Titre : Les Sangs sorciers
Auteur : Neko-oh, disponible sur neko_enju@hotmail.com, et si besoin, kawaii_neko@hotmail.com …
Spoilers : Tomes 1, 2, 3, 4, 5 de Harry Potter, et la fic "Quelle heure est-il au paradis" écrite en concert avec Tilicho.
Résumé : Sixième tome - Des larmes de javel, des promenades de fantômes. Alors que le monde se renverse pour de bon, Harry Potter remonte le temps à travers la mémoire des autres.
Disclaimer : Je ne touche aucun argent (j'en aurais pourtant bien besoin), vous reconnaîtrez les personnages dont la création me revient, les autres étant les fruits de l'imagination de Madame J.K.Rowling dont je deviendrais plus tard l'elfe de maison pour la remercier d'avoir créé Harry Potter. Le monde de celui-ci lui appartient bien évidemment également et… hum, pardon. Début de chapitre.
Remerciements : Ceux qui m'encouragent, mes reviewers à qui je réponds à la fin de ce chapitre, aux chansons : Clocks, Warning Sign, Trouble, toutes trois de Coldplay, It's been a While de Staind, Grace de la BO de Jin-Roh, Lost Lullaby de Lacuna Coil.
A Ginny qui trouve les mots que j'aimerais murmurer, à Harry dont la place de préféré ne permet pas d'échapper à mes lubies imaginaires...
Chapitre 5 - Respiration et Pharmacie
« Harry ! »
Le visage rond de Mrs. Weasley, la ride fine et douce qui embellissait son sourire fort, ses yeux bruns brillant et enveloppant chaque enfant, ses bras vigoureux, son châle vert Harry se retrouva enserré d'une présence maternelle et plaisante.
Il sourit et rendit maladroitement son étreinte à Mrs.Weasley. Celle-ci recula et le contempla avec tendresse.
« Je suis contente de te voir ici. Je m'inquiétais, tu sais… »
Ginny se débarrassait de sa veste en cuir qu'elle accrocha au portemanteau. En se retournant trop vite, elle effleura le rideau qui recouvrait le portrait de Mrs.Black. Elle se figea, imposant d'un regard l'immobilité de tous. Mais aucun cri désagréable ne retentit, et elle put reposer son pied sur le sol tandis que Mrs.Weasley, Harry, Tonks et Remus qui les observaient de la cuisine purent inspirer une nouvelle bouffée d'air. Nymphadora s'approcha et Ginny la rejoint avec un large sourire. L'apprentie Auror interrogea Ginny sur ses vacances. A ce que put en comprendre Harry, la température hivernale s'était également abattue dans les foyers.
« Ron est là ? » demanda Harry.
« Bien sûr. Il te cherchait à l'étage avec les autres… »
« Et Hermione ? »
Mrs. Weasley dodelina de la tête.
« Elle n'est pas là… Ses parents ont insisté pour qu'elle reste avec eux cet été. »
Harry lui signala d'un regard qu'il avait compris.
« Comment ils… enfin… » tenta d'interroger.
« Plutôt bien, pour des gens insensibles à la magie qui apprennent que leur fille de quinze ans est sans cesse en danger de mort dans le monde où ils la laissent vivre… » répondit Ginny de loin.
Tonks les regardait avec un regard absent et songeur. Remus s'affairait dans la cuisine. Harry l'entendait ouvrir et fermer des tiroirs à grande vitesse.
« Ils… ils la laissent retourner à Poudlard ? » s'inquiéta Harry.
« Oui, heureusement. » assura Mrs. Weasley.
« Que s'est-il passé depuis le début de l'été ? » s'empressa de demander Harry.
Un silence s'installa dans le couloir, et le visage de Sirius s'évertuant à convaincre qu'Harry, à quinze ans, était en droit de comprendre ce qui se passait, apparut dans l'esprit du jeune sorcier. Il balaya cette vision de sa mémoire. Mrs. Weasley tressaillit et répondit lentement :
« Rien de… tellement important. Une disparition inquiétante d'un membre ministère, Vincent Elbow… Ne t'inquiètes pas pour l'instant. » conclut-elle en passant une main aimante dans ses cheveux en bataille.
« C'est la peur qui prend au ventre, c'est l'attente, c'est juste ça. » dit Ginny.
« Juste ça… » répéta Harry avec ironie.
Ginny haussa les épaules.
« C'est mieux que des morts… »
« Ginny ! » s'offusqua Mrs. Weasley.
Ginny baissa les yeux et croisa les bras.
« Je vais rejoindre Ron. » dit Harry en grimpant les marches.
« Je te suis… » déclara Ginny.
Ils montèrent les escaliers et ouvrirent une à une les portes des chambres. Bonne autant que mauvaise idée : Harry découvrit les pièces avec étonnement – tout cela lui appartenait... – mais les nombreuses créatures qui somnolaient, attendaient, et s'étaient multipliés depuis des années, se réveillèrent avec une énergie incroyable et sautèrent aux cous de Harry et de Ginny. Les bêtes étaient, pour certaines, familières, mais d'autres étaient apparemment des spécimens rares, peut-être même non répertoriés au bureau des Créatures Magiques, remarqua Ginny avec un regard lourd d'accusations lorsque ils eurent vivement refermé la porte d'une salle de bain grouillante de cafards géants, à la carapace pourpre.
« Tu crois que… » demanda Harry, hésitant.
« La famille Black ne semblait pas être des plus blanches d'après ce que… »
Ginny s'interrompit. Elle semblait réfléchir. Harry détourna les yeux.
« Ce que Sirius nous a dit. » acheva-t-elle d'un ton déterminé.
Harry lui lança un regard vitreux. Elle lui sourit doucement.
« Il faut prononcer son nom. Il ne faut pas l'oublier. »
Harry sentait son épaule gauche frotter contre le mur qui semblait tomber en poussière quand on s'y appuyait trop.
« Pourtant… »
Il fronça les sourcils.
« Ca fait trop mal. »
« Un temps pour tout, Harry ! » dit Ginny. « On ne doit pas s'enfermer à quinze ans, et pourtant c'est douloureux mais également confortable. La perte, quand on a notre âge, c'est toujours plus dur, plus fou. Mais on ne peut pas refuser de vivre parce que quelqu'un n'est plus là, pas nous, pas toi. »
« Je ne peux pas l'oublier ! » dit Harry. Il ne criait pas, mais il entendit sa voix comme maculée de poussière, de larmes.
« Qui te demande de l'oublier ? Sûrement pas nous ! C'est la dernière chose à faire. Je te demande juste – parce que je sais que ton mal va s'estamper – de continuer à respirer, à vivre, à marcher. Encore un peu. Et bientôt, tu le feras avec la même facilité qu'avant, peut-être même mieux qu'avant. Tu sauras que tu as vaincu ce contre quoi beaucoup d'adultes luttent et ne parviennent pas, ne gagnent pas… »
Elle s'arrêta un instant, puis reprit.
« C'est comme tous ces adolescents qui décident d'abandonner parce qu'ils n'arrivent pas à ce qu'ils veulent. Ils savent pourtant pertinemment que s'ils continuaient, ils arriveraient un jour… »
Harry savait à quoi elle faisait référence. Le regard de Ginny était teinté d'une étrange couleur – une aquarelle de vécu, de souvenir, d'images.
« Pourquoi partent-ils alors ? » interrogea Harry doucement.
« Trop mal… » répondit-elle.
Harry gardait son regard posé contre le sol. Ils continuaient tous les deux d'avancer. Ils avaient fini cet étage et devraient, dans quelques pas, rejoindre le suivant par un escalier étroit. Soudain, Ginny se mit en travers du chemin de Harry qui à ce moment précis se cogna contre une lampe ternie survenant brusquement du mur avec un miaulement sonore.
« Promets-moi de ne pas partir. »
Il la scruta, surpris d'une pareille réaction.
« Promets-moi, promets-nous de ne pas faire comme eux, de continuer à respirer. »
Ses yeux étaient obstinés et suppliants à la fois, sa voix dure.
« Tonks m'a raconté ce qui s'était passé ce matin, à la Lande. Il faut respirer. »
« C'est venu… » commença-t-il.
« Oui, je sais, tout seul, mais il ne faut plus que ça vienne, il ne faut plus que ça arrive. Si ça se produit encore une fois, appelle au secours. Appelle-nous, on ne peut pas faire grand chose pour toi, on est juste là, c'est dérisoire, mais tu as besoin de nous en ce moment. Tu ne peux pas t'en sortir tout seul. »
Sa voix était maintenant saccadée, comme poursuivie. Elle plongea son regard dans le sien.
« Je… »
Il hésita.
« Je promets. »
Ginny sourit.
« Merci. »
Il réfléchit un instant. Il n'avait pas vraiment pensé à tout ce que Ginny lui avait dit, mais pourtant… Il avait promis.
Elle se retira de son chemin et glissa ses mains dans les poches de son pantalon gris, soudainement nonchalante.
« Viens, on finira bien par les trouver. »
Il passa sa main contre son crâne, à l'endroit où la lampe l'avait violemment frappé. Une bosse se formait lentement. Il grinça des dents.
Elle se tourna.
« Ca ne va pas ? »
« Une lampe assassine qui s'est matérialisée du mur. » répondit Harry.
« Tu vas devoir même domestiquer les lampes… » soupira Ginny.
« Tout le mobilier tu veux dire… Je parie que la moindre petite cuillère peut mordre. »
Elle éclata de rire et enjamba deux à deux les marches de l'escalier.
« Et ta blessure à l'œil gauche ? »
« Un Yurgel un peu méfiant. »
Fred siffla. Harry et Ginny avait trouvé les jumeaux dans une salle de bain du quatrième étage – ils étaient occupés à chercher dans une armoire d'apothicaire – et cherchaient désormais avec eux de quoi guérir les multiples égratignures, hématomes, bosses qu'ils s'étaient faits lors de la visite-recherche des deuxième, troisième et début du quatrième étages.
« Il y a vraiment des monstres, tu sais ! » confia Ginny à George qui les observait d'un air attentif.
« Vous êtes stupides de faire ça seuls. » dit-il calmement.
« Stupide dans ta bouche devient un compliment. » siffla Ginny.
« Et ce n'est rien par rapport au sens qu'il prend dans celle de Goyle – ou de Crabbe, au choix. »
« Huile de Caramecas… Quelqu'un sait ce que c'est que du Caramecas ? » questionna Fred.
« Demande à Tonks, avant d'être Auror elle voulait être professeur de Botanique… » conseilla Ginny.
« Vous avez trouvé des Bundimun ? » demanda George, tandis que Fred reniflait la bouteille qui contenait la mystérieuse huile de Caramecas.
« Tu te lances dans une entreprise de fabrication de Détergent ? » répliqua Ginny.
« Presque. Tu brûles. » répondit George.
« C'est répugnant ! » s'exclama Fred.
« Les Bundimun ? Je ne te le fais pas dire ! » approuva Ginny.
« Non, l'huile de Caramecas. » corrigea Fred.
« Qu'est-ce qu'un Bundimun ? » demanda Harry. Il détestait montrer ses lacunes en matière de magie.
« Une chose dégoûtante qui vit sous les parquets. Ca ressemble à de la moisissure avec deux yeux, un truc immonde ! » décrivit Ginny, les yeux révulsés.
« Il y en avait une colonie dans la maison de grand-mère, tu te souviens ? » dit George, un grand sourire aux lèvres.
« Soigne les mal de dos et de gorge, solution cutanée… Personne n'a des problèmes d'angine ou de colonne vertébrale ? » interrogea Fred.
« Non non ! » assurèrent les trois autres en observant l'infâme huile verte qui coulait, poisseuse, dans les doigts de Fred.
« Vous êtes sûrs ? J'ai ce qu'il faut… »
« Je te donne ma parole que tout va pour le mieux… » déclara Ginny en se reculant un peu des mains dégoulinantes de son frère.
Fred soupira et se leva pour se rendre à l'évier.
« Il va falloir des années pour remettre tout ça en ordre… » fit remarquer George en lançant un regard circulaire autour de lui.
Harry savait qu'il parlait de la maison entière. Il ne savait même pas combien d'étages elle comptait. D'extérieur, elle semblait minuscule. Il savait pourtant qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences de la magie… Et en arrivant à cet étage, il avait encore noté deux escaliers différents et trois passages secrets dans les murs.
« Tu es d'un pessimisme ! » protesta Ginny. « En y passant quelques semaines, intensivement et sérieusement, je peux t'assurer que dans un ou deux ans tout sera en place ! »
« On ne parle pas que du désordre ! Nom d'un dragon, il n'y a que l'évier de la cuisine qui marche ici ou quoi ? » cria Fred et qui donnait des coups violents contre l'émail.
« Evite de casser la tuyauterie, ce sera déjà ça de moins à refaire… » préconisa Harry d'un ton las. Il songea à tout ce que cette maison représenterait pour lui dorénavant. Ce serait énormément de travail… Difficile de penser qu'il était le propriétaire de cette demeure. C'était… C'était important de réussir à remettre cette maison en ordre. Il se souvenait du visage de Sirius, sombre, qui racontait, d'une voix acide, l'histoire de ses aïeux, le calvaire de ses jeunes années, il se rappelait de la chambre secrète, où tout semblait hurler le désir de l'évasion, plus fort encore que dans les autres chambres d'adolescents. Et les yeux de Ginny qui le priait d'agir, de décider… Son regard se posa contre un énième serpent d'argent gravé entre deux étagères. Pour Sirius, et pour lui aussi, ranger, mettre de l'ordre, nettoyer, métamorphoser les pièces comme il aurait pu métamorphoser le sombre avenir qui semblait se dessiner devant eux.
« Bon, je crois qu'on a tout pris… » déclara George en secouant le tiroir pour en faire tomber les derniers bouts de coton qui y demeuraient.
« Direction la chambre d'à côté ! » annonça Fred d'un ton guilleret. « On a repéré des coussins sauteurs, des antiquités ! »
« Je vous souhaite bien du plaisir » répondit Ginny en se levant. « Et toi tu ne bouges pas ! » ordonna-t-elle à Harry. Celui-ci se rassit sur le bord de la baignoire. Les jumeaux quittèrent la pièce (Fred s'obstinait à s'essuyer ses mains gluantes contre son pull sous le regard perplexe de Ginny) et la jeune sorcière brandit deux bouteilles de produit et des cotons qu'elle avait mis de côté en fouillant dans le tiroir.
« Tu saignes, je vais te soigner. Cette baignoire est à une hauteur parfaite. Tu es beaucoup trop grand pour moi maintenant. »
Harry ne put s'empêcher de rire, doucement, nerveusement. Il la dépassait d'un ou deux centimètres à peine. Ginny souriait, un coton imbibé d'eau entre l'index et le pouce droits et un autre coton, celui-ci submergé d'une lotion bleue et fumante, dans les doigts gauches. Elle nettoya d'abord la bosse et la plaie du front.
« Arrête de rire, je ne vais pas y arriver et tu vas te retrouver avec une peau bleue vif ! » averti-elle d'une voix légère, concentrée sur ses actes. Il s'exécuta.
« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il.
« Du concentrée de Huri-gabi. C'est une herbe africaine recommandée pour les petites blessures et tout ce qui ne veut pas coaguler. »
« Tu t'y connais en... ? »
« Médicomagie ? Un peu. »
« Tu veux être Médicomage ? » s'étonna-t-il.
Elle sembla réfléchir un instant.
« C'est une de mes idées. Mais depuis un an je me demande si je ne peux pas encore plus utile autre part… Me battre vraiment… »
« Mais on a encore plus besoin de médecins que d'Aurors ! » s'exclama Harry.
« Ne bouge pas. »
Elle s'occupa ensuite du filet de sang qui s'écoulait de ses lèvres.
« Tu es allé à la petite cérémonie d'orientation ? »
« Avec Umbridge… oui. »
« Et qu'est-ce que tu leur as dit ? »
« Auror… » répondit-il tout simplement.
Elle ne laissa rien paraître.
« C'est fini… »
Et elle balança les bouteilles dans le tiroir.
« Tu ne te soignes pas ? »
« Je n'ai ni bosse ni plaies ouvertes, juste des bleus, ça va passer. » assura-t-elle.
Elle lui sourit.
« Viens. On va trouver Ron. »
Harry frappa délicatement sur la porte vert forêt qui s'offrait à lui. Ils avaient, il y a quelques couloirs, « réveillé » un fantôme qui les avait incendié pour leur impolitesse et leur manque de savoir-vivre : ils étaient entrés comme des voleurs dans sa chambre, sans s'annoncer et sans frapper. Harry ouvrit la porte avec prudence. Ginny passa sa tête sous son bras pour jeter un coup d'œil à son tour. La pièce semblait calme. Elle comportait un vieux sofa gris, et des portraits accrochés sur les murs. Rien de plus.
« Le premier qui rit ne pourra plus entrer dans la Grande Salle sans supporter les ricanements des Serpentards. »
Harry et Ginny sursautèrent. Leurs yeux parcoururent la pièce, et lorsque Ginny leva les siens vers le haut, ils s'écarquillèrent la main de la sorcière vint tirer la manche de Harry, qui à son tour, observa le plafond. A demi enfoncé dans la voûte, le visage visible jusqu'aux oreilles, le torse à peine apparent, le bout des pieds et quelques doigts seulement présents, Ron les fixait, le visage impassible, les yeux fermés, comme résigné, concentré sur le calme qu'il se devait de garder. Ginny semblait pouvoir respecter la demande de son frère, elle paraissait plus stupéfaite qu'amusée. Harry, quant à lui, se contenta de demander… Comment ?
« Un sol de sables mouvants. J'ai rarement vécu plus désagréable. »
« Je te proposerais bien de monter et te de décrocher, mais étant donné qu'il est impossible de comprendre l'architecture de cette maison… » dit Harry, embarrassé.
« Trouve une solution. Ca fait une heure que j'appelle au secours sans succès. Et parlez plus fort, mes oreilles sont dans l'autre pièce.»
« On peut décoller le plafond et aviser de la pierre qui t'entoure après… » proposa Harry.
« Ca va abîmer cette superbe voûte ! » protesta Ginny.
« On ne peut pas penser à tout… »
« Quelle idée aussi de faire une pièce avec une moquette en sable mouvant… »
« Quelle idée de ne pas la fermer… »
« Quelle idée de s'y risquer… »
« Faites-moi sortir ! » dit Ron, interrompant l'échange.
« Un sort de découpe ? » dit Ginny, hésitante.
« On va le blesser. »
« Pas grave… »
Au regard noir que leur lança Ron, ils surent que c'était le moment d'agir. Ginny émit un lourd soupir.
« Quel calvaire d'avoir des frères pareils ! »
« Je ne parlais pas d'appeler les adultes quand je demandais une solution. » déclara Ron sèchement.
« Tu m'aurais vu faire la même chose que Lupin ? » répliqua Ginny.
Ron époussetait la poussière qui maculait son pull.
« Il ne te manque rien. C'est le principal non ? » demanda Harry.
Ron lui lança un œil qui semblait ne pas savoir, qui paraissait hésiter.
« Tu as raison… tu… enfin, tu vas bien ? Je veux dire, tu n'es pas malade, tu… ? »
« Ca va. » répondit Harry.
Il songea qu'il y a quelques heures la réaction de son ami l'aurait énervé, dégoûté, déstabilisé. Mais il se rappelait de la voix de Ginny, de tout ce qu'elle lui avait dit depuis, et les mots, les gestes de Ron ne provoquaient plus son indifférence. Tout comme, il supposait, les paroles de Tonks ne susciteraient plus en lui sa colère. La silhouette dégingandée de son ami, ses yeux perdus, sa voix tremblante, son bras qui massait son cou dans une fausse décontraction… Harry sentit son cœur se gonfler d'indulgence, et aussi de cette affection garçonne et fraternelle qui permet les regards mais défend les corps.
« Alors… ? »
Ron lui lança un regard interrogateur. Derrière eux, Ginny suivait, en silence.
« … Tes vacances… » précisa Harry.
Il gardait ses yeux baissés, les mains dans les poches, tandis que Ron semblait réfléchir à ce qu'il pouvait dire.
« Pas grand chose… A part que Bill est revenu avec… »
Il soupira.
« Ils ne t'ont rien dit ? »
« Je ne crois pas… » répondit Harry qui se retourna pour observer le visage de Ginny dont l'expression demeurait impassible.
« Fleur Delacours ! » déclara Ron.
Il semblait incroyablement sombre. Tellement que c'en était comique.
« J'étais persuadé qu'avec tout ça, il avait cessé de lui donner des cours ! Et bien non ! Monsieur continue à… »
« … Penser un peu à lui ! » finit Ginny. « Ils sortent ensemble ! » ajouta-t-elle à l'adresse de Harry. « Mais de toutes façons on l'avait prévu, alors… »
« Absolument pas ! » détacha Ron.
« Elle est adorable. »
« Le problème n'est pas là. »
« Tu n'en reviens pas du vent d'il y a deux ans. »
« Non plus ! »
« Alors ? »
« Je ne sais pas ! » rétorqua Ron.
Ginny laissa échapper un petit rire et elle secoua légèrement la tête de droite à gauche.
« Et Hermione ? » demanda Harry.
« Restée chez elle… »
Ron donna un coup de pied dans un caillou imaginaire et provoqua un pli sur le tapis. Ses yeux s'étaient teintés de mélancolie.
« C'était assez extraordinaire de voir le calme avec lequel ses parents ont compris la situation. »
« Et elle ? »
« Juste minimisé la situation, avec tact, je crois, et puis… »
Ron s'interrompit. Il lança un regard perçant à Harry.
« Je suis nul pour mentir. Elle ne va pas bien du tout. »
Le jeune sorcier lança un coup d'œil à sa sœur.
« Elle sait toujours ce que chacun doit faire mais ça lui est impossible de se prodiguer à elle-même sa propre sagesse ! » s'exclama Ron.
« C'est difficile de se rendre compte de sa vulnérabilité lorsqu'on passe son temps à aider ses proches à accepter la leur… » protesta Ginny.
« C'était dur de la voir comme ça… »
« Elle a appelé au secours. Ce n'est pas Maman ni Papa qui lui ont proposé de l'aide. »
Ron se tut. Ginny se tourna vers Harry.
« On s'est vus à Londres et elle a demandé à nos parents de l'aider. Elle ne connaissait pas assez les événements, elle n'avait jamais expliqué à des moldus. Papa passe son temps à le faire, c'était plus facile pour lui. »
Harry acquiesça. Hermione qui savait toujours tout, Hermione qui conseillait, Hermione qui comprenait, qui pardonnait, qui exigeait de la raison, Hermione qui lui avait téléphoné, et Hermione qui perd pied, Hermione qui ne sait plus, qui hésite peut-être, qui implore de l'aide, parce qu'elle ne sait pas comment faire.
« C'est le désordre… » déclara Ginny.
Harry et Ron se concertèrent des yeux. Oui, c'était le désordre.
« J'ai faim ! On va aider à la cuisine ? »
La voix de Ginny, claire et forte, les retira de leur torpeur et ils la suivirent sans contester dans les escaliers. Ce ne fut que presque arrivés au rez-de-chaussée, que Ron s'arrêta sur sa marche, devant un tableau représentant Alfonse-Armand Black dont les yeux rouges brillaient, pour dire :
« Au fait… Bon anniversaire. »
Et Harry réalisa qu'il avait seize ans.
*
Chapitre cinq terminé.
J'ai fait de grandes découvertes notamment à propos de la mise en page, au niveau des lignes. Les espaces seront désormais moins importants…
Certains auront peut-être remarqué le changement de style, dû à l'apparition d'autres personnages qui partageront désormais une grande partie de la vie de Harry, du nombre de dialogues, et puis du changement d'humeur de Harry… plutôt positive, non ? Pas d'inquiètes pour ceux qui aimaient l'ambiance dépressive et mélancolique des premiers chapitres, il y en aura d'autres. L'état de Harry ne peut pas s'améliorer en quelques paroles. Mais les gens qui, comme Ginny, savent trouver la manière d'asperger de lumière les personnes qui en manquent cruellement, surviennent parfois et provoquent quelques brefs accès d'espoir, qui ne s'en vont pas forcément croissants dans les âmes et les corps.
Bon, j'ai gagné, je m'égare et maintenant je ne sais plus ce que je voulais dire.
Ah oui, quelques adresses narcissiques mais qui m'amusent tellement :
Un joli montage par Tilicho… Merci Tili !
Et voici un de mes dessins sur un passage du chapitre 3… Il n'est pas excellent et un peu vite fait, mais enfin… Harry et Tonks, pour ceux qui n'auraient pas reconnu…
Et maintenant, passons aux reviews :
Chère Fanatique, tu me flattes énormément ! (mes chevilles…) Je suis contente si j'ai réussi à te satisfaire avec les quatre premiers chapitres. Allons voir maintenant si tu apprécies autant ce chapitre-ci…
Shinia Marina ! (au passage, allez voir là-bas = , plein de dessins et de textes, du yaoï, enfin de quoi vous remonter le moral lorsque vous êtes malades, fatiguée et déprimée et que vous savez pas quoi faire de votre journée de convalescente… surtout pour les filles en fait.) Je suis transportée dans un monde parallèle lorsque je lis ce genre de reviews… Non pas que je suis ravie de vous faire pleurer, mais savoir que j'ai réussi à toucher des gens, c'est la plus belle des récompenses (au risque de paraître clichée-natique, j'utilise cette expression qui me semble être la plus juste !) Le temps des pleurs finira peut-être par passer ! Il y aura en tout cas des passages de soleil, ou du moins de douceur. En fait mon histoire et mes personnages me surprennent au fur et à mesure que j'écris cette fic, le comble quand je passe ma vie à faire des plans, que je finis d'ailleurs par contourner ou ne pas respecter, involontairement, inconsciemment !... Enfin bref, je m'égare encore une fois. Merci Shinia !
Jeanne d'Arc, à cause de toi il m'est impossible de rentrer dans mes chaussures désormais ! Tsss ! (quoiqu'en fait c'est peut-être préférable étant donné que j'ai endurance demain…) C'est vraiment gentil et encourageant ! Mais ne te dénigre pas pour autant ! J'ai jeté un petit coup d'œil (et lirais bientôt en profondeur) ce que tu écris, et ça m'a l'air pas mal du tout ! Bon courage à toi !
Silver. Ah, encore un qui va lapider mon argent de poche en pommade pour chevilles enflées ! … Merci énormément. J'espère que ce chapitre te plaira tout autant… En espérant que tu ne trouves pas déplacée une ambiance plus… confiante. Merci d'être là. Merci beaucoup.
Baka Tili ! Non seulement tu reviews après tout le monde mais en plus tu comprends pas ce que j'écris ? Huhu. A défaut de t'expliquer en image : Harry est dans la chambre où il dormait pendant les vacances du tome 5, il regarde le sol, dans lequel est taillé une trappe, il ouvre la trappe, se glisse dans l'ouverture de la trappe et bim !, se retrouve dans la chambre de Sirius. Quant aux dates, je fais ce que je veux avec, Baka, va. Tu mériterais vraiment de boire du jus d'orange au nouvel an.
Chère Izabel, merci beaucoup pour tous ces compliments… J'espère que ce chapitre te plaira.
Merci encore une fois à vous tous !
Si vous avez aimé, ou détesté, ou trouvé des détails dérangeants, émettre une critique, bref, reviewez ! Ca me fait toujours plaisir et c'est intéressant de savoir ce que pense le lecteur qui n'a pas aimé.
Bien à vous !
