Titre
: " Promesse à double sens "
Auteur : Shin Maxwell et sa muse, Shiroi.
Genre : Alors alors : séquelle de " Shinigami X03 "
torture mentale, shonen ai puissance mille, POV alternés 01 et 02, angst,
et autres réjouissances ^^
Couples : GROS 1+2 toujours... beaucoup de shonen ai dans ce chapitre...
vous verrez.
Disclaimer :
Shin : Toujours pas à moi... mais je survis ^^o
Notes :
Shin : Deuxième partie ^^ !
Duo : Elle est longue...
Shin : 11 pages et 20h de boulot d'après Word ^^o je me suis vraiment
éclatée à faire cette seconde partie.
Heero : Et la troisième ?
Shin : euh... joker ?
Et je rapelle à toutes fins utiles qu'il faut avoir IMPERATIVEMENT
LU " Shinigami X03 " avant de s'attaquer à " Promesse
à double sens " ^^ !
"
Promesse à double sens "
2ème partie
Duo :
J'avoue
avoir été étonné qu'Heero insiste pour venir avec
moi chez nos mentors, mais n'était-ce pas là après tout
l'impact de ce que je venais de faire ?
Sur l'instant, il m'avait paru totalement naturel de l'embrasser mais
à présent, alors que j'y repense, je ne peux m'empêcher
de rougir et de me traiter de tous les noms d'oiseau.
Heero est amoureux de moi. Ca me fait bizarre de me dire ça, mais les
faits sont là, et j'en ai eu la preuve.
Bon sang, je n'ai pas le droit de jouer avec ses sentiments comme je le fais
! C'est dégueulasse ! Quel salaud peut se permettre de le faire espérer
comme ça alors qu'en réalité je ne l'aime pas, c'est
juste un ami enfin, je crois
Oh et puis zut, la question n'est pas là !
Penser schizophrénie.
J'ai encore embarqué tout le monde dans une histoire de fous bon,
officiellement, je n'ai embarqué que Heero, mais les autres devraient
être aveugles pour ne pas s'être rendus compte que quelque chose
se passe dans leur dos.
Ca doit probablement les agacer, mais je préfère les garder en
dehors de tout ça.
Je n'aimerais pas qu'ils aient à subir les répercussions de la
colère de Shinigami, si toutefois celui-ci arrivait à passer mes
barrières.
En quinze jours, je pense avoir réussi à gagner un peu de pouvoir
sur lui, même si je dois avouer que passer la majorité de mon temps
à le repousser était épuisant.
Je sentais cette force, cette chaleur qui me consumait de l'intérieur,
cette présence malsaine monter en moi. Et je savais qu'elle était
si proche que la moindre contrariété la libèrerait.
Parce que je n'aurais plus ce semblant d'équilibre qui me permettait
de rester concentré sur mes sensations, et donc de l'empêcher de
prendre possession de mon corps.
Il me fallait me couper du monde, oublier mon entourage, ne rien voir, ne rien
dire, ne rien entendre.
M'isoler, être totalement seul, pour que rien ne puisse nuire à
ces tentatives de sauvegarde de moi-même.
Ce fut dur, très dur au début. Et la colère de Shinigami
se manifestait sous forme d'atroces douleurs, de violents maux de tête
et parfois de nausées.
Je me sentais mal, souvent coupable, indigne d'être un pilote de Gundam.
Mais je savais que continuer sur cette voie était le meilleur moyen de
me prouver que j'étais encore capable de lui résister.
Que j'étais suffisamment fort pour ne pas céder devant les images
qu'il me montrait, de ne pas céder à sa voix qui me répétait
jour et nuit, sans fin " Tu as besoin de moi, tu le sais, accueille-moi,
accueille-moi à nouveau ", cette voix qui me rappelait à
chaque instant ce que j'étais.
Et puis, quelque part, je ne voulais pas décevoir Heero.
Sans réellement comprendre pourquoi, j'avais commencé à
l'éviter. Je pense que j'étais gêné à l'idée
que je ne pourrais jamais lui offrir ce qu'il attendait de moi et j'avais
peut-être honte de ne pas pouvoir lui retourner ses sentiments.
Je ne l'aime pas mais je ne veux pas lui faire de mal pour autant.
Et comme Heero ne venait pas non plus à moi, j'ai alors commencé
à m'auto motiver en me disant que s'il me laissait prendre les choses
en main, c'était probablement parce qu'il me croyait assez fort pour
me débrouiller seul.
Je me suis donc débrouillé seul, parce que je pensais que c'était
le meilleur moyen de le remercier pour m'avoir décidé à
vaincre Shinigami.
Et tout compte fait, Heero est revenu vers moi. Il a finalement décidé
de tenir sa promesse.
Il ne m'a pas abandonné d'ailleurs, je n'avais jamais pensé
qu'il le ferait. Je savais que si j'avais vraiment beaucoup de mal avec ma schizophrénie,
il serait venu à ma rescousse. Mais je comprends sa réaction
je sais d'expérience combien il est difficile de se comporter de façon
neutre aux côtés de quelqu'un que l'on aime.
La
base des professeurs se trouvant assez loin de notre planque actuelle, nous
avons dû faire une pause dans une forêt dans l'optique de nous y
dégourdir les jambes et d'y dormir un peu.
Quand Heero m'annonça cela, je songeais qu'il y avait bien longtemps
que je n'avais pas dormi à l'intérieur de la cabine sécurisante
de mon vieux Deathscythe.
Je m'y sentais bien, malgré tous les souvenirs, bons et mauvais, qui
s'en dégageaient.
Aussi étais-je à peu près sûr de passer une bonne
nuit.
*****
Heero :
Nous
avons fait une halte dans une forêt de France. Nous atteindrons sans doute
la base de Suisse où sont dissimulés nos mentors demain matin.
Je dois avouer ne pas apprécier grandement le fait de devoir dormir à
l'intérieur de Wing.
J'avais déjà été contraint de le faire dans le passé
une ou deux fois. Mais ce n'était pas une chose dont je raffolais.
Le siège était dur.
Le harnais me compressait le torse.
Et malgré le fait que je n'aie pas un sommeil très agité,
je n'étais pas libre de mes mouvements et cela m'angoissait au plus haut
point : la sensation d'encaissement ne me quittait pas et m'empêchait
systématiquement de trouver le sommeil.
En bref, vivement que nous arrivions chez les profs, ce qui était notre
base de repli stratégique et où j'étais sûr de pouvoir
disposer d'un bon lit.
Je n'avais pas vu mon mentor depuis plusieurs mois, et je devais également
avouer me réjouir de le revoir.
On ne passe pas plusieurs années en compagnie d'une personne en la fréquentant
tous les jours sans s'y attacher.
Et je me plais à penser que tous les pilotes et leurs mentors respectifs
entretiennent des relations semblables à celles qui s'établissent
entre un grand père et son petit fils.
Ils ont été nos éducateurs après tout, et ce sont
eux qui ont fait de nous ce que nous sommes maintenant : les guerriers les plus
redoutables qui soient.
Après avoir posé Wing dans une clairière au milieu de l'épaisse
forêt, j'en sortis en soupirant, soulagé de sentir à nouveau
la fraîcheur du vent sur mon visage.
Le gundam de Duo se pose peu de temps après aux côtés du
mien et mon compatriote sort en arborant un sourire lumineux, quoi que quelque
peu terni par la fatigue.
Nous camouflons sommairement les pieds de nos armures afin de les protéger
un minimum des regards d'hypothétiques promeneurs nocturnes, avant de
partir ensemble d'un commun accord pour une promenade en forêt, malgré
le fait que la nuit soit prête à tomber.
Nous marchions au hasard, jusqu'à ce que nos pas nous mènent à
un petit sentier. C'est tout naturellement que nous l'avons suivi jusqu'à
atteindre une petite colline que nous escaladions.
Arrivés au sommet, nous nous sommes assis dans l'herbe pour regarder
le paysage s'étendant sous nos pieds, la forêt épaisse,
presque impénétrable, que rien ne troublait. Pas un bruit, si
ce n'était le soupir du vent et le hululement d'une chouette solitaire.
Bientôt, la lune monta sur son trône, siégeant au milieu
de sa cour d'étoiles.
-
Heero ?
- Hai ?
- rien
Je
ne m'en étais pas rendu compte certainement parce que j'avais pris
l'habitude, en quinze jours, de le voir toujours calme, renfermé, silencieux.
Mais Duo avait été étrange durant tout le trajet, et il
l'était encore.
En plus de ne rien dire du tout, il était particulièrement tendu,
et la lueur inhabituelle dans ses yeux ne m'avait pas échappé.
J'avais longtemps refusé de l'admettre.
Mais à présent je ne pouvais plus dire le contraire.
Duo était malheureux.
Et ce qui me faisait le plus de mal dans tout ça c'était
que cela ne datait pas de l'affaire Shinigami.
Malgré ses sourires, ses blagues, ses rires, et toute sa gaîté
apparente, Duo avait toujours été malheureux.
Et rien que de penser que je n'avais jamais voulu l'accepter, et donc que je
n'avais jamais rien tenté de faire pour lui remonter le moral, je me
sentais misérable.
Je l'observais à la dérobée, étrangement troublé
par la constatation que je venais de faire.
Il avait remonté ses jambes contre son torse et posé son menton
sur ses genoux. Je me rappelais qu'il faisait souvent ça au retour de
missions. Etait-ce pour mieux contenir Shinigami ?
Il regardait la lune. Je la voyais se refléter dans ses yeux, et je ne
pus m'empêcher de rougir en remarquant à quel point son visage
était magnifique, à la lueur lunaire.
Pas qu'il fût laid en temps normal mais cet éclairage le
rendait enchanteur, féerique.
Je me repris rapidement en me rendant compte que j'étais en train de
mater mon meilleur ami.
J'allais détourner le regard pour à nouveau contempler le paysage
magique sous mes yeux lorsqu'un mouvement de sa part m'attira.
*****
Duo :
Je
me sentais bien.
Pour la première fois depuis quinze jours, je me sentais bien, en paix
avec moi-même, comme si Shinigami avait décidé de faire
une pause.
Pour une fois, nous étions tous les deux en parfait accord, en admiration
devant la forêt s'étalant sous nos yeux.
Devant ce paysage mystique, cette multitude d'arbres serrés les uns contre
les autres, rendant le lieu encore plus secret, plus impénétrable.
Et la lueur de la lune ne faisait que renforcer cette magie dans l'instant.
Je sentais le regard d'Heero sur moi.
Je savais qu'il était en train de m'observer.
Il regardait mon visage, j'en aurais mis ma main à couper.
Je ne savais pas à quoi il pouvait bien penser en ce moment, et pour
parler franchement, je n'en avais rien à faire.
Je me délectais de cette plénitude, de cette paix en moi jusqu'ici
inédite, savourant l'instant.
Concentré sur mes sensations, un violent frisson me parcourut alors qu'une
rafale de vent plus puissante et fraîche que les autres fouettait mon
dos et ma nuque.
-
Tu trembles, nota Heero en se tournant légèrement vers moi.
- ce n'est rien, assurais-je en me laissant retomber sur le dos, riant
légèrement en sentant un brin d'herbe me chatouiller l'oreille.
-
- Je t'écoute Heero.
- Pardon ?
- Tu me regardes depuis tout à l'heure. Tu as une question à poser,
alors je t'écoute.
- Tu as l'air de te sentir bien je te trouve différent de ces quinze
jours où tu étais si nerveux, à cran, refusant de quitter
le toit.
- Je crois que Shinigami s'est endormi ce soir, avouais-je en croisant mes bras
derrière ma tête. Je profite de ce moment de calme.
Confirmant
mes dires, je fermais les yeux, laissant la brise me caresser le visage, ignorant
sa fraîcheur.
Après tout, ce n'était pas comme si je n'avais pas connu pire.
Je gardais les yeux clos, malgré le fait que je sente Heero se lever
et changer de place.
Ce ne fut qu'avec un très léger étonnement que je constatais
qu'il s'était assis derrière moi, étendant ses jambes de
part et d'autre de mon corps.
J'ouvrais les yeux et relevais la tête de manière à pouvoir
le regarder.
Et la seule vision de l'infinie tendresse dont débordaient ses yeux suffit
à me déstabiliser complètement.
Lentement, avec une timidité qui m'émeut d'autant plus, il posa
une de ses mains sur mon visage et rejeta ma frange en arrière avant
de suivre du bout des doigts le contour de ma joue.
*****
Heero :
Je
savais que je n'avais pas le droit de me comporter ainsi.
Après tout, Duo ne m'aimait pas et rien ne justifiait une pareille
attitude venant de moi.
Mais pour une fois, j'avais décidé de suivre mon c
et je ne pouvais pas rester sans rien faire, alors que ses yeux me paraissaient
si mélancoliques.
Et la seule chose qui me semblait capable de lui mettre du baume au cur
était de lui donner un peu de tendresse.
Et étrangement, je me sentis à la fois mortellement malheureux,
et soulagé, lorsque Duo se laissa aller à fermer les yeux sous
l'effet de mes caresses.
Et pourtant je savais qu'il me fallait le lui dire, quitte à casser l'ambiance.
-
Je ne devrais pas faire ça soupirais-je sans pourtant m'interrompre.
- Si tu en es conscient, pourquoi le fais-tu ?
- Gomen nasai, m'excusais-je en retirant mes mains.
- Ca ne veut pas dire que je veux que t'arrêtes, poursuit-il en me lançant
un clin d'il malicieux.
Avec un léger sourire, je repris mes caresses sur son visage, prenant sur moi pour éviter de m'enhardir et de déborder sur sa nuque et son cou.
-
Pourquoi tu ne me dis pas que je suis horrible ? demande t-il au bout d'un moment.
- Pourquoi devrais-je te dire une chose pareille ?
- Parce que je me sers de toi je profite de tes sentiments pour avoir
un peu de réconfort quand ça ne va pas.
- J'aimerais que tu te rappelles d'une chose, poursuivis-je en l'incitant d'un
frôlement de doigts à fermer les paupières.
- Je suis tout ouï.
- Je ne me lasserai jamais de pareils moments. Jamais je ne serai à cours
de tendresse à t'offrir, n'oublie jamais ça.
- Mais ça doit te faire du mal
- Mais le bonheur que je ressens en ce moment me suffit amplement à surmonter
la douleur qui vient après.
- Comment fais-tu pour être si fort Heero ? Je je sais que moi,
je ne pourrais pas offrir de l'amour à quelqu'un qui ne m'aime pas, sans
en être cruellement blessé je crois que je choisirais plutôt
d'éviter cette personne pour ne pas souffrir en voyant le rejet dans
ses yeux.
- C'est justement ça, poursuivais-je en passant mes doigts dans ses cheveux.
- Quoi ?
- Je n'ai jamais vu de rejet dans tes yeux. Tout ce que j'ai vu c'est que tu
voulais me préserver. Tu voulais éviter de me faire souffrir et
je sais que c'était une des raisons qui t'ont poussé à
t'isoler. Même si ce n'était pas la cause principale, je me trompe
?
-
- Est-ce que je me trompe, Duo ?
- Ta clairvoyance m'épate, tu sais. Mais je suis désolé
de devoir autant compter sur ton réconfort.
- Dois-je me répéter ?
Il
ferme à nouveau les yeux, et je peux sans mal deviner sa gêne.
La gêne de prendre ce qu'il ne peut pas me rendre.
D'accepter ce qu'il devrait refuser en bloc.
Et pour la deuxième fois de la soirée, au lieu de me retenir et
de prendre sur moi, je suis mes envies et pose doucement mes lèvres sur
les siennes.
Je ne demande rien, je veux seulement donner.
Et j'espère qu'il l'aura senti.
*****
Duo :
Je
dois avouer, avec un peu de honte, m'être attendu à ce qu'il m'embrasse.
Mais la douceur de ses gestes me toucha au plus profond de l'âme.
C'était si léger, si tendre, que je pouvais qualifier sans mentir
ce baiser d'amical, voire même fraternel.
Et pourtant je savais que si je continuais à accepter ses marques d'affection
comme ça, il viendrait un moment où elles me deviendraient indispensables,
et où je devrais passer le point de non-retour :
Vouloir être avec lui pour en avoir plus.
Je me dégouttais de profiter de lui ainsi, et c'était peut-être
la seule chose qui m'empêchait de céder.
Après s'être séparé de moi, il dut me sentir trembler
à nouveau, puisqu'il me saisit avec douceur par les épaules pour
me relever et m'adosser à son torse.
Avec toujours autant de tact et de douceur, il referme lentement ses bras sur
moi après avoir remonté ses genoux, m'abritant de tout ce qui
pourrait m'atteindre, me protégeant de tous les ennemis, visibles et
invisibles, en me laissant toujours la possibilité de tout arrêter.
Je sais combien je me sentirais bien entre ses bras, si seulement je n'avais
pas eu de scrupules à accepter toute cette tendresse.
Une angoisse étrange montant en moi, je frissonne à nouveau et
ne trouve rien de mieux à faire que me presser davantage contre lui pour
dissimuler mon visage contre son bras.
-
A toutes fins utiles je te le rappelle, souffle t-il à mon oreille, cela
ne me dérange pas de te réconforter.
- Merci, soufflais-je avec précipitation, sentant ma voix se briser.
Et ce n'est plus un frisson qui me parcourt, mais un spasme alors qu'un sanglot m'étreint la gorge.
*****
Heero :
Je
me doutais que l'instant fatidique où il craquerait était proche.
Trop de sentiments se battaient en lui à cet instant pour qu'il puisse
tout gérer.
Et je dois avouer, que quelque part, je suis responsable de ce qui se passe.
C'est du réconfort d'un ami dont il a besoin et pas celui d'un
amoureux transi.
Mais moi je ne sais pas lutter contre ces pulsions. Je ne sais pas comment
réagir alors que je le vois si mélancolique, et c'est tout naturellement
que je laisse mon instinct me guider.
Pétrifié à l'idée de le blesser davantage, je me
contente de le laisser pleurer tant qu'il le veut, sans rien dire, sans rien
faire, juste faisant rempart de mon corps contre tous les agresseurs, qu'ils
soient extérieurs, ou intérieurs comme l'est Shinigami.
*****
Duo :
Peu
importe que je casse mon masque de joker devant lui. Je l'avais déjà
salement piétiné il y a quinze jours de toute façon, alors
un peu plus ou un peu moins de toute façon, je suis conscient que
jouer la comédie n'aurait servi à rien, Heero connaissant mon
véritable visage, sachant que malgré les sourires que j'aurais
pu lui faire pour le rassurer, je n'en aurais pas moins envie de pleurer en
dessous.
Je n'aime pas pleurer mais cette fois, juste pour cette fois, j'ai eu
envie d'oublier la promesse faite à Solo, pensant peut-être que
les bras d'Heero me cacheraient à la vue de mon défunt ami.
- Pourras-tu un jour me pardonner de ma faiblesse
Ce
n'était pas une question.
Toutefois, ses bras se resserrant davantage autour de moi étaient la
plus belle des réponses.
*****
Heero :
Il
ne met pas bien longtemps à se calmer, et c'est un apaisant silence qui
s'installe, balayant ce qui vient de se passer.
Je sais que ce n'est pas la meilleure des choses à faire pour éviter
de me retrouver avec un gros rhume demain, mais peu importe.
Je me laisse lentement retomber sur le dos, posant une de mes mains sur la tête
de Duo qui se retrouve appuyée contre mon torse, alors que mon autre
main trouve naturellement sa place dans le creux de sa taille.
Avec un soupir, il passe ses bras autour de moi et ferme les yeux.
Alors que les miens se ferment bien malgré moi, je songe que la lune
est peut-être en train d'être le témoin d'une scène
qui restera longtemps gravée dans mon cur.
Et peu avant de glisser totalement dans le sommeil, c'est une petite voix d'enfant
timide qui fait apparaître comme par magie un sourire sur mes lèvres.
- Arigato
*****
Aucun mot supplémentaire ne fut échangé cette nuit là, alors que les deux adolescents s'endormaient sous le regard bienveillant d'une lune pleine, se protégeant mutuellement de tout ce qui aurait pu briser leur nuit.
******
Heero :
Nous
nous sommes réveillés pratiquement en même temps au petit
matin, grâce à la lueur de l'aube.
Si le soleil ne s'était jamais levé, me serais-je un jour réveillé
?
En levant la tête vers moi, Duo m'avait lancé un sourire gêné
avant de se lever et de s'étirer.
Nous n'avons pas parlé ce matin là, et je suppose que Duo restait
coi pour les mêmes raisons que moi.
Je n'arrête pas de repasser dans ma tête la scène d'hier
soir, et à chaque nouveau passage remontant dans ma mémoire, je
me traite de toutes les injures que je connais.
Je ne sais pas ce qui m'a pris, si je m'étais drogué à
quelque chose, si je m'étais empoisonné avec une plante dans la
forêt, ou quoi que ce soit mais plus j'y pense et plus je me dis
que je n'aurais jamais dû me laisser aller comme ça.
Je n'en avais pas honte c'était plus le fait que ces gestes fassent
souffrir Duo qui me mettait mal à l'aise.
Car je savais que malgré tout ce que j'avais pu dire pour le rassurer,
il culpabilisait, pensant qu'il n'avait pas le droit d'accepter tout ça.
Nous nous sommes immédiatement mis en route pour regagner mon Gundam,
et ce fut sans surprise que je constatais que le retour fut aussi silencieux
que l'aller.
Trop de choses à penser.
Pourtant, alors que nous atteignons les pieds de nos armures, Duo stoppa brutalement
et se tourna vers moi.
-
Heero j'ai quelque chose à te demander.
- Je t'écoute, répondis-je en stoppant à mon tour.
- Comment comment tu as su que tu étais am amoureux de moi
? s'enquit-il en rougissant violemment.
- Pourquoi cette question ?
-
- Pour être franc, je ne sais pas vraiment ce sont plusieurs choses
qui m'ont fait réaliser ça. Notamment l'instinct de protection
que j'avais développé sans m'en rendre compte.
- Mais
- Je sais que tu n'as besoin de personne pour te protéger, tu es un guerrier
et si je me mettais à te materner, cela ne ferait que te blesser dans
ton honneur. Je ne pouvais pas m'en empêcher mais je pense que plus
que cet instinct, ce qui m'a fait réellement comprendre que je t'aimais,
c'était cette envie croissante de t'offrir de la tendresse comme
hier soir. Sauf qu'en général je me retiens bien mieux que ça.
- C'est tout ?
- Il y a d'autres détails qui rentrent en compte, mais c'est tellement
dégoulinant d'eau de rose que j'en suis moi-même dégoûté.
- Du genre ?
- Tout ce qu'on voit dans les films d'amour bien déprimants. Je suis
triste lorsque tu n'es pas là ou que tu ne te sens pas bien, je suis
heureux lorsque tu souris, je me sens inutile lorsque je ne peux rien faire
pour te remonter le moral etc, etc énumérais-je en faisant
semblant de m'intéresser à mes ongles pour ne pas rougir.
- Ah
- Pourquoi cette question, Duo ?
- je ne suis pas sûr. Je vais y réfléchir.
J'hochais
la tête puis commençais à grimper le long d'une des jambes
de Wing.
Une fois arrivé au niveau du genou, je m'arrêtais et regardais
vers le bas, constatant que Duo n'avait toujours pas bougé.
Hésitant entre l'ignorer et redescendre voir de quoi il en retournait,
je choisis la solution intermédiaire et l'interpellais.
- Ne t'en fais pas pour ça Duo ! Quoi qu'il arrive, quoi que tu ressentes, je serai toujours là pour toi !
Il
acquiesce, et malgré la distance je distingue le sourire qui se dessine
sur son visage.
Il nous faut à présent regagner la base, nous n'avons que trop
perdu de temps.
Alors que je suis en train de boucler mon harnais, une fenêtre de communication
s'ouvre et son visage apparaît.
-
Heu, Heero ?
- Hai ?
- Quand on en aura fini avec les profs, tu me parleras du temps où t'étais
schizo ?
- S'il n'y a que ça pour te faire plaisir.
Il me lança un sourire reconnaissant puis coupa notre contact.
*****
-
Tiens donc, mais qui voilà ?
- Bonjour professeur G, saluais-je poliment.
- Je ne pensais pas que tu viendrais aussi. Où est le gamin ?
- Au pied de Deathscythe, avec maître O. Il voulait quelques nouvelles
de Wufei.
- Rien d'étonnant à cela. Mais quel bon vent t'amène ?
On ne t'a pas vu ici depuis bien longtemps il me semble.
- Lorsque Duo m'a appris qu'il était convoqué j'ai pris la décision
de venir aussi pour vous rendre visite, répondis-je, ce qui était
vrai d'ailleurs, même s'il ne s'agissait pas de la raison principale de
ma venue.
- Ah, si nous n'étions pas là, nous vous manquerions ! ricane
le vieil homme en se rasseyant. Vous nous traitez de vieux fous mais en fin
de compte vous nous aimez bien !
Aucune réponse n'est nécessaire, et je pense que le sourire en coin que je lui renvoie suffit à lui faire comprendre que je n'en pense pas moins.
-
Où se trouve le docteur J ?
- Tu le connais mon petit, il doit être en train de traîner dans
les laboratoires. Tu devrais aller le voir, mais ramène-le ici rapidement,
il ne faut pas oublier ce pour quoi vous êtes venus.
- J'y vais, acquiesçai-je.
Au moment où je referme la porte derrière moi, j'entends Duo entrer
dans la salle de l'autre côté en criant un " Salut Papy !
" bien trop enjoué pour être naturel.
Duo stresse. J'en mettrais ma main à couper. Et le prendre sur le ton
de la plaisanterie est pour lui le meilleur moyen de décompresser et
de paraître détendu.
Je secoue la tête. Mieux vaut ne pas y penser. J'ai couvé Duo hier
soir suffisamment pour toute une vie, autant arrêter maintenant avant
que le fait de le materner ne devienne une manie chez moi.
Il ne me faut que quelques minutes avant de trouver le laboratoire où
mon mentor est en train de travailler.
-
Bonjour professeur, saluais-je en entrant après avoir frappé à
la porte.
- Tiens, quelle bonne surprise, s'étonne t-il en abandonnant son microscope.
Es-tu venu accompagner Zéro Deux ?
- Il n'a pas besoin que je l'accompagne, il aurait pu venir seul, mais je ne
vous avais pas rendu visite depuis longtemps.
- Très bien, assieds-toi ! Raconte-moi, comment vas-tu depuis la dernière
fois ?
- Je vais bien professeur, vous savez que s'il y avait eu un quelconque problème,
je vous l'aurais fait savoir.
- Je te connais bien, je sais que tu n'aimes pas trop te faire aider en ce qui
concerne ces choses là, ricane t-il en remettant ses lunettes en place,
et je peux voir dans son sourire qu'il sait qu'il a touché juste.
-
- Allons, ce n'est pas très gentil de ma part de t'embêter avec
ça dès ton arrivée, reprend-il, parle-moi plutôt
de tes relations avec les autres pilotes.
- Pardon ?
- Vous vous entendez bien depuis que vous travaillez en coopération,
non ?
- Wufei et Duo passent leur temps à se disputer, Quatre fait de son mieux
pour les modérer, et Trowa rit dans son coin nous avons droit à
cette scène à peu près quatre ou cinq fois par jour.
- Et toi pendant ce temps là ?
- Vous savez, j'ai tellement l'habitude de cette scène que je ne m'en
occupe même plus, mentis-je en haussant les épaules.
- Je vois. Et pour les missions ?
- La dernière a été un succès total, les Gundams
sont parfaitement réparés, et le virus pour la prochaine mission
en Amazonie est prêt depuis trois jours.
- C'est bien. Profites de ce laps de temps pour te reposer un peu, tu n'as pas
l'air très en forme.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, répliquais-je par pure habitude.
- Ahaha, ça a toujours été le problème avec toi
: il ne faut jamais s'inquiéter. Tu ne devrais pas craindre autant de
partager tes angoisses avec tes amis Heero, un jour cela te jouera des tours
! Je t'ai déjà dit que montrer ses sentiments à des personnes
dignes de confiance n'était pas dangereux et
- Professeur, j'aimerais éviter de rentrer dans un nouveau débat
psychologique aujourd'hui et le professeur G vous attend.
- Hum, j'avais presque oublié, approuve t-il en se levant, il faut s'occuper
du cas Zéro Deux.
-
- Tu ne me demandes pas pourquoi nous l'avons convoqué ? s'étonne
t-il.
- Cela ne me regarde pas.
- Tu as donc si peu de considération pour tes partenaires ?
-
- Bien, allons-y. A moins que tu ne préfères patienter ici plutôt
que dans la salle de repos des mécaniciens ?
- Je vais aller faire un tour.
- Nous ne devrions pas en avoir pour très longtemps.
- Très bien.
Je
reste quelques minutes assis sur ma chaise, malgré le fait que le professeur
soit déjà parti rejoindre les autres.
J'avais une impression étrange et ce genre de pressentiment me
trompe rarement.
C'était comme si un nuage malsain flottait tout autour de moi, et s'épaississait
lentement sans que je ne m'en rende réellement compte.
S'épaississait jusqu'à prendre tout l'espace et m'étouffer.
Etrangement claustrophobe, je me levais avec précipitation pour regagner
l'extérieur de la base. L'air me manquait soudain.
Alors que je tentais de me déplacer dans les couloirs sans avoir l'air
trop pressé, je passais à côté de la salle de réunion
lorsque quelques bribes de dialogue me parvinrent.
-
Je vous dis qu'il n'y a pas matière à s'inquiéter !
- D'après ce que nous venons de te dire, la situation est au contraire
très inquiétante.
- Vous êtes décidément trop bornés ! Il est hors
de question que vous preniez cette affaire en charge ! Je ne suis pas un enfant
!
Sur
ces mots, la porte s'ouvre violemment et Duo apparaît en soupirant.
Il me regarde quelques secondes sans rien dire puis éclate de rire.
- J'avais raison. Ils ont fini par être au courant.
Nouveau silence.
- On va faire un tour ? proposais-je.
*****
-
Je ne sais pas qui leur a dit ou comment ils l'ont deviné. Mais
les faits sont là, ils m'ont convoqué pour me parler de ma schizophrénie.
- Ils t'ont proposé de te mettre sous médicamentation ?
- Je suis déjà heureux qu'ils ne me l'aient pas tout simplement
imposé.
Souvent,
aux retours de missions, après avoir camouflé les Gundams, fait
les réparations les plus urgentes et expédié nos rapports,
Duo et moi allions faire un tour pour nous vider l'esprit.
Il n'était pas bon de se coucher le soir avec la tête pleine de
cris d'agonie, de bruits d'explosion et d'images de notre dernier forfait. Alors
nous allions prendre l'air pour penser à autre chose.
Après quoi, repas sommaire que nous préparions ensemble la plupart
du temps, douche rapide et au lit.
Toutefois, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, que nous ayons été
blessés durant la bataille ou pas, nous effectuions toujours notre rituelle
promenade. C'était un moment privilégié entre nous qui
me tenait particulièrement à cur. Une réconfortante
habitude.
Car je savais que le jour où nous ne pourrions plus nous promener ensemble
au retour d'une mission, cela signifierait que l'un d'entre nous
mieux valait ne pas y penser.
Après m'avoir résumé la conversation qu'il avait eue avec
les profs, Duo se tut, réfléchissant à ce que tout cela
pourrait entraîner.
Pour y avoir longuement réfléchi, je pensais avoir réussi
à comprendre comment les profs avaient fini par savoir.
Je me refusais à croire que l'un de nos coéquipiers avait vendu
la mèche. J'avais surpris un matin le speech que Quatre avait fait aux
autres pilotes à propos de Duo, confirmant qu'il avait bien eu des problèmes
psychologiques durant la nuit, qu'il était sans aucun doute schizophrène,
mais que j'avais pris la situation en main et qu'il n'était pas nécessaire
de s'inquiéter ou d'avertir les profs.
La faille venait probablement de l'arrêt des missions de Duo, le fait
que les professeurs le lui aient reproché confirmant mon hypothèse.
Quoi qu'il en soit, les profs avaient fini par savoir, et il fallait maintenant
gérer le problème en sachant que si Duo n'était pas à
la hauteur, les mentors interviendraient.
Si J s'en mêlait, je pouvais déjà affirmer avec certitude
que ce ne serait pas une partie de plaisir pour Duo.
-
Je crois que le fait que je refuse de me faire soigner ne leur a pas plu
déclare pensivement mon compagnon après un court silence.
- Ce n'est pas étonnant de la part de J. Il ne veut pas que cela risque
de nuire à la réussite de nos missions.
- Je lui ai pourtant assuré que je n'avais pas besoin de leur aide, mais
il n'a rien voulu entendre.
-
- Heero est-ce que toi aussi
Il s'est immobilisé au milieu du chemin et a commencé à se tordre les mains. J'interromps ma marche et pivote sur mes talons, sachant d'instinct qu'il allait émettre une hypothèse stupide, poussé par son inquiétude.
-
Duo déballe.
- Est-ce que toi aussi tu ne me crois pas capable de m'en sortir ?
j'aurais dû parier.
- Duo, si je ne te pensais pas capable de venir à bout de Shinigami, tu serais assommé dans ta chambre en train de digérer des pilules que je t'aurais fait avaler de force !
Je
savais qu'il n'en faudrait pas plus pour lui remonter le moral, aussi me remis-je
en route immédiatement après avoir terminé ma phrase. Il
reste immobile quelques secondes, sans doute en train d'analyser ce que je viens
de lui dire, et surtout les énormes sous entendus que cela contient,
puis il se reprend et me rattrape en quelques enjambées.
Il ne me le dit pas. Mais je sais lire dans ses yeux qu'il me remercie.
*****
Duo :
Heero
et moi marchons encore quelques minutes avant de revenir vers la base.
Je me sentais si mal lorsque je suis sorti de la salle de réunion qu'il
me semble presque miraculeux que je sois aussi détendu à présent.
Même si ma colère est retombée, je ne peux pas m'empêcher
de me sentir écoeuré après tout cela.
Si les profs m'ont choisi pour devenir pilote, c'était parce qu'ils avaient
confiance en moi, n'est-ce pas ? Alors pourquoi refusent ils de croire en moi
cette fois ? Pourquoi croient-ils que contrôler le côté sombre
de ma personnalité soit au-dessus de mes forces ?
Je comprends qu'ils veuillent s'en charger je comprends parfaitement
mais je tiens à me débrouiller sans l'intervention des médicaments
de J. Cette lutte me tient à c et même si j'ai un
peu de mal à me l'avouer, je sais que Heero est la seule personne dont
j'accepterai l'aide.
C'était déjà vrai avant, et ça l'est d'autant plus
maintenant que je sais qu'il est passé par là, lui aussi.
Que lui aussi a autrefois partagé son corps avec une entité créée
inconsciemment pour faire face à son mal-être.
La nuit commence à tomber lorsque nous regagnons le bâtiment, et je serre les poings en constatant que G nous attendait dans l'entrée.
-
Et bien les enfants, vous faites des promenades du soir ? ricane t-il.
- Qu'est-ce que vous voulez papy ? grognais-je, insensible à son humour.
Si c'est pour à nouveau tenter de me convaincre, sachez que je ne reviendrai
pas sur ma décision !
- Je sais que tu es une tête de mule gamin, je ne venais pas pour essayer
de te faire changer d'avis, j'y laisserai ma raison.
- Merci pour le compliment, rechignais-je à nouveau.
- J m'a simplement chargé de vous donner la clé de votre chambre
pour ce soir, déclare-t il finalement en remettant l'objet à Heero.
- Merci.
- Bonne nuit les enfants, et j'espère vous revoir demain avant que vous
ne nous faussiez compagnie !
Sur
ce, il se retire. Ma mauvaise humeur étant de retour en fanfare, je soupire
un grand coup avant de regarder la clé que Heero tient toujours.
Une vague angoisse m'étreint la gorge lorsque j'arrive à distinguer
le numéro de notre chambre.
- Oh non ! Heero dis-moi que ce n'est pas la cabine à laquelle je pense !
*****
Heero :
-
Elle n'a pas changé depuis la dernière fois, constatais-je en
allumant la lumière.
- Le vieux débris ! Je suis sûr qu'il l'a fait exprès !
- Peut-être pas je ne sais pas si tu as remarqué mais il
y a beaucoup d'hommes sur la base en ce moment. Le fait que cette chambre soit
la seule inoccupée ne me surprendrait pas.
- T'appelles ça une chambre ? Je suis sûr que dormir dans une poubelle
sera plus agréable ! La 613 ! Je suis venu ici trois fois et c'est la
troisième fois que je me paie la 613 ! Je dois être maudit !
Je
souris en l'écoutant continuer à grogner et dépose la clé
sur la commode après avoir refermé.
Je dois avouer ne pas non plus apprécier la chambre 613.
Les lits sont superposés.
Celui du bas sent le moisi.
Celui du haut craque.
La fenêtre est condamnée depuis des mois.
L'ampoule grésille.
Et je me demande pourquoi cette pièce n'est jamais réparée
et surtout ce qu'il s'y est passé pour qu'elle soit dans cet état.
Un peu épuisé par ma journée, je m'assois lourdement sur
le matelas du bas et jette un regard en coin à Duo.
-
Laisse-moi deviner, commence t-il en prenant sa tête entre ses mains
je prends " sommier qui craque " et toi " matelas moisi ",
c'est ça ?
- Gagné, Duo.
- Comme la dernière fois, conclut-il en grimpant sur le lit du haut.
*****
-
Heero ?
- Hn ?
- On peut parler un peu ?
- Du mal à dormir ?
- Hum
- J'imagine que c'est de " ça " que tu veux parler ? supposais-je
en m'allongeant plus confortablement dans le mauvais lit.
- Si ça ne te dérange pas.
- Que veux-tu savoir exactement ? C'est un sujet un peu trop vague pour que
je puisse t'en parler sans direction précise.
- Comment était-il ? demande Duo, et je le sens se relever pour s'asseoir
dans son lit qui craque.
- Possessif. Extrêmement possessif. Je n'ai jamais connu la sensation
d'être protégé, aimé, couvert par une personne, quelle
qu'elle soit je suppose que mon inconscient a cherché à
recréer cette sensation dont je ne connaissais que le nom ayant
toujours vécu dans l'unique but de rester en vie le plus longtemps possible,
je n'y avais jamais songé avant que ce soit J qui ne prenne mon entraînement
en main mais la découverte de la solitude a été un
choc pour moi.
- " Découverte " ? Mais avant ?
- Mon tuteur.
- Oh
- Je n'avais jamais été seul avant cela je te laisse le
soin d'imaginer le choc que peut ressentir un gosse de 8 ans, habitué
à toujours être en compagnie du même homme, le jour où
ce dernier n'est plus et où on se retrouve confronté à
la solitude.
*****
Duo :
Bien
sûr que je comprenais et mieux que qui que ce soit.
J'avais connu cette solitude, celle qui nous enveloppe lorsque ceux qui nous
sont chers, ou du moins que l'on a l'habitude de fréquenter, s'en vont.
Je connaissais cette sensation de froid, dans la tête, et qui s'étendait
peu à peu au corps tout entier, le paralysant dans un gel mortel.
-
ainsi, dès le début, la solitude a été ma
pire ennemie, avoue t-il après un instant de flottement.
- Et c'est à cause de ça que tu l'as créé.
- Oui je n'avais pas conscience de son existence au début
mais ma souffrance s'est retrouvée rapidement allégée
et un jour je l'ai sentie. J'ai senti que nous étions deux. Elle a commencé
à me protéger, à prendre ma place lorsque mon entraînement
était trop dur pour moi et que je menaçais de flancher elle
m'enveloppait de sa présence, rassurante, et elle était là
quand je n'avais personne d'autre. J'en ai eu peur au début, très
peur même, de cette voix qui résonnait parfois dans ma tête,
de ce sentiment de perdre les pédales, et que quelque chose d'autre prenait
ma place. Mais j'ai rapidement compris à quel point cette seconde personne
allait m'être utile. Après une courte période durant laquelle
j'ai tenté en vain de la repousser de toutes mes forces, j'ai fini par
l'adopter. Mais j'ai rapidement appris jusqu'à quel point elle savait
être possessive vis-à-vis de ma personne.
- Comment ça ?
- Personne ne devait me parler de façon agressive, être violent
à mon égard ou me regarder avec insistance. C'était le
meilleur moyen de déclencher une crise chez moi, et rien que le fait
d'entendre des ordres la faisait bouillonner de colère.
- Dis donc, elle était pire qu'une mère poule ! plaisantais-je.
- C'était sans doute une manière de remplacer l'affection parentale
que je n'ai jamais connue.
- j'avais lu quelque part qu'un manque de communication avec la famille
est souvent la cause d'un développement de la schizophrénie
si avec peu d'affection un gosse arrive à être schizo, alors sans
-
- Elle s'est pas opposée à J quand il a commencé à
te donner des médocs ?
- Si. Son comportement a d'ailleurs été des plus violents. Mais
petit à petit, elle a été vaincue par les médicaments.
Je n'aime pas trop y penser je me rappelle ces instants où je sentais
sa présence, si faible, je la sentais s'effriter, partir, disparaître
et m'abandonner et un jour est venu où je ne l'ai plus du tout
sentie. Elle était morte. J l'a tuée.
- Tu lui en veux ?
- Je sais que c'était pour mon bien. J'ai beau ne pas aimer en parler,
il y a bien sûr eu des périodes où je ne supportais pas
ma schizophrénie. Je me serais détruit à la longue si J
n'avait pas fini par l'annihiler.
- il doit être rare très rare, que des schizophrènes
s'entendent toujours bien avec leurs secondes personnalités.
- Tu ne peux pas cohabiter avec une autre personne sans un jour finir par avoir
des différends avec elle, c'est impossible. Même si tu apprécies
réellement cette personne, il y aura toujours un moment où vous
ne vous entendrez pas. Les êtres humains ne sont pas faits pour toujours
vivre en harmonie c'est la nature humaine.
Je
n'ai rien ajouté après cela que voulez vous répondre
à une phrase pareille ?
A une phrase qui soulève la question de la cohabitation des humains ?
Mais il a raison, tellement raison
Si je ne parviens même pas à m'entendre avec une partie de moi-même,
si les humains ne sont même pas capables de supporter leur propre personne,
comment espèrent-ils cohabiter en société ?
Le silence resta quelques minutes durant lesquelles je ruminais mes pensées,
les confidences qu'Heero venait de me faire me touchant plus profondément
que je ne l'aurais souhaité.
Ce ne fut qu'au bout d'un certain temps que je me rendis compte que Heero bougeait
plus que de coutume dans son lit, lui qui était d'habitude immobile toute
la nuit.
Je me penchais par-dessus la rambarde du lit superposé pour jeter un
coup d'il à mon camarade.
-
Ca va Hee-chan ?
- Hum
- T'es sûr ? T'arrêtes par de gigoter depuis tout à l'heure.
- Il fait froid.
- Ah, tu trouves toi aussi bien sûr les profs sont bien trop radins
pour avoir mis le chauffage si ça continue comme ça, je
vais passer la nuit dans Death' !
-
- T'as vraiment froid à ce point ?
- Hum. Je crois qu'il y a une fissure dans le mur.
- Bon, demain je passe mes nerfs sur J. On devrait fonder une assoc' pour la
défense des pilotes de Gundam schizophrènes et en mal de chambres
confortables remarque on n'aurait pas grand monde à défendre
à part nous, mais au moins on aurait une occaz' de se venger de ces vieux
débris et
- Duo, tu parles trop.
- Excuse-moi.
Nouveau
silence.
J'ai bien une idée derrière la tête pour qu'il s'arrête
de gigoter comme ça, mais c'est du suicide
Bien il est temps de voir jusqu'où je peux pousser le bouchon et
jouer les innocents
de toute façon, moi aussi j'ai froid.
-
Hee-chan ?
- Quoi encore ?
- T'as combien de couvertures ?
- Une.
- Et en plus tu m'en as refilé deux à moi alors que t'es en train
de te geler ? Bon, je ne te laisse pas le choix cette fois.
*****
Heero :
Qu'il
fasse ce qu'il veut mais qu'il me laisse dormir. Quand je dors au moins je ne
sens pas le froid.
Loin de me laisser tranquille, le voilà qui quitte son lit et étend
ses deux couvertures par-dessus la mienne, me surprenant au plus haut point.
Il m'étonne bien davantage lorsqu'il se glisse à mes côtés
et s'endort sans autre forme de procès.
Apparemment, la nuit que nous avons passé blottis l'un contre l'autre
a porté ses fruits.
Peut-être ai-je à nouveau le droit d'espérer ?
Notes
à 1h32 :
Shin : * baille * y a pas à dire : j'adore écrire cette fic !
Heero :
Duo :
Shin : Vous avez dix secondes pour faire vos réclamations avant que je
n'aille me coucher.
Heero et Duo : LE CASAGE !
Shin : Mais si je vous mettais ensemble tout de suite ce serait pas marrant
^_^. Voilà, z'ai répondu, maintenant vais dodo !
Heero : J'ai des réclamations au sujet de la chambre !
Duo : Et moi pour mon comportement !
Shin : * tombée en travers du lit * RRRRR. ZZZZ.. RRRR
ZZZZ
Duo : bah elle faisait pas semblant d'être fatiguée quand
je l'ai suppliée de faire le chap30 de 3DE2A
Heero : Hn merci aux hypothétiques lecteurs pour elle
Duo : C'est bientôt Noël alors si vous pouvez plaider en faveur
de notre couple auprès de la ronfleuse c'est pas de refus ^^. Partie
3 quand elle aura récupéré sa semaine de sommeil
et si elle accepte de nous caser enfin parce que sinon
Heero : Shin o korosu -_____-.
Shin : RRRRZZZZZ na la prochaineuh RRRZZZZ
A
suivre...
