Disclaimer : Vous êtes sûrement tous capables maintenant de dire à qui
appartiennent les différents personnages... en tous cas pas à moi (à de
rares exceptions près).
chapitre 9 : Rittersberg.
Un peu avant neuf heures, le lendemain de l'arrivée de Harry, Grace descendait en chantonnant le chemin qui menait du château au village. Gabriel et Harry dormaient encore quand elle était partie, et Gerde était déjà plongée dans les comptes de la librairie. Bien que ce ne soit que le début du mois de septembre, la matinée était fraîche et Grace regrettait de ne pas avoir pris une veste. Pour se réchauffer, elle accéléra l'allure. Rittersberg vaquait à ses occupations matinales avec sa gaîté habituelle. Sur la place du village, des femmes faisaient leur marché, certaines avec de jeunes enfants dans des poussettes. Beaucoup de visages curieux se tournèrent vers Grace lorsqu'elle arriva, mais elle fit semblant de ne pas les remarquer, et répondit à leurs saluts avec le sourire. Bien que n'ayant séjourné à Rittersberg que pendant de courts séjours au cours des dernières années, Grace était connue et appréciée des habitants. Son allemand s'était amélioré, elle avait passé beaucoup de temps à apprendre cette langue, ce qui lui avait valu la sympathie de tous. De plus, à chacune de ses visites, elle ne manquait pas de se mêler à la vie du village. Gabriel, lui, s'il avait passé la plus grande partie des trois années précédentes à Rittersberg, n'était presque jamais visible au village. Son allemand restait approximatif. Si les gens le respectaient en tant que Schattenjäger, s'ils lui faisaient confiance, après ce qu'il avait fait pour le cousin de l'un des leurs, ils le considéraient comme un personnage lointain, inaccessible. Ils aimaient et respectaient leur Schattenjäger, mais ils ne connaissaient pas Gabriel Knight. Grace, au contraire, se sentait presque chez elle dans le vieux village, où elle était toujours accueillie chaleureusement.
La jeune femme descendit jusqu'à l'épicerie du village. Elle avait un accord tacite avec Gerde : lorsque les deux femmes se trouvaient au château, l'américaine faisait les courses, afin que sa présence ne surcharge pas encore un peu plus l'allemande.
« Hallo Herr Silberhart, dit Grace à l'épicier en pénétrant dans la boutique. Wie geht's ?
- Guten morgen, Fraülein Nakimura. Que puis-je pour vous ? » demanda l'homme en allemand (1).
Grace commença à faire le plein. Elle hésitait souvent, ce demandant ce qui pourrait bien plaire à un garçon de quinze ans. Elle était déterminée à remplumer un peu Harry pendant son séjour.
"Ne vous inquiétez pas, jà cet âge là ils mangent tout ce qu'ils trouvent." Elle sursauta, et sourit au maire du village ( 2).
" Loin de moi l'idée de me mêler des affaires du Schattenjäger, reprit l'homme avec son habituel sourire tranquille, mais personne au village n'ignore que vous avez un pensionnaire. On peut dire que les allées-venues de tous ces gens étranges hier ne sont pas passées inaperçues. Ni le fait que le l'homme sombre qui est venu avec un adolescent est reparti seul.
- Je m'en doute, dit Grace d'un air résigné. pourtant, sa présence ici était censée être gardée secrète.
- Vous connaissez le village, Miss Nakimura. Vous savez que tous ceux qui vivent ici sont dévoués corps et âme au Schattenjäger, et que personne ne parlera de votre jeune invité. Vous avez déjà dû remarquer le silence qui s'installe en présence d'étrangers.
- Bien sur, merci Herr Bürgermeister." La jeune femme ne put cependant pas faire complètement disparaître l'expression angoissée de son visage. Le maire lui posa une main paternelle sur l'épaule.
" Le secret était si important ?
- Je l'ignore, répondit honnêtement la jeune femme. J'imagine que tant que la présence de ce garçon chez nous n'est pas affichée dans les journaux, les personnes après lui n'ont aucun moyen de l'apprendre, et s'ils se doutaient qu'il est ici, ils trouveraient le moyen d'en avoir la certitude, donc je dirais que non, ce n'est pas réellement gênant que le village soit au courant. Mais tant de choses sont arrivées dans cette affaire, que j'en est été amenée à douter de tout...
- Votre nouvelle affaire est tellement éprouvante ?
- Toutes nos affaires son éprouvantes. Cependant aucune n'a jamais atteint une telle ampleur...
- Vous débrouillerez celle-ci comme les autres. Nous avons tous confiance en votre Schattenjäger, et nous avons confiance en vous. Tous ceux que nous avons eus ici se montraient à la hauteur de leur tâche, et votre Gabriel a montré qu'il était un des meilleurs. Je suis cependant intrigué : les Schattenjäger ont pour habitude de partir mener leurs enquêtes sur place et de ne jamais revenir ici avant d'avoir fini une enquête. Il résolvent leur affaire ou meurent au combat, c'est leur devise. Tous ces gens que nous avons vus hier étaient des clients, n'est-ce pas ? Pourtant Gabriel est encore à Rittersberg, personne n'a vu partir sa voiture. Pourquoi n'a-t-il pas accompagné ces gens ?
- Nous ne sommes pas vraiment sur une nouvelle enquête, répondit Grace. C'est celle du mois dernier qui ressurgit. Le mal est connu, et plus puissant que tout ce que nous avons affronté jusqu'à présent. Nous ignorons où il se cache, mais ce n'est pas à nous de mener cette enquête... Il y a plus important.
- Qu'est-ce qui pourrait être plus important pour un chasseur d'ombre que de traquer et détruire le mal ?
- Protéger un adolescent. Je sais, cela peut paraître compliqué, moi-même je n'y comprends plus rient par moment, mais c'est cela le rôle de Gabriel dans cette affaire, pour l'instant du moins. Protéger un garçon de quinze ans qui en a déjà vu et subi plus que tous les habitants du village réunis.
- C'est une noble tâche, répondit le maire. J'ignore ce que vous combattez, et je crois que je préfère ne pas le savoir, mais vous savez que tout le village est derrière vous, en cas de besoin.
- Merci, répondit Grace. J'espère bien que ce ne sera pas nécessaire." Elle réalisa alors ce à quoi elle n'avait pas pensé auparavant. Si Voldemort avait vent de la présence de Harry à Rittersberg, il tenterait probablement de venir le chercher. Et le point d'apparition le plus accessible se trouvait près du village... De dépit, ou pour agir sur eux, les mangemorts pourraient bien décider de s'en prendre aux habitants... Les mettaient-ils tous en danger en accordant un refuge à Harry ? Le vieux maire parut lire dans ses pensées.
" Ne vous inquiétez pas, dit-il. Il ne vous arrivera rien. Vivre ici depuis des siècles nous a appris à tous à affronter le danger. Les forces du mal sont déjà venues au village, elles n'ont jamais trouvé personne.
- J'espère que vous avez raison. En tous cas, si vous voyez des étrangers à l'air étrange, éventuellement portant des capes, prévenez tout de suite le château, et faites attention à vous.
- Nous ferons attention. Des étrangers... vous voulez dire dans le genre de ceux qui sont passés hier ?
- Oui. Mais si c'est eux, notamment celui qui a amené Harry, vous n'avez rien à craindre. Je suis désolée, tout cela n'a probablement aucun sens pour vous...
- Nous ferons comme vous l'avez dit, ne vous inquiétez pas. Je vais faire circuler le message, Helmut également, n'est-ce pas ?" Il fit un signe en direction de l'épicier, occupé à servir une autre cliente, qui acquiesça avec vigueur.
" Merci, répéta Grace. Elle sourit. A vrai dire, il y a de fortes chances pour rien n'arrive ici... Que le plus délicat dans l'histoire soit de s'occuper de notre pensionnaire." Grace ne savait pas ce qui la poussait à avouer cela au maire, si ce n'est qu'elle avait une confiance totale en ses capacités de psychologue. Elle avait été surprise, la veille, de voir Harry reprendre soudainement goût à la vie et plaisanter joyeusement avec Gabriel. Ce qu'elle avait entendu la poussait plutôt à imaginer que le garçon serait déprimé et taciturne. Ce qu'il était, d'ailleurs, à son arrivée. Elle se doutait que cette soirée ne signifiait pas qu'il avait brutalement décidé de ne plus laissé son passé le tourmenter, mais que l'esprit du jeune homme avait eu désespérément besoin de cette pause, d'un instant de détente. Peut-être parce qu'il ne pouvait pas en supporter davantage. Elle devinait Harry à la limite de l'effondrement, et, quand on y pensait, ce qui était surprenant était qu'il n'ait pas cédé sous la pression... peut-être le maire, qui avait une grande famille et connaissait tout des adolescents pour avoir enseigné un temps dans un lycée, pourrait- il l'aider à trouver un moyen d'aider le jeune sorcier.
- Aurait-il mauvais caractère ?" demanda l'homme pour rompre le silence dont la jeune femme ne s'était même pas aperçue qu'il se prolongeait.
- Non, absolument pas. Mais vous n'imaginez même pas ce par quoi il est passé. Et être ici, pour lui, c'est l'éloignement de tout ce à quoi il tient, et de tous ceux qu'il aime. C'est délicat à expliquer... Nous avons besoin de le remettre sur pieds, mais ni Gabriel ni moi ne savons comment nous y prendre... Je crois en fait que Gabriel n'a même pas compris qu'il y avait un problème.
- Vous avez peur qu'il fasse une bêtise, c'est cela ?
- Non, pas au sens où vous l'entendez... Il vient d'apprendre à quel point il était important, il sait ce que sa mort signifirait... Je ne sais pas trop de quoi j'ai peur, mais je suis inquiète pour lui. C'est peut-être stupide.
- Ce n'est pas stupide de s'inquiéter pour un enfant lorsqu'il vous a été confié, sourit le vieil homme. Quelle que soit son importance, ou la raison pour laquelle vous vous occupez de lui. Vous savez, le rôle que vous jouez auprès du Schattenjäger ne vous empêche pas de voir les choses comme un être humain, et comme une femme, c'est plutôt rassurant.
- Si vous insinuez que...
- Allons !" Cette fois, le maire éclata d'un rire franc. "Je parlais de vos instincts maternels. Ce n'est un secret pour personne à qui appartient votre coeur." Grace rougit, mais le maire continua sans rien remarquer. "Mais pour en revenir à votre petit protégé... Mon petit fils est en vacances au village. Il a quinze ans, et il s'ennuie un peu. Ses cousins vivent ici, et ils ont repris le lycée la semaine dernière. Généralement, la meilleure façon de distraire un adolescent est de lui faire rencontrer des gens de son âge. Cependant, peut-être est-il trop dangereux pour Harry, comme vous l'appelez, de rencontrer des gens."
Grace réfléchit un moment. Elle s'en voulait d'avoir donné le prénom de Harry, mais elle n'avait même pas réalisé ce qu'elle faisait. D'un autre côté, au point où en étaient les choses... Les habitants de Rittersberg pouvaient le décrire, il n'était pas plus dangereux qu'ils connaissent son prénom. Et le "Bürgermeister" ne parlerait pas, de cela elle était certaine. Elle était sûre que de la compagnie ferait du bien à Harry, peut- être finirait-il par se sentir en vacances... En tous cas, il était clair qu'en restant seul il allait broyer du noir, même si Gabriel, Gerde et elle s'arrangeaient pour lui tenir compagnie au maximum, ils n'avaient plus quinze ans depuis longtemps. Mais Harry risquait de refuser de voir ce garçon dont il ignorait tout, qui ignorait tout de lui et à qui il devrait cacher tant de choses... De plus, était-il vraiment sûr de laisser quelqu'un s'introduire ainsi au château ? En théorie, il n'y avait aucun risque si le garçon tenait sa langue. Et si Harry ne quittait pas les limites du parcs, sur lesquelles Dumbledore avait dit qu'il serait en sécurité. Ce qui risquait, à la longue, d'ennuyer le petit-fils du maire.
" Alors, qu'en pensez-vous ? demanda l'homme ?
- Il faut que je parle à Harry, à Gabriel, et peut-être... " Elle interrompit sa phrase au milieu, ne jugeant pas nécessaire de prononcer le nom de Dumbledore. "... à d'autres personnes. Mais je vous remercie de votre proposition. Mais..." Elle essaya de trouver une tournure qui ne vexerait pas le vieil homme. "Vous avez laissé entendre que votre petit- fils venait d'ailleurs, d'un autre Land. Est-il quand-même au courant pour ce que nous faisons ici ?
- Ma fille a déménagé quand l'emploi est devenu rare par ici, et Jan vit la plus grande partie de l'année à Berlin, mais son coeur appartient à ce village. Il en sait autant que n'importe lequel d'entre nous.
- Harry ne pourra pas sortir des limites du château, cela ne risque-t-il pas de l'ennuyer un peu ?
- Ne vous inquiétez pas pour cela. Jan sera ravi d'avoir de la compagnie, je vous le garantis. Et je dois avouer que votre demeure intrigue beaucoup, tout le monde envie les ouvriers que vous employez. Il sera ravi d'avoir l'occasion d'y rentrer pour pouvoir ensuite se vanter auprès de ses cousins.
- Je vais en parler au château. Gabriel ou moi passerons vous voir dans l'après-midi, et peut-être emmener Jan si c'est d'accord."
Grace finit ses courses et remonta le chemin qui conduisait au château. Gerde était toujours assise à son bureau, dans le hall, la tête baissée sur des papiers.
" Pas de nouvelles de nos dormeurs ? demanda Grace.
- Le Schattenjäger est descendu prendre son petit déjeuner, mais il est remonté presque aussitôt dans la bibliothèque. Je crois qu'il travaille. Par contre, je n'ai pas vu Harry, mais il avait l'air épuisé. Ce n'est pas tellement étonnant qu'il dorme tard, il en avait bien besoin."
Contrairement à ce que supposait l'intendante du château, Harry n'avait pas fait la grasse matinée. Après la soirée de la veille, il s'était couché le coeur plus léger qu'il ne l'avait été depuis longtemps, et endormi rapidement. Mais un cauchemar l'avait réveillé avant le lever du jour. Frissonnant, il avait tâtonné longuement avant de trouver un interrupteur et de le tourner. Il ne se rappelait plus où il se trouvait, mais il avait su immédiatement que ce n'était pas son lit de Poudlard, et qu'il n'entendait pas le ronronnement rassurant que Sirius produisait quand il dormait. Il s'était retrouvé seul, dans cette chambre inconnue, et toute la situation avait de nouveau pesé sur ses épaules. Il n'était plus à Poudlard. Il se trouvait à Rittersberg, pour sa sécurité avaient dit Dumbledore et Sirius. Combien de temps ce lieu pourrait-il être synonyme de sécurité pour lui ? Combien de temps cela prendrait-il à Voldemort pour trouver un moyen de briser les puissantes barrières élevées par Griffondor ? Et combien de temps encore Harry allait-il être ainsi obligé de fuir le mage noir, protégeant sa propre vie en même temps que le secret qu'il portait en lui ? Il enrageait de devoir subir, de laisser Voldemort prendre les initiatives, tout en sachant qu'un jour le mâge noir finirait par le rattrapper. Et très probablement par le tuer.
Sentant la panique menacer de nouveau de s'emparer de lui, Harry s'était levé. Fouillant dans sa malle, il y trouva un de ses livres de cours, glissés par Hermione dans sa valise. Il s'agissait du manuel de métamorphose, et le jeune homme se plongea dedans. Il songea un moment que son amie aurait été fière de le voir se mettre à travailler sa théorie aussi tôt. Il avait conscience d'utiliser les livres comme un refuge, mais ne savait pas quoi faire d'autre pour ne pas devenir fou. Son amie ne pensait probablement qu'à lui donner un moyen de rester à niveau, pour lui c'était un moyen de s'empêcher de penser à son monde qui s'écroulait. Non, qui s'était déjà écroulé... Après tout, peut-être Hermione avait-elle également pensé qu'il aurait besoin d'occuper son esprit. Peu de choses échappaient à la jeune sorcière.
Il termina presque le gros grimoire dans la matinée. Il entendit Gerde et Grace passer dans le couloir et échanger quelques mots, et, beaucoup plus tard, Gabriel descendre l'escalier d'un pas lourd. A aucun moment, il n'eut envie de se lever pour se joindre au reste de la maisonnée. Il n'avait pas envie de bouger, pas envie de parler. Il ne sortit de son livre que lorsque l'on frappa à la porte. Il sursauta, et réalisa soudain qu'il était onze heures du matin et qu'il était encore en pyjamas, ce qui ne lui était jamais arrivé, sauf lorsqu'il était malade, ou, le plus souvent, blessé.
" Un instant !" cria-t-il. Il mit à peine quelques secondes à passer un jean et un tee-shirt, puis ouvrit la porte.
- Salut, Harry, dit Grace. Bien dormi ?
- Oui, merci." Elle remarqua alors le livre que le garçon avait laissé traîner sur le bras du fauteuil. " Studieux dès le premier matin, remarqua- t-elle. Il y a longtemps que tu lisais ?
- Quelques heures, répondit Harry.
- Tu n'avais pas faim ? Tu as complètement sauté le petit déjeûner." Harry réalisa qu'il avait complètement oublié l'existence du repas matinal. a vrai dire, il ne se rappelait pas quand il avait mangé pour la dernière fois... La veille, les événements s'étaient un peu trop précipités pour qu'il y pense, et il avait refusé de se faire servir quelque chose en arrivant au château. Il n'avait pas faim. D'ailleurs, il n'avait toujours pas faim.
- J'ignorais à quelle heure vous le preniez, dit Harry, et comme je n'avais pas très faim...
- Il n'y a pas d'heure fixe, dit Grace. Tu peux demander à Gerde n'importe quand, elle sera toujours ravie de te servir. Ca lui sort un peu la tête de ses papiers. ou si tu préfères, je te montrerai la cuisine tout à l'heure, Tu peux te servir de n'importe quoi à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. La seule condition est que tu ranges tout à peu près correctement et que tu fasses ta vaisselle."
Harry hocha la tête.
" Tu devrais venir maintenant, je vais te faire un sandwich, proposa Grace.
- Je n'ai pas faim.
- Il faut que tu manges." Grace entraîna Harry vers le rez-de-chaussée, et il la suivit sans protester. Il savait qu'elle avait raison sur ce point. Mais lorsqu'elle lui tendit un petit pain garni de jambon et de salade, il sentit son estomac se révulser. Comme si elle n'avait rien remarqué, la jeune femme s'assit à la petite table qui servait d'ordinaire à la préparation des repas. Harry prit place en face d'elle.
"Tu sais, dit-elle, pendant tout le temps que tu passeras au château, tu es ici chez toi. Cela semble probablement tellement évident à Gabriel qu'il ne te l'as même pas dit, mais tu es complètement libre d'utiliser toutes les pièces... à l'exception de nos chambres, bien entendu." Harry la regarda d'un air surpris. Il ne s'était pas vraiment posé la question, mais cela lui avait paru aller de soi, en effet.
" Ce que je veux dire, reprit la jeune femme, c'est que tu n'es pas obligé de rester dans ta chambre. Tu aurais été plus à ton aise au salon pour lire. Tu peux même te promener en pyjama si ça te chante. nous avons beau vivre dans un château, aucune étiquette ne s'applique ici.
- Merci, dit Harry. C'est juste que je préférais rester un peu seul ce matin.
- Tu en as le droit. Mais n'oublie pas non plus que nous sommes là, si tu as besoin de quoi que ce soit. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, et si tu as besoin de parler, ou simplement d'une présence...
- Merci", répéta Harry. Grace étouffa un soupir. Elle ne s'était pas trompée en supposant que sa bonne humeur de la veille ne durerait pas.
" J'ai pensé que tu t'ennuyerais peut-être ici, reprit elle. Je veux dire, c'est très bien de lire tes manuels scolaires, mais peut-être pourrais-tu profiter de ce que tu es ici pour te distraire un peu, et pour te détendre, non ?
- J'étais encore en vacances il y a une semaine, remarqua le garçon. Et les autres travaillent, à Poudlard. Je ne dois pas prendre trop de retard.
- J'imagine. Mais tu as eu de dures journées depuis la rentrée, et on ne peut pas vraiment dire que tes vacances aient été de tout repos. Et je ne veux pas que tu aies l'impression d'être en prison ici. Il y a un garçon de ton âge en vacances au village, qui s'ennuie un peu. Que dirais-tu de le faire venir ici ?
- Je croyais que personne ne devait savoir que j'étais ici ?
- C'est un peu tard pour cela, tout le village t'a vu arriver. Et si tu es d'accord, nous pourrons toujours parler à Gabriel et peut-être Dumbledore de ce qui concerne la sécurité. En dehors de ce problème là, est-ce que ça te plairait ?"
Harry réfléchit un moment. C'était la dernière chose à laquelle il s'attendait. Le fait que Grace ait simplement pensé à lui proposer de la compagnie le réconfortait. Car il gardait dans un coin de sa tête l'idée qu'il n'était qu'une chose, qu'un coffre fort que l'on protégeait pour empêcher une arme décisive de tomber entre les mains de Voldemort. Pourtant, il n'avait pas vraiment envie de s'amuser avec un garçon en vacances alors qu'il ignorait tout de ce qui pouvait se passer dans le monde... cela semblait simplement trop incongru. Il fit part de cette pensée à Grace.
" Je sais bien, répondit celle-ci, que ça peut sembler bizarre. D'un autre côté, il n'y a rien que tu puisses faire pour aider pour l'instant, et tu ne gagneras rien à rester à te morfondre. Et je crois qu'à Poudlard la vie continue. D'après ce que tu m'as dit, vous faites des fêtes même dans certaines situations critiques..."
C'était vrai... En y repensant, Harry réalisa que s'il était resté à Poudlard, Ron et Hermione auraient probablement essayé de le dérider, et y seraient peut-être parvenus. En tous cas, les Griffondor auraient continué à rire des blagues de Fred et GEorges, et à célébrer leurs victoires au Quidditch. Et il avait besoin de se changer les idées pour ne pas devenir fou.
" Ce garçon, demanda-t-il, c'est un moldu ?
- Oui, répondit Grace, mais il sait que tu es spécial puisque tu vis avec nous. Je pense qu'il ne posera pas de question.
- S'il s'ennuie vraiment au point de pouvoir me supporter, et si Dumbledore est d'accord, je veux bien qu'il vienne.
- C'est une bonne décision, dit Grace, un sourire aux lèvres. Est-ce que je suis vraiment mauvaise cuisinière ? Tu n'as pas touché ton sandwich !"
En se forçant, Harry parvint à avaler le sandwich. Grace parla à Gabriel de l'idée du maire, et celui-ci n'y vit pas d'inconvénient. Ils contactèrent Dumbledore qui trouva l'idée excellente, à condition que Harry reste bien dans les limites de la propriété. Et dès l'après-midi, Grace retourna au village, pour parler au maire. Lorsqu'elle revint, elle était accompagnée d'un garçon petit aux cheveux blond cendrés, qui semblait impressioné de se trouver là.
" Harry, annonça Grace, je te présente Jan. Jan, voici Harry." En l'entendant faire les présentations, Harry eut soudain envie de fuir et de dire qu'il s'était trompé, qu'il n'avait jamais voulu voir ce garçon. C'était stupide, ça n'avait pas de sens. Il n'était pas là pour jouer les mondains, que pourrait-il dire à quelqu'un qui n'avait jamais entendu parler de Voldemort, ni même de magie, qu'avaient-ils en commun ? Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ?
" Salut, Harry, disait l'autre garçon dans un anglais haché et approximatif. Je suis plutôt content de te voir, je désespérais de trouver quelqu'un entre cinq et trente ans qui ne soit pas occupé toute la journée.
- Salut, répondit Harry, plutôt froidement. L'autre le regarda, un peu désarçonné, mais continua à faire la conversation. " Je suis berlinois, c'est pour cela que j'ai des vacances décalées. Et toi, je peux te demander d'où tu viens ?
- Je suis anglais. Je ne suis pas sûr d'avoir le droit de t'en dire plus.
- Bien sûr. Grand-père m'a demandé de ne pas te poser de questions." Jan semblait de plus en plus mal à l'aise. Grace commençait à douter que ce soit une bonne idée, peut-être les garçons avaient-ils passé l'âge où les enfants deviennent facilement amis quand ils ne sont que deux du même âge, ou peut-être Harry n'était-il pas prêt à se laisser aller avec un inconnu. Il devait se méfier de tout et de tout le monde, et cette méfiance pouvait être plus forte que ce que la raison disait.
Mais Jan surmonta rapidement son malaise. Il montra à Harry le sac qu'il tenait à la main.
« C'est une console de jeux, dit-il. Je l'amène toujours quand je viens ici et que les autres ont déjà repris les cours. Ca te dirait de l'essayer ? demanda-t-il à Harry.
- Ok, répondit le jeune sorcier, avec un certain enthousiasme. L'offre avait retenu son attention. Depuis qu'il était tout petit, il voyait Dudley passer ses journées sur ce genre de machine, et jamais jusqu'ici il n'avait eu l'occasion d'en essayer une, ce qui était plutôt frustrant. Grace leur montra une télévision dans un bureau qui jouxtait le salon, et le jeune berlinois effectua rapidement les branchages.
« A quoi veux-tu jouer ? demanda-t-il à Harry.
- Choisis, toi, répondit le sorcier. Si certains noms lui étaient familiers, pour avoir vu Dudley jouer avec, les jeux n'évoquaient rien de plus pour lui. « Je te préviens que je vais probablement être nul, ajouta-t- il. Je n'ai jamais fait ce genre de choses.
- Jamais ? s'étonna l'autre garçon. D'où tu viens ? De la lune ? Les consoles sont arrivées jusqu'à Rittersberg, mes cousins en ont une, pourtant mes copains de la ville disent que c'est le bout du monde, ici.
- J'en ai vu, répondit Harry. Mon cousin en a une aussi, plusieurs en fait. Simplement je n'ai jamais eu l'occasion d'essayer. »
Le garçon blond hocha la tête. Il savait qu'il ne devait pas poser de questions personnelles à Harry, et lui demander d'où il venait semblait déjà trop. Il mit une manette dans les mains du sorcier.
« Ok, dit-il alors qu'une image de grand prix apparaissait sur l'écran, c'est très simple. Tu pilotes cette formule 1. Le but est bien sûr de gagner la course. Avec ce bouton-ci, tu accélère, avec ceux-ci, tu diriges. D'accord ? »
Ce n'était pas tout à fait aussi simple que Jan le prétendait, et Harry parvint à faire exploser sa voiture au bout de quelques secondes. Cependant, il avait de bons réflexes, et après quelques essais, il arrivait à terminer le circuit. Jan sortit alors de son sac une deuxième manette, et ils se mirent à jouer à deux joueurs. Ca ne valait pas le Quidditch, en vrai, mais le jeu avait au moins le mérite de distraire Harry, de manière plus efficace que son livre de métamorphose. Il se surprit à rire lorsque sa voiture réalisa un spectaculaire tête à queue s'éleva dans les airs pour retomber sur celle de Jan. Après celui-là, ils essayèrent d'autres jeux. L'après-midi passa sans qu'aucun des deux garçons ne s'en rende compte.
Les jours suivants, Jan passa la plus grande partie de son temps au château. Au début, Harry ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable d'être là à s'amuser. Mais il chassa sa mauvaise conscience en se rappelant qu'il n'y avait rien de plus constructif qu'il puisse faire. Ensemble, les deux garçons explorèrent les bois qui entouraient le château. Ils avaient de longues conversations, qui tournaient presque toujours autour de la vie de l'allemand : très rapidement, Harry sut tout sur Kirsten, la jeune fille dont il était amoureux, et sur ses professeurs et amis de lycée. En réponse, Harry parlait parfois de Cho, de Ron et Hermione, ou des jumeaux, mais il n'osait pas en dire trop, de peur de trahir le fait que tous étaient des sorciers. Jan apprit à Harry à pêcher sur la rivière qui traversait le domaine de Gabriel. Et cet exil forcé se transformait singulièrement en vacances, les meilleures que Harry ait jamais eues, à l'exception peut-être du temps qu'il avait passé au terrier.
Bien sûr, Harry n'était pas aussi insouciant qu'il ne le paraissait. Lorsqu'il se retrouvait seul, la menace de Voldemort, les doutes qu'il avait sur son avenir, maintenant que sa magie était partie, ou tout ce qu'il avait appris sur les forces que sa vie ou sa mort mettraient en jeu, tout cela pesait de nouveau sur son esprit. Le soir, il avait du mal à trouver le sommeil, et la nuit le voyait souvent se réveiller en sursaut, couvert de sueur, après un cauchemar. Une nuit, il avait rêvé de Voldemort, et s'était réveillé la cicatrice en feu. Il avait vu le mage noir recevoir Lucius Malefoy et un autre mangemort. Lorsque ceux-ci avait avoué qu'ils n'avaient aucune idée de l'endroit où se trouvait Harry, leur maître leur avait lancé le sortilège doloris. Harry avait raconté son rêve à Grace et Gabriel, et en avait parlé à Dumbledore lorsqu'ils avaient été en contact avec lui.
Pendant que Harry profitait de ces moments de détente, Gabriel et Grace s'étaient remis au travail. Dès le lendemain du jour où Harry était arrivé, Gabriel s'était lancé dans un travail de recherche afin d'en apprendre le plus possible sur Griffondor, sur le médaillon, sur tout ce qui pouvait avoir trait au lien entre sa famille et le monde des sorciers. Grace n'avait pas mis longtemps avant de découvrir ce qu'il faisait, et s'était proposée pour l'aider, légèrement agacée qu'il ne lui ait rien demandé.
Le Schattenjäger avait contacté Herr Übergrau, le notaire de la famille qui était devenu au fil des années presque un ami. Übergrau connaissait parfaitement l'Allemagne et Gabriel faisait systématiquement appel à lui quand il avait besoin d'un renseignement sur ce pays dans lequel il se sentait toujours étranger, ou quand il cherchait un expert, ou simplement une adresse. Cette fois-ci, il avait demandé au notaire de lui trouver un expert en bijouterie dans les environs de Rittersberg. Le notaire lui avait donné l'adresse d'un de ses amis, un bijoutier ayant obtenu un poste d'expert dans un musée, et Gabriel s'était rendu chez l'homme avec son médaillon. Il était resté dans la bijouterie tout le temps qu'avait duré l'expertise, refusant de confier son amulette à qui que ce soit.
« C'est fantastique ! s'était enthousiasmé l'expert. Ce bijou est en or pur, je dirais qu'il date du milieu du moyen-âge ! Sa valeur est inestimable !
- Il n'est pas à vendre. Je voudrais savoir si vous pouvez me dire autre chose à son sujet... ce qu'il y a à l'intérieur, par exemple, s'il n'est pas complètement massif, ou n'importe quoi qui vous semblerait étrange à son sujet.
- Bien sûr. Avez-vous une raison de penser que ce médaillon pourrait ne pas être en or massif ?
- Non. Je veux juste en savoir le plus possible. » L'expert avait pris le bijou dans ses mains comme s'il s'était agi de la huitième merveille du monde, et l'avait placé dans divers appareils, prenant des photos et des notes. Ses yeux brillaient d'excitation, et ses cheveux roux volaient dans tous les sens alors qu'il s'activait. Pour une fois, Gabriel avait jugé préférable de réfréner son impatience et ne l'avait pas interrompu. Finalement, au bout de plusieurs heures, l'homme s'était retourné vers lui.
« Extrêmement intéressant ! Etes-vous sûr que vous ne voulez pas me le laisser quelques jours ? »
Gabriel avait fait non de la tête.
« Remarquez, je vous comprends, avait dit l'expert. Si je possédait une merveille pareille, je crois que moi aussi j'y réfléchirais à deux fois avant de la prêter à qui que ce soit. J'aurais cependant aimé faire quelques examens supplémentaires.
- Qu'avez-vous découvert ? demanda Gabriel.
- Eh bien, tout d'abord, la masse de ce médaillon est trop importante par rapport à sa taille.
- Ce qui signifie ?
- Probablement, comme vous le supposiez tout à l'heure, qu'il n'est pas entièrement constitué d'or. Ce qui est étrange, c'est que, normalement, lorsqu'un bijou n'est pas en or massif, c'est parce que la personne qui l'a fait fabriquer a voulu faire des économies, ou a été trompée par un artisan peu scrupuleux. Dans ces cas là, l'intérieur est constitué d'un métal plus léger, ou même laissé vide. Ici, il semble que l'intérieur soit en plomb, ou un autre métal lourd. Je n'avais encore jamais vu cela.
- Il y en a une grande quantité ?
- Non, et c'est un autre détail intrigant. Le bijou est constitué d'environ quatre-vingt quinze pour cent d'or. A moins bien sûr qu'il n'y ait également un métal léger à l'intérieur, mais je n'y crois pas. Si l'on veut tricher, pourquoi remplacer une aussi infime partie de l'or ?
- Peut-être pour avoir moins de chance d'être pris ? suggéra Gabriel.
- Ca n'a quand-même pas vraiment de sens. Et ce n'est pas tout. Votre médaillon est complètement imperméable à tous les types d'ondes et de rayons que j'ai pu tester. Au moins en son centre.
- C'est une des propriétés du plomb, non ? On l'utilise bien pour conditionner des déchets radioactifs.
- Peut-être, mais on en met un mètre d'épaisseur. Ici, il ne doit pas y en avoir plus d'un millimètre. Vous devriez confier ceci aux compagnies de production d'électricité, cela leur permettrait sans doute de résoudre une bonne partie de leurs problèmes.
- Si seulement je pouvais d'abord résoudre les miens... pensa Gabriel.
- De plus, reprit le bijoutier, il y a toute une zone autour qui laisse passer la radioactivité mais absorbe tous les autres types de rayons, quelque soit leur longueur d'onde. Et ce qui est stupéfiant c'est que même après avoir absorbé une dose impressionnante de rayons, le métal ne chauffe pas d'un degré.
- Et ?
- Normalement, la lumière absorbée se transforme en chaleur. Votre médaillon défie les lois de la physique, Mr Knight. De plus, tous les métaux sont conducteurs. Votre bijou est entièrement isolant.
- Comment expliquez vous que tout le bijou soit isolant, alors que seul le centre isole des rayons ?
- Je ne l'explique pas. je pense que le mystérieux matériau se trouve essentiellement au centre. Peut-être y en a-t-il une infime quantité dans la zone péricentrique, ce qui lui confère également des propriétés particulières. Par contre, il semble que ce soit l'or lui-même qui isole, pourtant il ressemble à celui que nous utilisons ailleurs. Il se pourrait bien sûr qu'il s'agisse d'un alliage légèrement différent, auquel cas, bien sûr, la différence de masse observée n'aurait plus de signification réelle... Mais je n'ai jamais observé ce type d'alliages sur des bijoux issus de cette époque. Je ne peux pas vous aider davantage, je suis désolé.
- Merci. Vous m'avez déjà beaucoup aidé. » En rentrant à Rittersberg, Gabriel avait essayé de confronter ce qu'il venait d'apprendre avec ce que lui avait dit le professeur Dumbledore après avoir analysé le médaillon. Il supposait que c'était la magie qui perturbait les instruments de l'expert. Ce qui signifiait que le médaillon débordait de magie. D'accord, ce n'était pas une surprise. L'extérieur, ce qui était constitué d'or, était suffisamment enchanté pour être isolant. Et au centre du médaillon se trouvait ce qui devait être un concentré de magie, assez puissant pour arrêter des rayons gamma... Il réalisa soudain qu'il n'avait aucune idée de ce que cela signifiait en termes de puissance magique... C'était peut-être un effet très courant, finalement... non, probablement pas. Dumbledore affirmait que même les couches les plus externes étaient amplies d'une puissance telle qu'il en avait rarement rencontrée, il n'avait pas réussi à aller plus loin dans son analyse. Ce qui signifiait que ce qui avait arrêté les rayons était encore bien plus puissant que cela. C'était probablement la partie qui arrêtait également le sortilège Avada Kedavra, et qui repoussait les créatures du mal. Et il y avait la zone intermédiaire. A quoi servait-elle ?
De retour au château, il confia ce qu'il avait découvert à Grace.
« Ce ne sont que des hypothèses, dit la jeune femme quand il lui exposa son analyse.
- Bien sûr. Mais il semble logique que la partie la plus active soit au centre, non ?
- Sans doute. Mais j'ai passé beaucoup de temps à étudier la magie avec Sidney.
- Et ?
- Rien n'est jamais aussi simple que ça n'y paraît. J'ai trouvé notamment quelques articles intéressants sur la manière dont les instruments moldus peuvent détecter la magie. Ils disent que cela se manifeste plus comme des interférences. Dans une zone où il y a beaucoup de magie, par exemple, les appareils électriques vont sauter plus souvent. Mais ils disent aussi que si les moldus avaient connaissance de la magie et se mettaient à chercher les bâtiments occupés par des sorciers, ils auraient beaucoup de mal. Leurs divers radars et autres satellites n'ont jamais rien vu d'anormal au niveau des lieux à haut niveau magique. Poudlard, par exemple. Jamais il n'est mentionné que la magie pourrait arrêter les rayons, ou même l'électricité.
- peut-être le médaillon est-il encore plus puissant que nous ne le supposions. Après tout, Griffondor était bien plus puissant que n'importe lequel des sorciers actuels, sinon pourquoi attacheraient-ils tant d'importance à cette arme ? » Il s'interrompit brusquement, et regarda Grace. Leurs yeux se croisèrent, et il vit que la même pensée avait traversé leurs deux esprits. Une pensée folle, mais le monde avait perdu sa raison le jour où on l'avait appelé parce qu'un chien avait été tué d'une lumière verte.
« L'arme de Griffondor murmurèrent-ils finalement en choeur, le regard fixé sur le médaillon...
- Si c'est vraiment là que Griffondor a caché cet objet si puissant, nous ne devons en parler à personne, dit Grace après un temps.
- Pardon ? Mais enfin, cette arme appartient à Harry. C'est pour lui le moyen de venir enfin à bout de tous ses ennuis, et de nous débarrasser de Lord Voldemort !
- Si cette arme est aussi puissante que nous le pensons, elle pourrait permettre de détruire le monde ! Elle est restée cachée pendant des siècles, pour éviter que quiconque s'en serve. C'est bien trop dangereux de la faire ressurgir, même si c'est pour la confier à harry !
- Si le vieux Griffondor avait voulu que plus personne ne s'en serve jamais, il ne l'aurait pas cachée, il l'aurait détruite !
- Peut-être qu'il n'a pas pu, que l'objet était trop puissant, même pour lui. Ou peut-être qu'il n'en a pas eu le courage. Ce devait être son chef d'oeuvre.
- Je me moque de tes analyses, Gracie. Ne crois-tu pas que Harry devrait au moins essayer de prendre cette arme avant que Voldemort ne parvienne à s'emparer de lui, ce qui aura l'effet très désagréable de permettre à tous d'avoir accès à un tel pouvoir ? Qu'est-ce qui l'empêchera ensuite de détruire ou de cacher cette arme quelle qu'elle soit ?
- Rien, probablement. Mais Dumbledore avait probablement ses raisons pour ne pas dévoiler cette information, et j'ai suffisament confiance en lui pour ne pas en parler non plus.
- Quoi ? mais qu'est-ce que le vieux vient faire là-dedans ? Tu délires, Grace, il ne peut pas dévoiler une information qu'il ignore.
- A mon avis, il y a longtemps qu'il se doute que l'arme laissée par Griffondor a un lien avec ton médaillon. Comment crois-tu qu'il a deviné que le château devait être protégé contre les sorciers ? Ca ne se justifie pas tellement, parce que le Schattenjäger n'est presque jamais chez lui quand il mène une enquête. Par contre, si c'est là que doit dormir la plus grande partie de l'année un pouvoir surpassant tout ce que nous pouvons imaginer, ça se comprend, non ?
- Son raisonnement ne t'a pas paru étrange, sur le moment.
- Je n'ai rien dit, parce que j'avais confiance, mais si, plusieurs fois j'ai trouvé qu'il se comportait étrangement. Comme lorsqu'il t'a rendu ton médaillon si rapidement, par exemple. je crois qu'il avait peur de le garder, parce qu'il se doutait de son pouvoir.
- Et ?
- Et, je ne sais pas ce qu'il lui est passé par la tête. Ce que je crois, en revanche, c'est que nous ferions mieux de l'appeler. »
Elle descendit chercher la boule de verre qui servait toujours à leurs communications. Le vieux sorcier paru surpris de les voir. Généralement, les communications entre Poudlard et Rittersberg étaient limitées à une fois par semaine, et Gabriel avait déjà appelé deux jours auparavant. Grace ne perdit pas de temps en préliminaires, et expliqua au professeur ce qu'ils pensaient avoir compris.
« Je me demandais si vous y penseriez, dit le vieil homme avec un éclair de malice au coin des yeux. La même hypothèse m'a traversé l'esprit. Ca paraissait logique : pour protéger son bien des sorciers, il l'aurait confié à un moldu.»
Gabriel lança un regard meurtrier à Grace, qui prit l'air triomphant, mais il se retourna rapidement vers le directeur de Poudlard.
« Ce que je ne comprends pas, dit-il c'est pourquoi vous n'avez rien dit. N'avez-vous pas pensé à ce que nous pourrions faire si Harry...
- Nous ne savons pas comment Harry pourra prendre possession de ce pouvoir. Cela m'étonnerait qu'il lui suffise de prendre votre médaillon en main pour avoir soudain une arme d'une puissance fantastique. Je crois qu'il est celui des descendants de Griffondor qui trouvera cette arme, mais je ne suis pas sûr que le moment soit venu pour lui de la trouver. Un jour, je crois, il comprendra comment faire, et il prendra possession de son héritage. J'ai suffisamment étudié d'écrits de la main de Griffondor pour être à peu près certain que ses dons de voyance lui avaient montré l'arrivée de Voldemort. Je ne serais même pas surpris s'il avait inclus au médaillon quelques sortilèges qui n'autoriseraient son héritier à trouver l'arme qu'au moment que lui, Griffondor, juge opportun. Je vous prie de ne pas parler de cela à Harry. Tel que je le connais, il arrêterait tout jusqu'à ce qu'il ait trouvé le moyen de trouver ce que Griffondor lui a laissé. Il n'y parviendra pas.
- Mais ne croyez-vous pas que nous devrions au moins essayer ?
- Prêtez votre médaillon à Harry si vous le désirez. Mais je ne crois pas que cela ait le moindre effet. D'ailleurs, gardez à l'esprit que nous n'avons aucune certitude : l'arme dont parlait Griffondor n'est peut-être pas le médaillon, elle n'est peut-être pas inclue dans le médaillon. Maintenant, je dois vous laisser. Demain est le premier week-end à Pré-au-Lard et je dois parler aux professeurs des mesures de sécurité. »
Frustré, Gabriel vit la tête du vieux sorcier disparaître de sa boule de verre. Grace ne parvint pas à le calmer : il détestait rester inactif, il détestait attendre, quand il pensait qu'il était possible d'agir. Le soir, il s'arrangea pour amener la conversation sur son statut de Scahttenjäger, et pour proposer à Harry d'essayer son médaillon. L'adolescent accepta, et plaça le bijou autour de son cou. Retenant sa respiration, Gabriel observait Harry, ne sachant pas trop ce qu'il devait attendre. Une lumière éblouissante, peut-être, ou une explosion... N'importe quoi. Peut-être simplement une réaction inhabituelle de la part du jeune sorcier. Une expression intriguée et respectueuse se lisait sur le visage de celui-ci, alors qu'il manipulait l'objet, et son regard s'arrêta longuement sur les symboles du lion et du serpent, qu'il connaissait si bien depuis quatre ans. Mais, comme l'avait prédit Dumbledore, il ne se produisit absolument rien, et après quelques instant, Harry rendit le bijou à son propriétaire en le remerciant, et sans remarquer son trouble.
Le lendemain était un samedi. Jan venait passer la matinée au château, mais ce devait être la dernière fois puisqu'il rentrait le dimanche à Berlin où il devait reprendre les cours, et qu'il passerait l'après-midi avec ses cousins qui étaient libres.
Il pleuvait à seaux ce jour là, et les deux garçons étaient cantonnés à l'intérieur. Aucun des deux n'était très gai : Jan n'avait pas envie de reprendre le lycée qu'il n'aimait pas, et Harry se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire seul au château pendant la suite de son séjour. Le berlinois avait une fois de plus amené sa console de jeux, et ils disputaient une partie de tennis virtuel acharnée, quand une vive douleur traversa soudain la tête de Harry. Lâchant sa manette, il porta instinctivement la main à sa cicatrice.
« Ca va ? demanda Jan. Tu es tout pâle...
- Ca va aller », répondit Harry, en respirant lentement pour faire taire la douleur, qui s'était assourdie mais n'avait pas disparu. Pourquoi sa cicatrice lui faisait-elle mal ? Voldemort ne pouvait pas être ici, il y aurait eu d'autres signes. Son ami le regardait d'un air inquiet, et Harry tenta de lui sourire pour le rassurer, mais la douleur augmenta soudainement et il ne put retenir un cri. Sa vision se troubla, et une voix se mit à parler dans sa tête. Une voix qu'il ne connaissait que trop bien, et qu'il aurait souhaité ne jamais réentendre.
« Salut, Harry, dit Voldemort. Mes espions m'ont parlé de ces visions que tu as, et j'ai pensé à ce moyen original de te contacter, puisque tu te caches comme le lâche que tu es... Je n'avais pas l'intention de m'en prendre à ceux que tu aimes, mais puisque tu refuses de m'affronter je n'avais pas le choix.
- Vous vous cachez aussi ! siffla Harry.
- J'ai d'excellentes raisons. Mais pour en revenir à ce qui nous préoccupe aujourd'hui, je disais que je ne m'en serais jamais pris à tes amis si tu n'avais pas pris la fuite. Mais tu m'y as poussé. Mes fidèles mangemorts ont trouvé ta Sang-de-Bourbe et ton copain rouquin... Les rues de Pré-au- lard ne sont plus sûres, de nos jours.
- Qu'est-ce que vous leur avez fait ?
- Rien pour l'instant.
- Laissez-les partir !
- Tu n'as aucun droit de me donner des ordres, Potter. Cependant, et, parce que c'est toi, je vais les laisser partir. A condition bien sûr que tu sortes de ta cachette. N'importe où, je te trouverai. Réfléchis, Potter, ils n'auront pas d'autre chance ».
Harry sentit Voldemort quitter son esprit, et la douleur de sa cicatrice diminuer. Il se retrouva sur le sol du bureau, il avait glissé de sa chaise. Gabriel, l'air paniqué, était agenouillé près de lui. Jan, un peu en retrait, semblait terrorisé. Lorsque le Schattenjäger vit qu'il avait repris ses esprits, le soulagement se lut sur son visage.
« Ca va ? demanda-t-il. Tu as vu quelque chose ? Que s'est-il passé ?
- Voldemort, répondit Harry en se levant, malgré la main de Gabriel qui tentait de l'en empêcher. Il tient Ron et Hermione. Je dois rentrer à Poudlard. »
(1) je ne continuerai pas à exposer mes désolantes connaissances dans cette langue, de plus il y a fort à parier que la plupart d'entre vous n'y comprendraient rien
(2) pour ceux qui ont fait le jeu, je ne me rappelle plus son nom, et une main malintentionnée a effacé mes sauvegardes...
Merci aux lecteurs et aux reviewers. Je suis désolée du temps que ce chapitre a mis à venir (une fois de plus...). N'attendez pas le prochain rapidement, je pars en vacances.
phénix20 : contente que ça te plaise, et que tu aies osé venir lire bien que ce soit un crossover.
Hadler : Merci pour tes compliments. Et t'inquiète pas, Gabriel est encore un peu jeune pour prendre sa retraite. Surtout que, s'il engraisse, il perdra tout son charme.
Vert : Alors, qu'est-ce que t'en as pensé du jeu ? Tu veux que je continue à martyriser Harry, et tu aimes qu'il n'ait pas de magie... dis, tu serais pas un peu sadique, toi aussi ?
Ryan : C'est vrai que tu as l'air dedans... Tu voudrais pas écrire la suite à ma place ? Ca m'éviterait de m'arracher les cheveux... Sérieusement ( parce que je ne vais pas réellement refiler ma fic, et surtout pas à quelqu'un qui avoue sans honte aucune ses pulsions meurtrières), ça risque de ne pas se passer tout à fait comme dans ton scénario. J'espère quand même que tu ne seras pas déçu au point de céder à tes envies de meurtre.
chapitre 9 : Rittersberg.
Un peu avant neuf heures, le lendemain de l'arrivée de Harry, Grace descendait en chantonnant le chemin qui menait du château au village. Gabriel et Harry dormaient encore quand elle était partie, et Gerde était déjà plongée dans les comptes de la librairie. Bien que ce ne soit que le début du mois de septembre, la matinée était fraîche et Grace regrettait de ne pas avoir pris une veste. Pour se réchauffer, elle accéléra l'allure. Rittersberg vaquait à ses occupations matinales avec sa gaîté habituelle. Sur la place du village, des femmes faisaient leur marché, certaines avec de jeunes enfants dans des poussettes. Beaucoup de visages curieux se tournèrent vers Grace lorsqu'elle arriva, mais elle fit semblant de ne pas les remarquer, et répondit à leurs saluts avec le sourire. Bien que n'ayant séjourné à Rittersberg que pendant de courts séjours au cours des dernières années, Grace était connue et appréciée des habitants. Son allemand s'était amélioré, elle avait passé beaucoup de temps à apprendre cette langue, ce qui lui avait valu la sympathie de tous. De plus, à chacune de ses visites, elle ne manquait pas de se mêler à la vie du village. Gabriel, lui, s'il avait passé la plus grande partie des trois années précédentes à Rittersberg, n'était presque jamais visible au village. Son allemand restait approximatif. Si les gens le respectaient en tant que Schattenjäger, s'ils lui faisaient confiance, après ce qu'il avait fait pour le cousin de l'un des leurs, ils le considéraient comme un personnage lointain, inaccessible. Ils aimaient et respectaient leur Schattenjäger, mais ils ne connaissaient pas Gabriel Knight. Grace, au contraire, se sentait presque chez elle dans le vieux village, où elle était toujours accueillie chaleureusement.
La jeune femme descendit jusqu'à l'épicerie du village. Elle avait un accord tacite avec Gerde : lorsque les deux femmes se trouvaient au château, l'américaine faisait les courses, afin que sa présence ne surcharge pas encore un peu plus l'allemande.
« Hallo Herr Silberhart, dit Grace à l'épicier en pénétrant dans la boutique. Wie geht's ?
- Guten morgen, Fraülein Nakimura. Que puis-je pour vous ? » demanda l'homme en allemand (1).
Grace commença à faire le plein. Elle hésitait souvent, ce demandant ce qui pourrait bien plaire à un garçon de quinze ans. Elle était déterminée à remplumer un peu Harry pendant son séjour.
"Ne vous inquiétez pas, jà cet âge là ils mangent tout ce qu'ils trouvent." Elle sursauta, et sourit au maire du village ( 2).
" Loin de moi l'idée de me mêler des affaires du Schattenjäger, reprit l'homme avec son habituel sourire tranquille, mais personne au village n'ignore que vous avez un pensionnaire. On peut dire que les allées-venues de tous ces gens étranges hier ne sont pas passées inaperçues. Ni le fait que le l'homme sombre qui est venu avec un adolescent est reparti seul.
- Je m'en doute, dit Grace d'un air résigné. pourtant, sa présence ici était censée être gardée secrète.
- Vous connaissez le village, Miss Nakimura. Vous savez que tous ceux qui vivent ici sont dévoués corps et âme au Schattenjäger, et que personne ne parlera de votre jeune invité. Vous avez déjà dû remarquer le silence qui s'installe en présence d'étrangers.
- Bien sur, merci Herr Bürgermeister." La jeune femme ne put cependant pas faire complètement disparaître l'expression angoissée de son visage. Le maire lui posa une main paternelle sur l'épaule.
" Le secret était si important ?
- Je l'ignore, répondit honnêtement la jeune femme. J'imagine que tant que la présence de ce garçon chez nous n'est pas affichée dans les journaux, les personnes après lui n'ont aucun moyen de l'apprendre, et s'ils se doutaient qu'il est ici, ils trouveraient le moyen d'en avoir la certitude, donc je dirais que non, ce n'est pas réellement gênant que le village soit au courant. Mais tant de choses sont arrivées dans cette affaire, que j'en est été amenée à douter de tout...
- Votre nouvelle affaire est tellement éprouvante ?
- Toutes nos affaires son éprouvantes. Cependant aucune n'a jamais atteint une telle ampleur...
- Vous débrouillerez celle-ci comme les autres. Nous avons tous confiance en votre Schattenjäger, et nous avons confiance en vous. Tous ceux que nous avons eus ici se montraient à la hauteur de leur tâche, et votre Gabriel a montré qu'il était un des meilleurs. Je suis cependant intrigué : les Schattenjäger ont pour habitude de partir mener leurs enquêtes sur place et de ne jamais revenir ici avant d'avoir fini une enquête. Il résolvent leur affaire ou meurent au combat, c'est leur devise. Tous ces gens que nous avons vus hier étaient des clients, n'est-ce pas ? Pourtant Gabriel est encore à Rittersberg, personne n'a vu partir sa voiture. Pourquoi n'a-t-il pas accompagné ces gens ?
- Nous ne sommes pas vraiment sur une nouvelle enquête, répondit Grace. C'est celle du mois dernier qui ressurgit. Le mal est connu, et plus puissant que tout ce que nous avons affronté jusqu'à présent. Nous ignorons où il se cache, mais ce n'est pas à nous de mener cette enquête... Il y a plus important.
- Qu'est-ce qui pourrait être plus important pour un chasseur d'ombre que de traquer et détruire le mal ?
- Protéger un adolescent. Je sais, cela peut paraître compliqué, moi-même je n'y comprends plus rient par moment, mais c'est cela le rôle de Gabriel dans cette affaire, pour l'instant du moins. Protéger un garçon de quinze ans qui en a déjà vu et subi plus que tous les habitants du village réunis.
- C'est une noble tâche, répondit le maire. J'ignore ce que vous combattez, et je crois que je préfère ne pas le savoir, mais vous savez que tout le village est derrière vous, en cas de besoin.
- Merci, répondit Grace. J'espère bien que ce ne sera pas nécessaire." Elle réalisa alors ce à quoi elle n'avait pas pensé auparavant. Si Voldemort avait vent de la présence de Harry à Rittersberg, il tenterait probablement de venir le chercher. Et le point d'apparition le plus accessible se trouvait près du village... De dépit, ou pour agir sur eux, les mangemorts pourraient bien décider de s'en prendre aux habitants... Les mettaient-ils tous en danger en accordant un refuge à Harry ? Le vieux maire parut lire dans ses pensées.
" Ne vous inquiétez pas, dit-il. Il ne vous arrivera rien. Vivre ici depuis des siècles nous a appris à tous à affronter le danger. Les forces du mal sont déjà venues au village, elles n'ont jamais trouvé personne.
- J'espère que vous avez raison. En tous cas, si vous voyez des étrangers à l'air étrange, éventuellement portant des capes, prévenez tout de suite le château, et faites attention à vous.
- Nous ferons attention. Des étrangers... vous voulez dire dans le genre de ceux qui sont passés hier ?
- Oui. Mais si c'est eux, notamment celui qui a amené Harry, vous n'avez rien à craindre. Je suis désolée, tout cela n'a probablement aucun sens pour vous...
- Nous ferons comme vous l'avez dit, ne vous inquiétez pas. Je vais faire circuler le message, Helmut également, n'est-ce pas ?" Il fit un signe en direction de l'épicier, occupé à servir une autre cliente, qui acquiesça avec vigueur.
" Merci, répéta Grace. Elle sourit. A vrai dire, il y a de fortes chances pour rien n'arrive ici... Que le plus délicat dans l'histoire soit de s'occuper de notre pensionnaire." Grace ne savait pas ce qui la poussait à avouer cela au maire, si ce n'est qu'elle avait une confiance totale en ses capacités de psychologue. Elle avait été surprise, la veille, de voir Harry reprendre soudainement goût à la vie et plaisanter joyeusement avec Gabriel. Ce qu'elle avait entendu la poussait plutôt à imaginer que le garçon serait déprimé et taciturne. Ce qu'il était, d'ailleurs, à son arrivée. Elle se doutait que cette soirée ne signifiait pas qu'il avait brutalement décidé de ne plus laissé son passé le tourmenter, mais que l'esprit du jeune homme avait eu désespérément besoin de cette pause, d'un instant de détente. Peut-être parce qu'il ne pouvait pas en supporter davantage. Elle devinait Harry à la limite de l'effondrement, et, quand on y pensait, ce qui était surprenant était qu'il n'ait pas cédé sous la pression... peut-être le maire, qui avait une grande famille et connaissait tout des adolescents pour avoir enseigné un temps dans un lycée, pourrait- il l'aider à trouver un moyen d'aider le jeune sorcier.
- Aurait-il mauvais caractère ?" demanda l'homme pour rompre le silence dont la jeune femme ne s'était même pas aperçue qu'il se prolongeait.
- Non, absolument pas. Mais vous n'imaginez même pas ce par quoi il est passé. Et être ici, pour lui, c'est l'éloignement de tout ce à quoi il tient, et de tous ceux qu'il aime. C'est délicat à expliquer... Nous avons besoin de le remettre sur pieds, mais ni Gabriel ni moi ne savons comment nous y prendre... Je crois en fait que Gabriel n'a même pas compris qu'il y avait un problème.
- Vous avez peur qu'il fasse une bêtise, c'est cela ?
- Non, pas au sens où vous l'entendez... Il vient d'apprendre à quel point il était important, il sait ce que sa mort signifirait... Je ne sais pas trop de quoi j'ai peur, mais je suis inquiète pour lui. C'est peut-être stupide.
- Ce n'est pas stupide de s'inquiéter pour un enfant lorsqu'il vous a été confié, sourit le vieil homme. Quelle que soit son importance, ou la raison pour laquelle vous vous occupez de lui. Vous savez, le rôle que vous jouez auprès du Schattenjäger ne vous empêche pas de voir les choses comme un être humain, et comme une femme, c'est plutôt rassurant.
- Si vous insinuez que...
- Allons !" Cette fois, le maire éclata d'un rire franc. "Je parlais de vos instincts maternels. Ce n'est un secret pour personne à qui appartient votre coeur." Grace rougit, mais le maire continua sans rien remarquer. "Mais pour en revenir à votre petit protégé... Mon petit fils est en vacances au village. Il a quinze ans, et il s'ennuie un peu. Ses cousins vivent ici, et ils ont repris le lycée la semaine dernière. Généralement, la meilleure façon de distraire un adolescent est de lui faire rencontrer des gens de son âge. Cependant, peut-être est-il trop dangereux pour Harry, comme vous l'appelez, de rencontrer des gens."
Grace réfléchit un moment. Elle s'en voulait d'avoir donné le prénom de Harry, mais elle n'avait même pas réalisé ce qu'elle faisait. D'un autre côté, au point où en étaient les choses... Les habitants de Rittersberg pouvaient le décrire, il n'était pas plus dangereux qu'ils connaissent son prénom. Et le "Bürgermeister" ne parlerait pas, de cela elle était certaine. Elle était sûre que de la compagnie ferait du bien à Harry, peut- être finirait-il par se sentir en vacances... En tous cas, il était clair qu'en restant seul il allait broyer du noir, même si Gabriel, Gerde et elle s'arrangeaient pour lui tenir compagnie au maximum, ils n'avaient plus quinze ans depuis longtemps. Mais Harry risquait de refuser de voir ce garçon dont il ignorait tout, qui ignorait tout de lui et à qui il devrait cacher tant de choses... De plus, était-il vraiment sûr de laisser quelqu'un s'introduire ainsi au château ? En théorie, il n'y avait aucun risque si le garçon tenait sa langue. Et si Harry ne quittait pas les limites du parcs, sur lesquelles Dumbledore avait dit qu'il serait en sécurité. Ce qui risquait, à la longue, d'ennuyer le petit-fils du maire.
" Alors, qu'en pensez-vous ? demanda l'homme ?
- Il faut que je parle à Harry, à Gabriel, et peut-être... " Elle interrompit sa phrase au milieu, ne jugeant pas nécessaire de prononcer le nom de Dumbledore. "... à d'autres personnes. Mais je vous remercie de votre proposition. Mais..." Elle essaya de trouver une tournure qui ne vexerait pas le vieil homme. "Vous avez laissé entendre que votre petit- fils venait d'ailleurs, d'un autre Land. Est-il quand-même au courant pour ce que nous faisons ici ?
- Ma fille a déménagé quand l'emploi est devenu rare par ici, et Jan vit la plus grande partie de l'année à Berlin, mais son coeur appartient à ce village. Il en sait autant que n'importe lequel d'entre nous.
- Harry ne pourra pas sortir des limites du château, cela ne risque-t-il pas de l'ennuyer un peu ?
- Ne vous inquiétez pas pour cela. Jan sera ravi d'avoir de la compagnie, je vous le garantis. Et je dois avouer que votre demeure intrigue beaucoup, tout le monde envie les ouvriers que vous employez. Il sera ravi d'avoir l'occasion d'y rentrer pour pouvoir ensuite se vanter auprès de ses cousins.
- Je vais en parler au château. Gabriel ou moi passerons vous voir dans l'après-midi, et peut-être emmener Jan si c'est d'accord."
Grace finit ses courses et remonta le chemin qui conduisait au château. Gerde était toujours assise à son bureau, dans le hall, la tête baissée sur des papiers.
" Pas de nouvelles de nos dormeurs ? demanda Grace.
- Le Schattenjäger est descendu prendre son petit déjeuner, mais il est remonté presque aussitôt dans la bibliothèque. Je crois qu'il travaille. Par contre, je n'ai pas vu Harry, mais il avait l'air épuisé. Ce n'est pas tellement étonnant qu'il dorme tard, il en avait bien besoin."
Contrairement à ce que supposait l'intendante du château, Harry n'avait pas fait la grasse matinée. Après la soirée de la veille, il s'était couché le coeur plus léger qu'il ne l'avait été depuis longtemps, et endormi rapidement. Mais un cauchemar l'avait réveillé avant le lever du jour. Frissonnant, il avait tâtonné longuement avant de trouver un interrupteur et de le tourner. Il ne se rappelait plus où il se trouvait, mais il avait su immédiatement que ce n'était pas son lit de Poudlard, et qu'il n'entendait pas le ronronnement rassurant que Sirius produisait quand il dormait. Il s'était retrouvé seul, dans cette chambre inconnue, et toute la situation avait de nouveau pesé sur ses épaules. Il n'était plus à Poudlard. Il se trouvait à Rittersberg, pour sa sécurité avaient dit Dumbledore et Sirius. Combien de temps ce lieu pourrait-il être synonyme de sécurité pour lui ? Combien de temps cela prendrait-il à Voldemort pour trouver un moyen de briser les puissantes barrières élevées par Griffondor ? Et combien de temps encore Harry allait-il être ainsi obligé de fuir le mage noir, protégeant sa propre vie en même temps que le secret qu'il portait en lui ? Il enrageait de devoir subir, de laisser Voldemort prendre les initiatives, tout en sachant qu'un jour le mâge noir finirait par le rattrapper. Et très probablement par le tuer.
Sentant la panique menacer de nouveau de s'emparer de lui, Harry s'était levé. Fouillant dans sa malle, il y trouva un de ses livres de cours, glissés par Hermione dans sa valise. Il s'agissait du manuel de métamorphose, et le jeune homme se plongea dedans. Il songea un moment que son amie aurait été fière de le voir se mettre à travailler sa théorie aussi tôt. Il avait conscience d'utiliser les livres comme un refuge, mais ne savait pas quoi faire d'autre pour ne pas devenir fou. Son amie ne pensait probablement qu'à lui donner un moyen de rester à niveau, pour lui c'était un moyen de s'empêcher de penser à son monde qui s'écroulait. Non, qui s'était déjà écroulé... Après tout, peut-être Hermione avait-elle également pensé qu'il aurait besoin d'occuper son esprit. Peu de choses échappaient à la jeune sorcière.
Il termina presque le gros grimoire dans la matinée. Il entendit Gerde et Grace passer dans le couloir et échanger quelques mots, et, beaucoup plus tard, Gabriel descendre l'escalier d'un pas lourd. A aucun moment, il n'eut envie de se lever pour se joindre au reste de la maisonnée. Il n'avait pas envie de bouger, pas envie de parler. Il ne sortit de son livre que lorsque l'on frappa à la porte. Il sursauta, et réalisa soudain qu'il était onze heures du matin et qu'il était encore en pyjamas, ce qui ne lui était jamais arrivé, sauf lorsqu'il était malade, ou, le plus souvent, blessé.
" Un instant !" cria-t-il. Il mit à peine quelques secondes à passer un jean et un tee-shirt, puis ouvrit la porte.
- Salut, Harry, dit Grace. Bien dormi ?
- Oui, merci." Elle remarqua alors le livre que le garçon avait laissé traîner sur le bras du fauteuil. " Studieux dès le premier matin, remarqua- t-elle. Il y a longtemps que tu lisais ?
- Quelques heures, répondit Harry.
- Tu n'avais pas faim ? Tu as complètement sauté le petit déjeûner." Harry réalisa qu'il avait complètement oublié l'existence du repas matinal. a vrai dire, il ne se rappelait pas quand il avait mangé pour la dernière fois... La veille, les événements s'étaient un peu trop précipités pour qu'il y pense, et il avait refusé de se faire servir quelque chose en arrivant au château. Il n'avait pas faim. D'ailleurs, il n'avait toujours pas faim.
- J'ignorais à quelle heure vous le preniez, dit Harry, et comme je n'avais pas très faim...
- Il n'y a pas d'heure fixe, dit Grace. Tu peux demander à Gerde n'importe quand, elle sera toujours ravie de te servir. Ca lui sort un peu la tête de ses papiers. ou si tu préfères, je te montrerai la cuisine tout à l'heure, Tu peux te servir de n'importe quoi à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. La seule condition est que tu ranges tout à peu près correctement et que tu fasses ta vaisselle."
Harry hocha la tête.
" Tu devrais venir maintenant, je vais te faire un sandwich, proposa Grace.
- Je n'ai pas faim.
- Il faut que tu manges." Grace entraîna Harry vers le rez-de-chaussée, et il la suivit sans protester. Il savait qu'elle avait raison sur ce point. Mais lorsqu'elle lui tendit un petit pain garni de jambon et de salade, il sentit son estomac se révulser. Comme si elle n'avait rien remarqué, la jeune femme s'assit à la petite table qui servait d'ordinaire à la préparation des repas. Harry prit place en face d'elle.
"Tu sais, dit-elle, pendant tout le temps que tu passeras au château, tu es ici chez toi. Cela semble probablement tellement évident à Gabriel qu'il ne te l'as même pas dit, mais tu es complètement libre d'utiliser toutes les pièces... à l'exception de nos chambres, bien entendu." Harry la regarda d'un air surpris. Il ne s'était pas vraiment posé la question, mais cela lui avait paru aller de soi, en effet.
" Ce que je veux dire, reprit la jeune femme, c'est que tu n'es pas obligé de rester dans ta chambre. Tu aurais été plus à ton aise au salon pour lire. Tu peux même te promener en pyjama si ça te chante. nous avons beau vivre dans un château, aucune étiquette ne s'applique ici.
- Merci, dit Harry. C'est juste que je préférais rester un peu seul ce matin.
- Tu en as le droit. Mais n'oublie pas non plus que nous sommes là, si tu as besoin de quoi que ce soit. Je sais que ce n'est pas facile pour toi, et si tu as besoin de parler, ou simplement d'une présence...
- Merci", répéta Harry. Grace étouffa un soupir. Elle ne s'était pas trompée en supposant que sa bonne humeur de la veille ne durerait pas.
" J'ai pensé que tu t'ennuyerais peut-être ici, reprit elle. Je veux dire, c'est très bien de lire tes manuels scolaires, mais peut-être pourrais-tu profiter de ce que tu es ici pour te distraire un peu, et pour te détendre, non ?
- J'étais encore en vacances il y a une semaine, remarqua le garçon. Et les autres travaillent, à Poudlard. Je ne dois pas prendre trop de retard.
- J'imagine. Mais tu as eu de dures journées depuis la rentrée, et on ne peut pas vraiment dire que tes vacances aient été de tout repos. Et je ne veux pas que tu aies l'impression d'être en prison ici. Il y a un garçon de ton âge en vacances au village, qui s'ennuie un peu. Que dirais-tu de le faire venir ici ?
- Je croyais que personne ne devait savoir que j'étais ici ?
- C'est un peu tard pour cela, tout le village t'a vu arriver. Et si tu es d'accord, nous pourrons toujours parler à Gabriel et peut-être Dumbledore de ce qui concerne la sécurité. En dehors de ce problème là, est-ce que ça te plairait ?"
Harry réfléchit un moment. C'était la dernière chose à laquelle il s'attendait. Le fait que Grace ait simplement pensé à lui proposer de la compagnie le réconfortait. Car il gardait dans un coin de sa tête l'idée qu'il n'était qu'une chose, qu'un coffre fort que l'on protégeait pour empêcher une arme décisive de tomber entre les mains de Voldemort. Pourtant, il n'avait pas vraiment envie de s'amuser avec un garçon en vacances alors qu'il ignorait tout de ce qui pouvait se passer dans le monde... cela semblait simplement trop incongru. Il fit part de cette pensée à Grace.
" Je sais bien, répondit celle-ci, que ça peut sembler bizarre. D'un autre côté, il n'y a rien que tu puisses faire pour aider pour l'instant, et tu ne gagneras rien à rester à te morfondre. Et je crois qu'à Poudlard la vie continue. D'après ce que tu m'as dit, vous faites des fêtes même dans certaines situations critiques..."
C'était vrai... En y repensant, Harry réalisa que s'il était resté à Poudlard, Ron et Hermione auraient probablement essayé de le dérider, et y seraient peut-être parvenus. En tous cas, les Griffondor auraient continué à rire des blagues de Fred et GEorges, et à célébrer leurs victoires au Quidditch. Et il avait besoin de se changer les idées pour ne pas devenir fou.
" Ce garçon, demanda-t-il, c'est un moldu ?
- Oui, répondit Grace, mais il sait que tu es spécial puisque tu vis avec nous. Je pense qu'il ne posera pas de question.
- S'il s'ennuie vraiment au point de pouvoir me supporter, et si Dumbledore est d'accord, je veux bien qu'il vienne.
- C'est une bonne décision, dit Grace, un sourire aux lèvres. Est-ce que je suis vraiment mauvaise cuisinière ? Tu n'as pas touché ton sandwich !"
En se forçant, Harry parvint à avaler le sandwich. Grace parla à Gabriel de l'idée du maire, et celui-ci n'y vit pas d'inconvénient. Ils contactèrent Dumbledore qui trouva l'idée excellente, à condition que Harry reste bien dans les limites de la propriété. Et dès l'après-midi, Grace retourna au village, pour parler au maire. Lorsqu'elle revint, elle était accompagnée d'un garçon petit aux cheveux blond cendrés, qui semblait impressioné de se trouver là.
" Harry, annonça Grace, je te présente Jan. Jan, voici Harry." En l'entendant faire les présentations, Harry eut soudain envie de fuir et de dire qu'il s'était trompé, qu'il n'avait jamais voulu voir ce garçon. C'était stupide, ça n'avait pas de sens. Il n'était pas là pour jouer les mondains, que pourrait-il dire à quelqu'un qui n'avait jamais entendu parler de Voldemort, ni même de magie, qu'avaient-ils en commun ? Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ?
" Salut, Harry, disait l'autre garçon dans un anglais haché et approximatif. Je suis plutôt content de te voir, je désespérais de trouver quelqu'un entre cinq et trente ans qui ne soit pas occupé toute la journée.
- Salut, répondit Harry, plutôt froidement. L'autre le regarda, un peu désarçonné, mais continua à faire la conversation. " Je suis berlinois, c'est pour cela que j'ai des vacances décalées. Et toi, je peux te demander d'où tu viens ?
- Je suis anglais. Je ne suis pas sûr d'avoir le droit de t'en dire plus.
- Bien sûr. Grand-père m'a demandé de ne pas te poser de questions." Jan semblait de plus en plus mal à l'aise. Grace commençait à douter que ce soit une bonne idée, peut-être les garçons avaient-ils passé l'âge où les enfants deviennent facilement amis quand ils ne sont que deux du même âge, ou peut-être Harry n'était-il pas prêt à se laisser aller avec un inconnu. Il devait se méfier de tout et de tout le monde, et cette méfiance pouvait être plus forte que ce que la raison disait.
Mais Jan surmonta rapidement son malaise. Il montra à Harry le sac qu'il tenait à la main.
« C'est une console de jeux, dit-il. Je l'amène toujours quand je viens ici et que les autres ont déjà repris les cours. Ca te dirait de l'essayer ? demanda-t-il à Harry.
- Ok, répondit le jeune sorcier, avec un certain enthousiasme. L'offre avait retenu son attention. Depuis qu'il était tout petit, il voyait Dudley passer ses journées sur ce genre de machine, et jamais jusqu'ici il n'avait eu l'occasion d'en essayer une, ce qui était plutôt frustrant. Grace leur montra une télévision dans un bureau qui jouxtait le salon, et le jeune berlinois effectua rapidement les branchages.
« A quoi veux-tu jouer ? demanda-t-il à Harry.
- Choisis, toi, répondit le sorcier. Si certains noms lui étaient familiers, pour avoir vu Dudley jouer avec, les jeux n'évoquaient rien de plus pour lui. « Je te préviens que je vais probablement être nul, ajouta-t- il. Je n'ai jamais fait ce genre de choses.
- Jamais ? s'étonna l'autre garçon. D'où tu viens ? De la lune ? Les consoles sont arrivées jusqu'à Rittersberg, mes cousins en ont une, pourtant mes copains de la ville disent que c'est le bout du monde, ici.
- J'en ai vu, répondit Harry. Mon cousin en a une aussi, plusieurs en fait. Simplement je n'ai jamais eu l'occasion d'essayer. »
Le garçon blond hocha la tête. Il savait qu'il ne devait pas poser de questions personnelles à Harry, et lui demander d'où il venait semblait déjà trop. Il mit une manette dans les mains du sorcier.
« Ok, dit-il alors qu'une image de grand prix apparaissait sur l'écran, c'est très simple. Tu pilotes cette formule 1. Le but est bien sûr de gagner la course. Avec ce bouton-ci, tu accélère, avec ceux-ci, tu diriges. D'accord ? »
Ce n'était pas tout à fait aussi simple que Jan le prétendait, et Harry parvint à faire exploser sa voiture au bout de quelques secondes. Cependant, il avait de bons réflexes, et après quelques essais, il arrivait à terminer le circuit. Jan sortit alors de son sac une deuxième manette, et ils se mirent à jouer à deux joueurs. Ca ne valait pas le Quidditch, en vrai, mais le jeu avait au moins le mérite de distraire Harry, de manière plus efficace que son livre de métamorphose. Il se surprit à rire lorsque sa voiture réalisa un spectaculaire tête à queue s'éleva dans les airs pour retomber sur celle de Jan. Après celui-là, ils essayèrent d'autres jeux. L'après-midi passa sans qu'aucun des deux garçons ne s'en rende compte.
Les jours suivants, Jan passa la plus grande partie de son temps au château. Au début, Harry ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable d'être là à s'amuser. Mais il chassa sa mauvaise conscience en se rappelant qu'il n'y avait rien de plus constructif qu'il puisse faire. Ensemble, les deux garçons explorèrent les bois qui entouraient le château. Ils avaient de longues conversations, qui tournaient presque toujours autour de la vie de l'allemand : très rapidement, Harry sut tout sur Kirsten, la jeune fille dont il était amoureux, et sur ses professeurs et amis de lycée. En réponse, Harry parlait parfois de Cho, de Ron et Hermione, ou des jumeaux, mais il n'osait pas en dire trop, de peur de trahir le fait que tous étaient des sorciers. Jan apprit à Harry à pêcher sur la rivière qui traversait le domaine de Gabriel. Et cet exil forcé se transformait singulièrement en vacances, les meilleures que Harry ait jamais eues, à l'exception peut-être du temps qu'il avait passé au terrier.
Bien sûr, Harry n'était pas aussi insouciant qu'il ne le paraissait. Lorsqu'il se retrouvait seul, la menace de Voldemort, les doutes qu'il avait sur son avenir, maintenant que sa magie était partie, ou tout ce qu'il avait appris sur les forces que sa vie ou sa mort mettraient en jeu, tout cela pesait de nouveau sur son esprit. Le soir, il avait du mal à trouver le sommeil, et la nuit le voyait souvent se réveiller en sursaut, couvert de sueur, après un cauchemar. Une nuit, il avait rêvé de Voldemort, et s'était réveillé la cicatrice en feu. Il avait vu le mage noir recevoir Lucius Malefoy et un autre mangemort. Lorsque ceux-ci avait avoué qu'ils n'avaient aucune idée de l'endroit où se trouvait Harry, leur maître leur avait lancé le sortilège doloris. Harry avait raconté son rêve à Grace et Gabriel, et en avait parlé à Dumbledore lorsqu'ils avaient été en contact avec lui.
Pendant que Harry profitait de ces moments de détente, Gabriel et Grace s'étaient remis au travail. Dès le lendemain du jour où Harry était arrivé, Gabriel s'était lancé dans un travail de recherche afin d'en apprendre le plus possible sur Griffondor, sur le médaillon, sur tout ce qui pouvait avoir trait au lien entre sa famille et le monde des sorciers. Grace n'avait pas mis longtemps avant de découvrir ce qu'il faisait, et s'était proposée pour l'aider, légèrement agacée qu'il ne lui ait rien demandé.
Le Schattenjäger avait contacté Herr Übergrau, le notaire de la famille qui était devenu au fil des années presque un ami. Übergrau connaissait parfaitement l'Allemagne et Gabriel faisait systématiquement appel à lui quand il avait besoin d'un renseignement sur ce pays dans lequel il se sentait toujours étranger, ou quand il cherchait un expert, ou simplement une adresse. Cette fois-ci, il avait demandé au notaire de lui trouver un expert en bijouterie dans les environs de Rittersberg. Le notaire lui avait donné l'adresse d'un de ses amis, un bijoutier ayant obtenu un poste d'expert dans un musée, et Gabriel s'était rendu chez l'homme avec son médaillon. Il était resté dans la bijouterie tout le temps qu'avait duré l'expertise, refusant de confier son amulette à qui que ce soit.
« C'est fantastique ! s'était enthousiasmé l'expert. Ce bijou est en or pur, je dirais qu'il date du milieu du moyen-âge ! Sa valeur est inestimable !
- Il n'est pas à vendre. Je voudrais savoir si vous pouvez me dire autre chose à son sujet... ce qu'il y a à l'intérieur, par exemple, s'il n'est pas complètement massif, ou n'importe quoi qui vous semblerait étrange à son sujet.
- Bien sûr. Avez-vous une raison de penser que ce médaillon pourrait ne pas être en or massif ?
- Non. Je veux juste en savoir le plus possible. » L'expert avait pris le bijou dans ses mains comme s'il s'était agi de la huitième merveille du monde, et l'avait placé dans divers appareils, prenant des photos et des notes. Ses yeux brillaient d'excitation, et ses cheveux roux volaient dans tous les sens alors qu'il s'activait. Pour une fois, Gabriel avait jugé préférable de réfréner son impatience et ne l'avait pas interrompu. Finalement, au bout de plusieurs heures, l'homme s'était retourné vers lui.
« Extrêmement intéressant ! Etes-vous sûr que vous ne voulez pas me le laisser quelques jours ? »
Gabriel avait fait non de la tête.
« Remarquez, je vous comprends, avait dit l'expert. Si je possédait une merveille pareille, je crois que moi aussi j'y réfléchirais à deux fois avant de la prêter à qui que ce soit. J'aurais cependant aimé faire quelques examens supplémentaires.
- Qu'avez-vous découvert ? demanda Gabriel.
- Eh bien, tout d'abord, la masse de ce médaillon est trop importante par rapport à sa taille.
- Ce qui signifie ?
- Probablement, comme vous le supposiez tout à l'heure, qu'il n'est pas entièrement constitué d'or. Ce qui est étrange, c'est que, normalement, lorsqu'un bijou n'est pas en or massif, c'est parce que la personne qui l'a fait fabriquer a voulu faire des économies, ou a été trompée par un artisan peu scrupuleux. Dans ces cas là, l'intérieur est constitué d'un métal plus léger, ou même laissé vide. Ici, il semble que l'intérieur soit en plomb, ou un autre métal lourd. Je n'avais encore jamais vu cela.
- Il y en a une grande quantité ?
- Non, et c'est un autre détail intrigant. Le bijou est constitué d'environ quatre-vingt quinze pour cent d'or. A moins bien sûr qu'il n'y ait également un métal léger à l'intérieur, mais je n'y crois pas. Si l'on veut tricher, pourquoi remplacer une aussi infime partie de l'or ?
- Peut-être pour avoir moins de chance d'être pris ? suggéra Gabriel.
- Ca n'a quand-même pas vraiment de sens. Et ce n'est pas tout. Votre médaillon est complètement imperméable à tous les types d'ondes et de rayons que j'ai pu tester. Au moins en son centre.
- C'est une des propriétés du plomb, non ? On l'utilise bien pour conditionner des déchets radioactifs.
- Peut-être, mais on en met un mètre d'épaisseur. Ici, il ne doit pas y en avoir plus d'un millimètre. Vous devriez confier ceci aux compagnies de production d'électricité, cela leur permettrait sans doute de résoudre une bonne partie de leurs problèmes.
- Si seulement je pouvais d'abord résoudre les miens... pensa Gabriel.
- De plus, reprit le bijoutier, il y a toute une zone autour qui laisse passer la radioactivité mais absorbe tous les autres types de rayons, quelque soit leur longueur d'onde. Et ce qui est stupéfiant c'est que même après avoir absorbé une dose impressionnante de rayons, le métal ne chauffe pas d'un degré.
- Et ?
- Normalement, la lumière absorbée se transforme en chaleur. Votre médaillon défie les lois de la physique, Mr Knight. De plus, tous les métaux sont conducteurs. Votre bijou est entièrement isolant.
- Comment expliquez vous que tout le bijou soit isolant, alors que seul le centre isole des rayons ?
- Je ne l'explique pas. je pense que le mystérieux matériau se trouve essentiellement au centre. Peut-être y en a-t-il une infime quantité dans la zone péricentrique, ce qui lui confère également des propriétés particulières. Par contre, il semble que ce soit l'or lui-même qui isole, pourtant il ressemble à celui que nous utilisons ailleurs. Il se pourrait bien sûr qu'il s'agisse d'un alliage légèrement différent, auquel cas, bien sûr, la différence de masse observée n'aurait plus de signification réelle... Mais je n'ai jamais observé ce type d'alliages sur des bijoux issus de cette époque. Je ne peux pas vous aider davantage, je suis désolé.
- Merci. Vous m'avez déjà beaucoup aidé. » En rentrant à Rittersberg, Gabriel avait essayé de confronter ce qu'il venait d'apprendre avec ce que lui avait dit le professeur Dumbledore après avoir analysé le médaillon. Il supposait que c'était la magie qui perturbait les instruments de l'expert. Ce qui signifiait que le médaillon débordait de magie. D'accord, ce n'était pas une surprise. L'extérieur, ce qui était constitué d'or, était suffisamment enchanté pour être isolant. Et au centre du médaillon se trouvait ce qui devait être un concentré de magie, assez puissant pour arrêter des rayons gamma... Il réalisa soudain qu'il n'avait aucune idée de ce que cela signifiait en termes de puissance magique... C'était peut-être un effet très courant, finalement... non, probablement pas. Dumbledore affirmait que même les couches les plus externes étaient amplies d'une puissance telle qu'il en avait rarement rencontrée, il n'avait pas réussi à aller plus loin dans son analyse. Ce qui signifiait que ce qui avait arrêté les rayons était encore bien plus puissant que cela. C'était probablement la partie qui arrêtait également le sortilège Avada Kedavra, et qui repoussait les créatures du mal. Et il y avait la zone intermédiaire. A quoi servait-elle ?
De retour au château, il confia ce qu'il avait découvert à Grace.
« Ce ne sont que des hypothèses, dit la jeune femme quand il lui exposa son analyse.
- Bien sûr. Mais il semble logique que la partie la plus active soit au centre, non ?
- Sans doute. Mais j'ai passé beaucoup de temps à étudier la magie avec Sidney.
- Et ?
- Rien n'est jamais aussi simple que ça n'y paraît. J'ai trouvé notamment quelques articles intéressants sur la manière dont les instruments moldus peuvent détecter la magie. Ils disent que cela se manifeste plus comme des interférences. Dans une zone où il y a beaucoup de magie, par exemple, les appareils électriques vont sauter plus souvent. Mais ils disent aussi que si les moldus avaient connaissance de la magie et se mettaient à chercher les bâtiments occupés par des sorciers, ils auraient beaucoup de mal. Leurs divers radars et autres satellites n'ont jamais rien vu d'anormal au niveau des lieux à haut niveau magique. Poudlard, par exemple. Jamais il n'est mentionné que la magie pourrait arrêter les rayons, ou même l'électricité.
- peut-être le médaillon est-il encore plus puissant que nous ne le supposions. Après tout, Griffondor était bien plus puissant que n'importe lequel des sorciers actuels, sinon pourquoi attacheraient-ils tant d'importance à cette arme ? » Il s'interrompit brusquement, et regarda Grace. Leurs yeux se croisèrent, et il vit que la même pensée avait traversé leurs deux esprits. Une pensée folle, mais le monde avait perdu sa raison le jour où on l'avait appelé parce qu'un chien avait été tué d'une lumière verte.
« L'arme de Griffondor murmurèrent-ils finalement en choeur, le regard fixé sur le médaillon...
- Si c'est vraiment là que Griffondor a caché cet objet si puissant, nous ne devons en parler à personne, dit Grace après un temps.
- Pardon ? Mais enfin, cette arme appartient à Harry. C'est pour lui le moyen de venir enfin à bout de tous ses ennuis, et de nous débarrasser de Lord Voldemort !
- Si cette arme est aussi puissante que nous le pensons, elle pourrait permettre de détruire le monde ! Elle est restée cachée pendant des siècles, pour éviter que quiconque s'en serve. C'est bien trop dangereux de la faire ressurgir, même si c'est pour la confier à harry !
- Si le vieux Griffondor avait voulu que plus personne ne s'en serve jamais, il ne l'aurait pas cachée, il l'aurait détruite !
- Peut-être qu'il n'a pas pu, que l'objet était trop puissant, même pour lui. Ou peut-être qu'il n'en a pas eu le courage. Ce devait être son chef d'oeuvre.
- Je me moque de tes analyses, Gracie. Ne crois-tu pas que Harry devrait au moins essayer de prendre cette arme avant que Voldemort ne parvienne à s'emparer de lui, ce qui aura l'effet très désagréable de permettre à tous d'avoir accès à un tel pouvoir ? Qu'est-ce qui l'empêchera ensuite de détruire ou de cacher cette arme quelle qu'elle soit ?
- Rien, probablement. Mais Dumbledore avait probablement ses raisons pour ne pas dévoiler cette information, et j'ai suffisament confiance en lui pour ne pas en parler non plus.
- Quoi ? mais qu'est-ce que le vieux vient faire là-dedans ? Tu délires, Grace, il ne peut pas dévoiler une information qu'il ignore.
- A mon avis, il y a longtemps qu'il se doute que l'arme laissée par Griffondor a un lien avec ton médaillon. Comment crois-tu qu'il a deviné que le château devait être protégé contre les sorciers ? Ca ne se justifie pas tellement, parce que le Schattenjäger n'est presque jamais chez lui quand il mène une enquête. Par contre, si c'est là que doit dormir la plus grande partie de l'année un pouvoir surpassant tout ce que nous pouvons imaginer, ça se comprend, non ?
- Son raisonnement ne t'a pas paru étrange, sur le moment.
- Je n'ai rien dit, parce que j'avais confiance, mais si, plusieurs fois j'ai trouvé qu'il se comportait étrangement. Comme lorsqu'il t'a rendu ton médaillon si rapidement, par exemple. je crois qu'il avait peur de le garder, parce qu'il se doutait de son pouvoir.
- Et ?
- Et, je ne sais pas ce qu'il lui est passé par la tête. Ce que je crois, en revanche, c'est que nous ferions mieux de l'appeler. »
Elle descendit chercher la boule de verre qui servait toujours à leurs communications. Le vieux sorcier paru surpris de les voir. Généralement, les communications entre Poudlard et Rittersberg étaient limitées à une fois par semaine, et Gabriel avait déjà appelé deux jours auparavant. Grace ne perdit pas de temps en préliminaires, et expliqua au professeur ce qu'ils pensaient avoir compris.
« Je me demandais si vous y penseriez, dit le vieil homme avec un éclair de malice au coin des yeux. La même hypothèse m'a traversé l'esprit. Ca paraissait logique : pour protéger son bien des sorciers, il l'aurait confié à un moldu.»
Gabriel lança un regard meurtrier à Grace, qui prit l'air triomphant, mais il se retourna rapidement vers le directeur de Poudlard.
« Ce que je ne comprends pas, dit-il c'est pourquoi vous n'avez rien dit. N'avez-vous pas pensé à ce que nous pourrions faire si Harry...
- Nous ne savons pas comment Harry pourra prendre possession de ce pouvoir. Cela m'étonnerait qu'il lui suffise de prendre votre médaillon en main pour avoir soudain une arme d'une puissance fantastique. Je crois qu'il est celui des descendants de Griffondor qui trouvera cette arme, mais je ne suis pas sûr que le moment soit venu pour lui de la trouver. Un jour, je crois, il comprendra comment faire, et il prendra possession de son héritage. J'ai suffisamment étudié d'écrits de la main de Griffondor pour être à peu près certain que ses dons de voyance lui avaient montré l'arrivée de Voldemort. Je ne serais même pas surpris s'il avait inclus au médaillon quelques sortilèges qui n'autoriseraient son héritier à trouver l'arme qu'au moment que lui, Griffondor, juge opportun. Je vous prie de ne pas parler de cela à Harry. Tel que je le connais, il arrêterait tout jusqu'à ce qu'il ait trouvé le moyen de trouver ce que Griffondor lui a laissé. Il n'y parviendra pas.
- Mais ne croyez-vous pas que nous devrions au moins essayer ?
- Prêtez votre médaillon à Harry si vous le désirez. Mais je ne crois pas que cela ait le moindre effet. D'ailleurs, gardez à l'esprit que nous n'avons aucune certitude : l'arme dont parlait Griffondor n'est peut-être pas le médaillon, elle n'est peut-être pas inclue dans le médaillon. Maintenant, je dois vous laisser. Demain est le premier week-end à Pré-au-Lard et je dois parler aux professeurs des mesures de sécurité. »
Frustré, Gabriel vit la tête du vieux sorcier disparaître de sa boule de verre. Grace ne parvint pas à le calmer : il détestait rester inactif, il détestait attendre, quand il pensait qu'il était possible d'agir. Le soir, il s'arrangea pour amener la conversation sur son statut de Scahttenjäger, et pour proposer à Harry d'essayer son médaillon. L'adolescent accepta, et plaça le bijou autour de son cou. Retenant sa respiration, Gabriel observait Harry, ne sachant pas trop ce qu'il devait attendre. Une lumière éblouissante, peut-être, ou une explosion... N'importe quoi. Peut-être simplement une réaction inhabituelle de la part du jeune sorcier. Une expression intriguée et respectueuse se lisait sur le visage de celui-ci, alors qu'il manipulait l'objet, et son regard s'arrêta longuement sur les symboles du lion et du serpent, qu'il connaissait si bien depuis quatre ans. Mais, comme l'avait prédit Dumbledore, il ne se produisit absolument rien, et après quelques instant, Harry rendit le bijou à son propriétaire en le remerciant, et sans remarquer son trouble.
Le lendemain était un samedi. Jan venait passer la matinée au château, mais ce devait être la dernière fois puisqu'il rentrait le dimanche à Berlin où il devait reprendre les cours, et qu'il passerait l'après-midi avec ses cousins qui étaient libres.
Il pleuvait à seaux ce jour là, et les deux garçons étaient cantonnés à l'intérieur. Aucun des deux n'était très gai : Jan n'avait pas envie de reprendre le lycée qu'il n'aimait pas, et Harry se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire seul au château pendant la suite de son séjour. Le berlinois avait une fois de plus amené sa console de jeux, et ils disputaient une partie de tennis virtuel acharnée, quand une vive douleur traversa soudain la tête de Harry. Lâchant sa manette, il porta instinctivement la main à sa cicatrice.
« Ca va ? demanda Jan. Tu es tout pâle...
- Ca va aller », répondit Harry, en respirant lentement pour faire taire la douleur, qui s'était assourdie mais n'avait pas disparu. Pourquoi sa cicatrice lui faisait-elle mal ? Voldemort ne pouvait pas être ici, il y aurait eu d'autres signes. Son ami le regardait d'un air inquiet, et Harry tenta de lui sourire pour le rassurer, mais la douleur augmenta soudainement et il ne put retenir un cri. Sa vision se troubla, et une voix se mit à parler dans sa tête. Une voix qu'il ne connaissait que trop bien, et qu'il aurait souhaité ne jamais réentendre.
« Salut, Harry, dit Voldemort. Mes espions m'ont parlé de ces visions que tu as, et j'ai pensé à ce moyen original de te contacter, puisque tu te caches comme le lâche que tu es... Je n'avais pas l'intention de m'en prendre à ceux que tu aimes, mais puisque tu refuses de m'affronter je n'avais pas le choix.
- Vous vous cachez aussi ! siffla Harry.
- J'ai d'excellentes raisons. Mais pour en revenir à ce qui nous préoccupe aujourd'hui, je disais que je ne m'en serais jamais pris à tes amis si tu n'avais pas pris la fuite. Mais tu m'y as poussé. Mes fidèles mangemorts ont trouvé ta Sang-de-Bourbe et ton copain rouquin... Les rues de Pré-au- lard ne sont plus sûres, de nos jours.
- Qu'est-ce que vous leur avez fait ?
- Rien pour l'instant.
- Laissez-les partir !
- Tu n'as aucun droit de me donner des ordres, Potter. Cependant, et, parce que c'est toi, je vais les laisser partir. A condition bien sûr que tu sortes de ta cachette. N'importe où, je te trouverai. Réfléchis, Potter, ils n'auront pas d'autre chance ».
Harry sentit Voldemort quitter son esprit, et la douleur de sa cicatrice diminuer. Il se retrouva sur le sol du bureau, il avait glissé de sa chaise. Gabriel, l'air paniqué, était agenouillé près de lui. Jan, un peu en retrait, semblait terrorisé. Lorsque le Schattenjäger vit qu'il avait repris ses esprits, le soulagement se lut sur son visage.
« Ca va ? demanda-t-il. Tu as vu quelque chose ? Que s'est-il passé ?
- Voldemort, répondit Harry en se levant, malgré la main de Gabriel qui tentait de l'en empêcher. Il tient Ron et Hermione. Je dois rentrer à Poudlard. »
(1) je ne continuerai pas à exposer mes désolantes connaissances dans cette langue, de plus il y a fort à parier que la plupart d'entre vous n'y comprendraient rien
(2) pour ceux qui ont fait le jeu, je ne me rappelle plus son nom, et une main malintentionnée a effacé mes sauvegardes...
Merci aux lecteurs et aux reviewers. Je suis désolée du temps que ce chapitre a mis à venir (une fois de plus...). N'attendez pas le prochain rapidement, je pars en vacances.
phénix20 : contente que ça te plaise, et que tu aies osé venir lire bien que ce soit un crossover.
Hadler : Merci pour tes compliments. Et t'inquiète pas, Gabriel est encore un peu jeune pour prendre sa retraite. Surtout que, s'il engraisse, il perdra tout son charme.
Vert : Alors, qu'est-ce que t'en as pensé du jeu ? Tu veux que je continue à martyriser Harry, et tu aimes qu'il n'ait pas de magie... dis, tu serais pas un peu sadique, toi aussi ?
Ryan : C'est vrai que tu as l'air dedans... Tu voudrais pas écrire la suite à ma place ? Ca m'éviterait de m'arracher les cheveux... Sérieusement ( parce que je ne vais pas réellement refiler ma fic, et surtout pas à quelqu'un qui avoue sans honte aucune ses pulsions meurtrières), ça risque de ne pas se passer tout à fait comme dans ton scénario. J'espère quand même que tu ne seras pas déçu au point de céder à tes envies de meurtre.
