Disclaimer : Malheureusement, je ne me suis pas miraculeusement réveillée un beau matin de vacances possédant Harry Potter... Il est toujours à JK Rowling.

Chapitre 11 : une histoire de Malefoys.

Dans un silence de mort, Harry se dirigea vers la pièce voisine, où il savait que se trouvait le portoloin qui les reliait à Poudlard en cas d'urgence. Il l'avait presque atteint lorsque Gabriel réagit et se précipita sur lui.

« Attends un instant ! s'écria-t-il en saisissant le bras du garçon. Qu'est- ce cela signifie ?

- Voldemort a pris Ron et Hermione en otages, répéta Harry, en tentant de se dégager. Il les tuera si je ne me rends pas.

- Tu n'as pas l'intention de te rendre ? » Les mains de Gabriel serraient plus fort le bras de Harry, l'empêchant de partir.

« Je ne peux pas le laisser les tuer ! Ce sont mes amis ! C'est à cause de moi qu'ils sont là-bas ! Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre ?

- Réfléchis un peu, Harry. D'abord, qui te prouve qu'il les tient réellement ? Et même s'il les avait en son pouvoir, qu'est-ce qui te prouve qu'il les relâchera si tu te rends ? Tel que je le connais, il serait plus du genre à les tuer sous tes yeux.

- Au moins j'aurai tenté quelque chose !

- Et tu seras mort. Ce sera le seul résultat de ta tentative.

- Je m'en moque. Laissez-moi partir. Ce ne sont pas vos affaires ! » Sur le visage de Harry s'était affichée une expression de rage et de détermination qui le faisait paraître bien plus âgé que ses quinze ans. Gabriel renforça sa prise sur le jeune homme.

- Tu vas commencer par te calmer, lança-t-il d'une voix ferme. Tu n'iras pas te jeter dans la gueule du loup après tout ce que nous avons fait pour te protéger.

- Peut-être que c'est eux qui auraient dû être protégés. Pas seulement moi. Ou plutôt, pas seulement le secret de Griffondor.

- Harry, intervint Grace d'une voix douce en s'avançant et en lui plaçant une main sur l'épaule. Personne n'est insensible au sort de tes amis. Essaie simplement de te poser dix secondes et de réfléchir : crois-tu vraiment que te rendre directement à Voldemort serait leur rendre service ? pour l'instant, ils servent de monnaie d'échange. Dès que le Seigneur des Ténèbres t'aura en sa possession, ils ne lui serviront plus à rien. Et, comme l'a dit Gabriel, ça m'étonnerait qu'il les relâche. »

Ce discours posé sembla enfin atteindre Harry. Son regard perdit de sa détermination, ses épaules tombèrent et il parut de nouveau très jeune.

« Il les tuera quoi que je fasse, n'est-ce pas ? murmura-t-il. Peut-être même sont-ils déjà morts, je n'ai aucun moyen de le savoir. Non. Ce n'est pas possible !

- Nous ne sommes même pas sûrs que Ron et Hermione aient réellement été enlevés, remarqua Grace. Pour l'instant, je crois qu'il serait bon que tu fasses ce que tu avais l'intention de faire.

- Mais vous étiez d'accord pour dire que ça n'avait pas de sens !

- . et que tu te rendes à Poudlard. Ce n'est pas là-bas qu'il t'a demandé d'aller ?

- Il a dit que où que j'aille, si je sortais de l'endroit où je me cachais il me retrouverait.

- Dans ce cas, tu devrais aller directement à Poudlard, et voir Dumbledore. Peut-être t'apprendra-t-il que tes amis sont tranquilles au château, et dans le cas contraire il pourra peut-être te dire quoi faire. »

Harry sentit son moral remonter légèrement. Bien sûr, Dumbledore saurait quoi faire. S'il y avait une solution, Dumbledore la trouverait. Pourquoi n'avait-il pas pensé lui-même à aller voir le directeur ?

« Je vais avec Harry, dit Gabriel à Grace en lâchant le bras du jeune homme. Tous deux tendirent le bras vers le portoloin.

- Attendez ! » cria presque Grace avant qu'ils ne le touchent. Ils la regardèrent, surpris et inquiets. Elle fit un geste en direction de Jan, qui se tenait en retrait, l'air complètement abasourdi, et dont les deux hommes avaient complètement oublié la présence.

« Si je peux vous aider. proposa le jeune allemand quand il réalisa que les autres avaient les yeux fixés sur lui. Je sais que ça ne me regarde pas et que ce sont des affaires de Schattenjäger, mais s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire. »

En parlant, il regardait Harry, qui était devenu son ami au cours du mois écoulé, et qui semblait pris dans quelque chose qui le dépassait et à quoi Jan ne comprenait rien. Ce fut Grace qui répondit à la proposition su Berlinois.

« Merci de ta proposition, mais il n'y a rien que tu puisses faire pour aider Harry ou ses amis. Rentre chez toi. » Le garçon hocha la tête et leur souhaita bonne chance avant de quitter le château. S'il la scène à laquelle il venait d'assister l'avait choqué, et s'il était terriblement inquiet pour son ami anglais, il n'était pas exagérément surpris. Il avait toujours su que Harry n'était pas comme les autres, et qu'il avait des ennuis. Sa seule présence à Rittersberg le prouvait.

Dès que Jan eût tourné les talons, Grace rejoignit Gabriel et Harry. Un instant plus tard, tous trois réapparaissaient dans le bureau du directeur de Poudlard.

Pour Harry, le simple fait de se retrouver dans ce bureau rond, où les portraits des anciens directeurs lui souriaient, où Fumseck se tenait majestueusement sur son perchoir, avait un effet calmant. En plus, bien sûr, du sentiment de sécurité que lui procurait la présence de Dumbledore, assis derrière le bureau.

Ce jour là, cependant, rien ne semblait pouvoir apaiser son angoisse. D'autant plus que Dumbledore n'était pas seul dans le bureau quand ils y pénétrèrent. En face de lui se tenait le professeur Rogue. Aucun des deux hommes ne parut surpris par l'apparition subite du trio. Le directeur de Poudlard leva sa baguette, et trois chaises apparurent aux côtés de celle de Rogue.

« Harry, Mr Knight, Miss Nakimura, asseyez-vous je vous prie. » Il esquissa un sourire en disant ces mots, mais ses yeux restèrent sérieux, et les trois arrivants comprirent qu'il connaissait déjà la nouvelle. Harry demanda cependant, plus pour énoncer le fait que par besoin de se le faire confirmer :

« Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que Ron et Hermione ont vraiment été enlevés ?

- Je crains que oui, malheureusement, répondit Dumbledore. Sa voix ne tremblait pas, mais elle était vielle et fatiguée. Un moment, il tendit la main comme pour la poser sur celle de son élève en un geste de réconfort, mais il se ravisa. « J'ai été stupide, dit-il en secouant tristement la tête, et en semblant se recroqueviller dans son fauteuil.. J'aurais dû savoir qu'ils seraient une cible, ce n'est un secret pour personne que les liens vous unissant tous les trois sont extrêmement serrés. Comment ai-je pu les laisser se rendre à Pré-au-Lard ?

- Ce n'est pas votre faute, protesta Rogue avec véhémence. Vous ne pouviez pas prévoir. J'aurais dû vous prévenir, si seulement ils ne m'avaient pas démasqué.

- Je ne crois pas que ce soit le moment de partager les responsabilités, intervint Gabriel. Je vous rappelle que deux gosses sont prisonniers d'un psychopathe. La question à poser serait plutôt : qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

- Vous avez raison. » Dumbledore se redressa, et sa voix se raffermit. Malgré les mots prononcés, Harry en fut rassuré : il retrouvait le puissant sorcier qu'il connaissait, le seul qui faisait peur à Voldemort. « Malheureusement, la réponse à cette question est loin d'être évidente. Faire appel aux Aurors du ministère me paraît irréalisable. Je crains fort qu'il n'y ait de nombreux espions là-bas. Les quelques personnes en qui j'ai confiance devraient être là dès que possible, mais nous ne sommes pas assez nombreux pour attaquer, d'autant plus que nous ignorons où se trouvent Mr Weasley et Miss Granger, et quelles sont les protections qui entourent cet endroit. Avant de parler d'un éventuel plan, j'aimerais savoir exactement comment Voldemort est parvenu à te contacter, Harry, et ce qu'il t'a demandé exactement. »

Réfrénant son impatience, le jeune homme entreprit de raconter le rêve qu'il avait eu un peu plus tôt. Il s'interrompit soudain.

« Queudver ! s'écria-t-il en regardant autour de lui, réalisant que Peter était peut-être là à écouter tout ce qu'ils disaient. Voldemort avait dit qu'où qu'il soit, il le trouverait, or, à la connaissance de Harry, l'animagus était le seul mangemort capable de s'introduire à Poudlard. Mais dans ce cas, il était probable qu'il se trouvait dans le bureau.

- Ne t'inquiète pas pour cela, dit Dumbledore. Le problème a été réglé. Les animagi ne peuvent plus pénétrer dans l'enceinte de Poudlard que sous leur forme humaine, et une fois qu'ils y sont, ils leur est impossible de se métamorphoser, au grand damne du professeur Mac Gonagall. De plus ceci - il désigna sur son bureau un morceau de parchemin que Harry reconnut immédiatement pour s'en être servi pendant deux ans - nous préviendrait si qui que ce soit tentait de nous espionner. Finis ton récit s'il te plaît. »

Harry termina rapidement de parler, et Dumbledore hocha la tête.

« Voldemort devait se douter que si tu « sortais de ta cachette », tu viendrais ici.

- Mais. Il a dit qu'il me trouverait. comment peut-il espérer ici ? C'est un des endroits les plus surs d'Angleterre, n'est-ce pas ?

- Il a forcément un de ses mangemorts à Poudlard, conclut logiquement Grace.

- En effet, répondit calmement Dumbledore, s'adressant à Harry. Il a chargé quelqu'un dans le château de t'amener à lui. Ce n'est pas une tâche bien difficile, puisque tu es censé suivre volontairement cette personne lorsqu'elle se présentera à toi.

- Dans ce cas, dit Gabriel, il nous suffirait de suivre Harry discrètement pour savoir où ils l'emmènent. Nous pourrions aussi attaquer la personne qui le contactera et lui faire dire l'endroit où sont retenus Ron et Hermione, pour ne pas mettre Harry en danger.

- Je crains que ce ne soit pas si simple. Il est long et délicat de pister les moyens de transport magiques, or un portoloin sera à coup sûr utilisé. Je parierais de plus que ce premier Portoloin n'ait pas pour destination l'endroit où se trouve Voldemort. Quant à la personne qui doit contacter Harry, je doute qu'elle connaisse l'endroit où sont retenus ses amis. Cependant, ces deux options sont envisageables, et nous devons effectivement y réfléchir avant de prendre une décision.

- Pensez-vous qu'il relâchera Ron et Hermione si je me rends ? demanda Harry.

Gabriel et Grace parurent sur le point de protester, et Dumbledore soupira, mais ce fut Rogue qui répondit.

« Rien n'est jamais sûr à cent pour cent lorsqu'il s'agit du Seigneur des Ténèbres. Il a probablement envie de montrer qu'il est toujours aussi puissant et aussi terrifiant qu'avant sa disparition, et il lui faut également distraire les mangemorts. Cependant, je crois que s'il parvient à avoir Potter, cela sera suffisant pour ces deux buts. Les prises d'otages ont toujours été un des moyens de pression les plus appréciés par Voldemort, et dans le passé, il laissait généralement les prisonniers partir après avoir obtenu ce qu'il voulait. Simplement parce que si le monde pensait qu'il tue systématiquement ses otage quoi qu'ils fassent, il n'obtiendrait plus rien comme cela. Or, s'il veut reconstruire son règne de terreur, il doit montrer qu'il y a certaines règles qu'il respecte. C'est pourquoi je pense que si Potter se rend, il y a de grandes chances pour que Weasley et Granger s'en sortent sains et saufs. »

En parlant, il s'était adressé uniquement à Dumbledore. Pas une fois son regard n'avait croisé celui de Harry depuis son arrivée. Ce fut cependant ce dernier qui répondit d'un ton décidé, soulagé que la réponse de Rogue, qui connaissait Voldemort, ne confirme pas ce que Gabriel et Grace avaient dit.

« Dans ce cas, c'est très simple. Je vais me rendre, dit-il. Et vous ne ferez rien avant que Ron et Hermione ne soient en sécurité à Poudlard.

- Excellent plan, Potter, ricana Rogue. Je vous félicite. Vous serez mort dans d'atroces souffrances bien avant que nous n'ayons pu intervenir.

- Cela me regarde. C'est ma vie. J'ai le droit de décider.

- Auriez vous oublié, Potter, demanda Rogue, en se tournant cette fois vers Harry, son visage revêtant son habituelle expression de dégoût, que votre petite vie n'est pas seule concernée ? Vous savez ce qui se passera si le seigneur des Ténèbres vous tue. S'il perce le secret de Griffondor.

- Non, je ne sais pas ce qui se passera, parce que personne ne le sait ! s'écria le garçon. Si ça se trouve, cette arme dont vous parlez a été découverte et détruite il y a des siècles, peut-être même qu'elle n'a jamais existé ! Et même si Voldemort me tue, rien ne dit qu'il la trouvera ! Je ne laisserai pas Ron et Hermione se faire tuer à cause de ça. C'est facile de rire, mon plan n'est peut-être pas parfait, mais si vous avez autre chose à proposer pour les sortir de là, je vous écoute ! »

Un silence suivit la tirade de Harry. Ni Rogue ni personne n'avait de plan à proposer, mais personne n'était prêt à laisser le jeune homme se sacrifier pour sauver ses amis.

« Peut-être pourrions nous trouver une sorte de traceur, suggéra finalement Gabriel. Un de ces mouchards invisibles que l'on placerait sur Harry et qui nous permettrait de savoir en permanence où il est. Votre ministère ne pourrait-il pas vous en procurer un, sans que cela ne soit communiqué aux mangemorts ?

- Cela me paraît difficile, dit pensivement Dumbledore. Je ne sais pas exactement de quoi vous parlez, mais c'est manifestement un objet moldu, et il n'y en a sûrement pas au ministère. Passer par nos contacts moldus prendrait trop de temps, et un sort de localisation est inenvisageable : il est plus que probable qu'ils vérifieront.

« S'il n'y a pas d'autre solution, fit Rogue d'un ton hargneux, les informations que nous avons recueillies tout à l'heure peuvent peut-être.

- N'abordons pas ce sujet maintenant, Severus, coupa Dumbledore. Nous en avons déjà parlé.

- Professeur, intervint Harry impatiemment, vous avez forcément une idée ! Qu'est-ce que nous pouvons faire ? »

Le vieil homme soupira de nouveau. Malheureusement, compte tenu des données dont nous disposons tous, je ne vois pas de solution. La décision t'appartient, Harry. »

Un poids énorme s'abattit sur les épaules de Harry. Un tel aveu, de la bouche de Dumbledore, résonnait comme un constat d'échec irréversible. Il n'y avait rien à faire. Les autres ne pouvaient pas l'aider. S'il ne sortait pas rapidement de ce bureau, prêt à suivre n'importe quelle instruction donnée par son ennemi, Ron et Hermione étaient morts. Dans son abattement, le jeune homme ne remarqua pas que le vieux sorcier n'avait pas semblé particulièrement triste ou découragé en admettant son impuissance. Gabriel s'était levé d'un bond à cette tournure définitive.

« Il y a toujours une solution, s'écria-t-il, meilleure que de laisser à un adolescent le choix entre sa propre mort et celle de ses amis. Franchement, si vous-autres sorciers abandonnez aussi facilement, sans tenter quoi que ce soit, je ne m'étonne pas que des mages noirs comme Voldemort puissent accéder au pouvoir. Professeur Dumbledore, j'ignore si votre réputation est surfaite ou si l'âge vous a rattrapé, mais je n'aurais jamais cru cela de vous. A part démonter toutes les suggestions, j'ignore ce que vous avez apporté au problème. »

Rogue s'était levé lui aussi. Clairement, il ne supportait pas d'entendre insulter Dumbledore, et semblait prêt à bondir sur Gabriel. Grace avait fait un geste pour retenir son ami, mais n'avait pu s'y résoudre : au fond, elle lui donnait parfaitement raison. Elle n'avait pas attendu une telle réaction de la part d'un homme que tout son peuple idolâtrait. Harry trouvait la capitulation un peu rapide, mais il avait suffisamment vu le vieux professeur à l'?uvre pour savoir que si Dumbledore disait qu'il n'y avait rien à faire, ce n'était pas la peine d'aller chercher plus loin.

Le vieux sorcier ne s'offusqua pas de l'attaque de Gabriel. Se levant à son tour, il écarta Rogue pour pouvoir regarder Gabriel dans les yeux.

« Je comprends votre réaction, Mr Knight, dit-il doucement. Moi-même, je me pose souvent ce genre de questions, et particulièrement aujourd'hui. Tout ce que je peux vous répondre, malheureusement, c'est que nous allons tenter tout ce qui peut l'être pour que personne ne perde la vie aujourd'hui. Maintenant, si vous le permettez, je dois parler à Harry. Seul.

- Pour ? Lui demander s'il a fait son testament ? A quoi bon cette conversation si tout est déjà réglé ?

- Rien n'est réglé. Il y a plusieurs choses dont j'aimerais lui parler en privé. Si tu es d'accord, Harry, bien entendu ?

- Si c'est important. répondit le garçon, curieux de ce que Dumbledore pouvait avoir à lui dire d'aussi secret. Apparemment, Rogue savait de quoi il s'agissait, parce qu'il échangea avec le directeur un regard entendu.

- Très bien ! admit-il. Puisque vous semblez tous incapables de faire quoi que ce soit, nous n'avons plus rien à faire dans ce bureau. Viens, Grace, sortons. » Il ouvrit la porte d'un coup de pied et s'y engouffra, suivi par Grace qui prit le temps de leur souhaiter bonne chance et d'embrasser Harry avant de sortir.

« L'union fera notre force, la désunion notre faiblesse. ricana Rogue. Vous collez à vos maximes, Albus.

- Il faut une exception à toute règle. En l'occurrence, je ne pense pas que cet éclat nous handicape beaucoup, au contraire.

- Ca m'étonnerait que Gabriel abandonne comme ça, dit Harry. Je ne sais pas ce qu'il va faire, mais d'après ce que j'ai vu chez eux et ce qu'ils m'ont dit de leurs enquêtes, il va vouloir agir. Je ne veux pas qu'il soit tué lui aussi, ni Grace, d'ailleurs, si elle parvient à l'accompagner.

- Espérons qu'ils sauront faire marcher leur intelligence », dit simplement Dumbledore. Il se tourna vers le professeur de potions. « Séverus, voudriez- vous s'il vous plaît aller préparer une fiole de Potion Sang-bleu pendant que je parle avec Harry ? Et vous serez aussi aimable de m'envoyer le jeune Malefoy.

- Très bien », répondit Rogue. Lorsque la porte se fut refermée sur lui, Dumbledore vint se rasseoir en face de Harry.

« Ah, les jeunes. murmura-t-il. Il y a longtemps que l'on ne m'avait pas crié dessus avec autant de véhémence.

- Il était en colère, répondit Harry, qui ne savait pas trop comment prendre la remarque du directeur, ni même si elle lui était adressée.

- Et il avait effectivement des raisons de l'être. Il a dû penser que je t'abandonnais. Probablement tu l'as pensé, toi aussi, n'est-ce pas ?

- Je sais que vous n'auriez pas abandonné avant d'avoir explorer toutes les possibilités, mais des fois il y a des situations inextricables. c'est ce que vous pensez, non ?

- Non. Je suis entièrement d'accord avec Mr Knight. Il y a toujours une solution. Le tout est de la trouver. » Harry se rappelait avoir déjà entendu cette phrase. Hermione disait cela, parfois. C'était probablement la devise des gens vraiment têtus.

- Vous avez pourtant dit qu'il n'y en avait pas, remarqua-t-il.

- Non, Harry. Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit. Si je me souviens bien, ma phrase exacte était : compte tenu des données dont nous disposons tous, je ne vois pas de solution. Ce qui n'est pas réellement un mensonge, même si le but était bien de tromper nos amis. Compte tenu des données dont nous disposions tous, tout à l'heure, aucune solution ne se présentait à moi. J'avoue cependant que je n'ai pas beaucoup cherché. Car il est un élément dont seuls le professeur Rogue et moi avions connaissance. Cela ne t'a-t-il pas surpris que nous soyons déjà au courant de l'enlèvement de Mr Weasley et Miss Granger ?

- Ils avaient disparu, remarqua Harry.

- Les élèves n'étaient pas tous rentrés de Pré-au-Lard quand tu es arrivé.

- Alors comment saviez-vous ?

- Quelqu'un nous a informé, le professeur Rogue et moi, peu de temps avant votre arrivée. » Deux coups secs furent frappés à la porte.

« Entrez, Mr Malefoy, invita Dumbledore. »

La porte s'ouvrit et Drago Malefoy pénétra dans la pièce. Harry le regarda avec méfiance, se demandant pourquoi Dumbledore le faisait venir à un moment pareil, refusant de faire le lien avec ce que le directeur venait de dire. Drago, quant à lui, jeta à peine un regard à Harry, avant d'aller s'asseoir, le visage fermé, le plus loin possible de l'autre garçon.

« Mr Malefoy, reprit Dumbledore en s'adressant à Harry, a été contacté tout à l'heure par son père, à Pré-au-Lard. C'est à lui qu'a été confiée la tâche de te faire sortir de Poudlard, grâce à un Portoloin. Cependant, avec un grand courage, il a décidé de s'opposer à sa famille et est allé trouver le professeur Rogue.

- Comment sait-on que ce n'est pas un piège ? demanda Harry. Malefoy a toujours été plutôt fier de ce qu'était son père, et disposé à devenir mangemort. En plus, il me déteste, et Ron et Hermione aussi.

- Si tu refuses de me faire confiance, Potter, tu pourrais au moins t'adresser à moi, rétorqua le blond.

- Je ne crois pas m'être jamais gêné pour te dire en face que je me méfiais de toi. Mais le moment me paraît plutôt mal choisi pour ce genre de discussions stériles.

- Il me semble que tu es celui qui a lancé la discussion.

- Le fait que je ne te fasse pas confiance est important, pas la manière de le dire.

- Je crains que tu n'aies pas le choix : que tu me fasses confiance ou non, Potter, je suis celui que le Seigneur des Ténèbres a choisi pour t'amener à lui, et il te faudra bien me suivre. D'ailleurs, il me demandera probablement comment ça c'est passé, donc si vraiment je suis de son côté je te conseille d'être très gentil avec moi. »

La discussion aurait pu se poursuivre un certain temps, malgré la situation critique, mais une petite toux sèche fit se retourner les deux garçons. Harry rougit en réalisant que Dumbledore avait assisté à leur échange.

« Messieurs, dit le directeur un peu sèchement, si vous acceptez de terminer votre petite joute, peut-être pouvons nous passer à des choses plus sérieuses. Harry, il va bien falloir que tu fasses confiance à Mr Malefoy, parce l'aide qu'il peut t'apporter notre meilleure chance. Et, s'il devait te trahir, je ne vois pas bien pour l'instant ce que cela apporterait à Voldemort. Me l'envoyer est à mon avis un risque qu'il n'aurait pas pris. »

Harry jeta un regard meurtrier à son ennemi de quatre ans mais hocha la tête.

« Bien, reprit le directeur, si ceci est réglé, voici ce à quoi j'ai pensé : si nous voulons que Mr Weasley et Miss Granger aient une chance de s'en sortir, il faut que tu suives ses instructions, Harry. Si tu ne te rends pas ce soir, comme Voldemort l'a demandé, ils seront probablement morts demain matin, et nous n'avons aucun moyen de les retrouver.

- Depuis que je suis ici je n'ai pas arrêter de vous répéter que je voulais le faire. » remarqua Harry, qui commençait à s'impatienter.

- Puisque tu seras vraisemblablement testé pour tous les sorts auxquels ils pourront penser, il est hors de question que nous lancions quoi que ce soit. Par contre, vous, Drago, ne le serez probablement pas. C'est pourquoi j'aimerais, avec votre accord lancer sur vous des sorts de localisation, et peut-être de protection.

- Le portoloin que m'a donné mon père ne mène sûrement pas directement au Seigneur des Ténèbres, remarqua Drago. Et rien ne dit qu'ils m'emmèneront avec eux.

- Depuis le temps que je le combats, sans compter celui où je l'ai eu comme élève ici, j'ai appris à connaître Voldemort. Il voudra que vous soyez là, qu'il y ait le plus de monde possible au moment où il aura Harry à sa merci. Je crois aussi que ce goût du spectacle nous laisse un peu de temps pour agir. Nous essayerons d'arriver le plus tôt possible, mais il nous faudra déchiffrer le sortilège de localisation, et trouver un lieu pour transplaner.

- Il y a beaucoup trop de choses qui peuvent mal se passer dans votre plan, Monsieur.

- J'en suis conscient. Mais personne ne vous en voudra si vous refusez de prendre ces risques, tous les deux, vous devez comprendre que rien ne vous y oblige.

- Je ne prends pas de risques, remarqua Malefoy en reniflant. Personne n'a de raison de soupçonner que je vous ai tout dit.

- Il y a toujours un risque et vous le savez. Harry, que penses-tu de tout cela ? On ne t'a pas beaucoup entendu.

- Ron et Hermione seront probablement libérés, dit Harry d'un ton posé. Du moins si Rogue a raison et que Voldemort tient sa promesse. » Il s'arrêta un instant, et regarda Drago, avant de reporter son attention sur Dumbledore. « Je ne veux plus que les gens meurent à cause de moi, ajouta-t- il douloureusement. Et si votre plan tournait mal ? Et si Voldemort apprenait que Malefoy est en fait avec nous ? Et si les Aurors, ou qui que ce soit que vous allez envoyer derrière nous, perdaient le combat ?

- Tu l'as entendu, Harry, Mr Malefoy accepte de prendre le risque, qui est minime, d'ailleurs. Quant aux gens qui seront envoyés après vous, ce sont des adultes qui savent ce qu'ils font et où ils vont. La plupart d'entre eux se joindront à l'opération parce que c'est une chance de porter un coup à Voldemort, d'arrêter des Mangemorts, peut-être, ou même de tuer leur maître. On peut tout imaginer. Mais quoi qu'il arrive ce soir, ce ne sera en aucun cas à cause de toi. »

Harry hocha la tête. « Quand partons-nous ? demanda-t-il.

- Mon portoloin s'active à six heures, répondit Drago. Ca nous laisse deux heures. Nous devrons quitter le château, il ne marche pas à l'intérieur des protections.»

Un coup sec fut frappé à la porte et le professeur Rogue entra, sans attendre d'y être invité. Il tenait à la main une fiole qu'il tendit à Dumbledore. Le visage du vieil homme se tendit, et ses yeux se durcirent alors qu'il faisait passer la fiole à Drago.

« Mr Malefoy, j'aimerais que vous fassiez passer ceci à Mr Potter dès que vous serez sûr qu'ils ne le fouilleront plus. Surtout ne vous faites pas voir. » Drago hocha la tête, et le directeur inspira profondément avant de se tourner vers Harry. Jamais ce dernier n'avait lu une telle expression sur son visage.

« Jamais je n'aurais pensé avoir un jour une requête aussi difficile à formuler, dit le vieux sorcier d'une voix cassée. Il est impardonnable d'exiger cela de toi, pourtant, je dois le faire. Cette fiole contient un poison très puissant. Harry, si les choses devaient mal tourner, s'il n'y avait plus aucun espoir que les secours puisse vous atteindre à temps. et dans ce cas seulement, il sera temps de tester ton lien avec lui. Je suis vraiment désolé de te demander une chose pareille, mais nous ne pouvons pas le laisser te tuer. »

Harry regarda la fiole, puis Drago, dont la main qui tenait le flacon tremblait, et dont le visage avait la couleur de la craie.

« Vous n'avez pas besoin de faire ces têtes d'enterrement, dit-il enfin. Si, comme vous dites, les choses devaient mal tourner, alors je préfère ne pas lui laisser le plaisir de me tuer. Jamais.

- Harry, promets moi que tu ne l'utiliseras qu'en dernier recours, que si Voldemort devait lever sa baguette pour lancer un sortilège mortel, et qu'il n'y a pas d'autre solution.

- C'est promis, repondit Harry en le regardant dans les yeux. Je n'ai pas envie de mourir là-bas.

- Bien. Mr Malefoy, si vous voulez patienter quelques minutes à côté pendant que je parle à quelques personnes pour mettre au point l'équipe qui viendra vous chercher, nous nous occuperons ensuite de lancer ces sortilèges. Harry, le mieux est peut-être que tu retournes à la tour de Griffondor, comme tu le ferais si tu ignorais ce qui doit t'arriver, et qui doit venir te chercher aujourd'hui. Severus, avant de retourner vaquer à vos occupations, descendez voir si vous trouvez Mr Knight et Miss Nakimura, et s'ils acceptent de venir me parler. »

Bien que n'ayant aucune envie de subir la curiosité inquiète de ses camarades, au sujet de l'endroit où il avait passé le dernier mois et de ce qu'étaient devenus Ron et Hermione, Harry obéit. Il était depuis dix minutes dans la salle commune, cependant, quand le professeur Mac Gonagall vint lui parler.

« Potter, demanda-t-elle, savez-vous où Mr Knight et Miss Nakimura sont partis après avoir quitté le bureau du directeur ?

- Non, répondit Harry, surpris par la question. Un instant, il se demanda même comment Mac Gonagall pouvait être au courant de ce qui s'était passé dans le bureau de Dumbledore, avant de réaliser qu'il était logique que ce dernier lui en ait parlé.

« Je suis resté dans le bureau, dit-il. Comment aurais-je pu savoir ce qu'ils allaient faire ?

- Tu es de loin celui qui les connaît le mieux ici, expliqua le professeur de Métamorphose. Nous ne pouvons les trouver nulle part, et nous sommes inquiets.

- Pourquoi ? Aucun danger ne les menace. Sans doute ont-ils utilisé le portoloin pour retourner à Rittersberg. Gabriel n'est pas vraiment le genre à attendre tranquillement les ordres de Dumbledore, et il était tellement en colère en partant qu'à mon avis il ne veut plus rien avoir à faire avec les sorciers.

- Ils ne sont pas rentrés chez eux, nous avons vérifié. » Harry comprit soudain d'où venait la panique suscitée par cette disparition. Il l'avait lui-même dit au directeur : ni le Schattenjäger ni son amie n'étaient du genre à abandonner. S'ils étaient partis, ce n'était sûrement pas parce qu'ils se désintéressaient de l'affaire. Au contraire, ils étaient probablement à la recherche de Ron et Hermione, ou d'un moyen d'aider Harry lorsqu'il serait avec les Mangemorts. Il y avait peu de chances qu'ils trouvent quoi que ce soit, mais Harry les savait presque aussi doués qu'un certain trio de sorciers pour se mettre dans le pétrin. D'un autre côté, ils étaient moldus : avant de faire quoi que ce soit, il leur fallait d'abord quitter Poudlard et trouver l'endroit où se réunissaient les mangemorts. S'ils n'étaient plus à Poudlard, et Dumbledore ayant la carte du maraudeur, il saurait forcément s'ils y étaient, et qu'ils n'étaient pas repassés chez eux, c'est qu'ils étaient partis à pieds. Le temps qu'ils rejoignent une ville moldue, trouvent une voiture et entreprennent quoi que ce soit, tout serait probablement terminé. C'est ce qu'il dit à Mac Gonagall.

« Je sais bien, Potter, répondit la sorcière, mais le directeur en doute. De plus, il avait je crois d'autres plans pour eux.

En sortant du bureau du directeur, bouillant de rage, Gabriel avait couru comme si sa vie en dépendait, ne s'arrêtant qu'en arrivant en face des grandes portes marquant l'entrée du château.

« Gabriel ! Attends ! » cria une voix derrière lui. Il se retourna. Haletante, Grace arriva à sa hauteur. Où vas-tu ?

- N'importe où, du moment que je pars d'ici. personne ne va bouger le petit doigt pour aider Harry, et le gosse semble parfaitement décidé à mourir en martyr. Ce qui n'arrivera pas si je peux l'empêcher.

- Mais qu'est-ce que tu comptes faire ? Tu n'as aucune idée de l'endroit où sont retenus ses amis, et même si tu le savais, comment peux-tu espérer parvenir à les délivrer ? En plus, nous sommes à des kilomètres de toute civilisation !

- C'est très simple. Ce sont les mangemorts qui les ont enlevés, ce sont eux qui vont essayer de tuer, Harry. Si nous trouvons un Mangemort, il nous mènera tout droit jusqu'à eux. Une nouvelle visite à nos amis Stevens, ou Malefoy, s'impose.

- Tu es complètement fou ! S'ils nous voient nous sommes morts.

- Je n'ai pas dit que tu venais avec moi, Grace.

- De toutes façons, que je vienne avec toi ou pas ne change rien au fait que nous sommes coincés sans voiture dans un trou perdu de l'écosse, que l'endroit où habitent les Stevens est à des heures de route, et que c'est ce soir que tout va se jouer. A moins d'être capable de te téléporter, je suis curieuse de savoir comment tu comptes t'y prendre.

- Tu as raison, Gracie, admit Gabriel, sur un ton qui ne présageait rien de bon. Il eut un petit sourire en coin. A moins d'être capable de me téléporter. » Il fit brusquement demi-tour et partit à grandes enjambées dans un couloir.

« Eh ! attends ! cria Grace une fois de plus, en courant après lui. Avisant un groupe d'élèves, le Schattenjäger ralentit à peine et demanda : « Où puis-je trouver votre professeur de sortilèges ?

- Flitwick ? il doit être dans son bureau. Vous prenez le deuxième couloir à droite, puis à gauche après la statue du Chevalier sans tête, lorsque vous arrivez à un escalier vous montez trois étages et c'est la deuxième porte sur votre droite. » Le garçon qui avait répondu avait à peine fini sa phrase que Gabriel repartait de plus belle, sans un mot de remerciement. De nouveau, Grace s'élança à sa suite. Le Schattenjäger ne s'arrêta pas avant d'être arrivé à la porte du bureau de Flitwick, qu'il ouvrit d'un coup de pied. Le petit professeur était assis à sa table, sur une chaise dont les pieds avaient été rehaussés spécialement pour lui.

« J'ai besoin d'un portoloin, immédiatement » ordonna Gabriel, au moment où Grace accourait derrière lui. Le petit professeur releva la tête et sourit, nullement gêné par cette entrée en matière plutôt brutale.

« Mr Knight, s'exclama-t-il joyeusement, reconnaissant l'homme qu'il avait croisé une fois au mois d'août. C'est un plaisir de vous revoir. Nous vous sommes tous reconnaissants de ce que vous avez fait pour Harry.

- Moi aussi je suis content de vous voir mais il me faut un Portoloin, tout de suite.

- Bien sûr, répondit Flitwick en étalant une carte sur son bureau. Où voulez-vous aller ?

- Ici, répondit Gabriel en pointant la ville la plus proche de l'endroit où habitaient les Malefoy.

- Vous avez de la chance, je connais parfaitement cet endroit. Puis-je vous demander ce que vous allez faire là-bas ?

- Essayer de sauver quelqu'un. » Le ton sur lequel Gabriel s'adressait au sorcier faisait honte à Grace, mais Flitwick ne semblait pas s'en soucier. Il restait joyeux et bien disposé envers eux, pensant peut-être que c'était Dumbledore qui leur avait demandé de venir le trouver.

- Oh, bien sûr, vous êtes sur une affaire. »

Sans poser plus de questions, il prit une plume sur son bureau et leva sa baguette. Quelques minutes plus tard, il se retourna vers Gabriel avec un grand sourire.

« Voilà. Je vous ai envoyé vers une rue tranquille. Le portoloin s'activera dès que vous toucherez la plume. Bon voyage. Mademoiselle, vous partez également, je présume ? demanda-t-il, remarquant seulement la présence de Grace.

« Oui. Merci pour votre aide, Monsieur, répondit celle-ci avec un sourire, tentant de rattraper l'horrible comportement de Gabriel. Mais celui-ci s'interposa.

- Non. Il est hors de question que tu viennes avec moi, Grace.

- Ce n'est pas à toi de me dire ce que je dois faire. Je ne te laisserai pas partir seul, surtout dans l'état où tu es. Tu vas te jeter dans la gueule du loup. »

La colère de Gabriel sembla tomber d'un coup. « Je n'ai pas le choix, dit- il, plus calme qu'il ne l'avait été depuis qu'il avait quitté le bureau de Dumbledore. Il faut que je fasse quelque chose. Mais je ne supporterais pas de te voir blessée. ou pire.

- Nous sommes associés, tu te rappelles ? Tu peux avoir besoin de moi, et je ne te laisserai pas tomber. C'est cela ou je préviens tout le monde de ce que tu es en train de faire. » Décidée, la jeune femme tendit la main vers la plume, et Gabriel se résigna à faire de même.

Ils réapparurent dans une petite ruelle déserte, mais n'eurent qu'une centaine de mètres à marcher pour se retrouver au centre d'une petite ville.

« Il faut que nous trouvions un loueur de voitures, dit Grace.

- Ce n'est pas la peine, répondit Gabriel, examinant les véhicules garés sur le trottoir. Celle-ci est ouverte. »

Il s'installa dans une petite Ford bleue. « Gabriel ! c'est du vol !

- Un simple emprunt, dit tranquillement le schattenjäger en manipulant des fils électriques. Quelques instants plus tard, la voiture démarra.

« Grace ! ou tu montes ou je pars sans toi. » Bien que choquée, la jeune femme s'empressa de prendre place à côté de son ami. Elle n'allait pas se laisser mettre à l'écart maintenant.

« Où as-tu appris à faire ça ? demanda-t-elle.

- Ne me dis pas que tu n'as jamais emprunté un véhicule pour faire une ballade quand tu étais au lycée !

- Gabriel ! bien sûr que non !

- Tu aurais dû. J'ose à peine imaginer le genre de petite sainte nitouche que tu devais être. »

Après cela, ils n'échangèrent plus un mot jusqu'à ce qu'ils arrivent aux murs qui marquaient la limite de la propriété des Malefoy. Comme Gabriel l'avait fait près de deux mois auparavant, ils franchirent silencieusement l'obstacle en se servant d'un arbre. En se laissant tomber en souplesse sur l'herbe, Grace pensait à la déception qui les attendait certainement. Elle ne croyait pas que la démarche de Gabriel mènerait à quoi que ce soit. C'était compter sans le destin, et les hasards qui favorisaient parfois son ami.

Ils découvrirent les propriétaires du manoir dans une petite pièce à côté de l'immense salle de réception dans laquelle le Schattenjäger avait observé les Mangemorts la fois précédente. La femme lisait, pendant que l'homme faisait nerveusement les cent pas, portant parfois machinalement la main à son bras gauche.

« Que faisons-nous ? demanda Grace au bout de plusieurs minutes d'observation. Ils peuvent rester ainsi pendant des heures, la femme a l'air installée pour passer une soirée tranquille.

- Ils attendent quelque chose, dit Gabriel. Il poussa doucement sur la fenêtre, voyant que l'homme parlait à la femme, mais de manière prévisible, rien ne bougea. Profitant de ce que Mr Malefoy regardait dans la direction opposée, alors que son épouse avait replongé dans son livre, Gabriel se redressa. La fenêtre était d'un modèle ancien. Elle ne devait pas être bien difficile à ouvrir. Il avisa une chaise de jardin non loin d'eux, et l'amena à l'endroit où se trouvait Grace.

« Qu'est-ce que tu fais ? demanda celle-ci à mi voix, énervée par ces mouvements qui risquaient de les faire repérer.

- J'ouvre. Nous devons pouvoir entendre ce qu'ils disent, répondit Gabriel en mettant un pied sur la chaise.

- Tu es fou ! tu ne vas pas monter là-dessus ! S'ils se retournent, tu n'auras jamais le temps de te soustraire à leurs regards, et s'il te voient nous aurons de gros problèmes !

- Je vais faire vite, répondit Gabriel en montant sur la chaise. Glissant la lame de son poignard dans l'interstice en haut de la fenêtre, il mit moins d'une minute pour trancher le joint qui maintenait la fenêtre fermée. A son grand soulagement, Aucun des Malefoy ne tourna les yeux vers lui. Puis il laissa glisser à terre et s'accroupit à côté de Grace. Celle-ci reprit sa respiration, qu'elle avait retenu pendant toute la durée de l'opération.

« Un jour ta chance te laissera tomber, tu sais », dit-elle d'une voix étranglée. Gabriel haussa simplement les épaules et, alors que l'homme dans la pièce reprenait son va et viens, il entreprit de passer son poignard dans le petit interstice en bas de la fenêtre. Lorsque celle-ci ne fut plus retenue non plus de ce côté là, il poussa doucement dessus, suffisamment pour l'entrouvrir, mais pas assez pour que les deux battants ne se séparent complètement, ce que les Malefoy n'auraient pas manqué de remarquer. Malheureusement, les deux époux n'avaient pas échangé plus de quelques mots, et la pièce était redevenue silencieuse depuis longtemps.

Les minutes s'écoulèrent, lentement. Tous deux avaient conscience de perdre peut-être un temps précieux à observer ce couple qui, même s'ils savaient où se trouvaient Voldemort et ses otages, pouvaient très bien ne pas en parler ce soir là, ou simplement aller le rejoindre en transplanant, ce qui n'apporterait absolument rien aux deux moldus. Qui commençaient à avoir des crampes à force de rester agenouillés sous la fenêtre.

« Mon dieu, Gracie, murmura Gabriel après une heure d'observation silencieuse. J'ai agi comme un imbécile. Nous aurions dû rester à Poudlard et suivre Harry, au moins nous aurions été sûrs de trouver quelque chose. Maintenant, je n'arrive pas à trouver quelque chose de plus intelligent à faire que de rester ici, mais si nous passons la soirée à attendre pour rien et qu'il arrive malheur à un des gosses, je te jure que je laisse tout tomber. »

Grace en eut un instant le souffle coupé. Jamais elle n'avait perçu un tel désespoir et une telle culpabilité dans la voix de Gabriel. Elle savait que cette affaire, comme toutes celles sur lesquelles il s'était penché, lui tenait à c?ur, plus probablement que les précédentes parce qu'il avait eu beaucoup plus de temps pour apprendre à connaître les protagonistes, et notamment Harry, mais de là à envisager de rejeter l'héritage de sa famille.

« Tu as agi comme un idiot, en effet, en te précipitant comme ça, souffla-t- elle doucement. Mais après y avoir réfléchi, je crois que si tu voulais vraiment aider Harry, tu as bien fait de quitter Poudlard. Il y a bien assez de puissants sorciers là-bas, ils n'ont pas besoin de nous. Ce que j'espère, simplement, c'est que le plan de Dumbledore sera efficace. Ce que nous aurions dû faire, si tu n'avais pas été si borné, c'est agir avec les sorciers, au lieu de jouer les justiciers solitaires.

- Dumbledore n'a pas de plan ! » Bien que Gabriel continuât de chuchoter, pour ne pas être entendu de l'intérieur du manoir, on percevait l'irritation dans sa voix. « C'est bien cela, le problème, les sorciers ont décidé de ne rien faire ! D'ailleurs, ne dis pas que tu n'étais pas en colère, toi aussi. Je te connais assez pour savoir que tu bouillais de rage.

- Comme si tu m'avais accordé le moindre regard quand nous étions là-haut ! Okay, sur le moment j'étais énervée, mais depuis j'ai réfléchi à ce qui s'est dit dans le bureau. Et je pense que Dumbledore prévoyait de faire quelque chose. Quoi, je l'ignore, mais il avait une idée derrière la tête. Dont il a préféré ne pas nous parler.

- Comment aurions-nous pu agir avec lui s'il ne nous dit pas tout ?

- Je l'ignore. Mais nous en avons supprimé toute possibilité en partant. »

Leur conversation fut interrompue par des voix provenant de la fenêtre. Aussitôt, les deux jeunes gens se redressèrent, les sens aux aguets, pour espionner ce qui se passait dans la pièce.

« Ca ne devrait plus être long, maintenant, disait Lucius Malefoy. Le portoloin que j'ai confié à Drago ne va pas tarder à s'activer.

- J'espère que tout va bien se passer pour lui, répondit Narcissa. Il est encore bien jeune pour ce genre de mission, et pour les punitions que notre maître inflige à ceux qui échouent.

- Narcissa, il a quinze ans, ce n'est plus un bébé ! Et ce n'est pas comme si la mission qui lui a été confiée était difficile. Tout ce qu'il a à faire est trouver Potter, l'entraîner vers la forêt interdite, et lui faire prendre le portoloin.

- Si le vieux fou et ses sbires décident de tendre un piège, Drago sera le premier dans leur ligne de mire.

- Il faut apprendre à prendre des risques, dans la vie. Et là, le risque est minime. Potter tient trop à son rouquin et à sa Sang-de-bourbe pour les laisser s'en prendre à Drago. Surtout qu'ils ne le verront pas, grâce à la cape d'invisibilité que je lui ai offerte. J'espère seulement que Crabbe et Goyle junior réussiront à cacher son absence ce soir. Ils ont vraiment hérité de l'intelligence de leurs pères, ces deux là. Je pense cependant que dire qu'il a une migraine et se repose dans sa chambre devrait être dans leurs cordes, surtout si Drago les a briefé avent.

- Tu as raison, bien sûr. Tout va bien se passer. Tu lui as dit que son initiation aurait lieu ce soir ?

- Non. C'est une surprise que lui réserve notre maître. C'est un grand honneur qu'il lui fait, l'initier le jour où nous serons enfin débarrassés de Potter.

- Crois-tu qu'il soit prêt ?

- Bien sûr qu'il est prêt. Il va nous faire honneur, ce soir, Narcissa. Nous l'avons élevé pour cela, et il sait trop bien ce qui l'attend s'il ne se comporte pas parfaitement.

- Bien sûr qu'il le sait. Et j'imagine qu'il est assez âgé pour cela, aujourd'hui. » La mère de Drago fit une courte pause avant de reprendre : « Sais-tu ce que le Seigneur des Ténèbres a prévu pour ce soir ?

- Non. Mais ce devrait être une belle fête. Je ne serais pas étonné que nous finissions au milieu d'une ville moldue, peut-être même Londres. Et comme nous sommes samedi, il risque d'y avoir beaucoup de victimes.

- Ne crois-tu pas que Potter se livrant ainsi, seul, semble un peu trop beau ? Dumbledore va forcément tenter quelque chose pour le sauver !

- Tu devrais avoir plus confiance dans le maître, Narcissa. Le lieu de notre petite réunion a été préparé pendant des semaines. Tous les sortilèges envoyant des ondes magiques à distance, comme les sorts de télépathie ou de localisation, y sont bloqués. On ne peut y accéder qu'avec un réseau de poudre de cheminette ultra sécurisé, auquel ne sont reliées que trois cheminées dont celle-ci. Et personne à part le Seigneur des Ténèbres n'en connaît la localisation exacte. Quoi que l'autre croûton ait prévu, ça ne marchera pas. »

A ce moment, on entendit un léger pop, et Harry fut projeté au milieu de la pièce, réussissant à grand-peine à conserver son équilibre. Quelques instants plus tard, un autre garçon apparaissait, enlevant un étrange vêtement transparent qu'il se mit à plier tranquillement. Il s'agissait de l'autre l'adolescent blond que Gabriel avait vu voler sur son balai lors de sa première visite. Les observateurs devinèrent sans mal qu'il s'agissait de Drago Malefoy.

« Tout s'est bien passé ? lui demanda son père.

- Sans problème, répondit le garçon. Potter ne demandait qu'à me suivre. Bonjour, maman, ajouta-t-il poliment en direction de la femme. J'ignorais que nous allions atterrir ici.

- Ce n'est qu'un arrêt, Drago, tu dois t'en douter », expliqua Lucius, avant de se tourner vers Harry. « Je ne suis pas mécontent de te voir, Potter. Le maître sera enchanté, lui aussi de t'avoir à sa merci. Les gens loyaux sont vraiment trop stupides. J'ignore ce que tu imaginais en prenant ce portoloin, mais tu peux l'oublier : tu vas mourir ce soir. Et ce sera une belle fête. Narcissa, Drago, habillez-vous, il est temps d'y aller. Les trois Malefoy revêtirent des capes et des cagoules noires, puis Lucius prit un pot de poudre sur la cheminée et en distribua aux autres.

« Nous allons à Victory house. Potter, tu passes le premier, et pas de blagues si tu veux que tes amis aient une chance. » Harry jeta la poudre dans la cheminée. Les flammes devinrent vertes. Le garçon s'avança, répéta le nom que le sorcier venait de prononcer, et disparut. Les trois Malefoy échangèrent un regard satisfait, et répétèrent la même opération. Quelques instants plus tard, eux aussi étaient partis.

« Merde ! s'écria Gabriel alors que la robe de Lucius disparaissait dans le feu. Il se leva et ouvrit en grand la fenêtre du petit bureau, qu'il entreprit d'enjamber.

- Hé ! Qu'est-ce que tu fais ?

- Ils doivent bien avoir une cape et une cagoule de rechange !

- Tu n'as pas l'intention de les suivre ?

- C'est pour ça que nous sommes venus ici, tu te rappelles ? » lâcha sarcastiquement Gabriel en dévastant un placard.

- Cagoule ou pas, je suis sûre qu'ils verront tout de suite que tu n'es pas l'un des leurs. Ils doivent se reconnaître enter eux !

- C'est bien possible. Mais est-ce que tu as une meilleure idée ?

- Je. Attends ! » Grace s'approcha du curieux vêtement que l'adolescent avait déposé sur une chaise. Elle passa sa main sur l'étoffe soyeuse, puis en dessous. et la retira brutalement en la voyant disparaître. « Gabriel ! appela-t-elle. Viens voir ici ! » Elle déplia le vêtement et s'en couvrit partiellement. Gabriel poussa un cri lorsqu'il releva la tête et la vit.

« Grace ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Ils ont dû piéger leur maison ! » La jeune femme ne put s'empêcher de sourire, et retira la cape.

- C'est le vêtement que portait Drago en arrivant ici. Tu te souviens, lorsque son père a dit qu'il lui avait donné une cape d'invisibilité ? Elle porte vraiment bien son nom.

- C'est génial, Gracie. » Il vint à sa hauteur et la regarda dans les yeux, avec une expression sérieuse qu'il n'arborait que dans les situations d'urgence, lorsqu'il ne se mettait pas dans des rages folles comme il l'avait fait plus tôt. « Ecoute, voilà ce que nous allons faire. Je vais mettre cette superbe cape, et essayer leur poudre de cheminette. En espérant que ça marche aussi pour les moldus. Toi, tu vas aller chercher de l'aide.

- Je ne laisse pas tout seul.

- Je suis un grand garçon. Nous allons nous gêner si nous nous mettons à deux là-dessous, ils pourraient nous voir. Et, que je sois seul ou que nous soyons à deux, nous ne sommes pas de taille à lutter contre eux. Retourne à Poudlard, dis leur où ils se trouvent, et explique leur qu'il faut venir ici pour y accéder. En admettant que ces messieurs les sorciers veuillent bien se décider à bouger. » Elle hocha la tête, sachant qu'il avait raison. Un flot d'émotions l'envahit devant le visage ferme de son ami, ses yeux verts emplis de détermination, et, franchissant d'un pas l'espace qui les séparait, elle le serra frénétiquement dans ses bras.

« Gabriel, sois prudent ! supplia-t-elle. Ne vas pas te faire tuer ! » Il lui passa une main dans les cheveux, et dit doucement, d'une voix un peu étranglée : « Ne t'inquiète pas, Gracie. Ca va bien se passer. » Il lui effleura la joue, puis, se dégagea, et, sans un mot ni un regard dans sa direction, se couvrit de la cape et disparut complètement. Puis le pot de poudre que Malefoy avait laissé sur la cheminée se souleva, s'ouvrit, puis se referma. Une poignée de grains lumineux jaillit de nulle part en direction des flammes, qui devinrent vertes et la voix de Gabriel lança : « Victory house ! ». Puis tout redevint calme.

« Gabriel ! » appela la jeune femme. Mais elle n'obtint pas de réponse. Son ami était parti. Secouant la tête, elle fit demi-tout et enjamba la fenêtre pour aller retrouver la voiture.

Merci aux lecteurs et reviewers.

Vert : entièrement d'accord avec toi : si Harry ne souffre pas, ce n'est pas drôle. Et les jeux qui plantent avant la fin, c'est rageant...

Spyro : C'est sûr que Harry tout-puissant, ça va un moment... mais si il est trop fort par rapport à ses ennemis, ça n'a plus vraiment d'intérêt. Tu dis que le Harry qu'a créé JKR est un peu faible et il faut le protéger... A mon avis, c'était vrai... jusquà la sortie du cinquième tôme. Le Harry du cinquième tome hurlerait s'il pouvait lire ça... Enfin, je ne vais pas m'attarder sur ce sujet, pour éviter de mettre des spoilers. En tous cas, merci pour ta review.

phénix20 : Merci pour ta review. J'espère que ce chapitre t'aura autant plu que le précédent.

Purabelaza : Oui je suis cruelle. Très cruelle. Mais pas au point d'arrêter une fic commencée. Ne t'inquiète pas, tu verras un jour la fin de cette fic ( et peut-être du calvaire de Harry... )