Chapitre 3
Quand Draco se réveilla quelques heures plus tard, ce fut par la voix nasillarde d'un elfe de maison au nez difforme et aux yeux globuleux qui fit sursauter le jeune homme à sa simple vue. L'elfe se replia sur lui- même, répétant sans cesse des excuses et se prosternant devant le fils de son maître. Le premier réflexe du jeune Malfoy fut de lui assener une claque pour avoir osé le réveiller si tôt, lui qui s'était endormi si tard mais quelques-uns des mots du serviteur firent leur chemin jusqu'au cerveau encore embrumé du jeune homme ; Ministère, examen, brevet. Par Merlin, son examen de transplanation au Ministère. Il jeta un ?il au sablier près de son lit, il ne lui restait que trente minutes pour prendre une douche, se préparer et filer au Ministère.
Alors qu'il sortait à toute vitesse de dessous ses draps, il cria à l'elfe de préparer la cheminée pour son départ pour le Ministère et se dirigea en trombe vers sa salle de bain privée. Une douche plus que rapide, un brossage de dents de base, une coiffure par tout à fait à point et quinze minutes plus tard, Draco était prêt. Un Malfoy n'arrivait jamais en retard où que ce soit.
Lorsqu'il arriva devant le bureau des gardes pour s'annoncer, il dut faire la file, attendre que les touristes sorciers japonais aient remis leur baguette et décliné leur identité. Draco s'impatienta et jura suffisamment fortement pour être repéré par l'un des gardes en fraction. Celui-ci s'avança vers lui l'air menaçant mais rien ne pouvait perturber un Malfoy, du moins pas de l'extérieur, il garda un air digne et fier en déclarant qu'il n'avait pas le temps d'attendre que tout le japon ait décliné son arbre généalogique, qu'il était attendu. Le garde céda finalement, s'occupant lui-même de l'autorisation du jeune Malfoy qui fut escorté par un autre garde jusqu'au bureau de son examinateur. Les mesures de sécurité avaient été renforcées depuis l'incident mangemorts versus Ministère quelques années plus tôt.
L'homme chargé d'évaluer Draco sur ses capacités à transplaner s'appelait Alban Thym, c'était un vieux sorcier qui semblait être assis dans ce fauteuil, qui était le sien, depuis plus d'un siècle, comme si la pièce avait été bâtie autour de lui. Le jeune homme ne se faisait pas de souci pour cet examen, il savait transplaner depuis longtemps déjà et Rogue lui avait fait réviser quelques jours plus tôt les différentes questions d'ordre technique qui pourraient lui être posées. Le professeur de potion avait misé juste, les mêmes questions et pratiquement dans le même ordre lui furent posées, il y répondit de façon calme et décontracté, comme toujours lorsqu'il répondait à des questions oralement. On lui avait appris un jour que tout était dans le ton, que l'on pouvait dire ce que l'on voulait en autant que tout soit dit correctement. Il avait bien retenu sa leçon. Vint ensuite le côté pratique, on lui demanda de sortir à l'extérieur, dans le parc aménagé à cet effet par le Ministère, car tout comme à Poudlard, on ne pouvait transplaner dans l'enceinte du Ministère. Là l'attendait son examinateur pratique, une sorcière du nom de Pontbas. Elle lui indiqua ce qu'elle attendait de lui et une fois qu'elle fut sûre qu'il avait bien compris, lui demanda de s'effectuer. Draco réussi du premier coup, recevant les félicitations de la sorcière qui le dirigea par la suite au bureau du chargé des permis magiques.
Alors qu'il s'y dirigeait, le jeune homme ne put s'empêcher de penser à toute cette perte de temps qu'il y avait au sein du Ministère et à tout ce cirque totalement inutile. Une seule personne aurait été amplement apte à tout faire, de son évaluation orale, à la pratique puis à l'émission de son permis. Au lieu de cela, on le faisait marcher le Ministère au grand complet et rencontre quatre personnes différentes si l'on comptait le garde à l'entrée. C'est à cela que servait l'argent de leurs TESS (Taxes d'Entretien des Services de Sorcellerie). Pathétique mais surtout, pas mieux que les moldus.
Le jeune Malfoy ressortit du Ministère seulement vers midi, on l'avait fait attendre et encore attendre prétextant une erreur dans la paperasserie administrative. C'est finalement avec son permis en main et une faim de loup qu'il quitta le Ministère pour retourner chez lui. Cette fois, fort de ses nouveaux privilèges, il transplana jusque devant la grille du manoir où le garde le laissa entrer en le félicitant comme s'il s'agissait du plus grand exploit du monde sorcier. Après avoir fuit sa mère et engloutit un repas digne de sustenter un ogre, Draco repartit de chez lui en chargeant un domestique de prévenir sa mère qu'il se rendait à la Bibliothèque Nationale de Sorcellerie.
Cet endroit se trouvait en plein c?ur d'Édimbourg, aussi dut-il de nouveau transplaner pour se retrouver dans une petite ruelle très pratique pour les arrivées et les départs discrets. Draco fréquentait souvent cet endroit pendant ses vacances estivales ; valait mieux passer tout son temps dans un édifice rempli de livres plutôt que de subir ses parents à longueur de journée. De plus, il aimait la tranquillité qui y régnait, là il pouvait lire tout ce qui lui plaisait sans avoir à entendre les jérémiades de son paternel sur ses choix de divertissements. Ce jour là, il surpris le commis principal en lui demandant de lui indiquer l'endroit où se trouvait les documents moldus. Bien sûr il avait une idée en tête, cela avait germé dans son esprit la veille, puis après tout, pourquoi pas ? Cela ne devait pas être si difficile.
Il chercha longuement le manuel qui lui était nécessaire, le trouvant finalement avec l'aide d'un commis affecté à cette section. Il avait du plier sur son orgueil et se résigner à demander de l'aide, chose qu'il faisait rarement préférant toujours s'en remettre qu'à lui-même, ainsi il pouvait en tout temps contrôler tous les aspects de chaque situation. Il s'assit à sa table de travail préférée, un peu à l'écart des autres, tout près d'une immense fenêtre qui laissait les rayons du soleil venir danser sur les pages des livres qu'il lisait. Il sortit de son nouveau sac, des parchemins vierges, une plume haut de gamme et un récipient d'encre des secrets. Cette sorte d'encre avait la particularité de devenir invisible pour quiconque qui n'aurait pas été autorisé à lire ce qui était inscrit par celui qui avait écrit avec. On pouvait passer outre l'autorisation seulement si on connaissait la formule exacte qu'avait employé le sorcier à l'origine. C'était une encre plutôt rare et qui coûtait cher mais dont les membres de la famille Malfoy se servaient régulièrement.
Draco travailla une bonne partie de l'après-midi, cherchant, découvrant, résumant, mémorisant tout ce qu'il avait besoin pour l'exécution de son plan. Lorsqu'un commis vint l'avertir de la fermeture prochaine de la bibliothèque, il soupira mais consentit tout de même à quitter les lieux, il avait ce dont il avait besoin pour l'instant. Il remballa ses choses et laissa le soin au commis de ranger les manuels qu'il avait consultés, c'était son travail après tout non ? Puis il transplana de nouveau jusqu'à chez lui. Chez lui, il fallait le dire vite, il ne se sentait pas véritablement comme chez lui dans ce grand manoir lugubre et froid. Il sourit en repensant à ce que lui avait dit un jour un cousin éloigné en visite chez lui :
« - Si un jour votre famille vint qu'à manquer d'argent, vous pourriez aisément faire payer les moldus pour visiter votre maison hantée. »
Certes, le manoir Malfoy n'abritait pas a proprement parlé de fantôme mais il était vrai que son histoire mais surtout son apparence lugubre, sombre et fantomatique lui prodiguait un aspect terrifiant et effrayant. Mais bon, c'était là qu'il était né, là qu'il avait grandi, fait ses premiers pas, dit ses premiers mots (qui furent « à moi ») et pleuré pour la première fois. Il avait pleuré souvent mais depuis quelques années, son père était parvenu à faire « un homme » de lui. Plus jamais les larmes ne brûlaient les yeux du jeune homme, du moins jamais en présence de qui que ce soit. Parfois la nuit, il pleurait en silence, laissant couler les larmes sur ses joues comme si elles pouvaient apporter avec elles tout le mal qu'il ressentait en lui.
Dès qu'il fut à l'intérieur, un elfe, prénommé Larky ou Louky, peu importe, se précipita sur lui, voulait le débarrasser de son sac ou se mettre à son entière disposition :
« - Laisse, je m'en occupe, dit 'un ton détaché le jeune Malfoy. Au fait quel est ton nom au juste ?
M.Moi. Monsieur. Mon nom à m.oi ?, couina l'elfe surpris d'une telle demande.
Non, le voisin, oui toi, s'emporta Draco. Vois-tu d'autre elfe à part toi ici ?
Luigy, monsieur, Luigy se nomme Luigy. »
Draco pouffa d'un éclat méprisant puis monta d'un pas rapide vers ses appartements. Lorsqu'il poussa la porte, se fut pour tomber nez à nez avec sa mère et le professeur Rogue. À première vue, Narcissia Malfoy cherchait quelque chose, elle ouvrait et refermait tous les malencontreux tiroirs qui avaient la mauvaise idée d'être sur son chemin. Draco jeta un ?il rapide en direction de son professeur qui le rassura d'un rictus puis qui revêtit son air renfrogné habituel.
« - Puis-je vous aider mère ? Se risqua Draco en déposant son sac sur son bureau de travail en acajou.
Ah Draco, enfin te voilà, je voulais montrer à Severus le merveilleux athamé que ton père avait déniché pour toi avant d'être envoyé où il est.
Je l'ai rangé ici mère. »
Ce disant, il ouvrit un des tiroirs qu'elle avait déjà ouverts mais où elle n'avait pas pris la peine de bien regarder, puis sortit l'objet en question. Severus Rogue s'approcha comme s'il était intéressé par la chose que tenait à lui montrer la femme de Lucius. Draco qui le tenait toujours dans ses mains observa le visage de son professeur lorsqu'il étudiait l'athamé. Rogue avait levé les sourcils et semblait fasciné par quelque chose que le jeune homme ne saisissait pas. Il comprit cependant peu après lorsqu'il entendit le maître des potions déclarer :
« - Il s'agit sans aucun doute d'un original. Lucius a déniché une perle rare. C'est dommage qu'il en reste si peu, tu as bien de la chance jeune homme de posséder un athamé fabriqué par un artisan d'un aussi grand talent. Prends en bien soin, c'est un objet unique et qui possède de grands pouvoirs magiques pour celui qui sait s'en servir. »
Rogue avait appuyé ses dires d'un regard entendu, le jeune homme avait hoché la tête en assentiment et avait remercié sa mère pour le magnifique présent qu'ils leur avaient fait et assura qu'il tâcherait d'en être digne. Il promit également d'écrire sur-le-champ à son paternel pour le remercier personnellement du cadeau. En lui-même Draco se demanda bien pourquoi il perdait son temps ainsi puisque de toute façon, son père n'était pas autorisé à recevoir du courrier d'aucune sorte. Narcissia quitta les appartements de son fils, le laissant seul avec son mentor, lorsque la porte fut refermée derrière elle, Draco lança un sort d'insonorisation et verrouilla l'entrée, il devait parler à son responsable de maison sans que sa mère entende.
« - Pouvez-vous m'expliquer ? »
Rogue sembla méditer sur la demande du jeune homme, sa décision prise, il s'assit dans le fauteuil du jeune homme, le contraignant à s'asseoir à son bureau. Les explications allaient sans doute prendre un certain temps si l'homme prenait la peine de s'installer confortablement. Draco était tout ouie :
« - L'athamé que t'a offert tes parents est l'un des derniers exemplaires encore en état, fabriqué par un grand artisan magique.
Comme Orlane ? Demanda le jeune homme.
L'arme date de bien avant la naissance de la jeune femme. Probablement un ancêtre éloigné, très éloigné en fait.
Pourquoi ? »
Les questions de Draco étaient courtes et incisives, il s'attendait à rien de moins qu'à des réponses complète et rapides.
« - Je ne suis pas autorisé à te dire ces renseignements.
C'est stupide, vous savez que je peux faire une recherche et le trouver par moi-même. Tous les arbres généalogiques sont disponibles pour consultation à la Bibliothèque Nationale de Sorcellerie. Vous savez que je vais finir par trouver, épargnez-moi du temps et dites moi ce que je veux savoir. »
Rogue le regardait un sourcil relevé, comme s'il doutait que le jeune homme puisse en effet trouver si facilement les réponses à ses questions. Un part de lui-même lui disait que probablement, avec beaucoup de travail et de l'acharnement, il y parviendrait. Cependant, Dumbledore avait été très clair, personne ne devait être mis au courant avant que la jeune femme ne l'apprenne elle-même. Si Draco persévérait à vouloir savoir et qu'il effectuait comme il venait de le dire des recherches, cela risquait de prendre beaucoup de temps, assez de temps pour leur laisser une marge de man?uvre avec la jeune femme. Le jeune Malfoy comprit à l'air qu'affichait son mentor qu'il aurait beau supplier, il n'en saurait pas plus. Peu importe, un Malfoy ne s'abaissait jamais à supplier qui que ce soit. Il finirait bien par savoir ce qu'il désirait apprendre, il n'était pas du style à abandonner au premier obstacle. Comme il savait qu'il ne tirait plus rien de son professeur, il décida de changer de sujet :
« - Comment va Orlane, son acclimatation à notre pays se passe bien ? »
Il savait que Rogue n'était pas dupe, malgré le ton détaché qu'avait employé Malfoy, l'aîné des deux savait que le jeune homme se faisait du réel souci pour la jeune femme. Elle s'était portée volontaire pour tenter de vaincre un mage noir au sommet de sa puissance qui lui était totalement inconnu, c'était un combat qui n'était à priori pas le sien. De plus, il se doutait fortement, qu'elle n'en savait pas plus que lui, elle avait tout de même accepté. Draco ne pouvait que louer son courage en espérant ne pas déplorer son insouciance au bout du compte.
« - Je t'ai déjà dit Draco de ne pas t'attacher à cette fille. Elle n'est pas une fille pour toi.
Premièrement, je ne suis pas « attaché » comme vous dites à cette fille (Un Malfoy ne se laisse jamais attacher par qui que ce soit). C'est simplement du savoir-vivre. Et puis c'est quoi cette histoire de destin lié à celui d'un autre. »
Draco se souvenait très bien que Rogue lui avait fait remarquer que son destin n'était pas lié à celui de la jeune femme et cela l'avait tracassé une bonne partie de la nuit précédente. Comment un destin peut être lié à un autre, pour lui, tout était question de choix, on choisissait où on voulait que notre vie aille et comment elle s'y rendait. La notion du destin lui était totalement inconnue, il ne pouvait concevoir qu'il y ait des « forces »qui ne pouvaient être influencée, on lui avait pourtant appris que tout pouvait être acheté ou influé. La réponse de Rogue le laissa perplexe, son mentor lui avait débité des explications sans queue ni tête, du moins pour un esprit fermé comme celui du jeune Malfoy.
Le responsable des Serpentard ne s'attarda pas trop sur le sujet, il était venu au manoir Malfoy pour une raison précise.
« - Dumbledore veut que tu assistes à une réunion spéciale qui aura lieu dans quelques jours.
Quand ? demanda le jeune homme qui refusait de laisser paraître qu'il était excité par l'idée d'un peu d'action.
Je te le ferai savoir », répondit Rogue.
Puis l'homme se leva et allait prendre congé, juste avant de franchir la porte, il rappela à Draco qu'il était mieux de ne pas exhiber l'athamé fabriqué par Orlane, qu'il devait le garder caché et bien caché. Si quelqu'un venait qu'à apprendre l'existence de cette jeune femme, c'était bien plus que la sécurité de la demoiselle qui serait en danger. Le jeune Malfoy, rassura son maître de potion, il posa une main un peu en dessous de sa hanche droite à l'endroit où il avait dissimulé l'arme, préférant l'avoir sur lui. Avoir vu sa mère fouiller frénétiquement dans ses choses n'avait que confirmé ce qu'il soupçonnait depuis longtemps. Rassuré, Rogue ouvrit la porte :
« - J'allais oublier encore une fois. Joyeux anniversaire Draco. »
Il lui lança un paquet qu'il venait de sortir de l'une de ses poches. Rogue sortit, laissant le jeune homme seul dans son boudoir. Draco tourna et retourna le présent offert par son professeur, ne se décidant pas à l'ouvrir. Certes il était curieux de voir ce que pouvait lui offrir cet homme qui lui faisait tant penser à son père parfois mais qui en d'autres occasions était totalement différent. Il s'assit dans son fauteuil et ouvrit finalement le petit paquet de la grosseur d'un jeu de carte. À l'intérieur se trouvait une petite bourse de cuir usé retenu par deux lanières également de cuir. En l'ouvrant, il sut de suite ce qu'était le présent offert par son professeur de potion, il avait vu cette matière en cours déjà, il s'agissait d'un sachet talismanique. Le jeune homme leva un sourcil en détaillant le cadeau, il savait ce qu'était sensé offrir ce sachet qui était composé d'un mélange d'herbes ( à base de menthe et de sauge), d'une pierre magique (améthyste) et d'un pentacle (sceau de Salomon) mais avait toujours cru qu'il ne s'agissait que de vieilles croyances d'encore plus vieilles sorcières radoteuses. Voir que son mentor croyait en ces sornettes le déboussolait un peu. Il se leva et alla à sa bibliothèque personnelle, y prit le livre du cours suivi et tenta de découvrir l'usage magique que devait posséder ce sachet. Il trouva rapidement sa réponse, il s'agissait d'un talisman de protection, il devait le garder sur lui en tout temps pour qu'il soit efficace.
Draco observa longuement le pentacle, le sceau de Salomon, il s'agissait d'une pierre taillée en forme de cercle où l'on pouvait voir divers cercles gravés sur le pourtour avec au centre l'inscription mystique « Alpha & Omega » symbolisant que tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Le jeune homme chercha quelques instants la signification de ce pentacle, il trouva finalement que ce sceau était utilisé par Salomon pour se préserver des esprits Malins et Négatifs. S'en suivit une longue réflexion sur les raisons qui avaient pu pousser Rogue à lui offrir un tel présent pour ses dix-sept ans. Jamais encore Rogue ne s'était montré aussi soucieux de lui. Il l'avait certes toujours un peu plus privilégié que les autres étudiants mais de là à lui offrir un cadeau d'anniversaire tel que celui qui venait de lui être offert . Peut-être après tout, que Rogue ne prenait que son rôle de tuteur au sérieux, il voulait que Lucius Malfoy sache qu'il prenait bien soin de son fils unique. Peut-être était-ce un leurre pour le Lord Noir. Peut-être. Tant de peut-être mais jamais toutes les réponses qui vont avec, il en était las à la fin.
Ce soir là, Draco Malfoy mangea dans ses appartements, fuyant la présence de sa mère, recherchant le calme et la solitude, si propices aux introspections et à la réflexion. Assis dans son fauteuil, il regarda fuir le soleil qui avait éclairé cette première journée de juillet, demain était un autre jour disait-on, que lui apporterait-il à lui ? Vers vingt et un heures, on frappa quelques petits coups brefs à la porte donnant dans son boudoir, d'une voix agacée et sèche, il demanda :
« - Qui est-ce ?! »
Pour toutes réponses, il vit entrer deux molosses aux airs patibulaires qui affichaient pourtant ce qui devait être leur plus beau sourire. Draco les observa en silence quelques secondes avant que l'un d'eux ne se décide à ouvrir la bouche, comme si leur cerveau devait trouver un moyen de parvenir à tout connecter à chaque parole qu'ils prononçaient.
« - Euh, bonne fête vieux. Quand on a su que t'étais de retour de vacance on s'est dit que l'on devait te faire une petite fête pour ta maturité sorcière.
La maturité ne s'acquière pas avec l'âge Goyle. »
Les paroles de Draco restèrent incomprises par les deux nouveaux arrivants qui le dévisageaient l'air défait. Le jeune Malfoy soupira et daigna enfin se lever de son fauteuil. Pourquoi pas après tout, qu'avait-il à vouloir rester seul une soirée comme cela, il devait fêter dignement ses dix-sept ans, comme un Malfoy. Ce n'était certes pas son désir le plus cher mais Rogue lui avait bien fait comprendre qu'il devait continuer à se comporter comme il l'avait toujours fait. Donc une nuit dans les pubs sorciers à se saouler et à flirter et peut-être même à se battre, n'était-ce pas ce qu'il aurait fait jadis ? Sa décision prise, il alla se changer et retrouva ses deux acolytes au pied de l'escalier où Narcissia leur parlait. :
« - Tenez, prenez cette bourse et payez à mon fils la plus belle fête qu'il n'est jamais eu. Profitez de votre liberté car bientôt vous vous joindrez à nous. »
Draco serra les dents en entendant sa mère tenir de tels propos mais c'était surtout l'attitude fière et pompeuse qu'affichait Goyle et Crabbe qui lui donnait mal au c?ur. Comment pouvait-on réellement retirer de la fierté à se courber devant un homme que l'on redoutait, pour qui on serait prêt à faire les pires âneries de la terre sur un simple de ses claquements de doigts. Comme sa mère venait de le dire, ils n'abandonneraient pas seulement leur liberté physique en se joignant aux rangs du Lord Noir, ils perdraient également leur liberté d'esprit, et leur âme appartiendrait à jamais au Seigneur des Ténèbres. Quoi que pour ce qui était de Goyle et Crabbe, il doutait qu'ils n'aient jamais eu en leur possession un esprit même à deux et encore moins une âme.
Il partit tout de même avec eux pour fêter son anniversaire, mieux valait le passer avec eux plutôt que seul dans sa chambre à ruminer ses pensées noires. La veille, il avait eu dix-sept ans, il était maintenant un sorcier majeur qui pouvait se servir de la magie en dehors du collège de Poudlard, qui avait obtenu le matin même son permis pour transplaner. Tout ce que pouvait rêver un jeune sorcier, alors pourquoi se sentait-il si malheureux ? Futilement, son esprit pensa trouver la réponse dans le fond de chacune des bouteilles de bièreaubeurre et d'autres alcools qui se présentaient à lui.
Cette soirée là, ils visitèrent plusieurs endroits fréquentés par des sorciers peu recommandables tels qu'eux. Ils burent bien plus qu'ils ne le devaient, se firent payer plusieurs consommations par des « amis » de leurs parents. Ils flirtèrent des femmes bien plus âgées qu'eux qui se faisaient bien souvent payer pour leurs services dont ils profitèrent une fois que leur esprit fut noyé dans l'alcool. Ils trouvèrent même un groupe de jeunes sorciers aussi éméchés qu'eux pour débuter un combat qui se termina rapidement, aucun d'entre eux n'étant réellement en condition de relever le défi honorablement. Cela leur laissa tout de même quelques ecchymoses, un ?il au beurre noir pour Crabbe, une main fracturée pour Goyle, plusieurs égratignures, des vêtements déchirés, sales et souillés, une lèvre fendue pour Draco et un mal de tête carabiné pour tout le groupe.
C'est un « ami » de Lucius Malfoy, un dénommé Lug qui ramena le jeune Malfoy au manoir familial. Le garde à l'entrée sourit avec fierté en voyant l'état de son jeune maître, Lug aussi semblait fier de l'état délabré du jeune homme. Pourtant, Draco tentait de se tenir le plus droit que son dos ankylosé lui permettait. Sa lèvre fendue était très visible avec son menton relevé ainsi, il gardait la tête droite et avait un port fier malgré l'état d'ébriété avancé qui se sentait chez lui. Narcissia Malfoy vint accueillir son fils à la barrière et afficha à sa vue un sourire de satisfaction et aida Lug à l'amener jusqu'à sa chambre. Draco entendit les voix au-dessus de lui, il devait être couché, il se concentra pour tenter de comprendre ce qu'elles disaient :
« - Je te l'ai ramené Narcissia car je me disais que Lucius n'aimerait pas qu'un sang-de-bourbe le trouve en train de cuver son vin dans le fond d'une ruelle.
Je t'en remercie Lug, je sais que Lucius va apprécier le service que tu viens de lui rendre.
Il devrait être fier de son fils, il s'est comporté comme le digne héritier qu'il est. Il lui a fallu des gallons d'alcool avant d'arriver à l'état dans lequel il est et même encore, il était tout de même capable de marcher, ce qui n'était pas le cas de l'un de ses amis. Ils se sont battus contre une bande de sous-sorciers et ils leur ont bien fait leur fête si tu vois ce que je veux dire. C'est sûr qu'il a quelques blessures de guerre mais c'est rien à comparer à ce qu'ils ont fait à ces sang-de-bourbes.
Je suis si fière de lui, au moins il aura fêté dignement ses dix-sept ans. J'ai eu peur que Rogue ne me le ramène pas assez tôt pour que ses amis puissent le fêter. Son père va être fier d'apprendre comment il s'en ait sorti, combien de sang-de-bourbes déjà ? »
Les voix s'éloignaient, le laissant seul dans son lit, seul avec son mal de tête et des hauts de c?urs fréquents. Il finit par s'endormir mais fut rapidement réveillé par un elfe de maison, chargé par sa mère, de lui administrer une potion anti-gueule de bois. Au début il rechigna quelque peu mais dès qu'il l'eut bu, son mal de c?ur ainsi que les marteaux qui lui frappaient le crâne disparurent comme par magie (s'en était, on s'entend). Il se rendormit pour être réveillé une fois de plus par une main qui le secouait fermement. Draco se retourna en maugréant un lot d'insanités mais la main faisait de plus en plus insistante. Une voix familière qui sonnait sèchement et durement lui parvint jusqu'aux oreilles :
« - On dirait que tu en prends une habitude, tu crois que l'alcool t'aidera à voir plus clair en toi ? Elle ne fait qu'embrumer un peu plus ton esprit jeune homme. »
Cette voix, tranchante, si professorale. Rogue bien sûr. Draco ouvrit un ?il avec précaution et regarda son sablier près de son lit, dix-sept heures. Il se souvenait difficilement d'être rentré vers dix heures le matin même. Sa mère et un autre homme l'avaient mis au lit sans se donner la peine de le dévêtir ni de le doucher. Après s'être lever avec précaution, il put constater qu'il était dans un état délabré peu digne du jeune homme fier qu'il était. Rogue était maintenant assis dans un fauteuil et l'observait en silence, son regard cependant en disait long, il désapprouvait l'attitude du jeune Serpentard. Du coup, Draco se sentit misérable mais n'en laissa rien paraître, on ne montrait jamais ses émotions chez les Malfoy.
Son mentor lui ordonna presque d'aller prendre une douche et de se préparer à quitter pour quelques jours le manoir. Le jeune homme allait questionner son professeur mais ce dernier se levait déjà pour aller avertir Narcissia qu'il amenait avec lui le jeune Malfoy dans ses recherches pour trouver certaines herbes pour ses potions et qu'ils partiraient pour quelques jours, il lui demanda aussi d'en avertir leur maître qui pouvait toujours faire appel à lui tout de même. Draco se dit en lui-même en refermant la porte de la salle de bain que cet homme savait assurer ses arrières mais il avait peur qu'un jour, on ne le découvre et il savait ce qui attendait l'homme mais également ce qui l'attendait lui dans un tel cas. Ce n'était pas réjouissant, après que le Lord Noir ait fait joujou avec eux, il laisserait sans doute ses mangemorts s'amuser un peu également puis il finirait par les tuer.
Ses pensées morbides le suivirent jusque sous la douche, même l'eau qui portant réussissait à lui enlever un poids immense de sur les épaules, ne parvint pas à chasser ses sombres idées. Il se lava rapidement, aussi vite que son corps ankylosé lui permettait, il avait mal partout, suite à sa bagarre. Heureusement, il ne souffrait plus de cet affreux mal de crâne et n'avait plus le c?ur au bord des lèvres, la potion avait fait effet mais elle ne pouvait rien contre les ecchymoses, les égratignures et les lèvres fendues. En se peignant, il remarqua que son sourcil droit arborait une petite cicatrice encore rose, il avait du y être blessé et un elfe avait du le soigner en lui appliquant une quelconque crème magique qui refermait les plaies. Malheureusement, il resterait probablement à jamais marqué à cet endroit. Il fulminait contre lui, pourquoi avait-il fallu qu'il suive ces deux bêtas la veille ? Tout était de sa faute, Rogue avait raison, l'alcool et lui ne faisait pas bon ménage. De plus, il ne se souvenait plus de tout, comme si on lui avait jeté un sort d'amnésie sur une certaine partie de la soirée. Il ne se souvenait pas d'avoir été « en bonne compagnie » pourtant, son corps portait des marques « intimes » à des endroits encore plus intimes. Il ne s'agissait pas d'ecchymose dans ce cas mais plutôt de suçons, savamment exécutés par une bouche experte à en point douter.
Le jeune homme hocha la tête en se jurant de ne plus jamais recommencer, à l'avenir il saurait se contrôler, perdre ainsi des moments de vie ne lui plaisait pas le moins du monde. De retour dans sa chambre, il vit plusieurs serviteurs de la maison, préparant ses bagages. Où l'amenait encore une fois Rogue ? Il n'eut pas vraiment le temps d'y penser car il devait surveiller les elfes pour qu'ils empaquettent bien ses nouveaux vêtements. Une fois que tout fut prêt, Rogue et lui quittèrent le manoir puis transplanèrent jusqu'à Pré-Au-Lard, d'où il rejoignirent Poudlard. En chemin le maître des potions lui expliqua enfin la raison de ce petit « voyage ». Dumbledore avait convoqué un grand nombre de personne travaillant pour l'Ordre pour une réunion spéciale et Draco avait été autorisé à y assister suite à l'accomplissement de leur mission commune.
Draco en était pas peu fier, il bombait le torse sans même s'en rendre compte, en marchant, il tentait d'imaginer la tête que ferait Potter en apprenant qu'il avait réussi haut la main la première mission que lui avait confiée Dumbledore. Puis ses pensées dérivèrent sur cette mission, plus particulièrement sur la jeune femme qu'ils avaient ramenée avec eux. Où se trouvait-elle en ce moment ? Qu'avait-elle appris depuis son arrivée ? Qui s'occupait d'elle ? Pourquoi s'en faisait-il autant pour une fille qu'il ne connaissait que depuis peu et qui ne représentait rien pour lui ?
À cette dernière question, il connaissait la réponse mais jamais il ne l'aurait avoué ouvertement. Dans le fond de son esprit il entendit la petite voix de son âme lui répondre mais il l'étouffa rapidement, elle ne pouvait avoir raison, elle avait forcément tord, il ne s'était pas attaché à elle, s'était IMPOSSIBLE. Qui tentait-il de berner ainsi ? Lui, bien sûr. Alors pourquoi ELLE ? Il avait fréquenté beaucoup de jeunes filles depuis deux ans, toutes plus belles les unes que les autres et pourtant aucune ne le chavirait comme elle le faisait. Par un simple regard, elle réussissait à pénétrer plus loin en lui que n'importe qui en dix-sept ans. Elle était mystérieuse, presque envoûtante, elle n'était pas la plus belle, bien que fort jolie, mais une aura magnifique l'enveloppait, il était attiré par elle tel un aimant. Pourtant, Rogue n'avait cessé de lui dire qu'elle n'était pas pour lui. En y réfléchissant bien, il ne la désirait pas comme telle. Il ne voulait pas la posséder comme ce que provoquait en lui les autres filles. Non, c'était différent. Qu'était-ce alors ? Il avait désiré plusieurs jeunes filles et en avait eut quelques-unes déjà mais avec elle ce n'était pas ce qu'il recherchait. De toute façon, il doutait qu'elle se laisse berner aussi facilement que ses « proies » précédentes, non, ELLE était différente sur tous les points.
Il dut reporter à plus tard ses réflexions car ils venaient d'arriver devant la gargouille du bureau de Dumbledore. Draco prit soudainement conscience qu'il n'avait pas eu du tout conscience justement du chemin qui l'avait mené jusque là. Ses pensées l'avaient véritablement absorbées. Arrivés en haut des escaliers qui menaient au bureau du directeur, Rogue frappa trois petits coups secs à la porte massive qui s'ouvrit et leur permis d'entrer et d'attendre que Dumbledore vienne les accueillir. Le vieux mage leur fit signe d'avancer, il était assis à son bureau et avait devant lui trois personnes assises que Draco reconnues immédiatement. Il s'agissait de Lupin, d'un des Weasley (reconnaissable à ses cheveux de feu) et de la femme qu'il avait croisée à son retour d'Amérique. Elle devait être âgée d'une trentaine d'années, avait des yeux bleus qui devaient changer de couleur au gré des fantaisies du ciel, de longs cheveux blonds, presque argentés et un sourire franc. Elle était environ de sa taille et dégageait une beauté peu commune, malgré son surplus de poids visible. Étrangement, Draco se sentit immédiatement à l'aise avec elle, cette femme lui fut présentée comme étant Javik Reyk (voir ma fic Composition de souvenirs). Elle était chargée de l'accompagner jusqu'au nouveau quartier général de l'Ordre. Le jeune Malfoy savait que l'entrée à ce quartier général était probablement mieux gardé que l'entrée au QG de Vous-savez- qui. Rogue lui avait expliqué en chemin que seul un initié pouvait approcher de l'endroit où se trouvait la cachette de l'Ordre, donc lui y entrerait en tant qu'invité et il ne pourrait y retourner de lui-même avant d'y être de nouveau autorisé. Des mesures de sécurité qui se comprenaient.
Le jeune homme se réjouissait de constater que Potter n'était visible nulle part, peut-être n'avait-il pas l'autorisation d'accéder au QG. Cette simple pensée fit sourire le jeune homme. Cependant, si Potter n'était pas visible, Orlane non plus, pourtant, il aurait cru.
« - Bon, nous allons y aller si vous êtes prêts. »
Dumbledore avait dit cela en regardant au-dessus de ses lunettes en demi- lune, le fixant lui, ce qui avait eu pour effet de le faire revenir sur terre, plus précisément dans le bureau de Dumbledore. Mademoiselle Reyk s'approcha de lui en lui souriant, comme pour le réconforter puis prit la parole :
« - Alors monsieur Malfoy, je vais vous expliquer comment on va s'y prendre pour se rendre là où nous devons aller. Tout d'abord, vous devrez vous accrocher solidement à moi, nous allons utiliser une technique semblable à la transplanation mais qui vous empêchera de retrouver votre chemin consciemment ou inconsciemment dans le futur. La différence est que nous allons tourner sur nous-même très rapidement et que l'atterrissage, si vous me lâchez sera pénible pour vous. Je vous propose, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, de me tenir fermement par la taille, cela devrait vous donner une meilleure prise. »
Draco observa quelques secondes son interlocutrice, elle souriait narquoisement mais pas à lui, non, il aurait juré que c'était pour Weasley, à moins que ce ne soit pour Lupin. Après un bref regard dans cette direction, il remarqua que Weasley souriait également narquoisement alors que Lupin semblait excédé par une quelconque plaisanterie. Mademoiselle Reyk lui fit signe d'approcher, ce qu'il fit et elle resserra elle-même la prise du jeune homme, ce qui fit pouffer le rouquin qui reçut par la suite une gifle amicale de Lupin qui hochait la tête en soupirant. Draco se sentait mal à l'aise de tenir ainsi une femme qu'il ne connaissait pas, c'était un geste somme toute intime, enlacer une femme par la taille n'était pas un geste que l'on faisait à la première rencontre. Pour rajouter au malaise, Weasley ne put s'empêcher d'ajouter une plaisanterie de fort mauvais goût selon lui et visiblement au goût de Lupin également mais qui fit sourire Rogue, Dumbledore et Reyk :
« - Tu ne trouves pas qu'ils font un beau couple ainsi Rémus ? De plus, elle n'est pas vraiment plus âgée que lui, elle vient d'une bonne famille. Il y a sûrement là un futur couple à considérer. »
Le jeune Malfoy allait répliquer mais il n'en n'eut pas le temps, Javik Reyk l'avait entraîné dans un tourbillon infernal qui, il le savait, allait le rendre malade sous peu. Des milliers de couleurs tournoyaient autours d'eux, les faisant valser à un rythme fou, puis soudain, plus rien, le noir total. S'en suivit une sensation de chute forte désagréable. Draco resserra son étreinte sur la taille de la jeune femme qu'il ne voyait pas mais qu'il pouvait sentir. Puis, comme annoncé, l'atterrissage fut pénible, sentant la chute diminuer, presque arrêter, le jeune homme avait relâché un peu son étreinte, trop tôt cependant car ils rechutèrent de nouveau pour enfin toucher quelque chose de solide qu'il devina être le sol. Tout était toujours noir autour de lui, il s'était détaché de la jeune femme et était allongé sur le dos sur une surface extrêmement dure. Sa tête avait été cogner contre le sol durement, l'aveuglant momentanément, lorsque sa vision revint, il trouva mademoiselle Reyk penchée sur lui aussi fraîche que la rosée du matin, à peine décoiffée alors que lui était échevelé, il s'était fait une énorme bosse sur le crâne et était plus blanc que Peeve. Il avait eu raison, il fut malade peu après avoir repris conscience. Mademoiselle Reyk l'aida à se relever et à se tenir sur ses jambes encore un peu molles.
Alors qu'il reprenait ses esprits, Rogue, Lupin, Weasley et Dumbledore arrivèrent à tour de rôle, tout près de son point de chute. Leur atterrissage était également difficile mais beaucoup moins que ce qu'avait été le sien, au moins eux se tenaient toujours sur leurs deux jambes. Les quatre hommes vinrent s'informer de l'état du jeune homme qui releva la tête fièrement et fit un effort surhumain pour marcher correctement devant eux, ce qui arracha un sourire à plusieurs. Malfoy jusqu'au bout des ongles.
Ils marchèrent tous dans un petit sentier bordé d'arbres géants qui devaient être bien plus âgés que Dumbledore lui-même. Puis une grande maison apparue, elle était massive et imposante en bordure de cette plaine presque dénudée qui s'étendant derrière elle. Il descendirent vers la résidence de pierres et furent accueillis par plusieurs sorciers qui n'étaient pas totalement inconnus à Draco.
Il y avait là, la famille Weasley au grand complet, sauf Ginny qui devait être à l'intérieur, Granger s'y trouvait également, ainsi que quelques Aurors qu'il avait déjà croisé dans le passé, Tonk, Fol ?il et quelques membres du Ministère ?uvrant officiellement pour le Ministre mais aidant officieusement Dumbledore. Lorsqu'il passa devant Ronald Weasley et Hermione Granger, il ne put retenir un petit sourire victorieux à leur endroit, il fallait voir la tête du rouquin et Granger qui aurait pu avaler une colonie entière de mouches tellement sa bouche était grande ouverte. Il serait resté là à les braver narquoisement si ce n'avait pas été de Rogue qui le poussa à l'intérieur. Là mademoiselle Reyk lui indiqua une chambre qui serait sienne pour les quelques jours qu'il passerait parmi eux. Il s'agissait d'une chambre plus petite que la sienne mais tout de même confortable, avec un lit, un bureau de travail, une bibliothèque et un fauteuil. Draco défit ses bagages alors qu'une ombre vint obscurcir la lumière qui entrait par la porte laissée ouverte. Le jeune homme se retourna pour faire face à l'importun lorsqu'il tomba nez à nez avec .
« - Potter.
Malfoy. »
Les mots avaient été prononcés aussi froidement qu'un iceberg et les deux jeunes hommes se dévisageaient, attendant un signe de l'autre pour ouvrir les hostilités. La tension était palpable dans la pièce et le simple mot « allumette » aurait suffi à embrasser la maison au grand complet. Alors qu'il se concentrait à ne pas baiser les yeux en premier, Draco ne vit pas, ni n'entendit arriver mademoiselle Reyk qui posa une main sur l'épaule de Potter. Ce dernier serra les dents et tourna les talons laissant seul le blondinet avec la grande blonde.
« - Monsieur Malfoy, vous êtes ici chez moi et je souhaite que vous vous sentiez parfaitement à l'aise pendant votre séjour.
Alors faites disparaître Potter, déclara Draco les dents serrées.
J'ai bien peur que cela ne soit impossible monsieur Malfoy. Aussi je vous prierai de bien vouloir faire un effort pour vous supporter mutuellement pendant votre séjour.
Allez-vous lui dire à lui aussi ?, ironisa Malfoy.
Certes, il en sera averti tout comme vous. Le repas sera servi sous peu dans la salle à manger, cela serait bien que vous y soyez, on vous présentera au reste de groupe. »
Et elle partit comme elle était venue, sans un bruit, comme portée par le vent. Rogue entra peu de temps après le départ de mademoiselle Reyk et invita le jeune Malfoy à descendre avec lui. Arrivés dans l'immense salle à manger, ils y retrouvèrent tout un groupe de gens bien que différents à première vue, évoluaient tous d'une façon ou d'une autre au sein de l'Ordre. Rogue lui désigna une place à son côté et assez éloigner de Potter pour qu'il puisse manger sans avoir à le braver continuellement, l'honneur Malfoy l'exigeait. Tous prirent place et discutaient de chose et d'autre en attendant, à en juger par les places libres, cinq personnes. Bien vite, la porte de la salle à manger s'ouvrit pour laisser entrer trois femmes d'âges différents, la première portait un chignon irréprochable avait l'air digne et strict, une personne qui obligeait au respect, Mc Gonnagall. La deuxième devait être en fin de vingtaine, avait les cheveux frisés en épis et affichait un sourire poli, Draco la reconnue pour l'avoir eu comme professeur dans le passé, mademoiselle Scamander (voir ma fic deux alliées d'outremer.). Sa vue fit sourire le jeune Malfoy, il avait bien apprécié cette jeune femme qui même si elle semblait adopter l'attitude de son professeur de métamorphose, avait l'esprit vif et savait être espiègle. Ce qui rendait le jeune homme si heureux à sa vue, était qu'elle devait être avec son acolyte, mademoiselle Mac Kenzie, sa meilleure amie, celle dont elle se séparait rarement et avec qui Draco avait développé des liens particuliers l'année d'avant. Cependant, ce ne fut pas Ayael Mac Kenzie qui entra à sa suite mais cette jeune femme là, arracha un autre sourire au jeune homme. Orlane Roy.
Tous furent présentés, du moins ceux qui avaient besoin de l'être. Mademoiselle Scamander s'excusa auprès de tous pour l'absence de son amie, mademoiselle Mac Kenzie était retenue dans le cadre de sa formation, il en était de même pour son élève. Draco en était déçu mais il devait avouer qu'il était assez content de se retrouver assis près de Orlane, seul Mc Gonnagall les séparait. Le jeune Malfoy avait été particulièrement heureux de constater que Potter n'avait toujours pas digéré sa présence dans ces lieux, ce dernier le fixa avec attention, comme pour l'avertir de se tenir tranquille et ce à plusieurs reprises pendant le repas. Draco trouva l'effort risible et lui répondait toujours par un petit sourire narquois dont il était un professionnel en son genre.
Pendant l'un de ces moments « d'échange » avec Potter, Mc Gonnagall attira son attention et lui dit :
« - Mademoiselle Roy aimerait bien savoir ce qui vous est arrivé jeune homme.
Comment ? Ce qui m'est arrivé ? demanda confus Draco en regardant la jeune femme. »
La jeune femme fit une série de geste que Mc Gonnagall traduisit au fur et à mesure :
« - Votre lèvre fendue ainsi que cette cicatrice au niveau du sourcil. »
Draco en était sans voix, personne n'avait encore remarqué qu'il lui restait des traces de son combat de la veille ou peut-être que si mais le fait que Orlane le lui demande en premier lui fit chaud au c?ur. Pendant qu'il cherchait une réponse acceptable à lui donner, la jeune femme l'observait attentivement. Alors qu'il allait répondre qu'il avait défendu une pauvre vieille femme qui se faisait attaquer dans le fond d'une ruelle, Rogue le prit de vitesse et déclara sans même lever les yeux de son assiette :
« - Il a fêté un peu trop fort son anniversaire. Disons que ses « copains » lui ont offert des « cadeaux » dont il aurait du se passer. »
Alors que Mc Gonnagall hésitait à traduire pour Orlane et que Draco voulait disparaître dans le plancher, Harry et Ron qui n'avaient pas perdu un seul mot de la discussion riaient le nez dans leur verre de jus de citrouille. Draco allait exploser d'une seconde à l'autre s'ils n'arrêtaient pas de se moquer de lui mais il eut un sauveur en la personne de mademoiselle Reyk, pourtant elle ne prononça que deux mots et ce sans même lever les yeux vers eux :
« - Les garçons. »
Le ton avait été ni impérieux ni ferme mais pourtant, aucun n'aurait eu même une seconde l'idée de répliquer. Draco scruta les gens autour de la table, la plus part n'avaient même pas eu conscience de ce qui venait de se passer mais il aurait juré que Lupin savait, c'était sûrement dû au petit sourire en coin qu'il affichait, le même que mademoiselle Reyk.
Mc Gonnagall attira de nouveau l'attention du jeune homme et demanda de la part de Orlane :
« - Elle demande si c'est une habitude chez vous ?
Quelle habitude », redemanda Draco encore perdu.
Une série de geste plus tard, un haussement de sourcils de la part de Mc Gonnagall et un regard de désapprobation, il sut ce qu'elle voulait dire. L'alcool. Elle le prenait sans doute pour un de ces jeunes sans cervelle qui passent leur temps dans les débits d'alcool pour saouler leurs « problèmes existentiels ». Pouvait-il la blâmer de croire cela, à presque chacune de leur rencontre, il avait un verre à la main ou subissait les affres d'une bonne cuite. Il sentit cependant un besoin incontrôlable de se justifier auprès d'elle, il se foutait carrément de tout ce que pouvait penser le reste du monde mais pas elle, il devait se justifier, s'expliquer :
« - C'était mon anniversaire et mes copains m'ont sorti dans les pubs. », commença-t-il.
Elle avait pu lire sur ses lèvres et à présent elle gesticulait à Mc Gonnagall pour que la vieille sorcière puisse traduire au jeune homme. Draco ne les voyait pas mais il savait que Potter et Weasley l'épiaient et riaient dans leur barbe, il se jura de se venger pour cela.
« - Mademoiselle Roy demande s'ils vous ont forcé à boire, ce qui expliquerait peut-être votre lèvre fendue puisqu'ils vous auraient tenu la bouche ouverte pour vous forcer à boire tout l'alcool des pubs que vous avez fréquentés ? »
Draco serrait la mâchoire à présent, elle riait de lui, ouvertement en plus. Elle le regardait à l'instant même avec son petit sourire narquois et un sourcil relevé, Merlin qu'il détestait quand elle prenait cet air avec lui. Il dut reconnaître cependant qu'elle avait raison, personne ne l'avait forcé à boire et personne ne lui avait jeté l'Imperium pour le soumettre à leur volonté. Non, maintenant qu'il était majeur, il devait cesser de fuir la vérité si elle lui était désavantageuse et affronter la réalité. Aussi bien commencer avec elle, puisque de toute façon il aurait été, pour une raison qui lui était totalement inconnue, incapable de lui mentir.
« - Non, en effet, personne ne m'a obligé, je l'ai fait par moi-même. Cette lèvre fendue est due à un combat que j'ai livré à un importun qui avait osé se moquer de moi. »
Voilà, ainsi, elle saurait la vérité et en plus, il l'avertissait gentiment qu'il n'était pas le genre à laisser les autres se moquer de lui impunément. Mc Gonnagall était à nouveau en train de traduire pour le jeune homme les propos d'Orlane :
« - Elle dit que vous avez du perdre vu votre état aujourd'hui. »
Cette fois s'en était trop, il avait à peine une lèvre de fendue, une petite cicatrice au-dessus d'un ?il et des ecchymoses qu'elle ne pouvait voir. Il avait été autrefois bien plus amoché et il aurait aimé pouvoir lui montrer dans quel état était son adversaire, peut-être aurait-elle cessé de le narguer et l'aurait respecté. Elle le regardait toujours avec ce sourire. ce sourire qu'il détestait et qu'il se serait fait un plaisir de lui faire ravaler en temps normal. Et Potter et Weasley qui en rajoutaient. Il fallait qu'il reprenne le contrôle de la situation, qu'il leur montre qu'il n'allait pas se laisser insulter ainsi. Son cerveau roulait tellement vite pour trouver une réplique sanglante qui pourtant lui venait si facilement en d'autres temps pourquoi cela lui faisait-il défaut dans un moment pareil ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir d'avantage car une exclamation venant de Mc Gonnagall lui fit baiser un peu sa pression et il put ainsi reprendre pied dans la réalité. Le professeur de Métamorphose argumentait avec la jeune femme qui semblait tenir mordicus à ce qu'elle traduise mot à mot un propos à son endroit. La vieille sorcière s'objecta de nouveau et réprimanda presque la jeune femme qui la regardait d'un air impassible et inébranlable. Draco se demandait bien ce que voulait dire la jeune femme, il n'était visiblement pas le seul, plusieurs personnes à la table attendait la suite des événements.
Mc Gonnagall refusait toujours de traduire et gesticulait des mouvements secs et vifs à l'endroit de la jeune femme, ce qu'il devina être le penchant d'un ton empli de réprimandes et d'objections. Orlane faisait obstinément toujours les mêmes gestes sans même être ébranlée le moins du monde par les propos de Mc Gonnagall. En face de lui, Javik Reyk s'était appuyée sur le dossier de chaise, les bras croisés et observait avec attention la discussion muette qui se tenait devant elle. Un petit sourire flottait sur ses lèvres et son regard passait souvent de la jeune femme à Draco, ce qui acheva de le mettre mal à l'aise. Soudain, mademoiselle Reyk demanda à l'adresse du professeur de Métamorphose :
« - Pourquoi pas professeur ?
Mais vous n'y pensez pas, c'est inadmissible, ce n'est certainement pas un comportement que nous nous devons d'encourager, imaginez les conséquences.s'emporta Mc Gonnagall choquée d'une telle proposition.
Voyons, qu'est ce qui pourrait leur arriver que nous ne saurions arranger. De plus, si cela est fait dans les règles de l'art.
De l'art, vous appelez cela de l'art, s'exclama Mc Gonnagall de plus en plus rouge.
Certes, on a vu mieux mais cela se fait depuis la nuit des temps. De plus, je doute que monsieur Malfoy accepte la proposition de cette jeune femme. »
Draco se redressa encore un peu plus, quoi ? Elle lui proposait un défi. Quel genre de défi ? Et mademoiselle Reyk qui croyait qu'il allait refuser, le croyait-elle pas de taille ? Ou essayait-elle simplement de le narguer à son tour ? Décidément, le jeune homme regrettait d'être venu. Et voilà que Dumbledore s'en mêlait à son tour :
« - Laissons les faire Minerva, nous ne sommes plus à l'école et ces deux jeunes gens, bien que parfois insouciants, sont majeurs et responsables de leurs actes. Laissons monsieur Malfoy décider s'il accepte le défi que lui lance mademoiselle Roy.
Je l'accepte », s'écria de suite le jeune Malfoy.
Rogue lui jeta un regard torve, Dumbledore souriait doucement, Mc Gonnagall se prenait la tête entre les mains, Orlane souriait de satisfaction et lui se demandait dans quoi il s'était fourré ainsi. Il venait d'accepter un défi sans même en connaître les enjeux ni même la nature. Voulait-elle un duel magique ? Non, il en doutait puisque son éducation magique était déficiente. Une petite lumière s'alluma dans son esprit. Non, elle ne pouvait pas. Non, pas ça. Elle ne venait tout de même pas de le provoquer dans le but de l'amener à combattre à mains nues contre elle. Elle une femme. ELLE. Non mais quel con il pouvait être. Comment allait-il se sortir de cela maintenant ? La fierté Malfoyienne l'obligeait à combattre et à vaincre, même si jamais un Malfoy n'avait eu de scrupule à battre une femme, Draco ne pouvait se résoudre à la blesser intentionnellement. Il pourrait toujours simplement se défendre et attendre qu'elle se fatigue. La victoire ne serait pas très loyale mais n'était-il pas un Serpentard après tout, tout ce qui comptait s'était la victoire et non pas la façon d'y parvenir.
Mademoiselle Reyk, qui visiblement savait le langage des signes, était en train d'expliquer quelques chose à Orlane qui approuvait de la tête. Pendant ce temps, Rogue fulminait, Potter et Weasley rapportaient le tout à Granger qui n'avait suivit puisqu'elle parlait avec mademoiselle Scamander et Dumbledore et Mc Gonnagall échangeait à voix bases dans un coin reculé de la salle à manger. Lorsque toutes les dispositions furent prises, on annonça à tous qu'il y aurait un duel à mains nues qui opposerait mademoiselle Roy et lui-même dans le gymnase. Ensuite suivrait la rencontre de l'Ordre puisque certains ne pouvaient rester pour la nuit.
Génial, pensa le blondinet, en plus d'avoir à affronter la jeune femme, cela venait d'être proposé tel un spectacle que tous s'empressa d'aller voir dès le repas terminé. Draco n'avait plus rien avalé, anticipant la suite, Orlane pour sa part s'était contentée de boire du jus, qui à première vue ne semblait pas être à la citrouille. Peu avant la fin du repas, il vit mademoiselle Reyk se lever et chuchoter quelques mots à l'oreille de Lupin qui sembla acquiescer à la demande de la jeune femme, puis elle s'excusa à ses invités et quitta la pièce. Peu après, Rémus Lupin servait de guide dans les dédales de la résidence pour les amener tous à un immense gymnase aménagé dans l'aile Est de la maison. Draco et Orlane suivaient Lupin et les autres invités les suivaient eux en discutant et même en prenant des paris, le jeune Malfoy grimaça en entendant que sa cote n'était pas plus élevée que cela, il leur monterait bien à ces. BIP BIP.
Lorsqu'il entra à la suite de Lupin dans ce grand gymnase, il ne put s'empêcher d'être impressionné. Il s'agissait d'une immense pièce où tous les murs à l'exception de celui de la porte d'entrée, était en verre et donnaient une vue imprenable sur la plaine à l'extérieur. Le soleil ou la lune, brillaient toujours en ce lieu qui n'avait aucun autre éclairage. Comme le ciel était couvert, mademoiselle Reyk avait disposé plusieurs chandelles qui flottaient dans les airs pour éclairer un peu l'espace. Le sol était recouvert d'un épais tatami, le genre de tapis qu'utilisaient les judokas mais en un peu plus moelleux. Draco devina qu'il avait été posé là pour l'occasion car il ne recouvrait pas entièrement l'aire du plancher, il pouvait deviner que ce dernier était orné de plusieurs symboles runiques mais il ne pouvait les voir entièrement.
Les spectateurs prirent place tout autour du tatami, alors que Orlane enlevait sa chemise pour se retrouver uniquement en camisole blanche à bretelles fines qui lui allait divinement bien avec son pantalon trois- quarts bleu. Draco lui portait un pantalon beige avec un t-shirt vert, il n'enleva que ses souliers lorsqu'il vit faire son adversaire. Lorsqu'il se releva, il croisa le regard de Potter qui riait ouvertement de lui, Draco dut se retenir pour ne pas lui sauter dessus, un combat par jour lui était suffisant. Il ne se gêna cependant pas pour lui envoyer son regard meurtrier, celui qui faisait à tout coup ravaler ses paroles à la personne visée.
Plusieurs personnes riaient de bon c?ur, visiblement, il venait de manquer une bonne blague et à voir l'air qu'affichait Lupin à cet instant, il se doutait que l'ancien Maraudeur devait en être la cible. Le grand Weasley croisé dans le bureau du directeur, Bill, s'il se souvenait bien, en rajoutait même :
« - Eh bien, c'est un endroit fabuleux pour observer les étoiles, qu'est-ce que tu en dis Rémus ? T'es pas de mon avis ?
Tout à fait Bill, si tu regardes là (il pointait un espace dans le ciel) on peut très bien voir le triangle d'été qui est composé de trois des étoiles les plus brillantes, Deneb, Véga dans la constellation de la lyre et de Altaïr dans celle de l'Aigle, répondit Rémus.
Merci pour ce cours gratuit professeur Lupin, ironisa le grand rouquin un large sourire aux lèvres. Toi Javik, les étoiles, ça t'intéresse ? demanda narquoisement Bill.
Oui bien sûr mais j'ai une préférence pour celles dans les yeux de mon partenaire. »
L'assistance éclata d'un grand rire alors que Javik Reyk affichait un sourire victorieux et que Rémus Lupin secouait la tête en riant doucement, s'avouant vaincu. S'il avait bien comprit, Lupin et Reyk formaient un couple, pourtant, la demoiselle semblait plus jeune que le lycanthrope. Il faudrait qu'il farfouille un peu le sujet éventuellement, pour l'instant il devait se concentrer sur mademoiselle Reyk qui était revenue au centre du tatami et donnait les instructions :
« - Bon voilà, il s'agit d'un duel amical ayant pour but de démontrer différentes techniques de combat et pour nous divertir un peu, nous changer les idées avant de passer aux choses sérieuses. Donc, aucune baguette ne sera acceptée lors de ce combat, vous ne pouvez vous servir uniquement que de vos corps. Pas de morsures, pas de coups au niveau des parties intimes et dès que l'arbitre vous le signifie, vous devez arrêter immédiatement le combat. Est-ce bien compris ? »
Draco hocha la tête et vit Orlane faire de même, puis elle bougea la tête, étira ses bras, roula les épaules, fit quelques flexions. Visiblement, elle se préparait pour un combat en règle, pas seulement pour une quelconque escarmouche. Fort de son entraînement quasi quotidien, séquelle d'une option de cours l'année précédente, Draco se savait en forme physiquement, il suivit néanmoins la jeune femme dans ses échauffements. L'arbitre, mademoiselle Scamander, désignée par les deux parties, vint réclamer la baguette de Draco qui lui donna non sans hésiter un peu, un sorcier ne se séparait jamais de sa baguette magique, c'était son arme la plus sûre, cela il le tenait à la fois de son père mais également de mademoiselle Mac Kenzie. Comme il aurait aimé qu'elle soit là, il aurait pu lui démontrer qu'il n'avait pas chômé depuis la fin de l'année scolaire et qu'il continuait les apprentissages qu'elle lui avait enseignés. Mais elle n'était pas là, il devait maintenant se concentrer sur son adversaire, tenter de déceler ses points faibles et les exploiter à fond.
Malheureusement pour lui, Orlane Roy ne semblait pas avoir de points faibles visibles. Tout le monde en avait, ça il l'avait appris assez rapidement mais parfois cela prenait bien plus qu'un combat pour bien saisir son adversaire. L'observation était le premier atout d'un bon combattant, ça il le devait à mademoiselle Mac Kenzie car son père lui avait enseigné tout le contraire, selon lui, la ruse et la force magique étaient les plus importantes. Draco se souvenait encore de la démonstration faite par son professeur qui lui avait fait prendre conscience qu'il avait tout faut. L'observation. Ce n'était pas vraiment une tache difficile pour lui que d'observer Orlane, il avait toujours les yeux rivés sur elles, dès qu'elle était dans les parages.
Le signal de départ fut donné et Draco s'avança, sûr de lui, vers Orlane qui ne pouvait entendre les encouragements de l'audience. Orlane avait planté solidement ses deux pieds dans le sol et avait plié légèrement les genoux, le gauche légèrement devant le droit et ses mains étaient dans la même position, ouvrant et refermant les doigts à un rythme lent mais régulier alors que ses yeux étaient plantés dans ceux du blondinet. Draco fit le premier geste, ils ne pouvaient rester là à se regarder pendant des heures, quoi que cela ne l'aurait pas vraiment dérangé en d'autres circonstances. Il s'avança vers elle, d'un pas lent mais sûr, les mains en avant, elle leva les siennes à la même hauteur et leurs doigts se touchèrent, une fraction de seconde. Sans même qu'il ne s'en rende compte, le jeune homme était saisi par les poignets, soulevé par-dessus l'épaule de la jeune femme et balancé par l'arrière, atterrissant durement sur le dos.
C'est l'orgueil qui fut le plus blessé, les gens assistant criaient et encourageaient les deux combattants, Potter et ses amis riaient de lui pendant que Orlane le regardait de ce regard qu'il détestait tant. Il se releva rapidement, jeta un ?il à Rogue qui serrait les dents et les poings, puis se replaça face à son adversaire. Si au début, il avait prévu d'être doux et de seulement l'épuiser, maintenant il déclarait la guerre et il devait vaincre. Il tenta une feinte pour la faire déplacer, elle ne bougea pas d'un poil, ils s'achalaient mutuellement de leurs mains mais personne n'osaient faire le premier geste offensif, ils se jugeaient du regard. Soudain sans même qu'il ne la voit bouger, elle le saisi de nouveau par les poignets, replia malgré lui ses bras jusqu'à ses épaules, plaça une jambe derrière les siennes et le fit basculer sans plus de préambule. Il réussit cependant à l'entraîner avec lui dans sa chute mais elle demeurait en position dominante, à califourchon sur lui. Ce qui ne manqua pas d'attirer son lot de plaisanteries douteuses de la part des spectateurs.
Alors qu'il tentait de se relever en la poussant sur le côté, ou d'échanger les positions, il la vit se pencher un peu plus sur lui. Son c?ur s'accéléra, sa respiration se fit difficile mais le tout revint à la normale, lorsqu'il comprit qu'il ne s'agissait que d'une man?uvre pour enrouler ses jambes autours des siennes pour l'empêcher de se relever aussi facilement. Il se débattait avec l'énergie du désespoir, tout son corps lui faisait mal, deux combats en même pas vingt-quatre heures, c'était difficile physiologiquement. Il réussit à se dépêtrer de la prise de la jeune femme qui se releva avec beaucoup d'agilité. Draco posa ses mains derrière ses épaules et se releva en balançait le basin et en pliant les genoux. Ils étaient à nouveau face à face, il pouvait entendre Potter et Weasley encourager la jeune femme, Merlin qu'ils étaient sots, elle était sourde, ils croyaient qu'elle les entendait ou quoi. Bien sûr que non, c'était lui le sot, c'était uniquement pour le déstabiliser lui qu'ils criaient ainsi, dire que ça avait faillit marcher.
Draco s'avança rapidement vers son adversaire et après avoir échangé plusieurs coups tous bloqués par la jeune femme, il réussit a la toucher d'un bon coup de pied dans le thorax. Elle recula de quelques pas mais revint rapidement dans sa position défensive. Fort d'avoir touché son but pour la première fois, Draco attaqua de nouveau mais cette fois-ci, elle l'esquiva, lui saisi les avant-bras et l'envoya valser à l'autre bout du tatami. Il réussit néanmoins à rester sur ses deux jambes et revint à la charge, elle bloquait tous les coups qu'il lui portait comme l'avait fait ce karatéka qu'il avait vu un jour dans un film moldu. Alors qu'il reprenait son souffle, il eut une pensée pour son ancien professeur, mademoiselle Mac Kenzie n'aurait pas été très fière finalement. Il releva la tête et résolu à mieux paraître, mit en pratique les quelques notions de défense corporelles qu'elle lui avait apprises. Rapidement le combat repris mais cette fois-ci Draco ne se laissait plus distraire et était complètement concentré sur son adversaire, tentant de prévoir chacun de ses coups. Les échanges étaient enlevant pour ceux qui assistaient mais ne permettait pas d'élire un gageant.
Suite à une esquive rapide, Orlane perdit l'équilibre et tomba au sol, le jeune homme en profita pour tenter de l'immobiliser et s'élança sur elle mais au dernier moment, elle releva une jambe et le repoussa violemment au loin. Elle fut sur pieds bien plus rapidement que lui qui en avait eu le souffle coupé. Ils se redirigèrent l'un vers l'autre et les deux maintenaient les mains de l'autre au-dessus de leur tête, les bras croisés. Draco eut légèrement conscience de la voix de mademoiselle Reyk qui avertissait mademoiselle Scamander d'arrêter le combat mais avant que l'arbitre ne put faire le moindre geste dans leur direction, le jeune homme se retrouva parallèle au sol, tournoyant sur lui-même à une vitesse folle puis il s'effondra au sol avec un cri sourd de douleur et de surprise. Plus personne ne parlait dans la pièce, plusieurs visages affichaient de la consternation et de la compassion pour le jeune homme qui souffrait en silence maintenant sur le sol. Mademoiselle Scamander avançait vers lui, de même que Mc Gonnagall qui semblait soucieuse mais c'est la main de la jeune femme qu'il vit en premier. Elle la lui tendait, pour l'aider à se relever et pour ainsi clore ce duel qu'il avait perdu lamentablement.
En temps normal, il aurait refusé cette main adverse qui l'avait « torturée » mais son orgueil lui fit comprendre qu'il valait mieux accepter la défaite dignement que d'être « chouchouté » par la vieille sorcière qui approchait à grands pas. Il se saisit donc de la main de Orlane et se remit sur pied avec son aide. Il remarqua qu'elle ne souriait pas victorieusement comme il l'avait cru mais son regard reflétait quelque chose d'autre, comme du respect. Il n'avait somme toute pas tout perdu si au moins ce combat lui avait permis qu'elle ressente du respect pour lui.
Mc Gonnagall insista pour vérifier qu'il n'avait rien de cassé, il se débattit autant qu'il pouvait, certes, il avait mal partout mais il aurait préféré mourir que de l'avouer. C'est mademoiselle Reyk qui vint à son secours, elle repoussa gentiment le professeur de métamorphose et offrit une petite fiole à Draco, renfermant un liquide verdâtre peu ragoûtant. Il savait ce que c'était, cette potion lui enlèverait ses courbatures et ferait disparaître les diverses douleurs qu'il ressentait. Pendant qu'il buvait et recevait les félicitations de certaines personnes, il vit Mc Gonnagall gesticuler à grands coups de moulinets de mains et de bras devant une Orlane l'observant d'un air impassible.
Draco demanda à mademoiselle Reyk de lui traduire les propos des deux femmes :
« - Mc Gonnagall lui passe un sapin pour t'avoir mal mené, disant que ce n'est pas un comportement acceptable, bla bla bla. Et Orlane lui répond que tout est de ta faute, que tu n'aurais pas du accepter sans savoir à qui tu te mesurais.
À qui je me mesurais, demanda curieux Draco en fixant mademoiselle Reyk qui lui souriait doucement.
À une championne de karaté moldu. Plutôt douée à la voir aller, commenta Reyk.
Ben pas tant que cela, tenta de la discréditer le jeune homme, orgueil oblige.
Mon cher monsieur Malfoy, vous avez été chanceux qu'elle soit si douce avec vous », conclut Reyk avec un sourire compatissant en quittant le jeune homme.
Douce, elle avait été douce avec lui, Merlin, pourquoi alors avait-il si mal partout et pourquoi cette satanée potion prenait-elle autant de temps à agir ?. Et pourquoi Potter et Weasley n'étaient visibles nulle part ? Sans doute étaient-ils partis se payer sa tête dans un coin à l'écart. Draco fulminait, il se vengerait bien un jour. Oui, il aurait sa revanche, foi de Malfoy.
Quand Draco se réveilla quelques heures plus tard, ce fut par la voix nasillarde d'un elfe de maison au nez difforme et aux yeux globuleux qui fit sursauter le jeune homme à sa simple vue. L'elfe se replia sur lui- même, répétant sans cesse des excuses et se prosternant devant le fils de son maître. Le premier réflexe du jeune Malfoy fut de lui assener une claque pour avoir osé le réveiller si tôt, lui qui s'était endormi si tard mais quelques-uns des mots du serviteur firent leur chemin jusqu'au cerveau encore embrumé du jeune homme ; Ministère, examen, brevet. Par Merlin, son examen de transplanation au Ministère. Il jeta un ?il au sablier près de son lit, il ne lui restait que trente minutes pour prendre une douche, se préparer et filer au Ministère.
Alors qu'il sortait à toute vitesse de dessous ses draps, il cria à l'elfe de préparer la cheminée pour son départ pour le Ministère et se dirigea en trombe vers sa salle de bain privée. Une douche plus que rapide, un brossage de dents de base, une coiffure par tout à fait à point et quinze minutes plus tard, Draco était prêt. Un Malfoy n'arrivait jamais en retard où que ce soit.
Lorsqu'il arriva devant le bureau des gardes pour s'annoncer, il dut faire la file, attendre que les touristes sorciers japonais aient remis leur baguette et décliné leur identité. Draco s'impatienta et jura suffisamment fortement pour être repéré par l'un des gardes en fraction. Celui-ci s'avança vers lui l'air menaçant mais rien ne pouvait perturber un Malfoy, du moins pas de l'extérieur, il garda un air digne et fier en déclarant qu'il n'avait pas le temps d'attendre que tout le japon ait décliné son arbre généalogique, qu'il était attendu. Le garde céda finalement, s'occupant lui-même de l'autorisation du jeune Malfoy qui fut escorté par un autre garde jusqu'au bureau de son examinateur. Les mesures de sécurité avaient été renforcées depuis l'incident mangemorts versus Ministère quelques années plus tôt.
L'homme chargé d'évaluer Draco sur ses capacités à transplaner s'appelait Alban Thym, c'était un vieux sorcier qui semblait être assis dans ce fauteuil, qui était le sien, depuis plus d'un siècle, comme si la pièce avait été bâtie autour de lui. Le jeune homme ne se faisait pas de souci pour cet examen, il savait transplaner depuis longtemps déjà et Rogue lui avait fait réviser quelques jours plus tôt les différentes questions d'ordre technique qui pourraient lui être posées. Le professeur de potion avait misé juste, les mêmes questions et pratiquement dans le même ordre lui furent posées, il y répondit de façon calme et décontracté, comme toujours lorsqu'il répondait à des questions oralement. On lui avait appris un jour que tout était dans le ton, que l'on pouvait dire ce que l'on voulait en autant que tout soit dit correctement. Il avait bien retenu sa leçon. Vint ensuite le côté pratique, on lui demanda de sortir à l'extérieur, dans le parc aménagé à cet effet par le Ministère, car tout comme à Poudlard, on ne pouvait transplaner dans l'enceinte du Ministère. Là l'attendait son examinateur pratique, une sorcière du nom de Pontbas. Elle lui indiqua ce qu'elle attendait de lui et une fois qu'elle fut sûre qu'il avait bien compris, lui demanda de s'effectuer. Draco réussi du premier coup, recevant les félicitations de la sorcière qui le dirigea par la suite au bureau du chargé des permis magiques.
Alors qu'il s'y dirigeait, le jeune homme ne put s'empêcher de penser à toute cette perte de temps qu'il y avait au sein du Ministère et à tout ce cirque totalement inutile. Une seule personne aurait été amplement apte à tout faire, de son évaluation orale, à la pratique puis à l'émission de son permis. Au lieu de cela, on le faisait marcher le Ministère au grand complet et rencontre quatre personnes différentes si l'on comptait le garde à l'entrée. C'est à cela que servait l'argent de leurs TESS (Taxes d'Entretien des Services de Sorcellerie). Pathétique mais surtout, pas mieux que les moldus.
Le jeune Malfoy ressortit du Ministère seulement vers midi, on l'avait fait attendre et encore attendre prétextant une erreur dans la paperasserie administrative. C'est finalement avec son permis en main et une faim de loup qu'il quitta le Ministère pour retourner chez lui. Cette fois, fort de ses nouveaux privilèges, il transplana jusque devant la grille du manoir où le garde le laissa entrer en le félicitant comme s'il s'agissait du plus grand exploit du monde sorcier. Après avoir fuit sa mère et engloutit un repas digne de sustenter un ogre, Draco repartit de chez lui en chargeant un domestique de prévenir sa mère qu'il se rendait à la Bibliothèque Nationale de Sorcellerie.
Cet endroit se trouvait en plein c?ur d'Édimbourg, aussi dut-il de nouveau transplaner pour se retrouver dans une petite ruelle très pratique pour les arrivées et les départs discrets. Draco fréquentait souvent cet endroit pendant ses vacances estivales ; valait mieux passer tout son temps dans un édifice rempli de livres plutôt que de subir ses parents à longueur de journée. De plus, il aimait la tranquillité qui y régnait, là il pouvait lire tout ce qui lui plaisait sans avoir à entendre les jérémiades de son paternel sur ses choix de divertissements. Ce jour là, il surpris le commis principal en lui demandant de lui indiquer l'endroit où se trouvait les documents moldus. Bien sûr il avait une idée en tête, cela avait germé dans son esprit la veille, puis après tout, pourquoi pas ? Cela ne devait pas être si difficile.
Il chercha longuement le manuel qui lui était nécessaire, le trouvant finalement avec l'aide d'un commis affecté à cette section. Il avait du plier sur son orgueil et se résigner à demander de l'aide, chose qu'il faisait rarement préférant toujours s'en remettre qu'à lui-même, ainsi il pouvait en tout temps contrôler tous les aspects de chaque situation. Il s'assit à sa table de travail préférée, un peu à l'écart des autres, tout près d'une immense fenêtre qui laissait les rayons du soleil venir danser sur les pages des livres qu'il lisait. Il sortit de son nouveau sac, des parchemins vierges, une plume haut de gamme et un récipient d'encre des secrets. Cette sorte d'encre avait la particularité de devenir invisible pour quiconque qui n'aurait pas été autorisé à lire ce qui était inscrit par celui qui avait écrit avec. On pouvait passer outre l'autorisation seulement si on connaissait la formule exacte qu'avait employé le sorcier à l'origine. C'était une encre plutôt rare et qui coûtait cher mais dont les membres de la famille Malfoy se servaient régulièrement.
Draco travailla une bonne partie de l'après-midi, cherchant, découvrant, résumant, mémorisant tout ce qu'il avait besoin pour l'exécution de son plan. Lorsqu'un commis vint l'avertir de la fermeture prochaine de la bibliothèque, il soupira mais consentit tout de même à quitter les lieux, il avait ce dont il avait besoin pour l'instant. Il remballa ses choses et laissa le soin au commis de ranger les manuels qu'il avait consultés, c'était son travail après tout non ? Puis il transplana de nouveau jusqu'à chez lui. Chez lui, il fallait le dire vite, il ne se sentait pas véritablement comme chez lui dans ce grand manoir lugubre et froid. Il sourit en repensant à ce que lui avait dit un jour un cousin éloigné en visite chez lui :
« - Si un jour votre famille vint qu'à manquer d'argent, vous pourriez aisément faire payer les moldus pour visiter votre maison hantée. »
Certes, le manoir Malfoy n'abritait pas a proprement parlé de fantôme mais il était vrai que son histoire mais surtout son apparence lugubre, sombre et fantomatique lui prodiguait un aspect terrifiant et effrayant. Mais bon, c'était là qu'il était né, là qu'il avait grandi, fait ses premiers pas, dit ses premiers mots (qui furent « à moi ») et pleuré pour la première fois. Il avait pleuré souvent mais depuis quelques années, son père était parvenu à faire « un homme » de lui. Plus jamais les larmes ne brûlaient les yeux du jeune homme, du moins jamais en présence de qui que ce soit. Parfois la nuit, il pleurait en silence, laissant couler les larmes sur ses joues comme si elles pouvaient apporter avec elles tout le mal qu'il ressentait en lui.
Dès qu'il fut à l'intérieur, un elfe, prénommé Larky ou Louky, peu importe, se précipita sur lui, voulait le débarrasser de son sac ou se mettre à son entière disposition :
« - Laisse, je m'en occupe, dit 'un ton détaché le jeune Malfoy. Au fait quel est ton nom au juste ?
M.Moi. Monsieur. Mon nom à m.oi ?, couina l'elfe surpris d'une telle demande.
Non, le voisin, oui toi, s'emporta Draco. Vois-tu d'autre elfe à part toi ici ?
Luigy, monsieur, Luigy se nomme Luigy. »
Draco pouffa d'un éclat méprisant puis monta d'un pas rapide vers ses appartements. Lorsqu'il poussa la porte, se fut pour tomber nez à nez avec sa mère et le professeur Rogue. À première vue, Narcissia Malfoy cherchait quelque chose, elle ouvrait et refermait tous les malencontreux tiroirs qui avaient la mauvaise idée d'être sur son chemin. Draco jeta un ?il rapide en direction de son professeur qui le rassura d'un rictus puis qui revêtit son air renfrogné habituel.
« - Puis-je vous aider mère ? Se risqua Draco en déposant son sac sur son bureau de travail en acajou.
Ah Draco, enfin te voilà, je voulais montrer à Severus le merveilleux athamé que ton père avait déniché pour toi avant d'être envoyé où il est.
Je l'ai rangé ici mère. »
Ce disant, il ouvrit un des tiroirs qu'elle avait déjà ouverts mais où elle n'avait pas pris la peine de bien regarder, puis sortit l'objet en question. Severus Rogue s'approcha comme s'il était intéressé par la chose que tenait à lui montrer la femme de Lucius. Draco qui le tenait toujours dans ses mains observa le visage de son professeur lorsqu'il étudiait l'athamé. Rogue avait levé les sourcils et semblait fasciné par quelque chose que le jeune homme ne saisissait pas. Il comprit cependant peu après lorsqu'il entendit le maître des potions déclarer :
« - Il s'agit sans aucun doute d'un original. Lucius a déniché une perle rare. C'est dommage qu'il en reste si peu, tu as bien de la chance jeune homme de posséder un athamé fabriqué par un artisan d'un aussi grand talent. Prends en bien soin, c'est un objet unique et qui possède de grands pouvoirs magiques pour celui qui sait s'en servir. »
Rogue avait appuyé ses dires d'un regard entendu, le jeune homme avait hoché la tête en assentiment et avait remercié sa mère pour le magnifique présent qu'ils leur avaient fait et assura qu'il tâcherait d'en être digne. Il promit également d'écrire sur-le-champ à son paternel pour le remercier personnellement du cadeau. En lui-même Draco se demanda bien pourquoi il perdait son temps ainsi puisque de toute façon, son père n'était pas autorisé à recevoir du courrier d'aucune sorte. Narcissia quitta les appartements de son fils, le laissant seul avec son mentor, lorsque la porte fut refermée derrière elle, Draco lança un sort d'insonorisation et verrouilla l'entrée, il devait parler à son responsable de maison sans que sa mère entende.
« - Pouvez-vous m'expliquer ? »
Rogue sembla méditer sur la demande du jeune homme, sa décision prise, il s'assit dans le fauteuil du jeune homme, le contraignant à s'asseoir à son bureau. Les explications allaient sans doute prendre un certain temps si l'homme prenait la peine de s'installer confortablement. Draco était tout ouie :
« - L'athamé que t'a offert tes parents est l'un des derniers exemplaires encore en état, fabriqué par un grand artisan magique.
Comme Orlane ? Demanda le jeune homme.
L'arme date de bien avant la naissance de la jeune femme. Probablement un ancêtre éloigné, très éloigné en fait.
Pourquoi ? »
Les questions de Draco étaient courtes et incisives, il s'attendait à rien de moins qu'à des réponses complète et rapides.
« - Je ne suis pas autorisé à te dire ces renseignements.
C'est stupide, vous savez que je peux faire une recherche et le trouver par moi-même. Tous les arbres généalogiques sont disponibles pour consultation à la Bibliothèque Nationale de Sorcellerie. Vous savez que je vais finir par trouver, épargnez-moi du temps et dites moi ce que je veux savoir. »
Rogue le regardait un sourcil relevé, comme s'il doutait que le jeune homme puisse en effet trouver si facilement les réponses à ses questions. Un part de lui-même lui disait que probablement, avec beaucoup de travail et de l'acharnement, il y parviendrait. Cependant, Dumbledore avait été très clair, personne ne devait être mis au courant avant que la jeune femme ne l'apprenne elle-même. Si Draco persévérait à vouloir savoir et qu'il effectuait comme il venait de le dire des recherches, cela risquait de prendre beaucoup de temps, assez de temps pour leur laisser une marge de man?uvre avec la jeune femme. Le jeune Malfoy comprit à l'air qu'affichait son mentor qu'il aurait beau supplier, il n'en saurait pas plus. Peu importe, un Malfoy ne s'abaissait jamais à supplier qui que ce soit. Il finirait bien par savoir ce qu'il désirait apprendre, il n'était pas du style à abandonner au premier obstacle. Comme il savait qu'il ne tirait plus rien de son professeur, il décida de changer de sujet :
« - Comment va Orlane, son acclimatation à notre pays se passe bien ? »
Il savait que Rogue n'était pas dupe, malgré le ton détaché qu'avait employé Malfoy, l'aîné des deux savait que le jeune homme se faisait du réel souci pour la jeune femme. Elle s'était portée volontaire pour tenter de vaincre un mage noir au sommet de sa puissance qui lui était totalement inconnu, c'était un combat qui n'était à priori pas le sien. De plus, il se doutait fortement, qu'elle n'en savait pas plus que lui, elle avait tout de même accepté. Draco ne pouvait que louer son courage en espérant ne pas déplorer son insouciance au bout du compte.
« - Je t'ai déjà dit Draco de ne pas t'attacher à cette fille. Elle n'est pas une fille pour toi.
Premièrement, je ne suis pas « attaché » comme vous dites à cette fille (Un Malfoy ne se laisse jamais attacher par qui que ce soit). C'est simplement du savoir-vivre. Et puis c'est quoi cette histoire de destin lié à celui d'un autre. »
Draco se souvenait très bien que Rogue lui avait fait remarquer que son destin n'était pas lié à celui de la jeune femme et cela l'avait tracassé une bonne partie de la nuit précédente. Comment un destin peut être lié à un autre, pour lui, tout était question de choix, on choisissait où on voulait que notre vie aille et comment elle s'y rendait. La notion du destin lui était totalement inconnue, il ne pouvait concevoir qu'il y ait des « forces »qui ne pouvaient être influencée, on lui avait pourtant appris que tout pouvait être acheté ou influé. La réponse de Rogue le laissa perplexe, son mentor lui avait débité des explications sans queue ni tête, du moins pour un esprit fermé comme celui du jeune Malfoy.
Le responsable des Serpentard ne s'attarda pas trop sur le sujet, il était venu au manoir Malfoy pour une raison précise.
« - Dumbledore veut que tu assistes à une réunion spéciale qui aura lieu dans quelques jours.
Quand ? demanda le jeune homme qui refusait de laisser paraître qu'il était excité par l'idée d'un peu d'action.
Je te le ferai savoir », répondit Rogue.
Puis l'homme se leva et allait prendre congé, juste avant de franchir la porte, il rappela à Draco qu'il était mieux de ne pas exhiber l'athamé fabriqué par Orlane, qu'il devait le garder caché et bien caché. Si quelqu'un venait qu'à apprendre l'existence de cette jeune femme, c'était bien plus que la sécurité de la demoiselle qui serait en danger. Le jeune Malfoy, rassura son maître de potion, il posa une main un peu en dessous de sa hanche droite à l'endroit où il avait dissimulé l'arme, préférant l'avoir sur lui. Avoir vu sa mère fouiller frénétiquement dans ses choses n'avait que confirmé ce qu'il soupçonnait depuis longtemps. Rassuré, Rogue ouvrit la porte :
« - J'allais oublier encore une fois. Joyeux anniversaire Draco. »
Il lui lança un paquet qu'il venait de sortir de l'une de ses poches. Rogue sortit, laissant le jeune homme seul dans son boudoir. Draco tourna et retourna le présent offert par son professeur, ne se décidant pas à l'ouvrir. Certes il était curieux de voir ce que pouvait lui offrir cet homme qui lui faisait tant penser à son père parfois mais qui en d'autres occasions était totalement différent. Il s'assit dans son fauteuil et ouvrit finalement le petit paquet de la grosseur d'un jeu de carte. À l'intérieur se trouvait une petite bourse de cuir usé retenu par deux lanières également de cuir. En l'ouvrant, il sut de suite ce qu'était le présent offert par son professeur de potion, il avait vu cette matière en cours déjà, il s'agissait d'un sachet talismanique. Le jeune homme leva un sourcil en détaillant le cadeau, il savait ce qu'était sensé offrir ce sachet qui était composé d'un mélange d'herbes ( à base de menthe et de sauge), d'une pierre magique (améthyste) et d'un pentacle (sceau de Salomon) mais avait toujours cru qu'il ne s'agissait que de vieilles croyances d'encore plus vieilles sorcières radoteuses. Voir que son mentor croyait en ces sornettes le déboussolait un peu. Il se leva et alla à sa bibliothèque personnelle, y prit le livre du cours suivi et tenta de découvrir l'usage magique que devait posséder ce sachet. Il trouva rapidement sa réponse, il s'agissait d'un talisman de protection, il devait le garder sur lui en tout temps pour qu'il soit efficace.
Draco observa longuement le pentacle, le sceau de Salomon, il s'agissait d'une pierre taillée en forme de cercle où l'on pouvait voir divers cercles gravés sur le pourtour avec au centre l'inscription mystique « Alpha & Omega » symbolisant que tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Le jeune homme chercha quelques instants la signification de ce pentacle, il trouva finalement que ce sceau était utilisé par Salomon pour se préserver des esprits Malins et Négatifs. S'en suivit une longue réflexion sur les raisons qui avaient pu pousser Rogue à lui offrir un tel présent pour ses dix-sept ans. Jamais encore Rogue ne s'était montré aussi soucieux de lui. Il l'avait certes toujours un peu plus privilégié que les autres étudiants mais de là à lui offrir un cadeau d'anniversaire tel que celui qui venait de lui être offert . Peut-être après tout, que Rogue ne prenait que son rôle de tuteur au sérieux, il voulait que Lucius Malfoy sache qu'il prenait bien soin de son fils unique. Peut-être était-ce un leurre pour le Lord Noir. Peut-être. Tant de peut-être mais jamais toutes les réponses qui vont avec, il en était las à la fin.
Ce soir là, Draco Malfoy mangea dans ses appartements, fuyant la présence de sa mère, recherchant le calme et la solitude, si propices aux introspections et à la réflexion. Assis dans son fauteuil, il regarda fuir le soleil qui avait éclairé cette première journée de juillet, demain était un autre jour disait-on, que lui apporterait-il à lui ? Vers vingt et un heures, on frappa quelques petits coups brefs à la porte donnant dans son boudoir, d'une voix agacée et sèche, il demanda :
« - Qui est-ce ?! »
Pour toutes réponses, il vit entrer deux molosses aux airs patibulaires qui affichaient pourtant ce qui devait être leur plus beau sourire. Draco les observa en silence quelques secondes avant que l'un d'eux ne se décide à ouvrir la bouche, comme si leur cerveau devait trouver un moyen de parvenir à tout connecter à chaque parole qu'ils prononçaient.
« - Euh, bonne fête vieux. Quand on a su que t'étais de retour de vacance on s'est dit que l'on devait te faire une petite fête pour ta maturité sorcière.
La maturité ne s'acquière pas avec l'âge Goyle. »
Les paroles de Draco restèrent incomprises par les deux nouveaux arrivants qui le dévisageaient l'air défait. Le jeune Malfoy soupira et daigna enfin se lever de son fauteuil. Pourquoi pas après tout, qu'avait-il à vouloir rester seul une soirée comme cela, il devait fêter dignement ses dix-sept ans, comme un Malfoy. Ce n'était certes pas son désir le plus cher mais Rogue lui avait bien fait comprendre qu'il devait continuer à se comporter comme il l'avait toujours fait. Donc une nuit dans les pubs sorciers à se saouler et à flirter et peut-être même à se battre, n'était-ce pas ce qu'il aurait fait jadis ? Sa décision prise, il alla se changer et retrouva ses deux acolytes au pied de l'escalier où Narcissia leur parlait. :
« - Tenez, prenez cette bourse et payez à mon fils la plus belle fête qu'il n'est jamais eu. Profitez de votre liberté car bientôt vous vous joindrez à nous. »
Draco serra les dents en entendant sa mère tenir de tels propos mais c'était surtout l'attitude fière et pompeuse qu'affichait Goyle et Crabbe qui lui donnait mal au c?ur. Comment pouvait-on réellement retirer de la fierté à se courber devant un homme que l'on redoutait, pour qui on serait prêt à faire les pires âneries de la terre sur un simple de ses claquements de doigts. Comme sa mère venait de le dire, ils n'abandonneraient pas seulement leur liberté physique en se joignant aux rangs du Lord Noir, ils perdraient également leur liberté d'esprit, et leur âme appartiendrait à jamais au Seigneur des Ténèbres. Quoi que pour ce qui était de Goyle et Crabbe, il doutait qu'ils n'aient jamais eu en leur possession un esprit même à deux et encore moins une âme.
Il partit tout de même avec eux pour fêter son anniversaire, mieux valait le passer avec eux plutôt que seul dans sa chambre à ruminer ses pensées noires. La veille, il avait eu dix-sept ans, il était maintenant un sorcier majeur qui pouvait se servir de la magie en dehors du collège de Poudlard, qui avait obtenu le matin même son permis pour transplaner. Tout ce que pouvait rêver un jeune sorcier, alors pourquoi se sentait-il si malheureux ? Futilement, son esprit pensa trouver la réponse dans le fond de chacune des bouteilles de bièreaubeurre et d'autres alcools qui se présentaient à lui.
Cette soirée là, ils visitèrent plusieurs endroits fréquentés par des sorciers peu recommandables tels qu'eux. Ils burent bien plus qu'ils ne le devaient, se firent payer plusieurs consommations par des « amis » de leurs parents. Ils flirtèrent des femmes bien plus âgées qu'eux qui se faisaient bien souvent payer pour leurs services dont ils profitèrent une fois que leur esprit fut noyé dans l'alcool. Ils trouvèrent même un groupe de jeunes sorciers aussi éméchés qu'eux pour débuter un combat qui se termina rapidement, aucun d'entre eux n'étant réellement en condition de relever le défi honorablement. Cela leur laissa tout de même quelques ecchymoses, un ?il au beurre noir pour Crabbe, une main fracturée pour Goyle, plusieurs égratignures, des vêtements déchirés, sales et souillés, une lèvre fendue pour Draco et un mal de tête carabiné pour tout le groupe.
C'est un « ami » de Lucius Malfoy, un dénommé Lug qui ramena le jeune Malfoy au manoir familial. Le garde à l'entrée sourit avec fierté en voyant l'état de son jeune maître, Lug aussi semblait fier de l'état délabré du jeune homme. Pourtant, Draco tentait de se tenir le plus droit que son dos ankylosé lui permettait. Sa lèvre fendue était très visible avec son menton relevé ainsi, il gardait la tête droite et avait un port fier malgré l'état d'ébriété avancé qui se sentait chez lui. Narcissia Malfoy vint accueillir son fils à la barrière et afficha à sa vue un sourire de satisfaction et aida Lug à l'amener jusqu'à sa chambre. Draco entendit les voix au-dessus de lui, il devait être couché, il se concentra pour tenter de comprendre ce qu'elles disaient :
« - Je te l'ai ramené Narcissia car je me disais que Lucius n'aimerait pas qu'un sang-de-bourbe le trouve en train de cuver son vin dans le fond d'une ruelle.
Je t'en remercie Lug, je sais que Lucius va apprécier le service que tu viens de lui rendre.
Il devrait être fier de son fils, il s'est comporté comme le digne héritier qu'il est. Il lui a fallu des gallons d'alcool avant d'arriver à l'état dans lequel il est et même encore, il était tout de même capable de marcher, ce qui n'était pas le cas de l'un de ses amis. Ils se sont battus contre une bande de sous-sorciers et ils leur ont bien fait leur fête si tu vois ce que je veux dire. C'est sûr qu'il a quelques blessures de guerre mais c'est rien à comparer à ce qu'ils ont fait à ces sang-de-bourbes.
Je suis si fière de lui, au moins il aura fêté dignement ses dix-sept ans. J'ai eu peur que Rogue ne me le ramène pas assez tôt pour que ses amis puissent le fêter. Son père va être fier d'apprendre comment il s'en ait sorti, combien de sang-de-bourbes déjà ? »
Les voix s'éloignaient, le laissant seul dans son lit, seul avec son mal de tête et des hauts de c?urs fréquents. Il finit par s'endormir mais fut rapidement réveillé par un elfe de maison, chargé par sa mère, de lui administrer une potion anti-gueule de bois. Au début il rechigna quelque peu mais dès qu'il l'eut bu, son mal de c?ur ainsi que les marteaux qui lui frappaient le crâne disparurent comme par magie (s'en était, on s'entend). Il se rendormit pour être réveillé une fois de plus par une main qui le secouait fermement. Draco se retourna en maugréant un lot d'insanités mais la main faisait de plus en plus insistante. Une voix familière qui sonnait sèchement et durement lui parvint jusqu'aux oreilles :
« - On dirait que tu en prends une habitude, tu crois que l'alcool t'aidera à voir plus clair en toi ? Elle ne fait qu'embrumer un peu plus ton esprit jeune homme. »
Cette voix, tranchante, si professorale. Rogue bien sûr. Draco ouvrit un ?il avec précaution et regarda son sablier près de son lit, dix-sept heures. Il se souvenait difficilement d'être rentré vers dix heures le matin même. Sa mère et un autre homme l'avaient mis au lit sans se donner la peine de le dévêtir ni de le doucher. Après s'être lever avec précaution, il put constater qu'il était dans un état délabré peu digne du jeune homme fier qu'il était. Rogue était maintenant assis dans un fauteuil et l'observait en silence, son regard cependant en disait long, il désapprouvait l'attitude du jeune Serpentard. Du coup, Draco se sentit misérable mais n'en laissa rien paraître, on ne montrait jamais ses émotions chez les Malfoy.
Son mentor lui ordonna presque d'aller prendre une douche et de se préparer à quitter pour quelques jours le manoir. Le jeune homme allait questionner son professeur mais ce dernier se levait déjà pour aller avertir Narcissia qu'il amenait avec lui le jeune Malfoy dans ses recherches pour trouver certaines herbes pour ses potions et qu'ils partiraient pour quelques jours, il lui demanda aussi d'en avertir leur maître qui pouvait toujours faire appel à lui tout de même. Draco se dit en lui-même en refermant la porte de la salle de bain que cet homme savait assurer ses arrières mais il avait peur qu'un jour, on ne le découvre et il savait ce qui attendait l'homme mais également ce qui l'attendait lui dans un tel cas. Ce n'était pas réjouissant, après que le Lord Noir ait fait joujou avec eux, il laisserait sans doute ses mangemorts s'amuser un peu également puis il finirait par les tuer.
Ses pensées morbides le suivirent jusque sous la douche, même l'eau qui portant réussissait à lui enlever un poids immense de sur les épaules, ne parvint pas à chasser ses sombres idées. Il se lava rapidement, aussi vite que son corps ankylosé lui permettait, il avait mal partout, suite à sa bagarre. Heureusement, il ne souffrait plus de cet affreux mal de crâne et n'avait plus le c?ur au bord des lèvres, la potion avait fait effet mais elle ne pouvait rien contre les ecchymoses, les égratignures et les lèvres fendues. En se peignant, il remarqua que son sourcil droit arborait une petite cicatrice encore rose, il avait du y être blessé et un elfe avait du le soigner en lui appliquant une quelconque crème magique qui refermait les plaies. Malheureusement, il resterait probablement à jamais marqué à cet endroit. Il fulminait contre lui, pourquoi avait-il fallu qu'il suive ces deux bêtas la veille ? Tout était de sa faute, Rogue avait raison, l'alcool et lui ne faisait pas bon ménage. De plus, il ne se souvenait plus de tout, comme si on lui avait jeté un sort d'amnésie sur une certaine partie de la soirée. Il ne se souvenait pas d'avoir été « en bonne compagnie » pourtant, son corps portait des marques « intimes » à des endroits encore plus intimes. Il ne s'agissait pas d'ecchymose dans ce cas mais plutôt de suçons, savamment exécutés par une bouche experte à en point douter.
Le jeune homme hocha la tête en se jurant de ne plus jamais recommencer, à l'avenir il saurait se contrôler, perdre ainsi des moments de vie ne lui plaisait pas le moins du monde. De retour dans sa chambre, il vit plusieurs serviteurs de la maison, préparant ses bagages. Où l'amenait encore une fois Rogue ? Il n'eut pas vraiment le temps d'y penser car il devait surveiller les elfes pour qu'ils empaquettent bien ses nouveaux vêtements. Une fois que tout fut prêt, Rogue et lui quittèrent le manoir puis transplanèrent jusqu'à Pré-Au-Lard, d'où il rejoignirent Poudlard. En chemin le maître des potions lui expliqua enfin la raison de ce petit « voyage ». Dumbledore avait convoqué un grand nombre de personne travaillant pour l'Ordre pour une réunion spéciale et Draco avait été autorisé à y assister suite à l'accomplissement de leur mission commune.
Draco en était pas peu fier, il bombait le torse sans même s'en rendre compte, en marchant, il tentait d'imaginer la tête que ferait Potter en apprenant qu'il avait réussi haut la main la première mission que lui avait confiée Dumbledore. Puis ses pensées dérivèrent sur cette mission, plus particulièrement sur la jeune femme qu'ils avaient ramenée avec eux. Où se trouvait-elle en ce moment ? Qu'avait-elle appris depuis son arrivée ? Qui s'occupait d'elle ? Pourquoi s'en faisait-il autant pour une fille qu'il ne connaissait que depuis peu et qui ne représentait rien pour lui ?
À cette dernière question, il connaissait la réponse mais jamais il ne l'aurait avoué ouvertement. Dans le fond de son esprit il entendit la petite voix de son âme lui répondre mais il l'étouffa rapidement, elle ne pouvait avoir raison, elle avait forcément tord, il ne s'était pas attaché à elle, s'était IMPOSSIBLE. Qui tentait-il de berner ainsi ? Lui, bien sûr. Alors pourquoi ELLE ? Il avait fréquenté beaucoup de jeunes filles depuis deux ans, toutes plus belles les unes que les autres et pourtant aucune ne le chavirait comme elle le faisait. Par un simple regard, elle réussissait à pénétrer plus loin en lui que n'importe qui en dix-sept ans. Elle était mystérieuse, presque envoûtante, elle n'était pas la plus belle, bien que fort jolie, mais une aura magnifique l'enveloppait, il était attiré par elle tel un aimant. Pourtant, Rogue n'avait cessé de lui dire qu'elle n'était pas pour lui. En y réfléchissant bien, il ne la désirait pas comme telle. Il ne voulait pas la posséder comme ce que provoquait en lui les autres filles. Non, c'était différent. Qu'était-ce alors ? Il avait désiré plusieurs jeunes filles et en avait eut quelques-unes déjà mais avec elle ce n'était pas ce qu'il recherchait. De toute façon, il doutait qu'elle se laisse berner aussi facilement que ses « proies » précédentes, non, ELLE était différente sur tous les points.
Il dut reporter à plus tard ses réflexions car ils venaient d'arriver devant la gargouille du bureau de Dumbledore. Draco prit soudainement conscience qu'il n'avait pas eu du tout conscience justement du chemin qui l'avait mené jusque là. Ses pensées l'avaient véritablement absorbées. Arrivés en haut des escaliers qui menaient au bureau du directeur, Rogue frappa trois petits coups secs à la porte massive qui s'ouvrit et leur permis d'entrer et d'attendre que Dumbledore vienne les accueillir. Le vieux mage leur fit signe d'avancer, il était assis à son bureau et avait devant lui trois personnes assises que Draco reconnues immédiatement. Il s'agissait de Lupin, d'un des Weasley (reconnaissable à ses cheveux de feu) et de la femme qu'il avait croisée à son retour d'Amérique. Elle devait être âgée d'une trentaine d'années, avait des yeux bleus qui devaient changer de couleur au gré des fantaisies du ciel, de longs cheveux blonds, presque argentés et un sourire franc. Elle était environ de sa taille et dégageait une beauté peu commune, malgré son surplus de poids visible. Étrangement, Draco se sentit immédiatement à l'aise avec elle, cette femme lui fut présentée comme étant Javik Reyk (voir ma fic Composition de souvenirs). Elle était chargée de l'accompagner jusqu'au nouveau quartier général de l'Ordre. Le jeune Malfoy savait que l'entrée à ce quartier général était probablement mieux gardé que l'entrée au QG de Vous-savez- qui. Rogue lui avait expliqué en chemin que seul un initié pouvait approcher de l'endroit où se trouvait la cachette de l'Ordre, donc lui y entrerait en tant qu'invité et il ne pourrait y retourner de lui-même avant d'y être de nouveau autorisé. Des mesures de sécurité qui se comprenaient.
Le jeune homme se réjouissait de constater que Potter n'était visible nulle part, peut-être n'avait-il pas l'autorisation d'accéder au QG. Cette simple pensée fit sourire le jeune homme. Cependant, si Potter n'était pas visible, Orlane non plus, pourtant, il aurait cru.
« - Bon, nous allons y aller si vous êtes prêts. »
Dumbledore avait dit cela en regardant au-dessus de ses lunettes en demi- lune, le fixant lui, ce qui avait eu pour effet de le faire revenir sur terre, plus précisément dans le bureau de Dumbledore. Mademoiselle Reyk s'approcha de lui en lui souriant, comme pour le réconforter puis prit la parole :
« - Alors monsieur Malfoy, je vais vous expliquer comment on va s'y prendre pour se rendre là où nous devons aller. Tout d'abord, vous devrez vous accrocher solidement à moi, nous allons utiliser une technique semblable à la transplanation mais qui vous empêchera de retrouver votre chemin consciemment ou inconsciemment dans le futur. La différence est que nous allons tourner sur nous-même très rapidement et que l'atterrissage, si vous me lâchez sera pénible pour vous. Je vous propose, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, de me tenir fermement par la taille, cela devrait vous donner une meilleure prise. »
Draco observa quelques secondes son interlocutrice, elle souriait narquoisement mais pas à lui, non, il aurait juré que c'était pour Weasley, à moins que ce ne soit pour Lupin. Après un bref regard dans cette direction, il remarqua que Weasley souriait également narquoisement alors que Lupin semblait excédé par une quelconque plaisanterie. Mademoiselle Reyk lui fit signe d'approcher, ce qu'il fit et elle resserra elle-même la prise du jeune homme, ce qui fit pouffer le rouquin qui reçut par la suite une gifle amicale de Lupin qui hochait la tête en soupirant. Draco se sentait mal à l'aise de tenir ainsi une femme qu'il ne connaissait pas, c'était un geste somme toute intime, enlacer une femme par la taille n'était pas un geste que l'on faisait à la première rencontre. Pour rajouter au malaise, Weasley ne put s'empêcher d'ajouter une plaisanterie de fort mauvais goût selon lui et visiblement au goût de Lupin également mais qui fit sourire Rogue, Dumbledore et Reyk :
« - Tu ne trouves pas qu'ils font un beau couple ainsi Rémus ? De plus, elle n'est pas vraiment plus âgée que lui, elle vient d'une bonne famille. Il y a sûrement là un futur couple à considérer. »
Le jeune Malfoy allait répliquer mais il n'en n'eut pas le temps, Javik Reyk l'avait entraîné dans un tourbillon infernal qui, il le savait, allait le rendre malade sous peu. Des milliers de couleurs tournoyaient autours d'eux, les faisant valser à un rythme fou, puis soudain, plus rien, le noir total. S'en suivit une sensation de chute forte désagréable. Draco resserra son étreinte sur la taille de la jeune femme qu'il ne voyait pas mais qu'il pouvait sentir. Puis, comme annoncé, l'atterrissage fut pénible, sentant la chute diminuer, presque arrêter, le jeune homme avait relâché un peu son étreinte, trop tôt cependant car ils rechutèrent de nouveau pour enfin toucher quelque chose de solide qu'il devina être le sol. Tout était toujours noir autour de lui, il s'était détaché de la jeune femme et était allongé sur le dos sur une surface extrêmement dure. Sa tête avait été cogner contre le sol durement, l'aveuglant momentanément, lorsque sa vision revint, il trouva mademoiselle Reyk penchée sur lui aussi fraîche que la rosée du matin, à peine décoiffée alors que lui était échevelé, il s'était fait une énorme bosse sur le crâne et était plus blanc que Peeve. Il avait eu raison, il fut malade peu après avoir repris conscience. Mademoiselle Reyk l'aida à se relever et à se tenir sur ses jambes encore un peu molles.
Alors qu'il reprenait ses esprits, Rogue, Lupin, Weasley et Dumbledore arrivèrent à tour de rôle, tout près de son point de chute. Leur atterrissage était également difficile mais beaucoup moins que ce qu'avait été le sien, au moins eux se tenaient toujours sur leurs deux jambes. Les quatre hommes vinrent s'informer de l'état du jeune homme qui releva la tête fièrement et fit un effort surhumain pour marcher correctement devant eux, ce qui arracha un sourire à plusieurs. Malfoy jusqu'au bout des ongles.
Ils marchèrent tous dans un petit sentier bordé d'arbres géants qui devaient être bien plus âgés que Dumbledore lui-même. Puis une grande maison apparue, elle était massive et imposante en bordure de cette plaine presque dénudée qui s'étendant derrière elle. Il descendirent vers la résidence de pierres et furent accueillis par plusieurs sorciers qui n'étaient pas totalement inconnus à Draco.
Il y avait là, la famille Weasley au grand complet, sauf Ginny qui devait être à l'intérieur, Granger s'y trouvait également, ainsi que quelques Aurors qu'il avait déjà croisé dans le passé, Tonk, Fol ?il et quelques membres du Ministère ?uvrant officiellement pour le Ministre mais aidant officieusement Dumbledore. Lorsqu'il passa devant Ronald Weasley et Hermione Granger, il ne put retenir un petit sourire victorieux à leur endroit, il fallait voir la tête du rouquin et Granger qui aurait pu avaler une colonie entière de mouches tellement sa bouche était grande ouverte. Il serait resté là à les braver narquoisement si ce n'avait pas été de Rogue qui le poussa à l'intérieur. Là mademoiselle Reyk lui indiqua une chambre qui serait sienne pour les quelques jours qu'il passerait parmi eux. Il s'agissait d'une chambre plus petite que la sienne mais tout de même confortable, avec un lit, un bureau de travail, une bibliothèque et un fauteuil. Draco défit ses bagages alors qu'une ombre vint obscurcir la lumière qui entrait par la porte laissée ouverte. Le jeune homme se retourna pour faire face à l'importun lorsqu'il tomba nez à nez avec .
« - Potter.
Malfoy. »
Les mots avaient été prononcés aussi froidement qu'un iceberg et les deux jeunes hommes se dévisageaient, attendant un signe de l'autre pour ouvrir les hostilités. La tension était palpable dans la pièce et le simple mot « allumette » aurait suffi à embrasser la maison au grand complet. Alors qu'il se concentrait à ne pas baiser les yeux en premier, Draco ne vit pas, ni n'entendit arriver mademoiselle Reyk qui posa une main sur l'épaule de Potter. Ce dernier serra les dents et tourna les talons laissant seul le blondinet avec la grande blonde.
« - Monsieur Malfoy, vous êtes ici chez moi et je souhaite que vous vous sentiez parfaitement à l'aise pendant votre séjour.
Alors faites disparaître Potter, déclara Draco les dents serrées.
J'ai bien peur que cela ne soit impossible monsieur Malfoy. Aussi je vous prierai de bien vouloir faire un effort pour vous supporter mutuellement pendant votre séjour.
Allez-vous lui dire à lui aussi ?, ironisa Malfoy.
Certes, il en sera averti tout comme vous. Le repas sera servi sous peu dans la salle à manger, cela serait bien que vous y soyez, on vous présentera au reste de groupe. »
Et elle partit comme elle était venue, sans un bruit, comme portée par le vent. Rogue entra peu de temps après le départ de mademoiselle Reyk et invita le jeune Malfoy à descendre avec lui. Arrivés dans l'immense salle à manger, ils y retrouvèrent tout un groupe de gens bien que différents à première vue, évoluaient tous d'une façon ou d'une autre au sein de l'Ordre. Rogue lui désigna une place à son côté et assez éloigner de Potter pour qu'il puisse manger sans avoir à le braver continuellement, l'honneur Malfoy l'exigeait. Tous prirent place et discutaient de chose et d'autre en attendant, à en juger par les places libres, cinq personnes. Bien vite, la porte de la salle à manger s'ouvrit pour laisser entrer trois femmes d'âges différents, la première portait un chignon irréprochable avait l'air digne et strict, une personne qui obligeait au respect, Mc Gonnagall. La deuxième devait être en fin de vingtaine, avait les cheveux frisés en épis et affichait un sourire poli, Draco la reconnue pour l'avoir eu comme professeur dans le passé, mademoiselle Scamander (voir ma fic deux alliées d'outremer.). Sa vue fit sourire le jeune Malfoy, il avait bien apprécié cette jeune femme qui même si elle semblait adopter l'attitude de son professeur de métamorphose, avait l'esprit vif et savait être espiègle. Ce qui rendait le jeune homme si heureux à sa vue, était qu'elle devait être avec son acolyte, mademoiselle Mac Kenzie, sa meilleure amie, celle dont elle se séparait rarement et avec qui Draco avait développé des liens particuliers l'année d'avant. Cependant, ce ne fut pas Ayael Mac Kenzie qui entra à sa suite mais cette jeune femme là, arracha un autre sourire au jeune homme. Orlane Roy.
Tous furent présentés, du moins ceux qui avaient besoin de l'être. Mademoiselle Scamander s'excusa auprès de tous pour l'absence de son amie, mademoiselle Mac Kenzie était retenue dans le cadre de sa formation, il en était de même pour son élève. Draco en était déçu mais il devait avouer qu'il était assez content de se retrouver assis près de Orlane, seul Mc Gonnagall les séparait. Le jeune Malfoy avait été particulièrement heureux de constater que Potter n'avait toujours pas digéré sa présence dans ces lieux, ce dernier le fixa avec attention, comme pour l'avertir de se tenir tranquille et ce à plusieurs reprises pendant le repas. Draco trouva l'effort risible et lui répondait toujours par un petit sourire narquois dont il était un professionnel en son genre.
Pendant l'un de ces moments « d'échange » avec Potter, Mc Gonnagall attira son attention et lui dit :
« - Mademoiselle Roy aimerait bien savoir ce qui vous est arrivé jeune homme.
Comment ? Ce qui m'est arrivé ? demanda confus Draco en regardant la jeune femme. »
La jeune femme fit une série de geste que Mc Gonnagall traduisit au fur et à mesure :
« - Votre lèvre fendue ainsi que cette cicatrice au niveau du sourcil. »
Draco en était sans voix, personne n'avait encore remarqué qu'il lui restait des traces de son combat de la veille ou peut-être que si mais le fait que Orlane le lui demande en premier lui fit chaud au c?ur. Pendant qu'il cherchait une réponse acceptable à lui donner, la jeune femme l'observait attentivement. Alors qu'il allait répondre qu'il avait défendu une pauvre vieille femme qui se faisait attaquer dans le fond d'une ruelle, Rogue le prit de vitesse et déclara sans même lever les yeux de son assiette :
« - Il a fêté un peu trop fort son anniversaire. Disons que ses « copains » lui ont offert des « cadeaux » dont il aurait du se passer. »
Alors que Mc Gonnagall hésitait à traduire pour Orlane et que Draco voulait disparaître dans le plancher, Harry et Ron qui n'avaient pas perdu un seul mot de la discussion riaient le nez dans leur verre de jus de citrouille. Draco allait exploser d'une seconde à l'autre s'ils n'arrêtaient pas de se moquer de lui mais il eut un sauveur en la personne de mademoiselle Reyk, pourtant elle ne prononça que deux mots et ce sans même lever les yeux vers eux :
« - Les garçons. »
Le ton avait été ni impérieux ni ferme mais pourtant, aucun n'aurait eu même une seconde l'idée de répliquer. Draco scruta les gens autour de la table, la plus part n'avaient même pas eu conscience de ce qui venait de se passer mais il aurait juré que Lupin savait, c'était sûrement dû au petit sourire en coin qu'il affichait, le même que mademoiselle Reyk.
Mc Gonnagall attira de nouveau l'attention du jeune homme et demanda de la part de Orlane :
« - Elle demande si c'est une habitude chez vous ?
Quelle habitude », redemanda Draco encore perdu.
Une série de geste plus tard, un haussement de sourcils de la part de Mc Gonnagall et un regard de désapprobation, il sut ce qu'elle voulait dire. L'alcool. Elle le prenait sans doute pour un de ces jeunes sans cervelle qui passent leur temps dans les débits d'alcool pour saouler leurs « problèmes existentiels ». Pouvait-il la blâmer de croire cela, à presque chacune de leur rencontre, il avait un verre à la main ou subissait les affres d'une bonne cuite. Il sentit cependant un besoin incontrôlable de se justifier auprès d'elle, il se foutait carrément de tout ce que pouvait penser le reste du monde mais pas elle, il devait se justifier, s'expliquer :
« - C'était mon anniversaire et mes copains m'ont sorti dans les pubs. », commença-t-il.
Elle avait pu lire sur ses lèvres et à présent elle gesticulait à Mc Gonnagall pour que la vieille sorcière puisse traduire au jeune homme. Draco ne les voyait pas mais il savait que Potter et Weasley l'épiaient et riaient dans leur barbe, il se jura de se venger pour cela.
« - Mademoiselle Roy demande s'ils vous ont forcé à boire, ce qui expliquerait peut-être votre lèvre fendue puisqu'ils vous auraient tenu la bouche ouverte pour vous forcer à boire tout l'alcool des pubs que vous avez fréquentés ? »
Draco serrait la mâchoire à présent, elle riait de lui, ouvertement en plus. Elle le regardait à l'instant même avec son petit sourire narquois et un sourcil relevé, Merlin qu'il détestait quand elle prenait cet air avec lui. Il dut reconnaître cependant qu'elle avait raison, personne ne l'avait forcé à boire et personne ne lui avait jeté l'Imperium pour le soumettre à leur volonté. Non, maintenant qu'il était majeur, il devait cesser de fuir la vérité si elle lui était désavantageuse et affronter la réalité. Aussi bien commencer avec elle, puisque de toute façon il aurait été, pour une raison qui lui était totalement inconnue, incapable de lui mentir.
« - Non, en effet, personne ne m'a obligé, je l'ai fait par moi-même. Cette lèvre fendue est due à un combat que j'ai livré à un importun qui avait osé se moquer de moi. »
Voilà, ainsi, elle saurait la vérité et en plus, il l'avertissait gentiment qu'il n'était pas le genre à laisser les autres se moquer de lui impunément. Mc Gonnagall était à nouveau en train de traduire pour le jeune homme les propos d'Orlane :
« - Elle dit que vous avez du perdre vu votre état aujourd'hui. »
Cette fois s'en était trop, il avait à peine une lèvre de fendue, une petite cicatrice au-dessus d'un ?il et des ecchymoses qu'elle ne pouvait voir. Il avait été autrefois bien plus amoché et il aurait aimé pouvoir lui montrer dans quel état était son adversaire, peut-être aurait-elle cessé de le narguer et l'aurait respecté. Elle le regardait toujours avec ce sourire. ce sourire qu'il détestait et qu'il se serait fait un plaisir de lui faire ravaler en temps normal. Et Potter et Weasley qui en rajoutaient. Il fallait qu'il reprenne le contrôle de la situation, qu'il leur montre qu'il n'allait pas se laisser insulter ainsi. Son cerveau roulait tellement vite pour trouver une réplique sanglante qui pourtant lui venait si facilement en d'autres temps pourquoi cela lui faisait-il défaut dans un moment pareil ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir d'avantage car une exclamation venant de Mc Gonnagall lui fit baiser un peu sa pression et il put ainsi reprendre pied dans la réalité. Le professeur de Métamorphose argumentait avec la jeune femme qui semblait tenir mordicus à ce qu'elle traduise mot à mot un propos à son endroit. La vieille sorcière s'objecta de nouveau et réprimanda presque la jeune femme qui la regardait d'un air impassible et inébranlable. Draco se demandait bien ce que voulait dire la jeune femme, il n'était visiblement pas le seul, plusieurs personnes à la table attendait la suite des événements.
Mc Gonnagall refusait toujours de traduire et gesticulait des mouvements secs et vifs à l'endroit de la jeune femme, ce qu'il devina être le penchant d'un ton empli de réprimandes et d'objections. Orlane faisait obstinément toujours les mêmes gestes sans même être ébranlée le moins du monde par les propos de Mc Gonnagall. En face de lui, Javik Reyk s'était appuyée sur le dossier de chaise, les bras croisés et observait avec attention la discussion muette qui se tenait devant elle. Un petit sourire flottait sur ses lèvres et son regard passait souvent de la jeune femme à Draco, ce qui acheva de le mettre mal à l'aise. Soudain, mademoiselle Reyk demanda à l'adresse du professeur de Métamorphose :
« - Pourquoi pas professeur ?
Mais vous n'y pensez pas, c'est inadmissible, ce n'est certainement pas un comportement que nous nous devons d'encourager, imaginez les conséquences.s'emporta Mc Gonnagall choquée d'une telle proposition.
Voyons, qu'est ce qui pourrait leur arriver que nous ne saurions arranger. De plus, si cela est fait dans les règles de l'art.
De l'art, vous appelez cela de l'art, s'exclama Mc Gonnagall de plus en plus rouge.
Certes, on a vu mieux mais cela se fait depuis la nuit des temps. De plus, je doute que monsieur Malfoy accepte la proposition de cette jeune femme. »
Draco se redressa encore un peu plus, quoi ? Elle lui proposait un défi. Quel genre de défi ? Et mademoiselle Reyk qui croyait qu'il allait refuser, le croyait-elle pas de taille ? Ou essayait-elle simplement de le narguer à son tour ? Décidément, le jeune homme regrettait d'être venu. Et voilà que Dumbledore s'en mêlait à son tour :
« - Laissons les faire Minerva, nous ne sommes plus à l'école et ces deux jeunes gens, bien que parfois insouciants, sont majeurs et responsables de leurs actes. Laissons monsieur Malfoy décider s'il accepte le défi que lui lance mademoiselle Roy.
Je l'accepte », s'écria de suite le jeune Malfoy.
Rogue lui jeta un regard torve, Dumbledore souriait doucement, Mc Gonnagall se prenait la tête entre les mains, Orlane souriait de satisfaction et lui se demandait dans quoi il s'était fourré ainsi. Il venait d'accepter un défi sans même en connaître les enjeux ni même la nature. Voulait-elle un duel magique ? Non, il en doutait puisque son éducation magique était déficiente. Une petite lumière s'alluma dans son esprit. Non, elle ne pouvait pas. Non, pas ça. Elle ne venait tout de même pas de le provoquer dans le but de l'amener à combattre à mains nues contre elle. Elle une femme. ELLE. Non mais quel con il pouvait être. Comment allait-il se sortir de cela maintenant ? La fierté Malfoyienne l'obligeait à combattre et à vaincre, même si jamais un Malfoy n'avait eu de scrupule à battre une femme, Draco ne pouvait se résoudre à la blesser intentionnellement. Il pourrait toujours simplement se défendre et attendre qu'elle se fatigue. La victoire ne serait pas très loyale mais n'était-il pas un Serpentard après tout, tout ce qui comptait s'était la victoire et non pas la façon d'y parvenir.
Mademoiselle Reyk, qui visiblement savait le langage des signes, était en train d'expliquer quelques chose à Orlane qui approuvait de la tête. Pendant ce temps, Rogue fulminait, Potter et Weasley rapportaient le tout à Granger qui n'avait suivit puisqu'elle parlait avec mademoiselle Scamander et Dumbledore et Mc Gonnagall échangeait à voix bases dans un coin reculé de la salle à manger. Lorsque toutes les dispositions furent prises, on annonça à tous qu'il y aurait un duel à mains nues qui opposerait mademoiselle Roy et lui-même dans le gymnase. Ensuite suivrait la rencontre de l'Ordre puisque certains ne pouvaient rester pour la nuit.
Génial, pensa le blondinet, en plus d'avoir à affronter la jeune femme, cela venait d'être proposé tel un spectacle que tous s'empressa d'aller voir dès le repas terminé. Draco n'avait plus rien avalé, anticipant la suite, Orlane pour sa part s'était contentée de boire du jus, qui à première vue ne semblait pas être à la citrouille. Peu avant la fin du repas, il vit mademoiselle Reyk se lever et chuchoter quelques mots à l'oreille de Lupin qui sembla acquiescer à la demande de la jeune femme, puis elle s'excusa à ses invités et quitta la pièce. Peu après, Rémus Lupin servait de guide dans les dédales de la résidence pour les amener tous à un immense gymnase aménagé dans l'aile Est de la maison. Draco et Orlane suivaient Lupin et les autres invités les suivaient eux en discutant et même en prenant des paris, le jeune Malfoy grimaça en entendant que sa cote n'était pas plus élevée que cela, il leur monterait bien à ces. BIP BIP.
Lorsqu'il entra à la suite de Lupin dans ce grand gymnase, il ne put s'empêcher d'être impressionné. Il s'agissait d'une immense pièce où tous les murs à l'exception de celui de la porte d'entrée, était en verre et donnaient une vue imprenable sur la plaine à l'extérieur. Le soleil ou la lune, brillaient toujours en ce lieu qui n'avait aucun autre éclairage. Comme le ciel était couvert, mademoiselle Reyk avait disposé plusieurs chandelles qui flottaient dans les airs pour éclairer un peu l'espace. Le sol était recouvert d'un épais tatami, le genre de tapis qu'utilisaient les judokas mais en un peu plus moelleux. Draco devina qu'il avait été posé là pour l'occasion car il ne recouvrait pas entièrement l'aire du plancher, il pouvait deviner que ce dernier était orné de plusieurs symboles runiques mais il ne pouvait les voir entièrement.
Les spectateurs prirent place tout autour du tatami, alors que Orlane enlevait sa chemise pour se retrouver uniquement en camisole blanche à bretelles fines qui lui allait divinement bien avec son pantalon trois- quarts bleu. Draco lui portait un pantalon beige avec un t-shirt vert, il n'enleva que ses souliers lorsqu'il vit faire son adversaire. Lorsqu'il se releva, il croisa le regard de Potter qui riait ouvertement de lui, Draco dut se retenir pour ne pas lui sauter dessus, un combat par jour lui était suffisant. Il ne se gêna cependant pas pour lui envoyer son regard meurtrier, celui qui faisait à tout coup ravaler ses paroles à la personne visée.
Plusieurs personnes riaient de bon c?ur, visiblement, il venait de manquer une bonne blague et à voir l'air qu'affichait Lupin à cet instant, il se doutait que l'ancien Maraudeur devait en être la cible. Le grand Weasley croisé dans le bureau du directeur, Bill, s'il se souvenait bien, en rajoutait même :
« - Eh bien, c'est un endroit fabuleux pour observer les étoiles, qu'est-ce que tu en dis Rémus ? T'es pas de mon avis ?
Tout à fait Bill, si tu regardes là (il pointait un espace dans le ciel) on peut très bien voir le triangle d'été qui est composé de trois des étoiles les plus brillantes, Deneb, Véga dans la constellation de la lyre et de Altaïr dans celle de l'Aigle, répondit Rémus.
Merci pour ce cours gratuit professeur Lupin, ironisa le grand rouquin un large sourire aux lèvres. Toi Javik, les étoiles, ça t'intéresse ? demanda narquoisement Bill.
Oui bien sûr mais j'ai une préférence pour celles dans les yeux de mon partenaire. »
L'assistance éclata d'un grand rire alors que Javik Reyk affichait un sourire victorieux et que Rémus Lupin secouait la tête en riant doucement, s'avouant vaincu. S'il avait bien comprit, Lupin et Reyk formaient un couple, pourtant, la demoiselle semblait plus jeune que le lycanthrope. Il faudrait qu'il farfouille un peu le sujet éventuellement, pour l'instant il devait se concentrer sur mademoiselle Reyk qui était revenue au centre du tatami et donnait les instructions :
« - Bon voilà, il s'agit d'un duel amical ayant pour but de démontrer différentes techniques de combat et pour nous divertir un peu, nous changer les idées avant de passer aux choses sérieuses. Donc, aucune baguette ne sera acceptée lors de ce combat, vous ne pouvez vous servir uniquement que de vos corps. Pas de morsures, pas de coups au niveau des parties intimes et dès que l'arbitre vous le signifie, vous devez arrêter immédiatement le combat. Est-ce bien compris ? »
Draco hocha la tête et vit Orlane faire de même, puis elle bougea la tête, étira ses bras, roula les épaules, fit quelques flexions. Visiblement, elle se préparait pour un combat en règle, pas seulement pour une quelconque escarmouche. Fort de son entraînement quasi quotidien, séquelle d'une option de cours l'année précédente, Draco se savait en forme physiquement, il suivit néanmoins la jeune femme dans ses échauffements. L'arbitre, mademoiselle Scamander, désignée par les deux parties, vint réclamer la baguette de Draco qui lui donna non sans hésiter un peu, un sorcier ne se séparait jamais de sa baguette magique, c'était son arme la plus sûre, cela il le tenait à la fois de son père mais également de mademoiselle Mac Kenzie. Comme il aurait aimé qu'elle soit là, il aurait pu lui démontrer qu'il n'avait pas chômé depuis la fin de l'année scolaire et qu'il continuait les apprentissages qu'elle lui avait enseignés. Mais elle n'était pas là, il devait maintenant se concentrer sur son adversaire, tenter de déceler ses points faibles et les exploiter à fond.
Malheureusement pour lui, Orlane Roy ne semblait pas avoir de points faibles visibles. Tout le monde en avait, ça il l'avait appris assez rapidement mais parfois cela prenait bien plus qu'un combat pour bien saisir son adversaire. L'observation était le premier atout d'un bon combattant, ça il le devait à mademoiselle Mac Kenzie car son père lui avait enseigné tout le contraire, selon lui, la ruse et la force magique étaient les plus importantes. Draco se souvenait encore de la démonstration faite par son professeur qui lui avait fait prendre conscience qu'il avait tout faut. L'observation. Ce n'était pas vraiment une tache difficile pour lui que d'observer Orlane, il avait toujours les yeux rivés sur elles, dès qu'elle était dans les parages.
Le signal de départ fut donné et Draco s'avança, sûr de lui, vers Orlane qui ne pouvait entendre les encouragements de l'audience. Orlane avait planté solidement ses deux pieds dans le sol et avait plié légèrement les genoux, le gauche légèrement devant le droit et ses mains étaient dans la même position, ouvrant et refermant les doigts à un rythme lent mais régulier alors que ses yeux étaient plantés dans ceux du blondinet. Draco fit le premier geste, ils ne pouvaient rester là à se regarder pendant des heures, quoi que cela ne l'aurait pas vraiment dérangé en d'autres circonstances. Il s'avança vers elle, d'un pas lent mais sûr, les mains en avant, elle leva les siennes à la même hauteur et leurs doigts se touchèrent, une fraction de seconde. Sans même qu'il ne s'en rende compte, le jeune homme était saisi par les poignets, soulevé par-dessus l'épaule de la jeune femme et balancé par l'arrière, atterrissant durement sur le dos.
C'est l'orgueil qui fut le plus blessé, les gens assistant criaient et encourageaient les deux combattants, Potter et ses amis riaient de lui pendant que Orlane le regardait de ce regard qu'il détestait tant. Il se releva rapidement, jeta un ?il à Rogue qui serrait les dents et les poings, puis se replaça face à son adversaire. Si au début, il avait prévu d'être doux et de seulement l'épuiser, maintenant il déclarait la guerre et il devait vaincre. Il tenta une feinte pour la faire déplacer, elle ne bougea pas d'un poil, ils s'achalaient mutuellement de leurs mains mais personne n'osaient faire le premier geste offensif, ils se jugeaient du regard. Soudain sans même qu'il ne la voit bouger, elle le saisi de nouveau par les poignets, replia malgré lui ses bras jusqu'à ses épaules, plaça une jambe derrière les siennes et le fit basculer sans plus de préambule. Il réussit cependant à l'entraîner avec lui dans sa chute mais elle demeurait en position dominante, à califourchon sur lui. Ce qui ne manqua pas d'attirer son lot de plaisanteries douteuses de la part des spectateurs.
Alors qu'il tentait de se relever en la poussant sur le côté, ou d'échanger les positions, il la vit se pencher un peu plus sur lui. Son c?ur s'accéléra, sa respiration se fit difficile mais le tout revint à la normale, lorsqu'il comprit qu'il ne s'agissait que d'une man?uvre pour enrouler ses jambes autours des siennes pour l'empêcher de se relever aussi facilement. Il se débattait avec l'énergie du désespoir, tout son corps lui faisait mal, deux combats en même pas vingt-quatre heures, c'était difficile physiologiquement. Il réussit à se dépêtrer de la prise de la jeune femme qui se releva avec beaucoup d'agilité. Draco posa ses mains derrière ses épaules et se releva en balançait le basin et en pliant les genoux. Ils étaient à nouveau face à face, il pouvait entendre Potter et Weasley encourager la jeune femme, Merlin qu'ils étaient sots, elle était sourde, ils croyaient qu'elle les entendait ou quoi. Bien sûr que non, c'était lui le sot, c'était uniquement pour le déstabiliser lui qu'ils criaient ainsi, dire que ça avait faillit marcher.
Draco s'avança rapidement vers son adversaire et après avoir échangé plusieurs coups tous bloqués par la jeune femme, il réussit a la toucher d'un bon coup de pied dans le thorax. Elle recula de quelques pas mais revint rapidement dans sa position défensive. Fort d'avoir touché son but pour la première fois, Draco attaqua de nouveau mais cette fois-ci, elle l'esquiva, lui saisi les avant-bras et l'envoya valser à l'autre bout du tatami. Il réussit néanmoins à rester sur ses deux jambes et revint à la charge, elle bloquait tous les coups qu'il lui portait comme l'avait fait ce karatéka qu'il avait vu un jour dans un film moldu. Alors qu'il reprenait son souffle, il eut une pensée pour son ancien professeur, mademoiselle Mac Kenzie n'aurait pas été très fière finalement. Il releva la tête et résolu à mieux paraître, mit en pratique les quelques notions de défense corporelles qu'elle lui avait apprises. Rapidement le combat repris mais cette fois-ci Draco ne se laissait plus distraire et était complètement concentré sur son adversaire, tentant de prévoir chacun de ses coups. Les échanges étaient enlevant pour ceux qui assistaient mais ne permettait pas d'élire un gageant.
Suite à une esquive rapide, Orlane perdit l'équilibre et tomba au sol, le jeune homme en profita pour tenter de l'immobiliser et s'élança sur elle mais au dernier moment, elle releva une jambe et le repoussa violemment au loin. Elle fut sur pieds bien plus rapidement que lui qui en avait eu le souffle coupé. Ils se redirigèrent l'un vers l'autre et les deux maintenaient les mains de l'autre au-dessus de leur tête, les bras croisés. Draco eut légèrement conscience de la voix de mademoiselle Reyk qui avertissait mademoiselle Scamander d'arrêter le combat mais avant que l'arbitre ne put faire le moindre geste dans leur direction, le jeune homme se retrouva parallèle au sol, tournoyant sur lui-même à une vitesse folle puis il s'effondra au sol avec un cri sourd de douleur et de surprise. Plus personne ne parlait dans la pièce, plusieurs visages affichaient de la consternation et de la compassion pour le jeune homme qui souffrait en silence maintenant sur le sol. Mademoiselle Scamander avançait vers lui, de même que Mc Gonnagall qui semblait soucieuse mais c'est la main de la jeune femme qu'il vit en premier. Elle la lui tendait, pour l'aider à se relever et pour ainsi clore ce duel qu'il avait perdu lamentablement.
En temps normal, il aurait refusé cette main adverse qui l'avait « torturée » mais son orgueil lui fit comprendre qu'il valait mieux accepter la défaite dignement que d'être « chouchouté » par la vieille sorcière qui approchait à grands pas. Il se saisit donc de la main de Orlane et se remit sur pied avec son aide. Il remarqua qu'elle ne souriait pas victorieusement comme il l'avait cru mais son regard reflétait quelque chose d'autre, comme du respect. Il n'avait somme toute pas tout perdu si au moins ce combat lui avait permis qu'elle ressente du respect pour lui.
Mc Gonnagall insista pour vérifier qu'il n'avait rien de cassé, il se débattit autant qu'il pouvait, certes, il avait mal partout mais il aurait préféré mourir que de l'avouer. C'est mademoiselle Reyk qui vint à son secours, elle repoussa gentiment le professeur de métamorphose et offrit une petite fiole à Draco, renfermant un liquide verdâtre peu ragoûtant. Il savait ce que c'était, cette potion lui enlèverait ses courbatures et ferait disparaître les diverses douleurs qu'il ressentait. Pendant qu'il buvait et recevait les félicitations de certaines personnes, il vit Mc Gonnagall gesticuler à grands coups de moulinets de mains et de bras devant une Orlane l'observant d'un air impassible.
Draco demanda à mademoiselle Reyk de lui traduire les propos des deux femmes :
« - Mc Gonnagall lui passe un sapin pour t'avoir mal mené, disant que ce n'est pas un comportement acceptable, bla bla bla. Et Orlane lui répond que tout est de ta faute, que tu n'aurais pas du accepter sans savoir à qui tu te mesurais.
À qui je me mesurais, demanda curieux Draco en fixant mademoiselle Reyk qui lui souriait doucement.
À une championne de karaté moldu. Plutôt douée à la voir aller, commenta Reyk.
Ben pas tant que cela, tenta de la discréditer le jeune homme, orgueil oblige.
Mon cher monsieur Malfoy, vous avez été chanceux qu'elle soit si douce avec vous », conclut Reyk avec un sourire compatissant en quittant le jeune homme.
Douce, elle avait été douce avec lui, Merlin, pourquoi alors avait-il si mal partout et pourquoi cette satanée potion prenait-elle autant de temps à agir ?. Et pourquoi Potter et Weasley n'étaient visibles nulle part ? Sans doute étaient-ils partis se payer sa tête dans un coin à l'écart. Draco fulminait, il se vengerait bien un jour. Oui, il aurait sa revanche, foi de Malfoy.
