O

Le démon à face d'Ange (prologue)

Ship : Sa/I
Rating : PG-13 (violence)
Genre : Drame
Note : Voici le tout premier chapitre, le prologue pour être plus précise, d'une assez longue fic avec pour thème central ce cher Rambaldi et ses supers prévisions qui enchantent la vie de Sydney Bristow ;P
Normalement, je ne devais pas commencer à la publier avant la fin de Les Sans Passés mais j'ai pas tenu le coup ^^' Contrairement à cette dernière, cette fic ne se situe pas dans un AU et reprend des éléments de la série, notamment quelques spoilers S3. Elle sera surtout concentrée sur les personnages de Sydney, Irina et Sark (qui sont mes trois personnages préférés hihi) ainsi que d'un quatrième personnage inventé qui ressemblera beaucoup à Irina.
Sur ce, je vous souhaite bonne lecture pour ce premier chapitre qui j'espère, vous mettra en appétit ;)


*

Le couple quitta la chambre. Dans un petit motel minable de la banlieue de Galway, Irina venait de passer un accord capital, un accord dont elle allait devoir s'acquitter jusqu'à la fin de ses jours pour que sa fille échappe au versant sombre de la prophétie de Rambaldi.

Approchant de la trentaine, elle n'était plus en mission que depuis peu de temps. Elle avait laissé aux Etats-Unis un mari qu'elle aimait sincèrement et une enfant encore innocente. Elle leur avait fait mal, très mal même, mais cela ne se reproduirait plus. Elle allait tout faire pour les protéger, tous les deux. Leur bonheur était la seule chose qu'elle avait à perdre, elle n'avait plus de vie propre, elle avait toujours été un espion, un pion du KD aussi longtemps qu'elle pouvait s'en rappeler.

Elle ne prendrait pas sa revanche, elle était bien trop pragmatique pour cela. Mais elle allait se battre, quitte à devoir à chaque passage laisser derrière elle un sillon de malheur et de sang. Ce n'était pas son problème.

Ce couple qui venait de partir, était dans le même cas qu'elle. Ils n'avaient plus rien à perdre. Hormis leur unique enfant. Irina s'approcha du lit : au milieu des draps dormait paisiblement un nourrisson. Un être encore innocent qui allait pourtant devenir l'un des plus terribles valets de la grande faucheuse. C'était prédit et l'on ne pouvait pas faire grand-chose contre la prophétie de Rambaldi. Malgré tout, il y avait une faible lueur d'espoir et Irina ne lâcherait pas prise.

Elle ouvrit l'enveloppe posée à côté de l'enfant : la page 47 bis, une page que Milo Rambaldi avait volontairement séparé de son manuscrit et confié à son proche ami : Don Pallava, un comte espagnol. Il savait que sa prophétie pourrait être objet de convoitise pour servir le chaos. Tremblante, elle parcourut les lignes manuscrites du regard, puis rangea la page dans l'enveloppe. Elle réorienta son attention vers le nourrisson et passa une main maternelle sur son crâne. Il gigota, ne reconnaissant pas le contact familier de sa véritable mère.

" Je vais devoir beaucoup travailler durant les sept prochaines années, " murmura-t-elle à l'enfant.

Ce dernier ouvrit les yeux, deux immenses pupilles bleues glacées surmontées d'un front bombé. Ses lèvres étaient minces, les coins de sa bouche remontaient parfois pour lui donner un air malicieux. Quelques fins cheveux blancs de nourrisson parsemaient son crâne. Il lui sourit béatement. Qui aurait pu dire en voyant un tel enfant qu'il allait devenir celui que Rambaldi qualifiait de " démon au visage d'ange. "

Irina sortit un couteau. Elle désinfecta la lame et s'approcha de l'enfant. Elle se maudissait mais il ne devait avoir aucune identité, aucun passé. Ce serait sa seule chance de survie et son seul moyen de le retrouver plus tard. Elle réfléchit quelques instants à son futur geste, puis approcha la lame effilée de la lèvre inférieure de l'enfant. Sa main ne trembla pas quand elle le défigura.

Il se mit à pleurer et à hurler, autant de rage que de douleur. Du sang jaillit sur les draps entourant l'enfant. Irina plaqua aussitôt des compresses sur sa lèvre meurtrie. Elle appuya longuement jusqu'à que l'écoulement cesse. Ainsi quand elle reviendrait, elle le reconnaîtrait d'un simple coup d'il : un blond aux yeux bleus à la lèvre inférieure atrophiée par la lame de son couteau. Il avait aussi la marque.

Elle rangea l'enveloppe dans un sac qu'elle tenait fermement contre elle, puis prit l'enfant pleurnichant dans ses bras. Elle s'assura que son petit manteau était bien fermé, et cacha une arme entre son torse et le bébé. Elle remarqua maussade que sa manche gauche était tâchée de sang. Tant pis.

L'enfant cessait peu à peu de pleurer, s'habituant peut-être à la douleur qui devait irradier sa lèvre. Il entra dans un état léthargique qui lui permettait d'ignorer temporairement son mal. Irina le serra un peu contre elle, jurant contre elle-même et ce que la nouvelle direction de sa vie impliquait.

Elle traversa la rue pour aller directement dans l'église qui se trouvait en face du motel. A cette heure-ci, le lieu de culte était désert. C'était un calme début d'après-midi d'hiver, froid et humide. Irina se dirigea sans hésiter vers le confessionnal, jetant des regards suspicieux autour d'elle. Elle entra à l'intérieur.

Irina prit une profonde inspiration en se sentant défaillir. Les images de Sydney bébé venaient de ressurgir dans son esprit. Les deux enfants se ressemblaient, trop pour que ce soit un simple hasard. Mais elle devait le faire, d'abord pour Sydney, mais aussi pour lui. Il n'était pas convoité mais il le serait sûrement un jour. Et l'anonymat serait alors la seule façon de le protéger contre ces rapaces fanatiques et contre lui-même.

Elle le déposa sur le siège du confessionnal avec précaution. Les confessions débutaient dans moins d'un quart d'heure, elle devait se presser. Irina referma la porte derrière et sortit presque en courant de l'église, laissant le bébé seul. Elle l'entendit pleurer de nouveau avant de ressortir à la lumière du jour.

Une fois dans la rue, elle se rua vers la voiture qu'elle avait loué et écrasa la pédale de l'accélérateur. Elle partit en trombe puis s'arrêta quelques kilomètres plus loin, les joues ruisselantes de larmes, peinant à reprendre son souffle. Dans un accès de rage, elle jeta sa perruque blonde à l'arrière du véhicule, et reprit sa route direction l'aéroport.

Sept ans plus tard


Irina décida de reprendre la même chambre de motel. L'établissement était toujours là même si les gérants avaient changé. Tant mieux. Le quartier s'était considérablement dégradé, les clochards dormaient parmi les poubelles non ramassées, les sales gosses jouaient dans les caniveaux tandis que les junkies disséminaient leurs seringues un peu partout.

Elle s'approcha de la fenêtre et jeta un coup d'il à l'église face à elle. Rien n'avait changé de ce côté-là, pas même l'orphelinat collé à ses flancs. Irina palpa le flanc gauche de son torse : son arme était là, reposant sagement dans son étui. Elle vérifia le contenu du sac qu'elle portait en bandoulière. Il contenait une charge de C4. Elle se décida enfin à passer à l'action.

Elle sortit dans la rue, fila tout droit vers l'orphelinat et alla sonner à la grille. Une sur vint aussitôt :

" Vous êtes madame Mclaughlin ? " Demanda la jeune femme pleine d'espoir face à la belle américaine.
" Oui, c'est moi, " répondit Irina avec un parfait accent de la côté Est. " Je viens comme convenu visiter votre établissement en vue d'une éventuelle contribution de la part de la fondation que je représente. "
" Entrez, entrez ! " L'invita la sur ravie.

Il faut dire que l'orphelinat semblait cruellement manquer de moyens. A croire que la charité chrétienne n'était plus ce qu'elle était.

En sept ans, Irina Derevko avait bien changé. Pour pouvoir mener à bien son but, elle avait travaillé jour et nuit, risqué sa vie plusieurs fois pour monter sa propre organisation. Kashinau l'aidait dans sa tâche, ignorant ses réelles motivations. Certains commençaient d'ailleurs à parler de " The Man ". Mais ce nom était encore pour le moment confiné à certaines sphères secrètes du monde de l'espionnage. L'heure pour The Man de se dévoiler n'était pas encore venue.

La sur la conduisit au bureau de la mère supérieure, puis elle les laissa en tête à tête. Sitôt la porte refermée, la vieille femme n'eut pas le temps de la saluer qu'Irina l'abattit froidement. Grâce au silencieux, personne ne fut alerté. Irina ouvrit plusieurs armoires présentes dans la pièce avant de trouver celle qui contenait les dossiers des pensionnaires. Heureusement, ils étaient classés par année d'arrivée.

Elle trouva rapidement la date où elle avait abandonné l'enfant au visage d'ange, comment l'oublier... Elle sortit plusieurs dossiers et les feuilleta avant de tomber sur le bon. Il relatait l'histoire d'un bébé trouvé dans le confessionnal de l'église de l'orphelinat, la lèvre inférieure mutilée. C'était un petit garçon sans nom que les surs avaient surnommé Sark pour une obscure raison. Cela voulait peut-être dire quelque chose en gaélique

Mais Irina ne s'attarda pas. Elle termina de consulter rapidement sa fiche, il était apparemment peu soumis à l'autorité de ses aînés. Elle allait devoir lui apprendre les bonnes manières Il collectionnait les méfaits en tout genres allant de l'insolence verbale aux fugues répétées et aux agressions de ses camarades. Elle consulta sa photo d'identité. Il devenait ce qu'avait prédit Rambaldi : " un démon au visage d'ange. "

Elle sortit un briquet et brûla le dossier, on n'était jamais trop prudent. Puis elle plaça la charge de C4 sur le bureau de la mère supérieure. Elle y apposa une minuterie qu'elle régla à huit minutes. C'était le temps minimum qu'elle avait calculé.

Aussitôt, elle sortit en courant du bureau après avoir fermé à clef la porte. Il ne fallait mieux pas qu'une sur entre entre-temps et découvre le cadavre plus la bombe. Irina se rua vers les salles communes des pensionnaires où ils passaient la journée entre les repas. Déjà plus que six minutes.

Elle ouvrit la porte de la première salle et tomba sur une sur surprise entourée d'enfants entre deux et cinq ans. Trop jeunes. Elle ne s'excusa pas et ressortit dans le couloir. Elle entendit la sur sortir et l'interpeller au risque d'ameuter toutes ses collègues. Irina se retourna et sortit une seconde fois son arme. Avec une redoutable efficacité, la balle se logea entre les deux yeux de la sur. Cinq minutes.

Irina entra dans une seconde salle où les enfants étaient plus âgés. Aussitôt, un regard happa son attention, un garçon blond aux pupilles bleues glacées et à la lèvre inférieure atrophiée. Il l'avait repéré dès qu'elle était apparue, comme s'ils se connaissaient. Il avait perdu son sourire béat, remarqua-t-elle.

Une autre sur s'approcha d'Irina, se demandant ce que cette femme élégante faisait ici, dans un lieu interdit au public. Une fois de plus, l'espionne sortit son arme et tous les enfants se mirent à hurler quand elle abattit la sur. Tous sauf un, doté d'un calme effrayant.

" Mettez-vous tous à terre et ne vous relevez que lorsque vous aurez fini de compter jusqu'à cent ! " Ordonna Irina, sachant pertinemment que bon nombre d'entre eux ne savaient pas compter jusque là.

Tous lui obéirent sauf un, toujours le même. Irina s'approcha de lui et elle décela une note de peur dans son regard, il fixait son arme.

" Sark ? " Demanda-t-elle, la voix légèrement adoucie.

Il acquiesça. Elle le prit par les épaules et le força à se retourner, elle vérifia la tache de naissance dans le bas de son dos, puis le poussa en avant vers la sortie :

" Tu viens avec moi, " aboya-t-elle en le pressant, plus que trois minutes. " Et vous, vous continuez de compter et il ne vous arrivera rien ! "

Sark poussé par Irina, arriva enfin derrière les grilles de l'orphelinat. Elle le fit monter à l'arrière d'une voiture garée devant le motel, d'attacher sa ceinture et de la fermer. Elle se mit au volant et démarra tranquillement, comme si de rien n'était.

Brusquement, une explosion retentit. Le bâtiment de l'orphelinat venait de partir en fumée, avec tous les pensionnaires et les surs. Sark jeta un coup d'il terrorisé par la vitre arrière, puis se tourna vers Irina :

" Pourquoi vous avez fait ça ? " Demanda-t-il livide, les lèvres tremblantes.

Elle fit la moue en remarquant son brutal accent irlandais. Ca aussi elle allait devoir le changer.

" Personne ne doit connaître ton existence, " expliqua-t-elle. " Tous ceux qui en savent un tant soit peu sur toi, tu dois les considérer comme des ennemis. Ils étaient des ennemis. Maintenant ils ne sont plus une menace. "
" Mais ils sont morts ! " Protesta-t-il en détachant sa ceinture.

Il voulut sortit de la voiture mais Irina avait sécurité les portières. Il donna un grand coup dans la vitre et se fit mal au poing. Ca aussi elle l'avait sécurisé.

" Qui êtes-vous ! " Ragea-t-il acculé.
" Celle qui va te permettre d'obtenir tout ce que tu n'as jamais eu, " déclara-t-elle pompeusement.
" Vous allez m'aider à retrouver mes parents ? " Demanda-t-il plein d'espoir, oubliant subitement l'explosion de l'orphelinat malgré la fumée noire qui envahissait le ciel.

Bon signe, se dit-elle. Ils croisèrent un camion de pompiers et deux patrouilles de policiers. Ils firent silence un instant.

" Non, " répondit-elle enfin, il afficha aussitôt un air déçu et contrarié. " Mais si tu fais tout ce que je dis, si tout se passe comme prévu, peut-être qu'un jour je te dirais qui ils sont et pourquoi t'es-tu retrouvé dans cet orphelinat. Le chemin sera long. "
" Je savais que j'étais pas comme les autres ! " S'exclama-t-il victorieux.

Il ignorait encore à quel point il avait raison

*

A suivre

Prochain Episode
~ Grâce à une piste fournie par Irina Derevko, Sydney Bristow apprend l'existence d'une nouvelle uvre de Rambaldi dans un local du Covenment.