Titre : Créatures oubliées

Auteur : Epayss

Adresse e-mail : epayss@caramail.com

Avertissement : PG

                                    Esprit félin

 Harry tenait la clé entre ses mains tremblantes. Il se tenait devant la salle des Maraudeurs, et n'osait pas faire un pas, de peur que le rêve ne s'écroule sous ses pieds. Maints souvenirs lui revenaient en tête, et il se remémorait exactement comment c'était passé cette soirée :

Juste après les cours, il était retourné à l'infirmerie, et y avait retrouvé Sirius. Inutile de dire combien il était heureux de le revoir en forme. Ils discutèrent un peu, jusqu'à ce qu'il soit l'heure de dîner. Il était parti avec regret et avait commencé à manger, quand Gramine lui avait sauté dessus dans un élan de bonne humeur. Elle lui avait filé en douce la clé et lui avait donné un rendez-vous à 8h devant sa salle commune, avant de partir vers la table des professeurs. A 8h pile, Harry se tenait à côté du tableau de la Grosse Dame. Gramine l'avait alors emmené dans un dédale de couloir sans fin, tout en lui parlant de la fameuse clé qu'il venait d'acquérir. Puis elle l'avait placé devant la porte et l'avait laissé, en lui disant de la rappeler quand il en aurait fini, pour ne pas qu'il cherche des heures la sortie de ce labyrinthe.

Le Sorcier infiltra la clé dans la serrure et tourna. La porte s'ouvrit. Un pas, et les torches s'allumèrent. Le vieux tapis, la poussière, le bureau, l'odeur de renfermé, tout y était. Harry s'approcha du bureau et ouvrit le tiroir. Il prit précautionneusement les feuilles de parchemins comme si elles allaient se réduire en poussière dans ses mains. Il lut quelques lignes, avide de découvrir le quotidien des Maraudeurs. Il y avait des dizaines de pages. Il décida d'emporter tout le paquet dans son dortoir, en laissant les feuilles vierges dans le tiroir, comme le lui avait conseillé Gramine. Elle lui avait aussi demandé de fermer le tiroir du mieux qu'il pouvait. Harry sortit toutes les feuilles qu'il désirait et ferma le tiroir. Puis il se tourna vers la seconde porte de la pièce. Il la poussa, et se trouva face à une pièce semblable, mais sans bureau. Le tapis avait une couleur différente, il était dans des tons bleus et gris-bleus. La troisième pièce était de même, avec un tapis vert et turquoise. Celui-ci était le moins abîmé de tous, mais le pourpre et indigo l'était le plus. Harry pensa qu'il y avait peut-être une salle d'entraînement pour chaque animagus. Alors la première salle était celle de Cornedrue, celle-ci celle de Queudver, et celle du milieu était pour Patmol. Harry revint dans la première salle. Il inspecta les murs de la pièce pour voir s'il n'y aurait pas des inscriptions. Mais rien d'autre que le Carnet de Bord n'indiquait l'ancienne présence des Maraudeurs dans ce lieu.

Harry revint dans son dortoir. Les autres garçons travaillaient encore, lui avait fini ses devoirs depuis longtemps. Il s'allongea sur son lit et continua sa lecture :

« 19 septembre : on a découvert notre nouvelle salle d'entraînement, et elle est encore mieux cachée que l'ancienne. Aussi, si Queudver n'avait pas laissé notre ancienne clé n'importe où, on ne nous l'aurait pas confisquée. Mais bon, maintenant, on a trois pièces pour nous tout seuls, alors je remercie Queudver d'être aussi bête !

20 septembre : notre première retenue de l'année, quelle félicité ! Et avec qui ? Le prof de Potions bien sûr ! Qui d'autre que lui s'amuserait à nous coller alors qu'on a rien fait ? Enfin presque rien. Mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui, alors passons à autre chose… »

                                                              ***

Après une lecture jusqu'à pas d'heure, Harry se coucha pour de bon, des images plein la tête. Il était le dernier à éteindre sa lumière. Gramine ne dormait plus dans la chambre, et ça lui donnait un peu une sensation d'insécurité. Il n'avait plus fait de cauchemars depuis qu'elle ne l'endormait plus, et il se croyait en quelque sorte guéri. Mais il n'en était rien. Car dès qu'il fut endormi, une nouvelle vision l'assaillit, sans qu'il ne puisse s'en détacher. Ce n'était pas une scène claire, il voyait une foule d'images passer devant ses yeux : le sang, des gens méconnaissables torturés, des cris de peur et de souffrance, les voix des Mangemorts, et le rire insupportable du Mage Noir. Harry se mit à se débattre pour sortir de ce cauchemar. Il voulut fermer les yeux, ne plus voir, et se terrer dans un coin. La douleur de sa cicatrice était à son apogée. Il se mit à crier de toutes ses forces.

Et se réveilla. Il se redressa immédiatement, alors même qu'il n'avait pas encore ouvert les yeux. Il pouvait sentir la sueur couler sur son visage. Il plaqua ses mains contre son front et se décida à ouvrir les yeux. Il y avait de la lumière dans la chambre. Un frisson parcourut son corps. Avait-il réveillé quelqu'un par ses cris ou ses gesticulations ? Il releva la tête. Des têtes inquiètes l'observaient. Harry respira un grand coup pour reprendre ses esprits.

« Ca va, Harry ? » demanda Neville timidement. « Seamus est parti chercher quelqu'un. »

Harry se laissa retomber sur son oreiller. Son cœur battait comme un diable, sa respiration était encore irrégulière. Et sa cicatrice le faisait toujours souffrir. Mais il tenta d'adresser tout de même un sourire crispé à ses amis.

Quelques secondes plus tard, Dumbledore et l'infirmière arrivèrent. Harry tourna la tête vers eux, une main toujours plaquée contre son front.

« Harry, » commença Dumbledore, « enlève ta main de ton front. »

Le sorcier s'exécuta.

« Mon Dieu ! » s'exclama Pomfresh. Harry prit un air interrogateur :

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Regarde ta main, Harry. » expliqua le directeur.

Harry regarda alors sa paume et y vit… du sang. Son premier réflexe fut de toucher sa cicatrice. Le liquide rouge venait bien de là. Pourtant la douleur se faisait maintenant de plus en plus faible.

« Il a crié combien de temps ? » demanda Dumbledore aux camarades d'Harry.

« Heu… peut-être 5 minutes. » hésita Ron.

L'infirmière épongea le front de Harry. Dumbledore se tourna à nouveau vers lui et se pencha vers sa cicatrice.

« Elle est redevenue normale. » En effet, la cicatrice semblait s'être refermée immédiatement.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé, Harry ? » demanda-t-il.

« Je ne sais pas. J'ai vu des gens se faire torturer, j'ai entendu des cris. Je n'arrivai pas à sortir de ce cauchemar, c'était… horrible. »

« Mme Pomfresh va te donner une Potion de Sommeil pour que tu dormes tranquillement. On ne peut rien faire pour empêcher tes cauchemars de toute façon. Ca va aller ? »

« Oui. Où est Gramine ? »

« Elle doit être en train de dormir. Tu veux la voir ? »

« Non, ça ira. On verra demain. »

Dumbledore le regarda étrangement, comme s'il attendait que Harry lui révèle quelque chose. Mais le sorcier ne dit rien, alors le directeur se leva.

« Tenez Mr Potter, votre Potion. » lui dit Pomfresh. Elle lui tendit un verre remplie d'une potion violette. Il la but, et se remit sous ses couvertures. Dumbledore lui jeta un dernier regard puis partit avec l'infirmière.

Le lendemain, Harry se réveilla assez tard. Les autres étaient déjà descendus apparemment car la chambre était vide. Il s'habilla et se prépara à les rejoindre. Il n'y avait presque plus de bruit dans l'escalier, seulement celui de quelque retardataire qui se dépêchait d'aller manger. Une fois prêt, Harry courut à travers les couloirs pour aller dans la Grande Salle. Il avait presque totalement oublié son cauchemar, en tout cas son souvenir avait été replacé dans un petit coin de sa mémoire.

Un grand tumulte s'élevait de la Grande Salle, comme d'habitude, mais peut-être quand même plus que d'habitude. Il entra et tenta de passer inaperçu pour rejoindre sa table. Mais ce n'était pas chose facile. Les hiboux étaient déjà passés, les journaux étant répandus sur la table. Mais Harry ne put s'empêcher de remarquer que ses amis le regardaient avec une tête d'enterrement. Gramine n'était pas là. Il s'assit et demanda à Ron :

« Qu'est-ce que vous avez tous à me regarder comme ça ? »

Pour seule réponse, Ron lui tendit la Gazette d'Hermione.

En première page, il y avait un court article, mais non moins important. Une photo au-dessus montrait une rue, dont une maison était à moitié écroulée. Harry connaissait bien cette rue, il y avait passé toute son enfance c'était Privet Drive. Il lut l'article en diagonal, même s'il savait à peu près de quoi il en retournait. Et ses craintes s'y trouvèrent confirmée : les Dursleys avaient été attaqués dans leur sommeil cette nuit même, et ils avaient été assassinés, avant que leur maison ne soit réduite en poussière. Cela fit un choc à Harry. Ainsi c'était eux qu'il avait vus dans son cauchemar. Combien il les avait détestés, il ne pouvait pas le dire. Mais il devait avouer qu'ils étaient sa seule « famille », c'était son seul abri pendant les grandes vacances. Sirius n'étant pas réhabilité, il ne pourrait pas vivre chez lui. Sur le coup, Harry se sentit un peu démuni. Voldemort commençait donc à s'attaquer à lui, mais par le biais d'autres personnes. Quelle lâcheté…

La plupart des élèves ne devaient pas savoir qu'il habitait là avant, c'est pourquoi peu de gens comprirent quand le sorcier quitta la Salle, sans manger. Cho, qui avait regardé sa réaction, courut à sa rencontre.

A peine eurent-ils quitté la Grande Salle, que Gramine arriva en volant par les hautes fenêtres destinées au passage des hiboux. Elle portait une lettre dans sa gueule. Elle fit le tour de la Salle, regardant partout, mais ne trouva pas ce qu'elle cherchait. Alors elle atterrit sur le sol et remit la lettre à Dumbledore.

« J'ai trouvé une lettre sur les lieux, professeur, à côté de la maison. Je ne peux pas l'ouvrir. A mon avis elle est destinée à Harry. »

Le directeur prit la lettre, mais un puissant sortilège l'empêcha de l'ouvrir. Il agita sa baguette dessus, prononça une formule, puis dit :

« Il ne semble y avoir qu'un sort de protection sur ce message, je n'y détecte aucune autre sorte de magie. Tu peux la remettre à Harry, mais reste tout de même sur tes gardes quand il l'ouvrira, si elle est pour lui bien sûr. »

« Oui, professeur. » fit Gramine.

« As-tu trouvé autre chose dans les décombres de la maison ? »

« Non, il n'y avait rien d'autres d'étrange. »

« Bien, merci d'y être allée. »

Gramine sourit et sortit de la Salle en quelques battements d'ailes.

« Harry… » souffla Cho. « Attends ! »

Harry se retourna ; il était déjà sur l'escalier du Hall d'entrée. Il était au bord des larmes.

« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-il.

« Heu… Je viens juste d'apprendre la nouvelle. Je ne voulais pas que tu sois seul… »

Harry lui fit un sourire crispé.

« Merci. » murmura-t-il. « Viens si tu veux. »

Cho courut le rejoindre et se colla à lui en lui prenant la main. Harry apprécia sa présence chaleureuse.

« Qu'est-ce que tu as comme cours maintenant ? » demanda Cho pour changer de sujet.

« Enchantement. »

Ils allèrent au premier étage qui dominait la Cour Intérieure. Harry se pencha par-dessus le muret.

« Je n'ai plus de famille maintenant. » continua-t-il. Il omit Sirius de sa famille, étant donné que Cho ne le connaissait pas en tant que parrain.

« Tu n'as plus de maison où aller pendant les vacances ? » s'attrista la Serdaigle.

« Non. Je suppose qu'ici sera ma seule maison avant la fin de mes études. »

« Ne dis pas ça. Tes amis pourront bien t'héberger. Je pourrai t'héberger, si tu le souhaites. » ajouta-t-elle timidement.

« Merci, Cho. »

Harry se pencha vers elle et l'embrassa doucement. Des larmes avaient coulé sur son visage, et se collèrent sur celui de la jeune fille. Après plusieurs minutes où ils restèrent silencieux, assis sur le muret et se tenant la main, Cho déclara :

« Je dois partir, Harry. » Harry acquiesça puis elle partit à grand pas dans le couloir qu'ils avaient emprunté.

Quelques secondes plus tard, Gramine apparut de derrière une tapisserie.

« Harry, je t'ai cherché partout. Tu as su… »

« Oui. » l'interrompit-il.

« Ah. Tiens, j'ai quelque chose pour toi. Je l'ai trouvé près des décombres de la maison. Essaye de l'ouvrir. »

Harry prit la lettre qu'elle lui tendait et l'ouvrit sans aucune difficulté. Aussitôt, un petit nuage de fumée grand comme une main s'échappa du papier et s'éleva à la hauteur du visage du Gryffondor. Il prit forme et Harry put voir que c'était une Marque des Ténèbres miniature. Puis elle s'évapora dans l'air, totalement inoffensive. Dans l'enveloppe, il y avait une seule petite feuille de parchemin, sur laquelle étaient écrits ces mots :

« Potter, la prochaine fois, ce seront tes amis qui périront ! »

« Poudlard… » murmura Harry. Ses seuls amis – de son âge je parle – étaient à Poudlard. « Il va attaquer Poudlard. » dit-il à Gramine.

« Je ne pense pas, Harry. C'est bien trop protégé. »

« Mais tu te rappelles des Aupengyars ? Il pourrait faire la même chose. »

« La barrière a été renforcée. Mais il serait judicieux de prévenir les parents de tes amis. J'irai voir Dumbledore, ne t'en fais pas. Et le Ministère renforcera leur sécurité, j'espère. »

« D'accord. » Mais Harry ne cessa pas de se morfondre pour eux.

Pendant toute la journée, le Gryffondor assista à ses cours, comme d'habitude. Le soir, il retourna dans la Salle Commune et allait s'asseoir sur un canapé quand il vit une masse rousse qui le regardait intensément.

« Pattenrond ? J'ai failli m'asseoir sur toi. » Il imaginait assez bien la carpette orange qu'il aurait alors fait. Mais il n'avait pas le cœur à en rire. Et comme si le chat avait compris, il sauta du canapé et s'échappa par le tableau de la Grosse Dame, ni vu ni connu.

( Là on passe au point de vue de Pattenrond, attention ! )

Pattenrond se faufila à travers les couloirs et, arrivé dans le Hall, sauta dehors par une fenêtre. Il faisait nuit, mais cela ne dérangeait pas le chat pour sa chasse. Il parcourut le parc à la recherche de quelque souris à attraper. Il arriva à pas de velours près de l'enclos des Jarveys, qui dormaient paisiblement dans un coin de leur abri en carton, entassés pour se tenir chaud. Mais ils ne dormaient pas tous. A l'autre bout de l'enclos, un Jarvey de couleur blanc et beige était en train de couper le grillage avec ses dents pointues. C'était le Jarvey d'Hermione, Melagrif, à qui Pattenrond avait été présenté il y a quelques mois Il ne cessait de se tortiller en tout sens, complètement excité de pouvoir bientôt sortir. Il émettait de petits bruits de furets. Pattenrond se dirigea vers lui et l'aida à sortir en déchirant le reste des mailles du grillage. En échange de l'aide, le Jarvey accepta d'aider le chat à capturer ses proies. Puis tous deux partirent en direction de la forêt. Le Jarvey avait du mal à avancer dans les ronces et à se repérer au milieu de tous ces arbres. Mais Pattenrond l'attendait fort heureusement. Le chat cherchait quelque chose en particulier, c'était plus une odeur pour l'instant. Ca sentait le rat. Et pas n'importe quel rat.

Le chat accéléra, suivi de près par Melagrif. Il vit un bref mouvement parmi le feuillage d'un buisson, et s'arrêta net. Il se mit en position d'attaque, le ventre aplati contre le sol, les oreilles baissées, et attendit. Le Jarvey l'imita, sans bien comprendre ce qu'il se passait. Le buisson bougea encore, et soudain, une petite biche en surgit et détala de son refuge. En quelques bonds, elle disparut du champ de vision de Pattenrond. De toute façon elle était beaucoup trop grosse et trop rapide pour un chat.

Les deux animaux continuèrent leur route dans la forêt jusqu'à une heure avancée de la nuit, heure où les hiboux régnaient sur les bois sombres. Pattenrond et Melagrif revinrent vers le parc par un autre côté de la forêt, arrivés à droite de la cabane de Hagrid, alors qu'ils étaient partis à gauche. Ils se postèrent au milieu du parc, dans l'herbe fraîche, et attendirent. Le Jarvey était tout excité et ne tenait pas en place, si bien que le chat dut le faire taire plus d'une fois, par un coup de patte sur la tête.

A un moment, une forme féline passa dans le ciel. C'était Gramine, qui se livrait à une de ses rondes habituelles. Elle fit un tour dans l'air puis disparut derrière la falaise du lac.

La pleine lune rayonnait dans un ciel sans nuage. Un bruissement d'herbe se fit entendre, une odeur familière, puis une tâche noire sur le fond verdâtre de l'herbe. Le chat tendit l'oreille. Il était là, à traverser le parc pour rejoindre le château. Aplati contre le sol, il avança sur ses pattes de velours, suivi de près par Melagrif. Il était à quelques mètres seulement du rat quand il lança l'assaut dans un miaulement sonore. Aussitôt, le chat se rua sur le rat qui détala à toute vitesse en couinant. Le Jarvey, quant à lui, fit un petit détour de façon à ce que le rat arrive forcément vers lui à un moment donné, selon la courbe que suivait Pattenrond. Au bout de quelques secondes, le rat arriva droit sur lui, sans qu'il ne sache vers quoi il allait. Une fois à portée, le Jarvey sauta et l'emprisonna dans ses petites griffes. Il le tint fermement et le prit dans sa gueule par la peau du cou pour le tenir tranquille, en attendant le retour de Pattenrond. Le chat parut content de sa prise, d'autant plus que Melagrif aurait très bien pu tuer le rat au lieu de le garder en vie.

Quand ils eurent repris leur souffle, Pattenrond prit le rat dans sa gueule et laissa le Jarvey dans le parc. Il ne se souciait plus de son complice, seul au milieu de l'herbe, car il serait sûrement bientôt rejoint par le reste de son groupe, qui s'éparpillerait alors dans tout le domaine, au grand désespoir de Hagrid quand il s'apercevrait de leur disparition le lendemain matin.

Pattenrond gravit les dizaines de marches et de couloirs qui menaient à la Salle Commune des Gryffondors. Entre ses dents, Queudver s'était évanoui, de peur sûrement. Arrivé devant le portrait de la Grosse Dame, il émit un puissant miaulement pour la réveiller.

« Hmm ?… » fit-elle d'une voix endormie. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Miaouuu ! »

« D'accord, d'accord, je te laisse passer. » Le tableau se poussa et le chat entra.

Il n'y avait plus personne dans la grande pièce. Le feu mourant peinait à la réchauffer. Pattenrond ne s'attarda pas ici et grimpa l'escalier menant au dortoir des filles. Il poussa la porte d'un coup de tête, entra silencieusement, et sauta sur le lit d'Hermione, qui dormait profondément. Alors, en tout bon chat qui se respecte, il entreprit de la réveiller, en lui ronronnant près de la tête et en la fixant de ses yeux oranges. En même temps, il prit bien soin de lui marcher sur le ventre et de frotter sa grosse tête contre celle de sa maîtresse. Puis il se coucha sur sa poitrine. Et Hermione fut bien obligée de se réveiller, privée d'une partie de son souffle que bloquait Pattenrond.

« Pattenrond, qu'est-ce que tu veux ? » murmura-t-elle les yeux mi-clos.

Le chat ronronna de plus belle, et dirigea son regard vers le rat qu'il avait déposé par terre.

« Qu'est-ce que c'est ? » fit Hermione en se soulevant sur son lit.

« Haaaaaa ! » cria-t-elle silencieusement quand elle reconnut la chose en question. « Un rat !! »

Aussitôt elle détala à l'autre bout de la chambre. « Pourquoi as-tu ramené cet animal ici ? » paniqua-t-elle. Les filles remuèrent dans leur lit.

Mais le chat revint vers elle et se dressa contre sa jambe, sur ses pattes arrière.

« Qu'est-ce que tu veux encore ? Mange-le ton rat. »

Le chat miaula.

« Bon, ok. »

Hermione s'approcha du rat. Elle l'éclaira un peu avec sa baguette magique.

« Ce rat… Il me dit quelque chose. »

Soudain, elle fut frappé de stupeur.

« C'est Queudver !! » fit-elle en plaquant ses mains contre sa bouche pour s'empêcher de crier. Le chat, fier de lui, s'assit par terre et commença à faire sa toilette.

« Tu l'as trouvé tout seul ? C'est super !! … Il faut que je le mette quelque part en attendant demain. »

Elle fouilla dans ses valises et y dégota une boîte rectangulaire qui avait servi à ranger des livres. Elle y déposa le rat évanoui à l'intérieur et ferma la boîte avec un sortilège. Elle avait pensé à un moment mettre un peu de tissu dans le fond de la boîte, mais réfuta tout de suite cette idée, car après tout, c'était Queudver, le traître animagus. Elle s'arrangea quand même pour qu'il respire puis le rangea sous son lit.

« Qu'est-ce que c'est que ce vacarme ? » gémit Parvati en se réveillant.

La boîte de Queudver ne cessait de bouger et produisait de petits couinements assez perçants. Pattenrond, couché à côté de la boîte, crachait et grondait, les oreilles en arrière. Hermione expliqua :

« C'est un rat qu'a rapporté Pattenrond cette nuit. Ne vous inquiétez pas, je ne le garde pas. »

« Un rat ? » s'alarma Lavande.

« Il ne restera ici que la matinée tout au plus ! » s'énerva Hermione.

Après s'être préparée, la sorcière descendit dans la Salle Commune avec la boîte. Elle y retrouva Harry et Ron qui venait tout juste d'arriver. Elle se précipita vers eux :

« Harry ! J'ai quelque chose qui devrait te faire plaisir ! »

Le Gryffondor leva la tête vers elle, l'air morose. Il ne semblait pas avoir beaucoup dormi.

« Vas-y » répondit-il.

Hermione, les yeux brillants d'excitation, ouvrit le couvercle précautionneusement, et plaqua aussitôt sa main sur une grosse boule de poils vivante. Elle referma sa main, et leva l'animal devant ses deux amis.

« Voilà ! »

Les deux garçons écarquillèrent les yeux.

« C'est… » hésita Ron.

« Queudver ? » finit Harry.

« Exactement. Pattenrond l'a capturé hier. On va enfin pouvoir innocenter Sniffle ! » fit-elle en baissant la voix.

Harry sourit. « Je vais le voir. »

Et il sortit au pas de course de la Salle Commune.

« Sirius ! » s'écria Harry en arrivant dans l'infirmerie.

L'homme concerné était déjà réveillé, et il s'assit dans son lit.

« Harry ! Qu'est-ce qui te rend si joyeux ? »

« J'ai une super nouvelle pour toi ! On a retrouvé Queudver ! »

« C'est une blague ? »

« Non, Hermione l'a avec elle ! C'est Pattenrond qui l'a trouvé cette nuit ! »

Sirius resta bouche bée.

« Il faut en parler à Dumbledore. » réussit-il finalement à dire.

« Tu pourras bientôt sortir de l'infirmerie ? » demanda Harry.

« Oui, dès cet après-midi. Mais si Queudver est là, il me faudra partir pour le Ministère immédiatement, pour m'occuper du procès. »

« Hmm. » Harry aurait bien aimé que Sirius reste un peu, mais s'il pouvait être innocenté, c'était tout aussi bien. « D'accord. J'irai voir le professeur Dumbledore ce matin. »

En effet, dès la fin du petit déjeuner, Harry se dirigea vers le bureau du directeur et attendit, car il ne connaissait pas le mot de passe et pensait que de toute façon, Dumbledore ne serait pas encore arrivé. Ron et Hermione n'avaient pas pu venir, et Hermione lui avait donc donné la boîte où se tapissait le rat.

Finalement, au bout de quelques minutes, le directeur arriva.

« Harry ? Que fais-tu ici ? » demanda-t-il.

« Je voulais vous parler, professeur. » répondit Harry. La boîte émit un bruit sourd sous son bras, attirant le regard interrogateur de Dumbledore.

« Allons dans mon bureau. »

Pendant qu'ils gravissaient l'escalier en colimaçon, Dumbledore regarda Harry avec un air grave.

« De quoi veux-tu me parler, Harry ? »

« De Queudver, professeur enfin, de Peter Pettigrow. »

Le directeur leva un sourcil. Harry continua :

« Le chat d'Hermione l'a retrouvé dans le parc de Poudlard cette nuit sous sa forme animagus. Il est dans cette boîte. Sirius m'a demandé de vous en parler. »

« C'est une bonne idée. »

Ils arrivèrent dans le bureau.

« Montre-le moi, Harry. »

Dumbledore prit une caisse assez grande et demanda au sorcier d'y mettre l'animagus. Le Gryffondor s'exécuta et laissa un rat marron et quelque peu stressé sortir de sa cage.

« Ainsi, ce serait Queudver. » murmura Dumbledore.

« Aucun doute là-dessus, monsieur. Il ressemble en tous points à l'ancien rat de Ron, sauf que celui-ci n'a plus de doigt en moins. »

« Mais il faut que j'en sois sûr. » rétorqua Dumbledore. « Ecarte-toi un peu, je vais le faire apparaître. »

A ces mots, le rat poussa des petits couinements et se faufila dans un coin de la caisse, tremblant de peur. Dumbledore prononça la formule : « Révélatum animagus ! » et aussitôt, un petit homme replet apparu à la place du rat. Il ne semblait pas très à l'aise – qui aurait été à l'aise devant le fabuleux professeur Dumbledore, quand on est recherché pour meurtres ? –.

« Peter Pettigrow. » souffla Dumbledore.

L'homme baissa la tête. « Qu'allez-vous faire de moi ? » gémit-il.

« Nous allons t'envoyer au Ministère de la Magie, avec Sirius, et je ferai en sorte qu'un nouveau procès ait lieu. »

Queudver pâlit encore plus. Il n'était jamais agréable de se faire annoncer son arrêt de mort. Et en plus il n'avait aucun argument pour se défendre, à part…

« Harry ! » supplia-t-il.

Le Gryffondor se recula immédiatement, rejetant Queudver.

« Harry ! Aide-moi. Je ne mérite pas ça ! » continua-t-il.

« Tu n'es qu'un traître. » grinça Harry. « Sirius sera innocenté, car il a toujours été innocent. »

Peter s'effondra sur le sol de la caisse.

« Harry, » fit Dumbledore, « tu peux partir. Je te rappellerai plus tard dans la journée, ainsi que Sirius. Merci. »

« De rien, professeur. »

Et il quitta la pièce.

Au soir, plusieurs personnes se réunirent dans le Hall d'Entrée. C'était ce soir que partait Sirius et Peter, escortés par les professeurs Rogue et Mac Gonagall, jusqu'au Ministère de la Magie. Pour leur départ, il y avait Harry, Gramine, Dumbledore évidemment, et aussi Ron et Hermione. Après avoir embrassé son filleul et fait une dernière caresse à Gramine, Sirius quitta la salle et rejoignit la diligence qui les attendait dehors. Il était en pleine forme, bien qu'encore un peu maigre, et un sourire éclairait son visage, au contraire de Queudver qui avait l'impression de se rendre à l'échafaud, et il y avait de quoi.

Puis la diligence partit. Harry était doublement content, d'un parce que Sirius allait enfin vivre normalement d'ici quelques temps, et de deux parce qu'il n'aurait peut-être pas cours de Potions lundi.

Quand il ne se passa plus rien, chacun repartit vers ses appartements, sauf Dumbledore qui demanda à Harry de rester.

« Je voulais te dire une dernière chose, Harry. » commença-t-il.

« Oui ? » fit Harry.

« Tu es au courant pour le décès de ton oncle et de ta tante ? » demanda-t-il avec le plus de tac possible.

« Oui. » fit sombrement Harry.

« Je suis désolé pour toi, Harry. Mais si Sirius se fait innocenter, je ne verrai pas d'inconvénients à ce que tu ailles vivre chez lui, pendant les vacances naturellement. »

Harry sourit un peu.

« Je voulais aussi te demander si tu voulais aller à leur enterrement. »

« Je ne préfère pas. Je n'y aurai pas ma place, et ce serait trop dangereux. »

« Tu aurais été protégé bien sûr. Tu ne veux pas ? »

« Non. C'est déjà suffisamment dur qu'ils aient été assassinés par Voldemort, je ne veux pas y repenser. »

« Bien. Tu peux retourner dans ton dortoir. »

Le sorcier se retourna et fit quelques pas vers l'escalier, avant que le directeur ne le rappelle.

« Harry ? »

Le Gryffondor tourna la tête.

« Ne te laisse pas submerger par ce que fait Voldemort. Continue de vivre, il le faut. Gramine est là pour t'aider. »

« Oui, monsieur. »

Quatre jours plus tard, les Gryffondors avaient Cours de Soins aux Créatures Magiques dans le parc, avec Hagrid comme d'habitude. Pendant l'heure au cours de laquelle les élèves s'occupaient de leurs Jarveys, Hagrid vint voir le groupe de Harry.

« Alors, ça va toujours avec les Jarveys ? Vous savez que votre BUSE portera essentiellement là-dessus. »

« Oui, on sait. » répondit Ron. « Mais il n'y a pas de problème. »

« Au fait, vous avez de la chance de pouvoir les avoir aujourd'hui. Parce que vendredi soir, ils se sont tous échappés. Il y avait un trou  dans le grillage grand comme votre main. Il m'a fallu tous les rattraper. Heureusement qu'ils n'étaient pas tous allés dans la Forêt Interdite. »

Harry, Ron et Hermione se lancèrent un regard interrogateur. Cela correspondait exactement à la date où Queudver avait attrapé.

« On fait quoi pendant la deuxième heure, monsieur ? » demanda Seamus.

« Oh, nous allons étudier les Augureys. J'en ai rapporté un beau spécimen, vous allez voir. »

Au bout d'une heure en tête-à-tête avec les Jarveys, Hagrid demanda aux élèves de se regrouper autour d'un buisson bien feuillu et bien piquant. Quelques feuilles bougeaient de temps à autre, mais rien ne laissait entrevoir la présence d'un Augurey à l'intérieur.

Une fois tout le monde prêt, Hagrid commença le cours :

« Nous allons étudier aujourd'hui les Augureys. Quelqu'un connaîtrait-il des informations sur eux ? » fit-il en regardant tout de suite la réaction d'Hermione.

Celle-ci leva la main aussitôt. Hagrid lui permit de dire ce qu'elle savait.

« Les Augureys sont aussi connus sous le nom de phénix irlandais. Ce sont des animaux très timides qui nichent dans des buissons, dans un nid en forme de larme. Leur particularité est qu'ils ont la particularité de chanter une lamentation quand vient la pluie. Ces lamentations les ont fait craindre des sorciers qui croyaient alors qu'ils étaient morts. »

Elle s'arrêta, fière de son explication.

« Très bien, Hermione. 10 points pour Gryffondor. » approuva Hagrid.

Les Gryffondors sourirent. Drago roula des yeux et soupira – toujours cette Sang-de-Bourbe. –.

« Mais je vais tout de même compléter ton explication. Les Augurey sont très différents des phénix. Si le phénix a des couleurs chaudes et semble refléter la joie et la bonne humeur, l'Augurey est d'un vert très foncé, et il a l'apparence d'un vautour un peu déplumé on a souvent dit effectivement qu'il était un présage de mort, à cause de la tristesse de son chant. Mais je doute que vous l'entendiez aujourd'hui, car il fait particulièrement beau. Une dernière chose : les plumes de cet animal ne sont d'aucune utilité, car elles repoussent l'encre. »

 « A quoi peut donc servir cette bestiole ? » s'exclama Malefoy de sa voix traînante.

« Et toi, tu t'es déjà demandé à quoi tu servais ? » répliqua Harry, à bout de nerf en ce moment.

Sur l'instant, Drago fut un peu surpris par une réponse aussi violente, et il commença à se demander s'il ne ferait pas mieux de menacer Potter avec sa baguette au lieu de répondre autre chose. Mais il se résigna et préféra se taire, en vertu d'éviter une retenue et des points en moins pour Serpentard ce qui étonna tout le monde.

Hagrid reprit le cours en main. Et à l'aide d'un minuscule sifflet, il émit un doux trémolo, grave et limpide. Aussitôt, un cri semblable sortit du buisson et l'oiseau en surgit pour se mettre à côté du buisson, mais restant toujours dans son ombre.

« Maintenant que vous pouvez le voir, » reprit Hagrid, « prenez une feuille de parchemin et une plume et faites-moi un compte rendu de tout ce que vous pouvez remarquer sur cet oiseau dans son physique, ou dans son comportement. A la fin de l'heure, j'en interrogerai quelques-uns. Au travail ! »

Et pendant la demi-heure qui restait, on entendit plus que des grattements de plume sur le papier,… et les jurons des Serpentards. Plusieurs fois, les élèves se déplacèrent autour de l'oiseau, qui tentait de temps à autre de rentrer dans son nid, mais était aussitôt rappelé par le sifflet du professeur. Quand la cloche sonna, Hagrid laissa partir la classe, semblant avoir totalement oublié l'interrogatoire des élèves. Et pour récompenser l'Augurey de s'être prêter à son cours, il lui donna un peu de nourriture et lui redonna sa liberté.

Dans les jours qui suivirent, Harry n'entendit pas parler du Ministère, et pas plus du procès de Sirius. Mais Dumbledore lui avait dit de ne pas s'inquiéter : les procédures étaient parfois très longues, vraiment très longues, et peut-être qu'il ne pourrait pas voir son parrain dès le début de l'été. Mais Poudlard lui resterait ouverte si jamais Sirius ne pouvait pas l'accueillir.

Le début de février se passa très bien. Les Gryffondors avaient commencé un nouveau chapitre en Divination, et au lieu que ce soit l'étude des entrailles animales, Trelawney avait plutôt choisi la lecture de la nourriture végétale. Plusieurs fois, ils eurent la possibilité de lire dans de la soupe, au grand plaisir de certains qui s'amusaient à faire des batailles navales avec les morceaux de poireaux qui baignaient dans le liquide.

Harry avait réussi à occulter la mort du reste de sa « famille », en tout cas en partie, mais il lui arrivait de frapper un mur quand il y pensait, pour défouler sa rage. Il s'était réhabitué à ses cauchemars quotidiens, et il pensait arriver suffisamment à se contrôler pour ne pas réveiller ses camarades par ses cris d'horreur et de douleur. Et pour oublier ses cauchemars, il travaillait pendant la nuit. Ce qui lui valait des notes de plus en plus bonnes. Mais si ça aurait dû contenter les professeurs, il n'en était rien. Car ceux-ci se rendait compte que leur élève ne se sentait pas très bien. Il devenait de plus en plus taciturne, renfermé, et il perdait un peu la joie de vivre qui l'animait. Mais ce n'était rien par rapport aux évènements qui allaient suivre.

Au milieu de février, le premier attentat au Ministère de la Magie retentit comme le début d'une nouvelle terreur. Chacun savait qu'une telle chose allait arriver, mais personne n'avait su quand. Ca avait été une grande explosion. Un bâtiment entier s'était effondré, alors qu'une réunion de ministres de différents départements s'y déroulait. Il n'y avait eu aucun mort, car les ministres, seuls occupants du bâtiment, avaient réussi à s'enfuir rapidement dès les premiers tremblements du sol. 

Trois jours plus tard, un deuxième attentat survint, lors d'une soirée entre membres du Ministère de la Magie, la plupart accompagnés de leurs époux(se) et quelques-uns de leurs enfants. Mais là, peu de gens en réchappèrent indemne. Deux Mangemorts imprudents furent tués sur-le-champ, trouvés à côté de la salle de bal. Une trentaine de sorciers et sorcières furent ensevelis sous les décombres. On décomptait une centaine de blessés. Tous les enfants furent sauvés, car ils s'étaient tous trouvés dehors à ce moment là, à jouer dans les jardins. Mais certains devinrent orphelins, et à Poudlard, quelques élèves avaient aussi perdu leurs parents.

Au fur et à mesure des semaines, d'autres attentats s'ensuivirent. Les deuils se succédèrent à  Poudlard, et ceux qui n'étaient pas touchés par le drame directement devaient se rendre à l'évidence : il fallait commencer à s'y habituer maintenant, tant que personne n'oserait se mesurer à Voldemort.

Et plus il y avait de morts, plus Harry se sentait coupable de tous ça. Après tout, sans lui, Voldemort ne serait jamais revenu. Le désespoir l'envahissait. Il mangeait de moins en moins, sautait parfois des repas. Et il se fatiguait d'autant plus.

Le printemps arriva, mais cela ne fut un réconfort pour personne. Le seul à sortir dans le parc quand il faisait beau était Harry, mais uniquement parce qu'il était poussé par Gramine. La tigresse ne voulait pas qu'il s'enferme dans son désespoir, et chaque fois qu'il était possible de faire une activité différente que celle de travailler, elle l'incitait à y aller. Alors, ils se couchaient sur la nouvelle herbe verte du parc, Harry posait sa tête contre le flanc de Gramine, et ils discutaient de choses et d'autres, ou alors ils lisaient et finissaient par s'endormir.

Ainsi passèrent 4 mois…

***

« Mr Potter ! » s'exclama Mac Gonagall, « vous n'allez pas bien ? »

Harry releva la tête en sursaut. Avec la chaleur, la fatigue de ses courtes nuits, et la faim qui le tenaillait malgré son manque d'appétit, le sorcier s'était assoupie, en plein cours de Métamorphose.

« Non, professeur, tout va bien. » mentit-il. Et il reprit sa plume d'une main tremblante.

D'un œil inquiet, le professeur Mac Gonagall regarda son élève qui faisait tout pour ne pas montrer qu'il allait très mal. Et il refusait toute aide, sauf celle de Gramine. Mais celle-ci avait beaucoup à faire avec les attentats. Après chaque évènement, elle se rendait sur le lieu du drame et aidait à trouver des survivants. Elle en ramenait très peu à chaque fois.

Les fortes chaleur du printemps étaient un facteur important. Elles fatiguaient la tigresse, tout comme Harry. Elles faisaient tourner la tête. Et Gramine ne pouvait alors pas travailler très longtemps sans être obligée de se reposer et de boire. Autant le froid glacial pouvait lui donner la fièvre, autant la chaleur pouvait lui donner une insolation.

Aujourd'hui elle n'était pas là. Mais elle avait déjà réservé sa journée pour samedi qui venait, car dans trois jours aurait lieu le dernier match de Quidditch de l'année, Gryffondor contre Poufsouffle. Les équipes avaient un moral gonflé à bloque, même les Gryffondor, qui tentaient de redonner du courage à Harry à chaque entraînement. Ils pensaient bien que dans son état, il y avait peu de chances qu'il réussisse à attraper le Vif d'Or, et ils comptaient donc sur les poursuiveuses pour remporter le match.

Le samedi tant attendu arriva enfin. Le matin, les tables acclamèrent les joueurs, chacune faisant plus de bruit que l'autre. Les attentats semblaient avoir été oubliés pour cette journée. Gramine était revenue, et s'était installé à la table des Gryffondor, comme d'habitude. Quand elle vit arriver Harry, elle lui murmura :

« Ca a pas l'air d'aller très fort aujourd'hui, Harry. »

Il avait de grands cernes sous les yeux et paraissait plus fatigué que jamais.

« Non, c'est à cause de l'avant-match. » répondit-il.

« Y'a pas que ça. »

Harry soupira. « Je ne dors plus, je n'arrive plus à manger quoi que ce soit, même les entraînements de Quidditch m'ennuient, c'est dire ! » expliqua le sorcier.

« Il faudrait que tu prennes de bonnes vacances, loin d'ici, à l'abri. Tu en as besoin. Tiens le coup, l'année est presque finie. »

« Mais Sirius n'est toujours pas innocenté ! Je vais devoir rester ici tout seul pendant deux mois ! J'appelle pas ça des vacances ! »

« Non, tu ne resteras pas. Si besoin est, je t'emmènerai avec moi. »

Harry sourit légèrement. Gramine avait réussi son effet, elle lui avait redonné un peu d'espoir pour ces vacances.

« Allez, mange un peu. Sinon tu ne vas pas pouvoir finir le match, ça serait dommage. »

« Je n'ai vraiment pas faim. »

« Ok. Viens me voir alors juste avant le match. Je te donnerai un peu d'énergie pour te revigorer. Je serai à l'entrée du stade. »murmura-t-elle.

« D'accord. »

Le coup de sifflet retentit dans tout le stade, faisant s'envoler quatorze joueurs habillés de rouge et de jaune sur leur balai volant. Harry s'envola à haute altitude, afin de dominer l'ensemble du stade et ainsi mieux voir le Vif d'Or. Il se sentait plus en forme que ce matin, grâce à la magie de Gramine, mais celle-ci lui avait dit qu'il ne tiendrait pas très longtemps avec ce qu'elle lui avait donné, et donc, il fallait qu'il se dépêche d'attraper la balle dorée. En face de lui, l'attrapeur adverse l'avait imité et scrutait le terrain. La voix de Lee Jordan était très lointaine, mais Harry ne s'en préoccupa pas. En bas se démenaient les Poursuiveurs et les Batteurs, et le capitaine observait le fruit de leur travail avec satisfaction. En pas moins de cinq minutes, un but fut décroché par Gryffondor, par un jeu habile et rapide des Poursuiveurs. Ils avaient baptisés cette technique la « technique de brouillage ». Il s'agissait de se passer le Souaffle aussi vite que possible et de nombreuses fois, tout en se rapprochant des buts, puis de marquer un but dans la plus totale confusion du Gardien et des autres Poursuiveurs.

Soudain, un éclair doré apparut dans un des anneaux des buts adverses. Harry se précipita à sa poursuite, aussitôt suivi par l'autre attrapeur. Il fila tout droit, sans tenir compte des Cognards qui lui sifflaient aux oreilles. Devant lui, les six Poursuiveurs se volaient après. Harry fixait toujours le Vif d'Or, quand une grosse balle rouge passa à travers l'anneau dans lequel se tenait le Vif. Quand le Souaffle retomba, la petite balle avait disparu. Harry descendit aussitôt en chandelle. Il sentit le sang monter dans sa tête et tambouriner contre ses tempes. En arrivant au raz de l'herbe, il remonta un peu et revint au niveau des Poursuiveurs. Le fait de remonter lui fit un peu tourner la tête, et pendant quelques secondes, sa vision s'assombrit. Quand il revit clair, il vit arriver un Cognard droit devant lui…

(la suite au prochain épisode)

Il eut tout juste le temps de baisser la tête quand le Cognard arriva sur lui. Aussitôt après, le Cognard se fit éclater la gueule par la batte d'un des Weasley.

« Ca va, Harry ? » cria Fred, tenant sa batte dans une main.

« Oui, il ne m'a pas touché. » répondit-il. Et il s'envola un peu plus haut.

Entre temps, un autre but des Gryffondors avait été marqué, ce qui amenait le score de 20 à 10 en faveur de Gryffondor. Harry resta un long moment sans bouger, tout en haut, n'apercevant pas le Vif d'Or. Il en profita pour reprendre ses forces, qui se faisaient de plus en plus faibles. Quelques minutes plus tard, il vit l'attrapeur des Poufsouffles foncer vers un endroit précis du terrain, proche des tribunes de Serdaigle. Harry s'y dirigea aussi, même s'il n'avait pas vu le moindre Vif d'Or. C'était peut-être une feinte, remarque. Mais il s'aplatit tout de même sur le manche de son balai et accéléra. Il rattrapa d'une dizaine de mètre l'adversaire, puis soudain il le vit : scintillant, doré, et vibrant comme une fleur sur sa tige ( je dérive là ), le Vif d'Or courait le long du mur. Le Poufsouffle le suivit, mais il n'osait pas s'approcher trop du mur au risque que le balai s'emballe s'il le touchait. Harry, lui, n'hésita pas. Habitué à finir ses matchs en quittant le balai en cours de route, il dépassa sans mal l'attrapeur et le força à lui céder la place. Il tendit un bras tremblant vers la balle. Il sentit ses forces le quitter il serra les genoux, s'agrippa du mieux qu'il put au manche, mais ses doigts refusaient de serrer un peu plus. Il baissa son bras tendu, et s'écarta du mur, laissant le champ libre au Vif d'Or. Il avait été si près pourtant ! Tout le monde avait retenu son souffle, il n'avait été peut-être qu'à quelques centimètres du Vif. Mais il venait d'abandonner pour cette fois. Le sorcier n'avait pas voulu risquer la chute de plus d'une dizaine de mètres.

Harry redescendit un peu vers le sol. Il tremblait de tous ses membres maintenant. Il rejoint l'arbitre Mme Bibine, et demanda un temps mort. Le coup de sifflet fut donné et Harry put redescendre sur le terrain. Aussitôt revenu au sol, il s'assit par terre. Les autres joueurs de l'équipe se regroupèrent autour de lui.

« Pourquoi as-tu demandé un temps mort, Harry ? » demanda Angelina.

« Tu ne vas pas bien ? » s'inquiéta Alicia.

« Je suis super fatigué, j'arrive plus à tenir sur le balai, je vous jure. On en est où dans le match ? »

« On est à 60 points pour nous, et Poufsouffle 40. » fit Georges.

Dans un bruit sourd, Gramine atterrit derrière eux et vint les voir. Harry tenta de se relever mais il tremblait tellement que les autres l'obligèrent à rester assis. Gramine dit :

« Tu as épuisé toutes tes réserves, c'est ça ? »

Harry hocha la tête.

« Bon, je te redonne encore une dernière fois de l'énergie, et c'est tout. Et dépêche-toi d'attraper le Vif d'Or, sinon vous devrez perdre le match. » affirma-t-elle.

Les joueurs, un peu dépités, se redonnèrent du courage.

« Ok, » s'exclama Fred. « on va tout dégommer pour te laisser le champ libre, Harry, que ce soit des Cognards, ou … des joueurs. On doit gagner ! »

« Ouais ! » reprirent les Poursuiveuses.

Gramine donna une nouvelle dose d'énergie à Harry puis ils remontèrent sur leurs balais.

La fin de la mi-temps fut sifflée.

Les quatorze joueurs s'envolèrent une nouvelle fois. Le match reprit avec plus d'entrain que la première fois, et c'était un vrai plaisir pour les spectateurs qui les voyaient évoluer dans l'air avec autant d'aisance et de rapidité. Au bout de seulement cinq minutes de jeu, les deux attrapeurs se dirigèrent vers un même point doré qui flottait au milieu du stade. Ils étaient tellement près l'un de l'autre que leurs manches à balai se touchaient presque. Soudain, un Cognard lancé par Fred vint frapper les brindilles de l'attrapeur des Poufsouffle. Celui-ci dévia et s'écarta rapidement avant de finir en vrille. Harry avait maintenant le champ libre. Il fonça vers le Vif d'Or, qui ne cessait de partir dans tous les sens, faisant faire à Harry des constants changements de direction. Après plusieurs centaines de mètres de course, le Vif d'Or se mit à filer tout droit. Harry tendit un bras… s'avança un peu sur le balai… et attrapa la petite balle dorée !

Aussitôt, des cris enthousiasmes s'élevèrent du stade. Harry les entendit pour la première fois, comme si le son avait été coupé pendant qu'il était concentré sur son but. Mais il lui restait à descendre à terre maintenant, et il se dirigeait droit vers le mur du stade ! Il était allé à la vitesse maximale du balai sans s'en rendre compte. Sans réfléchir, il freina le balai du mieux qu'il put, priant pour que le sortilège de Freinage fonctionne correctement. Harry s'arrêta brusquement, tout son corps fut projeté en avant et il passa par-dessus le manche. Heureusement, il n'avait qu'environ trois mètres de chute, mais quand même ! Grâce à ses réflexes de Quidditch, il se mit en boule et tomba sur le sol en effectuant plusieurs roulades, amoindrissant le choc. Quand il ouvrit les yeux, il était allongé sur la pelouse. Il vit son balai tomber à côté de lui, puis les autres arriver en courant ou en volant pour s'assurer de son état, et fêter sa victoire.

Le sorcier essaya de se lever, sans succès. Il avait un mal de dos atroce.

« Harry, ça va ? » demanda Hermione qui venait d'arriver.

« Aide-moi à me relever. »

Hermione lui tendit la main, et le fit se lever. Harry s'étira un peu le dos puis se redressa.

« C'est bon, c'est presque passé. »

Puis ce fut la ruée vers eux. Les élèves le portèrent en triomphe et emmenèrent toute l'équipe sur leurs épaules jusqu'au château. Dans la Salle Commune, les jumeaux Weasleys rapportèrent des friandises et ils firent la fête tout l'après-midi.