Hey !

Cet OS a été écrit dans le cadre d'un défi organisé sur le FoF, la Foire aux prompts, et j'en profite pour inaugurer un nouveau fandom. Parce que j'ai fini Sally Face hier, que je meurs à l'intérieur et que les perso me manquent. Je suis triste. Voilà.

(Du coup ce truc sera sans doute un recueil de tout ce qui me passe par la tête. Et Sally et Larry me passent souvent par la tête)

(Vu que c'est mon premier OS sur ce fandom, ma maîtrise de la chose est encore à revoir. Et j'espère ne pas m'être planté quelque part au niveau des noms des lieux et des personnages. J'espère que ça vous plaira quand même ?)

(TW en fin de page !)

.

Les contraintes pour cet OS étaient :

Une réplique : Toi et moi contre le monde entier
Une contrainte sur les persos : Un couple
Un objet : Un fouet (le truc qui claque ou le truc de cuisine, libre interprétation)
Un lieu : Une école

Normalement j'ai tout bien respecté !

Bonne lecture !


Résumé : Pour les besoins de leur enquête, Sally et Larry entrent par effraction au lycée.
Rating : K +
Genre : Romance / Friendship / Angst
Univers : Canon (Entre les épisodes 3 et 4)

Personnages : Sally, Larry


Contre le monde entier

.

Nockfeel High School

C'est écrit en grand, en blanc, sur un mur de briques qui ressemblent à ceux des prisons. C'est comme ça qu'ils considéraient l'école, à l'époque.

T'imagines qu'on passe, genre, des heures ici assis à bosser et faut qu'on continue chez nous ? Et on est même pas payés. Cette arnaque.

De qui lui viennent ces mots ? Sally ne sait plus. C'est loin dans sa mémoire, une époque vague où le lycée s'étalait à l'infini tel long fleuve crasseux. Il n'aimait pas y aller, mais il y passait ses journées et il se laissait porter. Il attendait la sonnerie pour rejoindre Larry et Ashley dans la cour ou sous un escaliers, où ils dessinaient à l'abri des regards.

Sally dessinait mal. Mais ça n'avait pas d'importance. Ça n'en a jamais eu. Ce qui comptait, c'était le temps passé avec eux, à grapiller la moindre minute avant le prochain cours. Les expériences étranges qu'il montait avec Todd et son cerveau incroyable. Les repas avec Chug, qui trouvait toujours un moyen de demander du rab à Kim. Neil et ses accolades bourrues. Maple aux sourires silencieux.
Deux ans qu'il a quitté cet endroit. Et voilà qu'il tombe sur cette pelouse sèche en se jetant du grillage.

— Gaffe mec, te pète pas un truc !

Larry cri et le suit de près, mais c'est lui qui jure en se tenant la cheville.

— Merde !

— Eh, tu t'es fais mal ? Sally s'inquiète.

— Nan, c'est rien.

Le grand dadais fait quelques pas. Il grimace, mais il arrive à marcher. Peut-être qu'il force. Sally n'insiste pas. Larry est libre de faire des conneries s'il le souhaite.

Ensemble, ils avancent la tête levée vers ces murs qu'ils ont détestés et tagués. Les arbres n'ont pas bougé. La fenêtre de la salle des profs est fissurée, et quelqu'un a gravé de nouvelles initiales sur le banc qui traîne devant l'entrée.

— Ça a pas vraiment changé, Larry lâche.

— Bah, ça fait que deux ans.

Il le sent qui hausse les épaules. Deux ans. Deux ans qu'ils ont quitté cet endroit pourri. L'école, pas la ville, il n'en sont pas encore là. Deux ans. Vingt-quatre mois. C'est ce qu'il faut pour ce que tas de briques craignos se transforme en amas nostalgique. Sally regarde la vieille porte grinçante qui donnait sur le couloir, et il peine à avaler sa salive.

Il détestait cet endroit, et il pensait le détester pour toujours. Mais ça lui fait quelque chose, là. De marcher sur cette herbe qu'il arrachait quand il avait besoin de se calmer.

— Bon, on commence par quoi ?

Larry ne perd pas le Nord.

— La cuisine. C'est là qu'ils stockaient la mortadelle.

— Tu crois qu'ils ont encore des restes de l'époque ?

— Arrête, ce serait dégueu.

Purée. Quelle putain, d'histoire, quand même. Parfois, Sally se demande s'il ne va pas se réveiller. S'il n'a pas rêvé tout ça après un premier jour sacrément glauque dans ce patelin paumé. Il revoit l'appartement de Mme Pakerton, cette machine du démon et ce pauvre type à moitié à poil dans son pieu. C'était…

Le froid glisse dans ses paumes, qu'il ramène contre lui.

Il n'avait pas le choix. Il fallait qu'il le débranche. C'est lui qui l'a demandé. C'est comme s'il était déjà crevé de toute façon, il était…

Merde.

Il ne veut plus jamais avoir à faire un truc comme ça.

— Mec ?

Sa main de Larry trouve son épaule.

— Ça va ?

— C'est rien.

— C'était vraiment la merde cette histoire de mortadelle, hein ?

— Grave.

Ses doigts sont toujours froids, même quand ils passent contre sa joue. Derrière sa nuque, sous les lanières de son masque.

— Va pour les cuisines, Larry déclare.

Et c'est parti pour une chasse aux preuves.

Entrer dans le bâtiment, c'est facile. La vitre est déjà abîmée, un bon coup de pied de biche l'achève. Ashley lui a appris à trafiquer des serrures avec un trombone. Il n'y a même pas d'alarme ici. Les gens détestent aller à l'école, qui voudrait y retourner la nuit ? C'est plus simple d'entrer ici qu'à l'église.

— Ils ont redonné nos casiers, Larry remarque.

Ils s'arrêtent dans le couloir pour vérifier. De nouveaux cadenas ont été installés. Certains élèves ont noté leur nom dessus, mais pas tous. Un instant, il est tenté de les trafiquer pour voir ce qu'i l'intérieur. Les affaires abandonnées en disent long sur ceux qui les y laissent. Mais ils n'ont pas le temps pour ça.

Sally regarde ce mur de fer gris. Il n'y a plus de place pour eux, ici.

— C'est flippant quand même. De voir cet endroit vide, je veux dire, Larry note alors qu'ils poussent la porte de la cantine.

— Tout est flippant, ici.

— Ouais, mais genre…

Ils passent derrière le comptoir où Kim a passé trois longues années à leur servir une nourriture douteuse. Une viande qu'ils n'ont jamais touchée, après l'incident de la mortadelle.

— Tout a l'air mort.

Il s'arrête. C'est vrai. Cet endroit est tellement vide. Bien sûr, c'est la nuit. C'est normal. Mais ce calme paisible, ces murs ternis d'ombre…

Sally a appris à se méfier du calme. Celui qui attend, tapis entre deux coups de tonnerre.

— Tu trouves quelque chose ? il lâche.

— Pas de mortadelle dans le frigo, Larry répond.

Sa tête disparaît dans le congélateur et ressort avec une grimace.

— Fait chier. T'imagines, n'importe où ailleurs on aurait juste eu à appeler les flics.

— On est pas n'importe où. Mais ouais.

Ils font le tour de la pièce. Mais la secte a dû faire disparaître toutes les preuves, à l'époque. Comme ils ont nettoyé l'appartement de Mme Pakerton, ils ont fait un petit tour dans l'école et hop. Oublié, la charcuterie maison.

Merde. Cette histoire lui donne envie de rire, et de vomir en même temps. C'est ridicule. Même des années après, il…

Il n'y a pas de mot à mettre là-dessus. Toute cette merde qu'ils ont déterrée. Ils n'auraient pas dû avoir à faire ça.

— Et de ton côté ? Tu trouves un truc ? Larry lance.

— Que dalle.

— Ils ont grave bien nettoyé. Je pense que c'est mort, mec.

Ça l'emmerde, mais oui. L'école est une impasse. Dommage pour eux.

— Tu crois qu'il avait des gens au courant, pour la bouffe ? C'est chelou qu'ils aient accepté ce qu'une prof leur donnait sans se poser de question.

— Va savoir, Sally lâche. Ils avaient des membres partout.

— Imagine, si le directeur était dans le coup.

Larry parle comme on jette une blague. Mais ils se regardent, et ils savent que ça n'en est pas une. Tout est possible.

Ils ne peuvent accorder leur confiance qu'à une petite poignée de gens, ici. Même Neil, ils ont préféré ne rien lui dire. Une manière de se protéger, et de le protéger. Même si Sally sait que c'est dur pour Todd. Porter cette histoire et ne rien pouvoir en dire, savoir que son mec pourrait finir entre les pattes de cette saloperie. Devoir se contenter de l'étreindre en ravalant sa trouille.

Lui au moins, il peut tout dire à Larry. Ils sont ensemble, mains dans la main, dans la merde jusqu'au cou.

— Eh, regarde ce truc !

Larry, justement, agite un drôle de petit bidule en métal.

— C'est bizarre. C'est quoi à ton avis ?

Le bout de l'objet s'enroule comme un tire-bouchon sans la pointe. Quand le grand curieux le secoue, ça fait du bruit. Sally lui trouve des airs d'outil de torture, quoi qu'il ne saura pas s'en servir sur un humain. Mais il sait qu'il a déjà vu ça quelque part.

— C'est un fouet, il déclare.

— Un fouet ?

— Pour la cuisine, il précise.

— Je sais ce que c'est un fouet, je suis pas si con, merci.

Pas con peut-être, mais il rit, et c'est un son qui lui fait du bien.

— Mais ça ressemble pas à ça normalement, Larry reprend. Y a genre plein de barres et un tout petit manche.

Il l'agite dans les airs, avant de le reposer. C'est Niel qui utilise ce genre de truc. Il en a un dans la cuisine, et il le sort pour monter les blancs en neige quand il prépare une meringue. Niel gère en cuisine.

Si Larry venait squatter chez eux, il en profiterait aussi.

— Bon. Je crois qu'on peut dire que c'est un échec, la tige soupire.

Sally déglutit. Il n'a pas envie de partir.

— Ouais.

Peut-être que Todd ne peut rien partager avec Niel mais lui au moins, il l'a à ses côtés. Il peut dormir contre lui la nuit. Quand il ferme les yeux, il sait que son gars est en sécurité.

Cette nuit, Larry va juste retourner dans cet appart de merde.

— Et, Sal' ?

— Ouais ?

— T'es bizarre. Ça va ?

Non.

Merde.

— Ouais, t'inquiète.

Cette nuit Larry retournera chez l'ennemi. Et Sally ne pourra pas s'empêcher de penser que, peut-être…

Putain, il ne s'est rien passé en deux ans. Mais ça pourrait arriver n'importe quand. Et s'il devait se produire un énième drame, il ne sera pas là pour l'aider. Il se pourrait que Larry rentre et ne revienne jamais, qu'il apprenne demain dans le journal que l'immeuble s'est effondré, qu'un incendie a eu lieu, qu'un monstre difforme a tué tout le monde. Qui sait s'il ne se retrouvera pas dans le prochain menu de la cantine ?

Sally a envie de vomir, là. Pour de vrai.

— Y a toujours une chambre de libre à la maison, si jamais… il tente.

— J'sais. C'est pas la première fois que tu le dis.

— Ce serait plus simple d'avancer si on était tous au même endroit.

Il se pose contre le plan de travail. Ce n'est pas une question de recherches, ils le savent tous les deux. Mais Sally ne peut pas le dire autrement.

— Faudrait que je bouge toutes mes affaires. Ça prendrait du temps. Puis j'ai toujours pas retrouvé de taf, je peux pas gérer un loyer.

— C'est pas un problème.

Il l'entend soupirer.

— Ça fait tellement longtemps que je vis là-bas. Je sais que c'est pas terrible comme endroit, mais c'est chez moi. C'est… c'est pas facile, de dire au revoir à cette cave, tu sais ?

— Ouais.

Et c'est dur de se coucher le soir en se demandant s'il ne va pas lui arriver une merde. Si demain matin, il n'ouvrira pas les yeux sur le regard infiniment désolé de Todd, si son père de va pas l'appeler pour lui annoncer des horreurs, si…

Si cet infini de possibilités qu'il a imaginée ne va pas se réaliser.

— Puis faudrait, genre… prévenir Todd.

Aussi.

Comme souvent quand ils ne savent plus parler, Sally vient poser sa tête sur son épaule. Cette épaule toute maigre et pleine d'os qui sent la sueur et le déo. Et un peu la bière, mais ça, ça vient surtout de son tee-shirt.

— Il comprendra.

Evidemment. Todd et Niel seront les derniers à les jeter. Mais Sally comprend ce qu'il y a de rassurant à garder pour eux ce qui leur appartient. Cet embryon d'histoire comme un oisillon au creux de leurs mains.

Mais il a peur, tellement, et si souvent.

— Réfléchis-y. S'il te plait, il insiste.

— Promis.

Il sent Larry l'embrasser sur le sommet du crâne. Ils jettent un dernier regard sur cette cuisine sale pleine d'histoires qu'ils auraient aimé ne jamais découvrir. Et ils la quittent. Définitivement, cette fois.

Ils font un tour du bâtiment, fouillent ce qui peut être fouillé. Mais comme ils s'en doutaient, le ménage a été fait. Résignés, ils abandonnent l'endroit et passent par la fenêtre brisée de la salle des profs avant de retourner sur cette herbe verte qui a accompagné nombre de leurs pauses repas.

Sally peut presque retrouver le goût des sandwichs maisons qu'ils préparaient parfois, pour éviter la cantine. Le bruit du graphite qui grattait sur une feuille. Les silences et le vent frais.

— Eh, attends !

Alors qu'ils vont pour escalader le grillage, Larry se tourne brusquement. Il sort un couteau suisse de sa poche, s'éloigne et va poser ses longues jambes sur le banc.

— Qu'est-ce tu fous ?

— J'en ai pour deux minutes.

Il comprend en le voyant appuyer la lame contre la peinture écaillée. D'abord, il va pour l'arrêter. Mais qui se doutera de l'origine de ce nouveau gribouilli ? Il y a des générations de lettres gravées sur ce banc. Personne n'en a rien à faire.

Il s'approche, simplement curieux. S'autorise un sourire que personne ne peut voir.

— T'es sérieux ?

— Ouais.

Sous les doigts de Larry, doigts longs, froids et maigres, une nuée de mots s'ajoutent aux histoires précédentes.

S+L

Toi et moi contre le monde entier

C'est trois fois rien, un détail. Une trace d'eux dans une cour qui ne les reverra plus. Mais de savoir qu'elle existe, il se sent rassuré.

Ça, c'est une preuve que la secte ne pourra jamais effacer. Un morceau d'eux qui restera peu importe le chemin vers lequel leurs recherches aboutiront.

Sally pose sa main sur l'épaule de Larry. Il sait d'avance qu'il lèvera la sienne pour la prendre, la fraîcheur aiguisée du couteau posée entre eux. Il ne rentrera pas serein ce soir, et ce ne sera pas la dernière fois. Mais il veut croire qu'ils finiront cette aventure comme ils l'ont commencée.

Ensemble.


[TW : Mention de mort et de cannibalisme]

Voilà voilà. J'ai relu un peu à l'arrache comme je dois poster aujourd'hui dernier délais, j'espère que c'était quand même chouette ? Je me suis éclaté à l'écriture.

J'adore Larry et Sally - et leur relation, peu importe la manière dont elle est tournée. Je suis parti sur un couple par rapport au contrainte du défi, mais tout me va tant qu'ils sont tous les deux.

(Par rapport au défi, j'ai préféré écrire la réplique plutôt que de la faire dire, mais techniquement c'est quand même un message qui passe d'un personnage à un autre ?)

Bref !

Je profiterai sans doute des défis du Fof pour écrire d'autres trucs sur ce fandom !