La Bague

Note de l'Auteur : Sydney progresse dans ses hypothèses tandis que Weiss va être sacrément bouleversé dans ce chapitre. Nos chers agents progressent pas à pas, ne se doutant pas encore de l'étendue de ce qu'ils vont découvrir Vous non plus d'ailleurs *sourire sadik*

*

Sydney sortit précipitamment de la salle de briefing. Il était déjà assez humiliant que Sark leur ait encore échappé, mais cela l'était doublement quand de fichus bureaucrates remettaient en cause vos capacités sur le terrain. Ils aimaient lui répéter le fameux refrain : " vous avez disparu pendant deux ans dont vous ne gardez aucun souvenir. Il se peut que cela ait affecté vos capacités mais votre jugement subjectif de vous-même ne vous permet de pas de vous en rendre compte et blablabla et blablabla. "

Cela l'énervait autant qu'eux de ne pas savoir ce qui lui était arrivé mais ils ne semblaient pas s'en rendre compte. Elle entra dans son bureau et voulut refermer la porte pour s'isoler et trouver un peu de répit, mais quelqu'un l'en empêcha en mettant son pied dans l'ouverture : Vaughn.

Sydney le laissa entrer presque à contrecur. Il ne perdit pas de temps :

" Ne les écoute pas, ces hommes n'ont aucune notion de ce qui se passe sur le terrain. Ils ne voient les missions qu'à travers des rapports. "
" Je sais tout ça, " le coupa-t-elle agacée.

Elle partit derrière son bureau et s'avachit sur sa chaise. Elle soupira en renversant sa tête en arrière. Pourquoi fallait-il que tout soit inextricablement compliqué ? Vaughn resta debout, l'observant de son regard vert et inquiet.

" On l'aura. Ce n'est qu'une question de temps. Je suis sûr qu'il sait des choses sur ce qui t'es.. "
" Il ne sait rien à propos de ça, " le coupa-t-elle une seconde fois. " Et je ne pense pas que ça l'intéresse vraiment. Je lui ai parlé avant le transfert au Mexique. "
" Tout son art consiste à nous faire croire ce qu'il veut, " nota Vaughn. " Il ne faut jamais se fier à une impression de lui, il y a trop de chances que ce soit une apparence qu'il a construit de toutes pièces. "
" Je sais tout ça Vaughn ! "
" Et bien on ne dirait pas ! "

Ils se turent tous les deux, surpris d'avoir mutuellement haussé le ton de la voix. Ils savaient que ce brusque énervement ne concernait pas Sark, mais plutôt leur situation, leur relation si l'on admettait qu'il restait quelque chose de leur passé commun.

" Cette femme qui l'a sauvé, " reprit calmement Sydney. " Elle avait la même façon de se mouvoir que Stella et Sark. Elle me rappelait quelqu'un. "
" Quelqu'un que tu as rencontré durant tes deux années ? "
" Non, c'est plus récent, c'est plus fort qu'une impression de déjà-vu, " précisa-elle pensive. " Et cette façon insolente de tenir son arme, cette façon de maintenir son port de tête, de se déplacer. Les mêmes que Stella et Sark. Je n'en ai pas parlé au briefing mais mon instinct me dit qu'elle doit elle aussi avoir eu la même formation. "
" Nos experts ont affirmé en comparant des vidéos de Stella et Sark qu'ils avaient la même façon de parler, les mêmes intonations et un vocabulaire et une syntaxe similaire. Cela ne peut dire qu'une seule chose : c'est qu'ils ont passé beaucoup de temps ensemble, et étant donné leur âge qu'ils ont sûrement grandi ensemble. Les analystes en sont venus à la conclusion qu'ils devaient faire parti d'un groupe d'enfants où les places étaient chères étant donné la rivalité sous-jacente qui existe entre eux deux. "
" Je connais cette hypothèses, je sais lire les comptes-rendus moi aussi ", glissa-t-elle d'un ton las.

Vaughn légèrement gêné, reprit :

" Tu crois que cette fille pourrait avoir fait parti de leur groupe ? "
" Je ne le crois pas. J'en suis sûre. Mais il y a quelque chose qui cloche. "
" Quoi ? "
" Stella et Sark sont des tueurs, ils n'hésitent jamais à appuyer le doigt sur la détente, ce n'est pas dans leur nature de faire preuve d'humanisme car cela pourrait aller à l'encontre de leurs intérêts. "
" Mais cette mystérieuse femme a endormi Lauren au lieu de la tuer, " devina Vaughn en frissonnant, il avait été à deux doigts de la perdre.
" Oui, cela ne correspond pas du tout au profil. Si elle avait eu la même formation que Stella et Sark, elle aurait dû la tuer. "
" A moins que quelque chose ait changé en elle, que sa formation ait différé en certains points de celles des deux autres. "
" Ou bien elle a quelque chose que les autres n'ont pas : une conscience, " en conclut Sydney de plus en plus songeuse.
" Mais sa formation aurait dû supprimer cette conscience, " s'étonna Vaughn.
" Cela a sûrement été le cas, sinon elle n'aurait pas pu atteindre ce degré d'efficacité. Son plan pour sauver Sark était risqué, mais parfaitement calculé. Quelque chose a dû changer dans sa vie après sa formation. Mais quoi ? "
" De surcroît, on ne sait toujours pas pourquoi elle a sauvé Sark "

Sydney acquiesça d'un air absent. Ils restèrent tous les deux silencieux, plongés dans leurs propres réflexions.

*

Yu venait juste de rentrer de New York, elle posa avec soulagement ses affaires de voyages dans la chambre de Weiss. Ce dernier entra avec un beignet dans la main. Elle le lui prit aussitôt :

" Tu dois maigrir un peu, " remarqua-t-elle malicieuse.

Il fit mine de s'en offusquer. Il s'approcha d'elle pour l'embrasser, mais au dernier moment lui reprit le beignet tout en affichant un sourire victorieux.

" Gamin, " marmonna-t-elle, résistant au rire qui remontait le long de sa gorge.
" Et fier de l'être ! " Enchaîna-t-il avant de mordre à pleines dents dans son beignet.

Leur petit moment fut interrompu par le bruit de la porte d'entrée : Sydney. Elle avait passé quelques heures chez Will. Elle pensait que cela l'aurait détendu, mais elle n'arrivait toujours pas à se sortir cette mystérieuse femme de la tête. L'agent s'assit sur le canapé et se massa les tempes.

" Sydney ? Ca va ? "

C'était Weiss. Il était près de la cuisine, un beignet entamé dans la main. Derrière lui, une ombre familière et féline se profilait. Sydney resta un instant interloquée avant de reconnaître Yu. Elle se leva aussitôt tout en essayant de camoufler son choc.

" Ca va, juste un peu fatiguée. Tu sais ce que c'est, " murmura-t-elle confuse.

Weiss acquiesça et remordit dans son beignet. Yu adressa un sourire bienveillant à la colocataire de son petit ami et se glissa près d'elle :

" Tu veux une tisane pour te relaxer ? "
" Oh.. euh, oui pourquoi pas ? "

Yu partit dans la cuisine et Sydney la suivit du regard avec méfiance. Weiss le remarqua, inquiet.

*

Le lendemain, Sydney reçut avec fébrilité un nouveau compte-rendu des analystes chargés du dossier Sark. Elle s'enferma dans son bureau et inspira profondément. Elle ouvrit l'enveloppe marron. Elle en sortit en premier la copie de la vidéo qu'elle leur avait transmis : un après-midi filmé par Eric que Yu, lui et elle avaient passé à un lac non loin. Puis une feuille criblée de graphiques aux courbes semblables et une seconde d'annotations mises au propre. Sydney se pencha sur celle-ci :

" Oh non " Murmura-t-elle à voix haute.

Elle remballa le tout, prit l'enveloppe sous son bras et sortit immédiatement de son bureau. Elle se dirigea vers celui de Weiss et entra sans frapper. Elle se figea, se rendant compte qu'elle avait interrompu une conversation entre lui et Vaughn.

" Sydney ? Ca va ? " Demanda Weiss. " T'as une tête bizarre "
" Il faut que je te parle En privé. "
" Je repasserais, " déclara Vaughn avant de se lever et quitter la pièce.

Sitôt qu'il eut refermé la porte, Sydney se jeta presque sur Weiss :

" J'espère que tu ne m'en voudras pas mais j'avais des soupçons et je sais ce que tu vas ressentir et je m'en excuses et- "
" Stop ! " La coupa Weiss. " Va droit au but. "
" Yu n'est pas ce qu'elle prétend être, " admit Sydney honteuse, sachant ce qu'elle représentait pour l'homme face à elle.
" Développe, " répondit ce dernier qui malgré son calme, craignait la suite.
" J'ai eu un doute, un affreux doute et il fallait que je m'en débarrasse, je ne supporte plus la trahison Weiss, qu'on me mente et qu'on me manipule. La femme mystérieuse qui a sauvé Sark me rappelait quelqu'un même si je n'ai pas vu son visage à cause d'une cagoule. Et c'était Yu qu'elle me rappelait. J'ai pris la liberté de prendre notre vidéo de l'après-midi au lac. Les analystes ont comparé sa voix, ses intonations, sa syntaxe et son vocabulaire à ceux de Stella et Sark. "

Elle déglutit et s'accorda un court moment de silence avant de reprendre. Le visage de Weiss s'était totalement décomposé, il était livide.

" Les analystes sont formels, elle a exactement la même façon de s'exprimer, elle emploie les mêmes mots, les mêmes intonations. Ca ne peut pas être un hasard. "
" Et tu crois que c'est vraiment elle qui a sauvé Sark ? " Tenta de raisonner Weiss malgré le choc de la nouvelle.
" Je ne sais pas, la seule chose qui est sûre, c'est qu'elle a sûrement eu la même formation que Stella et Sark, c'est une espionne. "
" Ca serait possible, durant notre mission en Bulgarie, elle a prétendu être allée à New York voir sa famille. J'ai eu son frère au téléphone mais en fin de compte, cela pouvait être n'importe qui, juste une manuvre pour rendre son voyage crédible à mes yeux. "

Sydney ne put qu'être admirative. Malgré ce qu'elle venait de lui annoncer, il tentait d'aborder le sujet sous un angle objectif au lieu de réfuter en bloc à cause de ses sentiments.

" Dixon est au courant ? " Demanda-t-il.
" Personne ne l'est hormis les analystes, ils ne vont pas tarder à lui en faire part. "
" Ils vont arrêter Yu, ou peu importe son véritable nom, et la torturer pour savoir qui elle est. "

Son ton était vaincu, résigné. Sydney lui tendit l'enveloppe.

" Voici les résultats des comparaisons entre Stella, Sark et Yu. Je crois aussi que nous pourrions éviter la torture à Yu, du moins pour le moment J'ai une idée et je suis sûre que Dixon approuvera. "

*

Yu s'assit sur le balcon, une bouteille de bière à la main. Elle n'était pas très vin contrairement à Sydney. Elle levait le nez en l'air pour observer les étoiles. Sark n'avait encore donné aucun signe de vie. Elle espérait qu'il accepterait. C'était leur meilleure chance de coincer Stella et de récupérer les données avant qu'elle ne commette l'irréparable sur l'un de ceux du manoir.

Foutus recalés, pensa-t-elle. Weiss s'assit sur le siège à côté d'elle et elle sursauta. Yu ne l'avait pas entendu venir. Il semblait légèrement tendu et elle le nota aussitôt. Il rapprocha sa chaise.

" Yu, " murmura-t-il. " J'aimerais te confier quelque chose. "

Elle resta silencieuse, attendant avec hantise la suite.

" J'aimerais que tu portes ceci. "

Il sortit un petit boîtier de sa poche et lui remit entre ses paumes. Yu l'ouvrit doucement, son souffle resta coincé au fond de sa gorge en découvrant une bague.

" Oh Eric " Dit-elle d'une voix à peine audible.
" Elle appartenait à grand-mère et j'aimerai que tu saches que tu comptes beaucoup pour moi. J'aimerai que tu la portes à ton annulaire. "
" C'est trop, " le coupa-t-elle confuse, rouge jusqu'aux oreilles. " Je ne peux pas ! "
" Si, ça me ferait tellement plaisir, " insista-t-il avec un air de chien battu.
" D'accord, " concéda-t-elle à la fois ravie et terriblement honteuse.

Il lui passa la bague au doigt, un simple anneau d'or blanc orné d'un diamant lumineux parfaitement proportionné. C'était trop beau pour être réel. Yu se jeta dans les bras de Weiss et l'embrassa avec force. Elle se rappela brièvement les baisers de Sark mais les repoussa avec force dans un coin de son esprit.

Au même moment au site de Langley, Sydney était assise dans son bureau. Trois photos se présentaient sous ses yeux à présent : Stella, Yu et Sark. Ils étaient tous liés, elle était sûre que la femme mystérieuse était Yu. Et il y en avait peut-être d'autres comme eux.

Elle soupira en devinant que Weiss avait déjà dû offrir la bague à Yu, le mouchard.

*

A suivre