Titre : Les Sangs sorciers

Auteur : Neko-oh (ou Neko-chan, ou Neko tout court…), disponible sur neko_enju@hotmail.com et si besoin, kawaii_neko@hotmail.com

Spoilers : Tomes 1, 2, 3, 4, 5 de Harry Potter, ainsi que la fic "Quelle heure est-il au Paradis ?" écrite de concert avec Tilicho.

Résumé : Sixième tome - Des larmes de javel, des promenades de fantômes. Alors que le monde se renverse pour de bon, Harry Potter remonte le temps à travers la mémoire des autres.

Disclaimer : Je ne touche aucun argent (j'en aurais pourtant bien besoin), vous reconnaîtrez les personnages dont la création me revient, les autres étant les fruits de l'imagination de Madame J.K.Rowling dont je deviendrais plus tard l'elfe de maison pour la remercier d'avoir créé Harry Potter. Le monde de celui-ci lui appartient bien évidemment également et… hum, pardon. Début de chapitre.

Remerciements : Encore une fois, à mes inspirations musicales, à Solla qui m'a particulièrement encouragée (bien qu'elle n'ait pas lu la fic...) , à mes premiers reviewers... Merci à vous.

A Solla pour sa lumière, à Flora pour son rire cristallin.

Chapitre 2 - Vert Vegetal

Harry fut réveillé par une douleur au bras gauche. Un hibou lui mordait la peau sans douceur aucune. Il cligna des yeux et se redressa vivement.

« AÏE ! »

Il attrapa son bras tandis que le hibou volait et se posait sur sa malle avec un air hautain, tandis que Harry caressait son bras du pouce pour faire disparaître la souffrance. Il lança un regard furibond au hibou qui restait immobile sur la malle. Il se leva et s'avança vers le volatile.

« Ma lettre. » exigea-t-il d'un ton froid. Le hibou défit d'un coup de bec le lien qui retenait un parchemin à sa patte et le fit glisser sur la surface de la malle. Harry s'en empara et déroula sa lettre. Ses yeux se posèrent sur les premières lettres.

« Le 25 juillet 1996

De : Mrs Leah Parker

A : Mr Harry Potter

Objet : Succession

Mr Potter,

Suite à la disparition de Mr Sirius, je vous propose de me rencontrer le 30 juillet 1996 à 15 heures. Si vous êtes d'accord et disponible, je vous prie de me confirmer cette date le plus vite possible.

Veuillez croire à l'expression de mes sentiments distingués,

Leah Parker                                                                                                  ''

Harry sentit sa gorge serrer douloureusement. Il froissa le papier dans ses doigts meurtris et ferma les yeux un instant. La réunion à la maison des Black… à la noble et ancienne demeure de la famille Black. La répartition des biens de Sirius… On allait lui remettre quelques possessions de son parrain. A cette pensée, un lac salé submergea son regard et il se pressa de se reprendre pour que l'immersion cesse.

Abasourdi, il se laissa tomber sur son matelas et pris son crâne entre ses mains. Le hibou hulula d'un air digne. Harry redressa la tête et il scruta longuement l'oiseau. Puis, il tendit la main et attrapa une plume, un pot d'encre de chine ainsi qu'un parchemin vierge.

 Il posa la plume sur le papier et réfléchit un instant. Sa tête bouillonnait et semblait pourtant tout aussi vide qu'un ciel sans nuages. Puis son poignet amorça un mouvement.

« Mrs Parker,

Je confirme la date du 31 juillet de cette année, à 17 heures,  pour nous rencontrer.

Mes meilleures salutations,

Harry Potter                                                                                      ''

Il roula le parchemin sur lui-même et demanda au hibou de s'approcher. L'oiseau vint vers lui et tendit sa serre le plus hautainement possible. Harry serra le nœud aussi fort qu'il en fût capable. Le hibou s'envola alors et partit par la fenêtre. Harry le suivit des yeux.

Il se tourna vers son oreiller, et lui donna un grand coup. Puis un autre dans le matelas. Un coup de pied dans la malle. Et enfin, un dernier coup de poing dans la porte de l'armoire. Il prit son poing serré jusqu'à en être blanc dans son autre main et le massa un petit peu. Il oubliait pour une ou deux secondes, mais en fin de compte, ça lui faisait mal et tout lui revenait en mémoire dès qu'il cessait de frapper. Alors il s'adossa à l'armoire encore une fois, tenta de refouler ses larmes.

*

« Je t'avais dit de ne pas leur parler, Vernon. » s'exclama la tante Pétunia.

« Et tu avais totalement raison. La prochaine fois, je me fierais à ton intuition. »

Harry soupira tant en jetant un coup d'œil distrait aux infos. Le samedi s'annonçait une fois de plus incroyablement ordinaire. Dudley avalait gloutonnement tout ce qu'on lui servait. C'était un cauchemar de l'avoir en face de soi à table, avait à nombreuses reprises songé Harry. L'oncle Vernon et la tante Pétunia parlaient d'une famille qui avait emménagé une semaine auparavant dans la rue voisine et qui selon toutes apparences échappaient légèrement aux règles de bonne conduite instaurées à Privet Drive. La tante Pétunia semblait avoir volontairement effacé de sa mémoire la soirée précédente.

C'était donc entre le son de la télévision, les étranges bruits produits par Dudley, et les exclamations outrées de Pétunia et Vernon, qu'une chouette aux ailes brunes atterrit sur la table, renversant dans un grand bruit la carafe d'eau et le plat de carottes.

Elle portait fermement serrée entre ses serres une enveloppe abîmée et imbibée d'eau.

La tante Pétunia resta silencieuse, ses yeux globuleux observant le désastre et la chouette.

L'oncle Vernon, au contraire, devint plus rouge qu'il ne l'était déjà et se mit à hurler de sa voix forte. «  J'avais dit : plus - jamais  - de - hiboux ! »

Dudley s'était reculé vivement.

Harry agrippa l'effraie et la força à s'envoler. Puis il lança un regard noir à l'Oncle Vernon.

« Une petite erreur d'orientation, je suppose. Ca ne se reproduira plus. » affirma-t-il d'une voix glacée.

Il quitta la table sans autre mot.

Vivement, il grimpa les marches de l'escalier et s'enferma dans sa chambre. Dans la cuisine, un grand silence régnait. Une fois qu'il eût refermé la porte, il s'approcha de la chouette qui le regardait d'un œil qu'il aurait presque qualifié de sympathique. Elle tendit docilement ses pattes et libéra la lettre de leur emprise. Harry arracha le rebord de l'enveloppe et déplia la lettre.

« Cher Harry,

Sûrement as-tu été mis au courant pour le 31 juillet. Je viendrais te chercher vers 11 heures ce jour-là si tu es d'accord. Envoie moi ta réponse aussi vite que tu le pourras, je t'en remercie d'avance.

Remus Lupin »

Harry sentit une douleur s'apaiser dans son âme. Encore quelques jours et sûrement…

Il rédigea une rapide réponse affirmative, et la confia à la chouette effraie qui le gratifia d'un mordillement affectueux à l'index, puis elle déploya ses ailes brunes et s'envola.

*

A onze heures moins le quart, le 31 juillet, Harry Potter se trouvait assis sur sa malle. Il attendait. Sa chambre était intégralement vide. On aurait dit la cellule qu'un prisonnier aurait quitté : ne restait que le mobilier, le lit était fait impeccablement, rien ne jonchait le sol. Ne restait qu'une fine couche de poussière sèche et mobile qui scintillait sous le rayon du soleil.

Le ronronnement de l'inspirateur embrumait les murs d'une langueur monotone. Le tupe de l'aspirateur se cogna contre le seuil de la porte de la chambre.

« Quand pars-tu ? «  interrogea la tante Pétunia d'une voix de cresson et maladroite.

« Dans quelques minutes. » répondit Harry d'une voix rauque.

Il tourna la tête vers la fenêtre. Il attendait.

Onze heures moins dix.

Onze heures moins cinq.

Onze heures moins deux.

Un bruit de fusée retentit dans le coin du mur, dans l'espace exigu entre le mur et le pied du lit. Harry se leva brusquement de sa malle et fixa le coin avec perplexité. Une ou deux étincelles se produisirent. Un autre bruit de fusée retentit, puis un autre qui ressemblait à une allumette qu'on craquait contre sa boîte. Puis dans le vide, se matérialisa une mèche de cheveux cendré, et le reste du corps apparut en un seul mouvement.

Remus Lupin se trouvait malencontreusement recroquevillé pour éviter de se cogner à l'étagère qui surplombait son front.

« Bonjour. » déclara Harry avec un sourire.

Remus sourit à son tour et s'extirpa de l'étroite surface en courbant son échine. Il s'approcha d'Harry et son sourire doux s'agrandit. Sa robe grise était rapiécée et si usée qu'à cerains endroits, le tissu n'était plus gris mais d'un blanc neige.

« Bonjour Harry. Comment vas-tu ? »

Harry s'apprêtait à répondre mais un son se bloqua dans sa gorge et c'est en bégayant qu'il répondit un « oui » peu convaincant.

Remus l'observa avec un œil indulgent, doux, et prit sa valise.

« Il est impossible de transplaner ainsi » expliqua-t-il. « J'ai du procéder par un autre moyen, légèrement plus complexe. Nous allons descendre. Si tout s'est bien passé, Nymphadora nous attend en bas. »

Harry se força à produire un sourire enjoué.

Remus prit une poignée de sa malle, Harry empoigna l'autre, et il poussa la porte de bois blanc. La tante Pétunia, qui débranchait son aspirateur, sursauta en roulant ses yeux globuleux dans leurs orbites. Remus la salua galamment et descendit les marches de l'escalier une à une.

« A plus tard ! » lança Harry plus joyeusement que d'ordinaire.

Une fois en dehors de Privet Drive, Harry vit, devant le portail, une voiture noire à la carrosserie étincelante. La vitre avant se baissa et la figure de Tonks apparut.

« Salut Harry ! » dit-elle.

Ses cheveux étaient longs, soyeux, et d'un vert végétal qui la faisaient ressembler à une sirène tout droit sortis des livres de Peter Pan. Ses pupilles, également, s'étaient teintées d'un vert clair et envoûtant. Harry lui répondit par un léger sourire et Remus entreprit de porter seul la malle qu'il glissa dans l'immense coffre (très certainement agrandi par magie). Harry entra à l'arrière et s'assit sur la banquette grise. La voiture était incroyablement spacieuse.

Il put remarquer à ce moment-là que Tonks avait assorti son chemiser, son débardeur, sa jupe et ses chaussettes avec sa chevelure et ses yeux. L'ensemble produisait un effet détonnant et particulièrement agressif à la rétine.

Elle se tourna et adressa à Harry un sourire brillant (qui, il l'aurait parié, était très légèrement mais perceptiblement vert).

« Alors ? Sauvé ? » interrogea-t-elle.

Harry s'enfonça dans la banquette moelleuse et poussa un long et lent soupir. Tonks se mit à rire et dès que Remus les eut rejoint et fermé sa portière, elle posa ses deux mains (aux ongles peints de vert) sur le volant et démarra en trombe.

Harry regarda quelques instants les quartiers de Surrey défiler devant ses yeux. Les innombrables maisons, aux portails et murs semblables, semblaient se fondre en un seul et unique modèle.

Mais très vite, Tonks changea de direction et prit une route relativement déserte, cernée de plaines.

« Bon. » dit-elle avec un air réjoui. « Il est temps de passer aux choses sérieuses. »

« Fais attention, s'il te plaît » supplia Remus.

Tonks rétorqua un sourire assuré et appuya sur l'accélérateur.

Les paysages naissaient et mouraient aussi vite qu'Harry respirait. La magie y était pour quelque chose dans la vitesse, il le savait, il le sentait.

Remus s'enfonçait dans son siège avec un regard inquiet tandis que Tonks maîtrisait le véhicule à la perfection, avec l'aisance d'un joueur de Quidditch à manier son balai.

Au bout de quelques minutes incroyablement longues, Tonks, à regret, eut obligation de ralentir et, après s'être enfoncée dans un sentir bordé d'un mur et de nombreux arbres, ils franchirent un portail aux portes grandes ouvertes qui surplombaient une modeste maison.

Tonks arrêta la voiture et en retira les clés qu'elle mit dans sa poche, puis sortit.

Remus soupira de soulagement et sortit à son tour.

Harry fit de même.

« C'est chez moi » dit Remus avec simplicité. « Ce n'est pas très grand mais… » Harry l'interrompit.

« C'est parfait. Tout plutôt que… »

Il n'acheva pas sa phrase mais Remus le remercia d'un regard.

« Entre » dit-il. « Rejoins Tonks, je m'occupe de tes affaires. Il y a des moldus ici. »

Harry fit un signe de tête pour acquiescer et gravit le perron parsemé de lierre, et dont les fissures semblaient regorger de lézards qui se précipitaient dans leurs trous à chaque pas que faisait Harry.

Celui-ci se trouva devant la porte de chêne entrouverte. Il entendait les talons de Tonks qui claquaient contre le sol, à l'intérieur. Il entra.

Les murs du hall d'entré étaient couverts d'immenses étagères où des livres relativement bien rangés se suivaient, s'entassaient, s'empilaient. Les murs étaient d'un blanc crème qui donnait une teinte lumineuse à la pièce. En face de lui, une commode où reposait des objets magiques plus ou moins étranges, et Harry distinguait en haut de celle-ci, dans le plafond, une trappe légèrement de travers. Il y avait une horloge au dessus d'un calendrier qui indiquait la course de la Lune.

A sa gauche, une ouverture était faite à même le mur, et permettait d'accéder au salon, minuscule, qui, selon toutes apparences, servait aussi de cuisine.

« Café ? » demanda Tonks en brandissant une cafetière du côté de la cuisinière.

« Heu…  Du thé, de préférence. »

Tonks pointa sa baguette dans le vide et une tasse de thé apparut. Cependant, la tasse tomba à la verticale et Harry se précipita pour la rattraper avant qu'elle ne touche le sol.

Sous le regard horrifié de Tonks, il cala ses mains contre le dessous de la tasse à quelques centimètres du parquet et des gouttes brûlantes de thé vinrent lui arracher la peau.

Puis il se releva, sa tasse en main, une grimace sur le visage.

« Je suis…. Désolée ! » s'exclama Tonks, son visage entier prenant une expression implorante.

« Ce n'est pas grave. » assura Harry qui essuya sa main sur son jean et sourit à la jeune sorcière.

« Non, vraiment, je suis… je suis… »

« Désolée, oui. » répondit Harry à sa place avec un large sourire.

Tonks, le visage rouge de confusion, fit apparaître un bol de sucre et pot au lait qu'elle posa sur une minuscule table, à côté d'un fauteuil. Tonks, d'un mouvement de la main, l'engagea à s'y asseoir. A ses pieds, il y avait plusieurs oreillers de couleurs disparates qui s'entassaient sur le parquet.

Harry observait la pièce en désordre.

De véritables tours de grimoires parsemaient les coins de pièce, des parchemins. Outre le minuscule coin cuisine (qui comprenait une table de travail, un évier, un four et quatre placards), il y avait de nombreuses fenêtres, et une gigantesque vitrine qui bordait tout un mur. S'y trouvaient des objets étranges, un strangulot dans un bocal qui frappait contre sa vitre, sa lanterne à la main, des pierres écarlates, vertes, marines, polies ou rugueuses, brillantes ou mates, des fioles, et ce qui pouvaient ressembler à des gri-gri africains.

Cependant, malgré le désordre qui semblait régner dans la maison, tout était propre.

En bas de la vitrine, un tapis aux motifs compliqués s'étendait. Un grand sac y reposait, et des vêtements le recouvraient presque entièrement.

Tonks, qui regardait ses réactions, s'empressa de déclarer :

« Ce sont mes affaires… J'habite ici depuis quelques temps, c'est plus simple que de partir et revenir chez moi chaque soir. Sucre ? »

« Non merci, répondit Harry distraitement. Remus habite ici depuis longtemps ? »

Tonks acquiesça.

« Une quinzaine d'années. Il ne vivait pas très loin d'ici avant… C'est pratiquement déserté, ici, tu sais… Il n'y a que des fermiers, des gens attachés à leur terre. Et lui, évidemment ! » ajouta-t-elle avec un sourire.

« Pourquoi reste-t-il ici… ? » interrogea Harry.

« D'abord, parce qu'il y a des forêts partout. C'était simple d'y rester dissimulé pendant la pleine Lune. » expliqua Tonks. « Ensuite, parce qu'il ne peut pas se résoudre à quitter ses souvenirs, comme beaucoup d'entre nous… »

« Qu'est-ce… »

« Une vieille histoire. »

Tonks avala une gorgée de sa tasse de café fumant.

Harry se leva et observa mieux le contenu de la vitrine. Suite au gri-gri, il venait d'apercevoir quelques photos… D'une main tremblante, il poussa la vitre glacée et décrocha les photos une par une, prit les cadres. Puis il se rassit et contempla les clichés qu'il avait devant les yeux. Tonks le regardait d'un œil inquiet.

La première photo était celle d'une classe d'élèves de Poudlard, d'environs dix-sept ans. En uniformes, ils fixaient sérieusement l'objectif. A leur droite, le professeur Mc Gonagall observait le photographe avec une dignité grotesque. Seuls, dans le rang du bas, trois élèves faisaient exception à la règle. Les cravates dénouées, les pans de chemise sortant de leurs pantalons, arborant des expressions ridicules, ils étaient accompagnés d'un élève rondouillard qui souriait gauchement, les mains derrière le dos, en les regardant. Harry les reconnut... Remus... Sirius... James... Queudver.

Il déglutit difficilement.

"C'est la photo... de la dernière année. Un rituel... avec le directeur de la maison."

Harry posa le cadre sur le sol, regarda le deuxième.

Sirius qui attrapait James par le cou et frottait de son poing la sauvage tignasse de celui-ci. James, les yeux plissés, riait aux éclats, et Sirius semblait s'amuser avec délectation.

Harry s'appliqua à mémoriser chaque détail, à scruter chaque grain. Ses yeux le brûlaient une fois de plus. Des larmes plus chaudes que de la braise formèrent un lac contre ses pupilles.

La main de Tonks se posa sur son bras. Harry leva les yeux. Tonks elle-même avait des yeux embués de larmes.

" Pourquoi sont-ils tous absents maintenant... ?" dit Harry.

Tonks ne répondit pas. Un goutte d'eau coula sur sa joue.

" Ils te manquent, et à nous aussi. C'est pour ça qu'on doit continuer..."

"Continuer quoi ?" cria Harry. "Pourquoi sont-ils morts ? Pourquoi ne sont-ils plus là ? Qu'est-ce que ça aura changé ? "

"On a avancé..." dit Tonks.

"On n'a pas avancé. On a essayé de le faire reculer, c'est différent."

Il reprit son souffle.

"Vingt ans... vingt ans pourquoi ? vingt ans pour rien ! vingt ans pour survivre, vingt ans pour tenter de le faire chuter ! qu'ont-ils gagné ? qu'avons-nous gagné ? qu'est-ce que leurs morts ont permis ?"

Tonks émit un petit sanglot et ferma les yeux. Harry baissa la tête. Il fixa le sol d'un regard dur.

"Excuse-moi." dit-il dans un murmure.

"Ce... ce n'est pas grave." répondit Tonks.

La porte s'ouvrit, et ils entendirent tous les deux le bruit d'une valise qu'on pousse sur le sol.

Remus entra dans le salon, un peu essouflé.

" Je la laisse dans l'entrée, Harry. Je te la monterais dès que je pourrais."

Harry fit un petit mouvement de tête.

"Tu me sers une tasse de thé, Nymphadora ?"

"Seulement si tu cesses de m'appeller comme ça." dit Tonks.

Elle avait parlé d'une voix à peine tremblante. Ses joues n'étaient plus maculées de larmes, ses yeux étaient secs. Harry comprit qu'elle les avait fait disparaître par magie. Il passa sa main sur son visage et réalisé que sa peau non plus ne portait aucune trace de larmes. Il s'enfonça dans son fauteuil en soupirant.

"Tu as vu mes photos ?"

Remus s'était approché, un sourire faible aux lèvres.

Harry bredouilla :

" Heu, oui... je vais les reposer."

"Tu pouvais les voir..." se hâta de dire Remus. "Ca ne me dérange pas. Remets-les en place quand tu auras fini..."

Harry reprit les cadres, se leva, les reposa dans la vitrine.

Remus s'assit dans le fauteuil en face de lui.

Il joignit ses mains en sommet et y appuya son menton.

"Harry..." dit-il. " Tu as reçu la lettre de Mrs Parker ?" demanda-t-il.

"Heu... oui." répondit Harry.

" Tu lui as répondu ?"

"Oui."

"Bien."

Tonks se dirgea vers eux et tendit une tasse ébrechée à Remus.

"Merci... Tonks."

Tonks sourit et repartit vers la cuisine.

"Harry... tu sais ce qui va se passer demain ?" dit Remus.

Une pile d'assiette s'effondra sur le sol. "Nom d'un troll !" jura Tonks. Elle partie précipitemment de la pièce, se confondant en excuses.

"La... la répartition des biens de... de Sirius."

Remus acquiesça. Ses yeux voilés s'assombrirent une fois de plus.

" Ca va être un petit peu compliqué... un petit peu dur."

Harry baissa les yeux.

"Je sais."

"Tu connais la Lande des Vents... ?"

Harry haussa un sourcil.

"La... quoi ?"

Remus se recula dans son fauteil, l'air distrait. Puis soudain, il se redressa et dit :

" C'est un lieu réservé aux sorciers..."

Il marqua une pause, hésitant.

" C'est un cimetière magique, entre autres..."

Harry déglutit.

"Le tombeau de ta famille y est... comme beaucoup d'autres sorciers."

"Les Potter... ?"

"Hm hm."

"Et j'irais lorsque... enfin, lorsque..."

"Oui, certainement, mais là n'est pas la question. La question est : veux-tu y aller... ?"

"M... maintenant ?" s'étrangla Harry.

"Maintenant, tout à l'heure, demain, aux prochaines vacances."

Harry réfléchit un instant. Il avait envie... envie de s'y rendre, de voir, de se sentir plus proches de ceux qui l'avaient quitté... Il avait peur... peur de ce qui l'attendait, peur de s'effondrer, peur de rencontrer.

" Je... je veux bien... aujourd'hui." affirma-t-il.

"D'accord..." répondit Lupin.

Harry se leva. Il s'approcha de la fenêtre. Elle donnaît sur un vaste champs, qui se poursuivait jusque derrière les collines.

" Tu es ici depuis quinze ans, c'est ça ?"

"Oui." répondit Remus de son fauteuil.

" C'était... l'époque de ma naissance ?"

Les yeux de Remus s'embuèrent de souvenirs.

"Oui."

"Pourquoi à ce moment-là... ?"

Remus ferma les yeux une seconde.

"Pour échapper à des fantômes, comme beaucoup d'entre nous."

Harry hocha de la tête.

"Je comprends ce que tu veux dire."

Remus émit un soupir.

" Le champs est à toi ?" questionna Harry, intrigué. Remus eut un petit rire.

"Non. Il est à la mairie. Tu peux y aller, si tu veux..."

Harry se détourna de la vitre et traversa le salon.

"J'y vais..." déclara-t-il avec un petit sourire.

"Ne t'éloigne pas trop. On ne sait jamais."

Harry se détourna et sortit. Il descendit le petit perron, s'approcha de la clotûre, l'enjamba et commença à marcher dans l'herbe humide.

*

Chapitre un peu moins consistant que le premier, je crois.

Je voulais continuer d'écrire, mais

1°) Je n'en peux plus ! Mon logiciel n'a pas cessé de me jouer des tours ! j'ai récrit cinq fois certains passages, je VOULAIS achever mon chapitre 2.

2°) Si j'écris tout ce que j'avais prévu dans ce chapitre, vous risquez d'attendre un mois ou deux, étant donné que je suis débordée. Tant pis, je diviserais mon plan en plusieurs chapitres.

Voila... Merci à ceux qui me lisent. Si vous avez un semblant de bonté, un review m'encouragerait et me ferait plaisir (vous pouvez aussi dire ce qui vous a déplu, que je m'améliore...)... Je vous rendrais la pareille ! :o)