Petit snapshot qui se déroule entre le volume 14 et 16, au moment ou Rochel redonne le corps original de Lucifer. Il y aura peut-être une suite si assez de reviews ….

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Blanc.

Les murs, le plafond, les chaises. Blancs les sarraus et les éclairages.

Les anges sont tous nés dans cette blancheur stérile. Le blanc artificiel des laboratoires calfeutrés du silence des scientifiques acharnés à se dévouer aux travaux enragés de Dieu.

Une table, une seule au centre de la pièce vide. Un grand cercueil de verre posé sur elle. Partout, des câbles de grosseurs différentes l'entourent, comme des milliers de serpents tentant d'étrangler la même proie. Le silence règne dans la pièce, malgré la présence de quelques personnes affairées autour de ce macabre appareil.

Seulement, ce cercueil ne contient pas un mort, mais une vie nouvelle. Une vie très vieille, qui sent les caves poussiéreuses et la pierre des cimetières, une vie ancienne et obscure. Une vie dont le commencement s'étend plus loin que la mythologie humaine.

À l'étage, protégé par une baie vitrée. Quelqu'un observe l'étrange spectacle qui s'anime plus bas, un faible sourire aux lèvres. Une main fine se pose sur la vitre et caresse l'image se dessinant au loin dans le cercueil translucide.

Tu es à moi.. À moi seul maintenant.

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Le prix de l'éternité.

Est de ne jamais bénéficier du repos de l'âme.

Des yeux s'ouvrent, ils sont gris. Ne l'ont-il pas toujours été ? Ce gris de cendre vide et glacé qui ont fait tomber tant d'âmes dans l'obscurité.

Oui il a ouvert les yeux.

Il est maintenant appuyé sur le cercueil, seul, et observe la vie revenir lentement sur le corps du dormeur.

Mais la vie ne semble pas animer ses yeux. Comme si elle était incapable de s'imprégner dans ses prunelles. Peut-être essaie même-t-elle de les fuir ?

Il est parfait, comme avant. Aucun détail n'a changé. Curieusement, il se trouve lui aussi attiré par sa beauté cruelle et froide sans même y penser. Il se plait à l'idée qu'il est désormais maître de ce corps merveilleux et de cette âme qui est la source de tout péché.

Il porte les yeux sur chaque partie de son corps sublime. Sans doute s'en était-il ennuyé avec le temps. Il ne l'avait jamais regardé de cette manière, plutôt comme un collègue, et plus tard comme un ennemi, mais jamais comme un simple objet. Un outil de plus pour le servir. La perspective était pourtant intéressante, maintenant qu'elle était réalisable.

C'est à mon tour, de l'avoir, chère Alexiel, maintenant, tu l'as comme ennemi, et moi, ce sera mon arme ultime. Les jeux ne sont-ils pas désormais cruellement retournés ?

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Je suis en vie

Ses yeux sont ouvert mais sa vue est toujours brouillée. Il n'y a qu'une lumière blanche, trop vive pour lui. Il se souvient détester la lumière.

Le pouvoir anime ses membres et ressource sont âme. Lentement, les souvenir reviennent à sa mémoire. D'abord, les souvenirs récents. Un jeune homme qui pleure et le supplie de ne pas partir, une épée qui transperce sont corps et celui d'un ange délicat.

Des cris de terreur, qui est ce jeune homme blond aux larmes claires ? Tant de peine dans son cœur et tant de haine à la fois…

Setsuna

Et cet ange aux cheveux lavandes qui a réveillé en lui des souvenirs depuis longtemps effacés. La folie hantait son regard lorsqu'il l'a tué.

Rochel

Puis, des souvenirs plus lointains reviennent. Ceux-ci n'existaient pas auparavant. Comme si un moment, il les avaient perdus. Le feu des enfers, des démons à ses pieds, une guerre, une bataille perdue, des prières et des chants dans un monde de lumière.

Une femme magnifique, son souvenir le plus clair. Comme une icône, des yeux bleus vide de toute émotivité et une longue chevelure qui semblait si douce.

Alexiel ….

Sa vie entière sous ses yeux en une fraction de seconde se rassemble pour créer son identité. Sa réelle identité. Il la constate avec calme, depuis un moment, il savait qui il était. Peu à peu, ce qui était Nanatsusaya avait pris conscience d'avoir une importance bien plus importante qu'un simple Glaive. Il était quelque chose de supérieure à une âme damnée.

Il était la source de la damnation.

Lucifer.

Ce nom prononcé en lui éclaircit ses pensées et sa vue, enfin, il prit complètement possession de son corps nouvellement recréé, comme s'il retournait chez lui après un long voyage.

De nouveau, la plénitude, la sensation de pouvoir et de contrôle qui l'avait toujours habité. Il reprit peu à peu la pensée qu'au dessus de lui n'existait personne d'autre de plus fort.

Il leva les yeux pour observer l'environnement qui l'avait fait naître et croisa des yeux fauves qu'il reconnut aussitôt.

Donc, c'est toi la cause de mon éveil.

Il lui sourit, la tête appuyée sur sa main dont les doigts fins jouaient machinalement avec une mèche de cheveux.

Son autre main se porte à son cou, vers quelque chose de rouge qu'il peut à peine discerner. La lumière le fait briller d'un éclat écarlate, comme du sang contenu dans …

Une pierre

Une pierre montée en collier, qui brille entre les doigts de Rochel. Son sourire devint alors plus grand, comme s'il tentait de lui envoyer un message muet.

La pierre de Natatsusaya.

Il l'avait donc reconstituée, croyant que son âme l'abritait toujours.

Tu crois me posséder Rochel

Rochel se releva et prononça des mots qu'il ne pouvait entendre dans une direction autre que la sienne, puis il partit.

Tout de suite après, la face recourbée du cercueil coulissa et il sentit l'air caresser son corps nu. Des hommes vêtus de blanc l'aidèrent à se relever avec une crainte évidente.

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Ils l'amenèrent dans une chambre immense richement décorée et lui suggérèrent de prendre du repos. En effet, son corps, malgré sa nouvelle renaissance, était empreint de fatigue. Quand les hommes se retirèrent, il porta son regard au travers de la pièce, tout élément du décor avait une touche artistique fine et très étoffée, un style qui découlait sans doute de Rochel. Par la fenêtre, il vit le ciel nocturne du paradis et les grandes tours de Beriah. Il était donc de retour au paradis après tant d'années …

Il se dirigea vers le lit, ses pas étaient décidés et franc, il avait vite repris le contrôle de son corps, même s'il était plus imposant que le dernier qu'il avait habité.

Les draps étaient doux et finement brodés. Toute cette richesse évidente l'échoerait. Il resta un moment assis, sachant très bien qu'il n'était pas seul dans cette pièce.

Le lit bougea près de lui, quelqu'un s'y glissait, il ne se retourna pas. Il viendrait à lui de toute façon.

Des bras se resserrèrent autour de sa taille, bientôt, il sentit un souffle chaud sur sa nuque.

- Si beau, entendit-il murmurer à son oreille