Tout le monde va gentiment remercier copine Yuya Fuyukami sans qui vous n'auriez pas eu ce chapitre avant Noël puisque je me trouve dans l'unique fac de France à être en grève, et donc incapable d'accéder à une connexion Internet. Mais Yuya is not Far away ! Mwawa.
Et pi, merci aussi à : Enyo85 Mely Mimi Yuy (tu m'as fait particulièrement plaisir… Merci ! #^^#) Lilith Kaory Vy Luna11 (^_^) Yuya Fuyukami copine x2 ( :p) Ni Saael (je t'ai pas vue sur Messenger le WE dernier, t'as bien reçu mon mail ?) Kaori (je suis contente de t'avoir fait décrouvrir GW…^^) Emma et enfin copine Lelia-chan qui a posté la 100ème review et s'est battue pour l'avoir… p
Ombre et LumièreScribouillarde : Shakes Kinder Pinguy
Mail : Mei_Fanel@hotmail.com
Couples : 2x1x2 3+4+3 Solo+H+Solo 5+M+5 D+R+D
Genre : Romance/général, tapage sans raison sur Hee-chan AU
Rating : R
Disclaimer : les beaux yeux d'Heero sont pas à moi…ni ceux des autres, d'ailleurs. . Mais ses lunettes sont miennes ! MWAWAWAWA !!
Petite note : j'ai eu du mal avec la musique de ce chapitre. Je suis passée de X à Saiyuki, mais finalement, le mieux restait de mettre la neuvième symphonie de Beethoven en boucle. Les vieilles recettes sont les meilleures. * hoche la tête d'un air pensif *
Shinigami bénisse l'Ice Tea Mangue sans lequel ce chapitre aurait été extrêmement plus douloureux à accoucher que prévu. J'ose plus toucher à mes Oréos depuis que j'ai constaté qu'il me restait qu'une boîte. A l'aide. (Entre temps, on est venu à mon secours. Charli, Meanne, Zawie, je vous aime.)
IMPORTANT : ceci est la version R de ce chapitre. Il existe une version NC-17, que vous trouverez sur ces sites :
_ In Love with Death : www.2x1forever.free.fr
_ Tenshi Blue : site.voila.fr/tenshiblue
_ Nezumi-kun to Neko-chan : www.nezumineko.fr.st/
Que vous préfériez lire l'une ou l'autre version, sachez que les passages R et NC-17 sont différents (et pas uniquement dans le lemon ! p) : le NC-17 est du point de vue de Duo, le R de celui d'Heero. Je considère le point de vue d'Heero comme le plus important par rapport à la fic, donc lisez-le quand même ! ^^
Merci à Meanne pour la béta-lecture ! ^^
***
Chapitre 7
_ C'est vrai que tu viens des Colonies ?
_ C'est la première fois que tu viens sur Terre ?
_ Tu veux que je te fasse visiter le lycée ?
_ Tu veux que je te fasse visiter la ville ?
Heero resta crispé sur sa chaise, prenant énormément sur lui-même pour ne pas être franchement désagréable. Les autres l'avaient prévenu que ce serait comme ça. Il avait cru s'y être préparé.
Encore une question, encore quelqu'un qui posait la main sur son épaule, et ils allaient très vite apprendre qu'il n'était pas quelqu'un de social…
_ Oi, oi, bougez-vous un peu, tout le monde ! lança une voix familière.
Duo écarta le groupe de personnes qui entourait Heero et ce dernier lui lança un regard soulagé éperdu de reconnaissance. Duo se plaça derrière lui et passa ses bras autour de ses épaules.
_ C'est pas la peine de vous bousculer, dit-il avec un sourire joyeux. Il est déjà pris.
_ Tu plaisantes ? fit une petite blonde d'un ton outré en posant les poings sur les hanches. Il vient d'arriver ! Même toi t'aurais pas eu le temps !
_ Mais si, répliqua Duo en posant son menton sur la tête d'Heero. Heero est mon petit ami. Pas vrai, Hee-chan ?
_ Hn.
_ T'es chiant, Duo, marmonna une brune. Entre toi et Trowa…
_ Le mignon petit blond est pris aussi ? fit une autre brunette, l'air déçu.
Après avoir râlé un bon moment, le groupe finit par se disperser et Duo s'assit à côté de son petit ami en lui tenant la main.
_ Ça va ? demanda-t-il.
_ Oui.
Duo allait ajouter quelque chose, mais la cloche sonna et il se leva.
_ Faut que je retourne en cours, dit-il. Tu me diras comment ça s'est passé ?
_ Oui.
Duo posa un baiser sur les lèvres d'Heero, lui sourit et s'éclipsa.
***
_ Ça s'est bien passé ? demanda Ji en accueillant son petit-fils.
_ Ça va. Les classes d'art ne dépassent pas quinze personnes.
_ C'est bien. Tu as des cours en commun avec Duo ?
_ Non, mais j'ai sa mère en anglais et Trowa et Dorothy sont avec moi en français.
Ji hocha la tête, laissa Heero se déchausser et poser ses affaires.
_ Tu as une lettre d'Heero, dit-il.
Son petit-fils se redressa avec surprise. Il l'avait eu au téléphone quelques jours plus tôt déjà. Ji sourit. Les relations entre le président des Colonies et Heero s'étaient vraiment améliorées depuis Bruxelles. Ils devaient avoir eu le temps de discuter sérieusement.
Heero monta dans sa chambre et décacheta l'enveloppe.
Mon cher enfant,
Au sujet de notre conversation à propos de l'année prochaine, voici les informations que j'ai pu récolter…
Heero lut la lettre avec attention, puis s'allongea sur le lit et ferma les yeux.
Il avait encore le temps d'y penser.
Pour le moment, il n'y avait que Duo qui comptait.
***
Duo, Quatre et Trowa frappèrent à la porte de la chambre d'Heero avant d'entrer. Le brun était assis sur son lit et raccrochait juste le téléphone. Il avait l'air exaspéré.
_ Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Duo.
_ Maman veut appeler le bébé Kiseki, répondit-il en secouant la tête.
Voyant le manque de réaction des autres, il traduisit.
_ Kiseki veut dire « miracle », expliqua-t-il. C'est ridicule.
_ Dur à porter, admit Trowa.
_ Vous avez encore le temps de la convaincre, rassura Quatre.
_ Elle est têtue.
_ On voit ce que ça donne, sourit Duo en posant un baiser sur la joue de son petit ami.
_ Baka.
Les deux autres échangèrent un sourire amusé, puis Quatre expliqua la raison de leur venue.
_ C'est bientôt les vacances d'octobre, dit-il. J'ai pensé qu'on pourrait partir tous ensemble, mon père veut bien qu'on utilise notre maison marocaine. C'est dans le sud, elle est au bord de la mer, et le désert n'est pas loin.
_ Au bord de la mer ? répéta Heero avec une lueur d'intérêt.
_ Tu y es déjà allé ? demanda Duo.
_ Une fois, répondit Heero.
Une seule fois. Et pour cause. Il avait cinq ans, et il avait fait la plus grande crise de sa vie. La quantité d'eau avec laquelle il avait été en contact avait probablement provoqué cette réaction, et il n'avait plus jamais approché l'océan depuis.
Personnellement il ne s'en souvenait pas.
Mais s'il allait au lycée, il pouvait bien aller au bord de la mer, non ?
_ Catherine ne peut pas venir, mais Solo a réussi à se libérer, continua Quatre.
_ Y'aurait donc Solo, Hilde, Lena, Dorothy, Quat' bien sûr et Tro, toi si tu peux, et moi si t'y vas…
_ Ça te dis ? demanda Quatre.
Heero hocha la tête. Bien sûr que ça lui disait : au bord de la mer, avec Duo.
Son père serait ravi qu'il sorte avec des amis, sa mère était trop occupée par sa grossesse pour s'inquiéter trop.
Le tout, c'était de négocier de telle manière que ses parents ne sauraient pas que la maison était au bord de la mer.
***
_ Heeeeerooooo ! hurla Duo, les mains en porte-voix.
Il vit distinctement la tête brune se tourner vers lui, mais apparemment, Heero n'avait pas l'intention de le rejoindre.
_ Il va falloir que tu ailles le chercher, observa Trowa.
_ Je suis sûr qu'il le fait exprès, marmonna Duo en retirant son tee-shirt.
Il entra dans l'eau d'un coup, elle était nettement plus chaude que la rivière à Saint Gabriel, mais elle était plus salée aussi.
Heero finirait comme une vieille prune séchée, à ce rythme !
Depuis qu'ils étaient arrivés chez les Winner et que Heero avait découvert l'océan, c'était devenu un challenge quotidien pour l'en sortir.
Duo nagea jusqu'à son petit ami, mais n'eut pas à aller trop loin : il venait à sa rencontre, et Duo avait encore pied lorsqu'ils se rejoignirent.
_ Avoue que tu fais ça juste pour que je me mouille encore, reprocha Duo.
_ Hn, acquiesça Heero en se laissant porter par les vagues jusqu'à lui,
entourant les épaules de Duo avec les bras pour s'accrocher à lui.
Ils se regardèrent dans les yeux en souriant et Heero
approcha le visage pour embrasser Duo.
_ Tu le mérites pas, fit celui-ci sur ses lèvres. T'es vraiment un emmerdeur. En fait, au début, ton attitude c'était juste pour cacher l'emmerdeur que t'es.
_ Hmmm, répondit Heero, et Duo l'embrassa.
Il aimait bien embrasser Heero dans la mer. Il avait les lèvres salées. Depuis qu'ils étaient arrivés, Heero était beaucoup plus affectueux en public, comme si la présence de l'océan le libérait de ses murs de défenses.
Duo ne s'en plaignait pas, au contraire…
_ Faut qu'on rentre dîner, dit-il quand même. On va encore être en retard, et on va encore se faire charrier. Et puis faut que je te parle d'un truc.
Heero acquiesça.
_ Je fais un dernier tour et je te rejoins, dit-il.
_ Je t'attends sur la plage.
Duo déposa un baiser sur ses lèvres et regagna le sable pendant qu'Heero plongeait. Il ne s'était jamais senti aussi bien de sa vie. La présence de l'océan, constante, devait renforcer son hydrokinésie et du coup complètement annihiler son empathie. Il n'avait pas eu de problème de vue depuis son arrivée, il ne se sentait pas menacé par la foule.
L'océan était le paradis sur Terre pour Heero, et il avait l'intention d'en profiter un maximum ! Il nagea encore un peu, savourant l'eau originelle autour de son corps, puis rentra lentement vers la plage où Duo l'attendait avec une serviette.
Duo l'enroula dedans comme s'il était un enfant, mais il ne protesta pas. La nuit tombait, et avec elle la température. C'était le côté négatif d'être si près du désert. Quatre leur avait raconté qu'une fois il avait même neigé en plein Sahara.
Relena vint leur dire de se dépêcher, et ils rentrèrent.
Duo rejoignit Heero dans sa chambre dans la soirée, refermant la porte derrière lui. Il alla s'asseoir sur le lit et Heero vint de lui même se mettre dans ses bras. Duo fourra son visage dans les cheveux d'Heero. Il venait juste de se doucher et sentait encore le shampoing.
_ Je voulais te proposer un truc, commença-t-il.
_ Hmmm…
_ Ça te dirait d'aller passer quelques jours dans le désert ? demanda Duo.
_ Dans le désert ?
_ Oui. Quatre nous a proposé d'y aller trois-quatre jours, mais les autres l'ont déjà fait et sont pas motivés. Je me suis dit que pour tes dessins ce serait pas mal, et puis on aurait un moment à nous deux. L'un des Maganacs de Quatre a accepté de nous guider. Ça te dit ?
Heero hocha la tête et lui fit un sourire éblouissant qui serra la gorge de Duo. Il se pencha pour l'embrasser, et ils échangèrent un baiser tendre et lent.
_ Je t'aime, murmura Duo.
Heero leva la tête vers lui. Il ne l'avait jamais dit, et Heero n'y avait jamais vraiment pensé, mais de l'entendre lui faisait monter une bouffée de chaleur dans la poitrine. Il cacha son visage dans le cou de Duo.
_ Moi aussi, répondit-il sans vraiment réfléchir, parce que c'était vrai.
Il sentit les bras de Duo l'entourer lentement, et lui caresser le dos presque avec hésitation.
Duo s'était toujours plus ou moins dit que Heero devait l'aimer, quand même, mais en recevoir l'assurance lui faisait un plaisir fou.
Il avait envie de le garder dans ses bras pour l'éternité.
_ Je peux rester avec toi ce soir ? demanda-t-il.
Il demandait toujours.
Il sentit l'acquiescement d'Heero dans son cou et sourit, heureux. Oui, le bonheur, ça devait ressembler à ça.
***
Heero s'étira et posa son crayon. Il leva la tête vers le ciel, regardant les couleurs du lever de soleil enflammer le ciel.
C'était superbe. Duo avait eu une idée fantastique. Ils n'étaient qu'à une journée de la maison Winner et quelques heures de l'océan, mais le désert les entourait complètement et le sentiment d'absolu de ce paysage fabuleux vous prenait à la gorge et vous entourait de sa magie. La lumière désertique était merveilleuse en soi, et Heero avait largement eu son compte de couleurs et de portraits de Duo dans cette luminosité.
Heero bailla, il avait vaguement mal à la tête et mit ça sur le compte de la fatigue il s'était levé tôt sans trop savoir pourquoi mais la vision de l'aube valait largement quelques heures de sommeil.
Un mouvement derrière lui le fit se retourner, et Duo émergea de leur tente d'un air endormi. Il alla s'asseoir entre les jambes d'Heero et se laissa tomber contre lui. Heero l'entoura de ses bras.
_ Te trouvais pas, marmonna Duo en baillant à s'en décrocher la mâchoire. 'nuit.
Le garçon châtain se rendormit immédiatement et Heero se laissa doucement tomber en arrière, la tête soutenue par son sac, celle de Duo posée sur son torse.
D'un geste lent et doux, il défit la natte de son petit ami pour étaler ses cheveux, les doigts caressant les mèches inlassablement, et termina de regarder les couleurs du lever de soleil, heureux et apaisé comme il ne l'avait jamais été.
Il finit par fermer les yeux quelques minutes, souriant légèrement à la montée de la température, aux rayons du soleil qui commençaient à réchauffer son visage.
Il laissa passer un moment au calme, les cheveux de Duo sous ses doigts avant de rouvrir les yeux doucement, à regret.
Abdul n'allait pas tarder à venir les chercher. Ils devaient aller jusqu'à un groupe d'immenses dunes aujourd'hui et il valait mieux partir avant que le soleil ne brûle trop.
Heero ne s'en rendit pas compte tout de suite. Il cligna des yeux, un peu surpris parce que quelque chose n'allait pas.
Il comprit seulement lorsqu'il posa les yeux sur ses crayons de couleur et qu'il les vit gris. Il sursauta violemment, réveillant Duo par la même occasion.
_ Non, murmura Heero avec horreur. Pas maintenant…
Rien ne l'avait prévenu… Rien n'avait prédit… Le désert ! Le changement brutal de l'océan au désert ! Bon sang, il aurait dû savoir, s'en douter !
Duo secoua la tête, un peu irrité d'avoir été réveillé si brutalement et surpris de trouver ses cheveux défaits. Il leva les yeux vers Heero et l'air de pure panique que son petit ami arborait acheva de le secouer.
_ Heero, quelque chose ne va pas ?
_ Je vais faire une crise, Duo, répondit celui-ci d'une voix nouée.
_ Quoi ?! Comment ça tu vas faire une crise ?! s'écria Duo, sentant la panique l'envahir à son tour.
Heero frissonna et se frotta les yeux, serra les dents. Duo le vit tirer sur ses vêtements comme si ceux-ci le gênaient.
_ Heero, dis-moi ce que je dois faire ! fit-il en s'approchant, essayant de ne pas s'affoler en réalisant qu'il n'avait aucune idée sur la manière d'agir dans un cas pareil.
Heero tourna des yeux définitivement aveugles vers lui.
_ L'eau…Emmène-moi à l'eau, la mer…
_ La mer ? Heero, on est milieu du désert !
_ Il me faut de l'eau, emmène-moi à la mer ! répéta Heero plus fort, tirant toujours sur ses vêtements.
Duo prit une inspiration. Oh, qu'il n'aimait pas ça…
_ Bouge pas de là, bébé, dit-il. Je vais appeler Quatre, il me dira exactement quoi faire et ça va aller.
Du moins il l'espérait, pour que Heero le laisse en un seul morceau après qu'il l'ait appelé « bébé », il fallait qu'il aille vraiment mal…
Duo se précipita à l'intérieur, le cœur battant, et vida tout son sac d'une traite, attrapa son téléphone portable et tapa le numéro de celui de Quatre à toutes vitesses. A son grand soulagement, il ne l'avait pas éteint, ça sonnait.
_ Allez, réponds…
_ 'lô ? marmonna enfin une voix ensommeillée.
_ Quat, c'est Duo ! Heero est en train de faire une crise et je sais pas du tout quoi faire !
_ Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ? marmonna Quatre, mal réveillé.
_ Quatre, Heero est en train de faire une crise, bordel ! Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ??!!
Il y eut un instant de silence, puis :
_ Heero fait une crise ???
_ Oui, bordel !
Quatre prit une inspiration.
_ D'accord, ne panique pas. Vous êtes où ?
_ Je sais pas, quelque part au milieu du désert !
_ Heero est où ?
_ Je l'ai laissé à l'entrée de la tente…
_ Il ne faut pas le laisser seul, Duo ! Tu l'as déshabillé ?
_ Hein ? Non !
_ Ecoute-moi bien, ordonna Quatre d'une voix incroyablement autoritaire. A cet instant, Heero est vulnérable à tout bruit autre qu'un battement de cœur, à toute matière autre que la texture de la peau. Il se sent agressé, il ne voit rien, n'entend rien de compréhensible. Il est comme un nouveau-né.
_ Bon Dieu… murmura Duo, de plus en plus paniqué.
_ Son empathie est ouverte au maximum, ce qui fait que le moindre sentiment un peu trop violent le blessera. Tu dois rester calme, quoiqu'il arrive, tu entends ?
_ Comment tu veux que je reste calme, bon Dieu !!
_ Reste calme, c'est tout. Si Heero s'affole trop, ça va mal se finir. Il a besoin d'être dans un environnement rassurant, dans de l'eau. Il va chercher à se créer un cocon d'eau et ira la chercher à la source la plus proche.
Duo inspira profondément.
_ Ça va aller, alors. Il va créer son cocon et tout ira bien, non ?
_ Duo, dit Quatre d'une voix sérieuse quoiqu'un peu stressée. La source d'eau la plus proche, c'est toi.
Pendant un instant, le cœur de Duo cessa de fonctionner, et Quatre ajouta :
_ Sans compter qu'il faut que tu te rappelles que plus il est exposé, plus il souffre.
Duo se mordit la lèvre, puis demanda dans un souffle :
_ Qu'est-ce que je dois faire ?
_ Tu vas te déshabiller complètement, et déshabiller Heero complètement aussi. Prends le dans tes bras, assure-toi qu'il ne soit en contact qu'avec ta peau. N'oublie pas qu'il est incapable de te reconnaître, pour lui tu n'es qu'un agresseur potentiel. Dès qu'Abdul vous rejoint, dis lui de vous emmener immédiatement au point d'eau, oasis ou océan, le plus proche. Il saura quoi faire. Dépêche-toi !
Duo raccrocha et se précipita dehors. Ne pas paniquer, ne pas paniquer, ne pas paniquer… Rester calme.
Heero s'était déplacé à quelques mètres de la tente, recroquevillé sur lui-même et gémissait doucement, les yeux grands ouverts.
Oh, bordel…
_ Heero…appela doucement Duo, mais il n'eut pas d'autre réaction que de le voir se replier encore plus.
Essayant de calmer les battements effrénés de son cœur, Duo se déshabilla complètement, hésitant à retirer son caleçon, mais Quatre avait dit qu'il devait être complètement nu.
Il s'approcha doucement d'Heero, s'agenouilla sur le sol près de lui et posa une main sur son visage. Le garçon brun avait commencé à déchirer ses vêtements.
Il sursauta lorsque Duo le toucha et chercha à s'éloigner, mais lâcha un petit cri de douleur à la place.
Duo inspira de nouveau, émerveillé de son propre calme, et déboutonna la chemise d'Heero qui gémissait doucement dans un mélange de terreur et de souffrance.
Si Duo réussit à la lui retirer sans trop de difficulté, le short fut une autre paire de manches, Heero n'était pas très coopératif.
_ Euh…Monsieur Maxwell ? appela Abdul, apparemment un peu surpris de tomber sur lui complètement nu et en train d'essayer de déshabiller Heero.
_ Heero est un Wasted hydrokinesiste empathe en train de faire une crise, il faut l'emmener au point d'eau le plus proche.
Apparemment Abdul savait de quoi il retournait car il fit demi-tour immédiatement et amena le 4x4 jusqu'à eux pendant que Duo s'ingéniait à débarrasser Heero de son caleçon.
Il n'avait pas imaginé voir Heero nu pour la première fois dans ces conditions, mais ce n'était pas le moment d'y penser.
Heero se débattait, mais avec l'aide d'Abdul, Duo réussit à s'asseoir à l'arrière de la voiture, Heero sur ses genoux remuant comme un animal pris au piège, son visage absolument terrorisé.
Abdul sortit une bouteille d'eau de sous le siège et la vida sur la tête d'Heero qui arrêta immédiatement de bouger.
Duo, légèrement mouillé également, regarda Abdul d'un air stupéfait.
_ Pour calmer tout Wasted en état de crise, il faut le mettre en contact avec de l'eau, dit-il à voix basse pour ne pas éveiller l'attention d'Heero. Tous les Colons savent ça. Mais pour un hydrokinesiste, ce ne sera pas suffisant. L'océan est à trois heures de route, faites de votre mieux pour le garder calme d'ici là.
Le Maganac monta au volant et démarra le 4x4. Heero lâcha un cri de surprise effrayé, mais l'eau l'avait calmé, et Duo eut le réflexe immédiat de plaquer Heero contre lui.
Il ne se rendit compte qu'à ce moment-là que la peau de son petit ami était toute irritée, à certains endroits écorchée.
Ce sont ses vêtements qui ont fait ça ??
Emu, la gorge serrée, Duo commença à caresser doucement son dos.
***
Il était pris dans un univers de douleurs, d'agressions. Tout était noir, il ne voyait pas son agresseur, et les sons étaient forts, trop forts, ça faisait mal… Il fallait qu'il échappe au mal ! Il fut un instant surpris lorsque la douleur sur sa peau disparut, mais il était remué partout, transporté partout, et il ne voyait pas, ne comprenait pas… Il fallait qu'il s'échappe, oh, qu'il trouve un endroit où se réfugier, où se protéger des tambours dans sa tête et de la douleur et des bruits et de ses agresseurs…
Un contact agréable soudain le fit s'arrêter, quelque chose de doux et de rassurant sur sa peau, qui glissait, qui l'entourait.
Et puis de nouveau le mouvement, un bruit désagréable. Il lâcha un cri de détresse, et se sentit plaqué contre quelque chose d'autre… C'était agréable aussi… ça ne faisait pas mal…
Et quelque chose de si doux sur sa peau, qui passait et repassait… Il était en sécurité… ? Il se sentait bien, il n'avait pas mal…
***
Duo sentit Heero s'immobiliser sous ses mains. Ses yeux arrêtèrent de passer d'un côté à un autre, et l'air apeuré disparut graduellement, remplacé par une certaine curiosité, mais surtout un calme rassuré.
Duo se détendit à son tour et poussa un soupir de soulagement. Maintenant que la situation se stabilisait plus ou moins, il commençait à se rendre compte qu'il était complètement nu à l'arrière d'une voiture avec son petit ami tout aussi nu accroché à lui.
C'était vraiment gênant, et d'autant plus avec Abdul qui conduisait devant à une vitesse sûrement non autorisée.
Mais surtout, l'air d'intense souffrance et de peur qu'Heero avait eu sur le visage l'avait choqué. Est-ce que c'était ça à chaque fois ? Heero souffrait comme ça, à chaque fois ? Et lui n'avait rien pu faire, il n'avait pas pu le rassurer, le faire sortir de cette peur… Le son de sa voix ne faisait que l'effrayer plus.
S'il n'avait pas pu joindre Quatre, si Abdul n'avait pas été là…
Il ne s'était jamais senti aussi impuissant de sa vie.
Quelque chose sur ses lèvres le sortit de sa réflexion. Heero avait posé le bout des doigts sur sa bouche, un air curieux sur le visage.
Au début Duo ne comprit pas, avant de réaliser qu'il avait du sentir son soupir. Prudemment, Duo ramena une de ses mains devant et la posa sur le visage d'Heero. Le brun eut un mouvement de recul, avant de s'en emparer d'un geste possessif.
Un peu surpris, un peu émerveillé, Duo le vit tracer du doigt le contour de sa main, des lignes qui ornaient sa paume, avant de sourire d'un air enchanté et de la serrer contre lui. Puis il fronça les sourcils et attrapa son autre main.
Duo entourait le dos d'Heero pour l'empêcher de tomber en arrière, et sa main était posée sur la hanche du brun. Apparemment, ça le satisfaisait, car après l'avoir touchée comme il l'avait fait avec la première il la remit là où elle était, au grand soulagement de Duo.
La position n'avait pas été terrible.
Heero s'appuya complètement contre lui, sa tête un peu en dessous de son épaule, serrant la main de Duo contre sa poitrine, et ne bougea plus, un sourire de contentement enfantin sur les lèvres.
Duo le regarda avec attention. C'était la première fois qu'il voyait Heero ainsi. Si peu gardé, un véritable enfant. C'était un peu déstabilisant, un peu étrange.
***
Il savait qu'elles étaient à lui. Les deux mains, rien qu'à lui, qu'elles devaient rester contre lui. Il les reconnaissait, il s'en souvenait. Et tout le corps contre lequel il était, tout, tout était à lui. Tout essayait de le protéger, mais le bruit était encore très fort, trop fort, c'était désagréable. Et il sentait encore les tambours dans sa tête, il y avait encore des choses qui l'agressaient.
Mais il allait se cacher dans un endroit protégé, et il emmènerait tout ce qui était à lui avec. Oui, il fallait qu'il se cache.
***
Duo soupira profondément et ferma les yeux un instant. Il ne savait pas depuis combien de temps ils roulaient, mais ça lui semblait long, long, trop long. Il avait des crampes, à rester immobile de peur d'agiter Heero, et bon Dieu ce qu'il avait soif !
C'était curieux, il n'avait pas transpiré, mais il crevait de soif ! Heureusement, la peau d'Heero restait curieusement fraîche, ça lui faisait du bien.
Il vit Abdul sortir une bouteille d'eau de sous le siège, et boire longuement tout en gardant les yeux fixés sur la route. Puis le Maganac lui tendit l'eau.
_ Buvez, dit-il d'une voix calme et basse. Il est en train de nous drainer.
Duo pâlit.
_ Mais, il est calme…
_ Oui mais son environnement n'est pas assez sécurisant. Il est calme grâce à votre présence mais il cherche tout de même à se protéger du bruit de la voiture et de nos émotions. Il reste un peu moins d'une heure de route, nous avons gagné du temps. Il faut tenir jusque-là.
L'eau était chaude, mais bienvenue tout de même. Quelques gouttes glissèrent sur le menton de Duo, et avant qu'il n'ait le temps de comprendre, Heero le léchait avec application.
Le châtain devint écarlate sous le regard franchement rigolard d'Abdul dans le rétroviseur. Heero suivit de la langue les quelques gouttes d'eau jusqu'à ses lèvres et la plongea sans hésitation dans la bouche de Duo.
Oh, bon Dieu…pensa-t-il, presque choqué.
Heero n'avait jamais été aussi agressif dans sa façon de l'embrasser ! Ni si méthodique et possessif !
Lorsque le brun reprit sa position initiale, il laissa Duo plus essoufflé qu'après un deux cent mètres, et de nouveau assoiffé.
En terminant le peu d'eau qui restait, Duo eut l'image mentale assez perturbante d'un Heero vampire dont il serait le calice. C'était presque ça…
L'heure s'écoula lentement, Duo essayait de rester calme, mais il sentait son corps s'assécher et sa soif grandir de plus en plus, alors que la peau d'Heero devenait presque humide. Abdul souffrait apparemment autant que lui.
Lorsqu'ils arrivèrent en vue de l'océan, Duo ressentit un intense soulagement. Moins de dix minutes plus tard, Abdul se garait en haut d'une petite plage.
Heero sembla perturbé par le changement, et Duo le serra contre lui en descendant. Le brun parut s'affoler, s'accrocha à lui avec des cris plaintifs, le regard de nouveau agité, et Duo accéléra le mouvement, marchant le plus vite possible jusqu'à la mer avec Heero dans les bras un peu vacillant au début à cause des deux heures et demi passées dans la voiture mais l'adrénaline lui donnant des ailes.
Duo entra dans l'eau tiède de l'océan. C'était bon, ça allait se finir. C'était presque fini.
***
Les choses changeaient encore, l'agression se modifiait. Il s'accrocha à ce qui lui appartenait, angoissé à l'idée qu'on l'éloigne de sa seule protection, décidé à ne jamais, jamais se le laisser prendre. Tout était à lui ! A lui !
Tout le protégeait, les mains et le corps, tout était à lui !
Le changement total d'environnement le surprit. C'était si agréable, soudain… Oh, les mains et le corps qui le protégeaient l'avaient emmené dans un endroit pour être à l'abris… Comme c'était agréable, ce qui glissait comme ça sur sa peau, agréable comme les mains qui étaient à lui… C'était peut-être des mains, plein de mains qui étaient à lui et qui le protégeaient, lui et le corps qui lui appartenait… Il voulait que toutes les mains les recouvrent, les protègent et ne plus jamais, plus jamais sortir… Plus jamais…
***
Duo attendit d'avoir de l'eau jusqu'à la taille avant de se mettre à genoux dedans, gardant juste les épaules en dehors. Heero avait sur le visage une expression d'émerveillement, de bonheur complet. C'était si beau à voir, qu'il ne se rendit pas tout de suite compte que l'eau montait.
Lorsqu'elle atteignit son menton il sursauta sans comprendre, regardant autour de lui. Un champignon d'eau se formait autour d'eux, s'apprêtant à les submerger.
Il chercha à se relever pour regagner le bord avec Heero, mais une sorte de courant semblait lutter contre lui et Heero s'agrippait à lui douloureusement, gênant son déplacement. Mais il ne pouvait pas le laisser !
La panique s'empara de lui lorsque des murs d'eau commencèrent à monter vers le ciel, et il comprit soudain ce qui ce passait.
Heero, c'était Heero qui provoquait ce phénomène !
_ Heero, arrête ça ! Arrête, on va se noyer ! T'es hydrokinesiste, pas un poisson ! Et moi non plus ! Heero !
Voyant que ça ne servait à rien, il se tourna vers le rivage, affolé, voyant Abdul courir sur la plage dans leur direction.
_ ABDUL ! hurla-t-il. ABDUUUUL !!!! ABDU…
Le mur d'eau les recouvrit complètement et il serra Heero pour lutter contre le courant, battant des pieds en même temps pour essayer de remonter à la surface, de trouver une surface !
Ça ne dura pas longtemps : le courant disparut, l'eau était calme, mais il n'y avait plus de fond et de surface, il ne savait plus dans quel sens nager.
L'air commençait à lui manquer, il paniqua, ils allaient se noyer, ils allaient se noyer ! Duo se débattit de plus belle, les poumons brûlants, lorsqu'il sentit soudain deux bras le maintenir immobile, une bouche contre la sienne, deux doigts qui lui pinçaient le nez.
De l'air. De l'oxygène qui lui remplissait les poumons. L'air trop pur lui piquait un peu la gorge, mais c'était le moindre de ses soucis.
Malgré le sel qui lui brûlait les yeux, Duo les ouvrit, plongeant immédiatement dans deux océans particuliers, deux océans qu'il connaissait.
Les yeux d'Heero. Les yeux d'Heero, ouverts, qui le regardaient, pas d'un regard d'aveugle. Heero le voyait. Heero lui donnait de l'air tiré d'il ne savait où.
Le brun le lâcha lentement, posa une main sur sa joue et la caressa pour le rassurer Duo referma les yeux avec l'étrange sentiment que tout irait bien maintenant.
Heero le serra dans ses bras, contre lui, et l'eau autour d'eux ne devint plus oppressante, au contraire, amicale. Duo sentit un courant léger les emporter. Il eut la tentation de s'affoler de nouveau, mais les bras d'Heero autour de lui et sa bouche contre la sienne le rassuraient. Heero était conscient, savait ce qu'il faisait. Comment, Duo n'en avait aucune idée. Mais l'important c'était qu'Heero était conscient.
Ils surgirent à la surface brutalement et Duo décolla sa bouche d'Heero pour prendre une grande inspiration. Il avait la tête qui tournait, mais en sentant la prise d'Heero se relâcher, il se raccrocha à lui, le tirant contre lui.
Un coup d'œil lui suffit à se rendre compte que Heero avait perdu connaissance, et il savait qu'il n'allait pas tarder à faire de même, mais il devait d'abord les ramener sur la plage.
Dieu merci il sentit presque immédiatement quelqu'un lui attraper les épaules.
_ C'est bon, monsieur Maxwell, fit la voix incroyablement soulagée d'Abdul. Je vous tiens tous les deux.
Et avec cette information rassurante, Duo s'autorisa à perdre conscience à son tour.
***
Heero ouvrit lentement les yeux, un peu ébloui par la lumière, et mit un certain temps avant de reconnaître son environnement. Il était dans la chambre que lui avait attribuée Quatre.
Son regard se figea un instant lorsque les évènements précédant son inconscience lui revinrent en mémoire.
Une crise. Il avait fait une crise, et il avait failli tuer Duo.
Il avait failli tuer Duo.
S'il n'avait pas repris conscience à temps, s'il ne s'était pas réveillé Duo serait mort noyé à cause de lui.
La gorge serrée, Heero referma les yeux et se recroquevilla, secoué d'un tremblement soudain. Il avait failli tuer Duo. Une nausée violente l'agita et il se leva d'un bond, courant dans la salle de bain adjacente à sa chambre il eut à peine le temps de se pencher dans la cuvette des toilettes avant de vomir une bile amère.
J'ai failli tuer Duo…J'ai failli tuer Duo…J'ai failli tuer Duo…Incapable de tenir debout, il s'effondra sur le carrelage frais, s'accrochant aux toilettes, continuant à régurgiter tout ce qu'il avait dans le ventre, quelques sanglots hystériques et douloureux le secouant un peu plus.
J'ai failli tuer Duo…J'ai failli tuer Duo…J'ai failli tuer Duo…Une main se posa sur son dos nu, et une voix apaisante lui murmura des mots réconfortants à l'oreille.
Un dernier sanglot le secoua, et il réussit enfin à se calmer, trop épuisé physiquement et nerveusement pour continuer, mais soudain conscient de la présence d'une autre personne et de la nécessité de reprendre son sang-froid.
_ Ça va mieux ? demanda Duo doucement, et Heero se figea.
C'était la voix de Duo, la main de Duo…
Heero réalisa soudain qu'il était nu, j'ai failli tuer Duo, qu'il venait de vomir devant Duo, j'ai failli tuer Duo, qu'il venait de pleurer devant Duo, j'ai failli tuer Duo, qu'il avait fait une crise devant Duo, j'ai failli tuer Duo…
Il s'était complètement ridiculisé, il avait été inconscient, il avait complètement perdu le contrôle…
Heero chercha à se lever, s'éloigner de Duo, mais il en fut incapable.
Duo le souleva complètement, le soutint pour qu'il reste debout, et l'amena au lavabo. Mortifié, dégoûté par lui-même, Heero se laissa conduire. C'est à peine s'il réussit à ouvrir le robinet pour se rincer la bouche.
Il lui fallut longtemps pour se débarrasser du goût amer de la bile, et même après ça, il en restait un peu.
Il voulut tenter de se déplacer seul, mais en fut de nouveau incapable et Duo le porta presque jusqu'à son lit. Il le recouvrit du drap, passa une main sur son front.
_ Je reviens tout de suite, dit-il avant de sortir.
Heero ferma les yeux, luttant contre une envie de pleurer de plus en plus pressante. Ça suffisait, il s'était assez ridiculisé comme ça…
Duo revint presque aussitôt mais Heero garda les yeux fermés, incapable d'affronter son regard. Duo posa quelque chose sur ses lèvres, poussant légèrement pour qu'il ouvre la bouche.
_ Ça te fera du bien, dit-il. Tu as besoin de reprendre des forces.
Heero entrouvrit les lèvres, découvrant qu'il s'agissait d'un carré de chocolat. Duo lui fit avaler la moitié d'une plaquette comme ça, l'encourageant tendrement quand Heero fatiguait, et cette foutue envie de pleurer remontait à la surface.
Duo lui fit boire ensuite au moins une bouteille d'eau entière, et Heero découvrit avec surprise qu'il mourait de soif.
_ Les autres ne sont pas là aujourd'hui, fit Duo. J'ai réussi à les convaincre d'aller se balader, ils reviendront tard dans la nuit. On n'est que tous les deux.
Il était hors de question qu'il pleure. Il n'allait pas pleurer. Il n'allait pas pleurer.
Oh bon Dieu.
Heero se couvrit le visage d'un bras et tourna le dos à Duo, incapable de réprimer ses larmes plus longtemps.
Il était vraiment pathétique.
Heero sentit soudain le matelas s'enfoncer, et deux bras l'entourer, Duo le tirer contre lui et le serrer fort.
_ Ça va aller, Heero, murmura-t-il en le berçant doucement. C'est fini, ça va aller…
Bordel, mais il ne comprenait pas ?! Bien sûr que non, ça n'allait pas du tout, il avait failli le tuer !
Heero était tellement épuisé qu'il ne se rendit pas compte qu'il se rendormait et lorsqu'il reprit conscience, plus calme, le soleil se couchait. Duo le tenait encore dans ses bras, lui caressait le front.
_ J'aurais pu te tuer, fit Heero d'une voix un peu rauque.
Duo arrêta de le toucher, s'écarta juste un petit peu afin de pouvoir le regarder. Il lui sourit doucement.
_ Tu m'as sauvé, répliqua-t-il. Tu es ma petite sirène.
_ Ne plaisante pas ! cingla Heero. Je…
_ Je ne plaisante pas, Heero.
Duo le força à le regarder dans les yeux.
_ Tu m'as sauvé la vie, répéta-t-il. Lorsque tu étais en pleine crise, ce que tu as fait avec l'eau, c'était pour me protéger aussi, non ? Et après ça tu m'as sauvé, Heero. J'ai encore du mal à comprendre comment, mais tu m'as sauvé.
_ J'aurais pu te tuer, répéta Heero.
_ Et ça n'arrivera plus, répondit Duo calmement. Parce que maintenant je sais ce qu'il faut faire quand tu as une crise, et on a tous appris une grande leçon : ne plus jamais t'emmener dans un endroit sans eau. Alors j'espère que tu as eu ton content de désert, parce que tu n'y retourneras plus. Ton grand-père est fou furieux, au passage.
_ Duo…
_ Heero, ça fait deux jours que tu dors. J'ai presque cru que tu ne te réveillerais pas.
Duo posa une main sur sa joue, le regard soudain plein d'émotions.
_ Tu m'as flanqué la trouille, Quatre avait beau dire que c'était normal, c'était presque comme si t'étais mort. Tu respirais à peine, tu bougeais pas, t'étais tout blanc, tout froid.
_ Mon corps récupérait.
_ Ouais, ben ça donnait plutôt l'impression qu'il s'éteignait.
Duo se pencha et l'embrassa, longuement. Heero entrouvrit les lèvres pour approfondir le baiser et Duo le serra contre lui, l'entourant de ses bras.
_ Quatre a dit que tu avais dû réussir à contrôler ton pouvoir un court moment, quand tu as repris conscience et que c'est ça qui t'as épuisé, ajouta Duo juste après.
Heero ferma les yeux. Quand il avait repris conscience, et vu Duo dans l'eau, il avait paniqué, et n'avait plus pensé qu'à le sauver.
_ Certains hydrokinesistes arrivent à exploiter l'oxygène de l'eau, murmura-t-il.
_ C'est ce que Abdul m'a expliqué. Tu crois qu'en t'entraînant, tu pourrais y arriver à volonté ?
Heero secoua la tête.
_ L'empathie m'en empêche… Je ne sais pas comment j'ai fait…
_ Probablement la combinaison de plongée brutale dans l'océan et de l'adrénaline. Sous le coup de l'adrénaline, on peut faire des trucs incroyables, je me souviens d'une histoire où une mère a soulevé une voiture pour sauver son gamin. Tu as dû avoir le même type de réaction, ce qui t'as permis d'utiliser ton pouvoir pendant un temps. Mais ça t'a complètement achevé. En tout cas, je suis flatté de provoquer ce genre de pulsion salvatrice chez toi.
Duo lui caressa la joue, l'embrassa de nouveau.
_ T'es fabuleux, mon cœur.
Heero se mordit la lèvre en regardant Duo.
Ce n'était pas possible qu'il soit si tolérant, qu'il ne lui en veuille pas, qu'il ne soit pas dégoûté. Qu'il n'ait pas peur de lui le moins du monde et fasse comme si tout allait bien. Ce n'était pas possible, ce n'était pas réel.
Il jouait. Il mentait.
_ Il faut que tu manges, déclara Duo en se levant. Je vais préparer à dîner, bouge pas, je monte avec tout ça. Et tu devrais enfiler quelque chose, tu vas attraper froid.
Heero le regarda sortir de la chambre en silence.
Il savait ce qu'il devait faire, ce n'était même pas comme si il n'y pensait pas depuis longtemps. A Saint Gabriel, caché dans un tiroir, ça faisait plus de trois semaines que le lubrifiant attendait son heure.
Il n'avait juste pas su en parler à Duo qui depuis cet incident juste avant la rentrée n'agissait plus que de manière politiquement correcte. Ça avait rapidement commencé à agacer Heero qui du coup n'osait pas le toucher plus que lui ne le faisait, et ça ne menait à rien.
Il s'était préparé à la maison, pour le moment où il aurait assez de courage pour demander à Duo de pousser leur relation plus loin, ou que Duo se déciderait enfin tout seul.
Il n'était plus temps d'hésiter, maintenant était le bon moment.
Il avait envie de Duo, et il avait besoin de s'assurer que Duo ne lui mentait pas.
Le lubrifiant ne servirait pas pour cette fois, mais Heero n'était pas du genre à se laisser intimider par ce genre de détails. Il se leva prudemment de son lit pour ne pas que la tête lui tourne et marcha lentement jusqu'à la salle de bain. Sur la tablette, il avait repéré une crème hydratante que Quatre avait dû déposer pour adoucir les irritations dues au frottement des vêtements pendant sa crise. Puis il alla ouvrir le tiroir de la commode où il avait rangé ses affaires et en sortit un grand tee-shirt noir.
C'était le tee-shirt que Duo lui avait prêté quand ils étaient allés à l'aéroport chercher Meiran. Duo ne l'avait jamais réclamé, Heero ne le lui avait jamais rendu.
Il l'enfila, alla s'asseoir sur son lit, et, le regard intense comme s'il se préparait pour une bataille, il attendit que Duo revienne.
***
Duo monta les escaliers lentement pour ne rien renverser. Il n'avait rien fait de spécial, juste un œuf, du riz, et il avait ajouté une nouvelle plaquette de chocolat, mais il fallait qu'Heero mange pour récupérer complètement.
Il n'aurait pas su décrire le soulagement qui l'avait saisi lorsqu'il était entré dans la chambre et entendu Heero dans la salle de bain, réveillé.
Réveillé.
Bon Dieu, il avait eu l'air tellement…tellement mort,
couché sur son lit ! Duo s'était senti complètement impuissant, furieux
après lui-même de ne pas avoir su avant comment se comporter en cas de crise.
S'il avait pris la peine de simplement demander, même d'aller voir Ji pour se renseigner, peut-être que les choses se seraient
mieux passées.
Mais non, il avait eu peur de blesser Heero, peur que
Heero le prenne mal.
Ce qui s'était passé dans l'océan avait été une expérience à la fois terrifiante et euphorique. Se dire qu'Heero avait ce pouvoir en lui, ce pouvoir de contrôler l'eau. Qu'il aurait pu les noyer tous les deux sans même s'en rendre compte.
Et puis son « réveil » inespéré, sa soudaine conscience, et cette capacité qu'il avait maîtrisée pour sauver la vie de Duo.
Heero était fabuleux. Tout simplement.
Tout ça aurait pu mal se finir, mais Duo avait retenu la leçon.
Il savait désormais à quoi s'attendre.
Duo entra dans la chambre en ouvrant la porte d'une seule main, précautionneusement, et faillit tout renverser en voyant Heero.
Heero, assis sur le lit en tailleur dans un tee-shirt noir qu'il reconnut comme le sien et même s'il était un peu grand, pas assez pour cacher qu'il était complètement nu dessous.
Duo retint un gémissement de frustration. Ce n'était pas du tout la même chose que d'avoir Heero nu et agissant comme un enfant pendant trois heures sur ses genoux !
Cette fois, Duo avait le temps et l'humeur pour être affecté…
Essayant de ne pas montrer son trouble, Duo se dirigea vers le lit et posa le plateau dessus. Heero le remercia d'un murmure et commença à manger lentement. Duo détourna le regard en parlant de la promenade que faisaient les autres, une sortie vers une plage réputée plus au nord.
_ Tu aurais dû y aller avec eux, fit Heero en regardant Duo.
Celui-ci secoua la tête.
_ J'avais pas envie de te laisser, et j'ai bien fait puisque tu t'es réveillé, répliqua-t-il avec un petit sourire.
Heero ne répondit pas, cassa un bout de chocolat et le suça lentement. Duo détourna de nouveau les yeux, mal à l'aise, et en prit un morceau à son tour pour s'occuper.
Ça faisait des semaines et des semaines qu'il attendait un signe d'Heero pour l'autoriser à aller plus loin dans ses caresses, et à cet instant, l'abstinence lui semblait extrêmement injuste et douloureuse.
Et puis Heero prit le plateau, le posa sur le sol et regarda Duo d'un air tellement intense que celui-ci sentit nettement un coup de chaleur lui enflammer le bas-ventre. Oh bon Dieu…
Heero s'approcha de lui, passa les bras autour de son cou et s'assit sur ses genoux, croisant les jambes derrière lui.
Puis il l'embrassa, ne laissant pas le temps à Duo de poser de questions, même s'il en avait eu les capacités mentales à cet instant. Les lèvres d'Heero avaient un étrange parfum de chocolat et de sel mêlés et Duo ne put s'empêcher de répondre au baiser comme un homme affamé, caressant et mordillant les lèvres d'Heero avec les siennes, frottant sa langue contre la sienne, sentant s'éveiller en lui un désir urgent, trop urgent. Puis Heero mit fin au baiser brutalement, laissant Duo essoufflé et douloureusement excité, et le brun ne pouvait pas manquer de le sentir vu l'endroit où il était assis.
_ Heero… souffla Duo d'une voix étranglée.
Heero glissa les mains sous son tee-shirt sans répondre et posa la tête sur son épaule. Le cœur de Duo battait à tout rompre, les doigts d'Heero contre sa colonne vertébrale lui hérissait la peau. Le châtain avait du mal à garder l'esprit clair. A quoi Heero jouait ?
_ Fais-moi l'amour, chuchota ce dernier, et Duo faillit lâcher un gémissement.
Oh, bordel, il n'avait pas le droit de le demander comme ça, pas comme ça, par surprise ! Est-ce qu'ils ne devaient pas en parler avant, réfléchir à des tas de choses stupides, stresser pour des broutilles ? 'de Dieu, Duo s'était même préparé à une éventuelle discussion sur qui serait au-dessus ou en-dessous !
Et Heero lui tombait dessus complètement par surprise, fais-moi l'amour, juste comme ça… Bordel, comment il pouvait dire non ??!!
_ Heero, répéta-t-il, juste essayer de raisonner, de comprendre pourquoi là maintenant tout de suite sans prévenir, et Heero releva la tête, planta ses deux océans dans les yeux de Duo. Deux yeux bleu brûlant… Et on prétendait que le bleu était une couleur froide !
_ J'ai envie de toi, fit Heero.
Et comme pour appuyer ses dires, il lui caressa un téton des doigts et se frotta légèrement contre le sexe de Duo qui sursauta dans une inspiration brutale.
_ Bon Dieu, Heero, protesta le châtain en rendant les armes.
Duo colla les lèvres contre celles d'Heero, et le brun sut qu'il avait gagné. Il avait tellement besoin de cette preuve, cette preuve que Duo était sincère que non seulement il n'était pas dégoûté par Heero, mais qu'en plus il voudrait encore de lui après.
Duo lui avait dit qu'il l'aimait, mais pour l'assurance ébranlée d'Heero, ça ne suffisait pas. Mais bientôt les caresses de Duo sur son corps lui firent oublier les raisons pour lesquelles il voulait que son petit ami lui fasse l'amour.
Il n'y avait plus besoin de raison, il voulait que Duo le touche, c'était tout, et toucher Duo, et se laisser emporter par les vagues de plaisir que l'un et l'autre lui apportaient, d'une manière différente.
Il aimait que Duo lui donne du plaisir autant qu'il aimait lui en donner.
Heero fut un peu désorienté lorsque Duo le plaça sur lui, le châtain lui laissant le contrôle de leur rythme et de leurs mouvements, mais les caresses qui suivirent lui firent vite oublier toute question. Il voulait Duo, il voulait Duo ! Et lorsque Heero le prit enfin en lui…
C'était plus euphorique qu'une overdose océanique, plus doux qu'un plongeon dans la rivière, c'était être complètement immergé dans un monde nouveau où ses sens étaient exacerbés sans qu'il en souffre. Il sentait la présence aquatique et émotionnelle de Duo en lui, ses deux pouvoirs exceptionnellement en accord dans cet instant de magie où, ensemble, ils atteignaient le pic de leur désir, et sombraient dans la chute vertigineuse qu'était cette explosion de plaisir.
Lorsqu'il tomba sur Duo, soudain épuisé, vidé, il y eut un instant où il ne vit plus rien. Mais il n'était pas plongé dans le noir, plutôt dans un décor blanc et lumineux, presque douloureux et aveuglant.
Duo arrêta de bouger en lui, et Heero ferma les yeux, sa vue revenant lentement. Le cœur de Duo battait rapidement, enveloppant Heero d'un sentiment de bien-être encore plus confortable. Dans son dos, les mains de son amant le caressaient avec douceur. Heero soupira dans une satisfaction enfantine. Il était si bien…
Puis, soudain, Duo se redressa et chercha à le repousser. Sa sécurité brisée, Heero s'accrocha à lui dans un mouvement de panique.
_ Reste, murmura-t-il d'une voix rauque d'angoisse.
Duo le laissait ? Duo ne voulait plus de lui ?
_ Je ne vais nulle part, répondit Duo.
Il y eut un moment de silence pendant lequel la panique d'Heero couvrait tout, puis Duo ajouta :
_ Promis.
Cette fois, Heero, le cœur battant à tout rompre de détresse, n'empêcha pas Duo de le repousser et de se retirer de lui, le laissant avec un sentiment de vide terrifiant. Il avait froid, soudain… Heero retomba à côté de Duo, puis, hésitant, poussé par son besoin d'être dans les bras du garçon châtain, il se colla contre lui, vulnérable. Mais Duo ne le rejeta pas Duo lui sourit et le prit dans ses bras. Tremblant d'espoir, Heero le regarda, cherchant dans les yeux de Duo quelque chose qui lui dirait ce que le châtain ressentait. Son empathie ne lui servait à rien, et pourtant il avait tellement besoin d'être rassuré…
Mais Duo lui souriait, Duo semblait si heureux… Il tira Heero jusqu'à lui et l'embrassa avec une tendresse qui le réchauffa.
_ Je t'aime, déclara Duo, les yeux pétillants de bonheur. Je t'aime, je t'aime, je t'aime…
Le regard d'Heero s'illumina complètement et il donna à son tour un long baiser à Duo avant de s'installer confortablement contre lui.
_ Attends un peu avant de t'endormir, mon ange, l'arrêta Duo.
Le châtain attrapa un coin du drap et les nettoya tous les deux. Il fit un clin d'œil à Heero. « On s'occupera de ça demain. Viens. »
Il se leva, prenant la main d'Heero. « On sera mieux dans mon lit », déclara-t-il.
Heero se laissa tirer, regardant Duo, les yeux brillants.
Duo n'avait pas menti. Duo l'aimait vraiment. Duo était réel.
Rassuré et heureux, il s'endormit avec les bras de Duo autour de lui, les mains de Duo sur sa peau, les mots tendres de Duo comme berceuse.
***
Duo et Heero descendirent ensemble au petit déjeuner après avoir pris une douche, en même temps bien sûr. Heero était sûr qu'il avait les joues écarlates, mais le bras de Duo autour de sa taille était assez encourageant pour affronter les autres.
Apparemment, Dorothy, Solo et Hilde avaient été menacés de corvée de vaisselle pour le reste du séjour, parce qu'ils ne reçurent aucun commentaire, juste des regards entendus et moqueurs. C'était presque pire, en fait.
Mais pour la première fois de sa vie, Heero se sentait parfaitement serein. Duo l'avait vu au pire de ses crises, et Duo l'aimait.
Il pouvait bien affronter l'univers entier.
TBC…
Shakes : Eh ben, on y est… Plus que l'épilogue ! Courage ! ^o^
Duo et Heero, se regardant avec adoration : …
Shakes : … Lamentable.
Petites explications :
1) Pour ceux qui se demanderaient pourquoi Heero n'est pas aveugle à son réveil, et je sais qu'il va y en avoir, il a dormi deux jours. Les vingt-quatre heures de cécité post crise sont passées.
2) Si, si, Duo arrive à capter dans le Sahara : on est en AC 197, j'ose espérer que si on peut téléphoner dans les Colonies, ils ont trouvé un moyen de nous donner du réseau jusqu'au fin fond de la Fosse des Mariannes.
3) Ils n'utilisent pas de préservatif, parce que encore une fois, je suis assez optimiste pour espérer que si loin dans le futur, ils auront trouvé un moyen de nous débarrasser des MST, et que pour eux, le Sida paraît aussi irréel que la peste bubonique pour nous.
