Ne me dites rien, je sais, je suis impardonnable de ne pas avoir respecté mon délai de sortie de chapitres…il y a de nombreuses raisons, croyez-moi. Mais enfin, après tant d'attente, voici le chapitre 7. Bonne lecture^_^

Mon humain de compagnie

Chapitre 7

Ce n'était pas possible. Pas elle. Elle n'avait que quatorze ans, elle ne méritait pas ça.

Plusieurs fois Jade se pinça le bras, encore et encore, étouffant ses cris de douleur, dans un désir vain de croire que les trois murs d'aciers qui l'entouraient, que cette porte grillagée et électrifiée, que cet endroit exigu et froid qui était à peine assez grand pour un enfant n'étaient pas la réalité. Qu'elle rêvait, que tout ceci n'était qu'un horrible cauchemar, une mauvaise blague…

Elle sentit des larmes lui monter aux yeux et les chassa dans un geste rageur, en se forçant à respirer à grands coups. À gauche, juste là, il y avait une caméra, avec son gros œil de vitre qui la fixait tout le temps. Elle ne lui donnerait pas le plaisir de la voir pleurer.

Jade ramassa ses genoux sous son menton. Par chance, elle était assez petite pour pouvoir se mouvoir avec assez d'aisance dans cette cage minuscule. Le nez enfoui dans son pantalon déchiré, elle essaya de faire le vide dans son esprit. De penser à des choses heureuses, comme…comme Michael, tiens, son amour secret, avec son sourire à faire fondre les roches. À ses amis, à Daemon, à Phoenix, à Rai. À sa mère, à son ourson en peluche, à sa chambre, à vrai dire à n'importe quoi sauf les derniers jours.

Ne pas se rappeler de l'avoir vu entrer dans le magasin, l'œil plus acéré qu'un vautour, promenant un regard malsain sur elles.

Ne pas se rappeler avoir vu les autres filles trembler et s'aplatir aux fonds de leurs cages pour essayer de disparaître.

Ne pas se rappeler son pas s'arrêter devant son casier, ses yeux la fixer avec insistance tandis qu'une folie sourde l'envahissait.

Ne pas se rappeler qu'elle avait été achetée par Shinjo, qu'elle serait torturée pendant trois mois et qu'elle ne sortirait pas vivante d'ici.

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Shippo fixait le plafond, incapable de dormir. Encore et encore, il essayait de trouver un sens aux derniers évènements. Rassembler le peu qu'il savait d'Inuyasha et d'en faire un casse-tête cohérent.

Il se massa les temples et pour la énième fois et recommença. D'abord, Inuyasha quand il l'avait rencontré, quand il avait seize ans, ce qu'il avait appris en observant et en écoutant les rumeurs, ce qu'il avait constaté de ses propres yeux, ce qu'il avait compris en devenant son ami.

Inuyasha vivait dans une maison de rêves. Pas assez somptueuse pour faire de lui un riche, mais assez cossue pour le classer dans la haute société. Personne n'avait jamais vu ni su qui était son père, mais celui-ci lui envoyait à chaque moi un chèque important avec les conditions à remplir pour continuer à recevoir cet argent.

C'était toujours des conditions bizarres, dont celle, éternelle, de ne vivre qu'entouré d'humains, d'en avoir toujours au moins un près de lui. Inuyasha en avait toujours fait le minimum pour remplir cette condition, à sa connaissance il en gardait un ou deux seulement à la fois.

Quand à sa mère, il n'en avait aucun souvenir, du moins c'est ce qu'il affirmait.

Shippo se concentra sur les premières fois où il avait rencontré Inuyasha, quand celui-ci avait seize ans. À cette époque il était encore plus rustre qu'aujourd'hui et avait une misère énorme à accepter son nouvel humain de compagnie, Miroku. Pourtant Miroku était d'une affabilité et d'une complaisance tout à fait exemplaire et s'entendait parfaitement avec Kaede, l'autre humain d'Inuyasha. Après quelques mois Inuyasha s'était ajusté, mais pendant longtemps Shippo s'était demandé où était le problème.

Intrigué, il avait finalement demandé aux voisins qui avaient répondu dédaigneusement répondu quelque chose à propos d'une prêtresse et de l'amour qu'Inuyasha lui vouait. Il n'avait pas pu en savoir plus, la plupart des gens considérant l'histoire dénuée d'intérêt et étaient peu enclins à en discuter avec lui.   

Décidé à découvrir le fond de l'histoire, Shippo s'était rendu à la bibliothèque municipale et avait épluché chaque journal page par page. Sa patience avait porté fruit, puisqu'il avait pu reconstruire en grande partie ce qui était arrivé, et avait complété le tout quelques années plus tard un jour qu'Inuyasha s'était confié à lui.

Pendant longtemps, le seul esclave d'Inuyasha avait été Kaedé. À 10 ans, il avait reçu une note de son père anonyme lui intimant d'acheter un nouvel esclave, mâle ou femelle, préférablement jeune. À l'animalerie, Inuyasha avait eu le coup de foudre pour Kikyô, une belle prêtresse de quinze ans.

« Tu aurais dû la voir, Shippo. Elle était si belle et si sereine…à ses côtés je me sentais si bien!! On aurait dit un ange… » lui avait dit Inuyasha en lui tendant une photo de Kikyô. 

Évidemment, Inuyasha avait grandi, et son affection naturelle pour sa jolie humaine s'était lentement muée en amour d'adolescent. Si bien qu'à quinze ans, ce n'était plus un secret pour personne qu'Inuyasha était follement épris de son humaine de compagnie. Le tout avait fait scandale, et avait suscité des débats violents sur les effets de laisser vivre un humain de compagnie de sexe opposé avec un plus jeune youkai aussi longtemps.

« Mais je m'en foutais, Shippo, je m'en foutais!!! Je l'aimais tellement que j'aurais tout fait pour elle…tout. »

Le scandale avait été coupé court. Un beau soir, Kikyô s'était enfuie après avoir volé Inuyasha, et devant son refus de se rendre, la police avait été obligée de l'abattre à bout portant sans qu'Inuyasha puisse intervenir. Criblée de balles, Kikyô se serait éteinte sur ces derniers mots : « vive les humains libres! ».

« Je leur criais de baisser leurs armes, Shippo, ils ne m'écoutaient pas, j'avais deux youkais qui me retenaient de courir vers elle… Kikyô, une voleuse? Kikyô, une rebelle? J'en crois pas un mot. Kikyô était douce et pacifique…Kikyô était… »

La voix d'Inuyasha s'était brisée. Peu après il avait reçu une lettre lui disant d'acheter un autre humain, du même âge que lui, et obligatoirement mâle.

« Si tu savais, Shippô, combien j'avais voulu jeter cette lettre aux poubelles!...Mais j'avais besoin de l'argent, et donc j'ai acheté Miroku. Mais je le détestais quand même, le voir me rappelait sans cesse que s'il était là c'est parce que Kikyô était morte…et puis avec le temps ça s'est placé. Miroku est vraiment bien, je l'échangerais pour rien au monde. »

La conversation s'était terminée là. Shippo ferma les yeux, et se redemanda pour la centième fois pourquoi le destin cruel envoyait un sosie de sa bien-aimée défunte à Inuyasha. Il n'avait pas besoin de ça.

Shippo soupira. Était-ce vraiment le destin? Sans savoir pourquoi, Shippo avait la sombre impression que quelqu'un tenait les fils de l'avenir dans ses mains, et que très bientôt tout deviendrait chaos.

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Assis sur le rebord de son lit, Sesshoumaru contemplait Rin. Ses traits légers et confiants s'agitaient doucement dans le sommeil et il  ne pu s'empêcher d'être troublé. Des humains il en avait vu tous pleins; dans ses livres, dans ses cours à l'école, dans les rues, chez le gens qu'il devait aller visiter. Des beaux, des laids, des petits, des grands, des stupides et des intelligents. Il avait vu des maîtres cruels, attentionnés, désintéressés, exigeants, négligents. Des humains à moitié morts, d'autres respirant la vie; certains résignés à leur sort, d'autres pleinement satisfaits, mais jamais, jamais une humaine comme Rin.

Rin était fragile. Rin était pure. Jamais elle ne survivrait seule dans ce monde de fous. Ça il l'avait compris tout de suite. Elle avait besoin de quelqu'un pour la protéger de tout.

Et il trouvait ce rôle de protecteur beaucoup trop attrayant pour son propre goût.

Peut-être était-ce comme Shinjo avait dit? Un simple effet du fait qu'elle soit sa première humaine? Qu'il ne se soit jamais sali les mains à en tuer une? Après avoir quitté Shinjo, il avait longuement réfléchit à tout ça. Il s'était questionné.

Son visage impassible dans le miroir ne lui avait révélé qu'une seule chose : ce n'était pas que ça. Il y avait autre chose pour expliquer sa récente faiblesse. Quoi exactement, il ne savait pas; mais maintenant il avait deux choix : soit utiliser son énergie inutilement à essayer de contrer cette nouvelle pulsion protectrice, soit la laisser grandir.

Contrer ne servirait à rien, et ça il le savait. Il était déjà atteint, de toute façon. Mais la laisser grandir?...La pensée l'effrayait. Qui sait jusqu'où cela allait l'amener? Le pire serait bien qu'elle devienne indispensable à son bonheur et qu'il ne soit plus capable de s'en débarrasser à la fin. Quelle honte…

Cédant un peu plus, Sesshoumaru s'étendit aux côtés de Rin et toucha du bout des griffes sa peau de bébé, faisant bien attention pour ne pas la réveiller. Pendant de longues minutes, Sesshoumaru resta ainsi, à se demander quoi faire.

Puis, sans crier gare, Rin roula vers lui et se serra contre sa poitrine, et un léger soupir de bonheur lui échappa. Sesshoumaru resta interdit. Une partie de lui voulait la repousser, tandis que l'autre voulait la serrer contre lui à son tour.

Exténué, il s'endormit.

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Quand Rin ouvrit les yeux, elle se retrouva nez à nez avec Sesshoumaru qui dormait. Elle essaya de bouger mais le bras droit de Sesshoumaru la bloquait. Quand elle essaya une nouvelle fois, il grogna dans son sommeil et l'attira près de lui.

Rin sourit et c'est à ce moment que les yeux de Sesshoumaru s'ouvrirent. Il sembla confus un moment, souleva son bras et le regarda sans sembler y croire. Puis il soupira et la regarda avec un air indéchiffrable.

« Ohayo, Sesshoumaru-sama. Tu as bien dormi? » dit-elle en chuchotant, le sourire toujours fendu jusqu'aux oreilles.

Il fût secoué d'un petit « hmpff » partagé entre le rire et la résignation.

« Ohayo, Rin. Non, pas vraiment. »

« Moi, oui. »

« Vraiment? »

« Oui. Tu étais là. »

Les sourcils de Sesshoumaru s'arquèrent un moment, puis ses lèvres se courbèrent en un mini sourire. Il ouvrit la bouche pour parler, hésita, prit un souffle pour se donner du courage et dit finalement :

« Rin, on va jouer à un jeu. »

Rin hocha la tête, heureuse. Elle aimait jouer.

« Quand je ne serai pas seul avec toi j'agirai différemment. Je serai plus froid, j'aurai l'air de ne pas me soucier de toi, mais ce ne sera pas vrai, d'accord? »

Rin le regarda, perplexe. C'était un jeu bizarre. Mais le visage presque angoissé devant elle la convainquit.

« D'accord. Et quand nous serons seuls? »

« Je ne serai pas comme ça. »

Le sourire de Rin fût tellement sincère à ce moment que Sesshoumaru eût mal au cœur.

« Une chose cependant; tu ne dois le dire à personne. Vraiment personne, compris? »

Rin hocha la tête vigoureusement et Sesshoumaru sentit un énorme poids quitter ses épaules.

Après tout, si personne n'était au courant, ce n'était pas si grave…

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Fin du chapitre 7. L'attente en valait bien la peine, non? Je trouve qu'on avance beaucoup dans l'histoire…et en plus le chapitre est plus long!!! (rires) La fin reflète bien mon opinion du moment sur comment Sesshoumaru interagit avec Rin : et pourquoi il ne serait pas soft avec elle en privé?;) C'est une de mes idées, je trouve qu'elle fonctionne bien…Jade a aussi un gros rôle…Pauvre elle ce ne sera pas facile. Vous pouvez déjà voir quel contraste il y a entre la façon dont elle est traitée par rapport à Rin…  

Senritsu : Oui, c'est bien Kagome!! Sango s'amène plus loin, mais pour des question de construction d'histoires compliquées c'est mieux que ce soit Kagome seulement pour l'instant…;) Tant qu'à l'histoire de Kikyô…tada!!

Merci aussi à Sophitia, Nahi (merci d'être aussi patiente!!), Noir12 et ikuko195!! À toutes, rendez-vous au prochain chapitre!!