Scribouillarde : Shakes Kinder Pinguy
Mail : Mei_Fanel@hotmail.com
Couples : A venir : 2+1/1+2 acquis : 3+4+3 Solo+H+Solo 5+M+5 D+R+D
Genre : Romance/général, tapage sans raison sur Hee-chan AU
Rating : PG-13
Résumé : …j'y penserai plus tard.
Disclaimer : les beaux yeux d'Heero sont pas à moi…ni ceux des autres, d'ailleurs. . Mais ses lunettes sont miennes ! MWAWAWAWA !!
Avertissement : Alerte au fluff. Je ne suis pas responsable pour les crises d'hyperglycémie…
***
Chapitre 3
Heero se réveilla avec l'impression désagréable d'être enveloppé dans du papier de verre. Il ouvrit les yeux lentement. Il faisait encore nuit. C'était la nouvelle Lune et le seul éclairage qui passait par la fenêtre était la petite lueur des étoiles.
Sa chambre était devenue un amas flou, et il savait que ce n'était pas à cause de l'obscurité.
Heero grimaça lorsqu'il bougea, le coton du tee-shirt lui écorchant la peau comme s'il s'agissait de crin, et il retint son souffle, tendit la main lentement vers sa table de nuit pour attraper ses lunettes. Il les posa sur son nez, fit une nouvelle grimace de douleur lorsqu'elles touchèrent sa peau, mais les contours des objets devinrent un peu plus clairs.
Heero se leva, posant les pieds par terre doucement. Il se déshabilla calmement et se dirigea vers son bureau. Il ouvrit un tiroir, en tira un petit objet qui ressemblait à une lampe, et le posa au milieu de la chambre. Il prit les draps, les étala par terre, puis alluma l'objet. L'instant d'après, des milliers de couleurs venaient éclairer la chambre, comme un arc-en-ciel intérieur. Heero se rallongea nu sur les draps de soie.
Le contact était nettement moins désagréable, et il soupira de satisfaction. Peut-être que s'il attendait assez longtemps, la crise passerait sans atteindre son paroxysme.
Ça faisait quand même un moment qu'il se doutait que ça allait arriver. Sa vue se troublait de plus en plus ces derniers temps.
Heero resta sans bouger, respirant bruyamment, priant pour que ça passe. Mais malgré ses lunettes, les contours devenaient de plus en plus flous, les sons de plus en plus forts et la soie sur sa peau commençait à se faire moins douce.
Lorsque les couleurs du kaléidoscope disparurent à leur tour, le laissant dans un horizon de gris, Heero se mordit les lèvres et se recroquevilla sur lui-même, retirant brutalement ses lunettes. Il les jeta à l'autre bout de la chambre, et le petit tintement de leur atterrissage se répercuta vingt fois dans ses oreilles.
De la sueur apparut sur son corps, lentement, comme si une fièvre brutale l'avait possédé, et il commença à trembler, sa respiration se fit saccadée, il expirait plus d'air qu'il n'en inspirait.
Il se replia un peu plus dans une position rappelant celle d'un fœtus, et le mouvement de la soie sur sa peau lui fit lâcher un petit cri de douleur, un sanglot étranglé.
La pupille de ses yeux était devenue énorme, cherchant à capter de la lumière, un peu de lumière, juste un peu, mais le gris subsistait, il n'y avait pas de lumière, pas de couleurs, plus de couleurs, juste un monde en gris et gris, et bientôt même ça disparaîtrait, Heero savait qu'il serait bientôt seul dans le noir, le bruit, et la douleur en lui, sur lui, autour de lui…
Tout seul dans le noir et le bruit et la douleur et le noir et le bruit et la douleur et le noir et le bruit et la douleur…
Il ne se rendit pas compte que ses sanglots devenaient de plus en plus forts, et lorsque les dernières nuances grisâtres disparurent, le laissant dans le noir complet, il lâcha un cri de désespoir instinctif, un appel au secours sans attente de réponse.
Mais il fallut moins de quelques secondes à Odin et Hikari pour être dans la chambre de leur fils. Ji arriva presque immédiatement après.
Il n'y eut pas de paroles échangées, chacun savait ce qu'il avait à faire, et le moindre bruit de trop pouvait empirer les choses.
Hikari se précipita dans la salle de bain adjacente à leur chambre, ouvrant l'armoire à pharmacie pour sortir les dizaines de crèmes qu'il faudrait appliquer sur la peau d'Heero. Ji remplissait la baignoire d'eau claire, en faisait même venir du lavabo pour qu'elle soit pleine plus vite.
La baignoire était grande et profonde, prévue en cas de crise.
Dans la chambre, Odin retirait sa robe de chambre rapidement, se mettant nu à son tour. Sans perdre de temps, il prit Heero dans ses bras, collant l'oreille de son fils à sa poitrine, bouchant l'autre de sa main, faisant bien attention à ce qu'aucune partie du corps d'Heero ait de contact avec autre chose que sa peau.
Heureusement, il y eut un effet immédiat. Les tremblements se calmèrent, la respiration se fit un peu plus régulière, et Heero cessa de pousser des gémissements de souffrance plaintifs.
Ses yeux grands ouverts qui ne voyaient rien, il écoutait avec une attention fascinée d'enfant le bruit du cœur qui battait, un bruit qui ne faisait pas mal, un bruit agréable, et la douleur en lui diminuait un peu face au calme régulier de ce battement sourd, et la douleur autour de lui aussi, il était contre quelque chose de doux, de si agréable, il ne voulait jamais en sortir, non, non, jamais…C'était tendre, c'était chaud…
Ji entra dans la chambre pour signaler d'un geste silencieux que la baignoire était pleine, et Odin se leva, portant son fils avec précaution.
Lorsqu'il sentit qu'ils bougeaient, Heero s'accrocha à Odin avec un cri de peur et son regard aveugle s'affola, tournant dans tous les sens, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ne serait pas abandonné et se calme, enfouissant son visage dans le cou de son père.
Odin marcha jusqu'à la salle de bain, et, sans lâcher son fils, entra dans la baignoire et plongea son corps et celui d'Heero dans l'eau tiède.
Le visage d'Heero prit une expression émerveillée, l'innocence enchantée d'un enfant qui découvre quelque chose qui lui plait.
Que c'était agréable, cette nouvelle sensation ! Comme c'était doux, comme c'était rassurant… Comme il était bien ! Il se mit à rire avec délice, une joie purement enfantine, s'accrochant au corps solide si protecteur, soupirant de bonheur à la caresse liquide sur sa peau fragile et tendre, et ce bruit agréable qui se propageait en lui régulait les battements désordonnés de son propre cœur.
Assise sur le rebord de la baignoire, Hikari caressait doucement les cheveux de son fils, attendant avec patience que la crise se dissipe. Heero ferma enfin les yeux avec un sourire heureux, et s'endormit, le souffle faible mais régulier, une expression de paix sur le visage.
Odin poussa un soupir de soulagement mais ne bougea pas.
Ji sortit de la salle de bain. Le moment critique était passé, on n'aurait plus besoin de lui pour le moment. Il descendit préparer du café bien fort.
Il en avait besoin, et il savait que les deux autres adultes aussi. On avait beau assister à un nombre incalculable de crises depuis la naissance d'Heero, c'était toujours aussi impressionnant et angoissant.
Il fallait avoir le cœur bien accroché pour rester calme dans ces situations, même en sachant que la moindre panique empirerait la crise d'Heero.
Celle-ci n'avait pas été très forte. Ils avaient pu intervenir immédiatement et Heero s'était calmé assez vite.
Mais parfois, il fallait passer plus d'une heure à le bercer, et des heures dans l'eau avant qu'il ne se sente assez en sécurité pour s'endormir.
Hikari et Odin descendirent à leur tour un peu après avoir recouché Heero, l'air épuisé comme après chaque crise. Il fallait garder un calme impérial, et le contre-coup était rude.
Ils s'assirent près de Ji, buvant chacun une gorgée de café avec gratitude.
_ Je ne sais pas si c'est une bonne idée de le laisser aller au lycée, dit enfin Hikari à voix presque basse. Etre en compagnie d'autant de monde à la fois, confronté à tant d'émotions à la fois…
_ On ne peut pas le garder sous verre toute sa vie, Hikari, répondit doucement Odin. Je ne suis pas sûr que l'avoir retiré du collège ait changé quoique ce soit.
_ Tu espères toujours qu'il apprenne à se blinder, commenta Ji. Tu sais bien qu'à ce stade, il n'y a rien à faire.
_ Je suis sûr qu'il peut y arriver, s'obstina Odin.
_ Odin, intervint Hikari d'un ton désespéré, il n'y a rien à faire ! Papa n'est qu'un niveau de 5/7 et toute mon enfance je l'ai vu revenir dans des états épouvantables quand il avait eu une semaine trop chargée ! Continuer à faire comme si de rien n'était n'a rien changé ! Et aujourd'hui il n'est pas plus blindé qu'il y a cinquante ans. On ne peut rien faire pour ce type de Wasted !
_ Ne l'appelle pas comme ça ! cingla presque Odin. Heero n'est pas un quelconque déchet, ni un gaspillage, bon dieu !
_ Bien sûr que non, rétorqua Hikari, indignée. Ce n'est pas ce que je veux dire, et tu le sais !
Odin se passa les mains sur la figure.
_ Je sais, acquiesça-t-il plus calmement. Excuse-moi. Je ne supporte pas cette appellation.
Hikari soupira et lui prit une main.
_ On n'y peut rien, Odin, murmura-t-elle.
_ Laisse-lui cette chance, fit le père d'Heero. Laisse-lui cette chance d'aller au lycée comme un gosse normal, de vivre comme un gosse normal. Si ça ne marche pas…Si ça ne marche pas, s'il ne s'habitue pas, alors nous rentrerons sur L1. Promis.
Hikari hocha la tête, et Ji leur resservit du café. Ils ne dormiraient pas cette nuit, de toutes façons.
Il fallait surveiller Heero.
***
Duo balançait des jambes contre le muret, attendant avec impatience qu'Heero sorte de chez lui. Ça faisait une semaine et demi maintenant qu'il avait dormi chez lui pour la première fois. Heero l'avait réinvité trois autres soirs, il semblait avoir une étrange obsession pour les yeux de Duo, mais le garçon châtain n'allait certainement pas s'en plaindre…Que Heero se passionne pour lui autant qu'il voulait ! Et sur toutes les parties de son corps, si ça lui chantait…
Ils se retrouvaient tous les jours devant la maison du brun, comme une sorte accord silencieux. Ils discutaient un peu plus, aussi. Oh, bien sûr, ce n'était pas Heero qui faisait le gros de la conversation, mais c'était quand même ça…
Ce n'était pas de la mauvaise volonté venant d'Heero. Le brun était un garçon silencieux, de manière général. Il bougeait en silence, se déplaçait en silence. On aurait dit que le bruit le dérangeait, et qu'il faisait tout pour l'éviter.
_ Il y a des sons que j'aime, avait dit Heero alors que Duo lui avait posé la question.
_ Comme quoi ?
_ Le bruit de l'eau et de la pluie. Le battement d'un cœur. Le vent. Les oiseaux. La musique en général. Ta voix.
_ Ma voix ?
_ J'aime ta voix, oui, avait acquiescé Heero sans trouble.
Il était parfois difficile de ne pas le prendre dans ses bras et l'embrasser joyeusement. Mais Heero était extrêmement littéral. Avec lui, « J'aime ta voix » n'était pas un indice pour dire « Je t'aime tout court ».
Avec Heero, « J'aime ta voix » voulait dire « J'aime ta voix », un point c'est tout.
Duo s'étira et regarda de nouveau la porte.
Heero était en retard.
Il sauta de son muret et se dirigea vers la maison. Il sonna, et ce fut Ji qui lui ouvrit presque immédiatement, comme s'il l'attendait.
_ Ah, Duo, fit le vieil homme. Tu es là pour Heero, je suppose ? Il n'est pas très bien aujourd'hui, il est resté au lit.
_ Il est malade ? demanda le garçon, inquiet.
_ Rien de grave, ne t'inquiète pas, mais il a besoin de repos. Ça ira mieux demain.
_ Vous lui direz que je suis passé et que je lui souhaite de se rétablir ?
_ Bien sûr. Allez, bonne après-midi, gamin.
_ A vous aussi, m'sieur Ji.
Duo sortit du jardin, jeta un coup d'œil à l'étage, même si la fenêtre d'Heero n'était pas de ce côté ci, et repartit lentement, déçu. Il aurait bien aimé voir Heero, juste quelques minutes.
« Solo a raison, ça s'arrange pas, pensa-t-il. J'peux même plus passer une journée sans le voir ! »
Dans sa chambre, Heero était assis en tailleur sur son lit, le dos appuyé contre le mur. Il dessinait aux crayons bleus un Shinigami ailé, les cheveux portés par le vent.
Il entendit la porte s'ouvrir, puis les pas de son grand-père s'arrêter devant son lit. Heero leva ses yeux aveugles vers lui.
_ Je lui ai dit que tu ne pouvais pas le voir, annonça-t-il. Il était déçu.
Heero ne répondit pas.
_ Je croyais que tu étais capable d'agir normalement et de
faire comme si de rien n'était.
_ Pas avec lui, répondit doucement Heero. Lui, il saurait que ce n'est pas
pareil. Il se rendrait compte que je ne vois rien.
Ji s'assit sur le lit et jeta un coup d'œil au dessin d'Heero. La capacité de son petit-fils à dessiner comme s'il voyait l'époustouflait toujours autant. Il y avait même quelque chose de plus. Comme s'il comprenait mieux les couleurs lorsqu'il était aveugle.
Et c'était vrai que s'il connaissait déjà les lieux, les gens, il était difficile de deviner qu'il ne voyait rien. L'unique point positif de ses crises.
Il n'y en aurait pas pour longtemps, Heero retrouvait toujours la vue dans les vingt-quatre heures. C'était aussi douloureux que le contraire, le passage brutal de l'obscurité à la lumière totale l'obligeait à porter ses lunettes constamment pendant quelques jours.
_ Alors il faudra que tu lui dises, un jour, dit le grand-père d'Heero.
_ NON ! rétorqua Heero violemment, avant de se taire par crainte d'en avoir trop révélé.
_ De quoi as-tu peur ? Qu'il ne te voit plus de la même manière ? Qu'il ne t'aime plus ? Est-ce qu'il est devenu si important pour toi ?
Heero refusa de répondre, et Ji n'insista pas. Il ébouriffa les cheveux de son petit-fils et sortit de sa chambre, le laissant seul avec ses pensées.
Heero repoussa le dessin et ramena les genoux contre sa poitrine.
WuFei et Meiran étaient des Colons. Ils savaient en quoi consistaient ses crises, le Clan du Dragon était plein de gens comme lui. Pas aussi gravement atteints, mais quand même. Ils n'avaient pas peur. Ils n'étaient pas dégoûtés. Ils savaient comment réagir, n'étaient pas surpris quand ça arrivait.
Ils s'étaient liés d'amitié avec lui en sachant ce qu'il était. En l'acceptant tel qu'il était.
Mais tout le monde n'était pas comme ça, même dans les Colonies. Beaucoup de Colons réagissaient mal aux gens comme lui. Peur. Dégoût. Rejet.
Il ne le leur reprochait pas.
Mais il savait que si Duo se conduisait ainsi, ça ferait mal. Très mal. Il ne savait pas exactement à quel point, et ne voulait pas le savoir.
Non, Duo n'avait pas besoin d'être au courant.
***
Duo bailla largement et essuya une traînée de sueur sur son front. Il posa son livre et regarda Heero. Avec le début de juillet, la chaleur s'était encore amplifiée.
_ Eh, Heero ? appela Duo sans beaucoup de conviction.
_ Hn, répondit-il en levant à peine le nez de son dessin.
_ On va se baigner ? demanda Duo, n'espérant pas beaucoup d'enthousiasme.
Heero redressa un peu plus la tête et posa son crayon. D'un geste absent, il se passa une main dans les cheveux, puis sourit à Duo, le prenant complètement par surprise.
_ D'accord, dit-il en commençant à ranger ses affaires.
Duo secoua la tête d'un air un peu ébahi. Il était difficile de prévoir les réactions brun…Puis il sourit joyeusement, le moral au beau fixe.
Heero en maillot de bain !
_ Je vais chercher un maillot et poser mes affaires, dit Heero alors qu'ils retraversaient le pont.
_ Je t'attends, répondit Duo avec une mine des plus réjouies.
Il regarda Heero partir en courant, puis sortit un téléphone portable de la poche de son jean. Il était temps que son futur fiancé commence à faire connaissance avec le reste de la bande.
_ Allô ?
_ Quat ? C'est Duo. Z'avez rien à faire, cet après-m', Tro et toi ?
_ Rien de spécial de prévu, pourquoi ?
_ Venez aux chutes, alors. Heero et moi, on va se baigner et je voudrais qu'il vous rencontre.
_ Tu donnes l'impression d'une présentation officielle ! rit Quatre.
_ Tout comme ! Alors ?
_ Laisse-nous une petite heure, et on vous rejoint avec le goûter !
_ Ça marche ! A tout' !
Duo raccrocha et se déshabilla. Il vivait quasiment en maillot de bain depuis début juin. Il s'approcha de l'eau, trempa un pied dedans et fit la grimace. La différence de température était vraiment énorme.
Dans ces cas-là, il ne valait mieux pas se poser de questions… Duo sauta sans préambule dans l'eau, émergeant presque aussitôt, le tête un peu étourdie par le froid. Il nagea un moment contre le courant pour se réchauffer, puis vit Heero émerger des arbres, deux serviettes sur l'épaule. Duo alla s'appuyer à la rive et le regarda poser les deux serviettes au soleil d'un air curieux. Heero leva les yeux, repoussa une mèche de son front.
_ J'en ai amené une pour toi, dit-il d'un ton neutre.
_ Merci, mon ange ! lança Duo, tout sourire.
Heero l'ignora. Comme dans un accès de pudeur, il se retourna pour enlever son jean et son tee-shirt, parfaitement conscient que Duo le fixait sans retenue, et ressentant un certain embarras à le savoir.
Furieux de se sentir rougir un peu, Heero secoua la tête et composa sur son visage un air parfaitement indifférent.
Il se retourna sans croiser le regard de Duo et plongea dans l'eau immédiatement, une manière comme une autre d'échapper à ces yeux. Le froid frappa Heero de plein fouet, mais le premier choc passé, le sentiment d'être entouré par l'élément liquide l'apaisa et le gonfla de joie à la fois. Dieu ce qu'il pouvait aimer l'eau…Il resta un instant sous la surface pour en profiter encore un peu et ouvrit les yeux, voyant si clair là où pour les autres tout est flou.
Une autre mutation due à son état…Mais la seule qu'il aimait, peut-être.
Il sourit en voyant Duo le regarder de la surface, sa natte flottant comme un serpent aquatique. Heero remonta en silence, et Duo retint son souffle lorsqu'il émergea. Il avait à peine troublé l'eau, comme s'il n'était lui même qu'une partie de la rivière
Quatre aussi avait cette capacité un peu bizarre de ne faire qu'un avec l'eau. Ce n'était peut-être pas aussi évident chez le blond, ça semblait classe comme effet, pas complètement surnaturel.
Mais Heero dans l'eau devenait une créature aquatique. Ses yeux semblaient vraiment prendre une nouvelle luminosité, un bleu liquide de la même couleur que la rivière, on voyait même le reflet du soleil, quelques gouttes d'or dans un océan.
Ses cheveux trempés dans les yeux, un sourire un peu secret sur les lèvres, Heero n'était presque plus de ce monde.
Duo tendit la main avec toute l'intention de s'emparer du bras de cette créature et la prendre contre lui, mais se contenta de lui donner une tape sur le nez.
_ Je t'ai déjà dit combien t'es mignon ? dit-il d'un air joueur.
Heero leva les yeux au ciel et replongea dans l'eau pour cacher la rougeur qu'il sentait prendre ses aises sur ses pommettes.
Au lieu de s'habituer aux commentaires de Duo, plus le temps passait, plus il y devenait sensible. Ça l'énervait profondément, mais il appréciait trop l'autre garçon pour arrêter de le voir… Pas qu'il le lui avouerait jamais, bien sûr.
Une main lui attrapa soudain la jambe et la tira, et ouvrant la bouche de surprise, il relâcha tout son air, manqua avaler toute l'eau de la rivière et remontant rapidement, il toussa en regardant Duo d'un air mauvais.
L'autre garçon, s'était éloigné prudemment, un sourire malicieux sur les lèvres, parfaitement conscient d'agir comme un gamin, mais aussi que Heero ne laisserait pas passer ça. Chacun son tour de courir après l'autre…
_ Omae wo korosu, gronda Heero avant de disparaître sous l'eau, silencieux comme un prédateur aquatique.
Duo n'avait pas attendu la menace pour fuir à toutes vitesses à la nage, remontant contre le courant vers les chutes. Il savait qu'Heero était plus rapide que lui (il n'avait certainement pas oublié le coup de rein magnifique de leur première rencontre !) mais Duo se baignait dans ces eaux depuis qu'il était tout petit et ne se débrouillait pas trop mal non plus. Il connaissait le coin par cœur. Avec l'avance qu'il avait prise, ça devait faire l'affaire.
Il nagea en tenant compte des endroits où le courant était le plus fort. Il savait exactement où les rochers coupaient la force des chutes.
Avant qu'Heero ne l'ait rejoint, Duo avait grimpé sur un roc émergeant, admirant de son perchoir les efforts du brun pour remonter le courant. Malgré la force contraire de la rivière, Heero évoluait avec une grâce peu commune, avançant avec assurance. Duo n'était pas certain de savoir si l'eau s'écartait devant lui, ou glissait simplement sur sa peau.
_ On dirait un vrai saumon, commenta-t-il en souriant lorsque celui-ci le rejoignit, le regard noir. Non, vraiment !
Heero sembla hésiter, puis disparut d'un coup de la surface.
_ Qu'est-ce qu'il va encore m'inventer ? marmonna Duo en se penchant juste un peu avec précaution. Où est-ce qu'il est passé ?
Il regarda derrière lui d'un air soupçonneux, mais il n'y avait pas de traces du garçon brun. Qu'est-ce qu'il fabrique ?
Au moment où il se posait la question, une forme surgit brutalement et complètement hors de l'eau. Duo n'eut pas le temps de réagir, juste de croiser le regard bleu d'Heero avant qu'il ne l'attrape par les épaules et l'entraîne dans l'eau dans un seul mouvement.
Duo reprit vite son sang-froid et s'accrocha à Heero à son tour, les gardant tous les deux sous la surface plus longtemps, se laissant entraîner par le courant.
Heero était persuadé qu'il n'avait pas rêvé la soudaine chaleur autour du lobe de son oreille, ni la sensation qu'il avait été mordillé un court instant, ni les doigts qui lui avait caressé un téton avec légèreté mais de manière délibérée. Personne ne confondrait ça avec un simple frôlement accidentel !
L'air parfaitement innocent de Duo lorsqu'ils émergèrent tous les deux à la surface le convainquit totalement de sa culpabilité, mais avant qu'il ne puisse dire quoique ce soit, le garçon aux yeux violets lui avait déposé un baiser sur le nez et profitait de sa stupéfaction pour s'enfuir de nouveau.
Heero se lança immédiatement à sa poursuite.
Le jeu continua vingt bonnes minutes, Heero, décidé à ne pas laisser Duo s'en tirer si facilement, ne réalisait pas du tout que l'autre garçon le menait complètement par le bout du nez. Enfin, mort de rire, ravi d'avoir pu toucher Heero sans que celui-ci n'en fasse autre chose qu'un jeu, Duo, épuisé, demanda une armistice, que le brun lui accorda après l'avoir coulé une dernière fois.
Duo eut le dernier mot quand même, déposant un baiser sur le menton d'Heero avant de grimper agilement sur la rive et de s'écrouler sur l'une des serviettes que le brun avait étalées par terre au soleil.
Heero resta dans l'eau, ferma les yeux et plongea sous la surface, se faisant gentiment balader par le courant.
C'était la première fois depuis le baiser sur la joue que Duo le touchait d'une manière délibérée. Bien sûr, il n'arrêtait pas de le provoquer en paroles, mais n'était jamais physique. Jusqu'à aujourd'hui.
Heero remonta respirer, laissant la moitié de son visage hors de l'eau, observant Duo à travers ses paupières entrouvertes.
Il ne s'était pas senti forcé, ni agressé. S'il était parfaitement honnête avec lui-même, il avait même poursuivi Duo avec une sorte d'anticipation impatiente, l'envie de savoir si l'autre garçon le toucherait encore, et où, et comment…
Sentant son visage le brûler, et certainement pas à cause d'un coup de soleil, Heero replongea et nagea doucement dans le sens contraire du courant, savourant la caresse tendre de l'eau sur sa peau.
Sur la rive, Duo, un peu reposé, redressa la tête et regarda Heero remonter la rivière, s'approchant de plus en plus des chutes. Soudain inquiet, il se leva et le suivit par la berge. Heero grimpa sur une plate forme rocheuse juste sous la cascade et s'approcha.
_ Heero ! appela Duo le plus fort qu'il pouvait pour couvrir le grondement des chutes.
Le brun se retourna et Duo lui fit signe de revenir. Heero sembla hésiter puis replongea dans l'eau et rejoignit le garçon châtain près de la rive.
_ Fais gaffe, dit Duo. Y'a des imbéciles qui ont manqué se noyer y'a deux ans en cherchant à grimper là-haut.
_ Je ne voulais pas grimper.
Heero tourna les yeux vers les chutes.
_ Il n'y a pas de grotte derrière ? demanda-t-il.
_ De grotte ? répéta Duo, interloqué. Euh, non, pourquoi ?
Heero haussa les épaules.
_ Dans les livres, il y a toujours des grottes derrière les cascades.
Duo ne répondit pas et Heero leva les yeux vers lui. Le jeune homme le regardait d'un air étrange, un espèce de sourire sur les lèvres.
Presque tendre.
_ Quoi ?! fit Heero sèchement, embarrassé.
Le sourire de Duo ne fit que s'accentuer, et agacé, Heero lui attrapa brutalement le bras, le tirant dans l'eau. Duo tomba avec un cri surpris.
_ Heeeero ! râla-t-il.
Le brun eut la soudaine envie de lui tirer la langue et ne s'en priva pas.
_ C'est une invitation ? demanda Duo d'une voix suggestive en s'approchant d'un air prédateur, bloquant Heero contre la rive.
_ Duo ! cria-t-il presque, une lueur de panique dans les yeux.
_ Je vois qu'on s'amuse bien, fit une voix derrière eux.
Heero tourna la tête brutalement, pendant que Duo se hissait hors de l'eau, souriant joyeusement à un grand brun aux yeux verts, et un petit blond à la peau claire, tous d'eux souriant avec amusement.
Heero retint le geste instinctif de s'enfoncer dans l'eau, dans les profondeurs rassurantes. Il y avait quelque chose de familier chez le petit blond. Une impression…
_ Vous êtes là ! lança Duo. Heero, je te présente Trowa et Quatre. Ce sont des amis d'enfance à moi. Les gars, voilà Heero.
_ On s'en serait douté, dit Trowa d'un ton calme, mais une note légèrement ironique dans la voix.
Duo lui tira la langue en riant.
_ On a amené une glacière avec des boissons et des glaces, dit Quatre. Elle sont dans la voiture, on va les chercher.
_ Bouge pas, Quat, intervint Duo. Tro et moi on s'en occupe. On revient tout de suite !
Quatre et Heero les regardèrent s'éloigner, puis le petit blond se tourna vers l'autre, souriant. Il s'accroupit au bord de l'eau, plantant son regard droit dans le sien.
_ Je vais te poser trois questions extrêmement désagréables, dit-il. Je m'en excuse d'avance…
Heero ne répondit pas, mais Quatre ne s'en formalisa pas.
_ Heero Yuy comme… ?
_ Oui, dit tout de suite Heero d'un ton sec.
_ Lowe comme… ?
_ Oui.
_ Et Newtype de quel catégorie ?
Cette fois, le regard d'Heero se rétrécit. L'autre en était un aussi. Voilà pourquoi il avait un sentiment de familiarité. Son pouvoir était entré en résonance avec celui de Quatre.
_ Je suis un Wasted empathe tendance télépathe, dit le blond pour encourager Heero. Niveau 4.
Le brun se détendit un peu. Si Quatre était aussi un Wasted, il n'y avait pas de quoi avoir peur de le dire à son tour.
_ Wasted hydrokinesiste tendance empathe, répondit-il. Niveau 6. [1]
Quatre fit une grimace intérieure. La vie d'Heero devait être un véritable enfer en période de crise. L'hydrokinesie n'était en soi pas un pouvoir facile à gérer, mais couplée avec l'empathie…Les conséquences devaient être encore pires.
_ Il faut encore que je te dise quelque chose, annonça le petit blond. J'espère que ça ne changera rien entre nous, mais il faut que tu le saches : Je suis Quatre Winner. Quatre Raberba Winner.
Heero faillit boire la tasse, mais n'eut pas le temps de réagir autrement, Trowa et Duo arrivaient, portant une glacière bleue.
Malgré ce que Heero avait pensé, le reste de l'après-midi se déroula bien. Il avait tout de suite accroché avec Trowa, le grand brun calme était quelqu'un d'agréable, avec un sens de l'humour décalé dissimulé derrière son apparence sérieuse.
Quatre, et bien…Malgré ses a priori, Heero dût admettre qu'il était difficile de ne pas apprécier Quatre dès les premières minutes. Il était franc, drôle, joyeux, et incroyablement chaleureux pour un Wasted empathe.
Les Wasted empathes, pour se protéger des émotions extérieures, avaient tendance à rejeter complètement les autres et à se renfermer sur eux-mêmes.
Heero lui-même, dont ce n'était pourtant que le pouvoir secondaire, avait du mal à supporter la foule, et ne recherchait pas la compagnie des gens. Il existait bien sûr des exceptions, des gens qu'il aimait et dont il appréciait beaucoup la présence. A part sa famille, il y avait surtout WuFei et Meiran.
Et Duo…ajouta une petite voix.
A la fin de l'après-midi, Quatre et Trowa faisaient parti des gens potentiellement fréquentables, même s'il attendait de connaître un peu mieux le blond pour se faire un jugement définitif et réel.
Heero se doutait que Quatre n'en resterait pas là. Vu qui ils étaient tous les deux, ils discuteraient sûrement.
Il se demanda un instant si le petit blond irait à Bruxelles à la fin de l'été, puis chassa l'idée. Ce n'était pas le moment de penser à ça.
L'après-midi se prolongea au point que Hikari appela son fils pour savoir où il était, s'il allait bien. Sa mère était encore pire lorsqu'il avait fait une crise récemment, et celle-ci ne datait que de trois jours.
_ Je vais y aller, murmura Heero en se levant.
Ce n'était pas tant à cause de sa mère que de ses yeux qui fatiguaient. Heero avait retiré ses lunettes un peu tôt, mais il n'avait pas voulu que Duo pose de questions, alors il les avait rangées. Mais forcément, après cette journée, et malgré le contact reposant de l'eau contre sa pupille, sa vue commençait à se troubler, et il ne voulait pas avoir un accès de cécité brutal. Ça pouvait arriver, et tant qu'il pouvait l'éviter…
Duo le raccompagna jusqu'à l'orée des arbres, lui souriant.
_ Merci d'être resté, dit-il. Je sais que leur arrivée était un peu brutale, mais…
Heero haussa les épaules sans répondre.
_ Je pourrais pas te rejoindre demain après-m', annonça soudain Duo, et Heero réprima de justesse le « Pourquoi ? » déçu qu'il avait failli lâcher.
Mais Duo le vit se mordre la lèvre, et cacha sa joie de savoir que Heero était contrarié qu'ils ne se voient pas…La dépendance n'était apparemment pas à sens unique.
Heero hocha la tête sans rien dire, et Duo ajouta :
_ Par contre, demain soir, attends-moi à minuit une dans le jardin ! Tu pourras te glisser dehors sans que tes parents s'en rendent compte ?
_ Oui. Mais si c'est pour un bain de minuit, n'y compte pas.
_ C'est pas à ça que je pensais, répliqua Duo. Mais c'est pas une mauvaise idée…Un bain de minuit. En maillot, bien sûr, me regarde pas comme ça, j'ai l'impression d'être un pervers. Ça marche ?
Heero fit semblant de réfléchir.
_ D'accord, dit-il.
Duo lui sourit, et Heero sentit sa déception fondre.
Rentré chez lui, il demanda à ses parents d'un ton soupçonneux s'ils savaient que des Winner étaient établis ici.
_ Des Winner ? répéta Hikari d'un ton surpris. Non, pas que je sache…
_ Mais Selim a tellement de filles, ça ne m'étonnerait pas que l'une d'elle soit ici, fit son père en haussant les épaules. [2]
Ils avaient l'air sincère. C'était peut-être effectivement une coïncidence. Quoiqu'il en soit, il valait mieux garder le silence sur la présence de Quatre. D'ici que ses parents décident d'en profiter pour l'inviter ou quelque chose comme ça…
Le lendemain, Heero ne sortit pas. L'idée que Duo ne serait pas là lui avait coupé l'envie, et il resta chez lui, tirant à l'arc avec son grand-père, et dessinant un peu partout des petits Shinigami.
Il avait hâte que Minuit arrive.
***
Duo posa le sac avec ses affaires de baignade par terre, puis grimpa par dessus la barrière du jardin des Yuy-Lowe. La nuit n'était pas très claire, la Lune n'était qu'un croissant dans le ciel, mais il y avait assez de visibilité, il suffisait de faire attention.
Duo n'eut pas le temps de faire trois pas qu'une main se posa sur son épaule. Il faillit hurler, mais se retourna seulement, le cœur battant.
Evidemment ce n'était que Heero.
_ Tu m'as fait peur, idiot ! marmonna-t-il avant de lui sourire.
_ J'ai mes affaires, dit Heero. Pourquoi tu voulais qu'on se retrouve, si ce n'est pas pour aller se baigner ?
Duo se pencha un peu, un sourire malicieux sur les lèvres.
_ Mais pour t'enlever, bien sûr…J'ai tout le matériel dans mon sac, chloroforme, menottes, nuisette en soie, lubrifiant…
Heero croisa les bras sans faire de commentaires, et Duo lui tira la langue avec maturité.
_ Ça va, fit-il. En fait, je voulais être la première personne à te souhaiter un bon anniversaire.
Surpris, Heero ne recula pas quand Duo s'approcha, se pencha, et déposa un baiser sur sa joue. Peut-être un peu prolongé, peut-être un peu près des lèvres, mais Duo était Duo, et la pression des lèvres sur la peau d'Heero emplissait le garçon brun d'une chaleur douce.
_ Alors bon anniversaire, mon ange, dit enfin Duo en s'écartant un peu.
Heero n'aurait pas trop su décrire le sentiment qui lui envahit la poitrine, mais c'était agréable, et lui donnait envie de sourire.
Ça lui faisait stupidement plaisir, ce baiser, et que Duo ait pensé à son anniversaire, et qu'il ait voulu être le premier à le lui souhaiter.
_ Merci, murmura-t-il, et Duo lui prit la main.
_ Viens, on va se baigner ! Je vais te montrer un nouveau coin, en haut des chutes. Il y a une piscine naturelle, dans la roche. C'est dommage que la Lune soit pas pleine, les rayons se reflètent dans l'eau, c'est superbe. Pas grave, ce sera pour la prochaine fois…
_ Comment tu savais que c'était mon anniversaire ? demanda Heero en se laissant entraîner.
_ De la même manière que tout le reste, répondit Duo. J'ai un espion à la mairie, je t'ai dit ! Allez, raconte-moi un peu ta journée, qu'est-ce que t'as fait sans moi ? Je suis sûr que tu t'es horriblement ennuyé.
_ J'ai dessiné.
_ Ça m'étonne pas. Tu me montreras les nouveaux dessins de moi que tu as fait ?
_ Qui te dis que je t'ai dessiné ? répliqua Heero en sentant ses joues s'empourprer.
_ Tu ne fais que ça, ou presque. Et comme on s'est pas vu aujourd'hui, t'as dû me dessiner deux fois plus pour pallier l'horrible manque.
Heero leva les yeux au ciel, mais garda le silence, furieux que Duo ait raison. Puis, osant finalement poser la question :
_ Qu'est-ce que tu faisais, aujourd'hui ?
_ Ma mère est partie rejoindre Papa en Italie. Solo et moi l'avons accompagnée à l'aéroport de la capitale.
_ Oh. Ton frère sait conduire ?
_ Je sais aussi, mais lui a le permis…C'est pratique, c'est le seul du groupe en dehors de Trowa et Cathy –la sœur de Tro – et elle a besoin de leur voiture souvent, parce qu'elle bosse à la capitale.
_ Et leurs parents ?
_ Ils font parti d'un cirque, qui est dans les Colonies en ce moment. Cathy et Tro ont préféré rester sur Terre. Tu sais, il serait temps que tu rencontres le reste du groupe.
_ Est-ce que…Est-ce que Quatre et Trowa sont ensemble ? demanda soudain Heero.
Duo se tourna vers lui, sa main toujours dans la sienne.
_ Oui, comment t'as deviné ? Pour une fois qu'ils se sont tenus tranquilles. Tu les verrais, d'habitude, faut y aller au pied-de-biche pour les détacher.
_ Juste une impression.
Heero se demanda si Selim Winner était au courant, ce que Quatre faisait exactement sur Terre. Mais ce n'était pas ses affaires…
Heero et Duo avait marché un moment, en montant, jusqu'à ce que le brun capte un peu sur sa gauche le bruit des chutes.
_ On arrive, annonça Duo en traversant un bosquet.
Ils débouchèrent sur la rivière, qui effectivement à cet endroit formait un petit lac naturel, une piscine de roche.
_ Chouette, hein ? fit joyeusement Duo.
Heero acquiesça en silence. C'était vraiment joli.
_ Si on a de la chance, on verra des lucioles, ajouta Duo. Y'en a pas mal dans le coin.
Les deux garçons se mirent en maillot de bain, et entrèrent dans l'eau froide en frissonnant.
_ 'de Dieu, marmonna Duo. Ça fait des siècles que je suis pas venu, j'avais complètement oublié combien elle était glacée ici.
Heero ne répondit pas mais fit quelques brasses, possédé par le même sursaut de plaisir à sentir l'eau sur son corps. Il y avait des lacs artificiels, des piscines, dans les Colonies. Mais ça, c'était différent, c'était naturel. Plus puissant, plus prenant.
Elle exerçait sur lui la même attraction que les yeux de Duo.
Du centre, il regarda le jeune homme nager vers lui. Il se demanda à quoi il ressemblerait, les cheveux libres flottant autour de lui. L'envie d'Heero de voir Duo les cheveux détachés était de plus en plus forte, mais il n'osait pas demander. Il avait le sentiment peut-être idiot que c'était quelque chose d'intime, de trop personnel. Peut-être quand ils seraient plus…quand ils…
Heero plongea dans l'eau. Il se prenait au jeu vraiment…Il se laissait avoir, envisageait déjà le jour où Duo et lui seraient plus que des amis.
Ils se connaissaient depuis vingt-trois jours, si Heero comptait leur collision.
Est-ce que c'était assez pour tomber amoureux ?
Heero ouvrit les yeux dans l'eau et secoua la tête pour chasser cette idée. Il sentit derrière lui l'eau remuer, une onde se propager, puis deux bras autour de sa taille. Il fut tiré contre un torse, et remonté à la surface.
_ Reste pas sous l'eau si longtemps, souffla Duo à côté de son oreille. On dirait que tu vas pas remonter.
Heero frissonna, et le léger tremblement ne passa pas inaperçu.
_ Tu as froid ? demanda le jeune homme châtain.
_ Un peu, répondit Heero pour cacher que ce n'était la vraie raison, se demandant si Duo finirait pas le lâcher, préoccupé à l'idée qu'il n'en avait pas vraiment envie.
_ L'eau n'est pas chaude, admit Duo qui n'avait apparemment pas l'intention de laisser Heero s'échapper pour le moment. On reste encore un peu, et je te ramène. Il est presque une heure dix.
Ils gardèrent le silence, puis Duo posa son menton sur l'épaule d'Heero.
_ Y'a le groupe qui vient dîner à la maison demain soir, puisque Maman est pas là, dit-il. Ils resteront pas longtemps, juste pour le repas. Tu connais déjà Tro et Quat, mon frère, et t'as croisé Hilde plusieurs fois. Catherine est vraiment sympa, Relena aussi, et Dorothy fait peur que sur le coup. On s'habitue vite.
_ Tu veux que je vienne, fit Heero.
Ce n'était pas une question.
_ J'aimerais bien. En fait, ce serait cool que tu passes la nuit à la maison, c'est toujours moi qui dors chez toi. Et puis, je voudrais vraiment que tu les rencontres tous, depuis le temps que je leur parle de toi. Je te promet que y'aura pas de gâteau d'anniversaire, ni de bougies à souffler. Alors ?
Heero sentait la tension dans le corps presque collé contre lui. Est-ce que c'était si important pour Duo ? Heero n'était pas sûr de comprendre mais…Mais, il n'avait pas envie de décevoir Duo. Il voulait que le jeune homme châtain sourit.
_ D'accord, acquiesça-t-il doucement.
Le souffle de Duo se relâcha et il déposa un baiser sur la nuque d'Heero avant de le lâcher.
_ Merci ! Ça se passera bien, promis, et je…
La fin de la phrase fut perdue, noyée dans l'eau, Heero ayant déséquilibré brutalement Duo avant de le couler, histoire de ne pas laisser le baiser hors-la-loi impuni.
La nage-poursuite de la veille fut reprise cette nuit là, avec Duo dans le rôle du chasseur et Heero celui de la proie consentante.
Une heure et demi plus tard, seulement, ils revenaient devant la maison d'Heero. Le brun enfila son sac au dos et s'approcha d'un arbre.
_ Tu vas vraiment monter à ta fenêtre par là ? demanda Duo, incrédule.
_ Non, répliqua Heero. Il est trop loin, mais l'une des branches donne sur la salle de bain du couloir. J'ai laissé la fenêtre ouverte.
_ Ça ira ?
_ Hn.
Duo fit le tour de l'arbre pour vérifier que c'était faisable, mais effectivement les branches étaient assez rapprochées les unes des autres, ce serait facile. C'était probablement par là qu'Heero était descendu. C'était bien pratique…Il faudrait qu'il s'en souvienne au cas où.
Il revint auprès d'Heero, et plongea une main dans son sac, en tira un petit paquet de feuilles.
_ Tiens, c'est pour toi…
Heero prit les feuilles, lui lançant un regard interrogateur.
_ C'est ton cadeau d'anniversaire, expliqua Duo avec un sourire.
_ Merci, fit Heero, un peu mal à l'aise, se demandant ce que ça pouvait bien être.
_ On se voit demain comme d'hab' ? demanda Duo.
Le brun secoua la tête négativement.
_ Je passe la journée avec ma famille. Pour mon anniversaire.
_ Ah, fit Duo, déçu. Décidément…Mais tu viens demain soir, au moins ?
Heero acquiesça.
_ Je t'attend à la maison à sept heures, ça marche ?
_ Oui.
Heero rangea les feuilles, et s'apprêtait à monter dans l'arbre, quand la voix de Duo s'éleva encore une fois.
_ Bah alors, j'ai pas le droit à un baiser bonne nuit ? plaisanta-t-il.
A sa grande surprise, Heero se retourna, et dans un même geste, se pencha, et déposa un baiser sur sa joue, léger, Duo ne sentit que le fantôme de ses lèvres sur sa peau, mais venant d'Heero c'était tellement inattendu qu'il était partagé entre l'émerveillement et la stupéfaction.
Lorsqu'il reprit un peu ses esprits, Heero était déjà deux mètres au dessus du sol et grimpait encore. Le garçon châtain le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il atteigne la fenêtre de la salle de bain, un sourire rêveur sur les lèvres.
Il ne se mit en route que lorsque la fenêtre se referma.
Duo prit deux fois plus de temps que d'habitude pour rentrer. Le fait qu'il tourna trois fois de suite dans la mauvaise direction en était peut-être partiellement la raison.
Il se coucha, le cœur léger mais trop excité pour dormir. Il en était sûr maintenant, tout irait bien. Heero avait flirté avec lui deux jours plus tôt, l'avait laissé le prendre dans ses bras ce soir, l'avait même embrassé sur la joue.
Duo enfouit son visage dans l'oreiller. Ce n'était pas possible d'être perturbé comme ça pour un simple baiser sur la joue ! Il était vraiment irrécupérable…
Mais ses chances semblaient s'être multipliées…Bientôt, il ne savait pas quand, il ne fallait pas précipiter les choses, surtout pas, mais bientôt…Il pourrait embrasser Heero, serrer Heero contre lui, tenir Heero par la main en public…
Duo ferma les yeux, le sourire aux lèvres.
Heero, lui, réussit à rentrer dans sa chambre sans se faire prendre. Il laissa la lumière éteinte, silhouette silencieuse qui s'agitait dans l'obscurité, le temps de trouver son tee-shirt de nuit et un caleçon propre. Il avait les cheveux encore humides, mais ce n'était pas dramatique.
Heero se glissa dans son lit, alluma seulement sa lampe de chevet, et prit le paquet de feuilles que Duo lui avait donné, curieux de savoir ce que c'était.
Derrière la première page blanche, un titre : L'Ondin et le Shinigami, puis une histoire qui commençait ainsi : Il était une fois…
Heero mit ses lunettes, et commença à lire.
Au fur et à mesure que ses yeux parcouraient les lignes, les lèvres d'Heero s'étiraient en un sourire amusé et presque ravi.
Ecrit dans un style drôle et léger, le texte contait l'histoire d'un ondin aux yeux bleus trop curieux qui vivait dans une rivière. Malgré les avertissements de tous, il s'était approché des chutes et avait découvert une grotte dissimulée derrière. Dedans, il délivra par accident un démon ancien, le Shinigami, qui eut immédiatement le coup de foudre pour lui, et le garda prisonnier.
Après un certain nombre de péripéties, l'ondin finit par tomber amoureux du Shinigami aussi.
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants…Heero étouffa un rire, et posa le texte sur sa table de nuit. Duo écrivait bien, mais surtout, il avait écrit pour Heero. Il s'était souvenu de ce que le brun lui avait dit à propos des chutes. Et il avait inventé ce conte pour lui.
Heero éteignit la lumière, souriant et se mordant la lèvre pour le retenir. Finalement, il avait hâte d'être au lendemain. Même s'il fallait faire face aux amis de Duo, il reverrait le garçon châtain. La journée allait être longue…
TBC…
Duo : Mon baiser ? Où est mon baiser ??
Shakes : Pages 7, 10, 11, 12, Duo-chan…^^;;
Duo : Pas ça ! Le vrai baiser ! Avec la langue et tout ! T'avais dit chapitre 3 !!!
Shakes : Mais, euh, chapitre 3 en comptant le prologue, qui s'est changé en chapitre 1…
Heero : Donc maintenant chapitre 4.
Duo : .
Shakes : Oui, mais…^^
Duo, ton dangereux : Mais… ?
Shakes : Chuis pas sure de tenir mes délais, quoi…
Duo : C'est à dire ? è _ é
Shakes : * attrape Trowa et le met entre eux * Ce sera plutôt le cinq ! * s'enfuit en courant *
Duo : Omae wo koro… !
Quatre : Duo, si tu la tues, il n'y aura * jamais * de baiser...
Heero : Hn.
Duo : … * attrape Heero et l'entraîne en coulisses *
Shakes : Pfui…merci, Quat-chan…
WuFei : Maxwell n'a aucune patience…
~*~
[1] Hydrokinesiste : comme pyrokinesiste, mais avec de l'eau. ^^
[2] Je connais pas le nom du père de Quat, alors j'l'ai inventé…^^
