SOLUTION
Disclamer : Les persos ne sont pas à moi.
Série : X/1999
Couples : FumaxKamui, SeishiroxSubaru, KakyoxHokuto, KanoexHinoto, KusanagixYuzuhira, SeichiroxShimakoxKaren, SatsukixBeast, YutoxNataku, SorataxArashi.
Auteure : Mich' Loinvoyant
Genre : shonen ai/yaoi
Chapitre sept
Karen et Seiichiro marchaient en silence depuis qu'ils avaient quitté Kamui et la tour de Tokyo. Mais comme ils arrivaient devant l'immeuble où il habitait avec sa femme, il sentit une hésitation chez son amie.
-Qu'y a-t-il ?
-…Tu es sûr que c'est une bonne idée ?
Il la regarda. Elle était si belle…Mais son regard contenait une douleur qui lui fit mal.
-Ca dépend de ce que tu veux. Tout ce que je peux te dire, c'est que j'apprécierais que tu entres.
Elle se mordilla la lèvre inférieure, pesant le pour et le contre, la peur contre le fait qu'elle n'avait rien à perdre, puis prit son courage à deux mains et frappa à la porte. Pour ne pas s'enfuir aussitôt, elle dut se rappeler qu'elle avait pris sa décision seule et qu'elle devait en affronter les conséquences, quelles qu'elles soient.
La porte s'ouvrit.
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Malgré sa nonchalance apparente, Yuto se sentait nerveux. Le silence de Kazuki, bien qu'il/elle n'ait jamais été très bavard, ne présageait rien de bon. Tout se passait comme si la transformation, ou plutôt le retour, en femme de Nataku, lui posait un problème dont elle le tenait pour responsable. Et cela l'ennuyait au plus haut point qu'elle lui en veuille. Cela lui aurait déjà posé problème avant les changements récents, mais cela était pire maintenant. Dès qu'il avait vu Kazuki, Kazuki et non Nataku, il avait su que son affection pour elle surpasserait de loin celle déjà forte qu'il avait eu pour Nataku.
Plongé dans ses pensées, il ne remarqua qu'à retardement qu'elle s'était arrêtée. Il se tourna vers elle et constata son air apeuré.
-Qu'est-ce qu'il y a, Kazuki ?
Elle le regardait avec une agressivité qu'il préféra ignorer de peur de montrer à quel point elle le blessait.
-Eh bien ?
-Pourquoi m'appelles-tu Kazuki ? Le fait que je sois une femme change donc tant ce que je suis ?
Ah, c'était ça. Le terrain était glissant, il devait agir avec prudence.
-C'est ton nom. Nataku était le nom de quelqu'un dont les sentiments étaient si endormis qu'on aurait pu douter de leur existence. Est-ce ton cas ?
-… Non. Mais, est-ce suffisant pour conclure que j'ai changé ? Aucun de mes sentiments, qu'il s'agisse de la joie de retrouver mon père, de l'affection que je peux ressentir pour les gens que je connais ou de toute autre chose ne me paraît si nouveau, juste plus présent.
-Si on y rajoute les modifications physiques, qui, je te l'accorde sans peine, ne suffirait pas à elle seule à justifier un nouveau nom, cela me paraît rendre nécessaire sa présence, non ? Cela ne sous-entend pas que tu n'es plus la même, juste que tu as changé.
Kazuki garda le silence.
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Elle était plus qu'étonnée. Devant sa porte se tenait son mari en compagnie de cette inconnue qui lui avait fait une telle impression ! Elle ouvrit la bouche, cherchant quelque chose à dire, puis la referma, comprenant qu'on lui expliquerait les raisons de cette situation sans qu'elle ait besoin de les demander. Ne sachant pas trop comment réagirai sa voix, elle préféra se taire et s'effacer pour les laisser entrer, reportant la discussion à plus tard. Seiichiro entra, suivant de la belle femme, puis lui demanda de l'accompagner au salon, pendant qu'il allait chercher quelque chose à manger. Ils avaient eu, dit-il, une soirée éprouvante, même si elle n'avait pas consisté en ce à quoi ils s'attendaient. Toujours sans dire mot, ne comprenant de toute façon rien à ce qui venait de se dire, elle fit signe à celle qu'elle considérait d'ors et déjà comme une amie de la suivre.
Elles s'assirent, et, sentant enfin sa voix prête à lui obéir de nouveau, posa la première question. Mais, apparemment, elle ne se maîtrisait pas encore totalement, car la question qu'elle posa n'avait rien à voir avec celle qu'elle voulait poser. Même si elle était de mise pour débuter une conversation.
-Comment vous appelez-vous ?
-Euh…Karen Katsumi, fit celle-ci de toute évidence assez surprise que l'« interrogatoire » qu'elle s'attendait à subir commence ainsi.
-Karen, répéta-t-elle, savourant le prénom comme si c'était du caramel. C'est un très beau prénom. Je suis heureuse de le connaître, car je dois avouer que je me suis beaucoup interroger sur votre identité depuis notre rencontre. Sans indiscrétion, comment avez-vous fait pour disparaître ainsi ? Et pourquoi l'avoir fait ?
-Le moyen importe peu, ce genre de chose est fini dorénavant. Je ne sais pas si vous vous souvenez de tremblements de terre…
-Oui, ils faisaient des dégâts, tous réparés à présent. Je n'ai aucunement l'intention de chercher à savoir comment.
-Je ne sais pas quels sont exactement les souvenirs des gens à ce sujet. Toujours est-il qu'ils devraient devenir moins fréquents à partir de ce soir.
-Voilà une bonne nouvelle ! Mais vous n'avez toujours pas répondu à ma deuxième question : pourquoi être partie ainsi, sans même me saluer ? J'aurais été enchantée de faire plus ample connaissance avec vous plus tôt.
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Ils étaient devant la porte de la maison indiquée par Kamui. Kazuki, après un instant d'hésitation, frappa à la porte. Celle-ci s'ouvrit sur un vieillard, qui, en la voyant, se figea sur place. Elle ne paraissait pas davantage disposée à parler ou à bouger, le dévorant des yeux. Yuto décida alors d'agir, parce que sinon la situation n'évoluerait pas avant une éternité.
-Eh, est-ce que c'est une façon d'accueillir sa fille ?!
-Ma…Fille ?
-Oui, bien sûr, votre fille ! Vous ne la reconnaissez pas ?
Il fut sauvé d'un regard meurtrier lancé par celle dont il était question par son père, qui se reprit et les invita à entrer. Kazuki se rappela à ce moment qu'il n'avait pas d'endroit où dormir. Bien qu'elle ne sache que penser de cette idée, elle demanda à son père s'il était possible de l'héberger quelques temps. Il ne fit pas vraiment attention à ce qu'elle dit, mais indiqua cependant la direction de la chambre d'amis, que Yuto, pas plus con qu'un autre, s'empressa de prendre, laissant le père et la fille en tête-à-tête. Ces retrouvailles ne le concernaient pas. Il aurait tout le temps de s'entretenir avec Kazuki plus tard.
En effet, une ou deux heures plus tard, celle-ci passa la tête par l'entrebâillement de la porte.
-Yuto ? Je peux te parler ?
Apparemment, sa discussion avec son père l'avait calmée vis-à-vis de son statut retrouvé. Il ne pensait pas que ce soient ses paroles, après tout assez maladroites, qui l'ait amenée à réfléchir et à comprendre qu'il n'y avait rien d'offensant dans le regard nouveau qu'il posait sur elle. Il lui sourit.
-Oui bien sûr. Rentre.
Elle obtempéra et vint s'asseoir à côté de lui, sur le lit. Ils avaient une conversation à mener sur certains sujets, par exemple les remarques d'un certain jeune homme qui avait tendance à se mêler de ce qu'il ne le regardait pas.
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-C'est une longue histoire… Pour faire court, la douceur amère que je ressentais à contempler votre couple heureux était suffisamment forte sans que j'ai besoin de vous voir de plus près.
Cette réponse posait plus de problèmes qu'elle en résolvait, mais Shimako s'en satisfit. Elle était capable de deviner les non-dits. C'est pour cela qu'elle répondit avec autant de sous-entendus :
-Vous.. Te voir, ce jour-là, cela a été comme une révélation pour moi. Je connaissais ma vie, je la sentais presque complète, mais le « presque » me posait problème. Ce que tu introduisais dans ma vie me paraissait ce qui m'avait manqué jusqu'à présent. Alors te voir à ma porte tout à l'heure, ce fut un des plus beaux moments de ma vie. Mais je sais que d'autres s'annoncent. Car tu vas rester, n'est-ce pas ?
Elle était passée au tutoiement au début de sa tirade, comme une évidence. Karen répondit de même.
-C'est ce que je veux. Moi aussi j'ai appris quelque chose ce jour-là : le bonheur qu'on éprouve à voir ce qu'on aime heureux est bien plus grand que la douleur de la solitude. Mais que je n'étais pas pour autant faite pour être seule. Je ne regrette pas.
-Pas de regrets à l'heure de ta mort ? demanda-t-elle, un sourire aux lèvres, faisant allusion à leur conversation.
-J'en aurai eu si je n'avais pas frappé à la porte, répondit-elle, souriant elle aussi, mais semblant s'adresser également à quelqu'un situé derrière celle qu'elle appelait en elle-même son amie, faute d'un meilleur mot.
Seiichiro venait de revenir, devina sa femme. Elle ne se retourna pas cependant. Ils devaient commencer dès maintenant à instaurer l'égalité entre les différents liens qui ferait leur unité, s'ils voulaient que cela fonctionne. Même si tout restait à dire. Elle avait sa conversation à finir, qui avait la priorité.
-Pour ma part, j'en aurai eu si je ne t'avais pas revue.
Elles se sourirent, puis regardèrent Seiichiro, gardant leurs sourires sur le visage, aussi sincères l'une que l'autre dans l'affection qui se lisait dans leurs regards. Il n'avait aucun choix à faire, c'est ce qu'il comprit. Cherchant ses mots un instant, il lâcha :
-Contrairement à vous deux, je n'ai rien de spécial à mettre au point. Juste que je vous aime.
La simplicité et la clarté de cette déclaration, après tous les sous-entendus qu'elles venaient d'échanger, leur tira des larmes de joie. D'un même mouvement, elles se jetèrent dans ses bras, et tous trois pleurèrent longtemps enlacés, heureux.
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-Yuto…
-Kazuki…
Ils avaient parlé en même temps. Ils se regardèrent et rirent ensemble.
-Tu veux que je commence ?
Il se souvenait qu'elle n'avait pas l'air très enthousiaste par rapport à lui dans la rue. Il préférait s'embourber dans des explications stériles et inutiles que de s'entendre rejeter. Mais elle secoua la tête.
-Non, c'est à moi de le faire. Je suis désolée d'avoir été si agressive tout à l'heure, même si je sais que tu as très bien compris que j'étais un peu confuse. Tout ce qui me tombait dessus me tournait un peu la tête. Tu sais, quand je parlais des émotions qui ne me semblait pas si nouvelles que ça, je pensais à toi aussi.
Elle détourna la tête. La rougeur qu'elle sentait monter à ses joues ne regardait qu'elle. Mais elle n'avait pas été un ange pour rien, quand même ! Donc elle reprit son courage et reprit sa demi-confession.
-Je ne peux pas vraiment parler du présent, j'ai du mal à analyser des sentiments si longtemps endormis. Mais je me souviens que j'appréciais ta compagnie, même à cette époque, alors que la présence ou l'absence des autres me laissait indiférente.
Cela le laissa sans voix un instant. Il ne s'attendait pas à ça. Puis il reprit la parole.
-Je t'ai toujours considéré(e) comme un-une- amie, et je sentais que l'affection que je te portais était toute particulière. Mais tout à l'heure, j'ai cru te voir comme dans une grande lumière. Peut-être est-ce ce qu'on appelle une illumination. En tout cas, si tu acceptes, j'aimerais qu'on essaye de vivre ensemble, longtemps, toute notre vie. Je sais que j'en aurai la force et la patience, à tes côtés, que j'aurai le courage de chercher à protéger cela. Si tu es avec moi.
Elle parut réfléchir, et le sourire qu'elle gardait aux lèvres depuis qu'il avait commencé à parler s'agrandit.
-Oui, je veux essayer, moi aussi. Je suis sûre qu'on a une chance.
Sans prévenir, elle piqua sur ses lèvres un léger baiser, puis sortit, ne s'arrêtant qu'un instant à la porte, le temps de lui souhaiter un « Bonne nuit » plein de joie. Il resta pendant de longues minutes dans la position où elle l'avait laissé, pétrifié, avant de porter ses doigts à ses lèvres, et murmura à son tour, très très en retard : « Bonne nuit ». Et il tomba en arrière sur le lit, les yeux grands ouverts, avant de s'endormir comme une masse.
A suivre…
