Oui, je sais, ça fait six semaines que le précédent chapitre est paru...
Toutes mes excuses... J'ai été surchargée de travail, occupée par un
déménagement, et quand j'ai enfin pu avoir un peu de temps pour écrire, mon
ordi m'a lâchée. Bref, tout s'est ligué pour que ce chapitre ne voit jamais
le jour.
Disclaimer : rien à moi. Tout à JKR.
chapitre 10 : Le phénix et les fées.
Après un court passage par la propriété des Malefoy, l'étrange procession se retrouva dans le bureau du directeur de Poudlard. Sur un signe de Dumbledore, les professeurs Rogue et Mac Gonagall firent sortir les corps des mangemorts de la pièce, et prirent la direction des cachots. Ron et Grace conduisirent Gabriel à un fauteuil où il se laissa tomber en grimaçant. Le directeur fit apparaître d'autres sièges.
"Asseyez-vous, tous, dit-il. D'abord, je tiens à m'excuser : j'ai sous- estimé Voldemort. Je ne pensais pas qu'il connaissait un moyen de contrer les sorts de traçage, autrement qu'en les détectant sur leurs cibles et en les enlevant. Heureusement, cette faute impardonnable n'aura pas eu de conséquences fâcheuses, puisque vous voilà tous revenus sains et saufs.
- Je suis curieux de savoir comment vous avez fait, d'ailleurs, grogna Gabriel. Et aussi comment il se fait que je sois encore en vie. Surtout après toutes les fois où vous m'avez répété qu'Avada Kedavra était mortel, que Harry était le seul à y avoir survécu, que les propriétés du médaillon étaient uniques...
- Tu as été frappé par Avada Kedavra ?" coupa Grace, fixant son ami avec horreur. Elle avait donc été si proche de le perdre pour toujours...
Harry, Ron et Hermione se regardèrent un instant, et ce fut la jeune fille qui prit la parole.
"C'est vrai, dit-elle doucement. Personne ne résiste à ce sort, et quand il vous a frappé vous êtes mort, Mr Knight. Mais Harry... Harry vous a ressuscité.
- J'ai lu quelque part que c'était impossible, qu'aucune magie ne pouvait ramener les morts, dit doucement Grace, en se tournant vers Dumbledore.
- Cela n'a jamais été fait, répondit le vieux sorcier, calmement, comme si rien de tout cela ne le surprenait. Mais en théorie, c'est possible. D'abord parce que, et on ne le répétera jamais assez, rien n'est impossible en magie. Et parce que nul ne sait exactement ce qu'est la mort, ce qui se passe après. Pourquoi ne pourrait-on pas imaginer que le processus puisse être reversé, surtout dans les quelques minutes qui suivent le décès, lorsque le corps n'a finalement subi que peu de dommages ? Harry, peut-être pourrais-tu apporter quelques explications sur ce point ?
- Je ne sais pas ce qui s'est passé, répondit l'adolescent. Mais tout cela est lié aux pouvoirs de Godric Griffondor, à l'arme qu'il avait laissé pour ces descendants."
Il étendit sa main gauche sur le bureau pour que tous puissent voir la chevalière brillante. Il fit un geste pour l'enlever, afin que les autres puissent la voir de plus près, mais Dumbledore le retint.
"Garde ceci à ton doigt, Harry, dit-il. Un objet d'une telle puissance ne doit pas être manipulé à la légère." Une ride d'anxiété marqua son front. " Ainsi l'arme de Godric a fini par être retrouvée... ajouta-t-il à mi voix. Cette perpective ne semblait pas le réjouir outre mesure. " J'aimerais être informé de tout ce qui s'est passé ce soir, reprit-il, de sa voix habituelle. En commençant par le début de l'histoire."
Ensemble les adolescents entreprirent de raconter les événements, aidés de temps à autre par Gabriel. Seul Drago ne disait rien, ce qui était assez inhabituel de la part du Serpentard, et les autres avaient presque oublié sa présence. Ils s'en souvinrent cependant en racontant comment le jeune serpentard avait été marqué. Soudain gênés, ils se tournèrent vers lui, un instant à court de mots.
"Qu'est-ce que vous avez tous à me regarder comme ça ? grinça-t-il finalement. Oui, je suis tatoué, et alors ? J'ai toujours su que je le serais un jour ou l'autre. Je sais que je suis maintenant sur la liste noire de Voldie, et que cette marque va l'aider à me retrouver, mais s'il y a une chose dont je n'ai pas besoin, c'est de votre pitié. A moins que vous ne considériez que ma place, en tant que mangemort, ne soit dans les cachots avec les autres ? Après tout, de la part de griffondors, je m'attends à tout.
- Mr Malefoy, dit le directeur, sans se départir de son calme, cette soirée a probablement été encore bien plus difficile pour vous qu'elle ne l'a été pour vos camarades, et je ne prétendrai pas comprendre ce que vous ressentez à cet instant, entre cette marque qui vous a été imposée, et le sort de vos parents. La décision que vous avez dû prendre n'était pas facile, et la voie que vous avez choisi était la bonne.
- Vous l'avez admis, vous ne pouvez pas comprendre, alors n'essayez pas. Je ne regrette pas ce que j'ai fait, et je n'attends pas de pitié. Je ne sais même pas ce que je fais dans ce bureau, puisqu'après tout vous n'avez pas besoin de moi pour raconter ce qui s'est passé."
Il se leva et se dirigea vers la porte. Prise d'une soudaine inspiration, Hermione murmura quelques mots à l'oreille de Harry qui, à son tour, se leva d'un bond, et se précipita à la suite du serpentard. Il le rejoignit peu avant que celui-ci ne franchisse la gargouille.
"Drago, attend !
- Potter ? je ne crois pas t'avoir autorisé à m'appeler par mon prénom. Retourne dans le bureau. Tu ne me dois rien.
- Tu m'as sauvé la vie.
- Et après ? Tu ne me dois rien, tu avais déjà sauvé la mienne, tu te souviens ? en me permettant de rester à Poudlard.
- Peu importe, Malefoy. Ecoute, je n'ai pas pitié de toi. J'espérais vaguement qu'après ce soir tu nous épargnerais tes remarques stupides, mais si ça t'amuse de redevenir l'idiot que tu étais, c'est ton droit. Mais si la chevalière me permet de ressusciter les morts, peut-être que je peux aussi enlever les marques des ténèbres.
- Super Potter daignerait me faire bénéficier de ses pouvoirs. Et comment je sais que je ne vais pas me retrouver avec un bras en moins ? Je croyais que tu ne savais pas comment marchait ce truc !
- Très bien, Malefoy, si tu ne veux pas de mon aide, débrouille-toi tout seul. Retourne dans les cachots retrouver tes chers serpentards si ça t'amuse, passe le reste de tes jours à souffrir de ta marque, ce n'est pas moi qui te plaindrai!"
Harry ne pensait pas vraiment ce qu'il disait, mais les événements de la journée pesaient lourd, et il était physiquement et mentalement épuisé. Et même s'il était conscient de la situation du serpentard, sa colère s'était enflammée face à l'attitude incompréhensible de celui-ci. Il aurait aimé le secouer pour lui faire perdre ses airs arrogants et désabusés.
Malefoy se retourna vers la garcouille et sortit sans jeter un coup d'oeil à Harry. Il faillit rentrer dans Rogue, qui tenta vainement de le retenir.
Un peu surpris, Rogue fronça les sourcils et franchit la gargouille. Son expression se durcit quand il vit Harry.
"Potter, grimaça-t-il. Encore vous ! J'imagine que vous n'avez rien trouvé de plus intelligent que de faire une blague à Mr Malefoy. Le fait qu'il vous a sauvé la mise ce soir ne vous est probablement même pas venu à l'esprit?
- Vous ne savez rien de ce qui vient de se passer, siffla Harry, encore hors de lui, ni maintenant ni avec Voldemort.
- J'en ai vu assez, et je vous connais suffisamment, Potter. Et vous pouvez être fier, je suis sûr que votre père aurait fait la même chose que vous à votre place. Et n'ayez pas l'arrogance de me dire que vous n'avez rien dit à Mr Malefoy.
- A quoi bon puisque de toutes façons vous ne me croiriez pas ? hurla Harry. Puisque, de toutes façons, tout est toujours de ma faute ! Et quel besoin aviez-vous de mettre mon père dans cette histoire ? Il n'a rien à voir là-dedans ! Vous me dites arrogant, mais regardez-vous, un peu. Cela fait quatre ans que vous me détestez à cause de cette blague que mon père vous a faite, à cause de vos querelles de gamins, alors qu'en fait, qu'est- ce que vous savez de moi ?"
Harry s'interrompit brutalement quand une vive lumière jaillit de son poing serré, et se concentra en un rayon éblouissant qui se dirigea sur Rogue à une vitesse telle que ni le professeur ni Harry ne purent rien faire. Le serpentard fut violemment projeté contre la gargouille, qu'il heurta avec un craquement sinistre, puis il glissa à terre et ne bougea plus. Du sang coulait de sa tête.
La colère de Harry retomba d'un coup lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de faire. "Professeur, appela-t-il d'une voix tremblante. Professeur, vous allez bien ?"
Mais l'homme à terre ne réagit pas. Harry fut soudain poussé de côté. Surgissant de derrière lui, Dumbledore, le visage plus fermé que jamais, s'agenouilla auprès de son professeur de potions.
"Que quelqu'un aille chercher Mme Pomfresh immédiatement, demanda-t-il. Du groupe qui s'était rassemblé dans l'escalier jaillit Hermione qui partit en courant. Une petite flaque de sang avait commencé à se former autour de Rogue. Ron regardait Harry avec crainte, alors que Gabriel et Grace fixaient la scène avec horreur. Et Harry comprit que, si Rogue mourait, il serait considéré comme un assassin. Qui le croirait s'il disait qu'il n'avait pas voulu cela ? Il avait quinze ans, il était sensé avoir le contrôle de sa magie. Et les accès de magie intempestive auxquels étaient sujets les enfants ne donnaient jamais de résultats aussi violents. Une nouvelle fois, il chercha le regard de Ron, espérant y lire un soutien, une certaine compréhension, mais il n'y vit qu'une expression choquée. Le rouquin détourna les yeux, et Harry pouvait le comprendre : lui aussi détestait Rogue, mais de là à l'agresser si sauvagement... Mais qu'avait-il bien pu se passer ? D'où avait pu venir une telle magie ? Harry fit alors le rapprochement qui aurait dû lui sauter aux yeux. Bien sûr. C'était la chevalière qu'il portait qui était à l'origine du drame. Déjà dans l'antre de Voldemort, il avait suffit qu'il ressente une émotion un peu forte, ou exprime un désir profond, pour que sa magie se mette en marche... pourquoi n'y avait-il pas pensé avant de se mettre en colère ?
Harry ne s'était pas rendu compte que si longtemps s'était écoulé quand Hermione revint accompagnée de l'infirmière. Celle-ci se mit aussi tôt en action, et quelques instants plus tard elle était occupée à placer son patient sur une civière. Hermione vint directement vers Harry.
"Ca va aller, dit-elle.
- S'il meurt, s'il meurt...
- Il ne va pas mourir. Tu sais de quoi est capable Mme Pomfresh, dit doucement la jeune fille.
- Mais j'aurais pu le tuer, Hermione.
- Tu ne l'as pas fait exprès. Tu n'es pour rien dans ce qui vient d'arriver. Crois moi, tu avais toutes les bonnes raisons de te mettre en colère, il n'avait pas à te parler comme ça, quand tu voulais juste aider Malefoy.
- Mais comment sais-tu...?
- On entendait tout ce que vous disiez depuis le bureau. Je ne te savais pas capable de crier si fort, Harry. Je n'ai réalisé que trop tard ce qui risquait de se passer, et je crois que Dumbledore y a pensé en même temps. Mais quand nous sommes arrivés juste à temps pour voir Rogue projeté contre cette gargouille... Ce n'est pas de ta faute, Harry.
- C'est moi qui lui ai fait ça, bien sûr que c'est ma faute, même si je n'ai jamais voulu que ça arrive. Je suis dangereux, Hermione.
- Ne dis pas de bêtises. Tu n'es absolument pas dangereux.
- Peut-être... tout est la faute de ce truc." Il prit rageusement la chevalière dans sa main droite et commença à la retirer. Ce qui n'était pas aisé car l'anneau, s'était ajusté à sa phalange et était maintenant bloqué par son articulation. C'est du moins l'impression qu'il avait.
"Arrête, fit Hermione. Que veux-tu en faire ? Dumbledore t'a dit de ne pas l'enlever.
- Je me moque de ce Dumbledore a dit. C'était avant... avant que cette chose ne fasse de moi un assassin !"
Harry réalisa soudain qu'il était en train de s'emporter dangereusement contre Hermione, et qu'il avait encore la chevalière autour du petit doigt. Cette fichue chose ne voulait pas se retirer. Il ne pouvait pas continuer à mettre ainsi des gens en danger. Sans prévenir, il tourna le dos à Hermione, et sortit précipitamment par la gargouille, sans ce soucier du fait que ses amis l'appelaient. Harry courut jusqu'au hall d'entrée, puis il sortit du château. Il avait besoin d'un endroit où il pourrait être seul, pour faire le point. Toujours en courant, il prit la direction de la forêt interdite, sans se soucier du danger. Et si cette pensée lui traversa l'esprit, il se dit que tant qu'il ne serait pas parvenu à retirer la chevalière, il ne risquait rien.
Finalement, à bout de souffle, incapable d'aller plus loin, il se laissa tomber au pied d'un arbre. Il prit alors conscience de ce qu'il venait de faire : il avait fui. Il avait fui la sollicitude d'Hermione, le regard méfiant de Ron, celui douloureux de Dumbledore. Et sa culpabilité. Bien sûr, il avait aussi agi ainsi pour protéger les autres, tant qu'il ne pouvait pas retirer la chavalière, mais n'était-ce pas un faux prétexte ?
"Non, se dit-il. Dès que j'aurai enfin réussi à enlever cette bague, je retournerai voir Dumbledore. Je ne peux pas fuir Poudlard, toute ma vie est là-bas..."
De nouveau, il se mit à tirer sur la chevalière. Mais il avait l'impression que plus il insistait, plus la bague se resserrait autour de son doigt. Son auriculaire était rouge et douloureux, mais Harry n'en avait cure. Finalement, cependant, il comprit qu'il n'arriverait à rien comme ça. Ce n'était pas l'articulation qui bloquait l'anneau, c'était autre chose... Bien sûr ! quel idiot il faisait ! Il y avait de la magie là-dessous. Mais qui aurait pu charmer ainsi la chevalière, et pourquoi ? La réponse à la première question ne pouvait être que Godric Griffondor. Pourquoi Griffondor aurait-il voulu que son descendant ne puisse pas enlever sa source de puissance ? Là encore, il était facile de répondre à cette question : Griffondor n'aurait certainement pas voulu que la chevalière tombe en de mauvaises mains. L'attacher au doigt du légitime propriétaire assurait que personne ne pourrait la lui prendre. Mais n'avait-il pas envisagé que ce propriétaire pourrait avoir envie de s'en séparer ?
L'adolescent frissona légèrement. Il ne savait pas trop si c'était parce qu'il n'était pas habillé pour cette fraîche nuit d'automne, où à la perspective de passer toute sa vie avec la chevalière de griffondor au doigt. Pourtant, il n'y avait que quelques jours, il aurait donné n'importe quoi pour avoir la chance de porter cet objet, si c'était sa seule chance de retrouver des pouvoirs magiques. Maintenant, il y avait peu de choses qu'il n'aurait pas été prêt à sacrifier, si cela avait pu le ramener sain et sauf, sans magie, à Rittersberg, et si cela avait pu en même temps effacer ce qu'il avait fait à Rogue. Mais il savait que ce n'était pas possible. Il ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras, puis posa sa tête sur ses genoux, essayant de conserver sa chaleur. De nouveau, son regard se posa sur la bague qui lui enserrait le petit doigt. Cette fois, il examina plus calmement. Il essaya de nouveau de la retirer, et vit clairement l'anneau se resserrer pour ne pas le laisser faire. Il soupira. La course et les efforts frénétiques qu'il avait déployés pour libérer son doigt avait au moins eu l'avantage de faire retomber sa colère, qui avait été remplacée par une intense lassitude.
Après tout, à qui pouvait-il en vouloir ? Il avait maudit la chevalière, mais sans elle, Gabriel serait mort. Ainsi que Ron, Hermione, et lui-même. Et probablement aussi Drago. En y repensant, la bague avait fait plus de bien que de mal. L'espoir lui revenait peu à peu, comme cela arrive souvent après une crise de doute et de désespoir. Après tout, l'objet avait été créé par Godric Griffondor, on pouvait donc imaginer qu'il existait dans un but bénéfique. Harry devait pouvoir apprendre à le contrôler. Il devait apprendre à se contrôler lui-même, à ne plus exploser aussi facilement, et à ne plus laisser couler librement sa magie quand il était en colère. C'était ce qu'on apprenait aux premières années à faire, peu à peu, lorsque les enfants apprenaient à contrôler leurs pouvoirs, la magie spontanée disparaissait.
Le problème, c'était que personne n'avait jamais eu une masse de pouvoir si importante à contrôler, et qu'il ne pouvait pas se permettre la moindre erreur. Or il en avait déjà commis une : Rogue gisait, inconscient, peut- être mort, à l'infirmerie... Le croirait-on quand il disait qu'il n'avait pas fait exprès ? Tous seraient-ils aussi bien disposés que Hermione ?
Il n'entendit pas les pas s'approcher, et sursauta lorsqu'une lumière violente lui éclaira le visage. Il ouvrit les yeux pour découvrir un être géant penché sur lui, une expression à la fois surprise et inquiète sur le visage. "Harry ? Harry, tu vas bien ?" La voix rauque au dessus de lui était paniquée, et deux énormes mains le soulevèrent brutalement. Harry releva la tête. "Je vais bien, dit-il. Vous pouvez me lâcher, Hagrid.
Mais le géant n'en fit rien, et au contraire il l'étreignit avec fouge. "Mais qu'est-ce que tu fais là ? J'ai su que tu avais ramené Ron et Hermione... Que fais tu en dehors du château ?" Il consentit enfin à laisser un peu Harry respirer, et l'examina avec attention. Le jeune homme n'eut pas le temps de répondre que déjà le demi-géant reprenait la parole. "Merlin ! s'exclama-t-il. Harry, tu es complètement fou, tu n'as même pas une cape sur toi, tu dois être gelé !
- Je vais bien, Hagrid, répéta Harry. Certes, il avait un peu froid, ou, pour dire la vérité, il était complètement frigorifié, mais ce n'était pas la peine d'en faire un drame.
"Quelle heure est-il ? demanda-t-il.
- Trois heures du matin. Mais qu'est-ce que tu pouvais bien faire dehors par une nuit pareille ?
- Je... Ce serait trop long à vous expliquer."
Hagrid soupira, mais comprit que Harry n'avait pas envie de parler de ce qui l'avait amené à se réfugier là.
- Peu importe, dit-il finalement, d'une voix rude. Mais il est hors de question que tu restes ici plus longtemps. Je vais te ramener au château. J'imagine que tu es sorti du dortoir sans prévenir personne de l'endroit où tu te trouvais ?
- Je n'étais pas dans le dortoir. Il y a plus d'un mois que je n'ai pas dormi à Poudlard, Hagrid.
- Désolé, j'avais oublié. Où dois-je t'amener, si ce n'est pas au dortoir ? Et ne crois pas que je vais te laisser dans le hall.
- Je pense que Dumbledore est encore à son bureau", fit pensivement Harry. Autant l'affronter tout de suite, puisqu'il n'y échapperait probablement pas, quoi qu'il arrive. Le directeur était seul, occupé à parler dans sa cheminée. Il mit fin à sa conversation peu après leur arrivée et se tourna vers eux.
"Merci de l'avoir ramené, Hagrid, dit-il au garde chasse. Vous pouvez rentrez chez vous maintenant. Oh, peut-être pourriez-vous faire un détour par la tour des Griffondor, Mr Weasley et miss Granger doivent encore être dans la salle commune et attendent des nouvelles. Dites leur de se reposer, la journée a été longue, je dois encore parler à Harry.
- Bien sûr, Monsieur. Bonne nuit Harry. Et arrête de te faire du mouron." Le géant quitta le bureau. Dumbledore plongea son regard dans celui de Harry.
" Avant toute chose, Harry, tu seras soulagé d'apprendre que le professeur Rogue se remettra très bien de ce léger choc." Harry hocha la tête. Le directeur ne semblait pas fâché, du moins, pas contre lui. Il avait cependant une expression sérieuse. "Assieds-toi, dit-il. Il faut que nous parlions, et puisque tu es là autant le faire maintenant. Histoire d'éviter d'autres malentendus comme celui de ce soir.
- Désolé, dit Harry. Je sais que ce n'était pas très "giffondorien" de ma part...
- Qui sait ce que Griffondor lui-même, symbole soi-disant du courage et de la force, aurait fait à ta place. Après tout, lui-même a refusé d'assumer la responsabilité de cette arme redoutable.
- Comment ça ?
- Comment il a réussi à faire entrer un tel pouvoir dans cet objet, je l'ignore, mais une fois que cela a été fait, il a pris peur. Entre de mauvaises mains, je te laisse imaginer ce que ça pourrait donner. Même avec la meilleure volonté du monde, comme tu as pu le voir, cela peut créer des situations plus que délicates. C'est pour cela, d'ailleurs, que Voldemort cherche ceci depuis si longtemps. Bref, Griffondor a pris peur, et à peine quelques mois après avoir conçu ceci, il a décidé de s'en débarrasser. Tout cela est dans ses mémoires, mais il s'est bien gardé de donner d'autres précisions sur la nature de l'arme. Il explique simplement qu'il n'a pas eu le c?ur de détruire ce qu'il avait mis tant de temps à construire, et qu'il l'a caché. Je suppose qu'il a eu l'idée d'utiliser la même source de pouvoir qui avait conduit à la fabrication de la chevalière pour concevoir un objet qui n'aurait pas de puissance propre, mais qui serait capable de bloquer la magie, de l'absorber en quelque sorte.
- Le médaillon.
- Exactement. Il a donc enfermé la chevalière dans le médaillon. Mais pour ne pas qu'elle soit perdue à tout jamais, comme il n'était pas sûr de prendre la bonne décision., il a ménagé une "voie de sortie", un moyen d'ouvrir la cage : quelqu'un de son propre sang, et possédant un esprit semblable au sien, pourrait ouvrir le médaillon. Ou peut-être savait-il ce qui allait se passer ce soir.
- Mais que vient faire l'épée là-dedans ?
- C'était une assurance supplémentaire. Seul un vrai Griffondor pouvait trouver cette épée, tu te rappelles ?
- Mais je croyais qu'il avait créé le médaillon parce qu'il avait prévu qu'un jour un descendant des Ritter sauverait un des siens ?
- C'est ce que dit son journal. Mais le lien avec son arme n'est pas mentionné. Je ne sais pas s'il avait prévu tout ce qui s'est passé aujourd'hui, ou s'il a simplement confié le médaillon aux Ritter pour que la chevalière soit à l'abri des sorciers."
Harry hocha la tête. Ce qui avait pu se passer mille ans auparavant n'était certes pas inintéressant, mais cela ne soulageait pas ses angoisses.
" Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ? demanda-t-il. Pensez-vous que je puisse acquérir un contrôle suffisant sur les pouvoirs de la chevalière pour arrêter d'agresser les gens ?
- Si c'est ce que tu désires, oui, c'est possible. Certaines personnes sont très douées pour contrôler leurs émotions, et je crois que tu n'est déjà pas si mauvais. Les circonstances étaient assez particulières ce soir.
- Et si ce n'est pas ce que je désire ?
- Dans ce cas nous trouverons une nouvelle cachette.
- Je ne peux pas retirer la bague, remarqua Harry. Je n'ai pas tellement le choix.
- Tu ne peux pas la retirer ?" Un pli profond barra le visage de Dumbledore. "C'est étrange. Après tout, si Griffondor n'a pas voulu porter lui-même la chevalière, pourquoi obligerait-il un de ses descendants à le faire ?
- Peut-être voulait-il éviter que quelqu'un ne me la prenne, suggéra Harry.
- Possible. Mais il semble expert dans l'art de faire la différence entre la main d'un quelconque sorcier et celle d'un de ses descendant. Pourquoi n'aurait-il pas placé un sort similaire qui t'aurais permis de retirer la chevalière ? Non, il devait avoir une idée derrière la tête... En tous cas, je ne vois pas de danger immédiat. Il va bientôt faire jour, tu devrais aller dormir un peu. Le mot de passe pour la tour de Griffondor est hypogriffe. Tu peux naturellement emprunter ce dont tu as besoin pour la nuit à Mr Weasley.
- Bonne nuit, professeur.
- Bonne nuit, Harry."
Le jeune homme traversa rapidement le château jusqu'au portrait de la grosse dame. Il eut un peu de mal à la réveiller, mais finalement elle ouvrit un oeil vitreux.
"Qui me dérange à cette heure ci ? grogna-t-elle. Que se passe-t-il ce soir ?
- Désolé", dit Harry. Le portrait ouvrit plus grands les yeux pour voir le nouvel arrivant, et sembla se réveiller.
"Oh, c'est toi ! Ta première nuit ici depuis des lustres, et déjà dehors à pas d'heures. Qu'est-ce qui t'est encore arrivé ?
- Rien, répondit Harry qui était bien trop fatigué pour faire la conversation. Hypogriffe", ajouta-t-il. Le portrait pivota en protestant contre le fait qu'on ne lui disait jamais rien, et Harry entra dans la salle commune. Il monta l'escalier jusqu'au dortoir des cinquième années, et se laissa tomber sur le lit qu'il avait occupé pendant quatre ans, sans prendre la peine de se déshabiller ni de tirer les rideaux.
Gabriel et Grace avaient retrouvé pour la nuit les chambres qu'ils avaient occupées pendant leur séjour au château, un mois plus tôt. L'infirmière avait insisté pour garder le Schattenjäger, à qui elle avait donné diverses potions lorsqu'il lui avait rendu visite, peu après la fuite de Harry, mais il n'avait rien voulu entendre. Il devait à présent dormir en tous cas aucun bruit ne passait par la porte de communication. Grace l'avait laissée ouverte, sans en référer à Gabriel qui n'avait rien remarqué. Il devait vraiment être malade. Il aurait sûrement trouvé cette mesure stupide, mais Grace se sentait plus rassurée comme ça. Enfin, un peu moins énervée, pour être exacte. Apprendre à quel point il avait été proche de mourir avait été un choc pour elle.
Elle se redressa et s'assit dans son lit. Elle savait qu'elle ne dormirait pas cette nuit. Et elle n'avait pas le courage de faire le vide dans son esprit pour utiliser sa méthode de relaxation. Ni l'envie, d'ailleurs. Si elle avait besoin de dormir, elle avait encore plus besoin de faire le point.
Elle sentait au plus profond d'elle même que les événements de la soirée marqueraient la fin de cette aventure. Et elle savait que Harry lui manquerait. Il n'était resté qu'un mois, mais Rittersberg allait sembler bien vide sans lui... Pourquoi pensait-elle à cela ? Elle n'allait pas rester à Rittersberg, de toutes façons. Le congé offert par sa fac ne se prolongerait pas éternellement, et elle n'avait plus aucune raison de rester. De plus, elle ne pouvait pas passer sa vie à attendre que Gabriel lui fasse une hypothétique proposition. Il se trouvait très bien comme ça. Et elle, elle voulait se marier un jour. Elle voulait des enfants. Si le séjour de Harry ne lui avait apporté qu'une seule chose, c'était cette certitude. Et pour cela, il fallait, comme la dernière fois, qu'elle s'en aille. Qu'elle oublie jusqu'à l'existence d'un certain Gabriel Knight. Et, cette fois, elle n'accourrait plus s'il la rappelait à l'aide. Mais au moment où elle formulait cette pensée, elle sut que c'était une résolution qu'elle ne serait jamais capable de tenir. Comment pourrait-elle savoir que Gabriel était sur une nouvelle enquête, qu'il risquait sa vie, et ne pas se précipiter pour l'aider ? Elle ne le supporterait pas s'il devait lui arriver malheur. Sa réaction ce soir le prouvait bien. Et n'était-ce pas son devoir de l'aider s'il avait besoin d'elle ? Tous ces gens qu'il aidait, ces gens que souvent il sauvait, n'était-ce pas plus important qu'une thèse d'histoire ? N'était-ce pas même plus important que sa propre vie d'universitaire ?
" Gracie, tu dors ?
- Non. " Ainsi il ne dormait pas non plus, et il savait que la porte était restée ouverte. Pourquoi n'avait-il rien dit ?
" Deux dollars pour tes pensées, Gracie." Elle se tourna vers lui dans l'obscurité.
- Oh, rien. Je pensais juste... une nouvelle aventure se termine, n'est-ce pas ?
- Je crois. C'est bizazrre, c'est la première fois qu'une enquête dure aussi longtemps. Et nous aurions pu en venir à bout très tôt. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas compris plus tôt que le médaillon était dû à Harry.
- Ca faisait quoi... mille ans qu'il était dans ta famille ? C'est normal que tu n'y ais pas pensé." Une pensée la frappa soudain. " Que vas-tu faire maintenant ? Est-ce que c'est fini ? Est-ce la fin de la lignée de chasseurs d'ombre Ritter, de Rittersberg ?
- Je l'ignore, Gracie. Je suppose que non. Mes ancêtres étaient chasseurs d'ombre bien avant le onzième siècle, bien avant que ce médaillon ne soit forgé. Et pendant tout le temps où il a été perdu, ils ont continué à l'être. C'était dur, mais ils y sont parvenus. Je ne pense pas que ce titre dépende seulement d'un objet. Et j'ai encore le poignard.
- Tu vas devoir faire très attention à toi. Qui sait ce qui te serait arrivé sans le médaillon, ces dernières années. »
Sa voix trembla en prononçant ces mots. Il mit un moment à répondre, et lorsqu'il le fit enfin ce fut d'une voix douce. « Je fais attention, dit- il. Et je t'ai pour veiller sur moi, n'est-ce pas Gracie ? »
La moitié de Grace fondit en l'entendant prononcer ces mots, tandis que l'autre se révolta. Elle sentit monter en elle une colère que seul Gabriel avait le pouvoir de provoquer, mais se maîtrisa par égard pour le lieu où ils se trouvaient. Comment osait-il présumer ainsi de ce qu'elle allait faire ou ne pas faire ?
« Je ne plaisantais pas, Gabriel, dit-elle plutôt sèchement. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai aussi une vie. Je n'existe pas uniquement pour t'aider. Ma vie est au Etats-Unis, la tienne en Allemagne.
- Tu ne vas pas repartir ! Lâche cette fichue thèse, Grace ! Tu m'as dit toi-même une fois que tu avais fait assez d'études comme ça !
- J'ai dis que j'hésitais. Et c'était il y a trois ans. Maintenant. Que veux-tu que je fasse d'autre ? Je n'avais pas envie de passer ma vie à gérer ta librairie !
- Tu pourrais venir vivre avec moi. Et si tu persistes à vouloir fouiller dans les vieux livres, il y en a suffisamment à Rittersberg pour t'occuper des années ! Tu pourrais écrire un traité sur les croyances au moyen âge, ou sur la magie noire au fil des âges.
- Et si je n'avais pas envie de venir vivre à Rittersberg ?
- Je sais que tu aimes cet endroit. Tu t'y es mieux intégrée que moi, tout le monde au village t'adore.
- Je les aime bien aussi, mais quel avenir aurais-je à Rittersberg ? Que serais-je dans dix, dans vingt ans si je m'enterre là-bas ? J'ai ma vie à faire, contrairement à toi je veux un jour me marier, avoir des enfants !
- Et alors ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il y a aussi des hommes à Rittersberg ! D'autant plus que nous ne sommes pas si perdus, et que tu aurais ta voiture pour aller où bon te semble.
- Ecoute, Gabriel, ce n'est pas négociable. Je rentre aux Etatx-Unis, le plus tôt possible. Et tu n'as pas tant besoin de moi. Gerde te feras tes recherches et.
- Epouse moi.
- Quoi ? »
L'ahurissement qui perçait dans la voix de Grace fit prendre conscience à Gabriel de ce qu'il venait de dire. Lui, le célibataire endurci, l'incorrigible dragueur dont la plus longue liaison avait duré un mois, venait-il vraiment de faire une telle proposition ? Que lui arrivait-il ? Un instant, il paniqua, et faillit lui dire qu'il plaisantait. Mais il savait que ce n'était pas le cas. Il savait qu'il ne pouvait plus vivre sans elle, et si c'était pas seulement une assistante fidèle qu'il recherchait.
- Epouse-moi, répéta-t-il. Epouse-moi et viens vivre avec moi à Rittersberg. »
Les mots mirent un certain temps à pénétrer la conscience de Grace. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas lui faire une telle proposition, pas lui. Puis, elle comprit. C'était une de ses blagues stupides, le genre qu'il faisait sans cesse à l'époque où elle venait de débarquer à la nouvelle Orléans et où il l'avait embauchée dans sa librairie. Il ne pouvait pas deviner à quel point il lui faisait mal en disant cela.
« Ne te moque pas de moi, dit-elle d'une voix qu'elle espérait neutre. J'essayais d'être sérieuse.
- Mais je suis sérieux, moi aussi, Gracie ! Je n'ai jamais été aussi sérieux ! »
Il avait l'air sincère. Mais l'était-il vraiment ? Etait-ce possible ? Etait-ce possible qu'il la veuille, elle ? Elle sentit soudain un poids sur son lit, et un bras autour de ses épaules. Elle ne l'avait pas entendu se lever, et sursauta légèrement.
- Ecoute, je sais que je me suis conduit comme un imbécile. Je me suis toujours jeté à la tête de toutes les filles, et, au début, c'est vrai, je voulais juste avoir une aventure avec toi. Mais l'année dernière, quand tu es partie comme ça, sans un mot, j'ai compris que cette fois c'était différent. Non, en fait, j'ai compris plus tôt.Cette nuit que nous avons passée ensemble, ce n'était pas une erreur, tu sais, et c'était tellement différent de tout le reste. Je ne sais pas à quel moment j'ai compris que je t'aimais. Et Mose n'a pas arrêté de me répéter que tu m'aimais, toi aussi. Arrêtons de nous fuir, Grace, il y a assez longtemps que ça dure, tu ne crois pas ? »
Le sort qu'il avait reçu avait dû avoir des effets sur son cerveau. C'était la seule explication. Jamais il ne s'était comporté comme ça. L'ironie avait disparu de ses paroles, on sentait même de l'anxiété, une certaine gêne dans sa voix. Pourtant, Gabriel ne laissait rien entamer son assurance... en tout cas pas une femme.
" Ecoute, reprit-il, si je me suis trompé et que je te suis indifférent, alors on oublie ce que je viens de te dire. Mais dans le cas contraire, nous avons assez perdu de temps, non ?"
Il ne plaisantait pas. Et elle commençait à bien le connaître. On pouvait l'accuser de beaucoup de choses, mais il n'était pas cruel. Du moins, pas volontairement, et pas sans une bonne raison. Il ne lui ferait pas ce genre de blague. Mais pourrait-elle vraiment faire sa vie à Rittersberg, avec lui ? Ne s'ennuyerait-elle pas au bout d'à peine quelques années ? N'allait-il pas se lasser d'elle et se remettre à courir les filles ? Certains hommes étaient comme ça, ils ne pouvaient pas s'en empêcher. Et elle n'était pas femme à se résigner, à rester à la maison pour l'attendre. N'allaient-ils pas au devant de problèmes insurmontables ?
Gabriel s'inquiétait de son silence. Peut-être n'aurait-il pas dû aborder le sujet. Mais c'était trop tard maintenant, et il était suffisamment obstiné pour ne pas lâcher avant d'avoir eu une réponse.
"Grace, est-ce que tu m'aimes ?" insista-t-il.
C'était une question directe. Elle sut immédiatement qu'elle ne pourrait pas mentir. Elle sut également que si elle répondait oui, elle ne pourrait plus rien contrôler. Qu'elle ne saurait pas lui résister.
" Grace, réponds-moi. S'il te plaît, dis quelque chose"
Il y eut de nouveau un silence puis quelque chose en elle céda et elle murmura : "Oui."
Elle le sentit se rapprocher d'elle et se poussa pour lui faire de la place. Et comme l'avait si souvent rêvé, elle posa la tête sur sa poitrine.
Le dimanche matin, des murmures réveillèrent Harry bien plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité. Il souleva une paupière ensommeillée et sa vision fut immédiatement claire. Ce fait était suffisamment inhabituel pour le pousser à se réveiller complètement, et ouvrir le deuxième oeil, avant de réaliser qu'il avait ses lunettes sur le nez. Les murmures avaient cessé, mais Dean, Seamus et Neville quittaient silencieusement le dortoir. Baillant, Harry se leva et se dirigea vers la salle de bains. Après avoir pris une douche rapide et enfilé des vêtements propres, empruntés à Ron, il descendit dans la salle commune. Dean, Seamus et Neville s'y trouvaient, plongés dans une conversation qu'ils interrompirent en voyant Harry se diriger vers eux.
" Salut, Harry, dit Neville. Désolé de t'avoir réveillé.
- Pas grave, répondit son ami en étouffant un bâillement.
- Tu n'as pas ramené Ron et Hermione ? demanda Seamus d'un ton inquiet.
- Ils doivent encore dormir. Ron a eu l'intelligence de fermer ses rideaux, lui.
- Bof... Tu le connais, il aurait pu les laisser ouverts qu'il ne se serait pas réveillé si nous avions crié. Comment tu as fait, Harry ? reprit- il d'une voix tendue. Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?
- Oh, c'est compliqué, répondit Harry.
- Tu n'es pas obligé de nous raconter, dit Neville. On va déjeuner ?
- Allez-y, je vais attendre Ron et Hermione."
Sans insister davantage, ses camarades franchirent le tableau. Harry s'assit dans un fauteuil près du feu, pour attendre le réveil de ses amis.
Un léger bruissement d'air lui fit lever la tête, et il eut la surprise de voir un magnifique phénix, qui volait vers lui en laissant derrière lui une trainée dorée. L'animal vint se placer au dessus de Harry, et laissa tomber un parchemin, avant de disparaître.
Intrigué, le jeune homme défit rapidement la lanière de soie qui entourait le parchemin, et le déroula pour le lire. Il se demandait pourquoi Dumbledore lui avait envoyé Fumseck, car il avait reconnu le phénix. Ce n'était pas dans les habitudes du directeur d'utiliser ce mode de communication. Il poussa un cri de surprise et d'incrédulité en découvrant l'auteur de la lettre.
Poudlard, en l'an de grâce 1024 après JC.
Bien-aimé descendant.
Si tu as reçu cette lettre, c'est que tu as découvert ma chevalière dans le médaillon des Ritter. Peut-être as-tu eu l'occasion de tester ses pouvoirs. Si mes visions sont exactes, tu l'as utilisée pour combattre, et peut-être pour sauver des vies. Ce que tu portes à ton doigt est très probablement l'arme la plus puissante qui ait jamais existé, et, je l'espère, existera.
Si tu as pris conscience des pouvoirs de ma bague, sans doute peux-tu aussi réaliser le danger mortel qu'elle représente. Les sorts que j'ai utilisés pour l'empêcher de tomber entre de mauvaises mains sont, certes, extrêmement forts, mais ils ne sont pas infaillibles. Si un quelconque mage animé de mauvaises intentions venait à prendre possession de ton héritage, le monde pourrait facilement être détruit.
Je prie le ciel pour que tu ne sois pas, toi-même un mage noir. Les visions que j'ai eues semblent indiquer que non. Car ce que je vais te demander n'est pas facile. Il faut que tu fasses ce que moi, je n'ai pas eu le courage de faire il y a des années, lorsque j'ai fabriqué cette chevalière. Tu dois la détruire. Quelle que soit l'aide dont tu penses pouvoir bénéficier, même si tes buts sont nobles, ne cherche pas à l'utiliser, les risques sont trop grands. Je le ferais bien moi-même, mais mes visions ont montré que le médaillon dans lequel j'ai caché la bague et qui utilise ses pouvoirs te sauvera un jour la vie. Je n'ai pas le c?ur de te condamner. C'est pourquoi je confie à Fumseck, mon phénix, ce message, afin qu'il te le délivre le moment venu.
Si tu as essayé de retire la chevalière, tu as dû découvrir que tu ne le pouvais pas. Ce charme a été rompu dès l'instant où tu as reçu la lettre.
Bonne chance dans ta vie quelle qu'elle soit.
Ton ancêtre,
Godric Griffondor.
Harry relut plusieurs fois la lettre. Machinalement, il porta sa main à son petit doigt, et tira légèrement sur la bague. Il put vérifier qu'effectivement il pouvait l'enlever facilement. Il leva les yeux vers les escaliers des dortoirs, mais ni Ron ni Hermione ne descendaient. Ils pouvaient dormir encore plusieurs heures. Renonçant à les attendre, Harry se leva, sortit de la salle commune par le portrait et prit, une fois de plus, la direction du bureau du directeur. Seul Fumseck, de retour sur son perchoir, était là quand il arriva, mais le professeur Dumbledore suivit son élève de près.
"Bonjour, Harry, salua-t-il d'un ton enjoué bien qu'il n'eût visiblement pas dormi de la nuit. Je ne m'attendais pas à te revoir si vite. Qu'est-ce qui t'amène ?"
Harry lui tendit la lettre. "J'ai reçu ça ce matin."
Le vieil homme se pencha sur le parchemin, et lut en silence pendant quelques minutes. Puis il hocha la tête et tourna vers Harry ses yeux bleus foncé dont l'expression était sérieuse.
"Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas. Je sais que c'est dangereux d'utiliser cette chevalière, il suffit de voir ce qui est arrivé hier, mais la détruire, ça me semble un peu définitif... Et puis, avec ça, nous pourrions détruire Voldemort rapidement. Que feriez-vous, professeur ?
- C'est à toi de prendre la décision. Il y a cependant plusieurs choses que tu dois avoir à l'esprit.
- Lesquelles ?
- D'abord, je crains que ce ne soit pas parce que tu as pu utiliser la chevalière que tu as récupéré des pouvoirs magiques. Si tu la détruit, il est probable que tu seras de nouveau dépourvu de magie.
- Je m'en doutais. Mais est-ce que ce n'est pas secondaire par rapport aux autres enjeux ?
- Sans doute. Mais je préfère être sûr que ceci est bien clair dans ton esprit. Un autre point est qu'il est fort possible que nous soyons dans une situation dans laquelle les sorts utilisés par Godric pour protéger son héritage sont inefficaces.
- Comment ça ?
- D'après ce qu'il t'écrit, il a lancé des sorts pour que seul son descendant puisse utiliser la chevalière. Mais Voldemort est de ton sang, et je doute que Godric ait envisagé cette possibilité.
- Je n'avais pas pensé à ça...
- Enfin, je voudrais juste te rappeler que quelle que soit ta décision personne ne t'en voudra, ni dans un sens ni dans l'autre." Harry hocha la tête. Il savait ce qu'il devait faire. Sans doute avait-il pris sa décision bien avant d'entendre les conseils de Dumbledore, mais il n'avait pas pu se résoudre à l'annoncer si rapidement. Il fallait suivre les conseils de Griffondor. Certes, l'idée d'une arme de cette puissance pour lutter contre Voldemort était tentante, mais même si le risque que son ennemi s'empare de la chevalière était quasi-nul, il existait néanmoins. Et c'était un risque que Harry n'était pas prendre : ce ne serait pas sa vie qu'il risquerait, ni même celle de quelques personnes, mais bien l'avenir du monde. De plus, il avait bon espoir qu'après le coup qui avait était porté aux mangemorts la veille la lutte soit plus facile. Il retira la chevalière de son doigt.
"Comment pouvons-nous la détruire ?" demanda-t-il à Dumbledore. Celui-ci prit lentement l'objet doré entre ses longs doigts ridés et l'observa attentivement. Puis il le posa sur le bureau.
"C'est vraiment ce que tu veux ? demanda-t-il. Nous ne pourrons pas revenir en arrière."
Harry hocha la tête. Le vieux sorcier se leva et alla prendre une petite fiole dans l'étagère derrière lui. Il l'ouvrit, révélant un liquide incolore fumant, qu'il versa dans un petit récipient en porcelaine.
" C'est du venin d'acromantula. Il possède des propriété stupéfiantes pour détruire n'importe quel métal." Le vieux sorcier prit la bague entre le pouce et l'index et la fit doucement glisser dans le liquide. Pendant un moment, il ne se passa rien, puis de grosses bulles commencèrent à se former autour de la chevalière, et elle se mit à se déformer. Puis, alors que l'or commençait à se diluer dans le liquide, une intense lumière en jaillit, si intense que Harry dut fermer les yeux. Il sentit un souffle lui brûler le visage, et s'écarta du bureau. Puis il y eut un vent violent, qui faillit le soulever du sol, et ce fut tout. Après un instant, Harry rouvrit les yeux. La bague avait disparu, le liquide avait pris une couleur légèrement dorée. Et au dessus de l'endroit où se trouvait le bécher, il y avait un trou d'un mètre de diamètre environ dans le plafond du bureau. Au dessus de ce trou on pouvait voir un autre plafond, également troué, ainsi qu'une demi-douzaine d'autres au dessus. Et, tout en haut, Harry pouvait apercevoir le ciel gris de novembre, avec ce qui ressemblait à une grosse étoile juste au dessus d'eux. Avant qu'il n'ait eu le temps de regarder ailleurs, il y eut comme un éclair, qui illumina le ciel visible par les trous, mais aussi celui qui paraissait à la fenêtre. Lorsque Harry releva les yeux, l'étoile avait disparu.
"Eh bien, remarqua Dumbledore, heureusement que la proportion de pièces inoccupées à Poudlard avoisine les quatre-vingt dix-neuf pour cents. Je n'ose pas imaginer ce qui se serait passé si quelqu'un s'était trouvé sur le chemin d'une telle vague de puissance."
Harry frémit à cette idée. Dumbledore souriait, cependant, et ses yeux pétillaient comme si tout cela n'avait été qu'une bonne plaisanterie. L'adolescent se demanda si le directeur avait su à l'avance ce qui allait se passer, et s'il ne l'avait fait que parce qu'il savait que personne ne se trouvait au dessus d'eux. D'un coup de baguette magique, le vieil homme répara le plafond de son bureau.
" Je demanderai aux elfes de s'occuper des autres pièces, dit-il, et d'en profiter pour faire le ménage. Toutes ces salles m'ont paru bien poussiéreuses, qu'en penses-tu ?
- Euh... peut-être.
- Bien, puisque ceci est réglé, tu devrais aller retrouver tes camarades. J'ai encore des mangemorts à interroger." Harry se leva pour partir. Il allait encore avoir beaucoup de choses à raconter à Ron et Hermione.
" Oh, Harry, le retint Dumbledore au moment où il allait quitter le bureau. Il se retourna. "A ta place, je crois que j'aurais agi comme toi. Une puissance telle que celle-ci est toujours dangereuse, quel que soit celui qui la possède." Harry hocha la tête une fois de plus, et sortit.
Ron et Hermione bavardaient dans la tour de Griffondor quand leur ami les rejoignit. Ils avaient remarqué l'éclair éblouissant un peu plus tôt, et écoutèrent avec intérêt et incrédulité le récit que leur fit celui-ci.
"Comment avez-vous pu faire une chose pareille ? s'écria Ron. Détruire la seule arme capable de nous débarrasser de Voldemort ! Vous avez perdu la tête ou quoi ?
- Ron, ne te fais pas plus bête que tu ne l'es déjà, soupira Hermione. N'as- tu pas entendu ce qu'il t'a dit ? En plus, il y a bien d'autres moyens de vaincre Voldemort. Surtout maintenant que tant de mangemorts ont été arrêtés.
- J'espère que tu as raison, dit Harry.
- Bien sur." Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille. " Si toi, Dumbledore et Godric Griffondor étiez d'accord, c'était forcément ce qu'il fallait faire. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Tu vas rester à Poudlard ?
- Je ne sais pas, fit pensivement le garçon. Je ne peux pas passer ma vie chez Gabriel. D'un autre côté, je me retrouve à peu près dans la même situation qu'en septembre. Sauf que, bien sûr, il n'y a plus de risque que Voldemort découvre quoi que ce soit s'il arrive à me tuer. Il n'arrêtera pas d'essayer pour autant. A cause de ce que je représente, et du lien entre nous.
- Tu peux rester à Poudlard, dit Ron. Après tout, même si le daily Prophet continue à raconter des salades, de moins en moins de gens les croient.
- C'est possible, dit Harry. Mais je n'ai toujours pas récupéré ma magie, et il semble peu probable qu'elle revienne maintenant. Les potions et la botanique, c'est peut-être très intéressant, mais ça n'a jamais été mes matières préférées.
- On aura le temps de penser à ça plus tard, intervint Ron. Je crois que Harry devrait avoir droit à une vraie journée de repos, sans réfléchir à toutes ces histoires. Et moi aussi, par la même occasion."
Les autres acquiescèrent, et tous trois descendirent déjeuner. Ils étaient les derniers, et la salle était presque vide, ce qui leur épargna d'avoir à répondre aux questions d'élèves curieux.
" Et si on allait voir Hagrid ? proposa Harry quand ils eurent fini, alors que les chaises commencer à sautiller pour leur signifier qu'ils avaient dépassé l'heure autorisée et étaient priés de quitter la pièce. Je n'ai pas vraiment eu le temps de lui parler, cette nuit."
Cette idée ayant l'accord des deux autres, ils allèrent chercher des capes et sortirent dans le parc, en direction de la cabane du garde chasse. Ils étaient presque arrivés lorsque Harry remarqua ce qui ressemblait à un petit nuage rose, juste devant la forêt interdite. Intrigué, il en fit part à ses amis.
" Qu'est-ce que c'est, à votre avis ? demanda-t-il.
- Aucune idée, répondit Hermione. Mais peut-être que Hagrid saura. On dirait que ça vient de la forêt.
- dans ce cas ne restons pas là, dit Ron. Je n 'aime pas beaucoup ce qui veint de la forêt." Il se remit en marche en direction de la cabane, suivi par Hermione, mais Harry ne bougea pas.
"Harry, tu viens ? appela Ron.
- Attends un moment. Ca s'approche de nous." En effet, le nuage grossissait à vue d'oeil.
" On dirait... C'est un ensemble de minuscules créatures, dans une danse endiablée...
- Harry, ne reste pas là !
- Partez devant, si vous voulez. Je vous rejoins.
- On dirait de petites femmes, remarqua soudain Hermione."
Harry ne mit pas longtemps à voir que son amie avait raison. "Oh, mon dieu ! s'écria-t-il. Ce sont des pixies ! courez !" il n'y eut pas besoin de le répéter deux fois à Ron. Le trio courut jusqu'à la porte de la cabane de Hagrid, où ils tambourinèrent violemment. Le géant ouvrit la porte, inquiet de voir qui pouvait faire un tel raffut, mais sourit largement en les voyant. Son sourire s'effaça cependant légèrement lorsque les trois adolesents s'engouffrèrent dans l'habitation avant de l'avoir salué et fermèrent la porte derrière eux, comme si un Scroutt à Pétard les avait poursuivis.
" Eh! S'écria-t-il. Qu'est-ce qui vous arrive, vous trois ?
- Des pixies, haleta Ron en se laissant tomber sur une chaise." Hermione lança un sort d'isolation sur la cabane.
" Des pixies ? s'écria hagrid. Mais qu'est-ce qu'elles font là ? Il faut prévenir Dumbledore." Il se dirigea vers la porte.
- Je vais y aller, dit soudain Harry. Après tout, je ne dois plus beaucoup les intéresser.
- Attends un peu, s'écria soudain Hermione, les pixies sont toujours habillées en blanc, non ?
- Oui, répondit Hagrid. C'est la seule chose qui permette de les différencier de leurs cousines...
- Celles qui étaient dehors avaient des robes roses, remarqua Ron.
- Parce que ce n'étaient pas des pixies, finit hermione, le visage éclairé d'un large sourire, mais des fées. Les fées portent des robes roses, n'est- ce pas ?
- Oui, répondit le géant. Sauf qu'elles ont à peu près autant de raisons que les pixies de se trouver là.
- Et pourtant, c'est forcément ça, dit Hermione avec conviction et enthousiasme. Il n'y a rien d'autre qui leur ressemble.
- Tu as raison !" De visage de Hagrid s'illumina d'un coup. Il se leva brusquement et ouvrit la porte en grand. "Des fées à Poudlard ! s'écria-t- il. J'ai toujours rêvé d'en voir, mais on disait qu'elles ne quittaient plus jamais les contrées du nord ! Venez, vous ne risquez absolument rien, ce sont des êtres bénéfiques, la source de toute magie."
Tous les quatre sortirent sur le seuil. Les petites créatures continuaient à venir lentement vers eux, et n'étaient qu'à à peine un mètre de la cabane. Ils pouvaient maintenant admirer la grâce exceptionelle, surnaturelle des petites femmes.
" Ce sont bien des fées, fit Hagrid d'une voix émue. Je n'aurais jamais pensé... Et aussi près..."
Les minuscules créatures étaient à présent si proches qu'en tendant la main ils auraient pu les toucher.
" Harry, elles viennent vers toi, remarqua soudain Ron." Il avait raison. Au même instant, les fées entonnèrent un chant grave, qui rappelait curieusement celui du phénix. Et lentement, aussi doucement que leurs cousines avaient été brutales, elles prirent position autour de Harry et entamèrent une danse complexe en murmurant des paroles incompréhensibles. Puis, comme leurs cousines quelques mois avant elle, elles tendirent chacune un bras et le posèrent sur le frondt du garçon. Celui-ci sentit une douce chaleur l'envahir, et une vague d'énergie déferler en lui. Il ne lui vint pas à l'esprit de les chasser, et aurait-il eu cette idée qu'il en aurait été incapable. Après quelques temps, les fées le lâchèrent. L'énergie cessa d'affluer, il y eut comme un choc électrique, et le garçon tomba à genoux. Il releva la tête juste à temps pour voir les minuscules créatures lui sourire, puis reprendre la direction de la forêt en improvisant une nouvelle danse.
Hagrid, Ron et Hermione, fascinés, n'avaient pas bougé. Et il s'écoula encore une minute après le départ des fées avant que, tous ensemble, ils ne se précipitent sur Harry.
" Harry ! s'écria Hagrid. Comment te sens-tu ? Je ne comprends pas, les fées ne sont pas agressives, normalement.
- Je vais bien, répondit l'adolescent en acceptant la main que Ron tendait pour l'aider à se relever. Je ne sais pas ce qu'elles ont fait, mais ça m'a juste un peu secoué. En fait, c'était agréable, je ne saurais pas décrire ce que j'ai ressenti, mais maintenant..." Il n'arrivait pas non plus à leur décrire comment il se sentait maintenant. C'était comme plonger dans un bain brûlant après avoir erré des heures sous une pluie glacée...
" Je crois que je sais ce qu'elles ont fait ! S'écria Hermione, les yeux brillants. Après tout, que sont censées faire les fées ?
- Elles... Non, Hermione, tu ne crois quend même pas... Mais pourquoi auraient-elles ? Pourquoi moi ?
- Parce que tu le mérites, Harry, peut-être ont-elles appris l'injustice de ce qui t'était arrivé.
- Elle a raison, dit Hagrid. Il y a une théorie qui dit qu'à une époque les moldus les plus méritants pouvaient recevoir la visite des fées, et devenir des sorciers. C'était avant qu'elles ne se désintéressent de notre monde, bien sûr.
- Mais de quoi vous parlez ? s'énerva Ron. Mione, qu'est-ce qui se passe ?"
La jeune fille l'ignora. Tirant sa baguette de la poche de sa robe, elle la tendit à Harry.
" Il n'y a qu'un moyen d'être sûrs," dit-elle.
Harry hocha la tête, et saisit la baguette de bois. Il ne sentit rien de particulier à la tenir, mais savait que ça ne voulait rien dire : c'était la baguette d'Hermione, et non la sienne. Tous ses muscles étaient tendus à en craquer, mais en même temps il avait du mal à bouger. Son avenir dépendait de ce qui allait ce passer maintenant. Il inspira profondément.
" Lumos", dit-il enfin d'une voix qu'il contrôlait difficilement. Une brillante lumière s'alluma à l'extrémité de la baguette d'Hermione.
Ce soir là, une fête fut organisée au château. En l'honneur du retour su trio sain et sauf, de la magie que Harry avait retrouvée, et du départ des deux américains.
Comme souvent, la table des Griffondor était la plus bruyante. Les élèves échangeaient leurs version de l'histoire qui s'était déroulée et qui leur valait ce festin, et, une fois de plus, Harry était le centre de l'attention générale. Cela ne le gênait plus. Il y était habitué. Et puis, il sentait les regards curieux, non hostiles comme la dernière fois qu'il s'était trouvé dans l'école. Cho lui avait refait ses excuses, avec des larmes dans les yeux en repensant au crime dont elle avait failli être la complice. Il lui avait dit d'oublier. La vie allait reprendre son cours normal. Certes, il était toujours une cible pour Voldemort, et il se doutait que tout ne serait pas rose dans l'avenir, mais cela lui semblait presque... la routine. Pour l'instant, il avait le droit de ne se préoccuper que de ses BUSEs et de tout le retard qu'il avait pris, comme un adolescent normal. Et c'est avec un entrain qu'il n'avait plus manifesté depuis longtemps qu'il profita du festin.
Lorsque la plupart des élèves furent retournés à leur dortoir, Gabriel et Grace s'apprêtèrent à suivre Dumbledore, pour rentrer à Rittersberg. Ils s'approchèrent de la table des Griffondors, où le trio de cinquième années faisaient partie des rares élèves restant.
" Je crois que le moment des adieux est venu, dit Grace, avec un petit sourire.
- Merci pour tout, répondit Harry.
- De rien. C'est toi qui m'a ramené d'entre les morts, remarqua Gabriel. Mais c'est vrai que je n'aimerais pas avoir fait tout ça pour rien, alors fais attention à toi.
- Il ne peut pas, dit Ron. C'est inné chez lui de se mettre en danger. Mais il s'en sort toujours."
Il y eut un silence gêné, puis Hermione plongea la main dans sa poche, et en sortit un objet que Gabriel aurait cru ne jamais revoir.
" J'ai failli oublier que j'avais ça, dit elle. Je l'ai ramassé hier, quand Harry l'a laissé tomber. J'ai pensé que vous aimeriez le ravoir."
Gabriel prit le médaillon, et l'observa attentivement. " On dirait que rien ne s'est passé, remarqua-t-il. On ne voit pas par où la chevalière est sortie. Merci", ajouta-t-il en repassant le bijou autour de son cou.
" Vous croyez qu'il marche encore ? demanda Grace.
- Probablement, dit Harry. Ce métal avait la capacité de bloquer la magie émise par la chevalière, et c'était le médaillon, et non la bague, qui arrêtait les sorts.
- Tant mieux. Mais je crois que je ne pourrai plus jamais le regarder de la même façon..." Les derniers élèves et les professeurs avaient quitté la Grande salle.
" Vous saluerez Jan pour moi quand vous le reverrez, dit Harry. J'espère qu'il n'aura pas eu trop peur.
- Bien sûr, répondit Grace en l'embrassant. De toute façon, on reste en contact par courrier... ou peut-être devrais-je dire par hibou, n'est-ce pas ? Et tu pourras toujours venir nous saluer pendant les vacances." Elle salua Ron et Hermione. Gabriel se contenta d'un hochement de tête. il détestait les adieux. Juste avant de quitter la Grande salle, Grace se retourna vers les trois adolescents : " J'allais oublier ! lança-t-elle avec un grand sourire. Vous êtes tous invités à notre mariage !"
Peu après, Harry, Ron et Hermione regagnèrent le dortoir des Griffondor. Harry se glissa avec délice entre ses draps, et s'endormit rapidement. Pour la première fois depuis longtemps, il ne craignait plus le lendemain. Il était en vie. Après s'être tant de fois résigné à mourir, il avait survécu et sa vie ne lui apparaissait que plus précieuse. Et peut-être allait-il avoir un peu de temps pour en profiter.
FIN
Une fois de plus, merci aux lecteurs et Reviewers. Vous avez le droit de taper sur ce chapitre, je sais qu'il est mauvais ( en fait, vous aviez le droit de taper sur tous les chapitre, mais celui-ci en particulier). D'un autre côté, si vous avez aimé, vous avez aussi le droit de le dire (chacun ses goûts après tout...). Et naturellement, vous avez aussi le droit de vous taire, si vous le trouvez trop consternant ou si vous n'avez simplement rien à dire ( mais qu'est-ce que je peux raconter comme conneries ce soir... ça doit être la fin de la semaine, ou l'heure, peut- être. Ou le besoin de faire oublier très vite aux lecteurs le contenu du chapitre...) Et si, après tout ce temps, certains ce souviennent d'une review qu'ils auraient laissée sur le précédent, voici les réponses :
phénix20: Merci. J'espère que tu n'es pas trop déçu par la suite.
Csame : Ne t'inquiète pas pour cette petite interruption. Je trouve déjà que, globalement, tu es un modèle de persévérance. Le genre de reviewers qui donne envie de continuer à écrire. En tous cas, je suis contente que le combat t'ait plu.
purabelaza : Je crois que tes questions ont leur réponse dans le chapitre. Et non... je n'ai pas envoyé Harry à l'infirmerie pour des mois et des mois. Le pauvre, si je lui avais fait manqué plus de cours et aurait fini par rater ses BUSE, et ça, je ne veux pas l'avoir sur la conscience. La torture, c'est une chose, mais les BUSE, c'est sérieux. En plus, j'ai eu peur des représailles.
Mangemort : Merci pour ta review. Mais laisse moi te dire que je ne compatis pas à tes souffrances. Si vous vous en prenez plain la gueule, c'est amplement mérité. Tu devrais mieux choisir tes fréquentations.
Vert : Pour le jeu, là je ne sais plus quoi te dire... Si vraiment il y a un lien avec la Belgariade de Eddings, c'est vraiment une coincidence. (à propos, c'est quoi la Belgariade de Eddings ?). Et pour ta petite question de la fin, la réponse est oui, j'ai une fic en tête mais comme le plan n'est pas tout à fait fini et que je ne suis pas sûre d'arriver à en faire quelque chose qui tienne debout, je préfère ne pas en dire plus. En tous cas, celle-ci n'aura pas de suite.
Encore une fois, un gros merci à tous ceux qui ont lu cette histoire. On ne le dit jamais assez.
Disclaimer : rien à moi. Tout à JKR.
chapitre 10 : Le phénix et les fées.
Après un court passage par la propriété des Malefoy, l'étrange procession se retrouva dans le bureau du directeur de Poudlard. Sur un signe de Dumbledore, les professeurs Rogue et Mac Gonagall firent sortir les corps des mangemorts de la pièce, et prirent la direction des cachots. Ron et Grace conduisirent Gabriel à un fauteuil où il se laissa tomber en grimaçant. Le directeur fit apparaître d'autres sièges.
"Asseyez-vous, tous, dit-il. D'abord, je tiens à m'excuser : j'ai sous- estimé Voldemort. Je ne pensais pas qu'il connaissait un moyen de contrer les sorts de traçage, autrement qu'en les détectant sur leurs cibles et en les enlevant. Heureusement, cette faute impardonnable n'aura pas eu de conséquences fâcheuses, puisque vous voilà tous revenus sains et saufs.
- Je suis curieux de savoir comment vous avez fait, d'ailleurs, grogna Gabriel. Et aussi comment il se fait que je sois encore en vie. Surtout après toutes les fois où vous m'avez répété qu'Avada Kedavra était mortel, que Harry était le seul à y avoir survécu, que les propriétés du médaillon étaient uniques...
- Tu as été frappé par Avada Kedavra ?" coupa Grace, fixant son ami avec horreur. Elle avait donc été si proche de le perdre pour toujours...
Harry, Ron et Hermione se regardèrent un instant, et ce fut la jeune fille qui prit la parole.
"C'est vrai, dit-elle doucement. Personne ne résiste à ce sort, et quand il vous a frappé vous êtes mort, Mr Knight. Mais Harry... Harry vous a ressuscité.
- J'ai lu quelque part que c'était impossible, qu'aucune magie ne pouvait ramener les morts, dit doucement Grace, en se tournant vers Dumbledore.
- Cela n'a jamais été fait, répondit le vieux sorcier, calmement, comme si rien de tout cela ne le surprenait. Mais en théorie, c'est possible. D'abord parce que, et on ne le répétera jamais assez, rien n'est impossible en magie. Et parce que nul ne sait exactement ce qu'est la mort, ce qui se passe après. Pourquoi ne pourrait-on pas imaginer que le processus puisse être reversé, surtout dans les quelques minutes qui suivent le décès, lorsque le corps n'a finalement subi que peu de dommages ? Harry, peut-être pourrais-tu apporter quelques explications sur ce point ?
- Je ne sais pas ce qui s'est passé, répondit l'adolescent. Mais tout cela est lié aux pouvoirs de Godric Griffondor, à l'arme qu'il avait laissé pour ces descendants."
Il étendit sa main gauche sur le bureau pour que tous puissent voir la chevalière brillante. Il fit un geste pour l'enlever, afin que les autres puissent la voir de plus près, mais Dumbledore le retint.
"Garde ceci à ton doigt, Harry, dit-il. Un objet d'une telle puissance ne doit pas être manipulé à la légère." Une ride d'anxiété marqua son front. " Ainsi l'arme de Godric a fini par être retrouvée... ajouta-t-il à mi voix. Cette perpective ne semblait pas le réjouir outre mesure. " J'aimerais être informé de tout ce qui s'est passé ce soir, reprit-il, de sa voix habituelle. En commençant par le début de l'histoire."
Ensemble les adolescents entreprirent de raconter les événements, aidés de temps à autre par Gabriel. Seul Drago ne disait rien, ce qui était assez inhabituel de la part du Serpentard, et les autres avaient presque oublié sa présence. Ils s'en souvinrent cependant en racontant comment le jeune serpentard avait été marqué. Soudain gênés, ils se tournèrent vers lui, un instant à court de mots.
"Qu'est-ce que vous avez tous à me regarder comme ça ? grinça-t-il finalement. Oui, je suis tatoué, et alors ? J'ai toujours su que je le serais un jour ou l'autre. Je sais que je suis maintenant sur la liste noire de Voldie, et que cette marque va l'aider à me retrouver, mais s'il y a une chose dont je n'ai pas besoin, c'est de votre pitié. A moins que vous ne considériez que ma place, en tant que mangemort, ne soit dans les cachots avec les autres ? Après tout, de la part de griffondors, je m'attends à tout.
- Mr Malefoy, dit le directeur, sans se départir de son calme, cette soirée a probablement été encore bien plus difficile pour vous qu'elle ne l'a été pour vos camarades, et je ne prétendrai pas comprendre ce que vous ressentez à cet instant, entre cette marque qui vous a été imposée, et le sort de vos parents. La décision que vous avez dû prendre n'était pas facile, et la voie que vous avez choisi était la bonne.
- Vous l'avez admis, vous ne pouvez pas comprendre, alors n'essayez pas. Je ne regrette pas ce que j'ai fait, et je n'attends pas de pitié. Je ne sais même pas ce que je fais dans ce bureau, puisqu'après tout vous n'avez pas besoin de moi pour raconter ce qui s'est passé."
Il se leva et se dirigea vers la porte. Prise d'une soudaine inspiration, Hermione murmura quelques mots à l'oreille de Harry qui, à son tour, se leva d'un bond, et se précipita à la suite du serpentard. Il le rejoignit peu avant que celui-ci ne franchisse la gargouille.
"Drago, attend !
- Potter ? je ne crois pas t'avoir autorisé à m'appeler par mon prénom. Retourne dans le bureau. Tu ne me dois rien.
- Tu m'as sauvé la vie.
- Et après ? Tu ne me dois rien, tu avais déjà sauvé la mienne, tu te souviens ? en me permettant de rester à Poudlard.
- Peu importe, Malefoy. Ecoute, je n'ai pas pitié de toi. J'espérais vaguement qu'après ce soir tu nous épargnerais tes remarques stupides, mais si ça t'amuse de redevenir l'idiot que tu étais, c'est ton droit. Mais si la chevalière me permet de ressusciter les morts, peut-être que je peux aussi enlever les marques des ténèbres.
- Super Potter daignerait me faire bénéficier de ses pouvoirs. Et comment je sais que je ne vais pas me retrouver avec un bras en moins ? Je croyais que tu ne savais pas comment marchait ce truc !
- Très bien, Malefoy, si tu ne veux pas de mon aide, débrouille-toi tout seul. Retourne dans les cachots retrouver tes chers serpentards si ça t'amuse, passe le reste de tes jours à souffrir de ta marque, ce n'est pas moi qui te plaindrai!"
Harry ne pensait pas vraiment ce qu'il disait, mais les événements de la journée pesaient lourd, et il était physiquement et mentalement épuisé. Et même s'il était conscient de la situation du serpentard, sa colère s'était enflammée face à l'attitude incompréhensible de celui-ci. Il aurait aimé le secouer pour lui faire perdre ses airs arrogants et désabusés.
Malefoy se retourna vers la garcouille et sortit sans jeter un coup d'oeil à Harry. Il faillit rentrer dans Rogue, qui tenta vainement de le retenir.
Un peu surpris, Rogue fronça les sourcils et franchit la gargouille. Son expression se durcit quand il vit Harry.
"Potter, grimaça-t-il. Encore vous ! J'imagine que vous n'avez rien trouvé de plus intelligent que de faire une blague à Mr Malefoy. Le fait qu'il vous a sauvé la mise ce soir ne vous est probablement même pas venu à l'esprit?
- Vous ne savez rien de ce qui vient de se passer, siffla Harry, encore hors de lui, ni maintenant ni avec Voldemort.
- J'en ai vu assez, et je vous connais suffisamment, Potter. Et vous pouvez être fier, je suis sûr que votre père aurait fait la même chose que vous à votre place. Et n'ayez pas l'arrogance de me dire que vous n'avez rien dit à Mr Malefoy.
- A quoi bon puisque de toutes façons vous ne me croiriez pas ? hurla Harry. Puisque, de toutes façons, tout est toujours de ma faute ! Et quel besoin aviez-vous de mettre mon père dans cette histoire ? Il n'a rien à voir là-dedans ! Vous me dites arrogant, mais regardez-vous, un peu. Cela fait quatre ans que vous me détestez à cause de cette blague que mon père vous a faite, à cause de vos querelles de gamins, alors qu'en fait, qu'est- ce que vous savez de moi ?"
Harry s'interrompit brutalement quand une vive lumière jaillit de son poing serré, et se concentra en un rayon éblouissant qui se dirigea sur Rogue à une vitesse telle que ni le professeur ni Harry ne purent rien faire. Le serpentard fut violemment projeté contre la gargouille, qu'il heurta avec un craquement sinistre, puis il glissa à terre et ne bougea plus. Du sang coulait de sa tête.
La colère de Harry retomba d'un coup lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de faire. "Professeur, appela-t-il d'une voix tremblante. Professeur, vous allez bien ?"
Mais l'homme à terre ne réagit pas. Harry fut soudain poussé de côté. Surgissant de derrière lui, Dumbledore, le visage plus fermé que jamais, s'agenouilla auprès de son professeur de potions.
"Que quelqu'un aille chercher Mme Pomfresh immédiatement, demanda-t-il. Du groupe qui s'était rassemblé dans l'escalier jaillit Hermione qui partit en courant. Une petite flaque de sang avait commencé à se former autour de Rogue. Ron regardait Harry avec crainte, alors que Gabriel et Grace fixaient la scène avec horreur. Et Harry comprit que, si Rogue mourait, il serait considéré comme un assassin. Qui le croirait s'il disait qu'il n'avait pas voulu cela ? Il avait quinze ans, il était sensé avoir le contrôle de sa magie. Et les accès de magie intempestive auxquels étaient sujets les enfants ne donnaient jamais de résultats aussi violents. Une nouvelle fois, il chercha le regard de Ron, espérant y lire un soutien, une certaine compréhension, mais il n'y vit qu'une expression choquée. Le rouquin détourna les yeux, et Harry pouvait le comprendre : lui aussi détestait Rogue, mais de là à l'agresser si sauvagement... Mais qu'avait-il bien pu se passer ? D'où avait pu venir une telle magie ? Harry fit alors le rapprochement qui aurait dû lui sauter aux yeux. Bien sûr. C'était la chevalière qu'il portait qui était à l'origine du drame. Déjà dans l'antre de Voldemort, il avait suffit qu'il ressente une émotion un peu forte, ou exprime un désir profond, pour que sa magie se mette en marche... pourquoi n'y avait-il pas pensé avant de se mettre en colère ?
Harry ne s'était pas rendu compte que si longtemps s'était écoulé quand Hermione revint accompagnée de l'infirmière. Celle-ci se mit aussi tôt en action, et quelques instants plus tard elle était occupée à placer son patient sur une civière. Hermione vint directement vers Harry.
"Ca va aller, dit-elle.
- S'il meurt, s'il meurt...
- Il ne va pas mourir. Tu sais de quoi est capable Mme Pomfresh, dit doucement la jeune fille.
- Mais j'aurais pu le tuer, Hermione.
- Tu ne l'as pas fait exprès. Tu n'es pour rien dans ce qui vient d'arriver. Crois moi, tu avais toutes les bonnes raisons de te mettre en colère, il n'avait pas à te parler comme ça, quand tu voulais juste aider Malefoy.
- Mais comment sais-tu...?
- On entendait tout ce que vous disiez depuis le bureau. Je ne te savais pas capable de crier si fort, Harry. Je n'ai réalisé que trop tard ce qui risquait de se passer, et je crois que Dumbledore y a pensé en même temps. Mais quand nous sommes arrivés juste à temps pour voir Rogue projeté contre cette gargouille... Ce n'est pas de ta faute, Harry.
- C'est moi qui lui ai fait ça, bien sûr que c'est ma faute, même si je n'ai jamais voulu que ça arrive. Je suis dangereux, Hermione.
- Ne dis pas de bêtises. Tu n'es absolument pas dangereux.
- Peut-être... tout est la faute de ce truc." Il prit rageusement la chevalière dans sa main droite et commença à la retirer. Ce qui n'était pas aisé car l'anneau, s'était ajusté à sa phalange et était maintenant bloqué par son articulation. C'est du moins l'impression qu'il avait.
"Arrête, fit Hermione. Que veux-tu en faire ? Dumbledore t'a dit de ne pas l'enlever.
- Je me moque de ce Dumbledore a dit. C'était avant... avant que cette chose ne fasse de moi un assassin !"
Harry réalisa soudain qu'il était en train de s'emporter dangereusement contre Hermione, et qu'il avait encore la chevalière autour du petit doigt. Cette fichue chose ne voulait pas se retirer. Il ne pouvait pas continuer à mettre ainsi des gens en danger. Sans prévenir, il tourna le dos à Hermione, et sortit précipitamment par la gargouille, sans ce soucier du fait que ses amis l'appelaient. Harry courut jusqu'au hall d'entrée, puis il sortit du château. Il avait besoin d'un endroit où il pourrait être seul, pour faire le point. Toujours en courant, il prit la direction de la forêt interdite, sans se soucier du danger. Et si cette pensée lui traversa l'esprit, il se dit que tant qu'il ne serait pas parvenu à retirer la chevalière, il ne risquait rien.
Finalement, à bout de souffle, incapable d'aller plus loin, il se laissa tomber au pied d'un arbre. Il prit alors conscience de ce qu'il venait de faire : il avait fui. Il avait fui la sollicitude d'Hermione, le regard méfiant de Ron, celui douloureux de Dumbledore. Et sa culpabilité. Bien sûr, il avait aussi agi ainsi pour protéger les autres, tant qu'il ne pouvait pas retirer la chavalière, mais n'était-ce pas un faux prétexte ?
"Non, se dit-il. Dès que j'aurai enfin réussi à enlever cette bague, je retournerai voir Dumbledore. Je ne peux pas fuir Poudlard, toute ma vie est là-bas..."
De nouveau, il se mit à tirer sur la chevalière. Mais il avait l'impression que plus il insistait, plus la bague se resserrait autour de son doigt. Son auriculaire était rouge et douloureux, mais Harry n'en avait cure. Finalement, cependant, il comprit qu'il n'arriverait à rien comme ça. Ce n'était pas l'articulation qui bloquait l'anneau, c'était autre chose... Bien sûr ! quel idiot il faisait ! Il y avait de la magie là-dessous. Mais qui aurait pu charmer ainsi la chevalière, et pourquoi ? La réponse à la première question ne pouvait être que Godric Griffondor. Pourquoi Griffondor aurait-il voulu que son descendant ne puisse pas enlever sa source de puissance ? Là encore, il était facile de répondre à cette question : Griffondor n'aurait certainement pas voulu que la chevalière tombe en de mauvaises mains. L'attacher au doigt du légitime propriétaire assurait que personne ne pourrait la lui prendre. Mais n'avait-il pas envisagé que ce propriétaire pourrait avoir envie de s'en séparer ?
L'adolescent frissona légèrement. Il ne savait pas trop si c'était parce qu'il n'était pas habillé pour cette fraîche nuit d'automne, où à la perspective de passer toute sa vie avec la chevalière de griffondor au doigt. Pourtant, il n'y avait que quelques jours, il aurait donné n'importe quoi pour avoir la chance de porter cet objet, si c'était sa seule chance de retrouver des pouvoirs magiques. Maintenant, il y avait peu de choses qu'il n'aurait pas été prêt à sacrifier, si cela avait pu le ramener sain et sauf, sans magie, à Rittersberg, et si cela avait pu en même temps effacer ce qu'il avait fait à Rogue. Mais il savait que ce n'était pas possible. Il ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras, puis posa sa tête sur ses genoux, essayant de conserver sa chaleur. De nouveau, son regard se posa sur la bague qui lui enserrait le petit doigt. Cette fois, il examina plus calmement. Il essaya de nouveau de la retirer, et vit clairement l'anneau se resserrer pour ne pas le laisser faire. Il soupira. La course et les efforts frénétiques qu'il avait déployés pour libérer son doigt avait au moins eu l'avantage de faire retomber sa colère, qui avait été remplacée par une intense lassitude.
Après tout, à qui pouvait-il en vouloir ? Il avait maudit la chevalière, mais sans elle, Gabriel serait mort. Ainsi que Ron, Hermione, et lui-même. Et probablement aussi Drago. En y repensant, la bague avait fait plus de bien que de mal. L'espoir lui revenait peu à peu, comme cela arrive souvent après une crise de doute et de désespoir. Après tout, l'objet avait été créé par Godric Griffondor, on pouvait donc imaginer qu'il existait dans un but bénéfique. Harry devait pouvoir apprendre à le contrôler. Il devait apprendre à se contrôler lui-même, à ne plus exploser aussi facilement, et à ne plus laisser couler librement sa magie quand il était en colère. C'était ce qu'on apprenait aux premières années à faire, peu à peu, lorsque les enfants apprenaient à contrôler leurs pouvoirs, la magie spontanée disparaissait.
Le problème, c'était que personne n'avait jamais eu une masse de pouvoir si importante à contrôler, et qu'il ne pouvait pas se permettre la moindre erreur. Or il en avait déjà commis une : Rogue gisait, inconscient, peut- être mort, à l'infirmerie... Le croirait-on quand il disait qu'il n'avait pas fait exprès ? Tous seraient-ils aussi bien disposés que Hermione ?
Il n'entendit pas les pas s'approcher, et sursauta lorsqu'une lumière violente lui éclaira le visage. Il ouvrit les yeux pour découvrir un être géant penché sur lui, une expression à la fois surprise et inquiète sur le visage. "Harry ? Harry, tu vas bien ?" La voix rauque au dessus de lui était paniquée, et deux énormes mains le soulevèrent brutalement. Harry releva la tête. "Je vais bien, dit-il. Vous pouvez me lâcher, Hagrid.
Mais le géant n'en fit rien, et au contraire il l'étreignit avec fouge. "Mais qu'est-ce que tu fais là ? J'ai su que tu avais ramené Ron et Hermione... Que fais tu en dehors du château ?" Il consentit enfin à laisser un peu Harry respirer, et l'examina avec attention. Le jeune homme n'eut pas le temps de répondre que déjà le demi-géant reprenait la parole. "Merlin ! s'exclama-t-il. Harry, tu es complètement fou, tu n'as même pas une cape sur toi, tu dois être gelé !
- Je vais bien, Hagrid, répéta Harry. Certes, il avait un peu froid, ou, pour dire la vérité, il était complètement frigorifié, mais ce n'était pas la peine d'en faire un drame.
"Quelle heure est-il ? demanda-t-il.
- Trois heures du matin. Mais qu'est-ce que tu pouvais bien faire dehors par une nuit pareille ?
- Je... Ce serait trop long à vous expliquer."
Hagrid soupira, mais comprit que Harry n'avait pas envie de parler de ce qui l'avait amené à se réfugier là.
- Peu importe, dit-il finalement, d'une voix rude. Mais il est hors de question que tu restes ici plus longtemps. Je vais te ramener au château. J'imagine que tu es sorti du dortoir sans prévenir personne de l'endroit où tu te trouvais ?
- Je n'étais pas dans le dortoir. Il y a plus d'un mois que je n'ai pas dormi à Poudlard, Hagrid.
- Désolé, j'avais oublié. Où dois-je t'amener, si ce n'est pas au dortoir ? Et ne crois pas que je vais te laisser dans le hall.
- Je pense que Dumbledore est encore à son bureau", fit pensivement Harry. Autant l'affronter tout de suite, puisqu'il n'y échapperait probablement pas, quoi qu'il arrive. Le directeur était seul, occupé à parler dans sa cheminée. Il mit fin à sa conversation peu après leur arrivée et se tourna vers eux.
"Merci de l'avoir ramené, Hagrid, dit-il au garde chasse. Vous pouvez rentrez chez vous maintenant. Oh, peut-être pourriez-vous faire un détour par la tour des Griffondor, Mr Weasley et miss Granger doivent encore être dans la salle commune et attendent des nouvelles. Dites leur de se reposer, la journée a été longue, je dois encore parler à Harry.
- Bien sûr, Monsieur. Bonne nuit Harry. Et arrête de te faire du mouron." Le géant quitta le bureau. Dumbledore plongea son regard dans celui de Harry.
" Avant toute chose, Harry, tu seras soulagé d'apprendre que le professeur Rogue se remettra très bien de ce léger choc." Harry hocha la tête. Le directeur ne semblait pas fâché, du moins, pas contre lui. Il avait cependant une expression sérieuse. "Assieds-toi, dit-il. Il faut que nous parlions, et puisque tu es là autant le faire maintenant. Histoire d'éviter d'autres malentendus comme celui de ce soir.
- Désolé, dit Harry. Je sais que ce n'était pas très "giffondorien" de ma part...
- Qui sait ce que Griffondor lui-même, symbole soi-disant du courage et de la force, aurait fait à ta place. Après tout, lui-même a refusé d'assumer la responsabilité de cette arme redoutable.
- Comment ça ?
- Comment il a réussi à faire entrer un tel pouvoir dans cet objet, je l'ignore, mais une fois que cela a été fait, il a pris peur. Entre de mauvaises mains, je te laisse imaginer ce que ça pourrait donner. Même avec la meilleure volonté du monde, comme tu as pu le voir, cela peut créer des situations plus que délicates. C'est pour cela, d'ailleurs, que Voldemort cherche ceci depuis si longtemps. Bref, Griffondor a pris peur, et à peine quelques mois après avoir conçu ceci, il a décidé de s'en débarrasser. Tout cela est dans ses mémoires, mais il s'est bien gardé de donner d'autres précisions sur la nature de l'arme. Il explique simplement qu'il n'a pas eu le c?ur de détruire ce qu'il avait mis tant de temps à construire, et qu'il l'a caché. Je suppose qu'il a eu l'idée d'utiliser la même source de pouvoir qui avait conduit à la fabrication de la chevalière pour concevoir un objet qui n'aurait pas de puissance propre, mais qui serait capable de bloquer la magie, de l'absorber en quelque sorte.
- Le médaillon.
- Exactement. Il a donc enfermé la chevalière dans le médaillon. Mais pour ne pas qu'elle soit perdue à tout jamais, comme il n'était pas sûr de prendre la bonne décision., il a ménagé une "voie de sortie", un moyen d'ouvrir la cage : quelqu'un de son propre sang, et possédant un esprit semblable au sien, pourrait ouvrir le médaillon. Ou peut-être savait-il ce qui allait se passer ce soir.
- Mais que vient faire l'épée là-dedans ?
- C'était une assurance supplémentaire. Seul un vrai Griffondor pouvait trouver cette épée, tu te rappelles ?
- Mais je croyais qu'il avait créé le médaillon parce qu'il avait prévu qu'un jour un descendant des Ritter sauverait un des siens ?
- C'est ce que dit son journal. Mais le lien avec son arme n'est pas mentionné. Je ne sais pas s'il avait prévu tout ce qui s'est passé aujourd'hui, ou s'il a simplement confié le médaillon aux Ritter pour que la chevalière soit à l'abri des sorciers."
Harry hocha la tête. Ce qui avait pu se passer mille ans auparavant n'était certes pas inintéressant, mais cela ne soulageait pas ses angoisses.
" Qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ? demanda-t-il. Pensez-vous que je puisse acquérir un contrôle suffisant sur les pouvoirs de la chevalière pour arrêter d'agresser les gens ?
- Si c'est ce que tu désires, oui, c'est possible. Certaines personnes sont très douées pour contrôler leurs émotions, et je crois que tu n'est déjà pas si mauvais. Les circonstances étaient assez particulières ce soir.
- Et si ce n'est pas ce que je désire ?
- Dans ce cas nous trouverons une nouvelle cachette.
- Je ne peux pas retirer la bague, remarqua Harry. Je n'ai pas tellement le choix.
- Tu ne peux pas la retirer ?" Un pli profond barra le visage de Dumbledore. "C'est étrange. Après tout, si Griffondor n'a pas voulu porter lui-même la chevalière, pourquoi obligerait-il un de ses descendants à le faire ?
- Peut-être voulait-il éviter que quelqu'un ne me la prenne, suggéra Harry.
- Possible. Mais il semble expert dans l'art de faire la différence entre la main d'un quelconque sorcier et celle d'un de ses descendant. Pourquoi n'aurait-il pas placé un sort similaire qui t'aurais permis de retirer la chevalière ? Non, il devait avoir une idée derrière la tête... En tous cas, je ne vois pas de danger immédiat. Il va bientôt faire jour, tu devrais aller dormir un peu. Le mot de passe pour la tour de Griffondor est hypogriffe. Tu peux naturellement emprunter ce dont tu as besoin pour la nuit à Mr Weasley.
- Bonne nuit, professeur.
- Bonne nuit, Harry."
Le jeune homme traversa rapidement le château jusqu'au portrait de la grosse dame. Il eut un peu de mal à la réveiller, mais finalement elle ouvrit un oeil vitreux.
"Qui me dérange à cette heure ci ? grogna-t-elle. Que se passe-t-il ce soir ?
- Désolé", dit Harry. Le portrait ouvrit plus grands les yeux pour voir le nouvel arrivant, et sembla se réveiller.
"Oh, c'est toi ! Ta première nuit ici depuis des lustres, et déjà dehors à pas d'heures. Qu'est-ce qui t'est encore arrivé ?
- Rien, répondit Harry qui était bien trop fatigué pour faire la conversation. Hypogriffe", ajouta-t-il. Le portrait pivota en protestant contre le fait qu'on ne lui disait jamais rien, et Harry entra dans la salle commune. Il monta l'escalier jusqu'au dortoir des cinquième années, et se laissa tomber sur le lit qu'il avait occupé pendant quatre ans, sans prendre la peine de se déshabiller ni de tirer les rideaux.
Gabriel et Grace avaient retrouvé pour la nuit les chambres qu'ils avaient occupées pendant leur séjour au château, un mois plus tôt. L'infirmière avait insisté pour garder le Schattenjäger, à qui elle avait donné diverses potions lorsqu'il lui avait rendu visite, peu après la fuite de Harry, mais il n'avait rien voulu entendre. Il devait à présent dormir en tous cas aucun bruit ne passait par la porte de communication. Grace l'avait laissée ouverte, sans en référer à Gabriel qui n'avait rien remarqué. Il devait vraiment être malade. Il aurait sûrement trouvé cette mesure stupide, mais Grace se sentait plus rassurée comme ça. Enfin, un peu moins énervée, pour être exacte. Apprendre à quel point il avait été proche de mourir avait été un choc pour elle.
Elle se redressa et s'assit dans son lit. Elle savait qu'elle ne dormirait pas cette nuit. Et elle n'avait pas le courage de faire le vide dans son esprit pour utiliser sa méthode de relaxation. Ni l'envie, d'ailleurs. Si elle avait besoin de dormir, elle avait encore plus besoin de faire le point.
Elle sentait au plus profond d'elle même que les événements de la soirée marqueraient la fin de cette aventure. Et elle savait que Harry lui manquerait. Il n'était resté qu'un mois, mais Rittersberg allait sembler bien vide sans lui... Pourquoi pensait-elle à cela ? Elle n'allait pas rester à Rittersberg, de toutes façons. Le congé offert par sa fac ne se prolongerait pas éternellement, et elle n'avait plus aucune raison de rester. De plus, elle ne pouvait pas passer sa vie à attendre que Gabriel lui fasse une hypothétique proposition. Il se trouvait très bien comme ça. Et elle, elle voulait se marier un jour. Elle voulait des enfants. Si le séjour de Harry ne lui avait apporté qu'une seule chose, c'était cette certitude. Et pour cela, il fallait, comme la dernière fois, qu'elle s'en aille. Qu'elle oublie jusqu'à l'existence d'un certain Gabriel Knight. Et, cette fois, elle n'accourrait plus s'il la rappelait à l'aide. Mais au moment où elle formulait cette pensée, elle sut que c'était une résolution qu'elle ne serait jamais capable de tenir. Comment pourrait-elle savoir que Gabriel était sur une nouvelle enquête, qu'il risquait sa vie, et ne pas se précipiter pour l'aider ? Elle ne le supporterait pas s'il devait lui arriver malheur. Sa réaction ce soir le prouvait bien. Et n'était-ce pas son devoir de l'aider s'il avait besoin d'elle ? Tous ces gens qu'il aidait, ces gens que souvent il sauvait, n'était-ce pas plus important qu'une thèse d'histoire ? N'était-ce pas même plus important que sa propre vie d'universitaire ?
" Gracie, tu dors ?
- Non. " Ainsi il ne dormait pas non plus, et il savait que la porte était restée ouverte. Pourquoi n'avait-il rien dit ?
" Deux dollars pour tes pensées, Gracie." Elle se tourna vers lui dans l'obscurité.
- Oh, rien. Je pensais juste... une nouvelle aventure se termine, n'est-ce pas ?
- Je crois. C'est bizazrre, c'est la première fois qu'une enquête dure aussi longtemps. Et nous aurions pu en venir à bout très tôt. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas compris plus tôt que le médaillon était dû à Harry.
- Ca faisait quoi... mille ans qu'il était dans ta famille ? C'est normal que tu n'y ais pas pensé." Une pensée la frappa soudain. " Que vas-tu faire maintenant ? Est-ce que c'est fini ? Est-ce la fin de la lignée de chasseurs d'ombre Ritter, de Rittersberg ?
- Je l'ignore, Gracie. Je suppose que non. Mes ancêtres étaient chasseurs d'ombre bien avant le onzième siècle, bien avant que ce médaillon ne soit forgé. Et pendant tout le temps où il a été perdu, ils ont continué à l'être. C'était dur, mais ils y sont parvenus. Je ne pense pas que ce titre dépende seulement d'un objet. Et j'ai encore le poignard.
- Tu vas devoir faire très attention à toi. Qui sait ce qui te serait arrivé sans le médaillon, ces dernières années. »
Sa voix trembla en prononçant ces mots. Il mit un moment à répondre, et lorsqu'il le fit enfin ce fut d'une voix douce. « Je fais attention, dit- il. Et je t'ai pour veiller sur moi, n'est-ce pas Gracie ? »
La moitié de Grace fondit en l'entendant prononcer ces mots, tandis que l'autre se révolta. Elle sentit monter en elle une colère que seul Gabriel avait le pouvoir de provoquer, mais se maîtrisa par égard pour le lieu où ils se trouvaient. Comment osait-il présumer ainsi de ce qu'elle allait faire ou ne pas faire ?
« Je ne plaisantais pas, Gabriel, dit-elle plutôt sèchement. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai aussi une vie. Je n'existe pas uniquement pour t'aider. Ma vie est au Etats-Unis, la tienne en Allemagne.
- Tu ne vas pas repartir ! Lâche cette fichue thèse, Grace ! Tu m'as dit toi-même une fois que tu avais fait assez d'études comme ça !
- J'ai dis que j'hésitais. Et c'était il y a trois ans. Maintenant. Que veux-tu que je fasse d'autre ? Je n'avais pas envie de passer ma vie à gérer ta librairie !
- Tu pourrais venir vivre avec moi. Et si tu persistes à vouloir fouiller dans les vieux livres, il y en a suffisamment à Rittersberg pour t'occuper des années ! Tu pourrais écrire un traité sur les croyances au moyen âge, ou sur la magie noire au fil des âges.
- Et si je n'avais pas envie de venir vivre à Rittersberg ?
- Je sais que tu aimes cet endroit. Tu t'y es mieux intégrée que moi, tout le monde au village t'adore.
- Je les aime bien aussi, mais quel avenir aurais-je à Rittersberg ? Que serais-je dans dix, dans vingt ans si je m'enterre là-bas ? J'ai ma vie à faire, contrairement à toi je veux un jour me marier, avoir des enfants !
- Et alors ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il y a aussi des hommes à Rittersberg ! D'autant plus que nous ne sommes pas si perdus, et que tu aurais ta voiture pour aller où bon te semble.
- Ecoute, Gabriel, ce n'est pas négociable. Je rentre aux Etatx-Unis, le plus tôt possible. Et tu n'as pas tant besoin de moi. Gerde te feras tes recherches et.
- Epouse moi.
- Quoi ? »
L'ahurissement qui perçait dans la voix de Grace fit prendre conscience à Gabriel de ce qu'il venait de dire. Lui, le célibataire endurci, l'incorrigible dragueur dont la plus longue liaison avait duré un mois, venait-il vraiment de faire une telle proposition ? Que lui arrivait-il ? Un instant, il paniqua, et faillit lui dire qu'il plaisantait. Mais il savait que ce n'était pas le cas. Il savait qu'il ne pouvait plus vivre sans elle, et si c'était pas seulement une assistante fidèle qu'il recherchait.
- Epouse-moi, répéta-t-il. Epouse-moi et viens vivre avec moi à Rittersberg. »
Les mots mirent un certain temps à pénétrer la conscience de Grace. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas lui faire une telle proposition, pas lui. Puis, elle comprit. C'était une de ses blagues stupides, le genre qu'il faisait sans cesse à l'époque où elle venait de débarquer à la nouvelle Orléans et où il l'avait embauchée dans sa librairie. Il ne pouvait pas deviner à quel point il lui faisait mal en disant cela.
« Ne te moque pas de moi, dit-elle d'une voix qu'elle espérait neutre. J'essayais d'être sérieuse.
- Mais je suis sérieux, moi aussi, Gracie ! Je n'ai jamais été aussi sérieux ! »
Il avait l'air sincère. Mais l'était-il vraiment ? Etait-ce possible ? Etait-ce possible qu'il la veuille, elle ? Elle sentit soudain un poids sur son lit, et un bras autour de ses épaules. Elle ne l'avait pas entendu se lever, et sursauta légèrement.
- Ecoute, je sais que je me suis conduit comme un imbécile. Je me suis toujours jeté à la tête de toutes les filles, et, au début, c'est vrai, je voulais juste avoir une aventure avec toi. Mais l'année dernière, quand tu es partie comme ça, sans un mot, j'ai compris que cette fois c'était différent. Non, en fait, j'ai compris plus tôt.Cette nuit que nous avons passée ensemble, ce n'était pas une erreur, tu sais, et c'était tellement différent de tout le reste. Je ne sais pas à quel moment j'ai compris que je t'aimais. Et Mose n'a pas arrêté de me répéter que tu m'aimais, toi aussi. Arrêtons de nous fuir, Grace, il y a assez longtemps que ça dure, tu ne crois pas ? »
Le sort qu'il avait reçu avait dû avoir des effets sur son cerveau. C'était la seule explication. Jamais il ne s'était comporté comme ça. L'ironie avait disparu de ses paroles, on sentait même de l'anxiété, une certaine gêne dans sa voix. Pourtant, Gabriel ne laissait rien entamer son assurance... en tout cas pas une femme.
" Ecoute, reprit-il, si je me suis trompé et que je te suis indifférent, alors on oublie ce que je viens de te dire. Mais dans le cas contraire, nous avons assez perdu de temps, non ?"
Il ne plaisantait pas. Et elle commençait à bien le connaître. On pouvait l'accuser de beaucoup de choses, mais il n'était pas cruel. Du moins, pas volontairement, et pas sans une bonne raison. Il ne lui ferait pas ce genre de blague. Mais pourrait-elle vraiment faire sa vie à Rittersberg, avec lui ? Ne s'ennuyerait-elle pas au bout d'à peine quelques années ? N'allait-il pas se lasser d'elle et se remettre à courir les filles ? Certains hommes étaient comme ça, ils ne pouvaient pas s'en empêcher. Et elle n'était pas femme à se résigner, à rester à la maison pour l'attendre. N'allaient-ils pas au devant de problèmes insurmontables ?
Gabriel s'inquiétait de son silence. Peut-être n'aurait-il pas dû aborder le sujet. Mais c'était trop tard maintenant, et il était suffisamment obstiné pour ne pas lâcher avant d'avoir eu une réponse.
"Grace, est-ce que tu m'aimes ?" insista-t-il.
C'était une question directe. Elle sut immédiatement qu'elle ne pourrait pas mentir. Elle sut également que si elle répondait oui, elle ne pourrait plus rien contrôler. Qu'elle ne saurait pas lui résister.
" Grace, réponds-moi. S'il te plaît, dis quelque chose"
Il y eut de nouveau un silence puis quelque chose en elle céda et elle murmura : "Oui."
Elle le sentit se rapprocher d'elle et se poussa pour lui faire de la place. Et comme l'avait si souvent rêvé, elle posa la tête sur sa poitrine.
Le dimanche matin, des murmures réveillèrent Harry bien plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité. Il souleva une paupière ensommeillée et sa vision fut immédiatement claire. Ce fait était suffisamment inhabituel pour le pousser à se réveiller complètement, et ouvrir le deuxième oeil, avant de réaliser qu'il avait ses lunettes sur le nez. Les murmures avaient cessé, mais Dean, Seamus et Neville quittaient silencieusement le dortoir. Baillant, Harry se leva et se dirigea vers la salle de bains. Après avoir pris une douche rapide et enfilé des vêtements propres, empruntés à Ron, il descendit dans la salle commune. Dean, Seamus et Neville s'y trouvaient, plongés dans une conversation qu'ils interrompirent en voyant Harry se diriger vers eux.
" Salut, Harry, dit Neville. Désolé de t'avoir réveillé.
- Pas grave, répondit son ami en étouffant un bâillement.
- Tu n'as pas ramené Ron et Hermione ? demanda Seamus d'un ton inquiet.
- Ils doivent encore dormir. Ron a eu l'intelligence de fermer ses rideaux, lui.
- Bof... Tu le connais, il aurait pu les laisser ouverts qu'il ne se serait pas réveillé si nous avions crié. Comment tu as fait, Harry ? reprit- il d'une voix tendue. Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?
- Oh, c'est compliqué, répondit Harry.
- Tu n'es pas obligé de nous raconter, dit Neville. On va déjeuner ?
- Allez-y, je vais attendre Ron et Hermione."
Sans insister davantage, ses camarades franchirent le tableau. Harry s'assit dans un fauteuil près du feu, pour attendre le réveil de ses amis.
Un léger bruissement d'air lui fit lever la tête, et il eut la surprise de voir un magnifique phénix, qui volait vers lui en laissant derrière lui une trainée dorée. L'animal vint se placer au dessus de Harry, et laissa tomber un parchemin, avant de disparaître.
Intrigué, le jeune homme défit rapidement la lanière de soie qui entourait le parchemin, et le déroula pour le lire. Il se demandait pourquoi Dumbledore lui avait envoyé Fumseck, car il avait reconnu le phénix. Ce n'était pas dans les habitudes du directeur d'utiliser ce mode de communication. Il poussa un cri de surprise et d'incrédulité en découvrant l'auteur de la lettre.
Poudlard, en l'an de grâce 1024 après JC.
Bien-aimé descendant.
Si tu as reçu cette lettre, c'est que tu as découvert ma chevalière dans le médaillon des Ritter. Peut-être as-tu eu l'occasion de tester ses pouvoirs. Si mes visions sont exactes, tu l'as utilisée pour combattre, et peut-être pour sauver des vies. Ce que tu portes à ton doigt est très probablement l'arme la plus puissante qui ait jamais existé, et, je l'espère, existera.
Si tu as pris conscience des pouvoirs de ma bague, sans doute peux-tu aussi réaliser le danger mortel qu'elle représente. Les sorts que j'ai utilisés pour l'empêcher de tomber entre de mauvaises mains sont, certes, extrêmement forts, mais ils ne sont pas infaillibles. Si un quelconque mage animé de mauvaises intentions venait à prendre possession de ton héritage, le monde pourrait facilement être détruit.
Je prie le ciel pour que tu ne sois pas, toi-même un mage noir. Les visions que j'ai eues semblent indiquer que non. Car ce que je vais te demander n'est pas facile. Il faut que tu fasses ce que moi, je n'ai pas eu le courage de faire il y a des années, lorsque j'ai fabriqué cette chevalière. Tu dois la détruire. Quelle que soit l'aide dont tu penses pouvoir bénéficier, même si tes buts sont nobles, ne cherche pas à l'utiliser, les risques sont trop grands. Je le ferais bien moi-même, mais mes visions ont montré que le médaillon dans lequel j'ai caché la bague et qui utilise ses pouvoirs te sauvera un jour la vie. Je n'ai pas le c?ur de te condamner. C'est pourquoi je confie à Fumseck, mon phénix, ce message, afin qu'il te le délivre le moment venu.
Si tu as essayé de retire la chevalière, tu as dû découvrir que tu ne le pouvais pas. Ce charme a été rompu dès l'instant où tu as reçu la lettre.
Bonne chance dans ta vie quelle qu'elle soit.
Ton ancêtre,
Godric Griffondor.
Harry relut plusieurs fois la lettre. Machinalement, il porta sa main à son petit doigt, et tira légèrement sur la bague. Il put vérifier qu'effectivement il pouvait l'enlever facilement. Il leva les yeux vers les escaliers des dortoirs, mais ni Ron ni Hermione ne descendaient. Ils pouvaient dormir encore plusieurs heures. Renonçant à les attendre, Harry se leva, sortit de la salle commune par le portrait et prit, une fois de plus, la direction du bureau du directeur. Seul Fumseck, de retour sur son perchoir, était là quand il arriva, mais le professeur Dumbledore suivit son élève de près.
"Bonjour, Harry, salua-t-il d'un ton enjoué bien qu'il n'eût visiblement pas dormi de la nuit. Je ne m'attendais pas à te revoir si vite. Qu'est-ce qui t'amène ?"
Harry lui tendit la lettre. "J'ai reçu ça ce matin."
Le vieil homme se pencha sur le parchemin, et lut en silence pendant quelques minutes. Puis il hocha la tête et tourna vers Harry ses yeux bleus foncé dont l'expression était sérieuse.
"Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas. Je sais que c'est dangereux d'utiliser cette chevalière, il suffit de voir ce qui est arrivé hier, mais la détruire, ça me semble un peu définitif... Et puis, avec ça, nous pourrions détruire Voldemort rapidement. Que feriez-vous, professeur ?
- C'est à toi de prendre la décision. Il y a cependant plusieurs choses que tu dois avoir à l'esprit.
- Lesquelles ?
- D'abord, je crains que ce ne soit pas parce que tu as pu utiliser la chevalière que tu as récupéré des pouvoirs magiques. Si tu la détruit, il est probable que tu seras de nouveau dépourvu de magie.
- Je m'en doutais. Mais est-ce que ce n'est pas secondaire par rapport aux autres enjeux ?
- Sans doute. Mais je préfère être sûr que ceci est bien clair dans ton esprit. Un autre point est qu'il est fort possible que nous soyons dans une situation dans laquelle les sorts utilisés par Godric pour protéger son héritage sont inefficaces.
- Comment ça ?
- D'après ce qu'il t'écrit, il a lancé des sorts pour que seul son descendant puisse utiliser la chevalière. Mais Voldemort est de ton sang, et je doute que Godric ait envisagé cette possibilité.
- Je n'avais pas pensé à ça...
- Enfin, je voudrais juste te rappeler que quelle que soit ta décision personne ne t'en voudra, ni dans un sens ni dans l'autre." Harry hocha la tête. Il savait ce qu'il devait faire. Sans doute avait-il pris sa décision bien avant d'entendre les conseils de Dumbledore, mais il n'avait pas pu se résoudre à l'annoncer si rapidement. Il fallait suivre les conseils de Griffondor. Certes, l'idée d'une arme de cette puissance pour lutter contre Voldemort était tentante, mais même si le risque que son ennemi s'empare de la chevalière était quasi-nul, il existait néanmoins. Et c'était un risque que Harry n'était pas prendre : ce ne serait pas sa vie qu'il risquerait, ni même celle de quelques personnes, mais bien l'avenir du monde. De plus, il avait bon espoir qu'après le coup qui avait était porté aux mangemorts la veille la lutte soit plus facile. Il retira la chevalière de son doigt.
"Comment pouvons-nous la détruire ?" demanda-t-il à Dumbledore. Celui-ci prit lentement l'objet doré entre ses longs doigts ridés et l'observa attentivement. Puis il le posa sur le bureau.
"C'est vraiment ce que tu veux ? demanda-t-il. Nous ne pourrons pas revenir en arrière."
Harry hocha la tête. Le vieux sorcier se leva et alla prendre une petite fiole dans l'étagère derrière lui. Il l'ouvrit, révélant un liquide incolore fumant, qu'il versa dans un petit récipient en porcelaine.
" C'est du venin d'acromantula. Il possède des propriété stupéfiantes pour détruire n'importe quel métal." Le vieux sorcier prit la bague entre le pouce et l'index et la fit doucement glisser dans le liquide. Pendant un moment, il ne se passa rien, puis de grosses bulles commencèrent à se former autour de la chevalière, et elle se mit à se déformer. Puis, alors que l'or commençait à se diluer dans le liquide, une intense lumière en jaillit, si intense que Harry dut fermer les yeux. Il sentit un souffle lui brûler le visage, et s'écarta du bureau. Puis il y eut un vent violent, qui faillit le soulever du sol, et ce fut tout. Après un instant, Harry rouvrit les yeux. La bague avait disparu, le liquide avait pris une couleur légèrement dorée. Et au dessus de l'endroit où se trouvait le bécher, il y avait un trou d'un mètre de diamètre environ dans le plafond du bureau. Au dessus de ce trou on pouvait voir un autre plafond, également troué, ainsi qu'une demi-douzaine d'autres au dessus. Et, tout en haut, Harry pouvait apercevoir le ciel gris de novembre, avec ce qui ressemblait à une grosse étoile juste au dessus d'eux. Avant qu'il n'ait eu le temps de regarder ailleurs, il y eut comme un éclair, qui illumina le ciel visible par les trous, mais aussi celui qui paraissait à la fenêtre. Lorsque Harry releva les yeux, l'étoile avait disparu.
"Eh bien, remarqua Dumbledore, heureusement que la proportion de pièces inoccupées à Poudlard avoisine les quatre-vingt dix-neuf pour cents. Je n'ose pas imaginer ce qui se serait passé si quelqu'un s'était trouvé sur le chemin d'une telle vague de puissance."
Harry frémit à cette idée. Dumbledore souriait, cependant, et ses yeux pétillaient comme si tout cela n'avait été qu'une bonne plaisanterie. L'adolescent se demanda si le directeur avait su à l'avance ce qui allait se passer, et s'il ne l'avait fait que parce qu'il savait que personne ne se trouvait au dessus d'eux. D'un coup de baguette magique, le vieil homme répara le plafond de son bureau.
" Je demanderai aux elfes de s'occuper des autres pièces, dit-il, et d'en profiter pour faire le ménage. Toutes ces salles m'ont paru bien poussiéreuses, qu'en penses-tu ?
- Euh... peut-être.
- Bien, puisque ceci est réglé, tu devrais aller retrouver tes camarades. J'ai encore des mangemorts à interroger." Harry se leva pour partir. Il allait encore avoir beaucoup de choses à raconter à Ron et Hermione.
" Oh, Harry, le retint Dumbledore au moment où il allait quitter le bureau. Il se retourna. "A ta place, je crois que j'aurais agi comme toi. Une puissance telle que celle-ci est toujours dangereuse, quel que soit celui qui la possède." Harry hocha la tête une fois de plus, et sortit.
Ron et Hermione bavardaient dans la tour de Griffondor quand leur ami les rejoignit. Ils avaient remarqué l'éclair éblouissant un peu plus tôt, et écoutèrent avec intérêt et incrédulité le récit que leur fit celui-ci.
"Comment avez-vous pu faire une chose pareille ? s'écria Ron. Détruire la seule arme capable de nous débarrasser de Voldemort ! Vous avez perdu la tête ou quoi ?
- Ron, ne te fais pas plus bête que tu ne l'es déjà, soupira Hermione. N'as- tu pas entendu ce qu'il t'a dit ? En plus, il y a bien d'autres moyens de vaincre Voldemort. Surtout maintenant que tant de mangemorts ont été arrêtés.
- J'espère que tu as raison, dit Harry.
- Bien sur." Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille. " Si toi, Dumbledore et Godric Griffondor étiez d'accord, c'était forcément ce qu'il fallait faire. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Tu vas rester à Poudlard ?
- Je ne sais pas, fit pensivement le garçon. Je ne peux pas passer ma vie chez Gabriel. D'un autre côté, je me retrouve à peu près dans la même situation qu'en septembre. Sauf que, bien sûr, il n'y a plus de risque que Voldemort découvre quoi que ce soit s'il arrive à me tuer. Il n'arrêtera pas d'essayer pour autant. A cause de ce que je représente, et du lien entre nous.
- Tu peux rester à Poudlard, dit Ron. Après tout, même si le daily Prophet continue à raconter des salades, de moins en moins de gens les croient.
- C'est possible, dit Harry. Mais je n'ai toujours pas récupéré ma magie, et il semble peu probable qu'elle revienne maintenant. Les potions et la botanique, c'est peut-être très intéressant, mais ça n'a jamais été mes matières préférées.
- On aura le temps de penser à ça plus tard, intervint Ron. Je crois que Harry devrait avoir droit à une vraie journée de repos, sans réfléchir à toutes ces histoires. Et moi aussi, par la même occasion."
Les autres acquiescèrent, et tous trois descendirent déjeuner. Ils étaient les derniers, et la salle était presque vide, ce qui leur épargna d'avoir à répondre aux questions d'élèves curieux.
" Et si on allait voir Hagrid ? proposa Harry quand ils eurent fini, alors que les chaises commencer à sautiller pour leur signifier qu'ils avaient dépassé l'heure autorisée et étaient priés de quitter la pièce. Je n'ai pas vraiment eu le temps de lui parler, cette nuit."
Cette idée ayant l'accord des deux autres, ils allèrent chercher des capes et sortirent dans le parc, en direction de la cabane du garde chasse. Ils étaient presque arrivés lorsque Harry remarqua ce qui ressemblait à un petit nuage rose, juste devant la forêt interdite. Intrigué, il en fit part à ses amis.
" Qu'est-ce que c'est, à votre avis ? demanda-t-il.
- Aucune idée, répondit Hermione. Mais peut-être que Hagrid saura. On dirait que ça vient de la forêt.
- dans ce cas ne restons pas là, dit Ron. Je n 'aime pas beaucoup ce qui veint de la forêt." Il se remit en marche en direction de la cabane, suivi par Hermione, mais Harry ne bougea pas.
"Harry, tu viens ? appela Ron.
- Attends un moment. Ca s'approche de nous." En effet, le nuage grossissait à vue d'oeil.
" On dirait... C'est un ensemble de minuscules créatures, dans une danse endiablée...
- Harry, ne reste pas là !
- Partez devant, si vous voulez. Je vous rejoins.
- On dirait de petites femmes, remarqua soudain Hermione."
Harry ne mit pas longtemps à voir que son amie avait raison. "Oh, mon dieu ! s'écria-t-il. Ce sont des pixies ! courez !" il n'y eut pas besoin de le répéter deux fois à Ron. Le trio courut jusqu'à la porte de la cabane de Hagrid, où ils tambourinèrent violemment. Le géant ouvrit la porte, inquiet de voir qui pouvait faire un tel raffut, mais sourit largement en les voyant. Son sourire s'effaça cependant légèrement lorsque les trois adolesents s'engouffrèrent dans l'habitation avant de l'avoir salué et fermèrent la porte derrière eux, comme si un Scroutt à Pétard les avait poursuivis.
" Eh! S'écria-t-il. Qu'est-ce qui vous arrive, vous trois ?
- Des pixies, haleta Ron en se laissant tomber sur une chaise." Hermione lança un sort d'isolation sur la cabane.
" Des pixies ? s'écria hagrid. Mais qu'est-ce qu'elles font là ? Il faut prévenir Dumbledore." Il se dirigea vers la porte.
- Je vais y aller, dit soudain Harry. Après tout, je ne dois plus beaucoup les intéresser.
- Attends un peu, s'écria soudain Hermione, les pixies sont toujours habillées en blanc, non ?
- Oui, répondit Hagrid. C'est la seule chose qui permette de les différencier de leurs cousines...
- Celles qui étaient dehors avaient des robes roses, remarqua Ron.
- Parce que ce n'étaient pas des pixies, finit hermione, le visage éclairé d'un large sourire, mais des fées. Les fées portent des robes roses, n'est- ce pas ?
- Oui, répondit le géant. Sauf qu'elles ont à peu près autant de raisons que les pixies de se trouver là.
- Et pourtant, c'est forcément ça, dit Hermione avec conviction et enthousiasme. Il n'y a rien d'autre qui leur ressemble.
- Tu as raison !" De visage de Hagrid s'illumina d'un coup. Il se leva brusquement et ouvrit la porte en grand. "Des fées à Poudlard ! s'écria-t- il. J'ai toujours rêvé d'en voir, mais on disait qu'elles ne quittaient plus jamais les contrées du nord ! Venez, vous ne risquez absolument rien, ce sont des êtres bénéfiques, la source de toute magie."
Tous les quatre sortirent sur le seuil. Les petites créatures continuaient à venir lentement vers eux, et n'étaient qu'à à peine un mètre de la cabane. Ils pouvaient maintenant admirer la grâce exceptionelle, surnaturelle des petites femmes.
" Ce sont bien des fées, fit Hagrid d'une voix émue. Je n'aurais jamais pensé... Et aussi près..."
Les minuscules créatures étaient à présent si proches qu'en tendant la main ils auraient pu les toucher.
" Harry, elles viennent vers toi, remarqua soudain Ron." Il avait raison. Au même instant, les fées entonnèrent un chant grave, qui rappelait curieusement celui du phénix. Et lentement, aussi doucement que leurs cousines avaient été brutales, elles prirent position autour de Harry et entamèrent une danse complexe en murmurant des paroles incompréhensibles. Puis, comme leurs cousines quelques mois avant elle, elles tendirent chacune un bras et le posèrent sur le frondt du garçon. Celui-ci sentit une douce chaleur l'envahir, et une vague d'énergie déferler en lui. Il ne lui vint pas à l'esprit de les chasser, et aurait-il eu cette idée qu'il en aurait été incapable. Après quelques temps, les fées le lâchèrent. L'énergie cessa d'affluer, il y eut comme un choc électrique, et le garçon tomba à genoux. Il releva la tête juste à temps pour voir les minuscules créatures lui sourire, puis reprendre la direction de la forêt en improvisant une nouvelle danse.
Hagrid, Ron et Hermione, fascinés, n'avaient pas bougé. Et il s'écoula encore une minute après le départ des fées avant que, tous ensemble, ils ne se précipitent sur Harry.
" Harry ! s'écria Hagrid. Comment te sens-tu ? Je ne comprends pas, les fées ne sont pas agressives, normalement.
- Je vais bien, répondit l'adolescent en acceptant la main que Ron tendait pour l'aider à se relever. Je ne sais pas ce qu'elles ont fait, mais ça m'a juste un peu secoué. En fait, c'était agréable, je ne saurais pas décrire ce que j'ai ressenti, mais maintenant..." Il n'arrivait pas non plus à leur décrire comment il se sentait maintenant. C'était comme plonger dans un bain brûlant après avoir erré des heures sous une pluie glacée...
" Je crois que je sais ce qu'elles ont fait ! S'écria Hermione, les yeux brillants. Après tout, que sont censées faire les fées ?
- Elles... Non, Hermione, tu ne crois quend même pas... Mais pourquoi auraient-elles ? Pourquoi moi ?
- Parce que tu le mérites, Harry, peut-être ont-elles appris l'injustice de ce qui t'était arrivé.
- Elle a raison, dit Hagrid. Il y a une théorie qui dit qu'à une époque les moldus les plus méritants pouvaient recevoir la visite des fées, et devenir des sorciers. C'était avant qu'elles ne se désintéressent de notre monde, bien sûr.
- Mais de quoi vous parlez ? s'énerva Ron. Mione, qu'est-ce qui se passe ?"
La jeune fille l'ignora. Tirant sa baguette de la poche de sa robe, elle la tendit à Harry.
" Il n'y a qu'un moyen d'être sûrs," dit-elle.
Harry hocha la tête, et saisit la baguette de bois. Il ne sentit rien de particulier à la tenir, mais savait que ça ne voulait rien dire : c'était la baguette d'Hermione, et non la sienne. Tous ses muscles étaient tendus à en craquer, mais en même temps il avait du mal à bouger. Son avenir dépendait de ce qui allait ce passer maintenant. Il inspira profondément.
" Lumos", dit-il enfin d'une voix qu'il contrôlait difficilement. Une brillante lumière s'alluma à l'extrémité de la baguette d'Hermione.
Ce soir là, une fête fut organisée au château. En l'honneur du retour su trio sain et sauf, de la magie que Harry avait retrouvée, et du départ des deux américains.
Comme souvent, la table des Griffondor était la plus bruyante. Les élèves échangeaient leurs version de l'histoire qui s'était déroulée et qui leur valait ce festin, et, une fois de plus, Harry était le centre de l'attention générale. Cela ne le gênait plus. Il y était habitué. Et puis, il sentait les regards curieux, non hostiles comme la dernière fois qu'il s'était trouvé dans l'école. Cho lui avait refait ses excuses, avec des larmes dans les yeux en repensant au crime dont elle avait failli être la complice. Il lui avait dit d'oublier. La vie allait reprendre son cours normal. Certes, il était toujours une cible pour Voldemort, et il se doutait que tout ne serait pas rose dans l'avenir, mais cela lui semblait presque... la routine. Pour l'instant, il avait le droit de ne se préoccuper que de ses BUSEs et de tout le retard qu'il avait pris, comme un adolescent normal. Et c'est avec un entrain qu'il n'avait plus manifesté depuis longtemps qu'il profita du festin.
Lorsque la plupart des élèves furent retournés à leur dortoir, Gabriel et Grace s'apprêtèrent à suivre Dumbledore, pour rentrer à Rittersberg. Ils s'approchèrent de la table des Griffondors, où le trio de cinquième années faisaient partie des rares élèves restant.
" Je crois que le moment des adieux est venu, dit Grace, avec un petit sourire.
- Merci pour tout, répondit Harry.
- De rien. C'est toi qui m'a ramené d'entre les morts, remarqua Gabriel. Mais c'est vrai que je n'aimerais pas avoir fait tout ça pour rien, alors fais attention à toi.
- Il ne peut pas, dit Ron. C'est inné chez lui de se mettre en danger. Mais il s'en sort toujours."
Il y eut un silence gêné, puis Hermione plongea la main dans sa poche, et en sortit un objet que Gabriel aurait cru ne jamais revoir.
" J'ai failli oublier que j'avais ça, dit elle. Je l'ai ramassé hier, quand Harry l'a laissé tomber. J'ai pensé que vous aimeriez le ravoir."
Gabriel prit le médaillon, et l'observa attentivement. " On dirait que rien ne s'est passé, remarqua-t-il. On ne voit pas par où la chevalière est sortie. Merci", ajouta-t-il en repassant le bijou autour de son cou.
" Vous croyez qu'il marche encore ? demanda Grace.
- Probablement, dit Harry. Ce métal avait la capacité de bloquer la magie émise par la chevalière, et c'était le médaillon, et non la bague, qui arrêtait les sorts.
- Tant mieux. Mais je crois que je ne pourrai plus jamais le regarder de la même façon..." Les derniers élèves et les professeurs avaient quitté la Grande salle.
" Vous saluerez Jan pour moi quand vous le reverrez, dit Harry. J'espère qu'il n'aura pas eu trop peur.
- Bien sûr, répondit Grace en l'embrassant. De toute façon, on reste en contact par courrier... ou peut-être devrais-je dire par hibou, n'est-ce pas ? Et tu pourras toujours venir nous saluer pendant les vacances." Elle salua Ron et Hermione. Gabriel se contenta d'un hochement de tête. il détestait les adieux. Juste avant de quitter la Grande salle, Grace se retourna vers les trois adolescents : " J'allais oublier ! lança-t-elle avec un grand sourire. Vous êtes tous invités à notre mariage !"
Peu après, Harry, Ron et Hermione regagnèrent le dortoir des Griffondor. Harry se glissa avec délice entre ses draps, et s'endormit rapidement. Pour la première fois depuis longtemps, il ne craignait plus le lendemain. Il était en vie. Après s'être tant de fois résigné à mourir, il avait survécu et sa vie ne lui apparaissait que plus précieuse. Et peut-être allait-il avoir un peu de temps pour en profiter.
FIN
Une fois de plus, merci aux lecteurs et Reviewers. Vous avez le droit de taper sur ce chapitre, je sais qu'il est mauvais ( en fait, vous aviez le droit de taper sur tous les chapitre, mais celui-ci en particulier). D'un autre côté, si vous avez aimé, vous avez aussi le droit de le dire (chacun ses goûts après tout...). Et naturellement, vous avez aussi le droit de vous taire, si vous le trouvez trop consternant ou si vous n'avez simplement rien à dire ( mais qu'est-ce que je peux raconter comme conneries ce soir... ça doit être la fin de la semaine, ou l'heure, peut- être. Ou le besoin de faire oublier très vite aux lecteurs le contenu du chapitre...) Et si, après tout ce temps, certains ce souviennent d'une review qu'ils auraient laissée sur le précédent, voici les réponses :
phénix20: Merci. J'espère que tu n'es pas trop déçu par la suite.
Csame : Ne t'inquiète pas pour cette petite interruption. Je trouve déjà que, globalement, tu es un modèle de persévérance. Le genre de reviewers qui donne envie de continuer à écrire. En tous cas, je suis contente que le combat t'ait plu.
purabelaza : Je crois que tes questions ont leur réponse dans le chapitre. Et non... je n'ai pas envoyé Harry à l'infirmerie pour des mois et des mois. Le pauvre, si je lui avais fait manqué plus de cours et aurait fini par rater ses BUSE, et ça, je ne veux pas l'avoir sur la conscience. La torture, c'est une chose, mais les BUSE, c'est sérieux. En plus, j'ai eu peur des représailles.
Mangemort : Merci pour ta review. Mais laisse moi te dire que je ne compatis pas à tes souffrances. Si vous vous en prenez plain la gueule, c'est amplement mérité. Tu devrais mieux choisir tes fréquentations.
Vert : Pour le jeu, là je ne sais plus quoi te dire... Si vraiment il y a un lien avec la Belgariade de Eddings, c'est vraiment une coincidence. (à propos, c'est quoi la Belgariade de Eddings ?). Et pour ta petite question de la fin, la réponse est oui, j'ai une fic en tête mais comme le plan n'est pas tout à fait fini et que je ne suis pas sûre d'arriver à en faire quelque chose qui tienne debout, je préfère ne pas en dire plus. En tous cas, celle-ci n'aura pas de suite.
Encore une fois, un gros merci à tous ceux qui ont lu cette histoire. On ne le dit jamais assez.
