Hello!

Je ne pensais pas écrire encore pour GoT, mais à force de lire du Braime sur AO3 et avec le thème qu'il y avait durant la dernière Nuit du FoF, je n'avais pas d'autre choix! Le thème de cette 145ème Nuit du FoF était "Crochet"

C'est un modern AU, où Jaime sort d'une longue relation avec son amie d'enfance (pas d'inceste ici). Et évidemment, pour coller au canon, il doit perdre la main.

Bonne lecture!


Lorsque Jaime ouvrit les yeux, il vit du bleu. Pas n'importe quel bleu. Un bleu profond, bien plus beau que celui du ciel, bien plus éclatant que celui de la mer, bien plus précieux que celui des saphirs. Un bleu qui lui fit oublier le vert dans lequel il s'était plongé des années durant.

La douleur l'emporta de nouveau dans l'inconscience, avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit ou regarder autour de lui.

La deuxième fois qu'il se réveilla, sa tête était comme serrée dans un étau et son bras droit irradiait de souffrance. Il réprima un gémissement de douleur et tenta de bouger le bras. Quelque chose n'allait pas. La mémoire lui revint soudain en vagues, ses souvenirs se mélangeant dans son esprit.

Il était allé boire pour fêter sa libération de l'emprise de Cersei… en sortant il avait entendu des cris de colère… vu une grande femme blonde, maintenue par le bras par un homme… il s'était interposé… la femme avait les yeux bleus… et puis il y avait eu le couteau… et il avait tendu le bras pour la protéger…

Jaime écarquilla les yeux et leva le bras en dépit de la douleur qui le traversait. Oh. Alors c'était à ce point, constata-t-il en voyant l'absence de sa main droite au bout de son poignet.

Le monde lui envoyait-il un message ? Devait-il payer pour s'être séparé de la femme qui avait occupé la moitié de sa vie ? Qui avait fini par l'étouffer par son exigence ? Ou était-ce simplement un retour de bâton pour avoir sauvé une femme qui se faisait agresser ?

Bleu… La femme avait les yeux bleus. Il se rappela soudain ces deux iris braqués sur lui et cette voix qui lui ordonnait de tenir bon. Ces mêmes yeux soucieux dans l'ambulance… et dans cette même chambre d'hôpital.

Elle l'avait suivi ?

Jaime tenta soudain de se redresser. Il constata au moment où elles se mirent à sonner qu'il était relié à diverses machines et tuyaux, dont le bruit attira du monde.

Une infirmière entra en coup de vent.

— Monsieur Lannister ? Comment vous sentez-vous ?

— J'ai mal au bras et à la tête, répondit Jaime d'une voix pâteuse.

— C'est l'anesthésie, ne vous inquiétez pas, déclara la femme en vérifiant les machines et son bandage. Je vais appeler le docteur Tarth, elle vous dira ce qu'il en est pour votre main.

Jaime n'eut pas le temps d'hocher la tête qu'elle était déjà partie. Quelques minutes plus tard, quelqu'un d'autre entra dans la chambre d'hôpital.

— Je suis le docteur Tarth, c'est moi qui ai opéré votre main, monsieur Lannister.

Sa voix fut le premier élément qui indiqua à Jaime que son médecin était une femme. Sa haute taille, ses épaules larges et la blouse blanche qui masquait ses éventuelles formes n'aidaient pas. Son visage ne pouvait pas vraiment être qualifié de fin, mais ses lèvres épaisses, ses cheveux si blonds qu'ils semblaient presque blancs, et ses yeux bleus lui donnaient la féminité dont le reste de sa personne semblait manquer.

Des yeux bleus ?

— C'était vous, dans la ruelle, déclara-t-il.

Il avait beau avoir la tête comme un dragon et le bras qui le lançait, son esprit était clair.

La jeune femme écarquilla les yeux. Elle l'aida à se redresser et s'assit sur la chaise à côté de son lit.

— En effet, c'était moi, répondit-elle doucement. Merci pour ce que vous avez fait pour moi. Mais le prix à payer était lourd, ajouta-t-elle en désignant son bras.

Jaime contempla son moignon bandé, et il réalisa soudain. Sa vie serait bien plus compliquée désormais. Il allait devoir apprendre à faire les choses à une main, à compenser la perte de sa main droite, sa main directrice. Et il y aurait aussi le regard des autres. Le regard de son père, celui des autres membres du conseil d'administration de LannisCorp, des clients, des employés… Il grimaça. Ça n'allait clairement pas être facile.

Mais d'une certaine manière, il était soulagé. Cersei ne le verrait pas ainsi. Elle n'aurait pas l'occasion de le mépriser encore un peu plus. Comment il s'était laissé prendre dans les filets de celle qu'il considérait comme son amie d'enfance, il n'aurait pas su le dire. Son absence avait laissé un vide étrange, mais réconfortant, presque victorieux.

Le Dr. Tarth commença à examiner son poignet et déroula le bandage.

— Voulez-vous voir ?

Jaime haussa les épaules.

— Ce sera mon lot quotidien pour le reste de ma vie, alors autant m'y habituer dès que possible.

Son moignon était moins effrayant qu'il ne le pensait. La peau était rouge, tenue par les points de suture, et propre.

— Que proposez-vous pour la suite ? Une fois que mon bras sera soigné ?

— Eh bien, vous pourrez demander une prothèse, ou garder votre bras comme ça, selon ce que vous souhaitez et selon la rééducation.

Elle dut capter son regard surpris puisqu'elle sourit.

— Vous ne croyiez tout de même pas que nous allions vous lâcher sans aucun soutien à votre sortie d'hôpital ? Monsieur Lannister, vous n'avez pas fini de me voir, puisque je suis spécialiste en traumatologie des membres supérieurs, et c'est moi qui suis en charge de la rééducation de ceux qui ont été amputés.

Elle nettoya son moignon avant de le panser avec des bandes propres.

— J'attends de pouvoir travailler avec vous, dans ce cas, déclara Jaime.

Ses propres mots le surprirent, parce qu'il les pensait vraiment. Ce serait intéressant de voir ce qu'une femme telle qu'elle accomplissait dans son travail, de quelle manière elle encourageait ses patients et leur redonnait la force d'accomplir les mêmes tâches qu'avant.

— Moi de même, monsieur Lannister, répondit le médecin en se relevant.

Les mots sortirent avant qu'il ne réfléchisse.

— Appelez-moi Jaime.

Elle tendit la main – la gauche – et Jaime la serra. Le sourire qu'il avait sur les lèvres n'était pas le plus brillant qu'il avait porté, mais il était le plus sincère qu'il avait esquissé depuis des années.

— Brienne, répondit-elle.

Elle commença à partir, lorsqu'une idée soudaine frappa Jaime.

— Vous faites des crochets ?

Elle se retourna, sourcils levés.

— Pour votre main ? Comme Jaime acquiesçait, elle continua avec un sourire en coin. Ça pourrait se faire, mais il vous faudra tout autant de rééducation. D'habitude, ce sont les enfants qui demandent ça, pour faire comme les pirates !

Sur une dernière salutation, elle sortit de la pièce, laissant Jaime songeur.

La femme qu'il avait sauvée l'avait sauvée en retour. Elle n'était pas commune, et ses yeux l'avaient frappé. Ce serait sans doute intéressant d'apprendre à la connaître durant sa rééducation, songea-t-il, son bras gauche sous sa tête, l'autre posé sur son ventre, là où il était le plus en sécurité. Oui, Brienne Tarth semblait être quelqu'un de bien.