Note de l'auteur
: Mille excuses pour ce très long délai pour le dernier chapitre.
Je pourrais avancer l'excuse d'avoir trop de devoirs (ce qui n'est pas faux
lol), d'avoir mis la priorité sur {O} et aussi d'avoir perdu la feuille
où toute la trame de l'histoire était inscrite (que j'ai retrouvé
coincée entre le tome 5 de Gunm et un vieux cours de socio de la famille
!).
Mais ce qui a principalement retardé l'écriture de ce dernier
chapitre, c'est que justement je dé-tes-te écrire les derniers
chapitres è_é Parce que c'est la fin d'une histoire, d'un petit
bout d'univers que je m'étais approprié, de personnages auxquels
je m'étais attaché ç_ç et que ça me fait
toujours maaaaaal au coooeeeuuurrr !!!
Merci beaucoup pour les reviews (surtout ceux très inquiets à
propos du dernier chapitre qui ne venait pas lol), j'espère que vous
aimerez la fin !
*
Assisse sur une chaise de la salle de conférence, Ming buvait à petite gorgée du thé chaud. D'imposantes lunettes étaient posées devant ses yeux, et elle portait des électrodes sur les tempes. Le tout était relié à un ordinateur : un détecteur de mensonges. Hogan était devant elle, il dirigeait la discussion. Marcus Dixon assistait à l'entretien.
" Raconte-nous ce qui s'est passé, " murmura Hogan avec douceur à l'encontre de sa protégée.
Elle acquiesça timidement, le regard perdu dans le vague, puis se décida à parler :
*
Ming se réveilla soudainement. Elle se leva du sol dur et froid et remarqua qu'elle était toujours dans sa cage, au beau milieu du hangar. Stella, Sark et Ino étaient absents. Elle se doutait que le reste de l'équipe, c'est-à-dire Fatma et Yuki, étaient soient morts, soient prisonniers. Elle ne les avait pas aperçu depuis un bout de temps.
Les trois derniers membres de l'équipe du manoir étaient nerveux dernièrement. Ils préparaient un grand coup, elle le savait. Mais Ming en ignorait la nature, et elle ne savait pas non plus où ils en étaient dans leur sombre tâche. Avaient-ils éliminé tous les gens de leur liste noire ?
Elle sursauta quand quelque chose, un caillou ou une cannette, frappa contre le mur extérieur du hangar. Elle entendit des voix enfantines qui discutaient, puis de nouveau des chocs dehors. Ming n'hésita pas une seconde :
" AU SECOURS ! " Hurla-t-elle à pleins poumons, ses mains accrochées aux barreaux. " JE SUIS A L'INTERIEUR ! AIDEZ-MOI ! "
Les voix se turent. Timidement, quelqu'un tenta de faire coulisser la lourde porte du hangar. Des seconds bruits de pas. Ils se mirent à deux pour réussir à bouger la lourde porte et elle s'entrouvrit d'une vingtaine de centimètres. Une chaîne empêchait de l'ouvrir en grand.
L'espace était quand même assez grand pour que quelqu'un de mince se glisse. Deux adolescents entrèrent. Ils parurent surpris de trouver une femme enfermée dans une cage au beau milieu de ce hangar :
" Aidez-moi à sortir de là, on m'a enlevé ! " Supplia-t-elle, pressée de partir avant que l'un des membres du manoir ne revienne.
*
Ming se tue.
" Et après
? " Insista Dixon.
" Après, je me suis arrêtée à la première
cabine téléphonique que j'ai trouvé et je vous ai appelé,
" répondit-elle à voix basse.
" Où sont les enfants qui vous ont aidé à vous échapper
? " Questionna Dixon, sans cacher sa méfiance.
" Je ne sais pas, ils sont partis pendant que je téléphonais.
Je crois que je leur faisais un peu peur, je n'étais pas partie sans
prendre une arme au hangar, " expliqua Ming après une nouvelle gorgée
de thé. " Où en sont les opérations ? "
" En cours, " répondit Hogan, en jetant un coup d'il
à l'écran de l'ordinateur.
Tous ses rythmes étaient parfaitement normaux. Apparemment, elle ne mentait pas.
Dans la salle principale, Sydney ne pouvait pas entendre ce qu'ils disaient. Elle observait de loin à travers les vitres, Ming, Hogan et Dixon. Elle était assise à un bureau et remarqua Weiss qui s'était approché. Lui aussi fixait soucieusement en direction de la salle de conférence.
" Pendant tout ce temps, elle était à Vancouver, presque sous notre nez, " déclara-t-il en se voulant détaché, mais sans y arriver.
Sydney lui adressa un sourire réconfortant :
" Le principal,
c'est qu'elle soit là, maintenant. "
" On a une équipe en place au hangar où elle était,
c'était la planque principale du manoir apparemment. Dès que Stella,
Sark ou Ino pointeront le bout de leur nez, ils seront aussitôt abattus.
"
" Abattus ? " Répéta Sydney, livide.
" Oui, carrément, " reprit Weiss. " Ils sont fous, et
dangereux. La mort est préférable, plutôt que de tenter
de les attraper vivants, ils pourraient encore nous échapper parce que
nous avons hésiter à appuyer sur la gâchette. "
La jeune femme se retint de tout commentaire. Elle savait que ce n'était pas parce que les anciens pensionnaires du manoir étaient fous que l'ordre de les tuer avait été donné, c'était parce qu'ils savaient des choses dangereuses sur la CIA et le MI6, des choses compromettantes. Les deux agences avaient consciemment kidnappé de jeunes enfants pour en faire des espions. Un scandale politique et diplomatique éclaterait si cela venait à se savoir
" J'y vais,
" déclara subitement Sydney en se levant.
" Où ça ? " Demanda Weiss, surpris par la brusque détermination
de sa collègue.
" A Vancouver. "
" Mais tu ne peux pas ! " Rétorqua-t-il. " Et puis pourquoi
faire ? "
Sydney se sentit tout d'un coup très idiote. Pourquoi faire ? Elle n'en avait aucune idée. Même si elle parvenait à rejoindre l'équipe d'intervention avant que Collin n'arrive, elle ne pourrait pas les stopper. Ils le tueraient avant qu'elle n'ait le temps de s'interposer. De plus, des soupçons pèseraient sur elle, on se douterait de sa " relation " avec Sark.
Elle avait déjà eu du mal à expliquer son absence à la CIA pour la dernière fois où elle avait rencontré le jeune homme, à Dakar. Sark l'y avait endormi et elle s'était réveillée plusieurs heures plus tard dans un motel touristique de la ville. Heureusement, Jack avait une fois de plus couvert sa fille et Dixon ne se méfiait pas assez de la famille Bristow. Au temps de Kendal, expliquer les deux jours d'absence de Sydney aurait été plus problématique.
" Vaughn supervise le déroulement en bas si tu veux, " proposa Weiss, remarquant l'air pensif et inquiet de Sydney.
Elle lut dans son regard qu'il savait qu'elle cachait quelque chose.
" Merci, " répondit-elle en se dirigeant vers l'ascenseur.
Elle descendit d'un étage et se dirigea vers la salle habituelle d'où leur cellule supervisait les opérations à distance. La hantise lui crispait les muscles du ventre. Et si l'équipe était déjà intervenue ? Et si Collin était déjà mort ? Elle chassa rapidement ces pensées et prit quelques secondes pour se ressaisir avant d'entrer la pièce.
Comme Weiss le lui avait dit, Vaughn était le superviseur de l'opération. Sydney remarqua que parmi les techniciens, son père était aussi présent. Leurs regards se croisèrent brièvement. Lui savait réellement pourquoi elle était descendue.
" Syd, "
l'accueillit chaleureusement Vaughn. " Tu viens te joindre à nous
? "
" Oui, " répondit-elle de manière réservée.
" Où vous en êtes ? "
" Nulle part, " admit-il en passant une main fatiguée sur son
crâne. " Toujours pas de signes de vie de nos trois sans passés.
"
Il eut à peine le temps d'achever sa phrase qu'il posa sa main à son oreillette. On lui transmettait des informations :
" Ils arrivent, " reprit Vaughn en se remettant en mode travail. " Tu es descendue juste à temps Syd. "
La jeune femme se fixa sur un écran, dans le dos d'un technicien. C'était la fin de l'après-midi et il commençait à faire sombre. La caméra donnait sur l'entrée du hangar. Une voiture profilée et sombre se gara juste devant. Les vitres étaient teintées mais Sydney savait que Collin se trouvait à l'intérieur.
Une porte arrière s'ouvrit. Ino sortit rapidement.
" Attendez encore, " ordonna Vaughn à travers son micro. " Laissez-les entrer dans le hangar, ils seront ainsi pris au piège. "
Le slave fit coulisser la porte sans difficultés, juste assez pour que la voiture entre. Le véhicule se glissa à l'intérieur et Sydney se déplaça vers un autre écran. Des caméras avaient été posées depuis le toit. Elle vit Stella sortir de la place conducteur, et Sark de la place passager.
Ils semblaient calmes, trop calmes, nota Sydney. Sous son apparente décontraction, Collin était quelqu'un de nerveux qui réagissait rapidement, comme tous les espions. Il ne parvenait à se détendre que quand il connaissait toutes les variables d'une situation.
Ils savaient que la CIA était là
" Intervenez, " ordonna clairement Vaughn.
Sur l'écran, les trois membres du manoir remarquèrent la cage vide de Ming et ne semblèrent pas tellement s'en affoler. Pile au moment où les équipes d'intervention allaient faire irruption, Stella sortit un brouilleur de sa poche. Elle l'actionna et un rideau de parasites s'abattit sur tous les écrans. Sydney retint sa respiration. L'image ne revenait pas. Vaughn jura tout haut : l'homme radio de l'équipe d'intervention venait de tomber sous les balles. Il n'entendait que des cris et les bruits d'une fusillade à travers son oreillette.
Vaughn perdit ensuite le contact audio. Quelqu'un avait écrasé l'oreillette.
*
Vaughn exposait le compte-rendu de l'intervention dans la salle de briefing. Face à lui se trouvaient Sydney, Ming, Laureen, Jack, Marshall, Dixon et bien sûr, Hogan. Ce dernier ne semblait nullement affecté par les derniers évènements, le contraire aurait été étonné Sydney de toute façon.
" Sitôt après que l'équipe Alpha-2 soit entrée à l'intérieur du site, la cible Stella a actionné un brouilleur qui a désactivé les caméras que nous avions posté, " expliqua Vaughn d'un ton monocorde. " Les cibles Stella, Sark et Ino avaient remarqué la disparition de l'agent Ming Hang-Wong et avaient aussitôt deviné que nous étions là. "
Ils le savaient avant d'entrer, pensa Sydney. Et pourtant, cela ne leur avait pas sauvé la vie
" L'agent
radio a été le premier abattu par les trois cibles, puis son transmetteur
fut détruit. Selon les agents restés en poste à l'extérieur,
l'intervention a duré moins de quatre minutes avant qu'une explosion
ne l'interrompe. Après examen, il s'est avéré que du C-4
avait été disséminé à des points stratégiques
du hangar pour qu'il soit entièrement détruit. Tous nos agents
ont péri dans l'explosion, et nous avons retrouvé trois corps
qui semblent être les cibles. A cause des dégâts provoqués
par l'explosion, nous n'avons pu clairement les identifier. Nous n'avons même
pas pu identifier certains de nos hommes. L'hypothèse la plus probable
serait qu'en voyant leur cause perdue, les trois cibles aient actionné
les charges de C-4, préférant mourir que se rendre. "
" Ils auraient pu s'échapper, " remarqua Hogan. " Les
trois corps que vous avez trouvé sur les lieux auraient pu être
apportés ici dans le seul but de nous faire croire qu'ils sont morts,
et l'explosion a effacé toutes les marques possibles d'identification.
"
" Les agents postés à l'extérieur n'ont vu personne
sortir du hangar avant l'explosion. Ils couvraient tous les angles, " répondit
Vaughn qui avait prévu la question.
Quelques questions sur plusieurs détails furent posées ensuite, mais tous les faits concordaient. Sydney ne voulait pas y croire. Mort Elle était maudite, chaque homme qu'elle aimait finissait tôt ou tard par en payer le prix de sa vie. Elle ne dit pas un mot durant tout la conférence et fut soulagée quand Dixon ordonna à tout le monde de retourner à son poste. Elle était au bord des larmes et peinait à le cacher.
Elle ne pouvait même pas exprimer sa douleur, son deuil.
Sydney fuit presque hors de la salle, son père voulut l'arrêter mais elle l'esquiva. Elle ne voulait pas lui parler, pas maintenant. Elle partit s'enfermer dans son bureau et après avoir pris soin de bien refermer la porte, elle laissa couler ses larmes. Son laisser-aller fut de courte durée. Quelqu'un frappa et une voix demanda timidement si elle pouvait entrer. C'était Ming.
L'agent sécha rapidement ses larmes, prit un bref instant pour de nouveau adopter une face impassible à la Jack Bristow, puis ouvrit. Ming entra. Sydney remarqua qu'elle semblait elle aussi peinée.
" Que puis-je
faire pour toi Ming ? " Demanda-t-elle.
" Je sais que toi aussi tu as de la peine, " murmura-t-elle en posant
son regard de chat sur sa collègue. " Et je sais que toi aussi tu
doutes de Hogan. "
Sydney ne réussit pas à cacher sa surprise. Comment avait-elle
" Deviné ? " Déclara Ming pour terminer la pensée de Sydney, un fade sourire aux lèvres. " Je suis une agent formée par le manoir, je suis un agent du projet Néo. Je devine tout, je sens tout, je sais tout. Et je sais que Hogan était nerveux ces derniers temps. Mes sentiments d'affections et de reconnaissance envers lui m'ont aveuglé durant des années. Mais quand j'ai été séquestrée par mes frères et s J'ai su qu'ils ne me mentaient pas quand ils m'ont dit la vérité à propos du projet Néo. Mon cur a combattu, voulant croire en Hogan, cet homme qui m'avait sauvé. Mais au fond de moi, je savais depuis le début que j'étais manipulée. Cela dit, je n'ai pas pour autant rejoint l'équipe du manoir. Je ne pense pas que la vengeance par le sang soit la meilleure idée qui soit. "
Ming fit silence et se perdit brièvement dans la contemplation d'une photo sur le bureau, une de Sydney et son père, avant l'accident de Laura Bristow durant le temps du bonheur.
" Pourquoi
venir me dire tout ça ? " Demanda Sydney, méfiante.
" Parce que je sais que vous aussi vous ne voulez pas croire à leurs
morts, " répondit Ming. " Vous allez trouver cela bizarre.
Mais nous sommes reliés les uns aux autres, tous les enfants du manoir.
Quand l'un d'entre nous s'éteint, nous le sentons. Et je sais que Stella,
Sark et Ino sont encore en vie. Je les entends toujours en moi. "
Leur conversation fut interrompue par un nouveau frappement à la porte. Sydney donna l'autorisation d'entrer et la silhouette familière de Weiss fit son apparition. Il hésita brièvement en voyant Ming, puis s'approcha de Sydney :
" Une lettre pour toi, " répondit-il nerveusement. " C'était dans le courrier. "
Il la lui tendit puis se tourna vers Ming, indécis. Cette dernière lui adressa un sourire franche et sincère, Sydney remarqua une lueur de tendresse et d'autre chose s'allumer dans le regard de l'espionne du MI6.
" Je dois
y aller, " déclara Ming. " Merci de ton attention, j'avais
J'avais juste besoin de le dire à quelqu'un. Eric ? "
" Oui ? " Répondit-il mal à l'aise.
" Maintenant que tout ceci est terminé, si nous allions boire un
verre au bar où tu mangeais, " proposa-t-elle avec enthousiasme
avant de brièvement se tourner vers Sydney. " Là où
tout a commencé. "
Ces derniers mots choquèrent Sydney, mais Weiss hypnotisé par le regard de Ming, ne le remarqua pas. Le couple sortit pendant qu'elle tentait péniblement de reprendre le contrôle de ses émotions.
Dakar. Il y a moins d'une semaine. Quand elle discutait avec Collin, elle se rappelait de cette phrase étrange avant qu'il ne l'endorme : quand ce sera la fin, tu me rejoindras là où tout a commencé
Elle baissa les yeux vers la lettre qu'elle tenait, et un nouveau détail la frappa : la familiarité de l'écriture qui avait noté son nom : celle d'Irina Derevko. Ca non plus, ça ne pouvait pas être un hasard. Elle décacheta l'enveloppe et trouva une carte postale à l'intérieur, une carte postale d'une plage d'Irlande longée par de longes falaises de calcaire érodé. " Iles Aran " était marqué en haut à gauche, des îles situées près de la côte du Galway. Il y avait un nom de famille marqué au dos : Stimmer.
Sydney ignorait comment, mais elle savait que ce jeu de piste était signé Sark. Et que dans son camp, il comptait Irina et Ming. Quant cette dernière avait retourné sa veste était un mystère.
Elle prit son manteau et sortit du bureau. Elle croisa dans le couloir son père qui remarqua son sourire rayonnant. Il n'en fut nullement surpris. Il savait lui aussi, il savait toujours tout. Il lui répondit par un sourire plus réservé, avec malgré tout une mise en garde sous-jacente dans son regard. Il n'avait jamais porté Sark dans son cur, mais peut-être qu'un jour il apprécierait Collin Asatchev.
*
Sept correspondances plus tard pour brouiller les pistes, Sydney se trouvait sur un bateau de pêcheurs qui l'amenait aux îles Aran. Il faisait sombre alors que l'après-midi était encore jeune, mais la mer était d'huile. Elle goûtait à l'air salée du large alors que chaque vague franchie la rapprochait de son but. Elle tenait dans la poche de son chaud manteau, la carte postale déjà toute cornée que sa mère lui avait envoyée. Son père était sûrement celui qui l'avait introduit dans la pile de courrier pour les employés de la CIA.
Le bateau s'amarra enfin à un port plutôt délabré. Elle descendit sur le quai en compagnie des marins qui lui indiquèrent où se trouvait la demeure des Stimmer. Elle pouvait y aller à pied, ce n'était pas très loin du port.
Sydney longea donc les quais, qui laissèrent bientôt place à des falaises de calcaire au fur et à mesure que l'on s'enfonçait dans la campagne. Elle reconnut sans jamais l'avoir vu la plage où Collin avait rencontré pour la première fois Irina Derevko, l'endroit où Anya Asatchev avait crû son fils en sécurité, à l'abri de son père et du projet Néo.
Après une heure de marche sur une route cabossée au milieu des plaines vertes à gauche et des falaises à droite, Sydney se retrouva dans un bourg d'une dizaine de maisons. Elle lut les noms sur les boîtes aux lettres et trouva celle des Stimmer rapidement.
Elle observa la demeure face à elle : ce n'était pas grand, même si elle comportait un étage. Une lumière y était allumée, le jardin était entretenu, un chat blanc au regard vairon veillait sur le perron. Il s'enfuit quand Sydney gravit les marches menant à la porte d'entrée. Elle sonna, fébrile. Au bout de quelques secondes, des bruits de pas se firent entendre sur les marches grinçantes d'un escalier, puis juste derrière la porte. Celle-ci s'ouvrit et Sydney resta muette un instant.
" Salut ", dit-il.
Elle ne répondit pas, puis le poussa brusquement à l'intérieur en tentant de le frapper. Il para chacun de ses coups et Sydney se trouva subitement plaquée contre le mur, la joue droite écrasée contre le papier peint.
" Je t'ai
crû mort, tu me le payeras, " gronda-t-elle à la fois furieuse
et ravie.
" Saches que personne ne peut avoir l'insaisissable Collin Asatchev, "
murmura-t-il malicieusement au creux de son oreille.
Il relâcha son étreinte et elle se retourna pour lui bondir dans les bras, l'embrassant avec fougue. Il dut reculer d'un pas pour ne pas perdre l'équilibre. Sydney avait du mal à réfréner sa joie de retrouver ce regard bleu teintée d'ivresse quand il la regardait, ses courtes mèches blondes qui bouclaient de façon anarchique, son sourire ciselé et arrogant.
" Comment as-tu survécu à l'explosion du hangar ? Et où sont Stella et Ino ? "
Collin laissa un blanc filer avant de répondre :
" Les agents de la CIA devraient prêter plus attention aux réseaux d'égoûts. On peut facilement s'échapper par là quand il y a une bouche à portée de main. "
Elle remarqua qu'il n'avait rien dit à propos des deux autres sans passés. Ils devaient sûrement faire comme Collin dans un autre coin du globe, apprendre à vivre la vraie vie
" Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? " Demanda-t-elle subitement soucieuse. " Hogan est encore en vie. "
Il sourit tristement à cette remarque.
" Pour le
moment, rien, " répondit-il en l'amenant vers le salon, ils prirent
place sur le canapé. " Je n'ai jamais eu l'occasion de ne rien faire
dans ma vie. Et comme tous mes ennemis me croient morts, autant en profiter
un peu avant de revenir sur le devant de la scène. J'aime cet endroit.
Et j'aime aussi ne rien faire. C'est dépaysant. "
" Qu'est-ce que tu entends par devant de la scène ? "
" Je ne sais pas encore, " admit-il pensif. " Mais une chose
est sûre, je m'arrangerais pour ne pas trop me faire remarquer. Je ne
recherche plus l'adrénaline à tout prix comme je le faisais avant.
J'ai réussi à décrocher Et toi ? "
Sydney adopta une expression plus sombre :
" Je ne sais
toujours pas ce qui m'est arrivée durant ces deux ans d'absence. Je reste
à la CIA tant que je n'aurais pas trouvé. "
" Et après, tu me rejoindras ? "
" Après, je te rejoindrais, " lui confirma-t-elle sans hésiter.
" Je pourrais t'aider dans cette tâche, " proposa Collin. "
J'ai encore mes contacts. Il y a beaucoup de sans passés qui sont toujours
en vie et toujours libres, " ajouta-t-il malicieusement.
" Je n'hésiterais pas à te demander un peu d'aide de temps
en temps, " répondit Sydney, ravie qu'il ait pris l'initiative de
l'aider.
Elle n'aurait jamais osé lui demander. Collin hésita brièvement, soucieux, avant de reprendre :
" Nous ne
nous verrons pas souvent, " dit-il, peiné.
" Mais nous nous verrons, " le coupa Sydney. " Et c'est le principal.
"
Il sourit et l'embrassa longuement. Elle se dégagea brièvement de son étreinte :
" J'ai deux
jours de congé, " ajouta-t-elle malicieuse.
" Tu veux faire un tour sur la plage ? " Proposa-t-il en se levant
du canapé.
" Avec plaisir. "
Elle accepta la main qu'il lui tendait.
*
Epilogue
Ming se glissa en silence dans le parking souterrain de l'hôtel. Elle s'était facilement déjouée de tous les systèmes de sécurité, ayant prévue à l'avance de tous les remettre en marche avant de filer d'ici. Elle se glissa sous une voiture de prêt de la CIA et y resta trois longues minutes. Sitôt sa tâche accomplie, elle se hâta de déguerpir avant d'être aperçue et que tout tombe à l'eau.
Elle changea de vêtements dans une ruelle, pour adopter une tenue banale. La nuit était tombée mais le métro fonctionnait encore. Il était peu fréquenté, surtout à cette heure tardive où il était dangereux, et cela arrangeait Ming. Elle ne voulait pas être vue et ne craignait nullement les petits voyous.
Elle arriva bientôt aux stations des quartiers de la côte et elle sortit du métro. Les rumeurs du pacifique vinrent chanter à ses oreilles et elle retrouva rapidement le chemin de l'immeuble où habitaient Weiss et Sydney. Cette dernière s'était absentée. Ming savait très bien où. Un sourire complice se dessina sur ses lèvres.
Elle entra dans l'appartement de Weiss et vint jusqu'à la chambre. Elle se glissa dans le lit, aux côtés d'Eric qu'elle avait précautionneusement sédaté la veille pour qu'il ne se rende pas compte de son absence durant la nuit.
Demain, Hogan rentrait en angleterre. Il prendrait sa voiture de prêt pour se rendre à l'aéroport. Mais les freins de ses véhicules fréquemment utilisés, ils s'usaient à force, surtout si on leur donnait un petit coup de main pour qu'ils se rompent
Les rumeurs du pacifique lui parvenaient encore par la fenêtre entrouverte. Ming blottie contre Weiss, se laissa bercer et s'endormit en songeant qu'à l'autre bout du globe, un autre couple se laissait bercer de la même façon par les rumeurs de l'atlantique.
*
Fin
