Titre : Créatures oubliées
Auteur : Epayss
Adresse e-mail : epayss@hotmail.com
( Vous avez vu, j'ai fait des efforts de présentation, c'est qu'au début je n'avais pas l'intention de publier cette fic)
Attaques et révélations
Et voilà une nouvelle semaine qui commence. Harry s'extirpa de son lit avec difficulté. Il avait la tête toute embrumée et ses idées ne se firent nettes qu'au bout de quelques minutes. Malgré les longues nuits qu'il passait à dormir, il avait toujours beaucoup de mal à sortir du sommeil le matin. Gramine l'avait prévenu de ces effets quelque peu gênants, mais au moins il n'avait plus mal à sa cicatrice maintenant.
Le sorcier se leva, faisant de même que ses camarades de classe. Il faisait complètement nuit dehors, ce qui n'encourageait pas à sortir du lit. Harry songea :
« Bon, le Cours de Défense contre les Forces du Mal va me réveiller... j'espère. »
Après s'être habillés, tout le monde descendit dans la Grande Salle. Harry remarqua qu'il n'était pas le seul à avoir encore sommeil, en voyant les élèves bailler à se rompre la mâchoire. En rejoignant sa place, il fit un vague bonjour à tous ceux qui lui adressaient la parole, puis il retrouva Hermione, encore et toujours plongé dans un de ces gros bouquins qui vous découragent de les lire rien qu'à en voir l'épaisseur ( sauf quand ça s'appelle Harry Potter ^__^ ).
« Qu'est-ce que tu lis ? » demanda Harry d'une voix pâteuse.
« Un livre sur les grands rois-sorciers du XIIème siècle. C'est passionnant. »
Ron vint s'asseoir à côté d'elle et leva les yeux au ciel en l'entendant dire ça. Avait-elle déjà eu entre les mains un livre qui ne soit pas superbe, magnifique, ou hyper intéressant ?
« Et qu'est-ce qu'ils avaient de spéciaux ces rois ? » s'interrogea Harry, n'ayant apparemment pas suffisamment émergé du sommeil pour comprendre qu'il venait de faire une grosse bêtise : Hermione en avait bien pour ½ heure à raconter ce qu'elle avait retenu, c'est-à-dire tout.
« Les rois-sorciers ne vivaient pas différemment des rois Moldus, » commença-t-elle, « mais bien sûr leurs demeures étaient déjà protégées par des sortilèges afin qu'ils ne soient pas repérés, notamment il y avait autour de leurs châteaux des protections semblables à celles qui entourent Poudlard. La plupart d'entre eux possédaient un animal bien particulier, qui leur servait pour la chasse mais aussi pour leur protection personnel. Ces animaux n'ont passé que un siècle à peu près aux côtés de ces rois, car après, ils ont été rejetés. Mais il y a quelque chose d'étrange, c'est que pas une fois n'est cité le nom de ces créatures, et on ne sait rien de leur expulsion ni si elles existent encore... »
Hermione leva la tête devant le manque de réaction apparent de ses amis.
« Ca ne vous intéresse pas ce que je vous raconte ? »
« Oh tu sais, Hermione, on s'en fout un peu des fréquentations des rois. » répondit Ron.
« Si vous tenez à rester incultes toute votre vie, c'est votre problème ! » Et elle replongea dans son livre.
Ron regarda Harry, l'air désemparé, en haussant les épaules.
Après avoir mangé, les cinquième année de Gryffondor rejoignirent comme d'habitude les Serdaigles pour une matinée entière de Défense contre les Forces du Mal. Ils entrèrent dans la salle de classe et s'assirent derrière les tables, attendant le professeur Lupin. Mais au lieu de voir arriver leur professeur habituel, ils se trouvèrent en face de Rogue !
« Silence !! » ordonna-t-il.
Les élèves, qui déjà étaient particulièrement calmes, ne firent plus aucun bruit, si bien qu'on aurait pu entendre les mouches de Rogue voler sur sa tête.
« Comme vous pouvez le constater, je vais remplacer le professeur Lupin aujourd'hui », reprit-il d'une voix sifflante, un léger sourire de vainqueur sur le visage. « Bien, comme c'est la première fois que nous nous rencontrons dans cette matière, j'aimerai savoir s'il vous a donné des indications sur ses prochains cours. Evidemment, l'organisation n'est toujours pas sa première qualité, ça se voit tout de suite. » Rogue jeta un regard méprisant sur le bureau, où s'amassait quantité de parchemins, de livres et d'objets de toutes tailles et de toutes sortes. Il y avait notamment un bocal contenant les morceaux de coquilles d'œuf du Noir des Hébrides, mais personne ne savait encore à quoi ça pouvait bien servir- moi-même je ne le sais pas-.
Hermione leva la main à la vitesse d'un boulet de canon, désireuse de montrer tout ce qu'ils avaient déjà appris.
« Alors, personne ? »demanda Rogue, ignorant la main levée d'Hermione. « Londubat ! Qu'est-ce que vous avez étudié la semaine dernière ? » rugit-il.
« Heu... » Neville était tétanisé sur sa chaise. En face de son professeur habituel, il aurait répondu sans hésitation, mais là, il n'arrivait pas à articuler le moindre mot, malgré les élèves qui chuchotaient la réponse tout autour de lui.
« Apparemment, vous n'avez pas fait grand-chose... » continua Rogue sur un ton sardonique.
« Monsieur... » supplia Hermione, la main toujours levée.
« QUOI !! » aboya le professeur.
« La semaine dernière, nous avons... »
« Ce n'est pas à vous que j'ai posé la question, Miss Granger. J'enlève 10 points à Gryffondor pour tant d'insolence. »
Hermione se tut, toute rouge.
« Bien, puisque personne n'est capable de répondre à ma question, nous allons aborder quelque chose de tout à fait différent : le duel. »
Et pendant près d'une demi-heure, Rogue leur parla des règles fondamentales du duel, et leur utilité. Bien que le professeur soit détestable, il s'y connaissait un peu en matière de duel, ce qui n'étonnait pas beaucoup Harry, car il avait déjà organisé en partie un club de duel, il y a trois ans. Après un discours quelque peu ennuyeux, ils passèrent aux travaux pratiques. Les tables furent repoussées contre les murs, et deux par deux, Gryffondors et Serdaigles s'entraînèrent à se lancer de faibles sortilèges, en appliquant les règles du duel. Harry était certain que Rogue était déçu que ce ne soit pas les Serpentards qui partageaient ce cours avec les Gryffondors, car il aurait alors eu un malin plaisir à retirer des points à Gryffondor à chaque débordement de situation. A la fin du cours, les élèves ressortirent de la salle épuisés d'avoir dû supporter ce prof aussi longtemps. Et dire que juste après le déjeuner, ils avaient encore deux heures de potions !
Avant de descendre dans la Grande Salle, Harry alla voir Gramine dans sa chambre. En entrant, il s'aperçut qu'elle dormait encore. En effet, elle était repartie dans sa chambre dès qu'elle l'avait réveillé et elle n'en était plus sortie.
« Elle a encore dû passer la nuit à arpenter le château », pensa-t-il. « Je me demande bien ce qu'elle fait pour être aussi fatiguée le matin. »
Le mardi soir suivant, eut lieu comme d'habitude l'entraînement de Quidditch. Le problème, c'est qu'à 18h il faisait totalement nuit en cette période de l'année, et les joueurs avaient bien du mal à voir les balles et à ne pas se percuter entre eux. Heureusement pour eux, il ne pleuvait pas ce soir, et ils pouvaient ainsi bénéficier de la lumière de la pleine lune.
Harry rentra de l'entraînement exténué. Ils devaient redoubler d'ardeur en ce moment, en raison de l'approche de leur prochain match de Quidditch contre les Serpentards le 6 décembre. Le sorcier était tellement fatigué qu'il faillit s'endormir sous la douche lorsque Ron vint lui dire de se dépêcher pour aller manger.
Pendant le dîner, ça allait déjà beaucoup mieux, Harry fut pris d'une fringale et se mit à vider son assiette aussi vite qu'il l'avait rempli. Gramine, qui était assise en face de lui, fut épatée par la rapidité avec laquelle il mangeait, tandis qu'elle peinait à finir son assiette de pommes de terre. Mais elle c'était pour d'autres raisons : elle sentait que c'était pour ce soir. Enfin, la bête allait de dévoiler. Elle la sentait approcher de sa cible, une cible qui se nommait Harry Potter. Elle avançait entre les tables sans que personne ne s'en rende compte. Gramine fit comme si de rien n'était, attendant qu'elle se rapproche, encore. Aucun son, aucune odeur ne venait trahir sa présence. Et pourtant elle était bien là. Gramine avertit Harry par la pensée :
« Harry ne bouge pas, ne te retourne surtout pas et baisse la tête, lentement ». Le sorcier obéit, ayant une entière confiance en la tigresse. Personne ne remarqua leur petit manège, heureusement. Gramine campa ses pattes arrière sur le banc, enfonça ses griffes dans le bois, tendit chaque muscle de son corps. Elle murmura dans un grondement sourd :
« Cette fois tu ne m'échapperas pas. » Et elle sauta droit devant elle, par-dessus la table et la tête de Harry.
Aussitôt, un concert de grognements s'éleva dans la salle. Gramine se tenait maintenant derrière Harry, elle était juchée sur une chose invisible et semblait se battre contre elle. Mais alors qu'elle se mettait à glisser contre le corps de son adversaire, elle planta ses griffes avant, enserra fermement ce qu'elle tenait entre celles-ci, et tira d'un coup sec vers elle, se soulevant sur ses pattes arrières. Dans un souffle d'air, une étoffe d'une teinte argentée tomba par terre, émettant des reflets luisants au pied du monstre dévoilé. La bête, furieuse d'avoir été découverte de cette façon, rua et détala à toute vitesse en direction de la table des professeurs, sans faire demi-tour. Son aspect monstrueux ressemblait fortement à un grand loup-garou. Elle avait un museau court, un dos arqué lui donnant une silhouette très trapue et quatre puissantes pattes. Tout son corps était recouvert de poils bruns, épais et emmêlés. Enfin, elle était aussi grande que la tigresse quand elle portait son armure, c'est-à-dire une hauteur au garrot d'environ 1m70.
Gramine eut juste le temps de crier « Ta cape, Harry ! » avant d'être entraînée par le monstre. Maintenant qu'elle l'avait attrapé, elle ne tenait vraiment pas à lâcher prise. Elle avait agrippé ses griffes dans les touffes de poils situées sur le dos de l'animal, qui se mettait à courir à une vitesse fulgurante. Quand il arriva devant la table des professeurs, il tourna d'un quart de tour sur la gauche, dérapant quelque peu sur la pierre, et reprit de la vitesse. Mais cette fois il fonçait droit dans le mur ! Gramine se rapetissa sur le dos de son adversaire, ne tenant pas à encaisser le choc la première. Elle se tint prête à sauter, mais l'accident ne survint pas. Au lieu de s'être bêtement assommé sur le mur, le monstre avait sauté dessus, tout en effectuant un autre quart de tour vers la gauche, le mettant maintenant face à la sortie. Et il reprit sa course, courant cette fois sur le mur vertical. Grâce à la vitesse qu'il avait acquit avant, celle-ci était suffisamment puissante pour plaquer l'animal contre le mur, lui permettant ainsi de courir ne serait-ce qu'une ou deux seconde dessus, juste le temps de traverser à nouveau la salle et de pouvoir s'enfuir. Mais Gramine ne s'était pas préparée à ça, et elle commença à perdre l'équilibre. Elle déploya ses ailes pour se rétablir, mais rien n'y fit. Et elle tomba sur le sol, s'étalant sur plus de quatre mètres sur le flanc gauche. Elle se releva, boitant, le côté gauche en sang et courut à la suite de l'animal qui avait déjà passé les portes de la salle.
Puis ce fut le silence dans la Grande Salle. Les élèves, ne sachant quoi faire, s'étaient contentés de regarder la scène avec appréhension, de même que les professeurs. Soudain, ce fut la panique générale. Tout le monde se leva, en proie à une vive frayeur, mais ils restèrent devant leur table, se demandant s'il y avait un endroit sûr dans ce château où se réfugier. Le professeur Dumbledore demanda le silence d'une voix sonore, tandis que les professeurs sortaient leurs baguettes de leurs poches. Les élèves se turent, terrorisés. Au loin, un puissant rugissement se fit entendre, déclenchant des frissons parmi les sorciers. Harry ramassa sa cape d'invisibilité et la planqua sous sa robe. Ce n'était vraiment pas le moment de l'exhiber devant tout le monde.
« Les préfets, » ordonna Dumbledore, « ainsi que les professeurs, resterez ici avec les élèves. Moi-même et le professeur Mac Gonagall allons voir ce qu'il se passe dans le parc. Restez calmes, je ne pense pas que vous craigniez quelque chose maintenant. » Le directeur suivie de son adjointe sortirent de la salle, la baguette en main.
Les autres professeurs ordonnèrent aux élèves de s'asseoir, tandis que les préfets passaient entre les tables pour rassurer les élèves et tenter d'obtenir des informations de la part des professeurs.
Quelques minutes passèrent. Puis les deux professeurs revinrent, accompagnés d'une Gramine plutôt mal en point. Elle boitait toujours et avait maints égratignures, comme si elle avait fait un tour du côté de la forêt interdite c'était peut-être ce qu'il s'était passé.
Le professeur Dumbledore s'adressa à l'assemblée :
« Je pense, que vous êtes en droit de savoir ce qu'il s'est passé. Un Aupengyar a pénétré dans l'école. D'après ce que m'a dit Gramine, il est là depuis le début de l'année scolaire, et s'il n'y a pas eu d'accident avant aujourd'hui, c'est uniquement grâce à notre tigresse. Vous pouvez maintenant continuer le repas, il n'y a plus rien à craindre. L'Aupengyar a été repoussé dans la forêt et ne reviendra pas de sitôt. Sachez que si cette créature est ici, c'est pour une raison bien précise. D'après moi, elle n'en veut qu'à une seule personne ici présente, et ne s'attaquera à personne d'autre. (murmures discrets parmi les élèves. Les regards se tournent vers Harry.) Quand vous aurez fini de manger, vos préfets vous reconduiront dans votre salle commune. Mr Potter, et Gramine, venez avec moi. »
Harry se détacha de la masse d'élèves et rejoignit le directeur. Il s'approcha de Gramine, ne sachant quoi lui dire : il devait la remercier, mais d'un autre côté il avait failli se faire tuer ou enlever alors qu'elle savait que l'Aupengyar était juste derrière lui. Finalement, il lui dit :
« Tu vas bien ? »
« Ca pourrait aller mieux. Et toi ? »
« Bien, grâce à toi. »
« Ce n'est rien, je t'avais dit que je ferai attention à toi. Je lui ai fait une belle peur, à cet Aupengyar. Il n'est pas prêt de revenir. » ajouta-t-elle en rigolant.
Pendant qu'ils discutaient, le professeur Dumbledore les avait conduit à travers les couloirs du château, jusqu'à une gargouille bien connue de Harry pour s'être quelquefois énervé dessus. Ils s'arrêtèrent devant, Dumbledore lui dit le mot de passe « carambar » et elle ouvrit le passage. Ils montèrent l'escalier et entrèrent dans le bureau du directeur. Il n'avait pas changé depuis la dernière visite de Harry. Il y avait toujours les mêmes tableaux accrochés au mur, les mêmes objets insolites dans leurs armoires de verre et de bois, rien n'avait changé. Fumseck vint virevolter autour des nouveaux arrivants puis il se posa sur l'épaule de Dumbledore. Le directeur s'assit derrière son bureau et invita Harry et Gramine à faire de même – la tigresse se contenta de s'asseoir par terre – .
« Bien, il est inutile de te cacher, Harry, que tu es La cible de l'Aupengyar. » commença Dumbledore. « Mais il y a une méthode pour lui échapper. Il ne faut jamais que tu sois seul dorénavant. Si tu te trouves avec d'autres personnes, l'Aupengyar ne t'attaquera pas car il risquerait alors de blesser ceux qui t'accompagnent. D'autre part, cet animal ne te tuera pas, il doit avoir l'ordre de t'enlever, sinon il n'aurait pas attendu tout ce temps. En fait tu es en sécurité tant tu es accompagné, mais ne va quand même pas dans le parc sans Gramine, car tu y est bien plus vulnérable. N'oubliez pas tous les deux que c'est un animal très intelligent et il n'abandonne pas sa tâche si facilement. »
« D'accord, professeur. » acquiesça Harry en hochant la tête. « Je pourrai quand même jouer au Quidditch ? »
« Oui, bien sûr, tu ne crains rien en plein vol, tant que Gramine te surveille il n'y a pas de problème. Dès ce soir je vais essayer d'obtenir du Ministère un renforcement des défenses du château, mais je ne garantis pas le résultat. Le Ministre de la Magie ne s'est toujours pas rendu compte du retour de Voldemort, alors je ne pense pas qu'il fera quelque chose pour l'école. »
« D'où connaissez vous les Aupengyars, professeur ? » demanda Harry.
« Il y en avaient quand Voldemort était au sommet de sa puissance. Ils occupaient les villes, capturaient des gens pour leur Maître... leur retour est une nouvelle preuve de la réapparition de Voldemort. Mais Gramine, tu avais quelque chose à nous dire, non ? »
« Oui. Je me souviens de la nuit où je suis tombée dans le coma. Le fait de voir enfin l'Aupengyar de mes propres yeux m'a fait recouvré la mémoire, et je n'ai maintenant plus rien à cacher, je peux tout vous raconter :
L'Aupengyar est resté caché près de 2 mois proche de l'enceinte de Poudlard. Il a observé tout ce qu'il se passait dans le parc avant de pouvoir s'y aventurer. Il savait que je pouvais être un obstacle pour lui, car je suis sensible aux présences animales. Alors, la nuit où Harry et moi avons vu son entrée en rêve, il a décidé de m'assommer pour ne pas que je me souvienne tout de suite de ce rêve ou que je puisse savoir trop vite qu'il était déjà là. Et ça a marché. Un simple sortilège de lévitation a suffi. Ainsi il m'a mis hors d'état de nuire pour quelques jours. Je pense que c'est comme ça qu'il s'y est pris, en vertu de ses aptitudes.
Après mon réveil, toutes les nuits, je l'ai chassé. Souvent, il arrivait à rentrer dans le château mais il n'y faisait rien de particulier. Une fois que je l'avais repoussé dans la forêt interdite, c'était bon pour la nuit, je pouvais alors me reposer un peu.
Lors d'un entraînement de Quidditch, il a encore une fois utilisé un sortilège de lévitation pour briser la malle de Harry et y récupérer sa cape d'invisibilité. Il use vraiment d'une stratégie remarquable. Et ce soir, il s'est servi de la cape pour nous surprendre. »
« Pourquoi ne nous as-tu rien dit ? » questionna Dumbledore.
« Je voulais justement qu'il soit surpris, vu que personne ne s'attendrait à ce qu'il soit là. Si les professeurs avaient été prévenus, jamais il n'aurait pu agir et il aurait dû utiliser une autre technique, peut-être plus efficace. Là au moins, il va y réfléchir à deux fois avant de faire n'importe quoi. Mais il y a encore un élément qui manque. L'Aupengyar reçoit des informations de quelqu'un dans le château, j'en suis sûre. Sinon il n'aurait jamais pu savoir où se trouvait la chambre de Harry ni qu'il avait une cape d'invisibilité dans sa malle. Voilà, c'est à peu près tout. »
« Merci, Gramine. Cet animal n'est dangereux que pour Harry et aussi bien sûr pour toute personne le provoquant, mais soyez sur vos gardes, on peut avoir des surprises avec lui. Harry, tu as quelque chose à ajouter ? »
Harry, qui avait écouté toute la conversation ( heureusement parce que c'est quand même pour ça qu'il est venu), avait gardé les sourcils froncés la plupart du temps, et il avait maintenant l'air de quelqu'un qui cherche à se souvenir de quelque chose sans arriver à faire un rapprochement avec les évènements actuels.
« Oui, je me souviens d'un rêve... que j'ai fait pendant l'été. Je suis certain maintenant qu'il était réel et qu'il s'est passé cette nuit là. J'étais vraisemblablement à la place d'un sorcier ou d'un Moldu et... je me suis fait attaqué par un Aupengyar, je sais que s'en était un vu qu'il avait la même tête que celui qu'on vient de voir. Je me souviens que, juste avant qu'il ne m'attaque, il m'a soutiré des informations, mais je ne sais pas lesquelles. Evidemment, ce n'était pas moi qui habitait ce corps, mais ça m'a quand même marqué. »
« Te souviens-tu quel nuit ça s'est passé ? » demanda Dumbledore.
« Hum... c'était juste la nuit avant qu'on m'emmène au Chaudron Baveur... (il réfléchit) ...(encore)... le 26 août ! C'était la nuit avant le 26 août. »
« Alors cet attentat est bien réel, car il est apparu dans la Gazette du Sorcier le lendemain. Le sorcier qui est mort cet nuit là détenait les informations sur ton acheminement jusqu'au Chemin de Traverse. En gros, c'était lui qui avait organisé ton séjour au Chaudron Baveur et la rencontre avec les Weasleys et Gramine. Etiez-vous au courant de l'attentat sur le bar « Au Dragon Flambé » ? »
La tigresse hocha la tête.
« Je pense que vous pouvez sans mal faire le rapprochement entre les deux attentats, maintenant. » reprit le directeur.
« Mais nous ne devions pas aller au Dragon Flambé ! » s'exclama Harry.
« Non, mais le sorcier qui est mort a menti » expliqua Dumbledore. « Il savait qu'il allait mourir, sans aucun doute, alors il a préféré mentir pour te sauver, Harry. Evidemment, la supercherie n'a pas dû faire très plaisir à Voldemort... »
« Les Aupengyars savent parler ?? » intervint Gramine avec un temps de retard.
« Oui, » répondit Dumbledore, « mais pas couramment, ils ont un vocabulaire limité et très ancien. Et ils ne discutent pas souvent, non plus. »
« Je ne savais pas. Il ne m'a jamais rien dit. »
Le silence s'installa dans la pièce, chacun réfléchissant à ce qu'il venait d'apprendre. Le phénix descendit de son perchoir et se plaça contre la tigresse. Des larmes perlèrent de ses yeux, coulant sur la fourrure du félin, guérissant progressivement les plaies de son flanc gauche. Gramine remercia l'oiseau d'un frottement de tête sur son doux plumage puis elle se mit à se nettoyer à coups de langue, de la tête jusqu'au bout de la queue. Elle sortit une bande de son sac qu'elle emportait partout et l'enroula autour sa patte boitant, maintenant l'os fêlé aussi bien qu'un plâtre et permettant tout de même aux muscles une grande mobilité.
Le professeur Dumbledore coupa le silence :
« Vous avez faim ? »
Harry et Gramine firent signe que non.
« Je vais vous laisser retourner dans vos chambres alors. »
Harry se leva et se dirigea vers la porte, suivi de Gramine.
« Bonne nuit professeur » firent-ils en chœur.
« Bonne nuit » répondit Dumbledore, un sourire bienveillant aux lèvres.
Ils descendirent l'escalier en colimaçon et se retrouvèrent dans le couloir. Ils prirent le chemin vers la tour de Gryffondor, calmement. Les couloirs sombres seuls faisaient résonner les cliquetis des griffes sur la pierre et les bruits de pas mous des chaussures du sorcier. Tout était calme. Le repas devait être fini depuis un bout de temps. Ils arrivèrent devant le portrait de la Grosse Dame. Derrière on pouvait entendre des bruits de discussions animées.
« Ca va être notre fête » souffla Harry.
Le sorcier dit le mot de passe ( « lion d'or ») et le tableau bascula sur le côté. Aussitôt, ils furent happés par la foule, passés de main en main. Gramine fut félicitée par la belle performance qu'elle avait faite, et fut envahie de caresses, jusqu'à ce que les préfets désespérés de faire régner l'ordre arrivèrent enfin à calmer les élèves. Ils montèrent dans le dortoir. Quelques minutes plus tard, après avoir endormi Harry, Gramine redescendit dans la Salle commune. Beaucoup d'élèves étaient encore là, dont les jumeaux Weasleys :
« Tu vas encore... chasser cet Aupengyar, Gramine ? »
Fred avait pris un air sérieux en disant cela, si sérieux qu'il semblait l'être vraiment.
« Hé bien, je vais faire ma ronde habituelle, mais je ne pense pas que l'animal reviendra avant quelques temps, je lui ai asséné quelques blessures qui vont l'affaiblir pendant plusieurs jours, crois-moi. Pourquoi me demandes tu cela ? »
« C'est parce que... on n'a pas envie de te perdre, Gramine. » répondit Georges. « On ne savait pas que toutes les nuits tu protégeais le château, alors on voulait te remercier pour ce que tu fais pour nous. Et en gage de notre bonne foi, nous t'offrons avec bon cœur ceci ! »
Fred sortit de sa poche une clé. C'était une jolie clé en bronze, longue comme la main, fine et légère.
« Qu'est que c'est ? » demanda la tigresse, méfiante. « Ca sent le piège, votre cadeau. »
« Arrête, tu vas finir par nous vexer » dit Fred, prenant un air tout penaud. « On a piqué cette clé à Rusard, dans son bureau. Comme elle était dans les objets confisqués, on ne s'est pas fait prié. Tu sais, c'est dans ce même tiroir qu'on a trouvé la Carte des Maraudeurs. »
« Oui, mais vous voulez que je fasse quoi avec ? »
« Que tu trouves la salle d'où vient cette clé, si tu as le temps, bien sûr. D'habitude, on a pas besoin de clé pour ouvrir une salle, alors à notre avis, elle ouvre une salle qui est isolé de la magie, mais ce n'est qu'une supposition. »
Gramine dévisagea les jumeaux, tentant de trouver ce qu'ils avaient en tête. Contrairement à toute attente, ils semblaient tout à fait innocents et simplement curieux de découvrir cette salle.
« Bon, d'accord. » accepta la tigresse. Elle prit la clé et la rangea dans son sac en bandoulière. « Je m'en occuperai quand j'aurai un peu de temps. »
Ravi, les jumeaux effectuèrent une grande révérence, tenant un chapeau invisible à la main, puis ils filèrent dans leur chambre.
Gramine sortit de la Salle commune. C'était bien la première fois qu'on lui demandait un service de ce genre. « Mais si ça peut leur faire plaisir, je la chercherai cette salle. » pensa-t-elle.
Puis la tigresse arpenta les couloirs, comme d'habitude. Cette fois, pas trace d'Aupengyar dans le château. En chemin, elle rencontra le minuscule professeur Flitwick.
« Bonsoir Gramine, vous faites votre tour de garde nocturne ? »
« Oui professeur. »
« Allez vous reposer pour cette nuit, vous devez être très fatigué après ce qu'il s'est passé ce soir. Les professeurs se chargeront de surveiller le château, ne vous en faites pas. »
« Merci, professeur. » Et elle fit demi-tour et rejoignit sa chambre.
Avant de se coucher, elle sortit quand même la clé et la posa sur l'unique table de la pièce. A la lumière de la pleine lune, elle rejetait une lueur froide, et blanche.
Le lendemain, Hermione se réveilla très tôt. Elle avait réfléchi toute la nuit à cet Aupengyar, et elle avait très envie d'en savoir plus. Elle s'habilla en vitesse et descendit dans la Salle commune. Celle-ci était vide, la sorcière était la première à s'être levée. Elle parcourut les couloirs vides eux-aussi, et très sombres. Il ne devait pas être plus de 7h00. Elle arriva devant la bibliothèque, ouvrit la porte. « Ouf, c'est ouvert ! » pensa-t-elle.
Hermione savait exactement ce qu'elle cherchait, et elle trouva vite le livre qui l'intéressait :
« Les Animaux Fantastiques » de Newt Scamander. Elle commença tout d'abord à chercher à la lettre O, mais n'y trouva qu'un seul animal inscrit, et pas celui désiré.
« Hum, je me suis sûrement trompé quelque part... Peut-être qu'il s'écrit AU, oui ça doit être ça. » Elle feuilleta encore une fois le volume, et s'arrêta à une page.
« Voyons ce qu'il y a ... Acromantula... Augurey... Basilic... Quoi ? Il n'y est toujours pas ? Je croyais que ce livre était complet. Bon, je demanderai à Hagrid, peut-être qu'il en sait un peu plus. »
Hermione rangea le livre et sortit de la bibliothèque.
Après le petit-déjeuner, la jeune fille se rendit dans le parc où elle devait avoir cours de Soins aux Créatures Magiques. Elle frappa à la porte de Hagrid. Pas de réponse. Elle frappa à nouveau. Une voix forte retentit derrière elle.
« Bonjour Hermione. Qu'est-ce que tu fais dehors de si bon matin ? »
Hagrid se tenait derrière elle, son arbalète à l'épaule et Crockdur à ses côtés.
« Oh bonjour Hagrid, je me demandais si vous connaissiez un peu les Aupengyars. Je viens de la bibliothèque et je n'ai rien trouvé dans le livre que je pensais le mieux fourni en nombre de créatures magiques... »
« Ah, je vois... En fait, je n'en avais jamais vu jusqu'à hier. Il est vrai que j'en ai entendu parlé quand Tu-sais-qui était au pouvoir, mais je ne connais rien sur eux. Tu devrais essayer auprès du professeur Mac Gonagall, elle doit en savoir plus. »
« D'accord. »
Puis Hermione aida Hagrid à sortir les Jarveys dehors, en attendant les autres élèves.
Le cours se passa normalement, néanmoins Gramine avait été appelée pour surveiller les élèves car ils étaient très proches de la forêt interdite.
Après le déjeuner, les Gryffondors avaient un cours de Métamorphose. Quand ils entrèrent dans la salle, Harry surprit un faible sourire sur le visage de son professeur quand elle le vit entrer dans la pièce. A peine les élèves eurent-ils le temps de sortir leurs affaires qu'Hermione leva la main. Mac Gonagall lui donna la parole :
« Oui, miss Granger ? »
« Madame, est-ce que vous pouvez nous parler des Aupengyars ? » demanda Hermione d'une petite voix.
Mac Gonagall parut surprise de la brutalité avec laquelle avait été posée la question, mais devant le vif intérêt que celle-ci avait suscité parmi les élèves, elle consentit à répondre à la question.
« Je ne sais pas grand-chose sur ces créatures, si ce n'est qu'elles sont très anciennes et qu'elles ont servi Vous-savez-qui de nombreuses années. Il y a bien longtemps, elles ont été chassées d'Europe car elles étaient devenues trop dangereuses. Elles ont été refoulées en Sibérie, dans les forêts, et ont été totalement oubliées, si bien qu'elles n'apparaissent pas dans les livres sur les créatures magiques.
Lorsque Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est arrivé à l'apogée de sa puissance, il est allé retrouver les créatures oubliées et leur a promis leur honneur d'antan. Les Aupengyars y ont trouvé une possibilité d'être réhabiliter auprès des sorciers et ils sont par la suite devenus de puissants servants de Vous-savez-qui. Exécutant tous types de missions pour le compte de leur nouveau maître, comme tuer ou capturer des personnes importantes, ils ont fini par pouvoir régner sur certaines villes. Vous-savez-qui a bien failli tenir ses promesses, mais Il disparut il y a 14 ans. A Sa chute, les Aupengyars furent à nouveau chassé et ils revinrent en Sibérie. Ce fut une grave erreur de les expulser ainsi, nous aurions dû les accueillir à bras ouverts, mais maintenant que Vous-savez-qui est revenu, tout est sur le point de recommencer. Ils ressortent des forêts, nous en avons vu un exemple hier.
Ces animaux ne sont pas dangereux si on leur offre ce qu'ils veulent. Ils désiraient simplement une place parmi nous, mais au lieu de cela nous les avons rejetés, à nous d'en subir les conséquences.
Ces créatures sont maintenant redoutées de tous, et en plus, nous n'avons aucune idée du nombre qu'elles sont aujourd'hui. La lévitation est leur allié le plus puissant, et ils n'utilisent pas de baguette magique.
Je veux que vous sachiez une chose, c'est que à priori, il n'y a qu'une personne qui soit en danger dans cette école. Mais je pense qu'elle le sait déjà. Si jamais il vous arrive de le rencontrer, surtout ne paniquez pas et ne tentez pas de l'attaquer. S'il ne se sent pas provoqué, il ne vous fera rien. Il est inutile de courir pour leur échapper, ils sont beaucoup plus rapides que vous. »
« La protection qui entoure Poudlard ne marche pas contre eux ? » demanda Seamus.
« Les Aupengyars ont côtoyé les hommes quelques temps avant d'être chassés, et comme nous avons une protection très ancienne, il est possible qu'il savait comment passer outre. »
« Professeur » interrompit cette fois Ron, « on pourrait placer des défenses autour du château, comme il y a deux ans avec les Détraqueurs. »
« La demande a été faite hier soir, Mr Weasley. » répondit Mac Gonagall. « Et la réponse est... négative. Et ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien. »
Soudain, Gramine, qui s'était assise au fond de la classe, se leva d'un bond. Elle avait l'air de quelqu'un qui venait d'avoir une illumination. Elle courut vers la sortie, s'excusa auprès du professeur, et sortit. Mac Gonagall regarda Harry, cherchant à savoir ce qui avait pris à la tigresse de sortir du cours comme ça, mais le sorcier haussa les épaules, n'en sachant pas plus (note de l'auteur : cette phrase est complètement débile quand on regarde bien lol).
Dans le couloir, Gramine s'arrêta. En entendant le professeur Mac Gonagall parler, elle s'était rendue compte d'une chose : si les Aupengyars n'attaquent pas les autres élèves, comment se fait-il que Drago Malefoy se soit fait blesser ? Elle avait donc décidé d'avoir une petite discussion avec le Serpentard. Et maintenant qu'elle avait quitté la classe, elle ne pouvait plus faire demi-tour, alors elle décida d'aller chercher Drago dans sa classe. Après tout, c'était très important ce qu'il avait à lui dire, le professeur ne ferait pas d'objection à ce qu'il s'absente quelques minutes. Le problème, c'est qu'elle ne savait pas où il avait cours. Elle se dirigea vers les autres salles de classe, où, en passant devant les portes, on pouvait entendre le cours qui se déroulait. Heureusement, la plupart des portes étaient ouvertes, et Gramine put y jeter librement un coup d'œil. Elle s'arrêta devant la salle d'Enchantement, car elle y vit le professeur Flitwick donner son cours aux 5ème année de Serpentards et de Poufsouffle. Les élèves avaient devant eux une peluche, et apparemment il fallait la mettre en mouvement, comme si elle était devenu vivante. Après s'être dressé sur ses pattes arrière pour avoir l'air plus imposante, Gramine frappa légèrement à la porte pour signaler sa présence. Le professeur tourna la tête, tout comme les élèves.
« Tiens, Gramine, vous avez besoin de quelque chose ? »
« Oui, professeur. Puis-je vous emprunter Mr Malefoy quelques instants ? »
« Certainement. » Gramine regarda Malefoy qui se levait, mettant dans sa poche sa baguette magique, au cas où. Elle crut l'espace d'une seconde qu'il avait légèrement pâli à l'annonce de son nom, mais ce n'était peut-être qu'une illusion. Il s'avança vers elle d'un pas conquérant, mais quiconque se serait mis dans sa peau aurait senti son cœur battre très fort et ses mains trembler un peu. Autour de lui, les élèves chuchotaient, se demandant bien ce qui allait lui arriver.
Une fois dans le couloir, Drago dit :
« On va où ? »
« Nulle part. » répondit la tigresse d'un ton sec. « Je cherche une salle vide. »
Elle ne mit pas longtemps à en trouver une, et ils y entrèrent tous les deux.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » insista Malefoy.
Gramine ne répondit pas. Elle se contenta de fermer la porte et de l'isoler auditivement. Puis elle se plaça face à lui.
« Ton bras va mieux, Malefoy ? »
« Oui... Pourquoi tu me demandes ça ? »
« Tu m'as menti, quand je te t'ai trouvé dans le couloir cette nuit-là, hein ? »
« Où tu veux en venir ? » rétorqua Malefoy. La tension montait. Le sorcier savait bien que Gramine l'aurait su un jour qu'il avait menti, et il avait fallu que ça soit aujourd'hui.
« Que faisais tu dehors ? » reprit la tigresse, l'air menaçant.
« Je... J'avais un rendez-vous... »
« Avec qui ? » gronda-t-elle.
« Avec l'Aupengyar. »
« Et ? Je suppose que ce n'est pas tout. Je te préviens, je ne te relâcherai pas tant que tu ne m'auras pas tout dit. »
« Mon père, m'avait prévenu de ce qui allait se passer avec l'Aupengyar. Alors, pour aider la bête dans sa tâche, je lui ai dit où était la tour de Gryffondor et la chambre de Potter, et je lui ai dit que Potter avait une cape d'invisibilité, mais à un moment, j'ai dû lui dire un truc qui lui a pas plu et il m'a griffé au bras, puis il s'est enfui. »
« C'est tout ce que tu lui as dit ? »
« Oui, cette fois c'est tout, et je ne sais rien d'autre. Je ne sais pas quand l'Aupengyar a décidé de repasser à l'attaque. »
« Hum. Tu as intérêt. Si j'ai un doute, de toute façon, je repasserai te voir. »
Gramine rouvrit la porte et invita Malefoy à sortir. Cette fois, il avait eu chaud. Il avait bien cru qu'elle allait le découper en morceaux. Il rentra seul en classe, encore légèrement tremblant, et d'après les regards compatissants que lui lançaient les autres Serpentards, il devait avoir vraiment un teint plus pâle que d'habitude. Il s'assit à sa table, et soupira. Crabbe, qui était assis à côté de lui, se pencha vers lui :
« Elle voulait quoi ? »
« Que je parle à propos de la bestiole. »
« Tu l'as fait ? »
« Bah oui, tu crois que j'avais le choix ? » s'énerva Malefoy.
« Il fera quoi si l'Aupengyar réussit pas sa mission ? »
Malefoy se tourna vers son compagnon. Il n'avait pas pensé à cet éventualité. Il fut surpris par l'intelligence de la question qui venait de sortir de la bouche du Serpentard.
« Je ne sais pas » murmura-t-il . « Mais nos pères nous préviendront s'il y a changement de programme. »
« Ouais. »
Enfin une réponse bête à la Crabbe. Malefoy avait failli penser à la possibilité que Crabbe ait pu s'acheter un cerveau. « Non, impossible, c'est ridicule. » se moqua le sorcier.
Au soir, Harry était tranquillement en train de faire ses devoirs avec Ron quand Hermione accourut vers eux à toute allure. Elle était toute rouge, sûrement d'avoir trop couru, et elle portait un gros livre relié de cuir dans ses mains. Sans faire attention aux feuilles de parchemins qui s'étalaient sur toute la table, elle y laissa tomber son livre, un sourire conquérant aux lèvres.
« Qu'est-ce que t'as Hermione ? » demanda Ron.
« J'ai trouvé !! J'ai enfin trouvé ce que je cherchai !! » s'écria-t-elle.
« C'est-à-dire ? »
Hermione replaça ses mèches de cheveux derrière ses oreilles, et feuilleta le volume, à la recherche d'un chapitre particulier. Pendant ce temps, elle se mit à parler à toute vitesse :
« Vous savez, lundi matin, je vous ai dit que les Rois-sorciers du XIIème siècle possédaient un animal servant à la chasse et à plein d'autres activités. Mais leur nom n'était pas noté et on ne savait pas pourquoi ils avaient été expulsés. Hé bien, je viens de retrouver ces créatures dans ce volume des « Grands serviteurs du Plus Grand Mage Noir du XXème siècle », au chapitre des Aupengyars... »
Harry et Ron, soudainement très intéressés par le livre, se penchèrent en avant, prêt à écouter leur amie.
« Les Aupengyars ont été au XIIème les plus fidèles des compagnons, tout comme ils l'ont été sous le joug de Celui-Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Pas-Etre-Prononcé. Ces animaux très sociables et très proches des humains ont, au XIIème siècle, vécu dans les châteaux royaux, appris quelques bribes de notre langue, et surtout, se sont vu confiés de grands secrets, en particuliers les mécanismes de protection des villes, et les cachettes des plus grands trésors royaux. Mais en l'an 1156, le Roi-sorcier Dard III s'est aperçu que son Aupengyar commençait à maîtriser la magie – sans baguette magique-, surtout celle de la lévitation. Cette apprentissage avait porté ses fruits aux vues des longues années de vie commune avec les sorciers. Les Rois craignirent que leurs Aupengyars ne gagnent trop en pouvoir et puissent un jour prendre leur place, ils les ont alors rejetés. Peu à peu, les sorciers se sont séparés de leurs compagnons et au fil du temps, ceux-ci furent refoulés vers les grandes forêts de Sibérie. Pendant plus de 750 ans, plus personne n'entendit parler des Aupengyars.
Des recherches récentes ont repérés ces Aupengyars, dans les grandes taïgas sibériennes. Bien qu'ils soient redevenus très sauvages, ils ont gardés une partie humaine en eux. Ils se sont regroupés en hordes de quelques dizaines d'individus chacun, se répartissant ainsi sur un grand territoire. Après leur expulsion, leur population a très vite augmenté, en dépit des conditions de vie difficiles de leur région, de même que leur puissance. Au fur et à mesure des siècles, les Aupengyars ont nourris une profonde haine envers les sorciers et un dévastateur sentiment de vengeance. Regroupés en communautés, ils ont appris à leurs descendants leur histoire afin que rien ne soit oublié. Et ils leur ont enseignés la magie de lévitation et la course rapide, les seuls qualités qu'ils avaient jamais réussi à développer au XIIème siècle... »
« Voilà où ça les a menés » reprit Hermione. « Ils n'avaient rien demandés, mais la soif de pouvoir des hommes les a bouleversés, à jamais. »
« Mais comment se fait-il que l'Aupengyar qui est ici soit seul. Tu as bien dit qu'ils vivaient en groupes ? »
« Oui, mais ils disent plus loin que cet animal est naturellement solitaire, et que pendant ses missions, il préfère travailler seul... sauf en cas d'urgence, où là il se regroupe. »
Harry se recula sur son siège en soupirant.
« Y a-t-il d'autres bonnes nouvelles à dire, où s'en est fini pour la journée ? » demanda-t-il sur un ton sarcastique.
« Oui, » répondit Ron, « la sortie à Pré-au-Lard, c'est le 20 décembre, dans plus d'un mois. »
« Et si l'autre animal est encore là, c'est même pas la peine que je songe à y aller, je n'aurai pas la permission. Je vois bien Mac Gonagall m'annoncer ça : « Vous comprenez Mr Potter, nous ne pouvons pas nous permettre de vous mettre en danger, vous êtes bien trop exposé dans la ville, etc., etc. ... ». Harry avait dit tout cela d'un trait, notamment en imitant la professeur de Métamorphose pour sa dernière phrase. Ron continua :
« Ah si, il y a quand même une vraie bonne nouvelle. Gramine est passée en coup de vent tout à l'heure et elle m'a dit pourquoi elle nous avait quitté en plein milieu du cours. En fait, elle a trouvé celui qui donnait des informations sur toi à l'Aupengyar, et c'est... Malefoy ! Pas étonnant, hein ? Elle a été le voir pendant son cours d'Enchantement, elle l'a attiré à l'écart et l'a fait parlé. Elle m'a dit qu'il n'était plus très fier en retournant dans sa classe, elle a dû lui passer un de ces savons ! Par contre, il ne faut pas que ça se sache ! Gramine a prévenu Dumbledore, et c'est tout. Elle a bien l'intention de surveiller Malefoy de très près maintenant, ça promet. »
Le mois de décembre arriva aussi vite que le froid. Après la période de trouble particulière qui s'était déroulée quelques semaines avant, plus rien ne s'était passé. Gramine gardait toujours le château, parcourait toujours le parc, mais pendant deux semaines, elle n'avait plus eu aucun signe de l'Aupengyar, si bien qu'elle avait cru qu'il avait abandonné sa mission. Mais maintenant, il était revenu. Pas physiquement, juste sa présence. Il faisait attention. Chaque nuit il tentait d'entrer dans le château, chaque nuit Gramine l'interceptait et le faisait fuir. Mais la menace n'était pas très importante, il se contentait d'observer.
L'Aupengyar n'avait plus attenté à Harry, on aurait plutôt dit qu'il cherchait un nouveau moyen de le surprendre, comme la première fois, mais en plus efficace. Peu à peu, Gramine ne ressentit plus le manque de sommeil de ses courtes nuits et de ses longues chasses. Elle s'y habituait. Quand elle ne ressentait plus la présence de l'animal dans les parages, elle revenait au château, et parcourait des couloirs encore inconnus en attendant de trouver le sommeil. Elle se mettait alors à élargir sa perception sensorielle et l'adaptait à la magie. Et elle marchait, sentant la magie courir dans le château, telle une rivière animée d'un mouvement invisible. Parfois, certaines salles semblaient en contenir plus, comme la bibliothèque qui paraissait vibrer et posséder une vie propre. Quand la tigresse se promenait entre les rangées de livres, qu'ils soient de magie blanche, noire ou d'une autre couleur, elle les sentait pulser ensemble comme munis d'un cœur unique, débordants de magie. Elle ne recherchait pas les flux magiques importants dans le château, mais au contraire les lieux où elle y était moins présente voire absente. Elle recherchait en réalité la salle pouvant être ouverte par la clé des jumeaux Weasleys, mais pour l'instant, il n'y en avait aucune trace. Et elle se demanda si elle ne faisait pas fausse route. Après tout, bon nombre de portes s'ouvraient avec des clés, pourquoi celle-ci donnerait sur une salle cachée ? Enfin, elle avait quand même été confisquée par Rusard, et puis peut-être que les jumeaux avaient besoin d'une salle secrète pour… continuer leurs expériences de farces et attrapes ?
Pendant qu'elle marchait, Gramine pensa à la Carte des Maraudeurs, trouvée au même endroit par les jumeaux Weasleys. Elle se demanda si Harry l'avait récupéré. En tout cas, elle ne l'avait pas revu depuis l'année dernière.
La tigresse gagna une fenêtre donnant sur l'extérieur. Un souffle d'air froid entrait par les bords de la vitre, rafraîchissant grandement le couloir. Mais comme personne n'était censé se promener la nuit dans le château, les elfes ne devaient pas voir pourquoi il fallait entretenir le feu des salles inutilisées, si ce n'était pour réchauffer des araignées. Gramine releva la tête vers le ciel clair. La lune dans son premier quartier brillait dans la noirceur d'un ciel très pure, répandant sur le parc une douce lumière blanche. Pas un nuage à l'horizon. Le temps semblait se mettre dans les meilleurs conditions pour accompagner le prochain match de Quidditch dans une semaine contre les deux équipes antagonistes : Gryffondor et Serpentard.
Une nouvelle semaine s'entama. Et elle n'était pas de tout repos pour les professeurs et les élèves qui devaient à tout bout de champ séparer les Gryffondors et les Serpentards des équipes de Quidditch. En effet, les Serpentards provoquait leurs futurs adversaires jusqu'à ce que la bagarre commence, et après ce n'était plus que des échanges de coups, chacun cherchant à faire plus mal que l'autre. Et ça se terminait bien souvent à l'infirmerie, sous l'œil réprobateur de Mme Pomfresh. Heureusement, Harry échappa quelque peu à ces bagarres, grâce à l'escorte permanente dont il bénéficiait depuis quelques semaines déjà.
Puis le jour du match arriva. Le froid semblait s'être définitivement installé pour l'hiver, et Harry n'hésita pas à revêtir sa cape d'hiver par-dessous sa robe de Quidditch. Malgré le froid, un soleil tout de même radieux brillait dans le ciel bleu et avait au moins le mérite d'offrir une bonne visibilité. Tandis que les gradins se remplissaient progressivement, les joueurs se rendirent dans leurs vestiaires. Harry s'adressa à son équipe :
« Bien, je vais pas faire un long discours, parce que je n'ai pas grand-chose à vous dire, si ce n'est qu'il faut vous méfier des Serpentards – comme toujours de toute façon – . Leur changement de capitaine ne nous sera pas favorable, alors si ça tourne mal, changez de tactique, comme on a dit la dernière fois. Sinon, ça devrait aller... »
« C'était très bien comme discours Harry », s'écria Fred.
« Tu sais, Olivier n'en disait pas beaucoup plus, mais il le répétait plusieurs fois ! » renchérit Georges.
Les équipes s'avancèrent sur le terrain, vêtues de leurs tuniques rouges et vertes. Les capitaines se placèrent face à face, un rictus de défi sur leur visage. Madame Bibine les jaugea du regard, les sourcils à moitié froncés. Avec ces deux équipes, le stade se transformait plus en champ de bataille qu'en terrain de jeu.
« Les capitaines, serrez-vous la main. » ordonna la professeur de vol.
Malefoy avança d'un pas, l'air menaçant, la main tendue. Surpris par cet excès d'obéissance, Harry tendit lui aussi la main. Malefoy la serra, et soudain une douleur fulgurante se propagea dans sa main, comme si ses os étaient en train d'être broyés. Il tenta de retirer sa main, mais il avait l'impression qu'elle ne lui obéissait plus. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était rendre son visage le plus inexpressif possible. Un grand sourire sur son visage, Malefoy se détourna et enfourcha son balai, tandis que Harry lui lançait un regard noir. Le sorcier accusa intérieurement Malefoy d'avoir utilisé un sortilège de Force sur sa main pour la rendre plus puissante. Il faillit protester, mais à quoi bon. Il ne ferait que s'attirer les sarcasmes des Serpentards une fois de plus, personne n'arriverait à prouver que c'était Malefoy qui l'avait blesser. Il enfourcha son Eclair de Feu, et s'aperçut que sa main tremblait ça commençait bien. S'il ne pouvait plus se servir de sa main droite, ça n'allait pas être du gâteau.
Puis le coup de sifflet fut lancé. Tous les joueurs s'élancèrent dans les airs et se positionnèrent à leurs différentes places sur le terrain. A ce moment là, Harry se rendit compte de tout le bruit qui venait des tribunes. Les cris de la foule saluaient vivement l'envolée des quatorze joueurs. Une majorité de rouge recouvrait les gradins, les Poufsouffles et les Serdaigles prenant aussi partie pour les Gryffondors.
« Le Souaffle est lancé ! », annonça Lee Jordan, « Angelina Johnson le récupère, passe à Bell qui descend vers les buts de Serpentards, et... non ! Le Souaffle est intercepté par Montague. Mais il lâche la balle, rattrapé plus bas par Mogort, le nouveau poursuiveur de l'équipe. Il semble que les Serpentards aient acquis un semblant de technique cette année – huées des Serpentards dans les gradins – . Et VLAN ! Fred Weasley dévie un cognard sur Mogort, qui perd la balle, reprise par Alicia Spinnet. Joli coup ! Spinnet fonce vers les buts... OH NON !! »
Derrick, un des batteurs de Serpentards, venait d'envoyer un cognard en plein dans le ventre d'Alicia, lui coupant le souffle, et lui faisant aussi perdre le Souaffle. La balle fut récupérée par Warrington.
« Serpentard à l'attaque », continua Jordan. « Warrington file tout droit vers les buts adverses,... ET MARQUE !! 10 A 0 POUR SERPENTARD ! »
S'ensuivit ensuite des échanges variés, le Souaffle passait de main en main à toute vitesse, si bien que Lee Jordan avait du mal à suivre le rythme. Etonnement, le match fut bien plus correct que d'habitude, car Mme Bibine n'avait pas encore sifflé de penalty. Les attaques des Serpentards étaient toujours organisées à la limite des fautes, que ce soit un batteur précipitant un cognard sur les brindilles du balai d'un poursuiveur pour les casser et déstabiliser le balai, ou bien le gardien devenant l'espace d'un instant un poursuiveur afin d'envoyer sans être gêné le Souaffle de l'autre côté du terrain, où attendait généralement un autre poursuiveur.
Le match se poursuivit ainsi jusqu'à un score de 50 à 50.
De son côté, Harry scrutait le stade à la recherche du Vif d'Or. Derrière lui se tenait Malefoy, n'étant décidément pas déterminé à chercher la balle lui-même. Harry en avait marre d'être toujours suivi, et il accéléra brutalement, filant droit devant lui. Malefoy le suivit à une certaine distance, mais finit par s'arrêter. Apparemment il avait compris les feintes de Harry et ne voulait plus se faire prendre au piège.
Soudain, un scintillement doré apparut près de l'entrée du stade, au niveau de l'herbe. Cette entrée large était en fait un couloir par lequel passait les élèves pour parvenir sur le terrain et ensuite monter dans les gradins, un couloir plongé dans le noir la plupart du temps.
Harry descendit en piqué vers le sol, prit de la vitesse, et redressa son balai juste à temps pour ne pas s'écraser. Il fonça inconsciemment vers l'entrée sombre, tenta de réapercevoir le scintillement doré qu'il avait momentanément quitté des yeux. Mais le Vif d'Or semblait s'être échappé.
Il allait reprendre un peu d'altitude quand il vit dans le couloir de grands yeux réfléchissant la lumière comme des miroirs. Il pensa un instant que c'était Gramine mais se souvint de l'avoir déjà repéré dans les tribunes avant de commencer le match. Il ne se fit pas prier deux fois et fit demi-tour, espérant s'éloigner le plus possible de l'entrée. Mais il était trop proche et trop bas, et c'est le moment que choisi l'animal pour attaquer.
L'Aupengyar – hé oui c'est bien lui – sortit de son antre, courut vers le sorcier qui reprenait déjà de l'altitude et fit un bond prodigieux, espérant l'entraîner au sol. Mais son saut ne fut pas assez haut et il attrapa d'une patte la jambe gauche de Harry. Avant de retomber il plongea ses griffes dans la chair, et revint sur le sol, déchirant le pantalon et la robe de Quidditch du sorcier. Harry faillit tomber de son balai quand l'animal s'accrocha à sa jambe mais il serra les genoux contre le manche et résista, malgré la douleur lancinante qui parcourait sa jambe. Une fois à environ 5 mètres de hauteur, il s'arrêta et se retourna pour observer la suite des évènements.
Gramine plongea des tribunes et se précipita vers l'Aupengyar. Elle se posa en face de lui, et déploya son armure de métal étincelante. L'Aupengyar fit un pas en avant il n'avait pas l'intention de fuir. La tigresse grogna et montra ses crocs acérés. C'était le même Aupengyar que la dernière fois, et il était revenu en pleine forme. Ils restèrent face à face quelques secondes, puis Gramine poussa un rugissement, puissant et terrifiant. Ce cri ressemblait à celui qu'aurait pu faire un dinosaure ou un dragon pour intimider l'un de ses congénères. Il fit frissonner tous les élèves, qui avaient maintenant toute leur attention focalisée sur les deux monstres. Même les joueurs de Quidditch s'étaient arrêtés, sauf les batteurs qui continuaient à protéger leur équipe des cognards. Le cri se répercuta dans tout le stade, des oiseaux s'envolèrent de la forêt interdite. L'Aupengyar commença à reculer, gardant toujours les yeux fixés sur son adversaire bien trop puissant pour lui. Gramine avança et l'accula contre un mur. Lorsque ce dernier sentit l'obstacle derrière lui, il prit ses « jambes » à son cou et détala à toute vitesse vers l'entrée du stade. Gramine le poursuivit sur quelques mètres, juste pour vérifier qu'il partait bien vers la forêt puis elle revint sur le terrain. Elle leva la tête vers Harry. Le sorcier était toujours en altitude, mais d'après la tête qu'il faisait, il n'avait pas l'air d'aller bien. Des gouttes de sang tombait une à une sur l'herbe, coulant de sa jambe. Une fois le danger écarté, Harry redescendit vers la tigresse. Il atterrit maladroitement sur le sol, fit un pas en avant et se retrouva face contre terre en un rien de temps. Sa jambe ne pouvait plus le soutenir et elle venait de fléchir sous son poids. Le sorcier se retourna, se redressa et attrapa sa jambe qui le faisait souffrir, le piquant et le brûlant. Il avait la même sensation que quand il se faisait griffer par Pattenrond, mais en bien pire. Les professeurs commencèrent à l'entourer, tandis que les joueurs de son équipe redescendaient pour voir l'état de leur attrapeur.
Mme Pomfresh arriva en courant sur le stade avec sa trousse de premiers soins. Elle s'empressa d'écarter tout le monde :
« Allez allez, poussez-vous ! Laissez le blessé tranquille ! »
L'infirmière s'assit à côté d'Harry et souleva son pantalon, enfin ce qu'il en restait. Même si la jambe était ensanglantée, on pouvait nettement voir 4 grandes lignes rouges tout le long du membre. Mme Pomfresh sortit une bouteille d'alcool, en imbiba une compresse qu'elle appliqua sur la blessure. Harry dut se mordre les lèvres pour se retenir de crier tant la douleur était forte et il eut très vite les larmes aux yeux. Puis l'infirmière entoura la jambe d'une bande bien serrée.
« Et maintenant, à l'infirmerie ! »
Elle fit apparaître une civière et y déposa Harry. Avant de partir, le sorcier regarda un peu ce qui se passait autour de lui : son équipe le regardait, attristée de devoir abandonner le match, sans attrapeur ni capitaine. Dans les gradins, il y avait encore tous les élèves, gardés par les préfets. Lee Jordan s'était tu depuis un moment, et il était même tout seul maintenant dans la tribune des professeurs. Et puis il y avait l'équipe de Serpentard, un grand sourire sur le visage. Harry n'eut pas le temps de se demander pourquoi ils souriaient tous comme ça, car il venait d'apercevoir dans la main de Malefoy, une petite balle dorée.
Pendant ce temps, Gramine avait été appelée par Dumbledore.
« Je te remercie, Gramine, de ton intervention. » commença-t-il.
« Ce n'est rien, professeur, je n'ai fait que mon travail. » répondit-elle. « Normalement, il n'aurait pas dû y avoir de blessé, l'Aupengyar a bien failli gagner cette fois-ci. En plus il va sûrement revenir. »
« Oui, je doute qu'il abandonne. Et comme le Ministère ne veut pas nous aider, nous n'avons plus qu'à souhaiter que tu arrives à le repousser à chaque fois. »
« Je le souhaite aussi, professeur. »
Harry se retrouva sur le même lit blanc auquel il était abonné depuis 4 ans. Et il n'eut pas à attendre longtemps avant qu'une foule de gens s'agglutinent à la porte de l'infirmerie. Mais l'incorruptible Mme Pomfresh ne permit qu'aux membres de l'équipe de Quidditch de rentrer. Ceux-ci se précipitèrent vers leur capitaine.
« Harry ! Ca va ? » s'écria Alicia.
« Oui, ça va mieux, merci. » répondit-il. « Mais le match ? »
L'équipe afficha une mine déconfite.
« On a perdu. » maugréa Fred. « Malefoy a attrapé le Vif d'Or alors que tout le monde avait arrêté de jouer. Mais on a rien pu faire, les Serpentards ne veulent pas recommencer le match. »
« Ca ne m'étonne pas, c'est la première fois qu'ils gagnent contre nous, ils doivent être fous de joie. » se moqua Harry. « Notre prochain match, c'est contre qui ? »
« Je crois qu'on joue contre Serdaigle, en janvier. » dit Angelina.
« J'espère que les professeurs ne vont pas annuler les matchs et les entraînements, » continua Fred. « C'est ce qu'ils ont fait il y a 3 ans, avec l'histoire de la Chambre des Secrets. »
« Les visites sont terminées ! » s'écria Mme Pomfresh. « Tout le monde dehors ! »
Toute l'équipe sortit, et Harry se retrouva seul. Il s'étonna que Ron et Hermione ne soit pas venu le voir, mais il se rendit compte qu'ils n'avaient pas dû pouvoir rentrer dans l'infirmerie.
Un quart d'heure plus tard, Gramine vint lui rendre visite. Elle n'avait pas non plus le droit de rester trop longtemps, mais Harry fut très content de la voir. Elle s'approcha du lit et posa ses pattes avant sur le drap.
« Harry ! Tu vas bien ? »
« Beaucoup mieux. Et toi, tu n'es pas blessée ? »
« Non, on ne s'est pas touché. Excuse-moi de ne pas être venue plus tôt, je discutais avec les professeurs. »
« Ils ont l'intention d'arrêter les matchs ? » coupa Harry.
« Non, je ne crois pas. Mais dorénavant, je resterai à terre pour te surveiller. Tout ce qu'on peut faire, c'est attendre. Attendre que l'Aupengyar s'en aille, il ne peut pas rester indéfiniment ici. Si ça ne marche pas, il partira. Ils ne sont pas bêtes du tout. »
« Au fait, » reprit Gramine, « tu pourras sûrement sortir dès ce soir de l'infirmerie. La blessure n'était que superficielle. »
« Cool... ... J'ai chaud. »
« Hein ? T'as de la fièvre ? »
« Non, c'est pas ça. C'est parce que en plus de la robe de Quidditch j'ai mis ma cape d'hiver dessous. »
Harry retira sa robe tachée de sang et détacha sa cape.
« Ca va mieux. »
« Donne-moi ta robe, » proposa la tigresse, « les elfes de maison la laveront. »
Harry lui tendit le vêtement rendu encore plus rouge par le sang qui le souillait et s'allongea sur le lit.
« Bon, je vais te laisser. » ajouta Gramine. « A ce soir ! »
« A ce soir, Gramine. »
Le reste de l'après-midi, Harry le passa à regarder le soleil descendre derrière les montagnes. Il n'avait rien d'autre à faire que d'attendre que sa jambe guérisse suffisamment pour pouvoir se lever. Et il n'avait pas le droit d'avoir de visites en plus.
Enfin, les derniers rayons de soleil disparurent, avalés par les froides montagnes qui cernaient en partie le château. Les neiges éternelles de leurs sommet scintillèrent un instant, puis s'éteignirent soudainement. Le parc se couvrit des ténèbres, la température commença à chuter. Harry regarda l'horloge de l'infirmerie : il n'était que 5h.
Après le match de Quidditch, les Serpentards organisèrent une petite fête dans leur salle commune. Nourritures et boissons étaient au rendez-vous, récupérés directement dans les cuisines. Drago Malefoy fut félicité de toute part, et porté en triomphe sur les épaules de son équipe. Quand la fête fut terminée, il monta dans sa chambre et se jeta sur son lit. Epuisé mais content, il avait finalement réussi à baisser la popularité du héros national, Potter. Mais quelque chose l'inquiétait. Pour la deuxième fois, l'Aupengyar avait échoué dans sa mission, et cela à cause de la tigresse. Toujours elle. Si seulement... non, il ne fallait pas commencer à dire si seulement. Son père lui avait dit que ces bêtes-là avaient d'autres ressources, mais que si effectivement elle ne réussissait pas, leur Maître avait déjà prévu une solution de secours. De secours... pour que ça se termine encore par un miracle des plus spectaculaires, et que le « Maître » soit ridiculisé encore une fois. Tout ça pour un simple élève du nom de Potter.
Et dire que son père voulait qu'il devienne un Mangemort. Pour finir soit esclave, soit prisonnier à Azkaban ? non, vraiment pas. Heureusement, il n'avait plus trop affaire à son père pendant l'année scolaire, cela le laissait libre un peu. Il avait prétexté devoir finir ses études avant d'être enrôlé, et aussi que les professeurs vérifiaient les Marques de temps en temps, ce qui était totalement faux.
Alors maintenant il espionnait. Chaque mois il écrivait un rapport à son père sur tout ce qu'il se passait d'inhabituel dans l'école, et surtout sur les faits et gestes de Potter. Mais Drago n'avait rien remarqué de particulier chez le Gryffondor. Pas de cours particuliers le soir, pas de sorties nocturnes, rien. Et pourtant il avait pas mal de sources, notamment chez les Gryffondors, où se trouvait son principal informateur, un élève de première année très timide et facilement manipulable. Il suffisait de pointer une baguette magique sur lui pour obtenir tout ce qu'il désirait. Et comme il était l'un des fans de monsieur, c'était encore plus facile.
Mais ce petit jeu commençait à l'ennuyer. Il ne recevait rien en échange de sa collaboration. Et qu'est-ce qu'il fera quand son père l'obligera à devenir comme lui ? Drago ne désirait qu'être son propre maître, ne jamais recevoir d'ordre de quiconque, ne jamais donner d'ordre à quiconque. La solitude... Seul contre tous peut-être, contre les Mangemorts qui voudront le rallier, contre la Résistance qui renaîtra comme auparavant. Seul, mais puissant.
(Note de l'auteur : j'ai écris ce passage en pleine déprime, après des reçus de notes de contrôle de maths plutôt catastrophiques)
« Y aller... ne pas y aller... y aller... ». Harry était toujours à l'infirmerie, et il s'était mis à penser au bal de Noël. « Il faut que je demande à Cho... » pensa-t-il, « ... mais il est sûrement trop tard ! Je paraîtrait complètement ridicule si je le faisais maintenant... Après tout, si j'arrive à la prendre à part... personne ne le saura... allez ! je lui demande ! »
Harry se leva, résolu cette fois à se présenter devant Cho Chang. Sa jambe ne le faisait presque plus souffrir, il ne ressentait plus qu'un léger tiraillement le long de la jambe. Après avoir enfilé un pantalon propre posé sur le lit à son attention, il se dirigea vers le bureau de Mme Pomfresh.
« Madame ? »
« Oui ? » demanda-t-elle d'un ton sec, sans lever la tête.
« Heu... Je peux sortir ? »
L'infirmière jeta un coup d'œil sur sa montre qui affichait 18h15 puis dévisagea Harry, tentant de déceler sur son visage toute trace de maladie ou de douleur. Quand elle eut fini, elle permit à Harry de sortir mais lui ordonna de revenir se faire examiner après le dîner. Le sorcier quitta la pièce, soulagé de ne pas être retenu plus longtemps.
Il alla vers l'entrée, et s'apprêtait à monter le grand escalier de marbre quand deux voix l'interpellèrent.
« Harry !! »
« Ron ! Hermione ! » fit l'intéressé en se retournant.
« On t'a cherché partout » s'exclama Ron. « On venait te voir pour dîner, mais apparemment tu as pris le chemin tout seul. »
« Tu as fait quoi pendant l'après-midi ? » enchaîna Hermione.
« Oh, rien. J'ai attendu que le temps passe. » répondit Harry.
« Excuse-nous de ne pas être venu tout à l'heure, Mme Pomfresh n'a pas voulu qu'on rentre. »
« Ne vous inquiétez pas, j'avais bien compris. »
« Et ta jambe, ça va ? » reprit Ron.
« Oui. La blessure n'était pas grave. »
« On va manger ? » le pressa Hermione.
« Non, pas tout de suite. J'attends quelqu'un. » fit Harry, un sourire gêné sur la figure.
Ron leva un sourcil interrogateur un instant, puis afficha un sourire complice et emmena Hermione dans la Grande Salle. La jeune fille souffla à l'oreille de Ron :
« T'as deviné qui il attendait ? »
« D'après la tête qu'il faisait, je suis presque sûr qu'il va demander à Cho d'être sa cavalière. Ou alors c'est une autre fille, mais ça m'étonnerait de lui. »
« A ce propos, tu y vas avec quelqu'un, Ron ? »
Le rouquin rougit jusqu'au oreilles.
« Non, je n'ai pas encore trouvé. »
« Dis plutôt que tu n'as pas encore cherché. »
« Oui, c'est plutôt ça en fait. Et toi, tu y vas avec quelqu'un ? »
« Non, mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de personnes dans le même cas. Comme il n'y a pas les autres écoles, le bal ne provoque pas le même engouement que l'année dernière. »
« Oui, sûrement. Et puis c'est moins important cette année. De toute façon Noël dernier, tout le monde changeait de cavalier et de cavalière au bout de quelques danses. »
Pendant ce temps, Harry attendait patiemment dans le Hall que les Serdaigles veuillent bien descendre de leur tour. Enfin, un groupe d'élèves portant l'insigne de l'aigle sur leur robe surgirent d'un couloir. Ils jetèrent un bref coup d'œil amical à Harry. Le sorcier n'en reconnut aucun qu'il se rappelait avoir déjà vu. Quelques minutes plus tard, alors que la Grande Salle se remplissait bien, Cho descendit l'escalier, visiblement pressée. En effet, ses amies étaient rentrées dans la salle un peu avant. Elle n'avait même pas vu Harry quand il l'appela :
« Cho !! »
« Oui ? » Elle se retourna et sourit en voyant Harry devant elle. Il rougit. Son cœur se mit à battre fort contre sa poitrine.
« Harry !! Tu as pu sortir de l'infirmerie ? »
« Oui. Heu... Est-ce que je peux te parler deux minutes ? »
« Bien sûr, qu'est-ce qu'il y a ? » Elle pencha légèrement la tête, ce qui la rendait encore plus séduisante.
« Je... Je voulais savoir ce que tu faisais pour le bal, enfin si tu avais un cavalier... pour le bal. »
Cho sembla surprise au début mais continua de sourire. Harry croisa les doigts derrière son dos.
« Je me demandais si tu allais retenter ta chance cette année. » Elle se détendit, mais Harry avait envie de se jeter par la fenêtre, tandis qu'il voyait défiler devant lui l'espoir d'être avec elle ne serait-ce qu'une soirée. Elle continua, parlant lentement :
« Mais... » Harry sentit son estomac faire des nœuds. « Je n'ai pas encore été invitée. »
Harry mit du temps à se rendre compte que c'était le moment de faire la demande, mais se décida tout de même :
« Cho... Est-ce que tu veux venir au bal avec moi ? »
La Serdaigle parut réfléchir quelques secondes, puis dit :
« D'accord ! » Un nouveau sourire illumina son visage. Harry vit son dur labeur enfin récompensé.
« A plus tard, alors. » finit-elle. Et elle partit vers la Grande Salle maintenant pleine, laissant un Harry nageant dans le bonheur. Il ne refit surface que lorsque son estomac manifesta sa présence.
En entrant dans la salle, il fut accueilli bruyamment par les acclamations de son équipes de Quidditch, heureux du retour de leur capitaine. Harry, qui était déjà au paradis, leur offrit un sourire encore plus grand, et il avait maintenant la tête de quelqu'un qui venait de prendre le tapis roulant à 9km/h de Montparnasse – les Moldus de la banlieue parisienne doivent savoir de quoi je parle – . Devant les applaudissements de l'équipe de Gryffondor, les Serpentards firent la moue, désespérés de leur enlever leur bonne humeur.
Une fois Harry assis, Ron se pencha vers lui :
« Alors ? »
« Elle a accepté. » Harry n'était pas capable d'en dire plus, tant il était encore ému. Ron le gratifia d'une grande claque dans le dos.
« Je t'avais dit qu'il fallait réessayer ! »
Le dîner passa agréablement, même s'il ne valait mieux pas observer les regards noirs que lançaient les Serpentards du côté de la table des Gryffondors. Harry y était traité comme un Roi, et même si les Gryffondors avaient perdus, il restait toujours leur héros. Harry fut très peu attentif à toutes ces attentions à son égards, et il resta dans les nuages tout le long du repas.
Quand il en descendit, ce fut quand sa jambe commença à redevenir douloureuse. Tous avaient fini de manger, et les élèves partaient progressivement de la Grande Salle vers leurs dortoirs. Harry dégagea sa jambe de sous la table et souleva le bas de pantalon qui la recouvrait. Elle avait un aspect normal, en dépit du bandage trop serré qui l'entourait presque entièrement. La potion qu'il avait bu quelques heures plus tôt ne devait plus faire effet, à en juger par l'apparition soudaine de la douleur. Harry grimaça à l'idée de devoir retourner encore à l'infirmerie ( de toute façon il aurait dû y aller) et quitta la table, non sans avoir dit à ses camarades de classe qu'il les rejoindrait dans la salle commune. Il sortit de la Grande Salle, essayant de se retenir de boiter. Il ne sentait presque plus son pied, car le bandage gênait la circulation sanguine dans sa jambe. Il arriva à l'infirmerie aussi vite que sa jambe blessée le lui permettait et attendit, assis sur un lit, que Mme Pomfresh vienne l'examiner. L'infirmière vint quelques minutes plus tard, appliqua un nouveau bandage plus confortable sur la plaie presque refermée, et donna une autre potion légèrement somnolente à Harry pour terminer sa guérison.
Une demi-heure après être rentré dans la pièce où il passait le plus de nuits quand ce n'était pas dans sa chambre, il se retrouva dans le couloir. Il faisait très froid. Harry se frictionna les bras et se frotta les mains pour les réchauffer. Il parcourut quelques couloirs, vides et sombres. Il fut étonné de ne pas rencontrer de professeurs, mais il pensa tout de suite que c'était mieux ainsi, étant donné qu'il n'avait pas vraiment le droit de se promener seul dans le château, surtout à cette heure.
Il arriva dans un couloir situé très en hauteur par rapport au sol, où les fenêtres offrait un magnifique paysage sur tout le lac, la forêt interdite et les montagnes sur la gauche. Le ciel clair et illuminé par la lune projetait des ombres de fenêtres étonnement nettes sur la pierre gris foncé du couloir. Harry s'arrêta à une fenêtre. Les étoiles scintillait de milles feux, et jetaient une lueur froide sur les arbres de la forêt. Le givre avait déjà envahit l'herbe du parc. Il n'y avait pas un souffle de vent. Le reflet de la lune tremblait à peine sur le lac. Seul de temps en temps, quelque créature étrange venait rider la surface de l'eau.
Malgré le froid glacial du dehors, Harry ouvrit la fenêtre pour mieux voir le paysage. Aussitôt, de la vapeur blanche s'échappa de sa bouche. Le sorcier s'appuya sur le rebord. Il aperçut sur la droite la cabane de Hagrid, d'où s'échappait d'une fenêtre une vive lueur et de la cheminée une fumée bien fournie. Il se tourna ensuite vers la forêt. Rien ne bougeait en son cœur. Au loin, derrière le lac, là où la forêt s'épuise en grandes clairières contre la montagne, il vit des formes indistinctes se mouvoir. Harry plissa les yeux. Rien à faire. Il ne voyait que de vagues ombres.
Par curiosité, le sorcier sortit sa baguette et murmura « Visio amplificato » en dirigeant la pointe vers ses yeux. Après un vif flash de lumière aveuglante, Harry resta quelques secondes à regarder dans le vide pour laisser le temps à ses yeux de s'accoutumer à nouveau à l'obscurité. Puis il se tourna vers la fenêtre. Il regarda le paysage, attendant de voir les effets de ce sort. Mais sa vision n'avait pas changée. Il n'avait encore jamais testé le sortilège, il l'avait tout simplement lu dans un livre et avait retenu la formule. Et apparemment, ça n'avait pas marché. Harry tenta tout de même de forcer ses yeux à regarder plus loin que ce qu'ils pouvaient voir, et aussitôt un effet du sortilège se fit sentir. Comme si ses yeux avaient réinventé le zoom, Harry eut l'impression de se rapprocher subitement de l'endroit qu'il avait fixé plus tôt, voyant des détails aussi nettement que s'il avait utilisé ses multiplettes de la Coupe du Monde de Quidditch. Harry força encore sur ses yeux, voulant savoir jusqu'où allait la limite du sort. Mais quand son regard fut aussi près du sol qu'une fourmi, il ressentit une vive douleur aux yeux et s'écarta rapidement de la fenêtre, stoppant l'effet du sortilège. Harry se frotta les yeux, la douleur était passée.
Il se pencha encore à la fenêtre, sans tenir compte du froid qui l'envahissait de plus en plus, et reprononça la formule magique, en rajoutant toutefois un « Sonorus » dans la formule pour pouvoir entendre les bruits comme s'il y était. Cette fois, il fixa son regard directement sur les formes qu'il avait vu quelques minutes plus tôt. Le sortilège agit immédiatement, et son regard ne fut maintenant plus qu'à une dizaine de mètres de la clairière qui l'intéressait.
Ce qu'il vit le fit frissonner, pas de froid, mais de peur.
La clairière n'était pas très grande, mais suffisamment pour que les arbres n'en cache pas la majeure partie. Au centre de l'espace herbeux, il y avait une petite butte verte, et sur cette petite butte verte, se tenait un Aupengyar. Le même Aupengyar qu'il avait déjà rencontré, toujours le même. Mais son attitude était étrange. Harry se pencha au-dessus de la fenêtre un peu plus pour mieux observer la scène, poussé par la curiosité. L'Aupengyar piétinait le sol, grognant, grondant, soufflant bruyamment par ses naseaux d'où s'échappait de la vapeur blanche. Les bruits qu'il faisait était sourds, mais semblaient parfaitement claires et audibles par ses interlocuteurs. Car il n'était plus seul maintenant. De la forêt s'échappaient les mêmes grognements, et peu à peu d'autres Aupengyars sortirent du couvert des arbres, firent un tour le long de la clairière puis s'arrêtèrent, face à celui qui les avait appelés. En quelques minutes, une vingtaine d'individus s'étaient regroupés. Les grognements se turent, remplacés par des sons rauques, graves, et, bien qu'incompréhensibles pour Harry, formant clairement des syllabes dans une langue inconnue. Le « discours » du monstre dura quelques minutes, et bien que le sorcier n'en comprenait pas un traître mot, il était captivé par la scène. Quand l'Aupengyar se tut, de nouveaux grognement s'élevèrent dans l'assemblée, puis tous se levèrent et retournèrent dans la forêt, s'éparpillant dans différentes directions. Seul resta un Aupengyar, celui connu de Harry, au milieu de la clairière. Le monstre leva la tête, humant l'air glacé, découvrant ses dents blanches sous le ciel étoilé, et soudain, il tourna sa tête vers Harry, et le fixa dans les yeux. Le sorcier recula rapidement pour disparaître du champ de vision de l'animal, et se cogna contre le mur opposé à la fenêtre. Il attendit quelques secondes et revint prudemment près de l'ouverture. Il scruta les environs de la clairière, il n'y avait plus rien, plus personne. Harry ferma doucement la fenêtre, et reprit son chemin vers la tour de Gryffondor.
Une vague de sommeil tenta de le submerger alors qu'il montait encore un escalier la potion faisait effet. Harry pressa le pas, ne tenant pas à s'endormir dans le couloir alors qu'il devrait déjà être sous les couvertures de son lit. Etrangement, il n'avait pas peur, seul dans le couloir. Il était certain que l'Aupengyar ne viendrait pas ce soir, il ne savait pas pourquoi. Ah si, peut-être parce qu'il avait déjà fait une attaque cette après-midi, et que ce soir il avait rameuté un groupe entier d'Aupengyar pour l'aider dans sa tâche. Dans sa tâche… Mais la tâche, c'était lui !( pas de sous-entendu). Il fallait absolument qu'il en parle à quelqu'un. Non, pas tout de suite… trop fatigué… au fait, Mme Pomfresh n'a-t-elle rien dit d'autre sur les effets de la potion ?… Ca ne serait pas du genre, empêche la mémoire de fonctionner quelques temps ? C'est sans doute pour ça qu'il l'avait prise la nuit. Ahhh, c'est aussi pour ça que l'infirmière lui a demandé de ne pas travailler ce soir ! Harry pensa à écrire ce qu'il avait vu sur un papier, pour ne pas oublier.
Il arriva devant le portrait de la Grosse Dame, dit le mot de passe : « plume de paon » et entra dans la Salle commune. Dès qu'il pénétra dans la pièce, il reçut une bouffée de chaleur, contrastant agréablement avec le froid glacial du dehors. Il fit un signe à Ron et Hermione qui travaillaient dans un coin et leur indiqua qu'il allait se coucher puis il monta l'escalier de pierre. A chaque marche, ses pas se firent plus lourds, demandant un effort supplémentaire. Plusieurs fois sa tête bascula en avant, et il avait du mal à garder les yeux ouverts. Quand il parvint à rejoindre sa chambre, il s'empressa de sortir un morceau de parchemin et une plume puis il s'affala sur l'unique table de la chambre. Ne tenant plus, il coucha sa tête sur son bras replié, les yeux à quelques centimètres de la feuille, tint du plus fermement qu'il pouvait sa plume, et l'appuya contre la feuille. Il commença à écrire :
« Cette nuit, j'ai regardé la forêt, et il y avait u… » et il ne sut jamais ce qu'il allait mettre ensuite…
Ron et ses camarades Dean, Seamus et Neville terminaient laborieusement un devoir de Potions quand la fatigue les surprit eux aussi. Ron se leva le premier en rangeant ses affaires dans son sac. Il monta l'escalier comme un zombie, épuisé par la fatigue. Avant d'entrer dans sa chambre, il vit de la lumière sous la porte. Harry ne se serait pas couché ? Il ouvrit doucement la porte, mais elle grinça quand même sur ses gonds. La pièce n'était éclairé que par une bougie tremblotante, posée sur une table. Et sur cette table, il y avait aussi un Sorcier qui n'avait même pris le temps de rejoindre son lit pour s'endormir. Ron s'approcha de Harry et lui secoua légèrement l'épaule. Pas de réaction, il dormait paisiblement, sans bouger. Ron se pencha sur la table et vit le bout de parchemin. Etrange, il avait pourtant dit qu'il montait dormir directement. Il lut la courte phrase inscrite sur la feuille. « Ca ne lui ressemble pas d'écrire des mémoires… » pensa Ron.
Le rouquin appela ses camarades et à eux quatre, il déplacèrent Harry tout en douceur jusqu'à son lit, lui enlevèrent sa robe de sorcier pour qu'il ait moins chaud puis Ron lui ôta ses lunettes qu'il posa sur sa table de chevet.
à suivre…
