Note de l'auteur : voici le second chapitre. Quelques éléments
de réponses vous sont donnés mais normalement, vous ne devez pas
encore comprendre ce qui se trame lol ! Ce chapitre rentre dans les pensées
de deux personnages principalement, l'action sera pour le chapitre suivant ;)
Bonne lecture !
*
La petite réunion était d'une simplicité rare et agréable. Xao devait l'admettre. Elle se sentait malgré tout étrangère à l'ambiance légère qui avait envahi l'appartement de Sydney Bristow et Eric Weiss.
La jeune femme avait reconnu plusieurs profils dans le dossier qu'on lui avait confié : Will Tippin, l'ancien journaliste à présent analyste de la CIA. Michael et Lauren Vaughn, elle semblait être un peu méfiante envers Sydney tandis qu'elle était à l'aise avec Weiss, lui se sentait mal tout court. Dixon, ancien membre du SD-6 tout comme Marshall, accompagné sa femme enceinte : Carrie.
Mais Xao oublia tous ses doutes quand Weiss la présenta aux autres. Il y a presque un mois maintenant, elle avait accepté l'invitation de l'agent pour une petite fête organisée chez lui. Depuis, ils s'étaient revus régulièrement et ils sortaient ensemble. Il s'était présenté à elle comme un simple employé de banque. Elle se sentait moins mal à l'aise de lui mentir quand elle le voyait lui-même ne pas lui dire la vérité.
A la différence près que lui c'était pour la protéger, elle pour le trahir.
Dernièrement, elle passait plus de nuits chez lui et Sydney que dans son miteux appartement. Sa relation avec Eric devenait sérieuse tandis que la fille d'Irina appréciait sa compagnie. Récemment, elles avaient fait du shopping ensemble. Mais Xao avait préféré ne pas encore commencé les séances d'hypnose, attendant qu'Eric lui fasse totalement confiance. Chaque chose devait venir en son temps.
Ce dernier la présenta à chacun des gens présents et elle les salua tous poliment, rougissant même à une remarque de Will sur sa beauté. Elle se rappela brièvement avoir lu dans le dossier que l'ancien journaliste s'était fait enlevé et torturé par Sark. Elle réprima un frissonnement.
Ils se mirent à table et les questions classiques commencèrent à fuser. D'où venait-elle ? Que faisait-elle dans la vie ? Elle se plia de bonne grâce à leur interrogatoire tout en gardant à l'esprit que les gens présents étaient tous de la CIA. Elle devait afficher le visage expressif de Yu sans qu'il ne trahisse ce qu'elle était vraiment, autrement dit Xao.
Mais elle avait toujours fait parti des meilleurs
*
" Je vous présente Stella, " déclara Marcus Dixon en appuyant sur l'un des boutons de la télécommande.
L'écran de la salle de briefing s'alluma et l'image d'une pulpeuse blonde au regard marron clair apparut. Son sourire enfantin la rendait absolument craquante, ses lèvres pulpeuses et ses fossettes rieuses inspiraient la confiance.
" Ne vous fiez pas aux apparences, elle est recherchée dans de nombreux pays pour des actes allant du simple vol jusqu'aux meurtres les plus sanglants, " reprit l'homme avec calme. " Etant donné son âge, environ vingt-cinq, nous supposons qu'elle a été conditionnée très jeune."
Autour de la table se trouvait Sydney, Vaughn et Lauren, Weiss ainsi que Marshall. Tous écoutaient attentivement.
" Normalement,
une autre cellule est chargée de sa traque pour vols de documents d'états
et assassinats de hauts fonctionnaires, " reprit Dixon. " Un de nos
agents a réussi à infiltrer sa nouvelle organisation, apparemment
elle est à la tête d'un immense réseau proxénète
mais il semblerait qu'elle ait des ambitions plus audacieuses. "
" En quoi cela nous concerne ? " Intervint Sydney, lassée par
cette présentation qui s'éternisait.
" J'y viens, " répondit-il alors que Marshall se leva, obéissant
à un ordre silencieux. " Un de nos agents a réussit à
atteindre la sphère la plus proche de Stella, c'est-à-dire ses
courtisanes, des femmes que Stella emmène partout. Elle porte un diadème
sur le front qui a été modifié pour permettre d'y insérer
une caméra. Cela permet de répertorier tous les contacts de Stella,
et c'est d'ailleurs pour ça qu'elle n'a pas encore été
arrêtée. "
" Et je suppose qu'un des contacts nous intéresse plus particulièrement,
" supposa Lauren Vaughn, devinant toujours avec une longueur d'avance les
informations.
" Parfaitement. Marshall ? "
" Tout est en place, monsieur, " répondit l'informaticien.
" Bon, euh, vous allez voir la caméra, enfin la vidéo, vous
savez sur la diadème là, et euh, je l'ai vu d'ailleurs le diadème
en question, très joli, incrusté de petites pierres bleues, on
dirait pas qu'en fait c'est une caméra et.. Et euh, y a pas le son par
contre, mais euh en lisant sur les lèvres, on a pu savoir ce qu'il disait
et euh, pour une compréhension plus facile pour tous, on a mis des voix
artificielles, donc euh, si Sark a pas son accent anglais, c'est normal, c'est
pas lui qui parle mais c'est quand même ses paroles. D'ailleurs, ils parlaient
même en anglais, ils parlaient en russe ! Bon c'est pas drôle,
mais euh Vous avez compris ? "
Tous acquiescèrent, la face imperturbable, le fait de l'avoir entendu citer Sark avait happé leur attention la plus totale. Marshall avait inséré une cassette dans le magnétoscope et l'image de Stella disparut. Une vidéo se mit en route, c'était en noir et blanc et quelques parasites brouillaient les détails. Malgré tout, Stella était clairement visible, assise sur un divan, entourée d'autres femmes légèrement vêtues. Elles se trouvaient dans une maison de littoral, dans un endroit chaud et ensoleillé. Deux silhouettes masculines apparurent dans le champ de vision.
La première était Sark, la seconde un de ses hommes de main. Le disciple de Derevko fit signe à son valet de prendre congé puis il s'approcha de Stella. Il lui fit un très courtois baisemain et ils se sourirent.
" Stella,
c'est toujours un plaisir de vous revoir, " dit-il sans la quitter du regard.
" Je vous retourne le compliment monsieur Sark. Tous les hommes n'ont pas
vos manières. "
" J'aimerais que nous en venions directement aux faits, " déclara-t-il
peu patient, malgré son apparente politesse.
Bizarrement, il semblait gêné en face de cette femme. Ils devaient avoir eu quelques aventures communes par le passé.
" Désolé
pour ce jeu de pistes, " s'excusa-t-elle en mimant la confusion. "
Mais vous êtes bien placé pour comprendre que mes affaires actuelles
me poussent à une extrême discrétion. "
" Je ne connais pas vos réelles affaires actuelles, " rétorqua
Sark un peu sèchement.
Le tueur savait sans nul doute que Stella était bien plus qu'une proxénète. Sa dernière phrase confirmait que les deux jeunes gens se connaissaient bien et se comprenaient parfaitement.
" De plus,
" reprit-il. " J'aimerais savoir pourquoi avez-vous utilisé
nos anciens codes ? "
" Pour deux raisons, " répondit Stella alors qu'un sourire
grandissait sur ses lèvres colorées. " La première,
c'est que seuls nous savons les déchiffrer. Deuxièmement, ils
sont issus de notre passé et c'est justement de ça dont j'aimerais
m'entretenir avec vous. "
" De quel passé ? "
" Pas ici, " le coupa-t-elle en jetant des regards soupçonneux
autour d'elle. " Allons dans un endroit sûr. "
Stella et Sark quittèrent le champ de vision de la caméra. La bande prit fin. Sydney se tourna aussitôt vers Dixon :
" Qui est
nous ? " Demanda-t-elle curieuse.
" Stella et Sark ont trop de points communs pour que ce soit un hasard,
" expliqua Dixon sans lui répondre. " Premièrement,
nous pouvons noter qu'ils ne discutaient pas en anglais, mais en russe. Deuxièmement,
on sait que Stella possède elle aussi un accent britannique quand elle
parle en anglais. Troisièmement, ils ont à peu près le
même âge et appartiennent aux plus hautes sphères du banditisme
international. Selon toute vraisemblance, ils ont été entraînés
et formés par le ou les mêmes personnes. Nous supposons aussi qu'ils
ne sont pas que deux. "
" Et pourquoi Sark a-t-il demandé quel passé ? " S'étonna
Weiss.
" Nous ne savons pas, " admit Dixon. " Notre source n'a pas pu
suivre leur discussion, ils s'étaient retirés en privé.
"
" Sark ne semblait pas tellement ravi de revoir Stella, " remarqua
Vaughn en affichant une expression mitigée.
" Je crois qu'il se méfie d'elle, " intervint Sydney soucieuse.
" Quelle est notre mission ? "
" Toujours d'après notre source, " reprit Dixon. " Ils
vont se revoir, à Sofia dans deux jours. Votre mission ne consistera
pas seulement à arrêter Sark. Il ne faut pas que nos actions mettent
en péril la vie de notre source. Vous le suivrez après son rendez-vous
avec Stella, et l'attraperait plus tard. Nous n'avons pas encore tous les renseignements,
mais il y aura un second briefing juste avant le départ de l'agent Bristow
et de l'agent Lauren Vaughn pour la Bulgarie. "
Sydney camoufla une grimace en apprenant qu'elle ferait équipe avec Lauren.
*
" Et où
vont-ils se retrouver ? "
" Dans un hangar désaffecté de la banlieue industrielle de
Sofia. Les coordonnées exactes nous seront transmises sur place par la
source quelques heures avant la rencontre. "
" Bien Eric. A présent, je vais compter jusqu'à cinq. Tu
ne te rappelleras de rien, hormis d'avoir fait un horrible cauchemar. Compris.
"
" Compris. "
" Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. "
Eric Weiss se redressa brutalement, le front en sueur et la respiration haletante. Le regard ensommeillé, Yu se tourna vers lui, visiblement inquiète.
" Eric ? Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-elle, la bouche pâteuse.
L'agent se sentit brusquement confus de l'avoir réveillée à cause d'un stupide cauchemar. Une grosse souris verte l'avait piégée dans un coin et avait voulu le faire rôtir pour le mettre dans hot-dog.
" Rien, rien
du tout chéri, " la rassura-t-il en se rallongeant. " Juste
un stupide cauchemar. "
" Tu es surmené au travail ? " Demanda-t-elle en venant se
blottir contre lui.
" Oui, un peu. Ca bouge pas mal en ce moment, " répondit-il
en l'encerclant de ses bras.
" Je ne comprends pas, " admit Yu en fronçant les sourcils.
" Tu ne comprends pas quoi ? "
" Sydney et toi. Vous êtes toujours surmenés. Pourquoi vous
ne quittez pas cette banque ? "
Eric sourit et lui baisa tendrement le front, sans pour autant lui répondre. Yu s'assoupissait de nouveau. Il l'observa s'endormir sur son torse en silence, osant à peine respirer par peur de la déranger.
*
Sark s'assit sur l'un des transats du pont du yacht, un apéritif à la main. La nuit était déjà entamée mais quelques faibles lueurs de soleil persistaient. Le vent chaud et lourd de la Méditerranée le traversa et il soupira. Demain, il reverrait Stella et lui donnerait sa réponse.
Pourquoi avait-il fallu qu'elle mette la main sur ces données ? Sark n'avait jamais été du genre à se poser des questions existentielles, et principalement la fameuse " qui suis-je ", mais là elle l'avait acculé au mur. Et quand il n'apercevait pas d'issues, il pouvait devenir imprévisible et donc dangereux, y compris pour lui-même.
Malgré des années d'entraînements, de divers apprentissages de maîtrise de soi, malgré les bons conseils d'Irina, Sark savait qu'il subsistait en lui un être totalement incontrôlable, rongé par la haine et la rancur, gangrené par le souvenir d'un passé dont il ne lui restait que des sensations et des impressions de déjà-vu. Le Sark froid, cynique et calculateur n'était qu'une projection de son idéal, de la poudre aux yeux, il ne faisait percevoir aux gens seulement ce qu'il voulait qu'ils voient. Même la fameuse Sydney Bristow mordait à l'hameçon et le prenait pour ce qu'il n'était pas.
Seules quelques rares personnes avaient déjà vu son autre lui. Ces personnes, Irina et Stella en étaient. La première parce qu'elle avait été comme une mère pour lui, une bonne fée qui l'avait pris son aile après l'explosion du manoir. Elle avait dompté ce qui restait du fauve apparent en lui pour le rendre encore plus dangereux. La seconde, Stella, connaissait sa seconde face parce qu'elle avait grandi avec lui.
A l'inverse, Allison qui avait pourtant partagé sa vie les deux années précédant sa mort, n'avait toujours vu en lui que le froid tueur au regard glacé. Elle n'avait pas non plus cherché à voir plus loin et le moule qui l'avait formé n'était pas tellement différent du sien. Allison avait été l'un des produits du Projet Christmas revu et corrigé par le KD, elle avait eu une éducation semblable à la sienne à la différence près qu'on lui avait laissé son nom. Cette erreur ne fut pas reproduite avec la génération suivante : celle de Sark.
Il avait déjà pris sa décision. Il n'en était pas arrivé jusqu'ici pour voir tout s'écrouler à cause de.. sentiments, de souvenirs. Sark n'avait pas besoin de passé, il avait déjà bien assez à faire avec le présent et le futur maintenant qu'il volait de ses propres ailes, loin de la tutelle d'Irina. La rationnelle liste des contre était bien plus longue que celle des pour.
Sark maudit sa propre faiblesse car peu à peu il craquait. Il savait que ce serait mauvais pour lui, et mais il était partagé. L'offre était si tentante, malgré la lourde contrepartie. Travailler avec Stella et ses anciens camarades du manoir ne l'enchantait guère.
Il termina d'un trait son apéritif et posa le verre au sol. Sark se leva de son transat et partit s'appuyer contre la rambarde, son regard se perdit parmi les réguliers remous de la surface de l'eau. Les moteurs du bateau avaient été coupés et le seul bruit qui lui parvenait, était celui des vagues venant lécher les contours du yacht. Tout était calme en surface. Mais en profondeur, peut-être qu'un sombre monstre sous-marin rôdait
Sark sourit froidement à cette pensée. La métaphore de la mer résumait parfaitement son essence.
*
Dans le prochain chapitre, on part en mission avec enfin des passages du point de vue de Sydney !
