de son ami, et parvint à soulever l'adolescent particulièrement léger. Harry sentait sa vision se brouiller, il avait l'impression que ses yeux gelaient dans leurs orbites. Il ne tremblait presque plus, ses membres étaient comme figés.
- Que se passe-t-il ici ? » C'était la voix du professeur Mac Gonagall. Il ne lui fallut qu'une seconde pour comprendre.
« Oh, Merlin ! s'écria-t-elle. Chang, allez immédiatement prévenir le professeur Rogue au réfectoire. Weasley, mettez-le ici. » Harry sentit Ron le déposer sur un brancard.
« Potter ! Restez avec nous, Potter, ce n'est pas le moment de dormir ! »
Harry força ses yeux à se rouvrir encore une fois. Ron était le professeur Mac Gonagall avançaient à côté de lui. « Ne te laisse pas aller, Harry, je sais que tu le peux, dit Ron. Tu as déjà affronté bien plus dur que ça.
- Pense à Sniffle, ajouta Hermione en épongeant son front ruisselant de sueur. Pense à nous, tu ne peux pas nous abandonner.
Comme dans un brouillard, Harry voyait défiler les couloirs de Poudlard. Il n'arrivait plus à respirer, seuls des spasmes amenaient encore de l'air dans ses poumons. « Potter, réveillez-vous ! » Pourquoi Mac Gonagall devait- elle toujours être aussi autoritaire ? Il ne pouvait pas obéir. Il avait si froid ! Et, doucement, malgré les mains qui le secouaient, Harry se laissa glisser dans l'inconscience, sans remarquer qu'autour de lui, une intense activité se déployait.
Le petit groupe atteignit l'infirmerie exactement au même instant que Rogue. Pomfresh se précipita en voyant l'état du patient qu'on lui amenait, mais Rogue l'écarta. Il tira une fiole de sa poche et en versa le contenu dans la bouche de son élève inconscient.
« J'espère qu'il n'est pas trop tard, dit-il. Ils ont vraiment fait l'un des pires choix possibles. Le Glace-sang est un des poisons les plus fulgurants que j'utilise dans mes tests d'antidotes. Heureusement que j'avais remarqué la disparition de cette fiole et que je transportais l'antidote au cas où. Ce que je n'ai pas bien compris c'est comment mon poison a fini par être ingurgité par Potter.
- Certainement pas parce qu'il l'avait volé », répondit sèchement Mac Gonagall. L'arrivée du directeur, accompagné de Cho, interrompit la discussion. Une profonde ride d'anxiété barrait le front du vieil homme. Il s'approcha du brancard sur lequel Harry se trouvait toujours, mais ne dit rien. Puis il se tourna vers son adjointe.
« Minerva, allez chercher Mr Nicklaus que vous avez dû oublier dans un petit réduit, amenez-le dans mon bureau et ranimez le. Miss Chang, vous allez avec. Je vous rejoins. »
Mac Gonagall hocha la tête, et entraîna Cho vers la sortie. La jeune fille semblait vidée de toute émotion, et suivit son professeur comme un automate. Dumbledore échangea quelques mots à voix basse avec Rogue, puis se tourna vers Ron et Hermione.
« Mr Weasley, Miss Granger, que s'est-il passé ?
Hermione prit la parole pour répondre. « Nous n'avons pas vu Harry dans la Grande Salle quand nous sommes allés manger. On avait vu ce matin l'article de la gazette, et les réactions des gens.
- Et Ginny est venue nous dire que des gens s'en étaient pris à lui, ajouta Ron, une lueur féroce dans le regard.
- Et après ce qui s'est passé cet été, poursuivit Hermione, on a eu peur que ce soit trop pour lui, et qu'il fasse. des bêtises. Alors on est montés à sa chambre le chercher. Lui et Cho étaient tous deux immobiles sur le plancher quand nous sommes arrivés.
- Merci. Vous confirmez ce que Miss Chang m'a dit.
- Vous allez les exclure ?
- Eh bien, la question est à discuter avec leurs directeurs de maison, bien sûr, mais je crois que je vais être indulgent avec Miss Chang. Elle ne s'est jamais vraiment remise de la mort de Cédric Diggory, et a un besoin désespéré de trouver quelqu'un à blâmer. De plus, elle n'aurait jamais été jusqu'à tuer et a tenté de sauver Harry quand elle s'est rendue compte de ce que signifiait réellement leurs actes. Le cas de Mr Nicklaus est plus inquiétant.
- Il mérite d'aller à Azkaban, s'écria Ron
- Méfiez-vous des jugements hâtifs, Mr Weasley. Tout ce que l'on m'a dit porte à croire que son cas relève plus de Ste Mangouste que d'Azkaban. » Le vieil homme soupira lourdement. « Nous aurions dû voir cela bien plus tôt. vous êtes dispensés de vos cours de l'après-midi, si vous voulez rester avec Harry. Je crains que dans tous les cas vous n'en ayez déjà manqué une bonne partie. J'ai contacté Sirius il ne devrait pas tarder.
- Harry va s'en sortir, n'est-ce pas ? demanda fit Hermione d'une petite voix.
- Le professeur Rogue était optimiste, il pense avoir administré l'antidote à temps. » Les deux adolescents laissèrent échapper un soupir de soulagement. « Cependant, reprit le directeur d'une vois plus grave, je suis extrêmement inquiet. Après l'article de ce matin, il ne fait aucun doute que de nombreux élèves souhaitent imiter Mr Nicklaus. Les parents de beaucoup suivent encore le ministère, et même dans ceux qui me sont fidèles, beaucoup ne comprendront pas.
- Nous protégerons Harry, dit Ron. Il faut qu'il revienne à la tour de Griffondor.
- Je ne doute pas de vos intentions, Mr Weasley, mais même la tour des Griffondor n'est plus sûre pour lui. Je crains que Harry ne puisse plus rester à Poudlard.
- Mais il y a à peine quelques jours, vous disiez qu'il ne pouvait pas partir ! Que c'était le seul endroit sûr ! Vous-Savez-Qui est toujours après lui !
- Je sais ce que je disais, Miss Granger, mais les circonstances ont changé.
- Mais où va-t-il aller ? Vous ne pouvez pas le renvoyer chez les Dursley !
- Mes parents seraient ravis de le prendre au Terrier, dit Ron. Et ils sont parfaitement capables de le protéger.
- Non. Vos parents n'offrent pas une protection suffisante, Mr Weasley, de plus ce serait leur faire prendre un risque trop grand, surtout si on considère qu'ils ont encore quatre enfants ici à Poudlard. Et même si les Dursley acceptaient de le reprendre, les protections qui entouraient leur maison ont été brisées. J'ai quelques personnes à contacter pour trouver le lieu adéquat. Je crois que c'est mieux que je ne vous en dise pas plus. Le secret est également un gage de sécurité pour Harry. Je dois retourner dans mon bureau, à présent. Vous serez assez aimables pour m'envoyer Sirius quand il arrivera. »
Le professeur Rogue rejoignit le directeur au moment où celui-ci faisait demi-tour.
« Potter a eu de la chance, dit-il. C'était limite, mais il s'en sortira. Il devrait se réveiller d'ici quelques heures. Les poisons que j'utilise n'ont heureusement pas d'effets durables, et il devrait être parfaitement bien demain.
- Parfait. Merci, Severus. J'ai un travail pour vous, si vous voulez bien. »
Les deux hommes sortirent de la pièce. Ron et Hermione vinrent s'asseoir au chevet de Harry, auprès duquel Mme Pomfresh s'affairait.
« Je me demande ce que Dumbledore peut bien vouloir demander à Rogue, fit Ron. J'espère que Harry ne va pas aller vivre dans sa famille, ou chez un de ses amis. J'ose à peine imaginer à quoi ressemblent les amis de Rogue.
- Du moment qu'il ne risque plus rien. Mais je ne crois pas que Rogue ait beaucoup d'amis en dehors de Dumbledore lui-même. »
A des kilomètres de là, à Rittersberg, la tension nerveuse était presque palpable. Pourtant, il ne s'était rien passé d'anormal ce matin là. Gabriel était parvenu à convaincre Grace qu'il n'avait pas revu Rita Skeeter depuis l'article. Et malgré de nombreuses remarques ironiques sur son inaptitude à rester un mois célibataire, et les belles allemandes qu'il avait dû séduire pendant ce temps, la jeune femme n'avait pu empêcher un sentiment qu'elle s'était efforcée d'enfouir depuis plus d'un an de remonter à la surface. Comme lorsqu'elle l'avait vu le mois précédent. Sa manière de la regarder avait changé depuis leurs aventures en France. Elle n'aurait pas su dire comment, mais elle le sentait ses yeux sur elle comme jamais auparavant. Comme si, après qu'elle l'ait ainsi abandonné, il avait enfin réalisé qu'elle était autre chose qu'un élément du décor, comme la prenait enfin en considération. peut-être avait-il même réalisé ses sentiments pour elle.En tous cas, quand il lui avait dit n'avoir pas revu Rita, elle l'avait cru. Il ne s'était rien passé entre eux. Elle le savait toujours quand une femme séduisait Gabriel.
Ce n'étaient donc pas les relations entre ses occupants, qui, pour une fois, étaient au beau fixe, qui avaient fait monter la tension sur les habitants du château. Non, ce qui pesait sur les nerfs de Gabriel, de Grace, et de Gerde, bien que cette dernière soit moins fortement impliquée, c'était ce qu'impliquait la conversation qu'ils avaient eue la veille, à l'arrivée de Grace. Ils étaient persuadés que quelque chose allait arriver, en rapport avec le monde de la sorcellerie. Ils ne savaient pas quoi, ni quand, mais ils avaient cette conviction profonde. Et l'attente leur pesait. De plus, Gabriel s'était réveillé ce matin là avec un sentiment d'urgence. Une impression encore plus étrange, encore plus infondée, mais toute aussi persistante, que les événements allaient se précipiter de manière imminente.
C'est pourquoi, alors qu'ils étaient assis dans le salon, Grace consultant ses e-mails et Gabriel parcourant un journal, aucun d'eux n'avaient la tête à ce qu'ils faisaient. Et quand la boule de verre que Dumbledore avait laissée à Gabriel pour établir un contact en cas d'urgence se mit à vibrer, à siffler, avant de s'allumer et de grossir, ils ressentirent un intense soulagement de savoir qu'une plus longue attente leur serait épargnée, et qu'ils allaient avoir des nouvelles fraîches de ce qui se passait. En même temps, leur angoisse augmenta, parce qu'ils avaient la preuve que leurs craintes étaient fondées : si Poudlard cherchait à joindre Gabriel, ce n'était probablement pas pour annoncer de bonnes nouvelles. Le visage du professeur Rogue se dessina dans la boule.
« Bonjour Mr Knight, Miss Nakimura. Le directeur m'envoie pour effectuer quelques vérifications au sujet de votre château. Il se pourrait que nous ayons besoin de vous prochainement.
- Pourquoi ? demanda Gabriel.
- Ce n'est pas à moi de vous le dire. Je suis juste là pour faire les tests.
- Quels tests ?
Le professeur Rogue poussa un soupir exaspéré. « Nous cherchons quelles sont les protections qui entourent votre demeure.
- Des protections ? Il n'y a rien autour du château. On y entre comme dans un moulin.
- Vraiment ? Il y a beaucoup de choses que vous ignorez sur votre château, c'en est inquiétant. Sachez que j'ai trouvé jusqu'ici de très puissantes barrières anti-apparition, et anti-portoloins. Il semblerait que seuls des moyens moldus permettent d'arriver jusque chez vous. J'ai réussi à apparaître dans le village voisin, et je serai chez vous dans quelques instants. J'aimerais que vous fermiez complètement l'accès au château.
- pourquoi ?
- vous êtes stupide ou vous faites semblant ? Je teste la sécurité autour de chez vous, vous fermez tout et je vois si je peux rentrer. C'est évident, non ?
- J'avais compris ce morceau là, merci. Je crois que c'est vous qui ne saisissez pas très bien la situation. Vous me contactez en me disant que vous pourriez avoir besoin de mon aide, mais qu'auparavant vous devez effectuer des tests sur ma demeure que, par ailleurs, vous avez déjà commencé sans mon autorisation. Et vous m'ordonnez de sortir tout fermer pour que vous puissiez poursuivre vos tests. Et bien entendu sans me donner aucune explication. Je vous signale, Mr Rogue, que je ne vous dois rien. C'est bien beau que vous ayez besoin de mon aide, mais vous pourriez me demander si je suis prêt à vous l'apporter. Et vous pourriez me le demander poliment, je ne suis pas un chien. »
Rogue eut un petit sourire ironique. « Et si je ne savais pas moi-même pourquoi j'effectue ces vérifications, et ce que Dumbledore veut vous demander ? suggéra-t-il d'une voix huileuse.
- Vous le savez parfaitement, répliqua Gabriel.
- personne ne me l'a dit. Je n'ai que des hypothèses. Et même si j'ai deviné juste, ce qui me semble fort probable, je garderai pour moi mes hypothèses. »
Gabriel voulut lancer une réplique cinglante, mais Grace intervint. « Laisse tomber, Gabriel, dit-elle. Nous finirons bien par savoir. Professeur, vous pouvez venir faire vos vérifications.
- Merci, Miss. N'oubliez pas de vous barricader. »
Sur ce, le visage du sorcier disparut du globe. Grace se leva. « Gabriel, les portes !
- Pourquoi as-tu accepté si facilement de faire ce qu'il demandait ? Franchement, il aurait au moins pu se montrer poli.
- Oh ! mets un peu ton orgueil de côté ! Tu sais très bien que tu veux les aider. Et, question savoir-vivre, Rogue est peut-être pire que toi, et encore je n'en suis pas sûre, mais il ne serait sûrement pas venu sans une bonne raison. Et Dumbledore ne l'aurait sûrement pas envoyé sans raison non plus. Je crois de plus que s'il a envoyé un professeur au lieu de venir lui-même, c'est qu'il se passe quelque chose de grave ailleurs, et qu'il est retenu. Bref, cesse de faire le gamin.
- Ok ! Je vais le faire, je n'ai jamais dit que je voulais m'opposer à eux, mais il auraient quand même pu nous fournir des explications. »
Il se dirigea de mauvaise grâce vers l'arrière du bâtiment, et sortit dans le parc fermer la grille, pendant que Grace faisait la même chose à l'avant. Quel était l'intérêt, il l'ignorait : les murs entourant la propriété n'avaient qu'une valeur symbolique, et mesuraient à peine un mètre de haut. Puis, il revint dans le château dont il cadenassa toutes les portes à double tour, et ferma tous les volets, avec l'aide de Grace et de Gerde. Ils se réinstallèrent ensuite au salon, pour attendre d'être recontactés par les sorciers.
Deux heures passèrent, deux interminables heures, avant que finalement le globe de verre ne se remette à vibrer. Lorsque le visage du professeur Dumbledore apparut, les trois occupants du château étaient déjà regroupés autour de lui.
« bonjour à vous trois, dit le vieux sorcier en souriant à demi.
- Professeur, que se passe-t-il ? demanda Gabriel. Votre envoyé nous a dit que vous aviez peut-être besoin de nous, mais il a refusé d'en dire plus.
- Ah, Severus ! les yeux du professeur Dumbledore pétillèrent un instant, mais reprirent rapidement leur sévérité. Il ne changera jamais. Il ne vous a rien dit de ce qui se passe ici ?
- Non, répondit Grace. Est-ce Voldemort ?
- non, heureusement. Quoi que je m'attende toujours à ce que lui aussi agisse. Non, il s'agit de Fudge. Cet imbécile savait qu'il était sur le point de perdre sa place, et il décidé de tenter une dernière attaque. Ou peut-être simplement de se venger. Probablement sous l'influence de Parrish. Bref, le journal de ce matin publiait en première page le lien existant entre Harry et Voldemort. Avec toute une théorie s'y rattachant comme quoi, du point de vue des liens du sang, ils seraient plus proches que deux frères, et que Harry, non content de promouvoir la survie de Voldemort en restant en vie, aurait les mêmes idées de domination et de pouvoir que lui.
- C'est absurde, et horrible pour ce pauvre garçon, dit Gabriel, mais je ne vois pas très bien ce que nous pouvons y faire.
- Ce matin, un élève a tenté de tuer Harry. Il y est presque parvenu, à quelques secondes près nous arrivions trop tard. Et je sais que de nombreux sorciers, que personne ne qualifierait de mages noirs en temps normal, sont prêts à faire la même chose.
- mais c'est impossible ! s'écria Grace.
- malheureusement, c'est parfaitement possible, et c'est la vérité. Je crains que vous ne compreniez pas très bien ce que Lord Voldemort représente pour la plupart des sorciers. Ils n'osent même pas prononcer son nom. Il est l'horreur absolue, une terreur telle que vous ne pouvez que l'imaginer. Et si il existe une possibilité de s'en débarrasser sans avoir à l'affronter directement, même si cela signifie la mort d'un garçon de quinze ans, ils n'hésiteront pas.
- C'est horrible !
- C'est ainsi.
- je ne vois toujours pas où nous intervenons, remarqua Gabriel. Attendez- vous de nous que nous protégions Harry contre tous les sorciers du pays ?
- C'est à peu près ça, répondit Dumbledore avec un petit sourire. Malgré tous ses efforts, le professeur Rogue n'est pas parvenu à entrer chez vous. En fait, il n'a même pas réussi à passer la grille d'entrée. les protections qui ont été placées autour de ce château, probablement par Griffondor en personne, sont impressionnantes. Harry ne peut plus rester à Poudlard, et il est hors de question qu'il retourne à Poudlard.
- vous voudriez qu'il vienne ici, conclut Gabriel.
- Cela me soulagerait d'un poids, en effet. De plus, je crois que ni les Mangemorts, ni qui que ce soit d'autre, n'irait le traquer aussi loin de Poudlard.
- Bien sûr, répondit Gabriel, Harry peut venir ici. Mais ça risque de ne pas arranger ses affaires quand vos amis découvriront qu'il a fui.
- Contrairement à ce qu'ils pensent, Harry doit rester en vie à tout prix. Même si sa mort engendrait à coup sûr celle de Voldemort, tout doit être fait pour le protéger. Et pas seulement parce que, humainement, nous ne pouvons pas laisser tuer un garçon de quinze ans. Ni parce que Harry est quelqu'un d'exceptionnel.
- Parce qu'il est le descendant de Griffondor ? » Si Gabriel espérait prendre le vieux sorcier par surprise, il fut déçu.
- En effet. Harry est le dernier descendant de Godric Griffondor encore en vie parmi les sorciers. Il était le seul descendant de Griffondor doté de pouvoirs magiques, jusqu'à ce qu'ils lui soient enlevés. Et c'est aussi pour cela que je me tourne vers vous. Je suis persuadé que la guerre à laquelle fait allusion la prophétie de Griffondor est celle qui nous oppose actuellement à Voldemort.
- Le médaillon serait censé aider Harry à la gagner ? mais comment Harry pourrait-il avoir un rôle dans cette guerre s'il ne retrouve pas ses pouvoirs ?
- Harry a encore un rôle à jouer. Lequel exactement, je ne peux pas vous le dire, mais c'est probablement lui qui fera pencher la balance, si nous devons gagner. Il peut n'apparaître que comme un adolescent petit et maigre, plutôt maladif en ce moment, mais il possède une grande force en lui, et qui n'a rien à voir avec de quelconques pouvoirs magiques. Tout le monde à Poudlard a pu le constater ces dernières années.
- J'espère que vous vous trompez, dit doucement Grace. L'avenir du monde ne peut pas reposer sur les épaules d'un garçon de quinze ans. Harry semblait brisé quand nous l'avons vu, croyez-vous vraiment qu'il soit capable de supporter la pression ?
- Il ignore ce que je viens de vous dire. En ce moment, il peut paraître affaibli, presque brisé en effet. Mais ce n'est qu'une apparence. Cette force en lui, ce courage qui lui a permis d'accomplir tant de choses à un âge aussi jeune, reste intact, j'en suis persuadé. » Les autres ne répondirent pas. Mais l'image de Harry, leur demandant de s'en aller, de le laisser tranquille pour ne pas les mettre en danger, quand il était si faible qu'il ne tenait pas debout, ou, pour Gabriel, la vision de cette détermination dans les yeux de l'adolescent qui se laissait tomber du neuvième étage.
- La volonté ne remplace cependant pas les pouvoirs, dit-il. Que pourrait Harry face à Voldemort ?
- Ce qu'il fera exactement, seul l'avenir le dira. Mais il sera amené à lui faire face. C'est son destin, bien qu'il l'ignore encore. Il avait onze quand il a affronté pour la première fois Voldemort, si on exclu ce qui est arrivé quand il était un bébé. Il était en première année, et ne maîtrisait pas ses pouvoirs, qui ne pouvaient pas lui servir. Pourtant, il s'en est sorti et l'a empêché de revenir. Il peut encore nous surprendre, et ça m'étonnerait qu'il s'en prive. En attendant, l'important est de le ramener à une bonne santé, à la fois physiquement et mentalement. Il aura besoin de toutes ses forces.
- Nous pourrions lui apprendre à se battre, proposa Grace. A la manière moldue, bien sur.
- Je ne suis pas sûr que ce soit très utile. Ce n'est pas à coups de poings qu'il combattra Lord Voldemort. Je ne dis pas que le traitement que vous avez fait subir à ces mangemorts le mois dernier n'était pas impressionnant, mais Lord Voldemort est d'un autre niveau. Essayez simplement de le faire se sentir bien, ce ne sera déjà peut-être pas une tâche aisée, dans un premier temps. Je dois vous laisser.
- Quand Harry arrivera-t-il ?
- Dans la soirée, probablement. J'aimerais régler quelques détails avec lui avant de vous l'envoyer. Merci de votre aide, Mr Knight, Miss Nakimura. Je crois que nous nous reverrons prochainement. » Le visage du directeur disparut. Gabriel et Grace échangèrent un regard.
« Il ne nous dit pas tout, dit Gabriel. Je suis sûr qu'il a une très bonne idée de ce qui doit se passer.
- Probablement, répondit Grace en haussant les épaules.
- Ca ne te dérange pas ? Je croyais que Dumbledore était plus clairvoyant que le reste des sorciers, mais il a les mêmes croyances. Lui aussi place toute sa confiance pour l'issue de la guerre sur un garçon de quinze ans. Je ne sais pas sur quel phénomène étrange il compte, pour que Harry puisse vaincre son ennemi, mais franchement j'ai des doutes.
- Tu as pourtant accepté de faire ce qu'il te demandait. Je croyais que tu lui faisais confiance.
- On me demande de protéger un gamin, je n'allais pas refuser.
- Je ne crois pas que Dumbledore place toute la responsabilité de cette guerre sur les épaules de Harry. Ni qu'il ait envie de le jeter au milieu de tout cela. Il ne nous l'aurait pas envoyé, autrement. Il semble persuadé que c'est inévitable qu'il soit impliqué, c'est un peu différent, non ?
- Peut-être. Je déteste être maintenu dans le flou. Et le gosse aurait eu le droit d'en savoir un peu plus, lui aussi. Je ne comprends pas pourquoi nous ne pouvons pas l'armer un minimum.
- parce que nos armes sont inefficaces face à ce qu'il devra affronter. Autant le laisser tranquille. Ce qui m'inquiète plus, pour l'instant, c'est ce que nous allons bien pouvoir faire de lui pendant qu'il sera là. Nous n'avons aucune expérience des adolescents...
- Eh ! Grace ! Ne commence pas à t'inquiéter pour ça ! Il a quinze ans, pas cinq ! T'inquiète pas, tu n'auras pas besoin de jouer les mères poules ! Il est parfaitement capable de s'occuper tout seul.
- C'est possible, mais tout ce qu'il a dû traverser cet été, et maintenant, n'a pas pu ne pas l'affecter... Imagine, un de ses propres camarades de collège a tenté de le tuer, et d'autres sont apparemment prêts à l'imiter !
- Dumbledore a dit qu'il était plus fort que cela.
- Non. Il a dit qu'il conservait suffisamment de force pour se battre. Ca ne l'empêche pas de ressentir le poids de tout ce qui lui est arrivé. Il a également dit qu'il ne serait pas facile de le faire se sentir bien. Tu sais comment il était quand nous l'avons pris chez son oncle et sa tante, ou quand nous l'avons vu à Poudlard.
- Je sais cela. Mais je persiste à croire qu'il n'était pas apte à se battre à ce moment là.
- Et pourtant, il s'est battu. Pas avec une arme, ou avec de la magie, mais il est parvenu à empêcher votre mission de sauvetage d'échouer définitivement, en attendant l'arrivée de Dumbledore. De toute façon, nous ne pouvons pas prévoir ce qui va se passer. Personne n'a l'intention de propulser Harry au centre d'un champ de bataille. Tout ce que le directeur a dit, c'est qu'il avait de grandes chances de s'y retrouver quoi que nous fassions, et qu'à ce moment là il aurait le pouvoir, avec ton aide, de faire pencher la balance. Peut-être a-t-il raison, peut-être pas. Dans tous les cas, ce dont Harry a besoin pour l'instant, c'est d'être protégé, et de jouir d'un peu de paix. Nous pouvons lui apporter cela."
Gabriel ne trouva rien à dire à cela, et tous deux se retrouvèrent de nouveau assis dans le salon, à attendre.
Conformément aux prédictions de Rogue, Harry s'était réveillé au milieu de l'après-midi. Un instant déconcerté de se retrouver à l'infirmerie, il s'assit brutalement en se rappelant ce qui s'était passé. Le journal... qu'il n'avait d'ailleurs pas vu, le cours de Runes, le cousin de Cédric, et Cho... Toute l'école savait, à présent... Comment pourrait-il de nouveau supporter leurs regards ? Il savait qu'ils avaient raison. Mais il ne pouvait rien y faire... Etait-ce de sa faute si d'autres refusaient d'accepter l'inévitable - qu'il était condamné - ? Ils le considéraient comme un égoïste... et peut-être l'était-il. Lui ne comptait pas, mais en refusant de se soumettre à ce que voulait Thierry ce matin là, il avait fait passer le bien être de ceux qu'il aimait et qui l'aimaient avant le reste de la sorcellerie, avant le reste du monde...
" Non, se dit-il, balayant cette pensée. Je ne dois pas penser cela. Sirius et Dumbledore ont raison. Ils ont forcément raison."
Harry regarda autour de lui. Un groupe de gens était réuni à l'autre bout de la pièce, lui tournant le dos. Il reconnut la longue chevelure argentée du professeur Dumbledore, la coiffe de Mme Pomfresh, et une haute silhouette sombre, indiscutablement le professeur Rogue. Il n'entendait pas ce qu'ils disaient, mais il semblait qu'un désaccord les opposait. Il semblait qu'ils étaient réunis autour d'un lit, mais Harry ne pouvait pas voir qui se trouvait dedans. Il espérait que ce n'était ni Thierry ni Cho... tous deux avaient eu à subir des sortilèges, mais il ne lui semblait pas nécessaire d'amener quelqu'un à l'infirmerie après un sort de stupéfixion ou une malédiction du saucisson...
Ce fut Rogue qui, jetant un regard dans sa direction, remarqua le premier que Harry était réveillé. Il dit quelque chose aux autres, et vint vers l'adolescent. Le visage indéchiffrable, il se pencha sur lui et lui prit le poignet, fixant sa montre alors qu'il lui prenait le pouls. Harry se crispa sous le toucher de son professeur de potions. Il n'aimait pas du tout le savoir aussi près, même s'ils s'étaient sauvé la vie réciproquement au cours des dernières quarante-huit heures.
" Faites attention, Potter, lâcha enfin Rogue. Un jour vous n'aurez pas autant de chance. Et recouchez-vous, je ne crois pas que quiconque vous ait donné l'autorisation de vous asseoir."
« Je ne crois pas non plus que quiconque me l'ait interdit », pensa Harry, obéissant néanmoins à l'injonction de son professeur, qui lui tendit une potion. Harry la but en regardant l'endroit où se trouvaient toujours Dumbledore et Pomfresh. Maintenant que la place où s'était trouvé Rogue était libre, il pouvait voir autour de qui les trois adultes étaient réunis. Et il regrettait presque que ce ne soit pas le cousin de Cédric. Malefoy était assis dans un lit, toutes traces de coups disparues de son visage. Leurs regards se croisèrent un instant. Celui du blond était totalement inexpressif. Rogue retourna vers les autres. Ils parlèrent quelques instants, puis il vit Mme Pomfresh s'éloigner, l'air profondément indigné. Il vit Malefoy se lever, et suivre les deux professeurs qui revenaient vers Harry. De près, celui-ci s'aperçut que le visage de son ennemi était inhabituellement pâle, et qu'il avait perdu son arrogance coutumière. Sa blague de la veille n'avait pas été tellement appréciée par les enseignants. Pourtant, il n'avait probablement pas été exclu, puisqu'il était encore là. Harry se rappelait parfaitement les paroles de Dumbledore à ce sujet. Il semblait cependant que la punition infligée à Malefoy ait été suffisante pour le faire réfléchir... à moins qu'il ne fasse semblant pour rester à Poudlard. Dumbledore avait un sourire sur les lèvres, en approchant de Harry, mais son vieux visage portait toujours les marques d'inquiétude qui ne semblaient plus le quitter depuis quelques temps.
" Mr Malefoy, dit-il sévèrement, nous allons vous laisser. Vous n'aurez pas d'autre chance."
Les yeux gris cherchèrent les verts. Harry observa Drago avec un mélange de défiance et de curiosité. Celui-ci inspira profondément, jeta un coup d'oeil aux deux professeurs, comme s'il cherchait un moyen d'échapper à ce qu'ils lui demandaient, ne trouva aucun échappatoire, et reporta son attention sur le Griffondor. Les deux adultes sortirent de la pièce.
" Je suis désolé, Potter, dit enfin Malefoy, très vite, et sans reprendre sa respiration. Je ne voulais pas vraiment te faire du mal. Excuse moi.
- Tu savais très bien ce qui se passerait si j'étais renvoyé, répliqua sèchement Harry. Tu l'as affirmé au début du cours, tu te rappelles ?
- Je sais. Mais je ne réalisais pas... Et je suis aussi désolé pour ce qui t'est arrivé ce matin.
- Ca je n'en doute pas. Ton père n'aurait pas été content que je meure, pas vrai ?
- Sans doute. Mais ce n'est pas pour cela. Je ne suis pas mon père.
- Tu l'imites parfaitement. Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à t'excuser ainsi. Rogue et Dumbledore sont partis, tu sais, personne ne contrôle ce que tu dis.
- C'est la vérité, Harry. Ne les laisse pas me renvoyer !
- Te renvoyer ? Je ne vois pas très bien ce que je pourrais faire pour toi, Malefoy. C'est Dumbledore que tu devrais supplier. Encore que je ne vois pas très bien en quoi ça te gène. Poudlard ne t'est d'aucune utilité dans ta formation de mangemort.
- Harry tu ne...
- Ne m'appelle pas par mon prénom ! coupa Harry.
- Ok. Potter. Rogue voulait me renvoyer directement. Mais Dumbledore n'est pas d'accord. Je ne sais pas pourquoi. Je sais que je le mérite. Il a dit que c'était à toi de décider. Je ne veux pas quitter Poudlard !
- Vraiment ? Il me semble t'avoir entendu dire l'année dernière que tu aurais préféré aller étudier la magie noire à Durmstrang.
- C'était l'année dernière ! Et Crabbe et Goyle attendent de moi que je dise des choses comme cela ! C'est les seuls amis que j'ai, il faut bien que je les ménage un peu !
- On se demande vraiment pourquoi ce sont tes seuls amis, remarqua Harry d'un ton sarcastique.
- Parce que ce sont les seuls que mon père m'autorise à avoir, qu'est-ce que tu crois ? Il sait tout ce qui se passe à Poudlard. Je les connais depuis que je suis tout petit, et je sais qu'ils raconteront toujours à leurs pères, et au mien, par la même occasion, tout ce qu'ils veulent savoir.
- Je ne te crois pas, Malefoy. Tu as toujours été fier de ce que tu étais, et de ce que ton père était. Combien de fois t'en es-tu pris à Ron avec la haute position de ton père ?
- C'était un jeu, Potter ! Tu ne peux pas les laisser m'exclure !
- Pourquoi pas ? Tu voulais bien me faire exclure, toi. Et Ron me tuera si je laisse passer l'occasion.
- Je ne dirai plus rien ni sur Weasley, ni sur Granger, ok ? Ecoute, Har... Potter, je peux t'aider. Je sais énormément de choses que tu ignores. Mon père m'a toujours beaucoup parlé. Mais il me tuera s'il apprend que j'en ai parlé.
- Est-ce que tu essaies de m'acheter, c'est ça ? Si tu peux nous aider, Malefoy, je t'écoute, mais ne crois pas que je demanderai que tu restes à Poudlard à cause de cela.
- Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Tu sais ce que sera ma vie si je suis renvoyé !
- Ca n'a jamais eu l'air de te gêner. Mais j'ai dit que je t'écoutais. Alors vas-y, qu'as-tu à dire ?
- Jure moi au moins que tu ne révèleras jamais que ça vient de moi.
- Okay. Je ne dirai rien, tu as ma parole.
- Je sais pourquoi Voldemort tient tant à te tuer.
- Tout le monde sait cela, Malefoy. C'était dans le journal de ce matin. Il veut me tuer avant que quelqu'un d'autre n'ait l'occasion de le faire.
- Je ne parlais pas de ton lien avec lui, Potter, répondit Malefoy, sa vieille arrogance revenue un instant, ne te fais pas plus stupide que tu ne l'es. D'ailleurs, d'après mon père, le Seigneur des Ténèbres ne se fait pas trop de souci à cause de cela. Il n'y croit pas vraiment, mais préfère éviter tout risque. Ce dont je parle, c'est la raison pour laquelle il veut te tuer depuis ta naissance, la raison pour laquelle il a tué tes parents. Je sais que Dumbledore ne te l'a pas dit.
- Il avait probablement une bonne raison pour cela, répondit Harry avec prudence, bien que cette question l'ait obsédé depuis qu'il avait appris ce qui était réellement arrivé à sa famille.
- Si tu ne veux pas le savoir, répondit durement Malefoy, je ne te dirai rien. J'ignore pourquoi Dumbledore te cache cela depuis si longtemps. Peut- être qu'il y a autre chose que j'ignore. Mon père ne m'a pas donné les détails."
Harry réprima la voix qui lui disait de refuser, que Malefoy allait probablement encore inventer quelque chose pour le faire se sentir encore plus mal. Sa curiosité était bien trop forte.
" Vas-y, je t'écoute. Mais tu as intérêt à dire la vérité.
- Si Tu-Sais-Qui veut te tuer, c'est à cause d'une arme. Une arme extrêmement puissante, une arme dont il croit qu'elle lui permettrait de prendre le contrôle du monde sans aucun problème.
- Et ? Qu'est-ce que je viens faire là-dedans ?
- Le sorcier qui a créé cette arme il y a des siècles a compris son pouvoir, il l'a cachée, et a jeté un sortilège tel que seuls ses descendants auraient le pouvoir de la trouver. A la mort du dernier de ses descendants, l'arme redevriendrait visible à tous. Ton père descendait de ce sorcier. Peut-être que Dumbledore te l'a caché parce qu'il avait peur que tu n'aies à ton tour l'idée de gouverner le monde.
- C'est ridicule, répondit Harry, bien que les paroles du blond aient fait leur chemin dans son esprit, et qu'il se sentît ébranlé par cette annonce dont il ne mettait pas en doute la véracité. Comment pourrais-je être le gardien d'une arme dont j'ignorais même l'existence ? Et comment pourrais- je m'en servir si je ne sais pas où elle se trouve ?
- C'est de la magie, Harry. Je n'en sais pas plus. Et rappelle-toi, je ne t'ai rien dit." Harry hocha la tête, d'un air absent. Il réfléchissait. Il comprenait maintenant pourquoi le vieux directeur mettait tant d'ardeur à le maintenir en vie. Il ne voulait pas prendre le risque de voir un objet de cette puissance révélé... En même temps qu'un intense soulagement s'emparait de lui, alors que les dernières traces de culpabilité s'évanouissaient, il se sentait terriblement déçu. Il avait cru que c'était pour lui que des gens cherchaient à le protéger, pour lui en tant qu'être humain, parce qu'il était Harry. Or, il réalisait maintenant que ce n'était que pour protéger le reste du monde. Une fois de plus, il prenait conscience du peu d'importance qu'il avait face à tout ce qu'il représentait. Sa vie ou sa mort étaient le résultat d'un subtil équilibre entre leur désir de voir disparaître Voldemort, et la nécessité de protéger cette arme, ou il ne savait quoi. Et lui, dans tout cela, qu'était-il ? Qui se souciait de lui ? Quelle importance avait-il, quel droit à part celui de supporter les coups ? Lui qui se trouvait au centre de tout cela, comment pouvait-il espérer maîtriser un jour sa vie ?
"Potter ?" Il n'avait pas remarqué que Malefoy était encore là
" Il y a autre chose que tu devrais savoir, je crois. Je sais que tu connais Peter Pettigrew, le valet de Voldemort. Au passage, il l'utilise pour espionner Poudlard.
- Nous savions déjà cela", répondit Harry. Il ne jugea pas utile de préciser les mesures qui avaient été prises pour empêcher les animagi de pénétrer dans le château.
- Tu dois savoir aussi, puisque tu étais là, qu'il a participé à la cérémonie de renaissance. " La chair du Serviteur".
- Et alors ?
- Il est plus que probable que si tu partages avec Tu-Sais-Qui le lien dont à parlé le journal, lui aussi. C'est ce que pense mon père, en tous cas.
- Si Voldemort pensait une seule seconde que c'était possible, il aurait déjà tué Peter.
- C'est ce que je pensais aussi. Mais j'ai réfléchi. Je pense qu'il ne peut pas.
- Pourquoi ?
- Parce que la chair du serviteur est donnée volontairement. Quand on y pense, c'est Queudver qui a véritablement redonné la vie à Tu-Sais-Qui. Il doit avoir une sorte de dette envers lui. Toi, il peut te tuer s'il en a envie, parce que ton sang t'a été pris de force, il ne te dois rien.
- Ca ne tient pas debout. Dans un cas comme ça, je crois que si Tu-Sais-Qui ne pouvait pas tuer Peter lui-même, il essaierait de le protéger, quitte à l'enfermer dans un cachot pour ne plus le laisser sortir. Il ne l'enverrait pas sur des missions de reconnaissance à Poudlard.
- Il ne l'a fait qu'une ou deux fois, je crois. Et Queudver ne s'estime jamais autant en sécurité que quand il est sous sa forme de rat, même à Poudlard. Mais c'est vrai que c'est étrange. Je ne sais pas pourquoi il ne le protège pas plus. Mon père le sait peut-être, mais il ne m'a rien dit de plus."
Malefoy se leva soudain. Il regarda Harry d'un air presque implorant. " Je n'ai rien d'autre à t'apprendre. Réfléchis, s'il te plaît. Je ne veux pas quitter Poudlard... Ne m'impose pas cela, Potter. S'il te plaît"
Il sortit. A peine avait-il refermé la porte que Mme Pomfresh reprenait possession de son domaine. Elle s'approcha de Harry en pestant contre la folie du directeur et des élèves, le borda tellement serré qu'il crut un instant qu'elle cherchait à l'étouffer, et lui conseilla de se reposer. Harry murmura un "oui madame," et elle s'éloigna, satisfaite. Il était bien trop préoccupé par ce qu'il venait d'apprendre pour réellement lui prêter attention.. Le lien qui unissait les vies de Peter et de Voldemort, bien sûr, mais il relégua vite cette information au second plan. Il n'y croyait pas trop. Et cela s'effaçait devant ce qu'il avait appris sur lui-même, sur cette arme puissante et mystérieuse dont il serait le gardien... Existait- elle vraiment ? Il aurait voulu avoir quelqu'un qu'il pourrait interroger à ce sujet, mais il ne pouvait pas en parler à Dumbledore, qui lui avait caché cette information pendant si longtemps... Il avait l'impression que le vieux sorcier s'était servi de lui, qu'il l'avait trompé en lui faisant croire qu'il se souciait de lui, quand la seule chose qui l 'intéressait était de protéger cette arme. Et Sirius... avec ses discours sur la nécessité de la vie, sur le droit que Harry avait de vivre, et su comment il tenait à Harry, était-il au courant ? Probablement... Harry pensait que son père savait, et d'après tout ce qu'on lui avait dit, si son père savait, Sirius savait aussi. Il avait bien l'intention de tout dire à Ron. La pensée de Ron le ramena à des sentiments un peu plus positifs. Ron et Hermione, eux ne savaient rien, de cela il en était sûr. Eux l'avaient soutenu pour lui, eux l'aimaient pour lui... Quelle seraient leur réaction quand il sauraient tout ? Seraient-ils aussi choqués que lui ?
Il se rappela soudain la promesse qu'il avait faite à Malefoy. Ron et Hermione étaient-ils compris dedans ? Dans l'esprit du blond, certainement, mais pour lui, parler à Ron et Hermione, c'était comme garder un secret... Et il ne pouvait pas garder pour lui ce qu'il avait appris ! Comment pourrait-il faire comme si de rien n'était face à Dumbledore, face à Sirius ? Et si ce que Malfoy avait dit était vrai, si cela avait la moindre importance, il ne pouvait pas non plus le garder pour lui. Il fixait la porte avec anxiété, s'étonnant que les adultes n'aient pas encore repris possession de la pièce, et redoutant leur arrivée. Il ne pouvait pas parler, il n'avait pas envie de continuer à faire l'ignorant. D'ailleurs, il n'avait pas besoin de leur cacher qu'il savait tout cela... Juste que c'était Malefoy qui le lui avait appris... Il secoua la tête. Ils lui poseraient forcément la question. Surtout maintenant, alors qu'il venait d'avoir une longue conversation avec Malefoy... Une longue conversation avec Malefoy, c'était vraiment une pensée étrange. Il réalisa qu'ils avaient parlé civilement pendant près d'une heure... Qui aurait cru cela possible ? Se rendant compte que ses pensées s'égaraient, Harry redressa la tête dans l'espoir de mieux se concentrer. Ce n'était pas le moment de s'endormir. Il n'avait pas remarqué jusque là à quel point il était épuisé...
" Mr le directeur, protesta la voix de Mme Pomfresh, Potter dort ! Il a besoin de repos !
- Harry aura tout le temps de se reposer dans les prochains jours, répondit Dumbledore. Pour l'instant, il faut que je lui parle.
- Vous pourriez au moins laisser ce chien ici ! N'avez-vous jamais entendu parler d'hygiène ?"
Un chien ? Sirius était là ? Harry ouvrit les yeux.
« Pompom, soupira le directeur, vous avez laissé ce chien venir l'année dernière, ce ne sera pas pire cette fois-ci. Vous pouvez vaquer tranquille à vos occupations, Harry ne risque rien. » L'infirmière râla mais quitta la pièce. Dès que la porte se fut refermée, Sirius se transforma. Il se précipita vers son filleul et le prit dans ses bras.
« Harry ! s'écria-t-il. Comment te sens-tu ? je n'arrive pas à croire qu'il se soit encore passé quelque chose !
- Je vais bien, répondit Harry en se serrant contre son parrain. Non, il ne pouvait pas croire que Sirius ne soit préoccupé que de l'arme que protégeait Harry... Sa sollicitude ne pouvait pas être feinte... Harry enrageait de ne pas pouvoir mettre le sujet sur la table.
- Je suis désolé que nous t'ayons réveillé, mais je ne pouvais pas te laisser partir sans te parler.
- Partir ? s'étonna Harry. Mais je ne pars pas... » Il regarda Dumbledore, en quête d'une explication.
« Que se passe-t-il ?
- Je suis désolé, répondit le vieux sorcier. J'ai oublié de dire à Sirius que tu n'étais pas encore au courant. Ce que Mr Nicklaus a fait ce matin était l'oeuvre d'un fou, mais beaucoup d'élèves l'approuvent sur le fond. Certains ne répugneraient pas à l'imiter.
- J'avais cru remarquer, répondit Harry.
- Nous ne pouvons pas prendre le risque que cela se reproduise, dit Sirius.
- J'ai été stupide de penser que tu pourrais rester à Poudlard, reprit Dumbledore, et je te prie de m'en excuser. Quand je vois ce qui est arrivé en à peine deux jours, je m'aperçois qu'il s'agissait d'une terrible erreur.
- Vous ne pouviez pas prévoir cet article, répondit Harry. Et je croyais qu'aucun autre endroit n'était aussi sûr que Poudlard ? Que la protection chez les Dursley était brisée ?
- En effet. Mais j'ai découvert un autre lieu où tu devrais être en sécurité. Nul ne sait quand les élèves se calmeront. J'ai essayé de leur parler, mais vu comment l'article parle de ma trop grande tolérance et de ma niaiserie, beaucoup ne m'ont pas cru. »
Harry soupira. « Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas ?
- Eh bien, disons que nous serons tous grandement ennuyés si tu refuses. D'un autre côté, nous n'avons pas les moyens de t'obliger à rester là-bas si tu n'y tiens vraiment pas. » Harry hocha la tête. Il avait posé la question plus pour la forme que parce qu'il tenait réellement à rester à Poudlard. Il n'était pas sûr d'y tenir deux jours plus tôt, sauf bien sûr pour échapper à Voldemort, et avec tout le monde contre lui...
« Où dois-je aller ? demanda-t-il finalement, réalisant qu'il n'avait pas encore posé la question.
- Eh bien quelqu'un te l'a peut-être déjà dit, répondit Sirius, avec un sourire facétieux que Harry ne remarqua malheureusement pas, mais le seul endroit qui offre autant de sécurité que Poudlard, sinon plus, c'est Gringotts. Nous avons donc pensé à te cacher dans ta chambre forte. »
Harry regarda son parrain, choqué et incrédule. Sa chambre forte était presque plus petite que le placard sous l'escalier des Dursley, et Sirius lui annonçait cela avec un sourire satisfait ! Un froid glacial l'envahit... Quelques instants plus tôt, il aurait juré que Sirius l'aimait, que ce n'était pas seulement à cause de l'arme qu'il tenait tant à le protéger... maintenant, il comprenait que ce n'était pas vrai, que Sirius, comme tous les autres, s'était joué de lui, qu'il n'était rien d'autre qu'un objet, un objet précieux, un objet à conserver précieusement, mais un objet... Pourtant. Non, ce n'était pas possible. Pas Sirius ! Il se mit à trembler...
« Harry ! appela son parrain, d'une voix soudain inquiète. Harry, ça va ?
- Va t'en, répondit sèchement le garçon. Quand je pense que j'ai osé croire que j'étais important ! La seule chose importante, c'est que je reste en vie pour protéger cette fichue arme, n'est-ce pas ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? demanda Sirius pris par surprise, et qui ne comprenait pas ce dont parlait son filleul. Bien sûr que tu es important... Tu es même ce qu'il y a de plus important dans ma vie actuellement !
- Et tu veux m'enfermer dans un coffre fort ! Il n'y a même pas de lumière là-dedans en l'absence des gobelins !
- Eh ! s'exclama Sirius doucement en essayant de prendre contre lui l'adolescent tremblant qui se raidit pour lui échapper. Mais je plaisantais, Harry ! Comment as-tu pu croire une seule seconde que j'étais sérieux ? Harry, calme toi, bien sûr que je plaisantais ! »
Mais Harry ne se calmait pas. Son esprit refusait d'entendre les mots de Sirius, tout ce qu'il voyait était la trahison de celui qu'il était venu, au cours du dernier mois, à aimer presque comme un père, la trahison de tous ceux en qui il avait confiance... Il n'existait pas, il n'avait jamais existé... Il n'était qu'une assurance... une sorte de coffre fort lui- même... Les bras de Sirius autour de lui le révoltaient maintenant. Mais qu'ils cessent au moins de faire semblant de s'intéresser à lui, maintenant qu'il savait tout ! Il n'allait pas mourir de déception, tout de même !
Harry se débattait de plus en plus fort, il ressemblait à un fou furieux. Sirius était complètement dépassé par la soudaine crise de son filleul... Des larmes d'impuissance au coin des yeux, il finit par abandonner et le reposer dans le lit, mais le garçon ne s'arrêta pas de crier pour autant.
« Partez ! hurlait-il. j'irai où vous voulez, mais je ne veux plus vous revoir, jamais ! » Dumbledore s'avança, la main levée, mais quelqu'un le prit de vitesse. il y eut un claquement sonore quand la main de rogue s'abattit sur la joue de Harry. Les cris cessèrent et le silence des secondes qui suivirent apparut irréel en comparaison. Personne n'osait bouger de peur de rompre ce moment de calme. Lorsque Rogue parla, cependant, ce fut avec sa voix et son calme habituels.
« Ce n'est pas que je ne rêvais pas de faire cela depuis longtemps, mais je croyais vous avoir dit de lui éviter les émotions, dit-il avec un petit reniflement. On peut dire qu'il ne t'aura pas fallu longtemps pour le faire sortir de ses gonds, Black. Combien, deux minutes ? Trois ?
- Tais-toi un peu, Rogue », répondit Sirius sans le regarder. Il s'approcha de Harry. L'adolescent s'était effondré comme une poupée de chiffon au moment où la giffle l'avait atteint, et il ne faisait plus le moindre mouvement. Cependant, des larmes silencieuses roulaient sur ses joues.
« Harry, murmura-t-il doucement, dis moi ce qu'il y a, dis-moi ce que j'ai fait... Tu sais que je plaisantais, que jamais personne n'a imaginé t'enfermer à Gringotts... Je m'excuse, je n'aurais pas dû plaisanter sur un sujet comme ça. »
Harry rouvrit les yeux, et croisa ceux de son parrain. Et soudain, il eut honte de sa réaction... Comment avait-il pu ne pas voir que Sirius plaisantait ? Il baissa les yeux.
« Harry, dit Dumbledore, qui se matérialisa soudain de l'autre côté du lit, et l'obligea à relever la tête. J'ignore ou tu as entendu parler de cette arme, et j'imagine que j'aurais dû te parler de cela beaucoup plus tôt, mais si je ne l'ai pas fait, c'était pour te protéger, pour t'éviter de pareilles pensées. Crois-moi, Sirius ne s'est pas évadé d'Azkaban pour protéger un quelconque secret, mais pour te protéger, toi. Et si je suis forcer d'admettre que dans tous les efforts que j'ai déployer pour ta sécurité, j'avais en arrière pensée la sécurité de l'arme de Griffondor, je n'ai pas triché avec toi. pas plus que Sirius. tu te souviens de ce que je t'ai dit, ici même, après la mort de Quirell ? »
Harry secoua la tête, trop vidé pour faire l'effort de se rappeler à quoi le directeur faisait allusion. « Ce jour là, reprit le directeur, quand tu tenais à tout pris à savoir ce qui était advenu de la pierre philosophale, je t'ai dit : « l'important, ce n'est pas la pierre, c'est toi. ». C'est encore valable aujourd'hui. La protection de ce pouvoir est importante, bien sûr, mais pas autant que ta propre protection. »
Harry hocha la tête. Cette fois, quand Sirius s'approcha, il ne fit aucun geste pour le repousser. « Dis-moi que c'est vrai, demanda-t-il toute fois.
- Je n'arrive même pas à imaginer que tu aies pu penser le contraire, répondit le fugitif, en passant la main dans les cheveux ébouriffés du garçon. Je me moque bien que tu détiennes le secret d'une arme légendaire, ou de tout un arsenal. »
Harry esquissa un sourire. Il se sentait soulagé d'un poids énorme, en même temps, peu habitué aux démonstrations d'affection, il était gêné de cette situation. Et encore plus gêné que Rogue ait assisté à la scène.
« Dans ce cas, demanda-t-il, pour dissiper la gêne. Mais si tu plaisantais, où allez-vous m'envoyer ?
- En Allemagne, » répondit Dumbledore. Il expliqua rapidement au garçon ce qu'ils avaient découvert au cours de l'après-midi. Harry hocha la tête. Il devait admettre qu'il s'était attendu à pire. C'était bien mieux que, par exemple, de retourner chez les Dursley. Au moins, il aimait bien Gabriel et Grace, et savait qu'ils ne le traiteraient pas comme une sous-créature. De plus, s'ils vivaient dans un château, il aurait de la place pour circuler librement, s'il était condamné à ne plus sortir.
- J'aurais voulu venir avec toi, dit Sirius, mais ce n'est pas possible, on a encore besoin de moi ici.
- J'ai quinze ans, dit Harry, je pense que je m'en sortirai. » Mais au fond de lui, l'idée que Sirius aurait pu l'accompagner, à laquelle il n'avait pas pensé, faisait son chemin. Si son parrain avait pu venir avec lui, il aurait été heureux de partir. Mais Sirius ne viendrait pas. Et, comme il venait de le dire, il était bien trop âgé pour s'en plaindre.
« tes amis vont venir d'ici quelques minutes, reprit le vieux sorcier. Je les ai envoyés préparer ta malle. Ne leur dis pas où tu vas, moins il y aura de gens au courant, plus ce sera sûr pour tout le monde. Avant leur arrivée, j'aimerais que nous discutions de Mr Malefoy. Avez-vous parlé ? Que penses-tu que je devrais faire de lui ? »
Harry fut un instant pris de court. Après le départ du Serpentard, il avait été bien trop choqué par ce qu'il venait d'apprendre pour réellement réfléchir à cette question. Bien sûr, il n'aurait pas dû y avoir de problème. Après tout, c'était du sort de Malefoy que l'on demandait à Harry de décider ! Il y avait quatre ans qu'il rêvait de le voir exclure ! Harry ouvrit la bouche pour parler, puis la referma. Les mots prononcés la veille par le directeur lui revenaient en mémoire. S'il le renvoyait chez lui, Drago Malefoy deviendrait un mangemort. Il n'aurait pas d'alternative. Et il avait paru sincère dans son désir de rester, d'éviter Durmstrang et le manoir de son père. Harry avait-il réellement le droit de faire cela ? En avait-il le droit après ce que le serpentard lui avait révélé pour prouver sa bonne volonté ?
« Je pense que vous devriez lui donner une dernière chance, » dit-il enfin. Sirius parut soudain s'étrangler, et une expression de stupeur se peignit sur son visage. Dumbledore sourit, et pour la première fois depuis longtemps son vieux visage fatigué s'éclaira.
« Je suis entièrement d'accord avec toi, dit-il, et j'espère qu'il ne nous fera pas regretter cette décision.
- Et j'imagine qu'en tant que son directeur de maison, c'est à moi que reviendra le plaisir de vérifier qu'il ne gaspille pas cette dernière chance, grogna Rogue.
- Qui mieux que vous ? Vous avez vécu la même chose.
- j'étais sincère.
- Lui aussi. je l'espère. » Les deux hommes restèrent un instant pensifs. Puis Dumbledore consulta sa montre.
« Tu devrais aller t'habiller, Harry, dit-il. Tes amis vont arriver d'une minute à l'autre, du moins je l'espère. Le Portoloin que nous allons utiliser est programmé pour fonctionner une fois et une seule, à sept heures précises. »
Lorsque Harry revint dans la pièce, ayant troqué le pyjama qu'on lui avait mis contre des vêtements moldus, Ron et Hermione étaient là, ainsi que sa malle et Hedwidge, dans sa cage. Les adultes, par contre, étaient partis. Harry fut heureux de se retrouver seul avec ses amis pendant quelques minutes.
« Alors tu as fait virer Malefoy ? demanda Ron, tout excité.
- Non, répondit Harry.
- Quoi ? Mais Dumbledore a dit qu'il ferait ce que tu lui demanderais !
- Je sais. Mais je n'ai pas pu.
- Et ! ça fait des années que nous en rêvions, tu te rappelles ?
- Je sais, répéta Harry. Et je savais que tu ne comprendrais pas. Mais je ne pouvais pas lui enlever sa dernière chance de ne pas devenir un mangemort. » Il expliqua à ses amis pourquoi il avait permis au Serpentard de rester dans l'école.
- Cette potion a du t'atteindre au cerveau, s'écria Ron, frustré. Je ne vois pas d'autre explication. Malefoy deviendra un Mangemort de toutes façons ! C'est facile pour toi : tu t'en vas ! Mais Hermione et moi restons, et nous allons devoir continuer à subir ses airs supérieurs et ses remarques.
- J'aurais fait pareil si j'étais resté !
- Tu as eu raison, Harry, dit Hermione. Nous n'avons pas besoin d'un mangemort supplémentaire.
- Mione ! Tu sais comment il te traite !
- S'il avait vraiment été comme tu le dis, Ron, il n'aurait pas tant insisté pour rester. Je ne dis pas qu'il ne deviendra pas un mangemort, mais s'il y a une chance pour que ce soit le cas, nous ne pouvons pas la laisser passer.
- Ca m'étonnerait qu'il vous ennuie, dit Harry. Il sait que c'est sa dernière chance, et Rogue et Dumbledore ne lui laisseront rien passer.
- Rogue ! laisse moi rire, fit Ron. Rogue le soutient toujours.
- Rogue voulait le renvoyer. En tous cas, c'est ainsi, on n'y changera plus rien maintenant. Je n'ai pas envie de me disputer avec toi maintenant, Ron.
- Parlons d'autre chose, dit Hermione. Harry, j'ai mis tous tes livres dans ta valise. Comme ça, tu pourras te maintenir à peu près au niveau, et puis tu auras peut-être besoin d'occupation.
- Merci, dit Harry. Merci aussi de m'avoir amené Hedwidge. Je ne pourrai pas envoyer de courrier, mais je serai heureux de l'avoir.
- On ne sait jamais, dit Ron, avec un effort évident pour masquer son irritation et ne pas se brouiller avec son ami avant son départ, si ce fameux lieu n'est pas aussi sur qu'ils le disent, tu pourrais avoir besoin d'elle. » Il jeta un coup d'?il autour de lui, pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls, et se pencha vers Harry.
« Ils t'ont dit où tu allais ? demanda-t-il à mi-voix.
- Ron ! s'indigna Hermione. On nous a interdit de poser la question !
- Comme si on allait le trahir ! Alors, Harry, où vas-tu ?
- Dans un château en Allemagne, répondit Harry. Il savait que s'il n'avait pas répondu à la question de Ron, ce dernier aurait explosé. Mais il était volontairement resté dans le flou.
En un rien de temps, il fut sept heures moins le quart, et Sirius et dumbledore revinrent dans la pièce. Harry fut heureux d'apprendre que son parrain l'emmenerait jusquà son nouveau lieu de résidence, les risques que quelqu'un le reconnaisse sur le trajet reliant le point d'arrivée du portoloin et le château étant quasi-nuls. Il dit au revoir à ses amis, et posa sa main sur la paire de chaussettes que Sirius tenait à la main. Il portait dans sa main libre la cage d'Hedwidge, alors que Sirius portait sa malle. Ils atterrirent dans une forêt. Sirius enleva ses robes, révélant des vêtements moldus tout à fait acceptables.
« Nous allons devoir marcher un peu, dit-il. Evite de trop nous faire remarquer en traversant le village. » Harry hocha la tête. Malheureusement, les gens de Rittersberg n'avaient probablement pas l'habitude de voir deux étrangers traverser leur village. Dans se petit bourg, tout le monde se connaissait, et voir des visages inconnus étaient quelque chose de peu fréquent, et qui alimentait toujours les conversation de bistrots. Après les passages successifs, plus tôt dans la journée, de Rogue et de Dumbledore, les habitants avaient déjà commencé à parler. Et ce nouveau passage attirait les regards. Les habitants étaient d'autant plus intrigués qu'ils avaient vu les étrangers prendre la direction du château. Ils savaient qu'ils étaient venus solliciter l'aide de leur Schattenjäger.
Harry fut un peu déçu en apercevant le château. Il était loin d'être aussi grand que Poudlard, tout une partie semblait en être en ruines. La partie habitable semblait ne pas être très grande. Mais il chassa vite cette pensée, il y aurait bien assez de place pour vivre à trois. Ils sonnèrent à l'énorme porte d'entrée, qui fut presque aussitôt ouverte.
Gabriel les fit entrer.
« Bonsoir, Harry, Mr Black. Posez votre malle, je la monterai plus tard. » Il leur indiqua la direction du salon, et les observa un instant. Il remarqua que Harry s'appuyait lourdement sur Sirius, et avait l'air épuisé. Les cernes sous ses yeux et la pâleur de son visage semblaient ne pas s'être tellement améliorés depuis que lui-même avait quitté Poudlard.
- Je ne peux pas rester, dit Sirius. » Il se tourna vers Harry. « Prend soin de toi, lui dit-il. Je te veux en pleine forme la prochaine fois que nous nous verrons.
- Ne t'inquiète pas pour moi.
- Ne pas m'inquiéter pour toi ? Tu en as de belles, tu sais ? On dirait vraiment que tu fais tout pour me faire blanchir avant l'âge, comme si tu tenais absolument que je rattrape Lunard.
- Ici, que veux-tu qu'il m'arrive ?
- Je te fais parfaitement confiance pour trouver. En tous cas, je veux que tu suives les instructions de Rogue. Même si ce n'est qu'un sale serpentard, on doit reconnaître qu'en matière de poisons et autres potions, il s'y connaît.
- Je prendrai les potions qu'il m'a données, répondit Harry.
- Et pense à manger correctement, tu es toujours aussi maigre.
- Sirius, je te signale que j'ai quinze ans et que tu t'y prends un peu tard pour jouer les mères poules. »
Gabriel assistait à l'échange en souriant. Au fil de ce qu'il avait entendu, de ce qu'il avait vu, aussi, de Harry, il avait fini par considérer le jeune homme alternativement comme un enfant sensible et blessé qu'il fallait protéger, et comme un symbole. Dans ses rapports avec son parrain, on retrouvait les caractéristiques de son âge : l'inquiétude de l'adulte, et l'impatience, voire l'exaspération du jeune, qui ne veut plus être traité en enfant.
- Okay, si tu le dis... » Sirius capitula et serra son filleul dans ses bras. « A bientôt, Harry.
- Au revoir, Sirius, et fais attention à toi, toi aussi.
- J'en ai bien l'intention. Mr Knight, Miss Nakimura, merci de recevoir Harry. Je pense que nous nous reverrons bientôt. »
Harry accompagna Gabriel et Grace au salon. Gabriel commença à interroger Harry, sur ce qui s'était passé à Poudlard, Dumbledore étant resté plutôt vague. Grace, aperçut la détresse dans les yeux de Harry alors qu'il revivait la réaction provoquée par l'article. Il était évident que la journée avait été bien assez éprouvante pour lui. Aussi, rapidement, elle interrompit la converstion en proposant de servir quelque chose à boire, ou à manger. Gabriel l'accompagna pour aller chercher des boissons. Il avait envie d'une bière, et elle s'était juré de ne jamais lui en servir. Elle profita de ce qu'ils étaient tous deux dans la cuisine pour lui demander d'arrêter de questionner ainsi Harry.
Gabriel râla, mais finit par admettre qu'elle avait raison. Lorsqu'ils revinrent au salon, Gabriel entreprit de raconter à Harry ses années de lycée mouvementées à la Nouvelle Orléans. Grace ne put retenir quelques commentaires bien sentis sur son immaturité de l'époque.
« D'ailleurs, corrigea-t-elle, tu n'as pas beaucoup grandi depuis, n'est-ce pas ? »
Si Harry sembla ailleurs dans un premier temps, il se prit rapidement à rire à l'idée d'un Mosely de seize ans déguisé en bisounours pour la soirée de fin d'année, et il répondit en parlant des expéditions qu'il avait menées avec Ron et Hermione dans les couloirs de Poudlard, et des soirées dans la salle commune, animées par les jumeaux. Personne n'aborda plus de sujet sérieux ce soir là. Harry parvint de manière inespérée à mettre de côté ses idées noires et ses peurs. Il n'avait pas imaginé que, loin de Poudlard et des regards inquisiteurs que tout le monde posait sur lui, il se sentirait tellement léger. Voldemort était toujours là, mais ce soir là, pour la première fois depuis la rentrée, Harry oublia son existence. De bonne heure, cependant, il se trouva incapable de garder les yeux ouverts. Gabriel l'accompagna au premier étage et lui montra sa chambre. Harry s'était à peine laissé tomber sur son lit qu'il dormait profondément.
Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais tellement râlé dans le chapitre précédent. Il faut dire que j'étais de très mauvaise humeur quand je l'ai posté. Et je suis comme les enfants gâtés : j'ai eu trop de reviews sur mes précédentes fic, et même si je savais depuis le départ que celle-ci en aurait beaucoup moins, je boude. bref, ne faites pas attention. En tous cas, il y en a beaucoup plus sur ce chapitre. Merci. J'avoue que je suis rassurée de voir qu'il y a des gens qui suivent cette fic. Il y a plusieurs personne qui ont mentionné leur intention de lire les livres de J Jensen, aussi je le redis : Gabriel Knight n'est pas tiré de livres mais d'une série de jeux sur ordinateur, signés Sierra, dont Mrs Jensen a réalisé les scénario.
Elava : merci pour ta review.
Purabelaza : Oups.Je crains que ce chapitre ne t'ait pas vraiment satisfaite si tu espérais que je prenne Harry en pitié.
Ksizou : Merci pour ta review, et pour tes compliments. Tu es bien sévère avec ce pauvre Gabriel, mais tu as probablement raison. Par contre, je suis surprise que tu trouves cette fic plus proche de l'histoire de GK que de HP. Pour moi, cette histoire était entièrement basée sur le monde de HP. Les personnages de J Jensen ont évidemment un rôle important, mais ils le jouent dans le monde magique qui est celui de JKR..
LN : Tu penses que je ne suis pas si cruelle ? Je n'en suis pas si sûre. J'espère que tu n'es pas allée à la bibliothèque pour rien, en tous cas. Et ça me fait vraiment plaisir que tu aies aimé Un enfant si particulier. Je ne vais pas écrire une suite pour cette fic, malheureusement. J'y ai beaucoup réfléchi, mais tout se termine trop bien, il n'y pas vraiment d'ouverture pour une suite. Par contre, il y aura sans doute une suite pour Quand tout recommence ( je ne me rappelle pas si tu l'as lue, mais un peu de pub ne nuit pas), dès que j'en aurai fini avec cette fic.
Blackmoon : Contente que tu trouves cette fic bien écrite. Je sais que le résumé est nul, mais c'est vraiment difficile d'en faire un bon. Tu ne vas malheureusement pas pouvoir acheter le livre dont est issu GK. Tes parents vont être soulagés : ils n'auront pas à soigner une Knightophilie en plus de ta Potterphilie. Pour répondre à ta question, j'ignore encore combien de temps je vais faire souffrir Probablement plus très longtemps. Parce que, d'abord, cette fic se rapproche doucement de sa fin. Pis parce que, au point où il en est arrivé, le pauvre sera bientôt bon pour passer le restant de ses jours à Ste Mangouste.
Spyro : Wouah ! Quel punch ! Tu n'envisagerais pas de devenir avocat ? En tous cas, ça fait drôlement plaisir de recevoir une telle diatribe. Mais je trouve quand même que tu vas un peu loin. Il y a de très bonnes fics avec un Harry surpuissant. Cela dépend de comment c'est écrit. Lorsque l'auteur est doué pour les descriptions, cela donne des scènes très spectaculaires et palpitantes. Je pense effectivement que si cette fic n'a que quelques reviews ( et tout est relatif, finalement), c'est parce qu'elle utilise un univers que peu de lecteurs connaissent. Et lire une fanfiction quand on ne connaît pas l'original, je peux concevoir que ce ne soit pas très attrayant. En plus, le résumé est particulièrement nul, ce qui n'arrange rien. Bref, tout ça pour te dire que je ne partage pas ta vision pessimiste des lecteurs de fics : non, ils ne sont pas cons. Mais j'apprécie quand même ( Moi, je radote ?) l'ardeur que tu mets à me défendre. Merci.
Avertissement : j'espère que vous êtes bien installés, je ne me rappelle pas avoir jamais écrit un chapitre aussi long. D'autre part, je sais que beaucoup d'entre vous ont pris Harry en pitié ( Quelle idée !), et souhaiteraient le voir cesser de souffrir, malheureusement ce n'est pas pour aujourd'hui. En fait, certains passages sont plutôt durs pour le lecteur ( je vous laisse imaginer, ou lire, comme vous préférez, ce que ça donne pour Harry). Mais je vais faire un effort dans la suite.
Chapitre 9 : La revanche de Fudge
Lorsque Harry descendit dans la Grande salle, ce matin là, peu d'élèves étaient déjà là, mais il sentit que leurs regards étaient tous fixés sur lui. Il devina que ce qui s'était passé avec Malefoy avait dû faire le tour de l'école. Il alla s'asseoir seul à la table des Griffondors, Ron et Hermione n'étaient pas encore arrivés, et il ne voulait pas subir les interrogations et remarques de ses camarades.
Il se servit un bol de céréales et commença à manger. Au bout de quelques instants, il fut rejoint par ses amis. Ron et Hermione s'assirent en face de lui, le visage joyeux.
« Bien dormi ? demanda Hermione.
- Ca peut aller.
- Tu as meilleure mine qu'hier. J'imagine que tu n'as sauvé personne cette nuit ?
- Pas à ma connaissance.
- Avec Harry, on ne sait jamais, fit Ron d'une voix moqueuse. Il peut sauver les gens sans même s'en rendre compte.
- Très drôle, répondit Harry. Qu'est-ce qu'on a comme cours aujourd'hui ?
- A part botanique cet après-midi, pas grand-chose en commun je crois. » Harry jeta un coup d'?il à son emploi du temps : il avait Etude des Runes ce matin là, puis une période libre.
« Super, marmonna-t-il. Et vous, vous avez quoi ?
- Métamorphose et Défense, répondit Ron. Au fait, vous avez vu le nouveau prof ? Je ne crois pas qu'il ait été présenté à la fête.
- C'est parce qu'il n'y était pas, répliqua Hermione. Il n'est arrivé qu'hier matin, Dumbledore l'a dit mais je suppose que vous n'écoutiez pas, comme d'habitude. D'ailleurs, ce n'est pas un prof mais une prof.
- En tous cas, nous on l'a eue, décréta Fred en venant s'asseoir en face d'eux, rapidement rejoint par Georges. Et c'est pas un cadeau.
- A ce point là ? » Ron semblait soudain anxieux. Elle est comment ?
- Horrible, répondit Georges. Tu vois comment était Maugrey avec son « vigilance constante » ?
- Eh bien c'est bien pire. Bien pire. J'ai cru que je ne vivrai jamais pour voir la fin de la leçon.
- Et c'est une de tes fans, Harry. A chaque fois qu'elle nous infligeait un mauvais sort impossible à contrer, elle affirmait que tu t'en serais tiré sans problèmes dès ta première année.
- Au moins, comme je n'assisterai pas à ses cours elle n'aura jamais l'occasion d'être déçue », remarqua Harry.
Leur conversation fut interrompue par l'arrivée dans la Grande Salle d'une nuée de hiboux. Harry les regarda dans l'espoir d'apercevoir Hedwidge, mais sa chouette n'était pas visible. Par contre, Pig, le petit hibou de Ron, vint voler autour d'eux. Son maître l'attrapa.
« Que dit maman ? demanda Fred .
- Comment sais-tu que c'est elle qui m'écrit ? demanda Ron.
- Facile. Elle a écrit ton nom sur la lettre. Et crois le ou non, je connais l'écriture de ma mère. »
Ron deroula le rouleau de parchemin et commença à lire. « Elle nous rappelle d'être prudents et dit que je ferais mieux de commencer à travailler dès maintenant pour mes BUSEs, et vous pour vos ASPICs. Ah , Harry, par contre, il faut que tu te reposes. Sinon, tout va bien à la maison et... » Il s'interrompit soudain quand Hermione étouffa un cri.
« Que se passe-t-il ? demanda Harry en regardant son amie. Sa gorge se serra quand il vit qu'elle tenait à la main la Gazette du sorcier. « Oh non ! pria-t-il silencieusement. Pourvu qu'il n'y ait pas eu de massacre ! S'il vous plaît, faites que ce ne soit pas ça ! »
Autour d'eux, d'autres élèves avaient eux aussi reçu le journal. Des murmures commencèrent à se répandre dans la Grande salle. Harry mit un certain temps avant de réaliser que, de nouveau, tous les regards étaient fixés sur lui, et que certains n'hésitaient même pas à le montrer du doigt.
« Que se passe-t-il, Hermione ? demanda-t-il. Qu'est-ce qu'ils ont encore été raconter sur moi ? »
Ron parvint à prendre le journal des mains serrées d'Hermione. Il jeta un regard à la première page. Harry tenta de regarder par dessus son épaule, mais Hermione l'en empêcha.
« Laisse-moi regarder, dit Harry. Je sais qu'ils parlent de moi, et franchement, je me moque de ce qu'ils racontent. Ca ne peut pas être pire que cet été. »
Ron avait pâli en voyant le journal. Ses frères, qui s'étaient approchés de lui, semblaient pour une fois sans voix.
« Hermione, insista Harry en voyant les regards meurtriers que lui lançaient deux Poufsouffle en quittant la Grande salle, qu'est-ce qu'ils ont encore inventé ?
- Ils n'ont rien inventé, répondit faiblement la jeune fille. Ils ont... Ils révèlent ton lien avec Voldemort. Le fait que si... si tu meurs, il mourra aussi.
- Quoi ? s'écria Harry. Mais comment ont-ils su ?
- Fudge. Il se venge de l'humiliation que nous lui avons fait subir en révélant que tu étais innocent... Et en même temps, il justifie ses actes. Il affirme qu'il n'a pas souhaité inquiéter les gens avec le retour de Tu- Sais-Qui alors qu'il avait toujours su qu'il existait un moyen de s'en débarrasser. Que quand l'attaque sur ta maison a eu lieu, ça lui a brisé le c?ur de devoir t'arrêter quand il savait que tu n'y étais pour rien, mais qu'il savait ce qu'il avait à faire pour préserver la paix. Il dit même qu'il était prêt à sacrifier sa conscience au profit de la conscience collective des sorciers, et de leur tranquillité d'esprit.
- C'est complètement ridicule, d'ailleurs, dit Ron. Un ministre de la magie qui aurait su tout cela depuis le début, et qui n'aurait rien dit, à mon avis il mériterait largement d'être renvoyé, et même jugé. Non mais franchement, commettre un meurtre par système judiciaire interposé !
- Je suis d'accord avec toi, Ron, mais il y a beaucoup de gens qui ne le seront pas. Qui auraient préféré rester dans l'ignorance et continuer leur petite vie pépère. Et même si certains s'indignent que Fudge ait pu leur cacher tant de choses, il y en aura qui penseront que tous les moyens doivent être utilisés pour se débarrasser de Voldemort.
- Ca m'étonnerait quand même que Fudge parvienne à rester ministre de la magie avec des attaques aussi basses.
- Je ne sais pas. » Hermione reprit le journal. « Quand on lit ça on a vraiment l'impression qu'il a eu raison. Et même si cela ne suffit pas, il aura au moins eu le plaisir de se venger de Dumbledore. Les gens ne vont pas forcément apprécier qu'il leur ait caché ça, ou qu'il ait protégé Harry aussi ardemment en sachant cela.
- Peut-être que nous pourrions donner quelques trucs à papa pour rendre la vie impossible à Fudge, proposa Fred. Je le vois assez bien se balader dans le ministère avec trois têtes.
- Et peut-être que comme ça il atteindrait une intelligence quasi-humaine, renchérit Georges.
- Mais comment a-t-il pu faire une chose pareille ! s'indigna Ron. Est-ce que vous vous rendez compte qu'il encourage presque les gens à tuer Harry, laissant entendre qu'il n'y aurait pas de poursuites du ministère, à cause des circonstances atténuantes ! Et tout est présenté d'une telle façon qu'on a l'impression que la mort de Harry aurait u empêcher celles de Cédric et de Susannah !
- Ron ! s'écria Hermione, avec un regard dans la direction de Harry, qui disait « Crois-tu vraiment qu'il avait besoin de savoir cela ? » Les autres reportèrent alors eux aussi leur attention sur Harry. Ils avaient presque oublié sa présence. Ron rougit. Harry tenta de s'emparer du journal.
« C'est de moi qu'ils parlent. Je suis un grand garçon, Hermione, quoi qu'ils racontent tu n'as aucune raison de me le cacher.
- Il n'y a rien d'autre là dedans, répondit la jeune fille.
- Comme si ce n'était pas déjà assez, approuva Ron. En tous cas, continua-t- il rapidement, Fudge mériterait d'aller à Azkaban pour ce qu'il a fait. »
Hermione et les jumeaux exprimèrent leur accord, mais Harry haussa les épaules.
« Je ne vois pas en quoi révéler cela est un crime, dit-il finalement. Les gens avaient le droit de savoir. C'est ce que dit toujours Dumbledore : ils ont droit à la vérité.
- Mais pas ça ! Et surtout pas présenté comme ça ! Il joue avec leurs peurs !
- Est-ce que nous avions vraiment le droit de rendre public le retour de Voldemort sans dire qu'il était si facile de s'en débarrasser ?
- Harry, tu sais très bien qu'en révélant cela Fudge met ta vie en danger ! Maintenant les gens vont t'en vouloir simplement parce que tu es encore en vie ! explosa Ron. Il ne réalisa que trop tard que ce n'était pas la chose à dire.
- Et peut-être auront-ils raison, répondit Harry. Je préfère qu'ils sachent, au moins je n'ai plus l'impression de les tromper. Quoi qu'il en soit, vous feriez mieux d'aller en cours, Mac Gonagall n'aime pas vraiment les retardataires.
- Le professeur Lingale non plus, répondit Hermione en se levant. Tu es sûr que ça va aller, Harry ?
- Bien sûr. » une soudaine pensée le frappa. « Eh, Hermione, appela-t-il. Attends une seconde. Pourquoi ont-ils mis le cours de Rune en même temps que celui de métamorphose ? Je suis le seul à pouvoir y aller, et je croyais que tu suivais cette option, toi aussi.
- C'est le cours des quatrièmes années, je pensais que le professeur Mac Gonagall t'avait prévenu. Tu suis les cours des deux niveaux. après tout tu as deux années de retard sur nous, et les BUSES sont à la fin de l'année. »
Harry soupira. Il s'était effectivement demandé comment on attendait de lui qu'il suive des cours dans des matières où il avait deux ans de retard sur les autres, mais il trouvait tout de même qu'on aurait pu lui en parler plus tôt. Mac Gonagall avait averti Hermione, qui était préfète, mais apparemment lui avait été oublié. Il avait de plus en plus l'impression de retomber en enfance, et cela ne lui plaisait vraiment pas. Il sourit cependant à ses amis et leur souhaita une bonne matinée, avant de prendre le chemin de la salle de Runes. Ron et Hermione avaient proposé de l'accompagner, mais il avait refusé. Il n'avait pas besoin de gardes du corps. Cependant, au cours de son chemin solitaire, il se prit à déplorer l'absence de ses amis. Partout où il passait, des murmures l'accompagnaient. Il gardait les yeux baissés pour éviter les regards curieux, et souvent hostiles, qui le suivaient. Lorsque, finalement, il atteignit la salle de cours, il s'aperçut que la plupart des élèves étaient déjà là, ainsi que le professeur. Ms Linguale était une petite sorcière boulotte avec de courtes boucles noires striées de blanc volant autour de sa figure ronde. Elle lui sourit quand il entra.
« Ah ! Mr Potter, on m'a prévenue de votre situation. j'espère que vous n'aurez pas trop de mal à suivre. Asseyez-vous je vous prie. » Harry se dirigea vers le côté de la pièce pour s'asseoir à une table libre.
« Je peux me mettre là ? demanda une voix timide quelques instants plus tard. Il releva la tête. Ginny, la jeune soeur de Ron, se tenait devant lui. Il poussa ses affaires pour lui faire de la place et elle s'assit.
« je suis content de voir une tête connue, dit Harry. Je commençais à me demander s'il y avait des Griffondor dans cette classe. »
Ginny rougit. « Bien sûr, dit-elle, en désignant l'autre bout de la pièce. Harry reconnut en effet des visages qu'il croisait habituellement dans la salle commune. Il réalisa alors qu'à part Ginny et Colin Crivey il connaissait très mal les quatrième années. En fait, il ne savait pas grand- chose non plus de la soeur de Ron.
« Merci d'avoir laissé tes amis pour venir me tenir compagnie, dit-il, sincèrement.
- Je me doutait que tu serais un peu seul sans Ron et Hermione, répondit Ginny avec un petit sourire. Surtout après ce qui était dans le journal ce matin ! C'est vraiment n'importe quoi ce qu'ils racontent là dedans.
- C'est vrai, tu sais ?
- Ton lien avec Voldemort ? Peut-être. Je ne vois pas ce que ça change, d'ailleurs. Mais pas le reste. J'ai entendu Papa parler de Fudge, cet été. Je sais très bien qu'il ne croyait pas au retour de Tu-Sais-Qui. Et c'est ridicule qu'ils puissent t'utiliser comme ça pour se débarrasser de lui. Quand je pense qu'il y a des idiots qui s'imaginent qu'il a raison !
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Harry. Mais à ce moment, le professeur prit la parole et ils se turent. Harry ne retint pas grand-chose de la leçon. Il sentait les regards de certains étudiants sur lui, et il repensait à ce que Ginny lui avait dit. Quand la cloche sonna, il fut un des derniers à ranger ses affaires et à sortir de la pièce, la jeune fille à côté de lui.
« Où vas-tu, maintenant ? lui demanda-t-il.
- Histoire de la magie, soupira Ginny. Bonne sieste en perspective. Et toi ?
- Sieste aussi, probablement, mais dans ma chambre. Je suis dispensé de défense. A plus. » Ils partirent chacun dans une direction. Au bout d'une dizaine de mètres, Harry fut arrêté par un groupe d'élèves.
« Potter, dit l'un d'eux, dont l'insigne était celui de Serdaigle. Comment oses-tu arpenter ainsi les couloirs quand nous sommes tous au courant de qui tu es vraiment ?
- Oui, renchérit un autre. Tous, nous comptions sur toi, mais toi tu préfères vivre ta petite vie de presque moldu plutôt que de nous aider à vaincre Tu-Sais-Qui ! Est-ce que Dumbledore et toi vous-êtes mis d'accord pour le protéger, ou est-ce que tu es simplement trop lâche pour prendre tes responsabilités ? »
Harry ne répondit pas et accéléra en direction de sa chambre, espérant que les autres cesseraient de le suivre. Mais ce n'était apparemment pas leur intention. Une fille vint se planter devant lui, lui barrant le chemin, et brandissant le journal, comme une furie.
« Voldemort est plus proche de toi qu'un frère, Potter ! Tu caches bien ton jeu, hein ?
- Mais je n'ai pas. Laissez-moi passer ! » protesta faiblement Harry. Il ne pouvait pas supporter d'entendre ces accusations. Au fond de lui, il était encore persuadé qu'ils avaient raison et qu'il aurait dû faire ce qu'il fallait pour éliminer Voldemort. Même si ce n'était pas sûr que ça marche. « Non, pensa-t-il alors que le garçon de Serdaigle l'accusait de protéger le Seigneur des Ténèbres. Il ne faut pas que je pense comme cela. Sirius a raison, Dumbledore a raison. J'ai le droit de vivre. » Il s'efforça de continuer à avancer comme s'il n'entendait pas les railleries et les accusations qui l'entouraient. Il aurait donné n'importe quoi, en cet instant, pour avoir Ron et Hermione à ses côtés. Ou n'importe quelle présence amicale. Il arriva finalement dans sa chambre et se laissa tomber sur le lit. Mais, contrairement à ce qu'il avait dit à Ginny, il ne dormit pas. Il en était incapable, après ce qu'il venait d'entendre. Après avoir passé une demi-heure à ressasser de sombres pensées, il se secoua et ouvrit son sac. Il sortit son livre de Potions, et un rouleau de parchemin, et commença à rédiger le devoir qu'on leur avait donné pour la semaine suivante. Lorsqu'il eut fini, il sortit son livre de Runes et commença à apprendre les signes étranges qui composaient ce langage. Il déployait une intense concentration, alors qu'il travaillait, pour bloquer ses pensées, bloquer tout ce qui n'était pas purement le travail scolaire. Et cela marcha bien mieux qu'il ne s'y attendait. Lorsqu'il regarda l'heure, en rangeant son livre de Runes, il constata avec stupeur qu'il avait cinq minutes de retard pour le déjeuner. Ron et Hermione devaient déjà commencer à s'inquiéter de ne pas le voir. Sautant à bas du lit, il remplit son sac avec les livres dont il aurait besoin l'après-midi et sortit de sa chambre. Il avait à peine fait quelques pas quand quelqu'un l'attrapa par le bras, le tenant sans ménagement. Harry tenta violemment de se dégager, mais se figea net quand il vit le visage de la personne qui l'avait accosté. Cho. Cho dont le visage ruisselait de larmes, mais dont les yeux exprimaient une profonde haine.
« Cédric avait fini par te faire confiance, cracha-t-elle avant qu'il ait eu le temps de lui demander ce qui n'allait pas. Tu-Sais-Qui l'a tué pour pouvoir t'avoir, toi, et pour pouvoir renaître. Tu devais à Cédric de tout faire pour l'éliminer, Harry !
- Je suis désolé pour Cédric, murmura Harry. Mais je n'aurais pas pu le sauver. le lien n'existait pas encore quand.
- Maintenant le lien existe. Je ne laisserai personne vivre ce que j'ai vécu quand Cédric est mort ! Toutes les nuits je rêve de lui !
- Du calme, Cho, dit doucement un garçon derrière elle. Il se tourna vers Harry. « Non Loquoris, lança-t-il, avant de se mettre à parler. Cédric était mon cousin, dit-il. Nous avons pratiquement grandi ensemble, et tu n'imagines pas ce que j'ai ressenti quand il est mort. Je ne permettrai pas que d'autres gens aient à subir la même chose à cause de toi. Il prit l'autre bras de Harry et l'entraîna. Complètement abasourdi, le garçon aux cheveux noirs ne pouvait pas résister à ces deux personnes déterminées à l'emmener.
- Je ne sais pas à quoi pensait Dumbledore, reprit le cousin de Cédric. Il est complètement fou. Mon père travaille au ministère, il m'a écrit également ce matin pour m'expliquer la situation. Potter, tu n'as pas de petite amie, ta seule famille te déteste. moi, entre toi et peut-être des dizaines d'innocents à qui tiennent d'autres dizaines d'innocents, le choix est vite fait. Et franchement, on aurait pu penser que toi aussi tu aboutirais à ce résultat.
- Thierry, souffla Cho, je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Laissons le partir. Nous allons avoir de gros ennuis.
- Non. Tu n'es pas obligée de venir, mais quelqu'un doit le faire. Et puisque personne d'autre ne semble réaliser à quel point c'est urgent, je vais le faire. Je me moque d'être exclu de Poudlard ou même d'aller à Azkaban, Cho. Nous ne pouvons pas laisser Tu-Sais-Qui continuer ses massacres. »
Harry réalisa soudain ce que le garçon avait l'intention de faire. Il s'arrêta, pris d'effroi. Il ne pouvait pas le laisser faire. Il avait promis. Pourtant, les larmes de Cho. Il les comprenait. Ils ne pouvaient pas laisser quelqu'un d'autre être tué comme Cédric. Au fond, il était parfaitement d'accord avec eux. Mais ils avaient tort en disant qu'il n'avait pas de famille. S'ils parvenaient à le tuer, comme ça, sans l'avertir, cela ruinerait la vie de Sirius. Il ouvrit la bouche pour crier, mais aucun son n'en sortit. Il se rappela alors le sort que lui avait lancé le garçon. Oui, ça ressemblait bien à un sort de silence. Cho, hésitante, l'avait lâché, et Harry se débattit de toutes ses forces pour échapper à la prise de l'autre garçon. Mais celui-ci était bien plus fort que lui, et il n'eut aucun mal à le maîtriser en le saisissant par les deux poignets.
« Calme, Potter, lança-t-il. Crois-moi, je n'ai aucune envie de faire ce que je suis en train de faire. Je ne suis pas comme Tu-Sais-Qui. Mais il n'y a pas d'autre solution. Et franchement, si tu n'étais pas aussi égoïste, tu le verrais aussi, Potter.. » Il poussa Harry à travers une porte ouverte, dans un réduit peu utilisé.
« Cho, tu peux venir ou non, mais c'est maintenant. Je crois que tu ferais mieux de retourner à la salle commune. » Le visage de la jeune fille était toujours baigné de larmes, et elle semblait prête à s'effondrer. Pourtant, elle pénétra dans le réduit. Le cousin de Cédric continuait à tenir fermement Harry, et celui-ci à se débattre. Mais celui qui le tenait parvint à sortir sa baguette.
« Locomotor mortis ! » Lança-t-il, et Harry tomba sur le sol, incapable de bouger. L'autre garçon se frotta les mains, satisfait, et lança son pied dans les côtes de Harry.
« Arrête, Thierry ! s'écria Cho en venant se planter devant Harry qui tentait, la poitrine douloureuse, de retrouver sa respiration. Ce n'est pas ce qu'on avait dit. Tu n'as aucune raison de le torturer.
- Cédric est mort à cause de lui, tu te souviens ? » De nouveau, son pieds se connecta douloureusement avec la poitrine de Harry.
« Non. Ce n'est pas une vengeance, Thierry. Et s'il y avait une autre solution, nous ne ferions pas cela.
- Très bien, si tu es si maligne, Cho, vas-y, je vais te regarder. » La jeune fille blêmit. Elle prit un flacon dans la poche de sa robe, et faillit le laisser tomber tant sa main tremblait. Harry faisait de son mieux pour se libérer, mais c'était comme si ses jambes et ses bras étaient collés. Il aurait voulu parler à Cho, lui dire que ce n'était pas la bonne solution, lui dire aussi que si elle faisait ce que lui demandait Thierry elle porterait sur sa conscience le poids de sa mort pour le restant de ses jours. Et lui savait à quel point c'était dur. Mais il ne pouvait toujours pas parler. Cho s'approcha de lui, le flacon à la main, mais ne put aller bout et tomba à genoux.
« Ce n'est pas un travail de filles, Cho. Je t'avais dit de remonter à la salle commune. Mais puisque tu es là, essaie au moins de ne pas me déranger. » Il s'approcha d'elle et lui prit le flacon des mains, puis revint vers Harry.
« J'espère que tu es prêt, Potter. Ouvre la bouche. » il approcha la fiole des lèvres de Harry, qui se débattait autant que le sort le lui permettait, et gardait les lèvres serrées et la tête tournée.
« Thierry ! arrête ! Je me suis trompée, ça m'a fait un choc de voir cet article !
- c'est trop tard maintenant, Cho. Tu aurais dû réfléchir avant d'aller voler ceci dans l'armoire du professeur Rogue.
- Mais c'est un meurtre que nous sommes en train de commettre, Thierry !
- Bien sûr. Et c'est des dizaines de meurtres que nous évitons. Mes deux parents sont Aurors. Maintenant si tu as peur, retourne dans la salle commune, ou va déjeuner.
- Non. Si tu bouges, je hurle. Et comme le poison n'est pas immédiat, tu auras quand même fait cela en vain.
- je ne m'arrêterai pas maintenant, Cho, je n'ai pas du tout envie que Potter aille raconter partout ce que nous avions l'intention de faire. Si je dois être exclu, autant que Cédric soit vengé. Désolé, je t'avais dit de ne pas rester. Petrificus totalus ! lança-t-il en direction de l'attrapeuse des Serdaigles, qui tomba à terre. Puis il revint vers Harry.
« Maintenant, Potter, avale et finissons-en, avant que le déjeuner ne soit terminé. Il le regardait dans les yeux, semblant se réjouir des efforts désespérés de Harry. Celui-ci comprit, à son regard fixe, à son expression de jouissance, qu'il avait affaire à un fou. Non que cela l'avance beaucoup, d'ailleurs. Finalement, un nouveau coup de pied dans les côtes lui fit desserrer sa mâchoire crispée. Le cousin de Cédric en profita pour lui verser le contenu de la fiole dans la gorge.
« Ca risque d'être un peu long, dit-il, d'une voix où perçait maintenant un plaisir non dissimulé. L'élève que Rogue empoisonne est censé avoir le temps de reconnaître le poison avant choisir l'antidote. »
La porte s'ouvrit soudain avec violence. Ron et Hermione sur le seuil, se figèrent un instant, contemplant la scène qui s'offrait à leurs yeux : sur le sol, apparemment immobilisés, gisaient Harry et cho, et debout près de leur ami se tenait un garçon, probablement un septième année, baguette levée. Ils réagirent presque instantanément : tirant de leurs poches leurs propres baguettes, ils crièrent « stupéfix ! ». Le cousin de Cédric s'effondra. Ron précipita vers Harry, pendant que Hermione se dirigeait vers Cho.
« Finite incantatem ! lançèrent presque au même moment les deux adolescents. » Harry sentit ses bras et ses jambes se décoller, il pouvait de nouveau bouger librement.
« Harry, ça va ? Tu n'as rien ?
Harry commençait à ressentir les premiers effets de la potion qu'on lui avait fait avaler. Malgré la chaleur qui régnait dans le réduit, un froid intense l'envahissait. Mais il n'eut pas le temps de répondre, à peine libérée, Cho avait sauté sur ses jambes.
« Il l'a empoisonné, s'écria-t-elle.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama Ron.
- Thierry a empoisonné Harry ! Je ne voulais pas ! » La jeune fille semblait presque hystérique. On pensait qu'en le tuant on tuerait aussi Vous-Savez-Qui, et j'ai volé un poison dans l'armoire de Rogue en cours de Potions ce matin ! Oh, mon Dieu, faites qu'il ne meure pas !
- Vous avez empoisonné Harry ? » le visage de Ron virait au violet. « Sales ordures, assassins ! Je vais.
« Ron ! s'exclama Hermione. Ce n'est pas le moment. Il faut l'amener à Mme Pomfresh, tout de suite ! Harry, tu peux te lever ? » Mais les tremblements qui agitaient Harry l'empêchaient de bouger librement. Jamais il n'avait eu aussi froid. « Tiens bon, Harry, ça va aller ». Ron passa un bras sous les épaules de son ami, et parvint à soulever l'adolescent particulièrement léger. Harry sentait sa vision se brouiller, il avait l'impression que ses yeux gelaient dans leurs orbites. Il ne tremblait presque plus, ses membres étaient comme figés.
- Que se passe-t-il ici ? » C'était la voix du professeur Mac Gonagall. Il ne lui fallut qu'une seconde pour comprendre.
« Oh, Merlin ! s'écria-t-elle. Chang, allez immédiatement prévenir le professeur Rogue au réfectoire. Weasley, mettez-le ici. » Harry sentit Ron le déposer sur un brancard.
« Potter ! Restez avec nous, Potter, ce n'est pas le moment de dormir ! »
Harry força ses yeux à se rouvrir encore une fois. Ron était le professeur Mac Gonagall avançaient à côté de lui. « Ne te laisse pas aller, Harry, je sais que tu le peux, dit Ron. Tu as déjà affronté bien plus dur que ça.
- Pense à Sniffle, ajouta Hermione en épongeant son front ruisselant de sueur. Pense à nous, tu ne peux pas nous abandonner.
Comme dans un brouillard, Harry voyait défiler les couloirs de Poudlard. Il n'arrivait plus à respirer, seuls des spasmes amenaient encore de l'air dans ses poumons. « Potter, réveillez-vous ! » Pourquoi Mac Gonagall devait- elle toujours être aussi autoritaire ? Il ne pouvait pas obéir. Il avait si froid ! Et, doucement, malgré les mains qui le secouaient, Harry se laissa glisser dans l'inconscience, sans remarquer qu'autour de lui, une intense activité se déployait.
Le petit groupe atteignit l'infirmerie exactement au même instant que Rogue. Pomfresh se précipita en voyant l'état du patient qu'on lui amenait, mais Rogue l'écarta. Il tira une fiole de sa poche et en versa le contenu dans la bouche de son élève inconscient.
« J'espère qu'il n'est pas trop tard, dit-il. Ils ont vraiment fait l'un des pires choix possibles. Le Glace-sang est un des poisons les plus fulgurants que j'utilise dans mes tests d'antidotes. Heureusement que j'avais remarqué la disparition de cette fiole et que je transportais l'antidote au cas où. Ce que je n'ai pas bien compris c'est comment mon poison a fini par être ingurgité par Potter.
- Certainement pas parce qu'il l'avait volé », répondit sèchement Mac Gonagall. L'arrivée du directeur, accompagné de Cho, interrompit la discussion. Une profonde ride d'anxiété barrait le front du vieil homme. Il s'approcha du brancard sur lequel Harry se trouvait toujours, mais ne dit rien. Puis il se tourna vers son adjointe.
« Minerva, allez chercher Mr Nicklaus que vous avez dû oublier dans un petit réduit, amenez-le dans mon bureau et ranimez le. Miss Chang, vous allez avec. Je vous rejoins. »
Mac Gonagall hocha la tête, et entraîna Cho vers la sortie. La jeune fille semblait vidée de toute émotion, et suivit son professeur comme un automate. Dumbledore échangea quelques mots à voix basse avec Rogue, puis se tourna vers Ron et Hermione.
« Mr Weasley, Miss Granger, que s'est-il passé ?
Hermione prit la parole pour répondre. « Nous n'avons pas vu Harry dans la Grande Salle quand nous sommes allés manger. On avait vu ce matin l'article de la gazette, et les réactions des gens.
- Et Ginny est venue nous dire que des gens s'en étaient pris à lui, ajouta Ron, une lueur féroce dans le regard.
- Et après ce qui s'est passé cet été, poursuivit Hermione, on a eu peur que ce soit trop pour lui, et qu'il fasse. des bêtises. Alors on est montés à sa chambre le chercher. Lui et Cho étaient tous deux immobiles sur le plancher quand nous sommes arrivés.
- Merci. Vous confirmez ce que Miss Chang m'a dit.
- Vous allez les exclure ?
- Eh bien, la question est à discuter avec leurs directeurs de maison, bien sûr, mais je crois que je vais être indulgent avec Miss Chang. Elle ne s'est jamais vraiment remise de la mort de Cédric Diggory, et a un besoin désespéré de trouver quelqu'un à blâmer. De plus, elle n'aurait jamais été jusqu'à tuer et a tenté de sauver Harry quand elle s'est rendue compte de ce que signifiait réellement leurs actes. Le cas de Mr Nicklaus est plus inquiétant.
- Il mérite d'aller à Azkaban, s'écria Ron
- Méfiez-vous des jugements hâtifs, Mr Weasley. Tout ce que l'on m'a dit porte à croire que son cas relève plus de Ste Mangouste que d'Azkaban. » Le vieil homme soupira lourdement. « Nous aurions dû voir cela bien plus tôt. vous êtes dispensés de vos cours de l'après-midi, si vous voulez rester avec Harry. Je crains que dans tous les cas vous n'en ayez déjà manqué une bonne partie. J'ai contacté Sirius il ne devrait pas tarder.
- Harry va s'en sortir, n'est-ce pas ? demanda fit Hermione d'une petite voix.
- Le professeur Rogue était optimiste, il pense avoir administré l'antidote à temps. » Les deux adolescents laissèrent échapper un soupir de soulagement. « Cependant, reprit le directeur d'une vois plus grave, je suis extrêmement inquiet. Après l'article de ce matin, il ne fait aucun doute que de nombreux élèves souhaitent imiter Mr Nicklaus. Les parents de beaucoup suivent encore le ministère, et même dans ceux qui me sont fidèles, beaucoup ne comprendront pas.
- Nous protégerons Harry, dit Ron. Il faut qu'il revienne à la tour de Griffondor.
- Je ne doute pas de vos intentions, Mr Weasley, mais même la tour des Griffondor n'est plus sûre pour lui. Je crains que Harry ne puisse plus rester à Poudlard.
- Mais il y a à peine quelques jours, vous disiez qu'il ne pouvait pas partir ! Que c'était le seul endroit sûr ! Vous-Savez-Qui est toujours après lui !
- Je sais ce que je disais, Miss Granger, mais les circonstances ont changé.
- Mais où va-t-il aller ? Vous ne pouvez pas le renvoyer chez les Dursley !
- Mes parents seraient ravis de le prendre au Terrier, dit Ron. Et ils sont parfaitement capables de le protéger.
- Non. Vos parents n'offrent pas une protection suffisante, Mr Weasley, de plus ce serait leur faire prendre un risque trop grand, surtout si on considère qu'ils ont encore quatre enfants ici à Poudlard. Et même si les Dursley acceptaient de le reprendre, les protections qui entouraient leur maison ont été brisées. J'ai quelques personnes à contacter pour trouver le lieu adéquat. Je crois que c'est mieux que je ne vous en dise pas plus. Le secret est également un gage de sécurité pour Harry. Je dois retourner dans mon bureau, à présent. Vous serez assez aimables pour m'envoyer Sirius quand il arrivera. »
Le professeur Rogue rejoignit le directeur au moment où celui-ci faisait demi-tour.
« Potter a eu de la chance, dit-il. C'était limite, mais il s'en sortira. Il devrait se réveiller d'ici quelques heures. Les poisons que j'utilise n'ont heureusement pas d'effets durables, et il devrait être parfaitement bien demain.
- Parfait. Merci, Severus. J'ai un travail pour vous, si vous voulez bien. »
Les deux hommes sortirent de la pièce. Ron et Hermione vinrent s'asseoir au chevet de Harry, auprès duquel Mme Pomfresh s'affairait.
« Je me demande ce que Dumbledore peut bien vouloir demander à Rogue, fit Ron. J'espère que Harry ne va pas aller vivre dans sa famille, ou chez un de ses amis. J'ose à peine imaginer à quoi ressemblent les amis de Rogue.
- Du moment qu'il ne risque plus rien. Mais je ne crois pas que Rogue ait beaucoup d'amis en dehors de Dumbledore lui-même. »
A des kilomètres de là, à Rittersberg, la tension nerveuse était presque palpable. Pourtant, il ne s'était rien passé d'anormal ce matin là. Gabriel était parvenu à convaincre Grace qu'il n'avait pas revu Rita Skeeter depuis l'article. Et malgré de nombreuses remarques ironiques sur son inaptitude à rester un mois célibataire, et les belles allemandes qu'il avait dû séduire pendant ce temps, la jeune femme n'avait pu empêcher un sentiment qu'elle s'était efforcée d'enfouir depuis plus d'un an de remonter à la surface. Comme lorsqu'elle l'avait vu le mois précédent. Sa manière de la regarder avait changé depuis leurs aventures en France. Elle n'aurait pas su dire comment, mais elle le sentait ses yeux sur elle comme jamais auparavant. Comme si, après qu'elle l'ait ainsi abandonné, il avait enfin réalisé qu'elle était autre chose qu'un élément du décor, comme la prenait enfin en considération. peut-être avait-il même réalisé ses sentiments pour elle.En tous cas, quand il lui avait dit n'avoir pas revu Rita, elle l'avait cru. Il ne s'était rien passé entre eux. Elle le savait toujours quand une femme séduisait Gabriel.
Ce n'étaient donc pas les relations entre ses occupants, qui, pour une fois, étaient au beau fixe, qui avaient fait monter la tension sur les habitants du château. Non, ce qui pesait sur les nerfs de Gabriel, de Grace, et de Gerde, bien que cette dernière soit moins fortement impliquée, c'était ce qu'impliquait la conversation qu'ils avaient eue la veille, à l'arrivée de Grace. Ils étaient persuadés que quelque chose allait arriver, en rapport avec le monde de la sorcellerie. Ils ne savaient pas quoi, ni quand, mais ils avaient cette conviction profonde. Et l'attente leur pesait. De plus, Gabriel s'était réveillé ce matin là avec un sentiment d'urgence. Une impression encore plus étrange, encore plus infondée, mais toute aussi persistante, que les événements allaient se précipiter de manière imminente.
C'est pourquoi, alors qu'ils étaient assis dans le salon, Grace consultant ses e-mails et Gabriel parcourant un journal, aucun d'eux n'avaient la tête à ce qu'ils faisaient. Et quand la boule de verre que Dumbledore avait laissée à Gabriel pour établir un contact en cas d'urgence se mit à vibrer, à siffler, avant de s'allumer et de grossir, ils ressentirent un intense soulagement de savoir qu'une plus longue attente leur serait épargnée, et qu'ils allaient avoir des nouvelles fraîches de ce qui se passait. En même temps, leur angoisse augmenta, parce qu'ils avaient la preuve que leurs craintes étaient fondées : si Poudlard cherchait à joindre Gabriel, ce n'était probablement pas pour annoncer de bonnes nouvelles. Le visage du professeur Rogue se dessina dans la boule.
« Bonjour Mr Knight, Miss Nakimura. Le directeur m'envoie pour effectuer quelques vérifications au sujet de votre château. Il se pourrait que nous ayons besoin de vous prochainement.
- Pourquoi ? demanda Gabriel.
- Ce n'est pas à moi de vous le dire. Je suis juste là pour faire les tests.
- Quels tests ?
Le professeur Rogue poussa un soupir exaspéré. « Nous cherchons quelles sont les protections qui entourent votre demeure.
- Des protections ? Il n'y a rien autour du château. On y entre comme dans un moulin.
- Vraiment ? Il y a beaucoup de choses que vous ignorez sur votre château, c'en est inquiétant. Sachez que j'ai trouvé jusqu'ici de très puissantes barrières anti-apparition, et anti-portoloins. Il semblerait que seuls des moyens moldus permettent d'arriver jusque chez vous. J'ai réussi à apparaître dans le village voisin, et je serai chez vous dans quelques instants. J'aimerais que vous fermiez complètement l'accès au château.
- pourquoi ?
- vous êtes stupide ou vous faites semblant ? Je teste la sécurité autour de chez vous, vous fermez tout et je vois si je peux rentrer. C'est évident, non ?
- J'avais compris ce morceau là, merci. Je crois que c'est vous qui ne saisissez pas très bien la situation. Vous me contactez en me disant que vous pourriez avoir besoin de mon aide, mais qu'auparavant vous devez effectuer des tests sur ma demeure que, par ailleurs, vous avez déjà commencé sans mon autorisation. Et vous m'ordonnez de sortir tout fermer pour que vous puissiez poursuivre vos tests. Et bien entendu sans me donner aucune explication. Je vous signale, Mr Rogue, que je ne vous dois rien. C'est bien beau que vous ayez besoin de mon aide, mais vous pourriez me demander si je suis prêt à vous l'apporter. Et vous pourriez me le demander poliment, je ne suis pas un chien. »
Rogue eut un petit sourire ironique. « Et si je ne savais pas moi-même pourquoi j'effectue ces vérifications, et ce que Dumbledore veut vous demander ? suggéra-t-il d'une voix huileuse.
- Vous le savez parfaitement, répliqua Gabriel.
- personne ne me l'a dit. Je n'ai que des hypothèses. Et même si j'ai deviné juste, ce qui me semble fort probable, je garderai pour moi mes hypothèses. »
Gabriel voulut lancer une réplique cinglante, mais Grace intervint. « Laisse tomber, Gabriel, dit-elle. Nous finirons bien par savoir. Professeur, vous pouvez venir faire vos vérifications.
- Merci, Miss. N'oubliez pas de vous barricader. »
Sur ce, le visage du sorcier disparut du globe. Grace se leva. « Gabriel, les portes !
- Pourquoi as-tu accepté si facilement de faire ce qu'il demandait ? Franchement, il aurait au moins pu se montrer poli.
- Oh ! mets un peu ton orgueil de côté ! Tu sais très bien que tu veux les aider. Et, question savoir-vivre, Rogue est peut-être pire que toi, et encore je n'en suis pas sûre, mais il ne serait sûrement pas venu sans une bonne raison. Et Dumbledore ne l'aurait sûrement pas envoyé sans raison non plus. Je crois de plus que s'il a envoyé un professeur au lieu de venir lui-même, c'est qu'il se passe quelque chose de grave ailleurs, et qu'il est retenu. Bref, cesse de faire le gamin.
- Ok ! Je vais le faire, je n'ai jamais dit que je voulais m'opposer à eux, mais il auraient quand même pu nous fournir des explications. »
Il se dirigea de mauvaise grâce vers l'arrière du bâtiment, et sortit dans le parc fermer la grille, pendant que Grace faisait la même chose à l'avant. Quel était l'intérêt, il l'ignorait : les murs entourant la propriété n'avaient qu'une valeur symbolique, et mesuraient à peine un mètre de haut. Puis, il revint dans le château dont il cadenassa toutes les portes à double tour, et ferma tous les volets, avec l'aide de Grace et de Gerde. Ils se réinstallèrent ensuite au salon, pour attendre d'être recontactés par les sorciers.
Deux heures passèrent, deux interminables heures, avant que finalement le globe de verre ne se remette à vibrer. Lorsque le visage du professeur Dumbledore apparut, les trois occupants du château étaient déjà regroupés autour de lui.
« bonjour à vous trois, dit le vieux sorcier en souriant à demi.
- Professeur, que se passe-t-il ? demanda Gabriel. Votre envoyé nous a dit que vous aviez peut-être besoin de nous, mais il a refusé d'en dire plus.
- Ah, Severus ! les yeux du professeur Dumbledore pétillèrent un instant, mais reprirent rapidement leur sévérité. Il ne changera jamais. Il ne vous a rien dit de ce qui se passe ici ?
- Non, répondit Grace. Est-ce Voldemort ?
- non, heureusement. Quoi que je m'attende toujours à ce que lui aussi agisse. Non, il s'agit de Fudge. Cet imbécile savait qu'il était sur le point de perdre sa place, et il décidé de tenter une dernière attaque. Ou peut-être simplement de se venger. Probablement sous l'influence de Parrish. Bref, le journal de ce matin publiait en première page le lien existant entre Harry et Voldemort. Avec toute une théorie s'y rattachant comme quoi, du point de vue des liens du sang, ils seraient plus proches que deux frères, et que Harry, non content de promouvoir la survie de Voldemort en restant en vie, aurait les mêmes idées de domination et de pouvoir que lui.
- C'est absurde, et horrible pour ce pauvre garçon, dit Gabriel, mais je ne vois pas très bien ce que nous pouvons y faire.
- Ce matin, un élève a tenté de tuer Harry. Il y est presque parvenu, à quelques secondes près nous arrivions trop tard. Et je sais que de nombreux sorciers, que personne ne qualifierait de mages noirs en temps normal, sont prêts à faire la même chose.
- mais c'est impossible ! s'écria Grace.
- malheureusement, c'est parfaitement possible, et c'est la vérité. Je crains que vous ne compreniez pas très bien ce que Lord Voldemort représente pour la plupart des sorciers. Ils n'osent même pas prononcer son nom. Il est l'horreur absolue, une terreur telle que vous ne pouvez que l'imaginer. Et si il existe une possibilité de s'en débarrasser sans avoir à l'affronter directement, même si cela signifie la mort d'un garçon de quinze ans, ils n'hésiteront pas.
- C'est horrible !
- C'est ainsi.
- je ne vois toujours pas où nous intervenons, remarqua Gabriel. Attendez- vous de nous que nous protégions Harry contre tous les sorciers du pays ?
- C'est à peu près ça, répondit Dumbledore avec un petit sourire. Malgré tous ses efforts, le professeur Rogue n'est pas parvenu à entrer chez vous. En fait, il n'a même pas réussi à passer la grille d'entrée. les protections qui ont été placées autour de ce château, probablement par Griffondor en personne, sont impressionnantes. Harry ne peut plus rester à Poudlard, et il est hors de question qu'il retourne à Poudlard.
- vous voudriez qu'il vienne ici, conclut Gabriel.
- Cela me soulagerait d'un poids, en effet. De plus, je crois que ni les Mangemorts, ni qui que ce soit d'autre, n'irait le traquer aussi loin de Poudlard.
- Bien sûr, répondit Gabriel, Harry peut venir ici. Mais ça risque de ne pas arranger ses affaires quand vos amis découvriront qu'il a fui.
- Contrairement à ce qu'ils pensent, Harry doit rester en vie à tout prix. Même si sa mort engendrait à coup sûr celle de Voldemort, tout doit être fait pour le protéger. Et pas seulement parce que, humainement, nous ne pouvons pas laisser tuer un garçon de quinze ans. Ni parce que Harry est quelqu'un d'exceptionnel.
- Parce qu'il est le descendant de Griffondor ? » Si Gabriel espérait prendre le vieux sorcier par surprise, il fut déçu.
- En effet. Harry est le dernier descendant de Godric Griffondor encore en vie parmi les sorciers. Il était le seul descendant de Griffondor doté de pouvoirs magiques, jusqu'à ce qu'ils lui soient enlevés. Et c'est aussi pour cela que je me tourne vers vous. Je suis persuadé que la guerre à laquelle fait allusion la prophétie de Griffondor est celle qui nous oppose actuellement à Voldemort.
- Le médaillon serait censé aider Harry à la gagner ? mais comment Harry pourrait-il avoir un rôle dans cette guerre s'il ne retrouve pas ses pouvoirs ?
- Harry a encore un rôle à jouer. Lequel exactement, je ne peux pas vous le dire, mais c'est probablement lui qui fera pencher la balance, si nous devons gagner. Il peut n'apparaître que comme un adolescent petit et maigre, plutôt maladif en ce moment, mais il possède une grande force en lui, et qui n'a rien à voir avec de quelconques pouvoirs magiques. Tout le monde à Poudlard a pu le constater ces dernières années.
- J'espère que vous vous trompez, dit doucement Grace. L'avenir du monde ne peut pas reposer sur les épaules d'un garçon de quinze ans. Harry semblait brisé quand nous l'avons vu, croyez-vous vraiment qu'il soit capable de supporter la pression ?
- Il ignore ce que je viens de vous dire. En ce moment, il peut paraître affaibli, presque brisé en effet. Mais ce n'est qu'une apparence. Cette force en lui, ce courage qui lui a permis d'accomplir tant de choses à un âge aussi jeune, reste intact, j'en suis persuadé. » Les autres ne répondirent pas. Mais l'image de Harry, leur demandant de s'en aller, de le laisser tranquille pour ne pas les mettre en danger, quand il était si faible qu'il ne tenait pas debout, ou, pour Gabriel, la vision de cette détermination dans les yeux de l'adolescent qui se laissait tomber du neuvième étage.
- La volonté ne remplace cependant pas les pouvoirs, dit-il. Que pourrait Harry face à Voldemort ?
- Ce qu'il fera exactement, seul l'avenir le dira. Mais il sera amené à lui faire face. C'est son destin, bien qu'il l'ignore encore. Il avait onze quand il a affronté pour la première fois Voldemort, si on exclu ce qui est arrivé quand il était un bébé. Il était en première année, et ne maîtrisait pas ses pouvoirs, qui ne pouvaient pas lui servir. Pourtant, il s'en est sorti et l'a empêché de revenir. Il peut encore nous surprendre, et ça m'étonnerait qu'il s'en prive. En attendant, l'important est de le ramener à une bonne santé, à la fois physiquement et mentalement. Il aura besoin de toutes ses forces.
- Nous pourrions lui apprendre à se battre, proposa Grace. A la manière moldue, bien sur.
- Je ne suis pas sûr que ce soit très utile. Ce n'est pas à coups de poings qu'il combattra Lord Voldemort. Je ne dis pas que le traitement que vous avez fait subir à ces mangemorts le mois dernier n'était pas impressionnant, mais Lord Voldemort est d'un autre niveau. Essayez simplement de le faire se sentir bien, ce ne sera déjà peut-être pas une tâche aisée, dans un premier temps. Je dois vous laisser.
- Quand Harry arrivera-t-il ?
- Dans la soirée, probablement. J'aimerais régler quelques détails avec lui avant de vous l'envoyer. Merci de votre aide, Mr Knight, Miss Nakimura. Je crois que nous nous reverrons prochainement. » Le visage du directeur disparut. Gabriel et Grace échangèrent un regard.
« Il ne nous dit pas tout, dit Gabriel. Je suis sûr qu'il a une très bonne idée de ce qui doit se passer.
- Probablement, répondit Grace en haussant les épaules.
- Ca ne te dérange pas ? Je croyais que Dumbledore était plus clairvoyant que le reste des sorciers, mais il a les mêmes croyances. Lui aussi place toute sa confiance pour l'issue de la guerre sur un garçon de quinze ans. Je ne sais pas sur quel phénomène étrange il compte, pour que Harry puisse vaincre son ennemi, mais franchement j'ai des doutes.
- Tu as pourtant accepté de faire ce qu'il te demandait. Je croyais que tu lui faisais confiance.
- On me demande de protéger un gamin, je n'allais pas refuser.
- Je ne crois pas que Dumbledore place toute la responsabilité de cette guerre sur les épaules de Harry. Ni qu'il ait envie de le jeter au milieu de tout cela. Il ne nous l'aurait pas envoyé, autrement. Il semble persuadé que c'est inévitable qu'il soit impliqué, c'est un peu différent, non ?
- Peut-être. Je déteste être maintenu dans le flou. Et le gosse aurait eu le droit d'en savoir un peu plus, lui aussi. Je ne comprends pas pourquoi nous ne pouvons pas l'armer un minimum.
- parce que nos armes sont inefficaces face à ce qu'il devra affronter. Autant le laisser tranquille. Ce qui m'inquiète plus, pour l'instant, c'est ce que nous allons bien pouvoir faire de lui pendant qu'il sera là. Nous n'avons aucune expérience des adolescents...
- Eh ! Grace ! Ne commence pas à t'inquiéter pour ça ! Il a quinze ans, pas cinq ! T'inquiète pas, tu n'auras pas besoin de jouer les mères poules ! Il est parfaitement capable de s'occuper tout seul.
- C'est possible, mais tout ce qu'il a dû traverser cet été, et maintenant, n'a pas pu ne pas l'affecter... Imagine, un de ses propres camarades de collège a tenté de le tuer, et d'autres sont apparemment prêts à l'imiter !
- Dumbledore a dit qu'il était plus fort que cela.
- Non. Il a dit qu'il conservait suffisamment de force pour se battre. Ca ne l'empêche pas de ressentir le poids de tout ce qui lui est arrivé. Il a également dit qu'il ne serait pas facile de le faire se sentir bien. Tu sais comment il était quand nous l'avons pris chez son oncle et sa tante, ou quand nous l'avons vu à Poudlard.
- Je sais cela. Mais je persiste à croire qu'il n'était pas apte à se battre à ce moment là.
- Et pourtant, il s'est battu. Pas avec une arme, ou avec de la magie, mais il est parvenu à empêcher votre mission de sauvetage d'échouer définitivement, en attendant l'arrivée de Dumbledore. De toute façon, nous ne pouvons pas prévoir ce qui va se passer. Personne n'a l'intention de propulser Harry au centre d'un champ de bataille. Tout ce que le directeur a dit, c'est qu'il avait de grandes chances de s'y retrouver quoi que nous fassions, et qu'à ce moment là il aurait le pouvoir, avec ton aide, de faire pencher la balance. Peut-être a-t-il raison, peut-être pas. Dans tous les cas, ce dont Harry a besoin pour l'instant, c'est d'être protégé, et de jouir d'un peu de paix. Nous pouvons lui apporter cela."
Gabriel ne trouva rien à dire à cela, et tous deux se retrouvèrent de nouveau assis dans le salon, à attendre.
Conformément aux prédictions de Rogue, Harry s'était réveillé au milieu de l'après-midi. Un instant déconcerté de se retrouver à l'infirmerie, il s'assit brutalement en se rappelant ce qui s'était passé. Le journal... qu'il n'avait d'ailleurs pas vu, le cours de Runes, le cousin de Cédric, et Cho... Toute l'école savait, à présent... Comment pourrait-il de nouveau supporter leurs regards ? Il savait qu'ils avaient raison. Mais il ne pouvait rien y faire... Etait-ce de sa faute si d'autres refusaient d'accepter l'inévitable - qu'il était condamné - ? Ils le considéraient comme un égoïste... et peut-être l'était-il. Lui ne comptait pas, mais en refusant de se soumettre à ce que voulait Thierry ce matin là, il avait fait passer le bien être de ceux qu'il aimait et qui l'aimaient avant le reste de la sorcellerie, avant le reste du monde...
" Non, se dit-il, balayant cette pensée. Je ne dois pas penser cela. Sirius et Dumbledore ont raison. Ils ont forcément raison."
Harry regarda autour de lui. Un groupe de gens était réuni à l'autre bout de la pièce, lui tournant le dos. Il reconnut la longue chevelure argentée du professeur Dumbledore, la coiffe de Mme Pomfresh, et une haute silhouette sombre, indiscutablement le professeur Rogue. Il n'entendait pas ce qu'ils disaient, mais il semblait qu'un désaccord les opposait. Il semblait qu'ils étaient réunis autour d'un lit, mais Harry ne pouvait pas voir qui se trouvait dedans. Il espérait que ce n'était ni Thierry ni Cho... tous deux avaient eu à subir des sortilèges, mais il ne lui semblait pas nécessaire d'amener quelqu'un à l'infirmerie après un sort de stupéfixion ou une malédiction du saucisson...
Ce fut Rogue qui, jetant un regard dans sa direction, remarqua le premier que Harry était réveillé. Il dit quelque chose aux autres, et vint vers l'adolescent. Le visage indéchiffrable, il se pencha sur lui et lui prit le poignet, fixant sa montre alors qu'il lui prenait le pouls. Harry se crispa sous le toucher de son professeur de potions. Il n'aimait pas du tout le savoir aussi près, même s'ils s'étaient sauvé la vie réciproquement au cours des dernières quarante-huit heures.
" Faites attention, Potter, lâcha enfin Rogue. Un jour vous n'aurez pas autant de chance. Et recouchez-vous, je ne crois pas que quiconque vous ait donné l'autorisation de vous asseoir."
« Je ne crois pas non plus que quiconque me l'ait interdit », pensa Harry, obéissant néanmoins à l'injonction de son professeur, qui lui tendit une potion. Harry la but en regardant l'endroit où se trouvaient toujours Dumbledore et Pomfresh. Maintenant que la place où s'était trouvé Rogue était libre, il pouvait voir autour de qui les trois adultes étaient réunis. Et il regrettait presque que ce ne soit pas le cousin de Cédric. Malefoy était assis dans un lit, toutes traces de coups disparues de son visage. Leurs regards se croisèrent un instant. Celui du blond était totalement inexpressif. Rogue retourna vers les autres. Ils parlèrent quelques instants, puis il vit Mme Pomfresh s'éloigner, l'air profondément indigné. Il vit Malefoy se lever, et suivre les deux professeurs qui revenaient vers Harry. De près, celui-ci s'aperçut que le visage de son ennemi était inhabituellement pâle, et qu'il avait perdu son arrogance coutumière. Sa blague de la veille n'avait pas été tellement appréciée par les enseignants. Pourtant, il n'avait probablement pas été exclu, puisqu'il était encore là. Harry se rappelait parfaitement les paroles de Dumbledore à ce sujet. Il semblait cependant que la punition infligée à Malefoy ait été suffisante pour le faire réfléchir... à moins qu'il ne fasse semblant pour rester à Poudlard. Dumbledore avait un sourire sur les lèvres, en approchant de Harry, mais son vieux visage portait toujours les marques d'inquiétude qui ne semblaient plus le quitter depuis quelques temps.
" Mr Malefoy, dit-il sévèrement, nous allons vous laisser. Vous n'aurez pas d'autre chance."
Les yeux gris cherchèrent les verts. Harry observa Drago avec un mélange de défiance et de curiosité. Celui-ci inspira profondément, jeta un coup d'oeil aux deux professeurs, comme s'il cherchait un moyen d'échapper à ce qu'ils lui demandaient, ne trouva aucun échappatoire, et reporta son attention sur le Griffondor. Les deux adultes sortirent de la pièce.
" Je suis désolé, Potter, dit enfin Malefoy, très vite, et sans reprendre sa respiration. Je ne voulais pas vraiment te faire du mal. Excuse moi.
- Tu savais très bien ce qui se passerait si j'étais renvoyé, répliqua sèchement Harry. Tu l'as affirmé au début du cours, tu te rappelles ?
- Je sais. Mais je ne réalisais pas... Et je suis aussi désolé pour ce qui t'est arrivé ce matin.
- Ca je n'en doute pas. Ton père n'aurait pas été content que je meure, pas vrai ?
- Sans doute. Mais ce n'est pas pour cela. Je ne suis pas mon père.
- Tu l'imites parfaitement. Je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à t'excuser ainsi. Rogue et Dumbledore sont partis, tu sais, personne ne contrôle ce que tu dis.
- C'est la vérité, Harry. Ne les laisse pas me renvoyer !
- Te renvoyer ? Je ne vois pas très bien ce que je pourrais faire pour toi, Malefoy. C'est Dumbledore que tu devrais supplier. Encore que je ne vois pas très bien en quoi ça te gène. Poudlard ne t'est d'aucune utilité dans ta formation de mangemort.
- Harry tu ne...
- Ne m'appelle pas par mon prénom ! coupa Harry.
- Ok. Potter. Rogue voulait me renvoyer directement. Mais Dumbledore n'est pas d'accord. Je ne sais pas pourquoi. Je sais que je le mérite. Il a dit que c'était à toi de décider. Je ne veux pas quitter Poudlard !
- Vraiment ? Il me semble t'avoir entendu dire l'année dernière que tu aurais préféré aller étudier la magie noire à Durmstrang.
- C'était l'année dernière ! Et Crabbe et Goyle attendent de moi que je dise des choses comme cela ! C'est les seuls amis que j'ai, il faut bien que je les ménage un peu !
- On se demande vraiment pourquoi ce sont tes seuls amis, remarqua Harry d'un ton sarcastique.
- Parce que ce sont les seuls que mon père m'autorise à avoir, qu'est-ce que tu crois ? Il sait tout ce qui se passe à Poudlard. Je les connais depuis que je suis tout petit, et je sais qu'ils raconteront toujours à leurs pères, et au mien, par la même occasion, tout ce qu'ils veulent savoir.
- Je ne te crois pas, Malefoy. Tu as toujours été fier de ce que tu étais, et de ce que ton père était. Combien de fois t'en es-tu pris à Ron avec la haute position de ton père ?
- C'était un jeu, Potter ! Tu ne peux pas les laisser m'exclure !
- Pourquoi pas ? Tu voulais bien me faire exclure, toi. Et Ron me tuera si je laisse passer l'occasion.
- Je ne dirai plus rien ni sur Weasley, ni sur Granger, ok ? Ecoute, Har... Potter, je peux t'aider. Je sais énormément de choses que tu ignores. Mon père m'a toujours beaucoup parlé. Mais il me tuera s'il apprend que j'en ai parlé.
- Est-ce que tu essaies de m'acheter, c'est ça ? Si tu peux nous aider, Malefoy, je t'écoute, mais ne crois pas que je demanderai que tu restes à Poudlard à cause de cela.
- Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Tu sais ce que sera ma vie si je suis renvoyé !
- Ca n'a jamais eu l'air de te gêner. Mais j'ai dit que je t'écoutais. Alors vas-y, qu'as-tu à dire ?
- Jure moi au moins que tu ne révèleras jamais que ça vient de moi.
- Okay. Je ne dirai rien, tu as ma parole.
- Je sais pourquoi Voldemort tient tant à te tuer.
- Tout le monde sait cela, Malefoy. C'était dans le journal de ce matin. Il veut me tuer avant que quelqu'un d'autre n'ait l'occasion de le faire.
- Je ne parlais pas de ton lien avec lui, Potter, répondit Malefoy, sa vieille arrogance revenue un instant, ne te fais pas plus stupide que tu ne l'es. D'ailleurs, d'après mon père, le Seigneur des Ténèbres ne se fait pas trop de souci à cause de cela. Il n'y croit pas vraiment, mais préfère éviter tout risque. Ce dont je parle, c'est la raison pour laquelle il veut te tuer depuis ta naissance, la raison pour laquelle il a tué tes parents. Je sais que Dumbledore ne te l'a pas dit.
- Il avait probablement une bonne raison pour cela, répondit Harry avec prudence, bien que cette question l'ait obsédé depuis qu'il avait appris ce qui était réellement arrivé à sa famille.
- Si tu ne veux pas le savoir, répondit durement Malefoy, je ne te dirai rien. J'ignore pourquoi Dumbledore te cache cela depuis si longtemps. Peut- être qu'il y a autre chose que j'ignore. Mon père ne m'a pas donné les détails."
Harry réprima la voix qui lui disait de refuser, que Malefoy allait probablement encore inventer quelque chose pour le faire se sentir encore plus mal. Sa curiosité était bien trop forte.
" Vas-y, je t'écoute. Mais tu as intérêt à dire la vérité.
- Si Tu-Sais-Qui veut te tuer, c'est à cause d'une arme. Une arme extrêmement puissante, une arme dont il croit qu'elle lui permettrait de prendre le contrôle du monde sans aucun problème.
- Et ? Qu'est-ce que je viens faire là-dedans ?
- Le sorcier qui a créé cette arme il y a des siècles a compris son pouvoir, il l'a cachée, et a jeté un sortilège tel que seuls ses descendants auraient le pouvoir de la trouver. A la mort du dernier de ses descendants, l'arme redevriendrait visible à tous. Ton père descendait de ce sorcier. Peut-être que Dumbledore te l'a caché parce qu'il avait peur que tu n'aies à ton tour l'idée de gouverner le monde.
- C'est ridicule, répondit Harry, bien que les paroles du blond aient fait leur chemin dans son esprit, et qu'il se sentît ébranlé par cette annonce dont il ne mettait pas en doute la véracité. Comment pourrais-je être le gardien d'une arme dont j'ignorais même l'existence ? Et comment pourrais- je m'en servir si je ne sais pas où elle se trouve ?
- C'est de la magie, Harry. Je n'en sais pas plus. Et rappelle-toi, je ne t'ai rien dit." Harry hocha la tête, d'un air absent. Il réfléchissait. Il comprenait maintenant pourquoi le vieux directeur mettait tant d'ardeur à le maintenir en vie. Il ne voulait pas prendre le risque de voir un objet de cette puissance révélé... En même temps qu'un intense soulagement s'emparait de lui, alors que les dernières traces de culpabilité s'évanouissaient, il se sentait terriblement déçu. Il avait cru que c'était pour lui que des gens cherchaient à le protéger, pour lui en tant qu'être humain, parce qu'il était Harry. Or, il réalisait maintenant que ce n'était que pour protéger le reste du monde. Une fois de plus, il prenait conscience du peu d'importance qu'il avait face à tout ce qu'il représentait. Sa vie ou sa mort étaient le résultat d'un subtil équilibre entre leur désir de voir disparaître Voldemort, et la nécessité de protéger cette arme, ou il ne savait quoi. Et lui, dans tout cela, qu'était-il ? Qui se souciait de lui ? Quelle importance avait-il, quel droit à part celui de supporter les coups ? Lui qui se trouvait au centre de tout cela, comment pouvait-il espérer maîtriser un jour sa vie ?
"Potter ?" Il n'avait pas remarqué que Malefoy était encore là
" Il y a autre chose que tu devrais savoir, je crois. Je sais que tu connais Peter Pettigrew, le valet de Voldemort. Au passage, il l'utilise pour espionner Poudlard.
- Nous savions déjà cela", répondit Harry. Il ne jugea pas utile de préciser les mesures qui avaient été prises pour empêcher les animagi de pénétrer dans le château.
- Tu dois savoir aussi, puisque tu étais là, qu'il a participé à la cérémonie de renaissance. " La chair du Serviteur".
- Et alors ?
- Il est plus que probable que si tu partages avec Tu-Sais-Qui le lien dont à parlé le journal, lui aussi. C'est ce que pense mon père, en tous cas.
- Si Voldemort pensait une seule seconde que c'était possible, il aurait déjà tué Peter.
- C'est ce que je pensais aussi. Mais j'ai réfléchi. Je pense qu'il ne peut pas.
- Pourquoi ?
- Parce que la chair du serviteur est donnée volontairement. Quand on y pense, c'est Queudver qui a véritablement redonné la vie à Tu-Sais-Qui. Il doit avoir une sorte de dette envers lui. Toi, il peut te tuer s'il en a envie, parce que ton sang t'a été pris de force, il ne te dois rien.
- Ca ne tient pas debout. Dans un cas comme ça, je crois que si Tu-Sais-Qui ne pouvait pas tuer Peter lui-même, il essaierait de le protéger, quitte à l'enfermer dans un cachot pour ne plus le laisser sortir. Il ne l'enverrait pas sur des missions de reconnaissance à Poudlard.
- Il ne l'a fait qu'une ou deux fois, je crois. Et Queudver ne s'estime jamais autant en sécurité que quand il est sous sa forme de rat, même à Poudlard. Mais c'est vrai que c'est étrange. Je ne sais pas pourquoi il ne le protège pas plus. Mon père le sait peut-être, mais il ne m'a rien dit de plus."
Malefoy se leva soudain. Il regarda Harry d'un air presque implorant. " Je n'ai rien d'autre à t'apprendre. Réfléchis, s'il te plaît. Je ne veux pas quitter Poudlard... Ne m'impose pas cela, Potter. S'il te plaît"
Il sortit. A peine avait-il refermé la porte que Mme Pomfresh reprenait possession de son domaine. Elle s'approcha de Harry en pestant contre la folie du directeur et des élèves, le borda tellement serré qu'il crut un instant qu'elle cherchait à l'étouffer, et lui conseilla de se reposer. Harry murmura un "oui madame," et elle s'éloigna, satisfaite. Il était bien trop préoccupé par ce qu'il venait d'apprendre pour réellement lui prêter attention.. Le lien qui unissait les vies de Peter et de Voldemort, bien sûr, mais il relégua vite cette information au second plan. Il n'y croyait pas trop. Et cela s'effaçait devant ce qu'il avait appris sur lui-même, sur cette arme puissante et mystérieuse dont il serait le gardien... Existait- elle vraiment ? Il aurait voulu avoir quelqu'un qu'il pourrait interroger à ce sujet, mais il ne pouvait pas en parler à Dumbledore, qui lui avait caché cette information pendant si longtemps... Il avait l'impression que le vieux sorcier s'était servi de lui, qu'il l'avait trompé en lui faisant croire qu'il se souciait de lui, quand la seule chose qui l 'intéressait était de protéger cette arme. Et Sirius... avec ses discours sur la nécessité de la vie, sur le droit que Harry avait de vivre, et su comment il tenait à Harry, était-il au courant ? Probablement... Harry pensait que son père savait, et d'après tout ce qu'on lui avait dit, si son père savait, Sirius savait aussi. Il avait bien l'intention de tout dire à Ron. La pensée de Ron le ramena à des sentiments un peu plus positifs. Ron et Hermione, eux ne savaient rien, de cela il en était sûr. Eux l'avaient soutenu pour lui, eux l'aimaient pour lui... Quelle seraient leur réaction quand il sauraient tout ? Seraient-ils aussi choqués que lui ?
Il se rappela soudain la promesse qu'il avait faite à Malefoy. Ron et Hermione étaient-ils compris dedans ? Dans l'esprit du blond, certainement, mais pour lui, parler à Ron et Hermione, c'était comme garder un secret... Et il ne pouvait pas garder pour lui ce qu'il avait appris ! Comment pourrait-il faire comme si de rien n'était face à Dumbledore, face à Sirius ? Et si ce que Malfoy avait dit était vrai, si cela avait la moindre importance, il ne pouvait pas non plus le garder pour lui. Il fixait la porte avec anxiété, s'étonnant que les adultes n'aient pas encore repris possession de la pièce, et redoutant leur arrivée. Il ne pouvait pas parler, il n'avait pas envie de continuer à faire l'ignorant. D'ailleurs, il n'avait pas besoin de leur cacher qu'il savait tout cela... Juste que c'était Malefoy qui le lui avait appris... Il secoua la tête. Ils lui poseraient forcément la question. Surtout maintenant, alors qu'il venait d'avoir une longue conversation avec Malefoy... Une longue conversation avec Malefoy, c'était vraiment une pensée étrange. Il réalisa qu'ils avaient parlé civilement pendant près d'une heure... Qui aurait cru cela possible ? Se rendant compte que ses pensées s'égaraient, Harry redressa la tête dans l'espoir de mieux se concentrer. Ce n'était pas le moment de s'endormir. Il n'avait pas remarqué jusque là à quel point il était épuisé...
" Mr le directeur, protesta la voix de Mme Pomfresh, Potter dort ! Il a besoin de repos !
- Harry aura tout le temps de se reposer dans les prochains jours, répondit Dumbledore. Pour l'instant, il faut que je lui parle.
- Vous pourriez au moins laisser ce chien ici ! N'avez-vous jamais entendu parler d'hygiène ?"
Un chien ? Sirius était là ? Harry ouvrit les yeux.
« Pompom, soupira le directeur, vous avez laissé ce chien venir l'année dernière, ce ne sera pas pire cette fois-ci. Vous pouvez vaquer tranquille à vos occupations, Harry ne risque rien. » L'infirmière râla mais quitta la pièce. Dès que la porte se fut refermée, Sirius se transforma. Il se précipita vers son filleul et le prit dans ses bras.
« Harry ! s'écria-t-il. Comment te sens-tu ? je n'arrive pas à croire qu'il se soit encore passé quelque chose !
- Je vais bien, répondit Harry en se serrant contre son parrain. Non, il ne pouvait pas croire que Sirius ne soit préoccupé que de l'arme que protégeait Harry... Sa sollicitude ne pouvait pas être feinte... Harry enrageait de ne pas pouvoir mettre le sujet sur la table.
- Je suis désolé que nous t'ayons réveillé, mais je ne pouvais pas te laisser partir sans te parler.
- Partir ? s'étonna Harry. Mais je ne pars pas... » Il regarda Dumbledore, en quête d'une explication.
« Que se passe-t-il ?
- Je suis désolé, répondit le vieux sorcier. J'ai oublié de dire à Sirius que tu n'étais pas encore au courant. Ce que Mr Nicklaus a fait ce matin était l'oeuvre d'un fou, mais beaucoup d'élèves l'approuvent sur le fond. Certains ne répugneraient pas à l'imiter.
- J'avais cru remarquer, répondit Harry.
- Nous ne pouvons pas prendre le risque que cela se reproduise, dit Sirius.
- J'ai été stupide de penser que tu pourrais rester à Poudlard, reprit Dumbledore, et je te prie de m'en excuser. Quand je vois ce qui est arrivé en à peine deux jours, je m'aperçois qu'il s'agissait d'une terrible erreur.
- Vous ne pouviez pas prévoir cet article, répondit Harry. Et je croyais qu'aucun autre endroit n'était aussi sûr que Poudlard ? Que la protection chez les Dursley était brisée ?
- En effet. Mais j'ai découvert un autre lieu où tu devrais être en sécurité. Nul ne sait quand les élèves se calmeront. J'ai essayé de leur parler, mais vu comment l'article parle de ma trop grande tolérance et de ma niaiserie, beaucoup ne m'ont pas cru. »
Harry soupira. « Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas ?
- Eh bien, disons que nous serons tous grandement ennuyés si tu refuses. D'un autre côté, nous n'avons pas les moyens de t'obliger à rester là-bas si tu n'y tiens vraiment pas. » Harry hocha la tête. Il avait posé la question plus pour la forme que parce qu'il tenait réellement à rester à Poudlard. Il n'était pas sûr d'y tenir deux jours plus tôt, sauf bien sûr pour échapper à Voldemort, et avec tout le monde contre lui...
« Où dois-je aller ? demanda-t-il finalement, réalisant qu'il n'avait pas encore posé la question.
- Eh bien quelqu'un te l'a peut-être déjà dit, répondit Sirius, avec un sourire facétieux que Harry ne remarqua malheureusement pas, mais le seul endroit qui offre autant de sécurité que Poudlard, sinon plus, c'est Gringotts. Nous avons donc pensé à te cacher dans ta chambre forte. »
Harry regarda son parrain, choqué et incrédule. Sa chambre forte était presque plus petite que le placard sous l'escalier des Dursley, et Sirius lui annonçait cela avec un sourire satisfait ! Un froid glacial l'envahit... Quelques instants plus tôt, il aurait juré que Sirius l'aimait, que ce n'était pas seulement à cause de l'arme qu'il tenait tant à le protéger... maintenant, il comprenait que ce n'était pas vrai, que Sirius, comme tous les autres, s'était joué de lui, qu'il n'était rien d'autre qu'un objet, un objet précieux, un objet à conserver précieusement, mais un objet... Pourtant. Non, ce n'était pas possible. Pas Sirius ! Il se mit à trembler...
« Harry ! appela son parrain, d'une voix soudain inquiète. Harry, ça va ?
- Va t'en, répondit sèchement le garçon. Quand je pense que j'ai osé croire que j'étais important ! La seule chose importante, c'est que je reste en vie pour protéger cette fichue arme, n'est-ce pas ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? demanda Sirius pris par surprise, et qui ne comprenait pas ce dont parlait son filleul. Bien sûr que tu es important... Tu es même ce qu'il y a de plus important dans ma vie actuellement !
- Et tu veux m'enfermer dans un coffre fort ! Il n'y a même pas de lumière là-dedans en l'absence des gobelins !
- Eh ! s'exclama Sirius doucement en essayant de prendre contre lui l'adolescent tremblant qui se raidit pour lui échapper. Mais je plaisantais, Harry ! Comment as-tu pu croire une seule seconde que j'étais sérieux ? Harry, calme toi, bien sûr que je plaisantais ! »
Mais Harry ne se calmait pas. Son esprit refusait d'entendre les mots de Sirius, tout ce qu'il voyait était la trahison de celui qu'il était venu, au cours du dernier mois, à aimer presque comme un père, la trahison de tous ceux en qui il avait confiance... Il n'existait pas, il n'avait jamais existé... Il n'était qu'une assurance... une sorte de coffre fort lui- même... Les bras de Sirius autour de lui le révoltaient maintenant. Mais qu'ils cessent au moins de faire semblant de s'intéresser à lui, maintenant qu'il savait tout ! Il n'allait pas mourir de déception, tout de même !
Harry se débattait de plus en plus fort, il ressemblait à un fou furieux. Sirius était complètement dépassé par la soudaine crise de son filleul... Des larmes d'impuissance au coin des yeux, il finit par abandonner et le reposer dans le lit, mais le garçon ne s'arrêta pas de crier pour autant.
« Partez ! hurlait-il. j'irai où vous voulez, mais je ne veux plus vous revoir, jamais ! » Dumbledore s'avança, la main levée, mais quelqu'un le prit de vitesse. il y eut un claquement sonore quand la main de rogue s'abattit sur la joue de Harry. Les cris cessèrent et le silence des secondes qui suivirent apparut irréel en comparaison. Personne n'osait bouger de peur de rompre ce moment de calme. Lorsque Rogue parla, cependant, ce fut avec sa voix et son calme habituels.
« Ce n'est pas que je ne rêvais pas de faire cela depuis longtemps, mais je croyais vous avoir dit de lui éviter les émotions, dit-il avec un petit reniflement. On peut dire qu'il ne t'aura pas fallu longtemps pour le faire sortir de ses gonds, Black. Combien, deux minutes ? Trois ?
- Tais-toi un peu, Rogue », répondit Sirius sans le regarder. Il s'approcha de Harry. L'adolescent s'était effondré comme une poupée de chiffon au moment où la giffle l'avait atteint, et il ne faisait plus le moindre mouvement. Cependant, des larmes silencieuses roulaient sur ses joues.
« Harry, murmura-t-il doucement, dis moi ce qu'il y a, dis-moi ce que j'ai fait... Tu sais que je plaisantais, que jamais personne n'a imaginé t'enfermer à Gringotts... Je m'excuse, je n'aurais pas dû plaisanter sur un sujet comme ça. »
Harry rouvrit les yeux, et croisa ceux de son parrain. Et soudain, il eut honte de sa réaction... Comment avait-il pu ne pas voir que Sirius plaisantait ? Il baissa les yeux.
« Harry, dit Dumbledore, qui se matérialisa soudain de l'autre côté du lit, et l'obligea à relever la tête. J'ignore ou tu as entendu parler de cette arme, et j'imagine que j'aurais dû te parler de cela beaucoup plus tôt, mais si je ne l'ai pas fait, c'était pour te protéger, pour t'éviter de pareilles pensées. Crois-moi, Sirius ne s'est pas évadé d'Azkaban pour protéger un quelconque secret, mais pour te protéger, toi. Et si je suis forcer d'admettre que dans tous les efforts que j'ai déployer pour ta sécurité, j'avais en arrière pensée la sécurité de l'arme de Griffondor, je n'ai pas triché avec toi. pas plus que Sirius. tu te souviens de ce que je t'ai dit, ici même, après la mort de Quirell ? »
Harry secoua la tête, trop vidé pour faire l'effort de se rappeler à quoi le directeur faisait allusion. « Ce jour là, reprit le directeur, quand tu tenais à tout pris à savoir ce qui était advenu de la pierre philosophale, je t'ai dit : « l'important, ce n'est pas la pierre, c'est toi. ». C'est encore valable aujourd'hui. La protection de ce pouvoir est importante, bien sûr, mais pas autant que ta propre protection. »
Harry hocha la tête. Cette fois, quand Sirius s'approcha, il ne fit aucun geste pour le repousser. « Dis-moi que c'est vrai, demanda-t-il toute fois.
- Je n'arrive même pas à imaginer que tu aies pu penser le contraire, répondit le fugitif, en passant la main dans les cheveux ébouriffés du garçon. Je me moque bien que tu détiennes le secret d'une arme légendaire, ou de tout un arsenal. »
Harry esquissa un sourire. Il se sentait soulagé d'un poids énorme, en même temps, peu habitué aux démonstrations d'affection, il était gêné de cette situation. Et encore plus gêné que Rogue ait assisté à la scène.
« Dans ce cas, demanda-t-il, pour dissiper la gêne. Mais si tu plaisantais, où allez-vous m'envoyer ?
- En Allemagne, » répondit Dumbledore. Il expliqua rapidement au garçon ce qu'ils avaient découvert au cours de l'après-midi. Harry hocha la tête. Il devait admettre qu'il s'était attendu à pire. C'était bien mieux que, par exemple, de retourner chez les Dursley. Au moins, il aimait bien Gabriel et Grace, et savait qu'ils ne le traiteraient pas comme une sous-créature. De plus, s'ils vivaient dans un château, il aurait de la place pour circuler librement, s'il était condamné à ne plus sortir.
- J'aurais voulu venir avec toi, dit Sirius, mais ce n'est pas possible, on a encore besoin de moi ici.
- J'ai quinze ans, dit Harry, je pense que je m'en sortirai. » Mais au fond de lui, l'idée que Sirius aurait pu l'accompagner, à laquelle il n'avait pas pensé, faisait son chemin. Si son parrain avait pu venir avec lui, il aurait été heureux de partir. Mais Sirius ne viendrait pas. Et, comme il venait de le dire, il était bien trop âgé pour s'en plaindre.
« tes amis vont venir d'ici quelques minutes, reprit le vieux sorcier. Je les ai envoyés préparer ta malle. Ne leur dis pas où tu vas, moins il y aura de gens au courant, plus ce sera sûr pour tout le monde. Avant leur arrivée, j'aimerais que nous discutions de Mr Malefoy. Avez-vous parlé ? Que penses-tu que je devrais faire de lui ? »
Harry fut un instant pris de court. Après le départ du Serpentard, il avait été bien trop choqué par ce qu'il venait d'apprendre pour réellement réfléchir à cette question. Bien sûr, il n'aurait pas dû y avoir de problème. Après tout, c'était du sort de Malefoy que l'on demandait à Harry de décider ! Il y avait quatre ans qu'il rêvait de le voir exclure ! Harry ouvrit la bouche pour parler, puis la referma. Les mots prononcés la veille par le directeur lui revenaient en mémoire. S'il le renvoyait chez lui, Drago Malefoy deviendrait un mangemort. Il n'aurait pas d'alternative. Et il avait paru sincère dans son désir de rester, d'éviter Durmstrang et le manoir de son père. Harry avait-il réellement le droit de faire cela ? En avait-il le droit après ce que le serpentard lui avait révélé pour prouver sa bonne volonté ?
« Je pense que vous devriez lui donner une dernière chance, » dit-il enfin. Sirius parut soudain s'étrangler, et une expression de stupeur se peignit sur son visage. Dumbledore sourit, et pour la première fois depuis longtemps son vieux visage fatigué s'éclaira.
« Je suis entièrement d'accord avec toi, dit-il, et j'espère qu'il ne nous fera pas regretter cette décision.
- Et j'imagine qu'en tant que son directeur de maison, c'est à moi que reviendra le plaisir de vérifier qu'il ne gaspille pas cette dernière chance, grogna Rogue.
- Qui mieux que vous ? Vous avez vécu la même chose.
- j'étais sincère.
- Lui aussi. je l'espère. » Les deux hommes restèrent un instant pensifs. Puis Dumbledore consulta sa montre.
« Tu devrais aller t'habiller, Harry, dit-il. Tes amis vont arriver d'une minute à l'autre, du moins je l'espère. Le Portoloin que nous allons utiliser est programmé pour fonctionner une fois et une seule, à sept heures précises. »
Lorsque Harry revint dans la pièce, ayant troqué le pyjama qu'on lui avait mis contre des vêtements moldus, Ron et Hermione étaient là, ainsi que sa malle et Hedwidge, dans sa cage. Les adultes, par contre, étaient partis. Harry fut heureux de se retrouver seul avec ses amis pendant quelques minutes.
« Alors tu as fait virer Malefoy ? demanda Ron, tout excité.
- Non, répondit Harry.
- Quoi ? Mais Dumbledore a dit qu'il ferait ce que tu lui demanderais !
- Je sais. Mais je n'ai pas pu.
- Et ! ça fait des années que nous en rêvions, tu te rappelles ?
- Je sais, répéta Harry. Et je savais que tu ne comprendrais pas. Mais je ne pouvais pas lui enlever sa dernière chance de ne pas devenir un mangemort. » Il expliqua à ses amis pourquoi il avait permis au Serpentard de rester dans l'école.
- Cette potion a du t'atteindre au cerveau, s'écria Ron, frustré. Je ne vois pas d'autre explication. Malefoy deviendra un Mangemort de toutes façons ! C'est facile pour toi : tu t'en vas ! Mais Hermione et moi restons, et nous allons devoir continuer à subir ses airs supérieurs et ses remarques.
- J'aurais fait pareil si j'étais resté !
- Tu as eu raison, Harry, dit Hermione. Nous n'avons pas besoin d'un mangemort supplémentaire.
- Mione ! Tu sais comment il te traite !
- S'il avait vraiment été comme tu le dis, Ron, il n'aurait pas tant insisté pour rester. Je ne dis pas qu'il ne deviendra pas un mangemort, mais s'il y a une chance pour que ce soit le cas, nous ne pouvons pas la laisser passer.
- Ca m'étonnerait qu'il vous ennuie, dit Harry. Il sait que c'est sa dernière chance, et Rogue et Dumbledore ne lui laisseront rien passer.
- Rogue ! laisse moi rire, fit Ron. Rogue le soutient toujours.
- Rogue voulait le renvoyer. En tous cas, c'est ainsi, on n'y changera plus rien maintenant. Je n'ai pas envie de me disputer avec toi maintenant, Ron.
- Parlons d'autre chose, dit Hermione. Harry, j'ai mis tous tes livres dans ta valise. Comme ça, tu pourras te maintenir à peu près au niveau, et puis tu auras peut-être besoin d'occupation.
- Merci, dit Harry. Merci aussi de m'avoir amené Hedwidge. Je ne pourrai pas envoyer de courrier, mais je serai heureux de l'avoir.
- On ne sait jamais, dit Ron, avec un effort évident pour masquer son irritation et ne pas se brouiller avec son ami avant son départ, si ce fameux lieu n'est pas aussi sur qu'ils le disent, tu pourrais avoir besoin d'elle. » Il jeta un coup d'?il autour de lui, pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls, et se pencha vers Harry.
« Ils t'ont dit où tu allais ? demanda-t-il à mi-voix.
- Ron ! s'indigna Hermione. On nous a interdit de poser la question !
- Comme si on allait le trahir ! Alors, Harry, où vas-tu ?
- Dans un château en Allemagne, répondit Harry. Il savait que s'il n'avait pas répondu à la question de Ron, ce dernier aurait explosé. Mais il était volontairement resté dans le flou.
En un rien de temps, il fut sept heures moins le quart, et Sirius et dumbledore revinrent dans la pièce. Harry fut heureux d'apprendre que son parrain l'emmenerait jusquà son nouveau lieu de résidence, les risques que quelqu'un le reconnaisse sur le trajet reliant le point d'arrivée du portoloin et le château étant quasi-nuls. Il dit au revoir à ses amis, et posa sa main sur la paire de chaussettes que Sirius tenait à la main. Il portait dans sa main libre la cage d'Hedwidge, alors que Sirius portait sa malle. Ils atterrirent dans une forêt. Sirius enleva ses robes, révélant des vêtements moldus tout à fait acceptables.
« Nous allons devoir marcher un peu, dit-il. Evite de trop nous faire remarquer en traversant le village. » Harry hocha la tête. Malheureusement, les gens de Rittersberg n'avaient probablement pas l'habitude de voir deux étrangers traverser leur village. Dans se petit bourg, tout le monde se connaissait, et voir des visages inconnus étaient quelque chose de peu fréquent, et qui alimentait toujours les conversation de bistrots. Après les passages successifs, plus tôt dans la journée, de Rogue et de Dumbledore, les habitants avaient déjà commencé à parler. Et ce nouveau passage attirait les regards. Les habitants étaient d'autant plus intrigués qu'ils avaient vu les étrangers prendre la direction du château. Ils savaient qu'ils étaient venus solliciter l'aide de leur Schattenjäger.
Harry fut un peu déçu en apercevant le château. Il était loin d'être aussi grand que Poudlard, tout une partie semblait en être en ruines. La partie habitable semblait ne pas être très grande. Mais il chassa vite cette pensée, il y aurait bien assez de place pour vivre à trois. Ils sonnèrent à l'énorme porte d'entrée, qui fut presque aussitôt ouverte.
Gabriel les fit entrer.
« Bonsoir, Harry, Mr Black. Posez votre malle, je la monterai plus tard. » Il leur indiqua la direction du salon, et les observa un instant. Il remarqua que Harry s'appuyait lourdement sur Sirius, et avait l'air épuisé. Les cernes sous ses yeux et la pâleur de son visage semblaient ne pas s'être tellement améliorés depuis que lui-même avait quitté Poudlard.
- Je ne peux pas rester, dit Sirius. » Il se tourna vers Harry. « Prend soin de toi, lui dit-il. Je te veux en pleine forme la prochaine fois que nous nous verrons.
- Ne t'inquiète pas pour moi.
- Ne pas m'inquiéter pour toi ? Tu en as de belles, tu sais ? On dirait vraiment que tu fais tout pour me faire blanchir avant l'âge, comme si tu tenais absolument que je rattrape Lunard.
- Ici, que veux-tu qu'il m'arrive ?
- Je te fais parfaitement confiance pour trouver. En tous cas, je veux que tu suives les instructions de Rogue. Même si ce n'est qu'un sale serpentard, on doit reconnaître qu'en matière de poisons et autres potions, il s'y connaît.
- Je prendrai les potions qu'il m'a données, répondit Harry.
- Et pense à manger correctement, tu es toujours aussi maigre.
- Sirius, je te signale que j'ai quinze ans et que tu t'y prends un peu tard pour jouer les mères poules. »
Gabriel assistait à l'échange en souriant. Au fil de ce qu'il avait entendu, de ce qu'il avait vu, aussi, de Harry, il avait fini par considérer le jeune homme alternativement comme un enfant sensible et blessé qu'il fallait protéger, et comme un symbole. Dans ses rapports avec son parrain, on retrouvait les caractéristiques de son âge : l'inquiétude de l'adulte, et l'impatience, voire l'exaspération du jeune, qui ne veut plus être traité en enfant.
- Okay, si tu le dis... » Sirius capitula et serra son filleul dans ses bras. « A bientôt, Harry.
- Au revoir, Sirius, et fais attention à toi, toi aussi.
- J'en ai bien l'intention. Mr Knight, Miss Nakimura, merci de recevoir Harry. Je pense que nous nous reverrons bientôt. »
Harry accompagna Gabriel et Grace au salon. Gabriel commença à interroger Harry, sur ce qui s'était passé à Poudlard, Dumbledore étant resté plutôt vague. Grace, aperçut la détresse dans les yeux de Harry alors qu'il revivait la réaction provoquée par l'article. Il était évident que la journée avait été bien assez éprouvante pour lui. Aussi, rapidement, elle interrompit la converstion en proposant de servir quelque chose à boire, ou à manger. Gabriel l'accompagna pour aller chercher des boissons. Il avait envie d'une bière, et elle s'était juré de ne jamais lui en servir. Elle profita de ce qu'ils étaient tous deux dans la cuisine pour lui demander d'arrêter de questionner ainsi Harry.
Gabriel râla, mais finit par admettre qu'elle avait raison. Lorsqu'ils revinrent au salon, Gabriel entreprit de raconter à Harry ses années de lycée mouvementées à la Nouvelle Orléans. Grace ne put retenir quelques commentaires bien sentis sur son immaturité de l'époque.
« D'ailleurs, corrigea-t-elle, tu n'as pas beaucoup grandi depuis, n'est-ce pas ? »
Si Harry sembla ailleurs dans un premier temps, il se prit rapidement à rire à l'idée d'un Mosely de seize ans déguisé en bisounours pour la soirée de fin d'année, et il répondit en parlant des expéditions qu'il avait menées avec Ron et Hermione dans les couloirs de Poudlard, et des soirées dans la salle commune, animées par les jumeaux. Personne n'aborda plus de sujet sérieux ce soir là. Harry parvint de manière inespérée à mettre de côté ses idées noires et ses peurs. Il n'avait pas imaginé que, loin de Poudlard et des regards inquisiteurs que tout le monde posait sur lui, il se sentirait tellement léger. Voldemort était toujours là, mais ce soir là, pour la première fois depuis la rentrée, Harry oublia son existence. De bonne heure, cependant, il se trouva incapable de garder les yeux ouverts. Gabriel l'accompagna au premier étage et lui montra sa chambre. Harry s'était à peine laissé tomber sur son lit qu'il dormait profondément.
Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais tellement râlé dans le chapitre précédent. Il faut dire que j'étais de très mauvaise humeur quand je l'ai posté. Et je suis comme les enfants gâtés : j'ai eu trop de reviews sur mes précédentes fic, et même si je savais depuis le départ que celle-ci en aurait beaucoup moins, je boude. bref, ne faites pas attention. En tous cas, il y en a beaucoup plus sur ce chapitre. Merci. J'avoue que je suis rassurée de voir qu'il y a des gens qui suivent cette fic. Il y a plusieurs personne qui ont mentionné leur intention de lire les livres de J Jensen, aussi je le redis : Gabriel Knight n'est pas tiré de livres mais d'une série de jeux sur ordinateur, signés Sierra, dont Mrs Jensen a réalisé les scénario.
Elava : merci pour ta review.
Purabelaza : Oups.Je crains que ce chapitre ne t'ait pas vraiment satisfaite si tu espérais que je prenne Harry en pitié.
Ksizou : Merci pour ta review, et pour tes compliments. Tu es bien sévère avec ce pauvre Gabriel, mais tu as probablement raison. Par contre, je suis surprise que tu trouves cette fic plus proche de l'histoire de GK que de HP. Pour moi, cette histoire était entièrement basée sur le monde de HP. Les personnages de J Jensen ont évidemment un rôle important, mais ils le jouent dans le monde magique qui est celui de JKR..
LN : Tu penses que je ne suis pas si cruelle ? Je n'en suis pas si sûre. J'espère que tu n'es pas allée à la bibliothèque pour rien, en tous cas. Et ça me fait vraiment plaisir que tu aies aimé Un enfant si particulier. Je ne vais pas écrire une suite pour cette fic, malheureusement. J'y ai beaucoup réfléchi, mais tout se termine trop bien, il n'y pas vraiment d'ouverture pour une suite. Par contre, il y aura sans doute une suite pour Quand tout recommence ( je ne me rappelle pas si tu l'as lue, mais un peu de pub ne nuit pas), dès que j'en aurai fini avec cette fic.
Blackmoon : Contente que tu trouves cette fic bien écrite. Je sais que le résumé est nul, mais c'est vraiment difficile d'en faire un bon. Tu ne vas malheureusement pas pouvoir acheter le livre dont est issu GK. Tes parents vont être soulagés : ils n'auront pas à soigner une Knightophilie en plus de ta Potterphilie. Pour répondre à ta question, j'ignore encore combien de temps je vais faire souffrir Probablement plus très longtemps. Parce que, d'abord, cette fic se rapproche doucement de sa fin. Pis parce que, au point où il en est arrivé, le pauvre sera bientôt bon pour passer le restant de ses jours à Ste Mangouste.
Spyro : Wouah ! Quel punch ! Tu n'envisagerais pas de devenir avocat ? En tous cas, ça fait drôlement plaisir de recevoir une telle diatribe. Mais je trouve quand même que tu vas un peu loin. Il y a de très bonnes fics avec un Harry surpuissant. Cela dépend de comment c'est écrit. Lorsque l'auteur est doué pour les descriptions, cela donne des scènes très spectaculaires et palpitantes. Je pense effectivement que si cette fic n'a que quelques reviews ( et tout est relatif, finalement), c'est parce qu'elle utilise un univers que peu de lecteurs connaissent. Et lire une fanfiction quand on ne connaît pas l'original, je peux concevoir que ce ne soit pas très attrayant. En plus, le résumé est particulièrement nul, ce qui n'arrange rien. Bref, tout ça pour te dire que je ne partage pas ta vision pessimiste des lecteurs de fics : non, ils ne sont pas cons. Mais j'apprécie quand même ( Moi, je radote ?) l'ardeur que tu mets à me défendre. Merci.
