Titre : Créatures oubliées

Auteur : Epayss

E-Mail : epayss@caramail.com

Avertissement : PG

Note de l'auteur : Je pense que cette seconde partie sera plus courte que la première, puisque le scénario y sera plus diffus. Mais je prévois une fin spectaculaire haute en magie.

                                Magie Noire, Magie Blanche

Noël approchait. Une épaisse couche de neige recouvrait à présent tout le parc, les montagnes, la forêt, rendant tout le paysage aussi inoffensif que possible.

Harry regardait par la fenêtre la neige tomber sur le toit de la cabane du garde-chasse. Poudlard était à moitié vide en ce mardi 23 décembre, des élèves ayant préféré retourner chez eux pour les fêtes, car on ne sait jamais quand peut arriver le pire, disaient-ils. Et même si les attaques de Voldemort étaient peu nombreuses depuis son retour ( en tout cas par rapport à son premier règne ), chacun savait qu'il y avait toujours un risque de perdre un être cher, en particulier les enfants de Moldus. Il y avait donc une majorité de Serpentards qui étaient restés pour le Bal. Seuls Harry et Ron dormaient dans leur chambre maintenant, Hermione et Seamus craignant pour leurs parents Moldus, et Dean et Neville, eh bien, peut-être n'aiment-t-ils pas les bals, chacun son truc. Ah si, Gramine occupaient de temps en temps un lit. Son retour à elle avait été accueilli à bras ouvert. Harry se rappelait la fois où elle était revenue dans la Grande Salle, dimanche soir : elle était accompagnée de Mme Pomfresh et, à en voir leurs têtes à toutes les deux, il semblait que Gramine était sortie dehors sans autorisation. En effet, la tigresse était toute ébouriffée et de la neige parsemait sa fourrure, comme si elle s'était roulée dedans. Puis elle s'était assise à la table des professeurs et, comme si rien ne s'était passé, elle avait annoncé que les Aupengyars étaient définitivement partis. Le professeur Dumbledore lui avait serré la main – ou plutôt la patte –, et tout le monde avait applaudi, on ne sait même pas pourquoi. Enfin le principal, c'est que tout était rentré dans l'ordre, et que maintenant plus rien ne menaçait Harry, en tout cas pour l'instant.

Le sorcier détourna son regard de la fenêtre. Dans la chambre étrangement vide trônaient au milieu de la pièce les robes de bal de Harry et Ron. L'une vert bouteille, l'autre d'une couleur oscillant entre le violet et l'orange selon la lumière : c'était la nouvelle robe du rouquin, offerte par ses frères jumeaux soi-disant pour son passage en cinquième année, excuse un peu bidon quand on sait qu'il n'y a pas d'examen important à passer en quatrième année.

Harry quitta la chambre, et la Salle Commune par la même occasion ( soyons fou !). Il erra (non, pas pendant 13 ans) dans les couloirs à la recherche d'une âme qui vive. En chemin, il rencontra Gramine, collée contre le mur d'un couloir, une boule de neige à la patte. La tigresse tourna la tête vers le sorcier et lui fit signe de ne rien dire. Harry la dépassa et prudemment, s'avança dans le couloir perpendiculaire, où une bataille avait éclaté, à en voir la neige qui s'étalait par terre. Rusard allait encore râler. Harry suivit les traces de neige, ce qui le conduit à un couloir parallèle à celui où était planquée Gramine, et là, s'étaient regroupés plusieurs élèves de différentes maisons qui s'étaient ligués contre la tigresse. A leur côté, un monticule de boules de neige toute faite s'élevait comme une pyramide. Quand ils virent arriver Harry, ils lui demandèrent où était Gramine. Celui-ci leur répondit et le groupe, armé de boules, s'avança le plus possible du coin de couloir derrière lequel la tigresse attendait. Et dans un cri de guerre, ils se jetèrent sur leur cible qui fut très vite ensevelie sous la neige. Tous aussi excité les uns que les autres, on ne pouvait pas manquer de rire quand Gramine se mettait à sauter sur place comme un chaton et à faire des petits bruits entre le miaulement et le roucoulement.

Harry ne prit pas part à ces jeux et partit errer encore. Au bout d'un certain temps, il rencontra, assise sur un banc de la Cour Intérieure, Cho Chang. Elle était seule, emmitouflée dans sa cape et son écharpe aux couleurs de Serdaigle. Le sorcier la rejoignit mais n'osa pas s'asseoir à côté d'elle tout de suite.

« Salut Cho ! » souffla-t-il.

La jeune fille releva la tête en sursautant.

« Oh, Harry ! Je t'avais pas vu ! T'es tout seul ? »

« J'allais te poser la même question. »

« La plupart de mes amies sont parties. Et toi ? »

« Il n'y a plus que Ron et moi dans notre chambre. »

« C'est bizarre qu'il y ait autant de monde qui soit parti fêter Noël ailleurs. »

« C'est à cause des événements actuels. » expliqua Harry. « Ils ont peurs pour leur famille. Evidemment quand on a de la famille, c'est facile de s'inquiéter pour eux. »

Cho regarda Harry. Il semblait triste. La Serdaigle lui prit la main en se rapprochant de lui. Il restèrent silencieux plusieurs minutes, quand la cloche sonna l'heure de déjeuner.

Le 24 Décembre, Harry fut réveillé par Gramine, comme avant. Quand cette dernière le sentit bouger, elle quitta le lit et vint s'asseoir sur celui de Seamus. Harry se redressa, et mit ses lunettes. Ron s'étira dans son lit avant d'ouvrir ses yeux. En voyant Harry déjà debout avec Gramine, il leur dit :

« Joyeux Noël ! »

« Joyeux Noël à toi aussi, Ron. » répondit Harry. Il adressa un chaleureux sourire à Gramine tout en ne lui souhaitant pas un joyeux Noël. Il y avait une très bonne raison à cela, c'était que Gramine n'était pas très engagée ni très au courant des différentes fêtes de tous les mondes qu'elle visitait. Dans son propre monde, il n'y avait pas de célébrations comme cela, c'était inutile. Dans la galaxie en général, il n'y avait qu'une seule célébration qui était fêtée, celle de la naissance de la galaxie, entre novembre et décembre c'était la fête du ciel, en raison des étranges phénomènes stellaires qui se produisait cette nuit-là.

Noël n'était qu'un jour comme un autre pour Gramine, seulement ses compagnons recevaient toutes sortes de cadeaux ce jour-là. La tigresse, elle, n'offrait jamais rien : d'une part pour la raison citée au-dessus, d'autre part car on lui donnait très peu d'argent, juste le nécessaire pour se débrouiller au cas où elle en aurait besoin. Harry s'était habitué à ce qu'il ne reçoive rien d'elle, et la comprenait très bien.

Mais au pied de son lit, il y avait quand même un petit tas de cadeaux. Gramine, intéressé par les paquets, vint voir ce que Harry avait reçu. Celui-ci commença à les déballer, imité par Ron.

Le premier était une grosse boîte en fer blanc envoyé par Hagrid, contenant un nombre important de gâteaux faits maison, de bonbons de chez Honeydukes et de pâtisseries inconnues. Un unique petit papier était coincé entre un paquet de chocogrenouilles et des Fizwizbiz. Il y avait écrit :

« Joyaux Noèlle, Harry ! » – décidément l'orthographe ça s'arrange pas –.

Enchanté, Harry reposa la boîte et ouvrit le cadeau de Mme Weasley. Il consistait, comme tous les ans, en une série de petits pâtés, accompagnés d'un pull ou chaque fibre avait une couleur de l'arc-en-ciel, ce qui rendait de loin le pull blanc ( ne me demandez pas comment on peut tricoter un pull pareil ). Un mot signé par toute la famille complétait le présent, où on lui recommandait de faire bien attention à lui, comme s'il le faisait exprès de se mettre dans le pétrin !

De Ron il reçut un nécessaire à baguette, ce dont il avait bien besoin, enfin surtout la baguette.

Dans un lourd paquet, il reconnut le cadeau habituel d'Hermione, un livre. C'était un imposant pavé de près de 1000 pages, dont le titre était « L'Histoire des Quatre ». Il était écrit par le même auteur que celui de « L'Histoire de Poudlard » ( vu le titre c pas difficile de le deviner ), à ceci près qu'il relatait la vie des quatre fondateurs de Poudlard.

Entouré de papier cadeaux, Harry vit qu'il restait un dernier paquet, et le plus imposant de tous. Il était long de 1m70, et semblait entre le rigide et le souple. Excité, Harry crut que c'était un nouveau balai, bien qu'il n'ait pas entendu parler de la sortie d'un nouveau modèle. Hésitant quant à l'envoyeur, il se dépêcha d'ouvrir le paquet. Une lettre glissée dans le papier alerta son attention :

« Cher filleul,

Je doute que je puisse te donner ce paquet en main propre, c'est pourquoi je te l'envoie par hibou. J'espère qu'il arrivera au bon moment entre tes mains, car j'ai acheté ton cadeau il y a assez longtemps et je l'ai confié à une de mes connaissances pour qu'il te l'envoie le jour de Noël, au cas où je ne serais pas là pour le faire moi-même. J'espère te voir bientôt, et te faire parvenir de mes nouvelles un peu plus souvent.

Joyeux Noël                                                                             le 14 novembre1995

Sniffle. »

La lettre était terriblement inquiétante, et Harry craignait ne plus voir son parrain, surtout qu'il n'avait pas de nouvelles de lui depuis ce 14 novembre, ni même avant. Il ouvrit tout de même le paquet, et découvrit… un étui à balai ! Noir, avec une sangle pour le transporter sur le dos, c'était idéal pour ranger son Eclair de Feu, au lieu de le mettre dans la malle. Sur l'étui, il y avait aussi une grande poche pour ranger son nécessaire à balai. Harry murmura :

« Merci Sirius. »

Gramine et Ron étaient admiratifs devant le cadeau ( qui n'avait en lui-même rien d'extraordinaire ). La tigresse voyait combien Sirius manquait à Harry, et elle décida d'activer un peu le processus. Elle se résolut à aller voir le directeur dès que possible pour lui demander si lui aussi n'avait pas reçu des nouvelles. 

Note de l'auteur : les cadeaux qu'a offert Harry à ses amis ne sont pas nommés ici, parce que j'avais pas d'idée, et de toute façon, ils ne sont pas de première importance.

Le soir du Bal de Noël, Harry était en train de faire les cents pas dans sa chambre en attendant de pouvoir descendre dans la Grande Salle. Lui et Ron étaient déjà habillés depuis un moment, et ils n'avaient rien à faire d'autre que d'user le sol.

Quand enfin il fut l'heure de se rendre au bal, ils se précipitèrent d'un pas rapide dans les couloirs et arrivèrent parmi les premiers dans le Hall. Les portes étaient encore fermées.

En quelques minutes, tous le monde fut rassemblé devant les portes et les couples se formèrent. Harry retrouva Cho dans une magnifique robe bleue et argentée. Dans ses cheveux laissés libres flottaient quelques perles de nacre. Harry resta bouche bée devant elle, et cela suffit à Cho pour comprendre qu'elle lui plaisait.

Puis les grandes portes s'ouvrirent. Sans ordre particulier, les sorciers s'avancèrent dans la Grande Salle avec émerveillement. La configuration de la salle était la même que la dernière fois et les décorations n'avaient pas non plus été épargnées. Sur le côté de la Salle, le groupe des Buveurs de Vampires se préparait à lancer la musique. Et tout au fond, il y avait tous les professeurs réunis à leur table, et même Trelawney était venue pour l'occasion, rien que ça, ça se fête ! Tous les élèves s'assirent à leurs tables, mélangeant les différentes maisons. Le professeur Dumbledore se leva et réclama le silence :

« Nous voilà réunis pour un nouveau Bal de Noël ! J'espère que vous l'apprécierez autant que celui de l'année dernière. Mais j'ai quelques recommandations à faire en ce qui concerne le parc : son accès vous est autorisé, mais par mesure de sécurité, un dôme de sécurité a été placé sur tout le parc mais seulement jusqu'aux statues qui ont été entreposées tout autour. Au-delà de ces statues, vous aurez affaire à un mur invisible qui vous empêchera d'aller plus loin, tout cela dans l'unique but de vous protéger. Et maintenant, bonne soirée ! »

Des applaudissements accueillirent son discours tandis que le professeur se rasseyait. Très vite, des élèves quittèrent la salle pour voir les fameuses statues. Harry et Cho restèrent à leur table en compagnie de Ron et d'autres sorciers.

'Ce fut un long et joyeux repas'. Ce n'est qu'après plusieurs danses que le couple sortit faire un tour dehors. L'air était frais mais quand on restait près de l'entrée, la chaleur des torches qui éclairaient les marches menant au parc était assez agréable. Malgré les fines chaussures que portait Cho, elle accepta de venir dans la neige glacée. Ils marchèrent, emmitouflés tous les deux dans une seule cape d'hiver, jusqu'à une des statues. Alignées tout les 20 mètres environ, elles représentaient chacune une créature fantastique différente. Celle sous laquelle se tenait Harry et Cho était un superbe Kelpy de pierre, au bas duquel des vagues de pierre se fracassaient contre ses sabots.

Les deux sorciers grimpèrent sur son socle et s'appuyèrent contre une de ses pattes. Ils se rapprochèrent l'un de l'autre pour se tenir un peu plus chaud.

« Il fait meilleur ici. » commença Cho.

« Oui, on étouffait là-bas. » renchérit Harry.

Grand silence.

« Harry, j'ai une question à te poser, enfin t'es pas obligé d'y répondre si tu veux. »

« Vas-y toujours. »

« Cédric… ( Harry frissonna à l'annonce du nom tabou )… a-t-il combattu Tu-Sais-Qui, avant de mourir ? »

Sa voix s'étrangla un peu dans sa gorge au moment où elle termina la phrase. Harry ne répondit pas tout de suite. Il voulait bien lui dire ce qu'il s'était passé, mais ne savait pas comment le raconter. Finalement, il dit :

« Non, il n'a rien pu faire. On avait tous les deux sortis notre baguette magique parce qu'on ne savait pas où on était et un homme est arrivé, un serviteur de Vol… ( léger tremblement de Cho ) pardon, de Tu-Sais-Qui, et il l'a tué avant qu'on y comprenne quelque chose, parce qu'il était en quelque sorte… la personne de trop. »

« Ok… Merci. »

Ils retournèrent tous les deux dans leur mutisme. Cho se rapprocha un peu plus du sorcier, obligeant Harry à passer son bras derrière son dos et sur sa hanche droite. Au bout de quelques minutes, Cho releva la tête vers lui et, avec une infinie douceur, déposa un baiser sur les lèvres de Harry. Celui-ci, non mécontent de ce qui venait de lui arriver, la regarda tendrement avec ses yeux émeraude et lui rendit son baiser, cette fois-ci un peu plus long que le premier. La douceur avec laquelle ils s'embrassaient rendait l'instant incroyablement long et magique et ils en profitèrent tous les deux du mieux qu'ils purent. Ils continuèrent leur échange amoureux plusieurs minutes durant, s'enlaçant de tous leurs membres. Ce n'est que quand le froid les obligea à s'arrêter qu'ils décidèrent de rentrer au château, et de tenir leur relation secrète du mieux qu'ils purent ( car il valait mieux éviter les rumeurs le plus possible). La main dans la main, ils ne reprirent une attitude « normale » qu'après avoir monté les marches menant au château.

Les jours qui suivirent, jusqu'à la rentrée, Harry et Cho se donnèrent des rendez-vous en secret dans quelque salle oubliée ou dans un recoin de la bibliothèque. De temps en temps, ils se mettaient quand même à travailler leurs devoirs de vacances. Seuls Ron et Gramine avaient été mis au courant de cette relation, ou plutôt avaient harcelé Harry de questions pour savoir ce qu'il avait fait avec Cho. Harry avait donc tout révélé, et ses amis lui avaient promis de rester bouche cousue. Car en plus d'être une célébrité, le sorcier était aussi l'attrapeur et capitaine des Gryffondor, et il serait mal vu qu'il sorte avec l'attrapeur des Serdaigle.

Le jour de la rentrée des vacances d'hiver fut dès le matin un véritable drame – ça y est, les ennuis commencent –. Les hiboux arrivèrent comme d'habitude par dizaines, avec leurs lettres, leurs paquets en tous genres, et surtout… les journaux du matin. Dès que ceux-ci se retrouvèrent entre les mains des élèves, un grand silence commença de se faire alors que tous lisaient silencieusement les nouvelles. Harry, penché vers Hermione, lut la première page :

Les Détraqueurs ralliés à Celui-Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Pas-Etre-Prononcé

Hier soir, aux environs de minuit, une attaque a été menée contre Azkaban, la prison des sorciers. Un groupe d'une trentaine de Mangemorts commandé par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom s'y sont rendus et ont libéré tous les prisonniers, qui étaient pour la plupart d'anciens Mangemorts. Les Détraqueurs, gardiens de la prison, se sont soumis à leur ancien maître et ont abandonné les lieux pour suivre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Aux dernières nouvelles, Azkaban est maintenant vide de tous ses occupants.

Une interview a été réalisée auprès du Ministre de la Magie, Mr  Cornélius Fudge :

« Mr Fudge, après cette attaque, niez-vous toujours  le retour de Vous-Savez-Qui ? »

« Non. J'avoue que je suis resté sceptique quant à Son retour assez longtemps, mais il est maintenant clair que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a fait son retour parmi nous. » explique le Ministre de la Magie.

« Quelles mesures vont être prises pour la protection de la population et du pays ? »

« Nous en débattrons au Ministère dès demain. »

« Avez-vous une idée de la prochaine cible de Vous-Savez-Qui ? »

« Ecoutez, je ne suis pas au courant de Ses plans, alors cessez de me poser des questions ridicules ! » s'emporta Mr Fudge. »

La première page se terminait sur cette phrase. Il n'avait plus aucun bruit dans la salle. Les professeurs aussi lisaient l'annonce. Tous les visages avaient pâli brusquement, à part à la table des Serpentards, où des mines réjouies faisaient leur apparition.

Harry pensa à la dernière question du journaliste. Quel pouvait être la prochaine cible, si ce n'était lui ? Apparemment, la même question se formulait dans les esprits de ses amis, puisqu'il les vit tourner la tête vers lui. Lassé de ces regards constants, il entreprit de remplir son assiette de tout plein de bonnes choses. Mais l'appétit ne venait pas. Il la regarda un bout de temps, mais les Détraqueurs occupaient ses pensées. Il se dit que si Gramine ne l'avait pas endormi comme d'habitude cette nuit, il aurait sûrement vu le drame en rêve, et tout ce qui va avec, c'est-à-dire douleurs à la cicatrice et réveil en sursaut et en sueur.

Harry décida qu'il avait terminé de manger et il se leva de la table. Il n'était pas le seul à le faire, et bientôt la Grande Salle fut vidée d'une bonne trentaine de personnes qui n'avait vraiment pas le cœur à déjeuner.

La matinée commençait par un cours de Défense Contre les Forces du Mal. Harry arriva le premier, puisque les autres n'avaient sûrement pas encore fini de manger. En attendant devant la porte, il vit arriver, en avance pour une fois, le professeur Lupin, qui transportait dans ses bras une petite horloge de bois. Ce dernier s'étonna de voir Harry ici.

« Bonjour Harry, tu es très en avance aujourd'hui. »

« Oui. » répondit simplement le sorcier.

« Bon, puisque tu es là, tu vas pouvoir m'aider si ça ne te dérange pas. »

« Heu… Non, pas du tout. »

Le professeur Lupin lui remit alors l'horloge, ouvrit sa salle de classe et lui demanda de la poser sur le bureau.

« Maintenant, on va repousser les tables sur le côté. » continua Lupin.

« Qu'est-ce qu'on va étudier ? » demanda Harry avec curiosité.

« Oh, une créature que tu connais déjà. »

L'horloge trembla un peu. Il semblait y avoir quelque chose à l'intérieur. Cela lui rappelait un cours, en troisième année, le premier cours de Défense Contre les Forces du Mal, à vrai dire.

« Un épouvantard ? »

« Exact. En fait celui-ci a subi un sort puissant qui le bloque sur une unique forme quand il se trouve devant une personne, c'est celle d'un Détraqueur. »

Harry sentit la crainte l'envahir. Le fait de se retrouver encore une fois devant sa plus grande peur ne l'enchantait pas vraiment.

« Mais c'est surtout pour les années supérieures que je l'ai rapporté. » continua le professeur. « Car avant d'en affronter un, il vaudrait mieux que les élèves apprennent à faire un Patronus. Tu n'auras pas à beaucoup travailler pour ce cours-ci, Harry. »

« Hmm. » Tant mieux, pensa-t-il.

Quand les tables furent rangées, Harry retourna dans le couloir, où quelques élèves s'étaient déjà rassemblés.

« Bonjour tout le monde. » fit le professeur Lupin une fois que tous les élèves – comprenant Gramine ­– furent rentrés dans la Salle. « J'ai changé un peu le programme de ce mois en voyant les nouvelles de ce matin. Nous allons donc maintenant passer un peu de temps à étudier le moyen le plus efficace pour se défendre contre un Détraqueur : le Patronus. »

Plusieurs élèves gémirent à l'idée d'avoir à combattre un jour ces créatures.

Le professeur expliqua comment en fabriquer un, et les élèves essayèrent de réaliser leur propre Patronus.

Après les explications du professeur, Harry commença à s'asseoir sur une table, près des autres Gryffondors pour leur donner des conseils. Seamus vint le voir, remarquant qu'il ne faisait rien :

« Tu n'essayes pas de faire un Patronus, Harry ? »

« Non, je sais déjà en faire un. » répliqua le sorcier.

« C'est vrai ? Tu peux me montrer, dis ? »

Harry se demanda s'il arriverait à le faire après ce qu'il avait appris ce matin, mais il tenta quand même l'expérience. De toute façon, c'était beaucoup plus facile sans Détraqueurs à côté. Il se leva de sa table et sortit sa baguette, tout en réfléchissant à un bon souvenir. Il y avait le retour de Gramine, le Bal de Noël, ou des souvenirs bien plus vieux comme la victoire de la Coupe des Quatre Maisons en première, deuxième et troisième année. Finalement, il se concentra sur toutes ses victoires de Quidditch à la fois. Puis il dit :

« Spero Patronum ! »

Aussitôt, un immense cerf argenté jaillit de la baguette et atterrit au centre de la salle. Ses sabots martelèrent le sol un instant, puis sa tête se tourna vers Harry. Celui-ci lui sourit, encore émerveillé par cette copie conforme de Cornedrue. Le cerf, voyant qu'il n'y avait aucun Détraqueur dans les environs, se cabra et s'évanouit dans l'air comme de la fumée blanche.

L'exploit fut applaudi par toute la classe. Gramine, qui avait regardé la démonstration dans un coin de la classe, se leva et sortit sa baguette pour essayer. Quel souvenir avait été pour elle le plus heureux ? Il y en avait tellement. Tellement d'heureux, tellement de malheureux. Elle s'en souvint d'un, une nuit à la belle étoile passée en compagnie de son plus cher ami, Ombre, un autre tigre de son espèce. Le souvenir bien en tête, elle brandit sa baguette et :

« SPERO PATRONUM ! »

Les élèves avaient réussi à trouver la sortie de la salle, encore aveuglés par l'explosion de lumière qui venait d'éclater. Ils avaient tous mis beaucoup de temps à retrouver une vue normale et à s'accoutumer à l'obscurité naturelle du couloir. Tout le monde avait cru que la salle allait s'effondrer, c'est pourquoi ils étaient tous sortis. Quand leur vue put distinguer à nouveau la porte de la salle de classe, ils virent qu'elle était encore intacte, et c'est à cet instant qu'en sortit Gramine. La tigresse avait un air complètement ébranlé, et elle tenait sa baguette comme s'il s'agissait d'une arme de destruction massive. Quand elle releva la tête, elle remarqua que tous les yeux étaient tournés vers elle, et cela la gênait un peu.

« Excusez-moi. » murmura-t-elle.

Un Gryffondor formula à voix haute la question que tout le monde se posait.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Le professeur répondit, avec un air amusé :

« Je crois… que Gramine a un Patronus que la salle ne peut pas contenir en entier. Il semble que nous nous soyons tous retrouvé à l'intérieur du Patronus. »

Plusieurs élèves furent émerveillés par son exploit, et certains tentaient d'imaginer quel pouvait être son Patronus : un grand dragon ? Ou un animal inconnu des sorciers, vivant sur une autre planète ? Gramine, elle, ne retoucha plus à sa baguette de tout le cours.

L'après-midi, pendant le cours de Potions des Gryffondors, la tigresse se rendit dans le bureau du professeur Dumbledore. Et comme elle ne connaissait pas le mot de passe, elle se contenta de signaler sa présence par un puissant feulement qui se répercuta dans de nombreux couloirs. Quelques secondes plus tard, une tête de fantôme sortit d'un mur, alerté par les échos. C'était le Moine Gras. Il demanda :

« Que vous prend-il à rugir ainsi ? »

« Je voudrais voir le professeur Dumbledore, je dois lui parler d'affaires importantes. »

« Bien, je vais le prévenir que vous attendez devant la statue. » Et le fantôme s'envola vers l'étage supérieur. Il revint quelques minutes plus tard :

« Vous pouvez monter, voici le mot de passe : Chocogrenouille. »

Aussitôt dit, la statue s'ébranla et se poussa sur le côté, dévoilant l'escalier en colimaçon. La tigresse grimpa les marches et frappa à la porte du bureau une réponse assourdie se fit entendre, et elle entra.

Derrière son bureau attendait le directeur de Poudlard, Dumbledore.

« Que me vaut ta visite, Gramine ? »

« Je désirerais vous parler d'une affaire qui concerne en particulier Harry, mais je préférerai d'abord vous en parler avant lui. »

« Je t'écoute. » dit calmement Dumbledore, les mains entrecroisées au-dessus de la table.

« Voilà, je me demandais si vous aviez reçu des nouvelles de Sirius Black récemment. »

« Non, absolument aucune depuis la fin d'août. »

« Comme pour Harry. Mais à Noël, il lui a envoyé une lettre, préparée à l'avance le 14 novembre. Et il avait écrit que des nouvelles de lui parviendraient à Harry plus souvent dorénavant. »

« Maintenant que tu me le rappelles, cela m'inquiète. Je lui avais confié une mission, celle de retrouver les anciens, et puis il est parti en fin août en Amérique du Nord, au Canada je crois, et je n'ai plus entendu parler de lui. Mais avant que tu me le dises, je pensais simplement qu'il n'avait pas de chouettes sous la main. »

« Mais il a bien dû revenir par ici pour écrire la lettre du 14 novembre. Ou alors il était très pressé. C'est pourquoi je voudrais votre autorisation pour me permettre d'aller le retrouver et prendre de ses nouvelles, ou au pire le ramener ici. »

« Mr Black est peut-être effectivement en danger, et il serait de bonne grâce d'aller le délivrer. Mais tu as le devoir de protéger Harry, et ton absence risque d'être longue… »

« Harry ne craint pas grand chose en ce moment, il n'y a plus de menace imminente, je suis certaine qu'il peut se passer de moi quelques jours, car j'espère ne pas dépasser ce temps. »

Dumbledore regarda attentivement la tigresse, puis soupira.

« Bon, d'accord. Tu peux partir le rechercher. Mais fais bien attention à ce qu'il ne soit pas remarqué si tu le ramènes jusqu'ici. Et reviens vite. »

« Merci professeur, il ne me reste plus qu'à prévenir Harry, et je pourrai partir. Au revoir. »

« Au revoir, Gramine. »

Harry ne revit pas la tigresse avant le soir, au moment où il allait se coucher. Elle semblait assez pressée.

« T'es pas descendue manger ce soir ? »

« J'avais mangé avant, parce que j'avais quelques petites choses à régler avant de partir. » expliqua-t-elle.

« Tu pars ? » demanda Harry avec de grands yeux.

« Oui, mais seulement pour quelques jours, ne t'en fais pas. Je pars rechercher une personne, et le directeur m'a donné l'autorisation. Tu es en sécurité, il n'y aura aucun problème. »

« Tu vas où ? »

« Je ne sais pas encore. » répondit-elle hâtivement. En réalité, elle savait très bien où elle allait, en Albanie. Après avoir pris un dîner consistant, elle avait été voir le professeur Lupin, le meilleur confident de Sirius. Elle avait appris que c'était à lui que Sirius avait confié le cadeau de Harry, et qu'il était revenu le 14 novembre à Pré-au-Lard pour le lui remettre. Puis il était vite parti pour l'Albanie, où il souhaitait enquêter sur des faits qui s'y était produit. Il n'avait pas donné de ses nouvelles depuis à Lupin. Mais maintenant, Gramine savait où aller chercher.

Elle continua :

« Harry, il y a une autre chose dont je voudrais te parler. »

« Oui ? »

« Je ne vais plus pouvoir t'endormir le soir, c'est devenu trop dangereux maintenant. Tu risques de plus en plus de tomber dans le coma, le vrai cette fois, et pour de bon. Je suis désolée. Il va falloir que tu vives avec tes cauchemars, et je ne suis pas certaine que Mme Pomfresh accepte de te confier des Potions de Sommeil pour le reste de l'année. »

Harry resta silencieux.

« Ok. » finit-il par dire.

« Je dois y aller maintenant. » Elle se suréleva légèrement sur ses pattes arrière, prit Harry entre ses pattes et frotta sa tête contre la sienne.

« A bientôt, Gramine. »

Et elle partit. Elle devait mettre 8 jours à ramener Sirius Black.

« Croyez-vous qu'il soit nécessaire de prendre autant de temps ? » demanda le Mangemort.

« Oui. » répondit le Mage Noir. « Il y a deux possibilités quant aux conséquences des attaques que nous allons réaliser : soit Potter va s'affaiblir, soit il va se renforcer, poussé par la haine qu'il accumule contre moi. S' il s'affaiblit, accablé par le poids que les autres lui font porter, il nous sera d'autant plus facile de le capturer. S'il se renforce, et que sa haine s'intensifie, il sera peut-être possible de le faire passer de notre côté. La haine aveugle les personnes, il ne saura pas ce qu'il fera, j'en suis certain. »

Harry se réveilla en sursaut. Il avait encore fait un cauchemar, mais il ne s'en souvenait plus. Sa cicatrice n'émettait aucune douleur, fait plutôt rare après avoir fait un cauchemar.

Après s'être remis de ses émotions, le sorcier se leva. Il n'avait plus du tout sommeil. Comme d'habitude, il descendit dans les couloirs faire un petit tour, histoire de faire des rencontres intéressantes. A un moment, il se trouva à proximité du dortoir des professeurs. A quelques mètres, il devait y avoir la chambre de Gramine normalement. En tâtonnant, il trouva la porte et tenta de l'ouvrir. Elle tourna sur ses gonds, sans grincer.

Il avança dans la pièce, simplement par curiosité, car il savait très bien que la tigresse ne laissait jamais rien dans sa chambre, elle transportait tout ce qu'elle possédait sur elle, dans son sac. Il fit tout de même le tour de la pièce, laissant glisser ses doigts sur l'unique table de bois. Il s'assit sur le lit, s'amusa à rebondir sur le matelas, puis s'allongea. Par-delà la fenêtre, la lune resplendissait et éclairait le lit avec une lumière froide.

A environ 1000 kilomètres de là, Gramine volait sous la lumière de cette même lune. Elle filait à toute vitesse, engloutissait les kilomètres à la vitesse d'un éclair. Elle connaissait mal la direction à prendre vers l'Albanie, c'est pourquoi elle ne cessait de changer de direction à tout moment, se repérant avec les étoiles. D'après elle, elle devait être au-dessus de l'Allemagne, et devait obliquer un peu plus vers le Sud. Sous elle, un paysage blanc défilait, tout recouvert de neige et de glace.

La nuit s'éteignit, faisant place au jour, et le soleil répéta son cycle quatre fois avant d'arriver à destination.

  Au quatrième jour, l'Albanie se présenta, verte et mouillée par la neige fondue, montagneuse et garnie de forêts. La tigresse se posa sur un pic rocheux. Elle était arrivée. Et ne savait où aller. Elle ferma les yeux, et laissa parler son cœur. Elle tenta de percevoir un signal de Sirius, mais elle n'arrivait pas à sentir sa présence. Il suffisait qu'il soit évanoui, et rien ne laissait entrevoir son existence. Gramine plongea au cœur de l'énergie de la planète, ressentant le flux qui la parcourait. Elle laissa son esprit dériver sur cette rivière spirituelle, et attendit d'atteindre son but. Enfin, alors que le courant l'emportait de plus en plus vite et de plus loin, au cœur d'une forêt de sapin, elle la vit : une maison, grande, imposante, que la rivière s'efforçait d'éviter. A l'intérieur, l'esprit de Gramine vit une pâle source d'énergie briller à travers les murs. Sans savoir pourquoi, la tigresse sut que c'était Sirius. La rivière l'avait conduite ici parce qu'elle le désirait, il n'y avait pas de doute sur l'identité de la petite source énergétique.

Gramine s'élança, et déploya à nouveau ses ailes. Elle se laissa porter par le vent, gardant ses forces pour plus tard. Au bout de quelques minutes, l'immense forêt qu'elle avait entrevue s'étendit devant elle. Au loin, le soleil se couchait, montrant qu'elle était restée plusieurs heures dans la rivière d'énergie. Tout au bout, à plusieurs kilomètres de la ville, la grande bâtisse s'élevait, et Gramine s'aperçut qu'elle ressemblait étonnement au manoir des Jedusor, en Angleterre. Elle se posa dans la forêt et, s'approchant un peu de l'unique route qui reliait la maison à la ville, elle lut un panneau, qui semblait délimiter le domaine du propriétaire. Il y avait écrit :

« Propriété d … usor »

La rouille avait envahie tout le milieu du panneau, rendant illisible le nom du propriétaire. Mais il semblait claire que cette demeure appartenait à la famille Jedusor, enfin ce qu'il en restait. La tigresse s'approcha de la porte principale, restant dans le couvert des arbres. Deux silhouettes encapuchonnées tenaient la garde.

« Des Mangemorts ? Que font-ils là ? » se murmura-t-elle à elle-même.

Elle s'approcha encore d'une centaine de mètres. Ce qui avait ressemblé à des Mangemorts étaient en réalité des Détraqueurs, qui gardaient sans bouger la porte d'entrée. La tigresse s'arrêta net en les reconnaissant. Elle détestait ces créatures. Mais il lui fallait entrer à tout prix à l'intérieur. Un seul moyen : le Patronus. Elle regarda autour d'elle. La nuit commençait à tout plonger dans l'obscurité. Il était trop tard pour essayer un Patronus. S'il était aussi grand que le professeur Lupin le prétendait, elle ne pouvait pas se permettre d'en faire un en pleine nuit, car il se mettrait à illuminer tous les environs et serait visible de très loin. Elle préféra le faire en pleine journée, même si ce n'était le moment idéal pour s'introduire dans une maison.

Pour ne pas perdre de temps, Gramine inspecta les alentours de la propriété. Une seconde porte, plus petite, se trouvait derrière la maison, elle aussi gardée par des Détraqueurs.

« Je ne pensais pas que Voldemort utiliserait les Détraqueurs à garder une de ses maisons. » pensa Gramine. « En plus, il n'y a pas l'air d'y avoir grand monde là-dedans. Les Détraqueurs ne doivent pas garder que Sirius, il doit y avoir un plus grand secret. »

La tigresse recula dans la forêt, et grimpa à un arbre pour y passer la nuit. Elle s'arrangea à voir et à ne pas être vu, ce qui n'était pas facile avec la couleur de son pelage très inattendue dans un bois vert.

Couchée sur trois branches à la fois, elle s'endormit, mais pas complètement. Une partie de son esprit restait éveillée, au cas où il se passerait quelque chose. Mais il ne se passa absolument rien. Rien ne vint perturber les Détraqueurs, aucune vie ne transparaissait à travers les grandes fenêtres. Quelques-unes unes possédaient des barreaux devant la vitre. Etrange… Pourquoi des barreaux si ce n'était pour emprisonner quelqu'un ?

Au milieu de la nuit, Gramine se leva et alla vérifier si elle ne pouvait pas entrer par les fenêtres ou regarder à travers les barreaux pour vérifier s'il y avait là des prisonniers. Elle s'envola et alla sur le côté de la maison, là où il n'y avait pas de Détraqueurs. Elle s'approcha, le plus silencieusement possible, mais au moment où elle allait coller son museau contre les barreaux, un champ de force la repoussa comme l'aurait fait un aimant. Un sortilège, évidemment. Et elle pariait que seules les portes n'étaient pas protégées.

Le soleil se leva, éclairant la rosée fraîchement déposée sur les feuilles des arbres. Gramine se réveilla dans son arbre, un peu courbaturée d'avoir dû dormir sur trois malheureuses branches. Le soleil dépassait tout juste de la forêt, pas encore assez pour réaliser un Patronus qui puisse être invisible. En attendant, elle partit se trouver quelque chose à se mettre sous la dent.

Quand le soleil fut haut dans le ciel et resplendissant de lumière, la tigresse s'avança jusqu'à la lisière du bois. Elle sortit sa baguette, et priant pour que ça marche, se rappela le même souvenir que la dernière fois.

« Spero Patronum ! » fit-elle à haute voix.

Aussitôt, une immense forme argentée et indéfinissable se propulsa dans le ciel. Sans un bruit, le Patronus déploya ce qui devait être des ailes, car tout ce qu'on pouvait voir de lui, c'était quelques reflets pâles et nacrés qui se mouvaient avec ses mouvements. Après l'avoir bien observé, Gramine eut un éclair d'illumination.

« C'est ma chimère-dragon ! » s'exclama-t-elle tout bas. « Oui, c'est bien sa copie, qu'est-ce qu'il est beau, et si grand ! »

En effet, le dragon était bien plus grand que le manoir, il devait même atteindre la hauteur de Poudlard sans problème en se dressant un peu sur ses pattes arrière.

Mais pour l'instant, il était en vol, et ses ailes battaient l'air lentement, d'après ce que la tigresse pouvait en voir. Puis il se décida à attaquer. En un mouvement rapide et invisible, il projeta les deux Détraqueurs de la porte principale sur le côté. Ceux-ci, effrayés par ce puissant Patronus, déguerpirent rapidement. Le dragon s'envola alors de l'autre côté de la maison. Quelques secondes plus tard, deux autres Détraqueurs s'enfuirent dans le bois en courant ( ou plutôt en glissant sur le sol car on ne voyait pas leurs pieds ), puis le Patronus revint, exécuta un tourbillon dans le ciel, et se volatilisa, aussi silencieusement qu'une plume.

La voie était libre. La tigresse sortit du couvert des arbres et, prudemment, ouvrit la porte en la forçant un peu.

Elle se retrouva dans un très grand hall sombre et poussiéreux, que seul une lumière tamisée éclairait, par une fenêtre vitreuse. Sur la droite, un grand escalier de marbre conduisait à l'étage supérieur. En face, un couloir s'étendait sur une dizaine de mètres et donnait sur une série de salles fermées. Le parquet était défoncé par endroit, et aucune décoration n'était visible, comme si l'endroit avait été pillé à un moment. La tigresse commença par visiter le rez-de-chaussée. Elle s'engagea dans le couloir d'en face et inspecta chaque salle, dont les serrures étaient déjà à moitié détruites. Aucune des pièces ne lui donna satisfaction, elles donnaient toutes sur des pièces vides, d'anciennes salles de bains ou des placards quelconques. L'étage supérieur devait être sûrement plus intéressant.

Elle grimpa à l'étage supérieur. Arrivée en haut, un nombre impressionnant de couloirs se dévoilèrent devant elle. Il devait y en avoir près d'une dizaine. Elle en choisit un, au hasard, celui où les portes étaient les plus imposantes et les plus solides. Au bout de plusieurs mètres, une lourde porte de bois se présenta sur sa gauche. Le bois avait été taillé avec finesse, révélant des courbes multiples et des entrelacs semblables à des serpents. Un coup de baguette magique… non, la porte ne s'ouvrait pas. Elle frappa un peu à la porte pour en estimer son épaisseur… beaucoup trop épaisse pour la défoncer. Elle examina la serrure, en fer. Alors elle tenta de fondre la serrure en l'exposant à de l'énergie pure, grâce à ses pattes. Le résultat fut concluant, et bientôt tout ce qui n'était pas en bois coula le long de la porte. Gramine poussa le panneau, qui tourna lentement, sans aucune résistance. Elle se trouva face à une grande salle, tout en bois elle-aussi, avec une cheminée, une grande table, des chaises, de vieux fauteuils, et de la poussière. Enfin, pas partout la poussière. La table semblait avoir servi il y a peu, de même que le paquet de feuilles qui s'entassaient dessus. La tigresse s'approcha avec un vif intérêt des feuilles, et commença à les regarder. Celles du dessus semblaient les plus récentes, à en juger par le jaunissement du parchemin. Un détail attira son attention : sur l'une d'elles, elle vit des notes concernant Harry Potter. Du genre son âge, sa classe, mais aussi l'adresse des Dursleys, ou ses plus proches amis ou connaissances, ce qui étaient assez inquiétant quand on voyait la liste d'adresses et de noms qui, même si elle n'était pas bien nombreuse, donnait à réfléchir sur l'ampleur du réseau d'information de Voldemort.

Elle feuilleta encore un moment les notes, quand elle fut interrompue par le grincement de la porte derrière elle. Un courant d'air, sans doute. Quelques secondes plus tard, ce fut un frottement de tissu qu'elle entendit. Elle se retourna brusquement, redoutant le pire.

« Ce n'est pas bien prudent de se promener dans ce manoir sans prendre garde, Gramine. »

Voldemort se tenait devant elle, vêtu de son éternelle cape noire, ses yeux rouges et son visage blanc contrastant avec la monotonie de la pièce. Avant d'engager un combat, verbal ou physique, la tigresse regarda une dernière fois les différentes issues qui s'offraient à elle, et il n'y en avait pas beaucoup : des fenêtres protégées magiquement empêchaient toute échappatoire et une unique porte que Voldemort était en train de repousser dans son logement initial s'ouvrait sur le couloir, mais il fallait qu'elle trouve le moyen de dépasser son ennemi, ce qui ne se ferait pas sans qu'elle use d'énergie pour se protéger des attaques de Voldemort.

« Serais-tu venu chercher quelqu'un ici, par hasard ? » demanda Voldemort, la baguette tendue nonchalamment vers elle. Il parlait sans aucun doute de Sirius.

« Quelqu'un ? Vous retenez quelqu'un prisonnier ? » répliqua Gramine avec un petit sourire.

Voldemort sentit la colère monter en lui. L'esprit malin de cette créature l'exaspérait.

« Pourquoi fouilles-tu dans ces papiers, qu'espères-tu y trouver ? »

« Absolument rien. Je regarde, c'est tout. Comment avez-vous fait pour savoir où j'étais ? Je suis plutôt discrète. »

« Pas suffisamment, apparemment. Dès que tu es entrée dans cette pièce, ta présence a aussitôt été repérée et le transplanage n'est pas interdit aux alentours de cette maison, je te signale. »

« Vous appelez ça une maison. Chez moi on nomme ça un débris. Vous n'avez pas peur de laisser ces parchemins à la portée de n'importe qui ? » Elle prit entre ses griffes une feuille et, commença à la faire brûler avec un peu d'énergie. Voldemort enragea intérieurement.

« Tu vas me le payer. » menaça-t-il.

Il pointa sa baguette et… « Endoloris ! »

La tigresse l'avait vu venir depuis un bout de temps. En une fraction de seconde, elle activa son bouclier invisible et fit un bond sur le côté. Le sortilège la frôla, provoquant tout de même une désagréable sensation de courbature sur son flanc droit. Après l'attaque, elle jugea qu'il était temps de s'esquiver par la porte, avant que ça ne dégénère trop. Elle courut droit vers le Mage Noir, avec l'idée de lui foncer dedans. Elle arriva sur lui, … et se cogna contre sa personne sans l'ébranler une seule fois. Un peu étourdie, elle recula de quelques pas, et avant que l'autre d'en face ne réattaque, elle sauta sur lui. Les pattes avant sur ses épaules, elle plaça ses crocs contre sa gorge. Mais dans son élan elle sentit dans le creux de sa clavicule une pointe de bois désagréable s'enfoncer dans sa peau.

« Nous voilà dans une position bien inconfortable. » dit Voldemort. « Le point faible de ton armure se trouve bien à cet endroit, n'est-ce pas ? »

Gramine ne répondit pas. Elle se prépara à sauter par-dessus son adversaire, définitivement cette fois. La lourde porte était à environ un mètre de son museau. Il s'agissait de prendre le choc dans les épaules. Une fois prête, et alors que Voldemort débitait un baratin pas vraiment intéressant sur leurs chances de survie dans cette position, la tigresse prit appui sur les épaules du Mage Noir, sauta, courba la tête immédiatement, et se prit la porte de plein fouet. Celle-ci tourna violemment sur ses gonds, et laissa passer une tigresse un peu boiteuse. Mais il ne fallait pas traîner, d'autant plus que Gramine n'avait plus tellement d'énergie pour se protéger d'un Doloris, et encore moins d'un Avada Kedavra. Sans réfléchir, elle obliqua sur la gauche, et fonça dans le couloir. Au tournant suivant, elle regarda derrière elle : Voldemort, furieux de s'être laissé avoir, accourrait à toute vitesse. La tigresse détala aussi vite qu'elle put. Elle parcourut un nombre important de couloirs, sans jamais trouver une sortie. Finalement, elle s'arrêta, écouta le silence, prit la première porte qui se trouvait sur son chemin, et pénétra dans la salle.

Elle referma silencieusement la porte, et attendit. Quelques secondes plus tard, des bruits de pas rapides claquèrent contre le sol, et s'éloignèrent. Il était parti. Gramine reprit un peu son souffle et, l'oreille toujours aux aguets, perçut un étrange bruit, auquel elle n'avait pas fait attention avant. C'était un son grave et sourd, un peu comme celui d'un zeppelin ou le bourdonnement à très basse fréquence d'une guêpe. Et puis il y avait cette faible lumière. Pas blanche, ni grise, mais plutôt jaune et noire. La tigresse se retourna. Un seul mot lui vint à l'esprit, sans qu'elle ne sache pourquoi : « Magie Noire » ( je sais ça fait deux mots mais bon). Elle se trouvait dans une grande salle, pas parce qu'elle pouvait en voir le bord, mais parce que ça se trouvait assez loin d'elle. Le ça, c'était une boule, en même temps compact et en fumée, de couleur jaune et noire, en lévitation à un mètre au-dessus du sol. En fait, sa surface était un peu comme le Soleil, sans cesse mouvante, et semblant exploser intérieurement de cette matière jaune et noire. Tout autour de la sphère, des éclairs noirs zébraient sa surface. Le son vrombissant venait de l'intérieur. Exposée ainsi à la lumière, Gramine éprouva de la fascination pour cette sphère. Elle avança un peu vers elle, prudemment. Quand elle ne fut plus qu'à quelques mètres, elle tenta de s'arrêter, mais son corps était irrésistiblement attiré par cette boule de Magie Noire. Effrayée, elle recula, ses pattes glissant sur le plancher, et s'arracha au champ gravitationnel.

Une fois revenue près de la porte, elle se posa quelques questions : « Qu'est-ce qu'une sphère de Magie Noire pure fait ici ? ça doit être pour ça qu'il y a autant de Détraqueurs pour surveiller le manoir. Normalement, une Magie Noire possède toujours son contraire, la Magie Blanche. Je me demande où elle est entreposée. J'ai lu dans un livre que celui qui posséderait les deux arriverait à tout contrôler, et sa puissance augmenterait considérablement. J'espère que la Magie Blanche est bien protégée. »

La tigresse sortit dans le couloir. Tout était redevenu calme. Il ne semblait plus y avoir personne dans la maison. Elle marcha un peu, poussa une porte, et se retrouva dans le Hall, au rez-de-chaussée, sans pour autant avoir descendu d'escalier. Elle se demanda où pouvait bien être Sirius. Elle remonta au premier étage, et emprunta un autre couloir. Elle marcha pendant ce qui lui sembla être des heures sans rencontrer personne, revenant toujours au Hall d'entrée. Elle avait visité des dizaines de salles, et ses forces se faisaient de plus en plus faibles, d'autant plus qu'elle commençait à avoir vraiment faim. Fatiguée, elle reprit un autre couloir, sans se soucier de savoir si elle l'avait déjà pris avant. Il faisait déjà très sombre, et le soleil avait presque disparu dans la forêt. Au bout d'un moment, un filet de lumière en forme de carré fit relever la tête de la tigresse.

« Qu'est-ce que ceci ? » pensa-t-elle. Elle regarda de plus près, et distingua dans la pénombre une trappe. Il semblait y avoir un deuxième étage. En se dressant sur ses pattes arrière, elle poussa la trappe vers le haut, et sauta à l'étage supérieur. C'était un couloir beaucoup plus luxueux, et le parquet du sol brillait. Aux deux bouts du couloir, une grande fenêtre baignait l'endroit de la lumière du soleil, encore visible à cet endroit du manoir. Gramine fit un pas, et s'étala de tout son long sur le sol trop glissant. Il aurait fallu des chaussures spéciales pour ne pas déraper ici. Même si ce lieu avait l'air d'être prévu pour de riches propriétaires, il était l'endroit idéal pour enfermer des prisonniers : un accès difficile, et un sol complètement casse-gueule ( il faut bien le dire ! ), quoi de mieux pour empêcher un prisonnier de s'enfuir ou d'être délivré ?

A l'aide du bord de la trappe, Gramine se propulsa en avant et glissa jusqu'au bout du couloir, se cognant dedans avec un bruit sourd. Puis elle prit la première porte. Elle l'ouvrit avec sa baguette, et s'accrocha tant bien que mal à la poignée pour l'ouvrir. La pièce était assez petite, et ne contenait qu'un vieux matelas et des toilettes rudimentaires. Une petite fenêtre était la source de lumière de toute la chambre. Mais il n'y avait personne. Gramine se rendit dans une autre pièce, puis une autre. Enfin, elle atteignit après maints dérapages la dernière salle du couloir. Elle l'ouvrit, entra en s'accrochant au mur avec ses griffes et découvrit un homme, habillé de noir, assis sur le matelas, la tête entre les mains. Quand elle entra, il ne releva pas même la tête. Gramine put voir que de nombreuses blessures parcourait son corps, dont la robe de sorcier était déchirée en plusieurs endroits. Du sang avait coulé, à en voir la teinte rosée du parquet en certains endroits. La tigresse fut prise de pitié devant cet homme qui était bel et bien le parrain de Harry.

« Sirius… » murmura-t-elle.

Il releva la tête, avec un air surpris sur le visage. Mais sa surprise devint stupéfaction quand il reconnut Gramine.

« Je suis venue te chercher, comme tu ne donnais pas de tes nouvelles. » continua-t-elle.

« Comment m'as-tu retrouvé ? »

« Je te raconterai plus tard. Il faut partir. Tu peux te transformer en animagus ? »

« Non, je n'y arriverai pas. »

« Et si je te donne un peu d'énergie, ça ira ? » demanda-t-elle.

« Oui, peut-être. Mais tu as l'air fatiguée. Les Détraqueurs sont toujours là ? »

« Ils doivent être revenus. Tu reçois des visites de temps en temps ? »

« A peu près tous les trois jours, un Détraqueur vient me donner de la nourriture. Il ne viendra pas ce soir, ni demain. »

« Personne d'autres ? »

« Un Mangemort vient des fois aussi. » fit-il amèrement.

« Je vois. Si tu préfères, on peut partir demain à l'aube, avant le lever du soleil. Parce qu'il y a des chances que Voldemort traîne dans le coin ce soir. J'ai fais quelques bêtises. »

« D'accord. Tu dors ici ? »

« Oui, ça serait mieux. »

« Au fait, tu veux m'emmener où ? Je n'ai nulle part où aller. »

« A Poudlard, évidemment. » affirma Gramine.

Le lendemain, Gramine fut réveillée par Sirius, qui se tenait à côté d'elle à lui caresser la tête. Il faisait nuit noire au-dehors, et la tigresse se demanda un instant qu'est-ce qu'elle faisait là, allongée sur le parquet à côté du parrain de Harry. Quand elle arriva à se resituer un peu, elle s'occupa de redonner un peu de sa propre énergie à Sirius afin qu'il puisse se transformer en chien.

Et ils sortirent dans le couloir. Tout était calme. En se laissant glisser et en se servant du mur pour s'arrêter, les deux quadrupèdes arrivèrent jusqu'à la trappe, et, après l'avoir ouverte, sautèrent à l'étage inférieur. Patmol n'aimait pas beaucoup sauter un étage comme ça, et Gramine eut le plus grand mal à le faire descendre sans qu'il n'épuise de l'énergie à redevenir un homme. Puis ils parcoururent les quelques couloirs qui restaient pour arriver dans le Hall. Là, ils s'arrêtèrent. Les Détraqueurs étaient revenus, et ils pouvaient sentir le froid pénétrer leurs membres. Mais la porte était la seule issue de secours. Gramine sortit alors sa cape de son sac, et, se dressant sur ses pattes arrière, s'en recouvrit ainsi que Patmol. Ils ressemblaient maintenant aisément à Voldemort. Alors, ils ouvrirent la porte d'entrée, et dépassèrent les Détraqueurs, tentant de paraître le plus naturel possible et prenant une démarche imposante et déterminée. Les Détraqueurs ne se doutèrent de rien, leur odorat masqué par l'apparence animal des deux imposteurs. Ils restèrent pendant plusieurs dizaines de mètres sur la route, puis ils s'esquivèrent dans la forêt. Ils reprirent un comportement habituel et s'enfoncèrent dans le bois sombre pour se reposer un peu. Ce ne fut que quand ils furent suffisamment éloignés de manoir que Patmol laissa échapper sa joie. Il se mit à sauter gaiement et à japper, heureux d'avoir retrouvé la liberté. Mais son bonheur prit vite fin quand ses blessures se firent ressentir. Sous les poils du chien rien n'apparaissait, mais il avait en réalité des blessures non soignées depuis qu'il était enfermé.

Voyant son piteux état, Gramine ne leur permit aucun repos. Elle revêtit son armure de métal, et obligea Sirius à monter entre les pics de ses épaules, qui ne voulait pas l'encombrer autant, mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'elle ne sentait presque pas son poids. Elle sortit ses ailes, et s'envola, sa faiblesse se faisant sentir toujours un peu plus à chaque battement d'ailes. Mais elle devait se dépêcher, sinon Sirius mourrait certainement. Et le froid de l'altitude à laquelle elle volait n'aidait pas à le guérir.

Elle vola pendant deux jours, dormant le strict nécessaire et ne mangeant presque pas. Sirius dormait la plupart du temps, son corps étant frigorifié par le vent et l'air glacé. Gramine ne sentait pas le vent, protégée par son armure. Quand elle arriva en vue de Poudlard, le soleil venait de se lever à l'horizon, et paraît d'or toute la face ouest du château. Gramine atterrit dans le parc. La neige avait fondu et il faisait bien plus chaud qu'avant dans cette région. La tigresse déposa Sirius à terre, et enleva son armure. Tous deux était complètement épuisé, et Sirius avait peine à se lever. Gramine avait encore suffisamment de force pour l'emmener à l'infirmerie d'urgence et pour engloutir ensuite un copieux petit-déjeuner.

Elle entra dans le château, et déposa Sirius inanimé contre le mur. Elle s'approcha de la Grande Salle, dont les portes étaient tout juste entrouvertes. Des bruits de couvert et un fond de bavardage sonore emplissaient la pièce. Elle prit une grande inspiration et poussa la porte, consciente que d'une seconde à l'autre tous les regards se tourneraient vers elle. Elle marcha dans l'allée centrale, tentant de corriger au mieux sa démarche boiteuse et fatiguée. Sur son passage, elle entendit plusieurs élèves se questionner sur son apparence : en effet, son poil était poussiéreux, presque boueux, et du sang le parsemait, notamment vers les épaules. Mais ce n'était pas son sang, c'était celui de Sirius.

Elle n'eut pas le temps d'arriver à la table des professeurs que Dumbledore l'avait déjà rejointe.

« Tu l'as trouvé ? » murmura-t-il.

« Je l'ai ramené. » souffla Gramine.

Et ils revinrent dans le Hall. Harry, lui, n'en pouvait plus d'attendre à sa place, et il rejoint lui aussi la tigresse, inquiet de son état. Une fois dans le Hall et à l'abri des regards, Harry la questionna :

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qui t'es arrivée ? » Il n'avait pas encore remarqué la présence d'un gros chien noir étendu par terre. Gramine ne répondit pas et regarda tristement Sirius. Harry tourna la tête dans la même direction, et reconnaissant son parrain, courut le retrouver.

« Sirius… » murmura-t-il. Il leva la tête vers le directeur, attendant des explications.

« Gramine a apprit que Sirius ne correspondait plus avec aucun de nous, que ce soit toi, moi ou le professeur Lupin. Et elle a eu la bonne idée d'aller le chercher. »

« Il est brûlant. » dit Harry. « Il faut l'amener à l'infirmerie. »

« Il ne va pas tarder à redevenir un homme, s'il s'affaiblit encore. Il a dû attraper la fièvre pendant le retour. » expliqua Gramine.

Le professeur Dumbledore prit alors le chien, et s'apprêta à l'emmener.

« Vous devriez retourner dans la Grande Salle, sauf si tu as besoin de soin, Gramine. »

« Non, ça ira. » répondit-elle.

« Tu es allée où, Gramine ? » demanda Harry une fois qu'elle eut englouti suffisamment de plats pour tenir le coup.

« En Albanie, dans un manoir des Jedusor. » dit-elle.

« C'est vrai ? Comment as-tu su qu'il était là-bas ? »

« Le professeur Lupin le savait. »

« On peut savoir de quoi vous parlez ? » s'insurgea Ron.

« Elle est allée chercher Sniffle. » répondit Harry. « Tu as mis quand même du temps, le voyage était si long que ça ? » dit-il en s'adressant à nouveau à la tigresse.

« Oui, je ne savais pas vraiment où c'était. Mais j'ai mis beaucoup de temps à le retrouver au milieu de ce donjon, c'est si grand là-bas, et il y a des Détraqueurs, et … ( elle hésita à le dire) … Voldemort. »

« Tu-Sais-Qui y était ? » s'exclama Hermione.

« Oui, je n'ai pas été assez prudente. »

« Pourquoi Sniffle est allé là-bas ? » questionna Harry.

« Sans doute pour rechercher ce que j'y ai trouvé. »

« C'est-à-dire ? »

« Des informations sur toi, Harry. Sur toi et tes relations. »

Le concerné pâlit subitement.

« Un dossier complet que j'ai feuilleté brièvement avant qu'Il n'arrive. Je n'ai pas pensé à le détruire tout de suite, mais ça aurait été la meilleur chose à faire. »

« Ce qui est fait est fait, Gramine. » répliqua Hermione. « Si on parlait de choses plus gais ? Aujourd'hui, je compte apprendre à mon Jarvey à attraper une souris sans la tuer. »

Et la conversation dériva sur d'autres sujets.

Elle ne rappelait plus combien de temps elle avait dormi. Toute la journée sûrement, car le soleil était déjà couché. Après le petit-déjeuner, elle était retournée dans sa chambre, et s'était tout de suite endormie, sans avoir eu le temps de se laver. Sirius était resté à l'infirmerie, et il y restera encore un bout de temps avant de pouvoir se lever. Gramine eut l'envie de lui rendre visite, mais il était trop tard, et il n'était peut-être pas réveillé. La tigresse, elle, n'avait plus sommeil. Elle se leva et alla dans sa salle de bain pour se débarrasser de toute la saleté qu'elle avait accumulée sur son pelage. Quand elle en revint, elle vit que le rayon de la pleine lune éclairait un objet sur la table. C'était la clé des Weasleys, et elle se trouvait là, rayonnante d'une lumière froide et blanche, alors que Gramine ne se rappelait pas l'avoir sortie de son sac. Elle la prit, et sortit de sa chambre.

Le château était complètement vide à cette heure-ci. Aucun professeur ne traînait dans les couloirs, ni aucun élève. Gramine marcha un peu, cherchant des zones de Poudlard qu'elle n'avait pas encore visité, et la porte où pourrait rentrer cette maudite clé en vain.

Après environ deux heures de recherches, elle pénétra dans un escalier très sombre, tortueux et délabré, descendant rapidement vers un autre petit couloir. C'était précisément un quartier qu'elle n'avait encore jamais vu. Ce petit couloir n'était alimenté que par deux escaliers perdus au milieu du château, l'un descendant, l'autre montant, le premier très sombre, le second vaguement éclairé par une lumière blanche très diffuse.

Il n'y avait que trois salles à ce niveau, mais seule la dernière d'entre elles pouvait s'ouvrir de l'extérieur. Les autres ne comportaient aucune serrure. Gramine épanouit son sens magique autour d'elle et sentit un certain reflux de la magie quelque part dans les environs, c'était bien ce qu'avait dit les jumeaux. La porte ne pouvait s'ouvrir par magie. Elle prit sa clé, la fit entrer dans la serrure, tourna, et la porte s'ouvrit.

On aurait pu s'attendre à une immense salle, magnifique et puissante, mais il n'en était rien. La tigresse se retrouva dans une toute petite pièce, pas plus grande que sa chambre, et rectangulaire. Un grand tapis en recouvrait tout le sol il avait dû être moelleux dans son passé, à en voir son épaisseur, mais il était tellement vieux et usé par on ne sait quels pieds que ses poils tout tassés avaient perdu leur ancienne couleur pourpre et indigo. Sur la gauche, une porte fermée donnait sur les autres salles. Et au fond de la pièce, il y avait un petit bureau ( venu sûrement directement d'une salle de classe ), avec un tiroir dessous d'où débordaient quelques feuilles de parchemins. Dès que Gramine posa la patte sur le tapis, les torches des quatre coins de la salle s'enflammèrent, la faisant sursauter. Aussitôt, une forte odeur de renfermé vint chatouiller son museau. Ce lieu ne semblait pas avoir été utilisé depuis bien longtemps.

Gramine ouvrit le tiroir du bureau. C'était un vrai bordel là-dedans : plusieurs liasses de parchemins attachées par des ficelles s'entassaient sans précaution dans le tiroir, et au fond, il y avait une vielle plume cassée et une bouteille d'encre qui avait séché avec le temps. Mais le plus intéressant était tout de même les feuilles, qui étaient remplies de quatre écritures différentes, et il n'était pas difficile de deviner à qui elles appartenaient quand on voyait la première feuille des parchemins : Lunard, Patmol, Queudver et Cornedrue sont fiers d'avoir rédiger Le Carnet de Bord des Maraudeurs !

Agréablement surprise, Gramine compris pourquoi la clé avait atterrit dans le bureau de Rusard. Elle feuilleta brièvement les feuilles, dont la plupart concernait leurs entraînements d'animagus, qu'ils effectuaient dans cette salle même. Voilà pourquoi le sol était tout piétiné, des sabots avaient dû lui passer dessus.

 Mais cette partie ne l'intéressait pas vraiment, elle représentait beaucoup plus pour Harry, et elle se décida à lui remettre la clé dès que possible. Elle regarda encore un peu les parchemins quand le dernier paquet attira son attention. Enfin, surtout le titre : Magie Blanche.

Elle lut attentivement le texte, qui, même s'il avait un rapport avec leur entraînement, n'avait pas été inscrit dans les autres notes :

« 16 avril : on a trouvé une salle toute proche de la notre. Elle rayonnait de lumière blanche. Alors on est entré et on a vu une grosse boule de magie blanche flottant dans l'air. On a tout de suite su ce que c'était , mais sans savoir pourquoi. On a voulu s'en approcher, mais c'était impossible. Queudver a lancé la clé dessus, pour voir ce que ça faisait. La clé a aussitôt été ejecté contre un mur, mais elle avait quand même réussi à toucher la sphère. Maintenant cette clé rayonne à son tour de cette lumière.

De temps en temps, on retourne dans cette salle, pour s'entraîner, et on s'est aperçu que la lumière à laquelle nous étions exposés avait un effet bénéfique sur nos transformations, et c'est pourquoi on les a acquises si vite je pense.

A ton tour d'écrire Patmol. »

Gramine s'arrêta de lire.

Ainsi la sphère de Magie Blanche se trouverait dans ce château ! Et les Maraudeurs l'avaient trouvé. Mais dans aucun parchemin, ils n'avaient écrit l'emplacement de la salle, comme s'ils avaient peur que quelqu'un découvre un jour leur carnet de bord. Enfin, ils disaient qu'elle était toute proche, il faudra chercher dans les environs. Gramine récupéra le dossier sur la Magie Blanche et en rendit l'encre invisible, pour que personne ne sache ce qu'il y avait marqué dessus. Et elle sortit dans le couloir. La nuit n'était pas très avancée, et surtout, Gramine n'avait pas encore sommeil. Elle emprunta le second escalier, celui qui luisait un peu d'une lumière… blanche ? Cette lumière sortait de sous les marches. La tigresse fouilla le sol, gratta, et promena ses pattes sur chaque centimètre carré d'escalier, jusqu'à ce qu'elle découvre, contre le mur de l'escalier, une toute petite porte, carrée, et d'environ 70 cm de côté. Elle n'était pas fermée le moins du monde, mais le bas frottait contre la marche d'escalier et elle glissait difficilement. Une fois ouverte en grand, Gramine se faufila dans l'ouverture. Et même si elle laissait aisément passer un corps humain, il n'en était pas de même pour elle qui devait se tortiller pour arriver à passer. Il faisait très sombre à l'intérieur, mais une puissante source lumineuse éclairait la salle. Gramine se trouvait en haut d'un nouvel escalier qui descendait doucement le long de la paroi de la salle. En bas lévitait une grosse sphère d'un blanc éclatant, qui émettait un son pur et clair, un peu comme la note d'un diapason. C'était un son un peu obsédant, et la tigresse se demanda comment les Maraudeurs avaient pu supporter cette Magie Blanche assez longtemps pour qu'elle leur dispense un peu d'énergie nécessaire à la finition de leurs transformations en animagus. Gramine descendit l'escalier de pierre. Elle s'approcha de la boule, sachant très bien qu'elle n'arriverait pas jusqu'à elle. En effet, elle avait à peine fait une dizaine de mètre que la pression se fit sentir sur elle, tendant à la repousser comme un champ magnétique.

« La Magie Noire attire… » pensa-t-elle. « … et la Magie Blanche repousse. Deux magies antagonistes, celle du Mal attire l'homme ambitieux de pouvoir malfaisant. Celle du Bien repousse celui qui voudrait s'accaparer sa puissance. Il ne faudrait pas que Voldemort la trouve. J'ai bien fait d'effacer les écrits des Maraudeurs.

« Je viens de penser à une chose. S'il y a une clé spécifique pour ouvrir la salle des Maraudeurs, et que à priori, on ne peut pas l'ouvrir par magie, c'est qu'en quelque sorte, la Magie Blanche repousse la magie aux alentours de cette salle, à part peut-être les transformations en animagus, car ce n'est sûrement pas de la vraie magie, au sens de la baguette. »

Après avoir observer encore un peu la sphère, Gramine ressortit et referma soigneusement la porte.

Sirius se réveilla dans l'infirmerie, sous sa forme humaine. Des draps propres le recouvraient, des lits blancs l'entouraient, et il se demanda un instant où est-ce qu'il avait encore été emmené, avant que ses souvenirs ne reprenne le dessus. Il faisait grand soleil au dehors, à en voir la lumineuse clarté de la pièce. Sirius se redressa un peu dans son lit. Ses muscles engourdis lui rappelèrent tous ce qu'il avait enduré ces derniers mois : l'enfermement dans une prison, les tortures des Mangemorts, la présence insoutenable des Détraqueurs, lui faisant presque croire qu'il était revenu à Azkaban, la faim, et ce froid, le froid du voyage sur le dos de Gramine, qui glace les entrailles et fait sentir la fièvre monter, le froid de l'hiver et du vent, pendant des heures et des heures. Mais tout semblait fini.

Ses blessures avaient été soignées, pansées, la chaleur de la fièvre s'était nettement amenuisée, et la faim se faisait ressentir d'autant plus. Mais tout était fini. Le décor familier de l'infirmerie, son odeur particulière, il était enfin revenu dans un des seuls endroits capables de l'accueillir, Poudlard.

L'infirmière entra à son réveil.

« Bonjour Mr Black."

"Bonjour Mme Pomfresh."

Elle s'approcha du lit et inspecta l'état des ses bandages.

« Vous vous sentez bien ? »

« Oui, beaucoup mieux. » Il ne savait pas quoi dire. Il n'était pour elle qu'un ancien élève, et aussi un évadé de prison. Mais cette deuxième option semblait avoir été régularisée au sein de l'école.

« Bien, Mr Black. Vous devez avoir faim, n'est-ce pas?"

« Oui, c'est vrai. »

Mme Pomfresh sortit un instant et revint avec un plateau remplie de nourriture.

« Tenez. Au fait, quelqu'un voudrait vous voir. »

Sirius leva un sourcil interrogateur. Se pourrait-il que ce soit Harry ?

L'infirmière retourna vers la porte et fit signe à une personne de rentrer. Mais ce n'est pas un humain qui entra dans l'infirmerie, mais Gramine, qui paraissait très contente de le voir réveillé.

« Salut Sirius ! Déjà réveillé ? »

« Oui. J'ai dormi combien de temps ? »

« Oh, un peu plus d'une journée. »

« Au fait, je te remercie beaucoup de m'avoir emmené ici, j'aurai pas tenu longtemps à ce rythme là, enfermé dans cette prison. »

« C'est rien. Il y en a plus d'un qui sera content de te voir. »

« Harry ? »

« Oui. Et aussi le professeur Lupin. Ils sont venus ici voir plusieurs fois, mais tu dormais. Ils passeront sûrement ce soir, après les cours. En attendant, j'ai un truc à te montrer. »

Gramine sortit de son sac la clé des Maraudeurs. La figure de Sirius s'illumina en la voyant.

« Tu l'as retrouvée ? » s'exclama-t-il.

« Oui, et aussi la salle qui allait avec. Je pensais la remettre à Harry, mais il me fallait d'abord ton autorisation. »

« Mais bien sûr que tu peux lui donner, il n'y a pas de problème. Et dire que Rusard nous l'avait confisqué. »

« C'est dans ses tiroirs qu'on l'a trouvé. Enfin pas moi, mais des Gryffondors un peu turbulents. »

Sirius semblait aux anges. C'était un peu de son enfance qu'il retrouvait avec cette clé.

« Heu… il y a juste un truc que je dois te dire, Sirius. » hésita Gramine.

« Oui ? »

« J'ai un peu feuilleté le carnet de bord, » avoua-t-elle. « Et j'ai trouvé votre dossier sur la Magie Blanche. Mais le problème, c'est que si votre dossier tombe dans de mauvaises mains, quelqu'un pourrait retrouver la sphère, et ça ne serait pas bon du tout, étant donné que Voldemort possède déjà la Magie Noire. Alors je me suis permis de rendre invisible tout le dossier. J'espère que j'ai bien fait. Ca ne ressemble plus qu'à des feuilles vierges maintenant. »

« Tu as raison, et puis ce n'est pas effacé, on peut toujours le lire, n'est-ce pas ? »

« Oui. Il n'y a pas de problème. »

« Alors c'est bon. »

En partant de l'infirmerie, après avoir discuté encore un peu avec Sirius, Gramine rencontra les jumeaux Weasleys, qui revenaient justement d'un cours de Potions. La tigresse avait encore la clé dans la patte, et cela alerta Fred. Il la désigna du doigt :

« Tu as trouvé la pièce, Gramine ? »

La tigresse fut un peu prise de court, et elle se dépêcha d'inventer un mensonge, car elle n'avait pas envie que cette salle serve pour des expériences explosives ou peut-être pire.

« Oui, j'ai trouvé, enfin, pas vraiment, en fait. J'ai fait des recherches et… la salle n'existe plus, elle a été condamnée. Enfin on ne peut pas y aller, c'est trop dangereux. »

Les jumeaux se regardèrent, un peu déçus, mais ils semblaient avoir gober le mensonge.

« On ne peut vraiment pas y aller ? »

« Non, vraiment pas. Je suis désolée. »

« C'est pas grave, Gramine. Tu vas faire quoi de la clé, puisqu'elle ne sert à rien ? »

« Oh, je vais la donner à Harry, il me l'avait demandé, parce qu'il aimait bien la forme. »

« Bon d'accord. A plus tard, Gramine. »

Et ils se séparèrent. Gramine soupira. C'était le plus minable mensonge qu'elle ait jamais inventé.