AN : Voilà une nouvelle fiction… Certains d'entre vous en ont déjà entendu parler… sous d'autres dénominations : « le brouillon », « le délire au crack », « Que des Enfants »…
Enfin bref, voilà… en espérant que vous ne serez pas déçus…
(une petite pensée pour Lunard, Fred et George…. ^-^)
Vous n'êtes que des enfants
Prologue
1 – La fin est un commencement.
Le soleil se levait au-dessus des arbres de la Forêt Interdite une nouvelle fois.
Poudlard avait vu énormément d'aurores, toutes plus belles les unes que les autres, mais c'était la première fois que Dumbledore perdait l'espoir devant le spectacle de la journée naissante.
C'était pourtant l'aube d'une belle journée. Les dernières brumes de l'hiver agonisaient sous les rayons timides du soleil, et l'air avait déjà une odeur de printemps. Tout était si calme…
Le vieux directeur posa le livre qu'il feuilletait distraitement, repoussa sa chaise et se leva. Malgré l'heure matinale, il allait descendre à la grande salle… les premiers élèves seraient bientôt levés.
Fumseck laissa couler une douce note de sa gorge et suivit Albus d'un léger coup d'aile. Mais le chant du phoenix n'apportait plus aucun réconfort au vieux sorcier. Peut-être qu'il s'agissait du dernier jour du château. Peut-être la situation était-elle réellement désespérée. Pour la première fois depuis plus de deux ans, Dumbledore ne voyait plus d'issue à la situation.
Quand il était revenu à la vie, Voldemort n'avait pas menti en disant qu'il récupérerait ses pouvoirs rapidement. Tout s'était passé comme si les treize ans d'intervalle n'avaient jamais existé.
Les forces du Seigneur des Ténèbres n'avaient pas tardé à frapper sévèrement le monde magique, et même Fudge s'était vite rendu à l'évidence, sinon à la raison.
Le vieux directeur de Poudlard accéléra un peu le pas vers la Grande Salle, comme si ce simple fait pouvait lui permettre d'échapper à ses souvenirs, bien qu'il fut trop sage pour se laisse bercer à de telles illusions.
Le soleil se faisait plus enthousiaste, et ses rayons rasants illuminaient les corridors par lesquels Albus passait d'une vive lueur rouge-dorée qui n'aurait pas juré avec Gryffondor.
L'été juste après le retour de Voldemort avait été beau et chaud, aussi. Mais personne dans le monde sorcier n'avait vraiment eu le loisir d'en profiter. Encore moins ceux qui travaillaient aux côtés de Dumbledore.
Malgré tous leurs efforts, et les mesures rapides qu'ils avaient prises, le ministère les avait considérablement ralentis. Fudge et la moitié des officiels, d'un côté, par leur obstination à nier les faits jusqu'à ce qu'ils soient trop évidents… l'autre moitié du Ministère avait suivis les traces de Bartemius Croupton Senior.
La Grande Terreur avait recommencé. Et ils avaient tous été impuissants à la refouler.
Albus ralentit dans un couloir d'où il pouvait voir une grande partie du terrain de Poudlard. Le lac brillait doucement, et une chouette lapone, qui avait appartenu à Poudlard, s'y attardait, encore en train de chasser sur les rives boueuses.
Les quelques rapaces encore en vie étaient retournés à la vie sauvage. Il n'y avait plus de courrier.
Le réseau de Cheminette était bloqué.
Les Portoloins ne transportaient plus nul part.
Non qu'il y ait encore eu quelqu'un à qui écrire ou quelque part où aller, en dehors de Poudlard. Le vieux château était la dernière place du Royaume-Uni qui n'était pas contrôlée par les Mange-Morts.
En conséquences, c'était également là qu'habitaient tous les survivants qui consistaient en une poignée d'Aurors et quelques Résistants au service de Dumbledore. Poudlard ne paraissait pas plus rempli qu'à l'ordinaire, même avec ces personnes supplémentaires.
En fait, chaque maison comptait quelques élèves en moins. C'était principalement à Serpentard que quelques élèves parmi les plus âgés étaient volontairement partis rejoindre leurs parents, mais dans les trois autres maisons aussi, certains manquaient à l'appel.
Fumseck se tut lorsqu'ils arrivèrent dans le Grand Hall, et partit se percher discrètement sur une poutre sous les grandes voûtes de pierre. Albus entra dans la Grande Salle, où il n'y avait qu'une seule personne, de si bonne heure. Severus Rogue était assis à la table des professeurs, le regard perdu dans le vague. Il mangeait sans se rendre compte de ce qu'il y avait dans son assiette.
Le directeur ne put que soupirer. Comme presque tout le monde, le Maître des Potions avait perdu un être cher, et cela l'avait rendu d'autant plus amer. Il était devenu impossible d'avoir la moindre conversation mondaine avec le pauvre homme. Dumbledore ne pouvait pas vraiment l'en blâmer.
Il se dirigea donc vers la table, et sa place, dans la perspective d'un repas silencieux.
Bientôt, les premiers élèves se lèveraient et, s'ils avaient un peu de chance, la journée se passerait sans évènements, et ce serait une nouvelle journée d'attente anxieuse jusqu'au lendemain.
Des mois de guerre avaient fini par ancrer de dures habitudes, même chez les plus jeunes. Pour se préparer aux pires éventualités, professeurs, étudiants et résidents de Poudlard ne dormaient que d'un œil, leurs baguettes à portée de main, juste sous l'oreiller.
Tout était encore calme, et même le château semblait encore endormi, ses murs encore froids sous le soleil matinal.
Albus ne s'était pas encore assis, cependant, lorsque Poudlard se réveilla en sursaut.
Le château trembla, jusque dans ses fondations, et Severus bondit sur ses pieds, baguette à la main. Un hurlement d'alarme s'éleva alors des murs.
Les Mange-morts attaquaient Poudlard.
Il ne fallut que quelques minutes pour que le calme attentif se transforme en une fébrilité inquiète.
Les habitants du château se mirent à courir dans les couloirs, robes tout juste jetées sur leurs pyjamas, baguettes à la main. Dans le vacarme assourdissant que faisait le château – des voix graves des pierres de taille aux voix aiguës des vitres, en passant par l'harmonie des escaliers – ils avaient tous l'air un peu perdu.
Ils savaient quel était leur rôle, cependant. Tous les quatrième année rameutaient les élèves plus jeunes vers les cachots, la partie la plus sûre du château. Quelques uns d'entre eux avaient des listes d'élèves, et tentaient d'obtenir le calme pour s'assurer que personne n'était oublié.
Les professeurs, déjà prêts, auprès des grandes portes de chêne du château, organisaient les autres élèves. Un chat, McGonagall, les rejoignit bientôt, suivie des septième année Gryffondor au complet, Neville à leur tête.
- Le meilleur endroit où poster les cinquième année, disait Ron à Ginny en s'attardant derrière, c'est le couloir des Enchantements. N'oublie pas : il vaut mieux lancer peu de sorts et bien viser…
Ginny partit presque aussitôt dans la direction opposée avec un rapide signe de tête, frayant son chemin à travers un groupe d'Aurors. Les cinquième année se regroupaient d'eux-mêmes un peu plus loin, l'air tendu.
Et finalement, lorsque McGonagall, Ron et Neville eurent épuisés leurs derniers, inutiles conseils et instructions, les portes de chêne s'ouvrirent, et ils sortirent calmement à la rencontre de l'armée de Voldemort.
Les sixième année se déployèrent immédiatement devant les portes de Poudlard, prêts à défendre l'entrée du château, laissant les autres continuer, Aurors et Résistants en tête, suivis de près par les septième année.
Ils pouvaient déjà voir les Mange-Morts qui avaient réussi à franchir les portes du terrain, malgré la féroce défense des Sangliers Ailés à l'entrée. Ils étaient des milliers et, face à eux, les défenseurs de Poudlard n'étaient qu'une petite poignée en comparaison.
Ils marchaient les uns vers les autres dans le silence. C'était le moment que Harry détestait le plus. L'anticipation était insupportable, comme lors des épreuves du tournoi des trois sorciers. Même Ron et Hermione, pâles comme la mort, ne disaient rien. Ron se contentait de marcher toujours un pas en avant de la jeune fille, prêt à la protéger de son corps, si besoin.
Sirius, en première ligne, jetait fréquemment des regards à son filleul, ce qui l'exaspérait au point haut point. Un jour, songeait Harry avec une boule au fond de la gorge, Sirius se ferait tuer à se préoccuper davantage de Harry que de sa propre sécurité.
La bataille commença dès que les deux groupes furent à portée de sorts. Maugrey fut le premier à lever sa baguette. Tout devint alors confus et violent.
Malgré toute la férocité des défenseurs de Poudlard, il se passa peu de temps avant qu'ils ne commencent à reculer inexorablement vers le château.
Bizarrement, et bien qu'elle fut entièrement concentrée sur le Mange-Mort en face d'elle, Hermione ne pouvait s'empêcher de remarquer que la lumière matinale devenait plus clair. L'aube s'achevait, il faisait jour. Le soleil était déjà chaud, mais une brise tranquille collait ses cheveux sur son front trempé de sueur.
Elle lança un nouveau sort, déstabilisant le jeune Mange-Mort, et en profita pour jeter un coup d'œil derrière elle, où Ron et Harry se battaient pratiquement dos à dos.
Ils étaient maintenant juste devant les portes de chêne, nota Hermione en voyant quelques sixième année se joindre à la bataille de son côté. Elle jeta encore un coup d'œil à ses deux amis, et sursauta. Les Mange-Morts manœuvraient pour séparer Harry et Ron du reste de la foule.
Elle n'eut pas le temps de faire un pas qu'une douleur lancinante se répandit dans sa jambe, et elle tomba à genoux. Son adversaire avait récupéré plus vite qu'elle ne pensait. Elle ne se faisait pas d'illusions. L'ombre du Mange-Mort était déjà tombé sur elle, et elle souffrait trop pour réagir. Une vague de peur glacée, presque douloureuse, l'envahit alors qu'elle levait les yeux.
Le Mange-Mort semblait savourer sa victoire, et Hermione commençait à se demander s'il serait assez stupide pour attendre qu'elle se remette du choc. Sa baguette était déjà plus ferme dans sa main.
Avant que l'un ou l'autre puisse faire un geste, cependant, le Mange-Mort fut projeté en arrière avec une force incroyable, pour s'étaler, Stupéfixé, quelques mètres plus loin.
Hermione se retourna. Ron se dirigeait vers elle avec un regard terrible qui n'était pas loin d'égaler celui de Dumbledore. Personne n'osait l'attaquer, et cela aurait été sans succès, car il continuait à surveiller la bataille tout autour de lui en se penchant sur la jeune fille.
- Tu dois aller voir Mme Pomfresh, dit-il d'une voix blanche en voyant la brûlure que le sort avait causée.
- Non, ça va.
Pour prouver ses paroles, Hermione se releva, en essayant de ne pas chanceler. Elle avait terriblement mal, mais elle ne pouvait pas abandonner maintenant ! Elle se mit à chercher fébrilement Harry du regard, mais ne le trouva pas. Où était-il donc passé ?
- Hermione ! Tu dois te faire soigner !
- Non…
Mais Weasley ne voulait rien entendre. Il avait pris le bras d'Hermione et l'entraînait vers les portes, tout en la protégeant des Sortilèges perdus qui fusaient en tout sens.
- NON ! cria-t-elle plus fort. Harry ! Où est Harry ?
- Je m'en occupe. Rentre là-dedans !
La jeune fille essayait de se débattre, mais la douleur et l'exaspération eurent raison d'elle. La porte de chêne se referma devant son nez, et elle n'eut pas d'autre choix que de boitiller jusqu'à Mme Pomfresh. L'infirmière s'était installée dans le hall, et elle était déjà très occupée.
- Où est Harry ? demanda soudain Sirius, regardant autour de lui avec panique.
Remus eut une sueur froide et regarda à son tour avec frénésie, une fois qu'il se fut débarrassé d'un opposant difficile. Le jeune homme n'était plus dans son champ de vision.
- Il faut le chercher, insista Black, à moitié fou d'inquiétude.
Lupin ne put que hausser les épaules. C'était pratiquement impossible. Personne ici ne pouvait faire un pas sans avoir à défendre sa vie. Il se sentait terriblement impuissant, mais il n'y avait rien à faire. La seule chose qui le réconfortait, c'était que Harry savait se battre. Mais Sirius ne semblait s'apercevoir de rien.
- Remus ! insista-t-il en tirant sur sa manche. Il faut retrouver Harry !
- Je veux bien, mais…
Il fut coupé. Une demi-douzaine de Mange-Morts les entouraient et les repoussaient lentement vers un mur du château. Ils étaient acculés. Et Remus avait beau essayer d'être optimiste, tout en construisant un bouclier avec Sirius, mais la situation n'était pas fantastique. En se rendant compte qu'il s'agissait peut-être du dernier jour de Poudlard, Remus avait bien envie de se laisser aller pour ne pas être témoin de ça.
C'est alors que résonna un tintement assourdissant. Une pluie de verre tomba sur les combattants avec assez de précision pour ne toucher que des Mange-Morts.
Sirius entendit un bruit sourd, juste au-dessus de sa tête, et plaqua Remus contre le mur à côté de lui par instinct. La seconde suivante, une gargouille de pierre s'écrasa juste devant eux, fauchant deux des Mange-Morts dans le même temps.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Les deux anciens Maraudeurs levèrent les yeux vers les tours de Poudlard. Il se passait que le château lui-même se défendait. Une tourelle semblait s'être penchée au-dessus d'eux et agitait ses fenêtres avec enthousiasme. Le verre brisé des vitres pleuvait sur les Mange-Morts qui effectuèrent un repli stratégique le plus loin possible – ceux qui pouvaient.
Sirius vit avec horreur une autre gargouille se détacher d'une rigole, et dévaler tout droit vers eux. Remus essayait de le tirer, à son tour, mais il était figé d'horreur, à regarder cette énorme monstre de pierre se précipiter vers lui.
A quelques mètres du sol, cependant, la gargouille rebondit sur un petit pilier à moitié inséré dans le mur, et s'écrasa sur un petit groupe de fidèles de Voldemort, non loin.
Très vite, les deux hommes profitèrent de la diversion qu'offrait le château pour se frayer un chemin dans la foule en cherchant Harry. Les Mange-Morts se remirent cependant à attaquer avant qu'ils ne l'aient trouvé.
Ce fut le moment que choisit le soleil pour s'élever juste au dessus des remparts du château, aveuglant la moitié des combattants. Les cinquième année se mirent alors en position aux fenêtres sans vitres du premier étage. Protégés par l'éclat du soleil derrière eux, ils purent soigneusement viser sans se préoccuper d'être visés eux-mêmes. Ils firent des merveilles sous la direction de Ginny.
Mais Harry restait introuvable.
Jusqu'à ce que Voldemort lui-même apparaisse. Le jeune homme se tenait en face de lui, droit comme une statue, et tout aussi immobile.
Ron voulut se précipiter vers son ami, mais il était juste devant les portes de chêne – à l'autre bout – et des Mange-Morts lui bloquèrent immédiatement la route. Sirius et Remus se retrouvèrent bloqués également, malgré la férocité de Black.
La moitié des combats cessèrent. Le face à face qui se jouait avait été attendu et craint depuis le début.
Tout se passait au ralenti, comme dans un cauchemar. Et comme dans un cauchemar, Sirius avait la désagréable impression de ne pas pouvoir bouger. Tout lui semblait se dérouler dans une eau profonde, et il avait du mal à respirer. C'était insupportable de regarder son filleul faire face au plus terrible sorcier du siècle sans pouvoir rien faire.
Comme quelques années plus tôt, Harry lança un sort au moment où Voldemort essayait de le tuer. Les baguettes formèrent le lien qui leur était si particulier.
En un instant, le chant de Fumseck se mit à résonner sur le champ de bataille, mettant fin aux derniers duels.
Ginny, du premier étage du château, vit clairement la bataille ralentir et s'arrêter. Elle vit ensuite se construire un dôme de lumière dorée au milieu des combattants. Son cœur se serra et elle tourna les talons pour se précipiter dehors – quoiqu'en dirait Ron. Harry était en danger, elle ne pouvait pas rester à l'écart. Un peu perdus, les cinquième année la regardèrent partir, incertains, se demandant sûrement s'ils devaient la suivre.
Le chant du phénix avait un drôle d'effet sur les combattants.
Les Mange-Morts s'inquiétaient, déchirés entre leur fidélité à leur maître et un grand désir de prendre leurs jambes à leurs cous sur-le-champ. Ils piétinaient, indécis, baguettes baissées, ne sachant quoi faire, les yeux fixés sur Harry et Voldemort.
Les autres combattants, au contraire, ressentaient une extraordinaire sérénité. Il s'approchèrent lentement du dôme de lumière, baguettes levées, sans rencontrer de résistance, cette fois, prêts à aider Harry si besoin.
Le silence et l'immobilité qui avaient soudain pris possession du champ de bataille contrastait si fort avecle chaos précédent que Sirius en avait la tête qui tournait. Il n'en lâchait pas pour autant le dôme des yeux, essayant de voir son filleul à travers les filins de lumière dorée.
Harry était mal en point. Sa baguette commençait à lui brûler les mains alors que les boules dorées se formaient sur le lien unissant les deux baguettes.
Il avait beau être passé par bien des choses, il n'était pas différent d'un adolescent normal, et en ce moment, il était tout simplement terrifié. Le priori incantatem n'allait lui acheter que quelques précieux moments, et il ne savait pas quoi faire après.
Il rassembla tout ce qui restait de sa volonté épuisée pour se préparer à faire reculer les perles sur le lien. Il aurait bien voulu revoir ses parents, encore, bien que c'était impossible. Voldemort n'était pas resté inactif ces deux dernières années, et Harry ne pouvait pas maintenir le lien pendant des heures, le temps que tous les sorts soient régurgités.
Il y avait des formes confuses, juste à l'extérieur du dôme, mais Harry ne pouvait pas y porter attention. Il devait se concentrer.
Il jeta un coup d'œil terrifié vers le visage de Voldemort, et sursauta. Le mage noir le regardait avec un rictus mauvais, mais confiant. Il avait trouvé un moyen. Il devait avoir trouvé un moyen de prendre le contrôle.
Et de fait, les perles de lumière se dirigeaient toutes, désormais, vers la baguette de Harry, malgré ses efforts.
Ses doigts le brûlaient horriblement, mais ils étaient collés à la baguette, et il n'y avait rien qu'il put faire pour briser le lien. Des larmes de désespoir et d'épuisement se mirent à couler sur ses joues.
La première boule de lumière trembla juste à l'extrémité de sa baguette et s'arrêta définitivement, semblant ne pas vouloir entrer en contact avec la baguette surchauffée. Le cœur de Harry bondit avec le plus infime espoir, et il leva les yeux sur Voldemort.
L'expression de celui-ci ne changeait pas. Il regardait les choses se dérouler avec délectation, et le jeune homme sut qu'il n'avait aucun espoir.
La deuxième perle vint se fondre avec la première, la faisant doubler de taille, et toutes celles qui suivaient venaient faire de même, jusqu'à ce qu'une énorme boule hésitait devant la baguette d'Harry.
En même temps, l'or du dôme s'était lentement transformé en un rouge sombre, et le chant du phoenix s'estompait jusqu'à ne plus être audible.
Le cœur de Harry tomba au fond de son estomac. Jamais il n'avait désiré d'avantage être ailleurs, dans son lit, ou dans les bras de quelqu'un qu'il aimait… Mme Weasley, ou Sirius…
Il pouvait sentir une énorme pression dans la boule devant lui. Il avait le sentiment que s'il rompait le fragile équilibre du moment, elle exploserait avec une force inouïe. Peut-être était-ce un moyen de détruire Voldemort…
Il n'eut jamais le temps de tenter quoique ce soit.
A l'extérieur du dôme, alors que l'or tournait au sang et que le merveilleux chant disparaissait, la sérénité disparaissait des cœurs pour laisser place à l'inquiétude.
Remus gardait sa baguette dirigée vers Voldemort. Ils devaient faire quelque chose, et il était persuadé qu'ils pouvaient faire quelque chose pour aider Harry, mais sa bouche s'ouvrait et se fermait sans jamais former de mots. Tous les sorts qu'il avait jamais appris passaient par sa tête, mais aucun ne convenait, et il se sentait terriblement impuissant. Il ne pouvait pas aider Harry.
Sirius poussa un grognement d'exaspération impuissante, à sa droite, juste au moment où Dumbledore, de l'autre côté de Remus, lançait un sort qu'il n'avait jamais entendu auparavant.
Ils furent presque immédiatement soufflés par une sorte d'explosion de lumière blanche. Remus roula à quelques mètres et enfouit sa tête dans ses bras. Ses yeux le faisait horriblement souffrir, bien qu'il ne fut pas sûr si l'explosion et la poussière soulevée était en cause. La lumière seule aurait été suffisante à tous les rendre aveugles.
Un corps le heurta et il entendit un juron. C'était Sirius. Il tendit les mains, non sans garder les yeux étroitement fermés, et trouva les bras de son ami.
Black laissa échapper un sanglot douloureux, et Remus crut que son cœur allait s'arrêter de battre. Si Harry et Voldemort avaient été au cœur de l'explosion, alors… ils étaient sûrement…
Il fallait ouvrir les yeux. Il devait s'assurer de ce qu'il s'était passé…
Lupin ouvrit doucement ses yeux douloureux, sans pouvoir empêcher le flot qui coula immédiatement sur ses joues.
Tout était très trouble. Un nuage de poussière s'attardait dans l'air humide, et tout ce qu'il put voir sur le moment fut la forme prostrée de Sirius, qui avait enfoui son visage contre son épaule. Il lui fit lever le menton un instant, pour constater que les yeux du pauvre homme était enflés. Il ne pouvait pas les ouvrir.
- Sirius… je vais voir ce qu'il s'est passé…
Sirius hocha douloureusement la tête, et resta à genoux sur le sol, tête basse, tandis que Remus se levait.
Tout le monde avait plus ou moins souffert du souffle de l'explosion et, partout où Lupin regardait, dans le brouillard de poussière, il voyait des formes prostrées, mais il devait s'assurer de ce qui était arrivé à Harry, et il ne s'arrêta pas.
Il parvint enfin à l'endroit où avait été le dôme, et où ne subsistait plus qu'un grand cercle d'herbe calcinée.
Au milieu de ce cercle, deux enfants étrangement semblables étaient assis, et s'étaient mis à pleurer et à hurler à pleins poumons.
