Titre : Créatures oubliées

Auteur : Epayss

Adresse e-mail : epayss@hotmail.com

Avertissement : PG-13

Note de l'auteur : Pour ce chapitre, il est impératif de savoir à quoi ressemble un chocobo.

Cette adresse vous en donne un superbe exemple :

                                           Hécatombe

Le samedi qui suivit le match de Quidditch victorieux des Gryffondors devait avoir lieu la troisième et dernière sortie à Pré-au-Lard de l'année. Malgré les nombreux attentats des mois derniers, la sortie n'avait pas été annulée, au grand plaisir des élèves. Mais tous les professeurs avaient été mobilisés pour surveiller le village pendant tout l'après-midi. Les élèves avaient été séparés en deux groupes, l'un partant au début de l'après-midi, et l'autre vers la fin.

Lors des inscriptions, les professeurs furent soulagés de voir qu'il n'y avait qu'une cinquantaine d'élèves qui voulaient partir à Pré-au-Lard. Parmi eux, il y avait tous les Gryffondors de cinquième année ( ceux qu'on connaît en tout cas ), quelques Gryffondors de septième, et aussi des Serdaigles et des Poufsouffles. Etrangement, aucun Serpentard ne voulait venir. Les cinquième année choisirent de partir à la fin de l'après-midi. Ron se souvint combien il avait dû pousser Harry et Hermione à venir, l'un parce qu'il n'en avait pas envie, l'autre parce qu'elle voulait réviser ses buses toute la journée, étant donné que ceux-ci commençaient la semaine d'après.

Gramine fut aussi dépêchée pour surveiller Harry partout où il allait pendant la sortie. Avant de partir pour Pré-au-Lard, la tigresse lui confia :

« Tiens, Harry, je tiens à ce que tu l'aie avec toi. » Elle lui tendit sa baguette magique.

« Pourquoi tu fais ça, Gramine ? J'ai la mienne. »

« On ne sait jamais, tu pourrais en avoir besoin. Il est toujours utile d'avoir deux baguettes sur soi. »

« Mais c'est la tienne. Elle ne m'est pas adaptée ! » réfuta Harry.

« Ne t'inquiète pas. Je l'ai arrangé un peu. La nuit à l'infirmerie où tu es venu me voir, Harry, il y a de cela plusieurs mois, j'étais en train de faire quelques expériences sur elle. Si jamais tu es en danger, il se pourrait qu'elle fasse un sortilège d'elle-même. Alors ne t'en fais pas. Et ne l'utilise qu'en cas d'urgence. »

« D'accord. J'en prendrai soin. » Il la rangea dans sa poche.

Il faisait très chaud en ce mois de mai. Pré-au-Lard était presque désert, les gens ayant préféré rester chez eux ou dans les boutiques, qui étaient d'ailleurs bien remplies. Une fois dans le village, le groupe d'élèves s'éparpilla un peu partout pour faire ses emplettes. Harry, Ron, Hermione et Gramine préférèrent les faire plus tard et vinrent s'asseoir sur le bord d'une fontaine, au milieu d'une place. Le bruit de l'eau était agréable à leurs oreilles. De temps en temps, un moineau venait se laver les plume dans l'eau en éclaboussant un peu partout. Les sorciers eurent l'idée de faire la même chose, mais sur les autres. C'est Ron qui commença. Avec sa main, il prit un peu d'eau et aspergea Hermione. Outrée, celle-ci fit de même et propulsa une grande gerbe d'eau vers le bord de la fontaine, ce qui éclaboussa tout le dos de son ami et déborda même sur Gramine qui se reposait par terre. Au bout du compte, tout le monde finit par se prendre au jeu et ça se transforma en bataille d'eau générale. Pour finir, ils se liguèrent tous contre la tigresse, lui attrapèrent les pattes et la mirent en entier dans l'eau froide. Gramine, complètement trempée, se débattit, achevant de mouiller les autres et entraîna Ron dans le bassin avec elle. Quand ils parvinrent à sortir de l'eau, ils entendirent des voix arriver. Ils se dépêchèrent de se rasseoir innocemment sur le bord de la fontaine et firent mine de parler normalement. Des pas se rapprochèrent, et bientôt deux professeurs débouchèrent dans la rue, marchant calmement. Les sorciers tournèrent la tête vers eux. C'était Mac Gonagall et Lupin. Ils se dirigèrent vers les élèves qui se retenaient d'éclater de rire.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? » demanda Mac Gonagall, devinant parfaitement la réponse.

« Gramine nous a foutu tous dans l'eau. » accusa Harry.

« Huh ? » fit la tigresse en relevant la tête.

« Il semble qu'elle n'ait quand même pas été la seule à inonder la place. » objecta le professeur Lupin avec amusement.

« C'est eux qui m'ont mis dans l'eau les premiers. » dit Gramine.

« Nous ? On aurait jamais pu faire ça ! » se moqua Ron.

« Bon, tout a l'air d'aller, on va vous laisser. » dit Mac Gonagall. Et ils partirent vers une autre rue.

Quand les professeurs eurent disparus, Gramine s'ébroua, éclaboussant ses amis de toute l'eau qu'elle avait dans ses poils.

« J'ai soif. » dit Hermione.

« Tu as de l'eau juste à côté de toi, 'Mione. » dit Ron

« Je ne veux pas boire de l'eau. Tu veux pas aller nous chercher de la Bièraubeurre, Ron ? »

« Oh non, pas moi. Et puis je suis encore trempé. »

« On est tous trempé. » affirma Harry, allongé par terre tellement il était fatigué par la chaleur.

« Mais je connais quelqu'un qui est moins trempé que nous tous. »

« Qui ça ? » demanda Gramine.

« Toi. »

« Moi ? » Elle regarda sa fourrure qui effectivement, était presque sèche. « C'est pas juste, moi je n'ai pas de vêtements qui mettent trois jours à sécher. »

« Pour nous faire plaisir… » minauda Hermione.

« Bon, d'accord. J'y vais. » Elle se leva, prit l'argent que leur tendaient les trois sorciers, puis les quitta. Le bar n'était pas très loin, juste à une cinquantaine de mètres. Mais il n'était pas visible de la place.

En entrant dans le bar, elle remarqua qu'il n'y avait pas grand monde. Seuls quelques gens du coin étaient assis à une table, discutant silencieusement devant un grand verre glacé d'une boisson colorée. Sur la droite, il y avait notamment une table, à moitié cachée par une grande plante, derrière laquelle un homme vêtu d'une cape noire et encapuchonné buvait lui aussi (non, ce n'est pas Aragorn ! ^__^ ) .

Gramine traversa le bar et vint au comptoir. Mme Rosmerta l'accueillit :

« Bonjour Gramine. Qu'est-ce que vous désirez aujourd'hui ? »

« Trois Bièraubeurres s'il vous plaît. »

« A emporter ? »

« Oui. » acquiesça la tigresse.

« Ca marche ! »

La serveuse se retourna, ouvrit un placard vitré et en sortit trois petites bouteilles de Bièraubeurre.

« Voilà ! Ca fera 12 Mornilles. »

Gramine lui donna les pièces désirées puis prit les bouteilles dans ses pattes. Elle passait devant les tables pour sortir quand elle entendit un bruit l'interpeller :

« Pssst ! »

Elle se retourna et vit sur sa gauche l'homme encapé de noir, derrière la plante ombragée.

« Viens ici. » dit-il.

La tigresse s'approcha prudemment.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle.

« Tu n'as pas besoin de le savoir. Viens, assieds-toi. » répéta-t-il.

Gramine posa ses bouteilles sur la table et s'assit sur la chaise en face de l'homme. Sous la table, une lame d'argent brillait dans sa main…

« Qu'est-ce que vous voulez ? » demanda Gramine, méfiante. Elle ne voulait quand même pas mettre son armure invisible, sinon ça se serait remarqué, comme elle avait les pattes en contact avec la table. Mais cet homme ne lui inspirait rien de bon.

« Tu dois bien savoir qui je suis, Gramine, tu nous as déjà vus. »

« Mangemort ? » souffla-t-elle.

« Oui. »

La tigresse se recula et commença à briller légèrement, preuve de l'activation de son armure.

« Tu n'as pas besoin de faire ça. Je veux juste discuter. » dit le Mangemort.

« Je n'ai pas que ça à faire. »

« Oh, mais moi non plus, rassure-toi. Ce n'est pas par plaisir que j'ai dû m'acquitter de cette tâche. »

Gramine abaissa sa garde.

« Je vous écoute, mais dépêchez-vous. »

« D'abord, j'isole notre table de toute oreille indiscrète. »

Il lança un sortilège, et les conversations s'assourdirent.

« Voilà. Je vais aller droit au but. Le Maître te veut dans ses rangs. … … »

« C'est tout ? » s'exclama Gramine. « C'est pour ça que vous êtes venu ? »

« Oui. » répondit le Mangemort, impassible.

« Mais vous connaissez très bien la réponse pourtant. Je ne suis pas une esclave qu'on achète. Et je ne vous rejoindrai jamais, c'est clair ? »

« Très clair. » fit-il en se levant de sa chaise. Gramine le suivit des yeux.

« Je vais m'en aller, mais réfléchis quand même, tu pourrais changer d'avis… »

Le Mangemort sortit sa baguette, et fit semblant d'annuler le sortilège de Dissimulation. Gramine ne s'aperçut pas de la supercherie. Et le Mangemort ne rangea pas sa baguette tout de suite. Au lieu de cela, il contourna la table. Il s'approcha très près de la tigresse, se pencha, et lui glissa à l'oreille.

« A une prochaine fois, Gramine. »

Aussitôt, la tigresse sentit une lame d'acier glacée lui pénétrer les entrailles. Elle s'était faite avoir comme une débutante. Elle sentit la lame entrer plus profondément dans son ventre. Elle poussa un cri, que personne n'entendit. Elle allait repousser l'homme avec son armure quand elle vit la pointe d'une baguette magique appuyée contre son front.

Le Mangemort murmura :

« Tu t'es attaqué à plus gros que toi, Gramine. Mais tu ne mourras pas tout de suite. Le Maître te laisse une dernière chance de te joindre à nous. »

« Jamais ! » hurla d'une voix faible la tigresse.

Elle sentit le sang couler de sa blessure. La lame se retira, agrandissant la plaie. La tigresse plaqua ses pattes contre son ventre. Le Mangemort se recula un peu, et avant que la tigresse ne réagisse, il lui administra un puissant Stupéfix. Gramine sombra dans l'inconscience. L'homme quitta la salle, personne n'avait rien remarqué. La table était camouflée à l'ombre de la plante. Une mare de sang se formait goutte à goutte sous la table. La tigresse, assise sur la chaise, avait tout l'avant de son corps allongé sur la table. Les bouteilles de Bièraubeurre faisaient refléter des ombres dorées sur sa fourrure.

Harry, Ron et Hermione étaient toujours près de la fontaine, et ils commençaient à se demander ce que fabriquait Gramine.

« Elle en met du temps pour revenir. » dit Ron.

« Elle a peut-être trouvé une connaissance. » proposa Harry.

« Ou alors elle a été appelée à une autre mission, et en ce moment elle est en plein milieu de l'espace, et elle a complètement oublié nos Bièraubeurres. »

« Tu rêves trop Ron. » intervint Hermione.

« Pourquoi ce ne serait pas possible ? »

« Elle n'est pas comme ça. En plus elle est censée nous protéger en cas d'attaque, elle n'enfreindrait pas ça, je peux te l'assurer. »

Aux Trois Balais, tout d'un coup, plusieurs sorciers paniqués entrèrent dans le bar. Ils ne cessaient de clamer : « Des Mangemorts ! ». Puis au fur et à mesure, le bar se remplit de personnes alarmées par l'attaque.

Bientôt, le bar fut bondé, et les gens tâchaient de se faire le plus petit possible, car les Mangemorts avaient été annoncés au bout de la rue. Des gens se rapprochèrent de la plante ombragée. Un sorcier, repoussé par l'affluence de la foule, entra dans le cercle du sortilège de Dissimulation que n'avait pas enlevé le Mangemort. Il tourna la tête vers la table qui étaient déserte à l'instant. Une odeur particulière régnait à cette table. Trois Bièraubeurres se dressaient devant la célèbre tigresse. Elle ne bougeait pas. Le sorcier crut qu'elle dormait, et il se dépêcha de s'écarter d'elle. A ce moment, trois élèves de Poudlard entrèrent se réfugier dans la pièce, et plusieurs sorciers durent alors entrer dans le cercle de Dissimulation. Mais le sortilège ne pouvait contenir autant de monde, et il éclata dans un claquement sonore. Les gens virent la tigresse. Certains se demandèrent ce qu'elle faisait là. Un petit garçon, dont le haut de la tête dépassait à peine la table, leva la tête vers la sorcière à côté de lui ( sa mère sans doute ), et demanda innocemment :

« C'est quoi ce qu'il y a sous la table, maman ? »

La mère se baissa un peu, vit la mare de sang, suivit les gouttes qui ne cessaient de tomber, et s'arrêta sur la plaie béante, au milieu des poils blancs de la tigresse. Elle resta interdite au premier abord, puis plaqua une main sur sa bouche pour s'empêcher de crier. Le petit sorcier réitéra sa question :

« Alors c'est quoi ? »

« Ne t'approche pas. » fut-elle simplement capable de dire.

Mais d'autres sorciers s'aperçurent de l'état déplorable de la tigresse. Et la nouvelle se répandit dans tout le bar, parvenant aux oreilles des trois élèves qui venaient d'entrer. Parvati, qui écoutait ce qui se disait dans le bar, tomba sur cette rumeur, un peu déformée par la distance. Elle demanda à une vieille femme.

« Madame ? »

« Oui ma petite ? »

« Heu… Gramine est là ? »

Lavande et Neville se rapprochèrent. Ils avaient cessé de regarder anxieusement par la fenêtre et venaient s'intéresser à la trouvaille de leur amie.

« D'après ce qu'a dit Sylphide, il se pourrait bien que oui. Mais vous ne devriez pas l'approcher, on m'a dit qu'elle dormait. Moi, ce que j'en dis… »

Parvati regarda ses deux camarades, et se précipita à la recherche de la tigresse, les deux élèves sur ses talons. Ils naviguèrent entre les sorciers assez longtemps, cherchant la provenance de la rumeur. Mais plus ils se rapprochaient du but, plus le mot « dort » se transformait en « mort ». La panique les prit encore plus. Ils arrivèrent près de la plante, la contournèrent, et se frayèrent un chemin jusqu'à la table. Là, ils s'arrêtèrent net.

Un homme les retint par l'épaule :

« Vous ne devriez pas approcher, les jeunes. Je crois qu'on ne peut plus rien pour elle. »

Mais Parvati se dégagea et marcha jusqu'à la tigresse. Elle tendit la main vers elle. Ses deux amis la regardaient faire, trop effrayés pour faire un pas de plus. La sorcière toucha la tête de Gramine. Elle n'avait jamais été très proche de la tigresse, mais elles avaient souvent travaillé ensemble au cours de l'année, et elle n'avait maintenant plus peur de s'adresser à elle, ni de la toucher.

Elle fit glisser sa main sur sa tête. La fourrure était encore chaude. Elle la descendit sur la gorge, et tâta son pouls. Il battait encore. Elle soupira de soulagement. Elle fit un signe à ses amis, qui avaient retenu leur souffle eux aussi.

« Venez, il faut faire quelque chose pour elle. On va la mettre sur la table. »

« Tu es sûr ? » se plaignit Neville.

« On va pas la laisser mourir, quand même. Après tout ce qu'elle a fait pour nous. »

Les trois sorciers la saisirent alors par les pattes et essayèrent de la soulever.

« Elle est trop lourde ! » se lamenta Lavande, qui regardait avec horreur le sang qui coulait du ventre.

« Je vais vous aider, » proposa un jeune homme.

« Merci. » soufflèrent-ils.

A quatre, ils parvinrent à hisser Gramine sur la table ronde.

« Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant ? » demanda Neville, qui avait un peu repris de l'assurance.

« Il nous faut du tissu, un torchon, n'importe quoi. »

« Je vais en chercher. » fit le jeune homme.

Il partit dans la foule jusqu'au bar, et revint avec plusieurs morceaux de tissus servant sûrement à essuyer les verres.

« Merci monsieur ! » fit Parvati.

Elle les prit, les plia soigneusement et les superposa pour former une compresse opaque. Puis elle les plaqua sur la blessure, et y appliqua un sortilège de Compression.

« C'est dommage qu'on ai pas pu passer notre QS ( Qualification de Secourisme pour les sorciers) cette année, on aurait appris comment faire coaguler le sang. »

« Pourquoi elle est aussi détendue ? » demanda Lavande.

« Elle a peut-être subi un sort. » objecta Neville.

« Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? » demanda Parvati.

« Il faut sûrement attendre l'arrivée des secours, ou des professeurs. Espérons qu'il ne va rien se passer de grave. »

« Gramine ne devait pas rester en compagnie de Harry, au fait ? » demanda Lavande.

« Si. » Parvati réfléchit. Gramine était là, mais pas Harry. Il était donc dehors, et seul, parmi les Mangemorts.

« Harry… » murmura-t-elle.

( Là, on revient à avant que les Mangemorts n'arrivent sur Pré-au-Lard )

« Il fait super chaud quand même, vous trouvez pas ? » soupira Harry.

« Harry, je crois que tu as envie de te baigner un peu. » ironisa Ron. « Tu sais, la fontaine t'est grande ouverte. »

« Ah non, mes vêtements viennent tout juste de finir de sécher ! »

« Ah ouais ? » Ron se leva rapidement et s'approcha de Harry, les bras tendus, prêt à le saisir et à le jeter dans l'eau. Harry recula, faisant mine d'être effrayé, même s'il riait à moitié. Mais soudainement, son sourire s'effaça. Il trembla légèrement, comme si une brise venait de le frôler. Sa cicatrice se réveillait. Ce n'était encore qu'un picotement, à peine perceptible. Mais Harry était tellement sensible qu'il le perçut aisément.

Une main ferme se posa sur son épaule. Il pensait que c'était un professeur, mais son ami Ron ne lui en donna pas la confirmation, à moins qu'il n'ait acquis une subite phobie des professeurs ce jour-là. Le visage de son ami avait brusquement pâli et une expression de terreur s'était inscrite sur son visage. Il commença à reculer. Harry ne bougeait pas, comme pétrifié. Il tourna et releva un peu la tête pour regarder ce qui l'avait empoigné. Un homme se tenait derrière lui, encapé de noir et une cagoule noir sur la tête. Un Mangemort assurément. Harry fit un mouvement brusque d'épaule pour se libérer. Il courut jusqu'à la fontaine, prit sa baguette et se retourna. Mais le Mangemort avait pointé sa baguette plus vite que lui. Il lança :

« Expelliarmus ! » et la baguette de Harry s'envola vers le Mangemort qui l'attrapa sans problème. Harry s'appuya contre le bord de la fontaine. Son cœur battait la chamade, il était essoufflé par sa courte course. Il se maudit de ne pas avoir mangé ces derniers temps, car il était sans baguette plus faible qu'un enfant Moldu à présent. Mais il était trop tard pour s'en rendre compte. Il tourna la tête vers ses amis. Hermione s'était levée, sérieuse, et elle et Ron tendaient leur baguette vers le Mangemort.

Ron prit son courage à deux mains et lança un Stupéfix. Le Mangemort riposta et renvoya le sort. Le sorcier rouquin se le prit de plein fouet et il tomba inconscient sur le sol de pierre. Un second Mangemort arriva par une rue sur la droite. Imperturbable, il avança vers Harry qui contourna la fontaine. Hermione vint vers lui et se plaça entre lui et les Mangemorts, la baguette pointée vers eux. Elle savait qu'elle ne pourrait leur tenir tête avec ses minables sorts de combats, mais elle pensait arriver à gagner du temps avant l'arrivée des professeurs.

« Dégage, Sang-de-Bourbe ! » avertit le premier Mangemort.

Hermione ne bougea pas.

Harry lui murmura : « Les professeurs ne vont jamais arriver à temps. Vas-t-en, je t'en prie ! Ils vont te tuer ! Ils en sont capables ! »

« Je ne bougerai pas. Moi aussi je me dois de te protéger. »

« Mais tu peux fuir et aller chercher du secours ! »

« Il est trop tard. »

« Mais que fait Gramine ? » dit Harry. « Pourquoi n'est-elle pas là ? »

« Il a dû lui arriver quelque chose. »

Harry se rapprocha encore d'Hermione et, par derrière, il lui prit la main gauche, celle qui ne tenait pas la baguette. Et il la serra de tout son cœur.

Soudain, une grande secousse se produisit. Un puissant sortilège fusa de derrière et atteignit Hermione dans le dos. La jeune fille fut projetée en avant, et tout son corps passa par-dessus la fontaine, pour venir se cogner contre la statue de Sirène qui l'ornait. Harry se retourna. Il était maintenant seul, totalement seul. Ron gisait par terre. Trois Mangemorts entouraient Harry. Le troisième lui prit le bras et le serra d'une forte poigne, l'empêchant de fuir malgré ses débattements. Les deux Mangemorts le regardèrent et acquiescèrent de la tête. Harry donna un coup de talon dans le tibia de son ravisseur. Celui-ci tordit son poignet, faisant gémir le Gryffondor de douleur. Sa cicatrice se réveilla entièrement, accentuant sa détresse. Les Mangemorts allaient transplaner. Il allait être livré à Voldemort.

La dernière chose qu'il vit fut le corps d'Hermione à moitié effondré dans la fontaine. Puis il se sentit tirer vers l'avant par le nombril. Toutes les images se brouillèrent. Il en eut le tournis.

Seamus releva la tête. Il n'y avait plus aucun bruit dehors. Pendant le passage des Mangemorts, il s'était réfugié dans une petite boutique de souvenirs sorciers, et s'était tapi sous le bureau du comptoir. A côté de lui, il y avait la jeune vendeuse, les genoux repliés contre sa poitrine, comme lui. Elle devait avoir une vingtaine d'année. Seamus lui prit le bras pour lui signaler que c'était passé. Elle releva la tête, inquiète, et sortit de sous le comptoir. Le sorcier fit de même. Il se leva, et aperçut Dean qui s'était caché derrière une armoire.

« Dean, qu'est-ce qu'on fait ? Tu crois qu'on peut sortir ? » murmura Seamus.

« La rue est déserte, on doit pouvoir y aller. »

« Il faudrait peut-être attendre les professeurs, non ? »

« On ne sait même pas s'ils sont encore dans le village. »

Les deux garçons regardèrent par la vitre de la boutique et virent des gens sortirent des différentes bâtisses, progressivement. Ils rasaient les murs, prêts à se mettre à l'abri en cas de mouvements insolites. Seamus poussa la porte et sortit dans la rue, suivi de près par Dean. Ils marchèrent un peu, jusqu'à la rue principale. Là, il y avait plusieurs personnes étendues sur le sol. Beaucoup avaient une baguette à la main. Les deux élèves se précipitèrent vers la première personne venue et s'aperçurent que c'était un élève. A en voir sa taille et son insigne, il devait être en septième année. C'était un Serdaigle. Il était étendu sur le côté, et son ventre se soulevait lentement à chaque inspiration.

« Il respire… » souffla Dean.

« Il doit être stupéfixé. Enervatum ! »

Le Serdaigle ouvrit les yeux, ébloui par la lumière du soleil. Il se releva et s'assit par terre. Quand il put enfin voir qui il avait devant lui, il dit :

« C'est vous qui m'avez réveillé ? »

« Oui. » répondirent-ils.

« Merci beaucoup. » Il regarda autour de lui. D'autres personnes se relevaient, réanimées pour la plupart par un Enervatum.

« Où sont les autres ? » demanda le Serdaigle.

« On ne sait pas. »

Ils se relevèrent puis se séparèrent pour rechercher des connaissances. Les deux Gryffondors marchèrent une centaine de mètres, sans rencontrer aucun professeur. Ils arrivèrent sur une petite place, au milieu de laquelle se dressait une fontaine. Il y avait un garçon roux à plat ventre sur le sol. Ils coururent vers lui.

« Ron ! » s'écrièrent-ils.

Le garçon ne bougea pas. Seamus reprit sa baguette et lança à nouveau un Enervatum. Le stupéfixé se réveilla subitement.

« Seamus ? Dean ? »

Ron se redressa.

« Où sont les Mangemorts ? » interrogea-t-il. C'était la seule question qui lui était venu à l'esprit.

« Ils sont partis, je pense. » dit Dean.

« Hermione ! » cria-t-il.

Il se leva précipitamment et courut vers la fontaine. Les deux garçons ne l'avaient pas vu, cachée par la statue de la fontaine. La jeune fille était toujours étendue à moitié sous l'eau, à moitié émergée sur la statue. Elle ne bougeait pas. Les trois élèves se regroupèrent autour d'elle.

« Il faut la sortir de là. »

Ron entra dans la fontaine, et prit Hermione sous la tête et les épaules, tandis que Seamus lui prenait les jambes. Ils la sortirent et l'allongèrent par terre. Dean s'apprêtait à jeter un Enervatum quand des pas retentirent dans la place déserte. Ils se retournèrent et virent arriver le professeur Mac Gonagall à grands pas.

« Attendez ! Ne faites rien ! » leur lança-t-elle. Elle était accompagnée d'un homme habillé d'une cape blanche, sûrement un Médicomage.

« Professeur ! » s'exclamèrent les élèves, soulagés de voir qu'au moins un professeur était encore là pour les aider dans ce village.

« Laissez-moi faire. » ordonna le Médicomage en s'approchant d'Hermione. Il tâta hâtivement son pouls puis fit apparaître un brancard. Il la mit dessus et fit léviter le tout.

« Voilà, vous pouvez acheminer votre amie ainsi jusqu'à Poudlard. Allez à l'infirmerie. » dicta le Médicomage.

« Mais où sont tous les autres ? » demanda Ron sur un ton suppliant. Il espérait avoir une réponse positive de son professeur.

« Les autres professeurs sont soit en train de chercher des sorciers vivants comme moi, soit à Poudlard, attendant les ordres de Dumbledore. Il s'est rendu au Ministère. Plusieurs élèves sont déjà retournés à Poudlard. Ceux de votre classe ont acheminé Gramine jusqu'à l'infirmerie. »

« Gramine ? Mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? »

« Nous ne le savons pas encore, mais elle est dans un triste état. »

Ron baissa la tête.

« Et Mr Potter ? Où est-il passé ? » demanda anxieusement Mac Gonagall en se tordant nerveusement les mains. Cette question aurait dû être la première à poser, même si elle en redoutait la réponse.

Les trois Gryffondors se regardèrent. Leurs yeux s'agrandirent de terreur, se rendant à l'évidence que Harry n'avait été trouvé nulle part.

« Je ne sais pas, professeur. » répondit Ron. « Les Mangemorts nous ont attaqués, on a essayé de se défendre, mais ils m'ont eu en premier. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite. Harry a dû être emmené vers … Vous-Savez-Qui… » termina Ron d'une voix tremblante.

« Nous allons partir à sa recherche immédiatement. Allez à l'infirmerie, vous tous. Vous y retrouverez tout le monde. »

Les élèves partirent avec le brancard, lévitant toujours au-dessus du sol. Leur marche était lente, comme s'il venait d'apprendre la mort d'une personne. Et ce n'en était pas loin. Car Harry était peut-être en ce moment même face à Voldemort, ou déjà plus de ce monde. Ron serra les dents devant tant d'impuissance. Il prit pour se réconforter la main d'Hermione qui reposait à côté d'elle. Elle était plus froide que du marbre. Ron pressa le pas.

Les Mangemorts s'arrêtèrent dans une rue déserte. Harry avait le tournis et il serait tombé par terre si le Mangemort qui le tenait ne l'avait pas retenu fermement. Lorsque la terre redevint à peu près stable, le sorcier regarda autour de lui. A gauche, il y avait un magasin d'accessoires de Quidditch, non, Le magasin d'accessoires Quidditch, et à droite, La boutique de vêtements pour sorciers de Mme Guipure. Harry n'en croyait pas ses yeux : il était sur le Chemin de Traverse ! Mais que faisait-il là ? Les Mangemorts le faisaient avancer devant eux, et Harry se doutait qu'il avait une baguette magique pointé dans son dos. Mais il y avait quelque chose d'anormal. Les boutiques étaient vides, ou semblaient vides, et surtout, la rue était déserte.

A cela, les Mangemorts s'étaient occupés de faire le ménage. Des corps gisaient par terre, inconscients ou sans vie. On en voyait certains respirer. Harry les regardaient avec horreur. Il savait où on l'emmenait, ou plutôt vers qui. Il tenta de ralentir le pas, mais il sentit une pointe dans son dos le presser d'avancer. Harry se disait qu'il fallait absolument gagner le plus de temps possible, qu'il fallait laisser le temps aux secours de venir. Mais il se doutait que Voldemort ne les laisserait pas intervenir comme ça. Et pour preuve, les Mangemorts le firent pénétrer dans une portion de rue barrée des deux côtés par d'autres Mangemorts, de façon à ce qu'il soit isolé. Les hommes qui « l'escortaient » s'arrêtèrent à cette barrière pour la renforcer en nombre, sauf celui qui tenait Harry qui le conduit à mi-chemin de la portion du Chemin de Traverse. Là, ils s'arrêtèrent. Harry était dans un état de stress pas possible, et il y avait de quoi. Il était sans défense, seul, complètement affaibli, le Seigneur des Ténèbres allaient arriver sous peu de temps, et personne n'oserait le chercher ici. Il était perdu.

Harry regarda de tous les côtés, en l'air, tremblant de tous ses membres par la fatigue. Il avait envie de s'asseoir par terre en attendant, mais on ne le lui permettrait pas. Soudain, un grand homme vêtu d'une ample cape noire arriva par transplanage à quelques mètres de lui. Harry sentit sa cicatrice exploser de douleur. Il crispa les dents et les mains pour tenter de la calmer un peu, mais rien n'y fit. Voldemort approcha, et Harry tenta de reculer, mais c'était impossible. Le Mage Noir se rapprocha encore. Le Mangemort qui retenait Harry se courba devant Voldemort et sortit de sa poche une baguette magique.

« Tenez, Maître. C'est sa baguette. »

Voldemort la prit précautionneusement comme s'il s'agissait d'une relique, un sourire malfaisant sur son visage de serpent. Il demanda au Mangemort :

« Et Gramine ? »

« Inoffensive maintenant. Je me suis chargé d'elle, Maître. ( Harry le regarda bouche bée. Ainsi tout avait été organisé pour que personne ne puisse le sauver. ) Les professeurs sont aussi bien trop occupés, et ils ne nous trouveront pas ici. »

« Bien, Avery. Tu as fait du bon travail. »

Le Mangemort rejoignit la barrière et, par un signe de Voldemort, tous les Mangemorts firent un même sortilège qui confectionna un dôme de protection tout autour d'eux, empêchant quiconque de pénétrer dans le cercle.

Harry, libéré cette fois, se recula pour ne pas être trop proche de l'horreur qu'était Voldemort. Mais le Mage Noir ne se préoccupait pas de lui, pour l'instant. Il regardait avec étrangeté la baguette du Gryffondor.

« Voici donc la fameuse baguette, celle qui contiendrait une plume du même phénix que la mienne. C'est étonnant comment une si petite chose peut avoir des effets des plus spectaculaires. » Voldemort releva la tête vers Harry. « Alors, Potter, c'est une belle journée, n'est-ce pas ? »

Harry ne répondit pas il ne voulait pas lui donner ce plaisir.

« Je vois que tu n'es toujours pas bavard. Tant pis. Ca fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, au fait. J'espère que tu as apprécié mes petites surprises de cette année. »

« Les Aupengyars ne vous ont servi à rien. » fit Harry d'une voix grave.

« Oh, mais je ne parlais pas que de ça. Il me semble que tu n'as plus de famille, maintenant. Je me trompe ? »

« Oui. » répondit Harry avec impassibilité. Il n'allait quand même pas parler de Sirius, ce serait la plus grosse bêtise à faire, même si Voldemort était sans aucun doute au courant de son évasion.

« A quoi ça vous sert de faire des attentats au Ministère ? » demanda Harry avec insolence. Pour lui, tout ce qui comptait maintenant, c'était de gagner du temps. Voldemort fut un peu décontenancé par le changement de sujet, mais il avait tout de même préparé un petit discours là-dessus dont il fit profiter Harry. Et pendant que le Mage Noir parlait sur la nécessité de mettre tout le pays dans la panique totale, Harry écoutait vaguement mais cherchait plutôt le meilleur moyen de se barrer d'ici, et malheureusement il n'y en avait aucun, à part si c'était une aide venant de l'extérieur. Et si l'attentat du Chemin de Traverse ne parvenait pas vite aux oreilles des journalistes ou du Ministère, il y avait peu de chances que quelqu'un vienne ici immédiatement. Mais l'espoir fait vivre, comme on dit, et de toute façon il n'avait pas le choix.

Harry releva la tête et jeta un œil sur Voldemort, qui possédait toujours sa baguette magique. Il fit un pas en arrière et s'adossa au mur de pierre d'une boutique. Il sentit alors quelque chose frotter contre sa cuisse.

« Qu'ai-je dans ma poche ? » dit-il tout haut.

Voldemort s'interrompit de parler, voyant que Harry pensait complètement à autre chose. Il le regarda de ses yeux rouges, se demandant ce qu'il fabriquait. Harry s'était mis à fouiller dans sa poche, et il en sortit… une autre baguette ! Celle-ci était un peu différente, plus grande, plus blanche, et surtout, il émanait d'elle une vie propre. Harry la tint dans ses mains, surpris.

« La baguette de Gramine ! Comment ai-je pu oublier ça ? »

Voldemort sortit sa propre baguette et lança à Harry :

« Potter, je ne sais pas d'où tu sors cette baguette ni à qui tu l'as volée, mais puisque tu en as tellement envie, j'accepte que tu fasses un dernier duel avant ta mort. Et ta baguette ne te sauvera pas cette fois. »

Harry haussa les épaules. Il n'avait pas le choix. Il prit la baguette en main et aussitôt, il sentit un courant de chaleur lui parcourir la main puis le bras, courant qui semblait venir directement de la baguette. Il se sentit lié à elle, et elle se mit même à commander ses mouvements, comme si c'était maintenant son tour de prendre les commandes. Sans aucune résistance et de son plein gré, le Gryffondor se courba et se mit en garde en même temps que Voldemort.

Ce fut le Mage Noir qui lança le premier sort.

« Endoloris ! »

La baguette de Harry ( ou plutôt de Gramine ) para le coup en se mettant entre le sort et Harry. Elle prit le choc de plein fouet et se mit à trembler comme jamais Harry n'avait vu une baguette trembler. Mais elle supporta le coup et remit Harry en position de défense. Voldemort fronça les sourcils. Il n'avait jamais vu une baguette faire ça. Soudain, il vit pointer au bout de celle de Harry une lueur rouge. Le Mage Noir se protégea par un mur de protection qu'il plaça devant lui. Le sort de Harry se propulsa de la baguette et se scinda en plusieurs petits sorts qui se dirigèrent vers Voldemort, contournèrent son mur, et le prirent par derrière. C'était un sortilège d'Expelliarmus tout bête. La baguette de Voldemort lui sauta des mains et vint se figer dans le mur de protection qui disparut tout de suite après.

Au niveau de la barrière, les Mangemorts s'agitèrent, dérangés par la tournure du duel.

Harry leur jeta un bref coup d'œil, puis il se reconcentra sur le combat, qui se déroulait plutôt bien, même s'il agissait selon la volonté de la baguette. Soudainement, il sentit le courant de chaleur s'inverser et revenir vers la baguette. Cela le surprit. Au bout de quelques secondes, il vit son bras trembler un peu. La baguette était en train de lui pomper de l'énergie ! Harry essaya de la lâcher, mais en vain. Le processus s'arrêta. La baguette pulsait de plus en plus vite. Voldemort avait récupéré la sienne et s'apprêtait à lancer un sort, mais il fut intrigué par l'expression du visage d'Harry. Une sorte de peur se lisait sur le visage du jeune homme.

La baguette se calma. Harry sentit arriver dans son cerveau une information, une formule plus particulièrement. Il n'avait jamais vu ce sort, et n'en connaissait pas les effets, mais il savait qu'il était la clé pour s'en sortir vivant. Il appela cette formule de son cerveau jusqu'à ce qu'elle se transforme en deux mots distincts et prononçables. La baguette trembla d'impatience, avide de montrer ce qu'elle avait dans le ventre. Harry effectua un ample mouvement du bras, et cria :

« Spectrum Vitalis ! »

Aussitôt, Harry se sentit vidé de l'intérieur. Il eut l'impression que le peu d'énergie qui lui restait avait été aspiré vers la baguette. Puis une boule de lumière se forma à son extrémité, et un puissant animal, haut de deux mètres cinquante en sortit. Harry avait déjà entendu parler de cet animal. C'était un chocobo. Celui-là même dont la plume avait été inséré dans la baguette de Gramine. Il ressemblait beaucoup à un Patronus de bonne qualité, car il avait cette même couleur argenté sur ses plumes. Le chocobo s'ébouriffa les plumes, regarda d'un coup d'œil en arrière le sorcier qui l'avait « invoqué », puis il partit à la charge. Il commença par courir jusqu'au milieu de la route, puis il battit des ailes puissamment, soulevant des nuages de poussière du sol. Un bruit de bourrasque surgit d'on ne sait où. Le dôme de magie au-dessus d'eux fut parcouru de spasmes, puis il disparut. Voldemort, horrifié par cette vision digne d'un cauchemar, tenta de lancer un sortilège au chocobo, mais la baguette ne fonctionnait plus, comme si le chocobo les rendait inutilisables dans un certain champ d'action. Harry, lui, n'était plus qu'un spectateur. Il ne pouvait rien faire, toute son énergie était mobilisée par cet animal. Il se doutait que si celui-ci disparaissait, il tomberait d'évanouissement. Mais le chocobo n'avait pas terminé sa tâche. Le vent soufflant en tempête criait toujours, couvrant chaque bruit. Tandis que les Mangemorts devenus inutiles transplanaient dans un lieu lointain et plus sûr, le grand oiseau fondit sur Voldemort, et lui arracha des mains avec son bec la baguette de Harry. Voldemort recula devant lui. Il murmurait quelque chose du genre « mais c'est pas vrai ! ». Quand le Mage Noir se tourna vers ses serviteurs, il remarqua qu'ils avaient tous décampés. Il n'eut d'autre choix que de partir car, le dôme détruit, les secours auraient tôt fait de venir. Avant de transplaner, il cria au sorcier :

« Potter, tu ne t'en tireras pas comme ça la prochaine fois ! », puis il dit une dernière phrase, couverte par le bruit du vent, que Harry n'entendit pas. Mais quiconque aurait su lire sur les lèvres aurait compris que Voldemort avait crié : « J'en ai marre ! »

Quelques secondes plus tard, le vent cessa. Il n'y avait plus qu'un jeune sorcier et un étrange oiseau sur le Chemin de Traverse. Le chocobo revint vers Harry et lui tendit sa baguette magique. Mais Harry ne pouvait pas bouger, tant cela lui coûtait, et il se demandait même si ce n'était pas le chocobo qui le faisait à moitié tenir debout afin qu'il puisse observer la scène. Le chocobo déposa alors la baguette à terre et se tint à côté du sorcier. Harry tenait toujours la baguette de Gramine. Il ne voulait pas que l'oiseau parte. Sa couleur et sa beauté lui rappelaient son Patronus et sa tigresse préférée. Le chocobo regardait au loin dans la rue, en attente que quelque chose se passe.

Au bout de quelques minutes d'une attente silencieuse et immobile, des voix se firent entendre à quelques dizaines de mètres. Des voix d'hommes, et aussi des voix connues, peut-être celles de professeurs. Oui, il y avait certainement celle de Dumbledore, et aussi celle de Rogue. Mais Harry déjà se sentait partir. Son esprit ne sentait plus son corps, c'était une sensation qui aurait pu être agréable si elle n'avait pas été aussi dramatique. Harry avait peur de s'évanouir encore, peur de ne plus se réveiller, peur de savoir quelles étaient les pertes survenues à Pré-au-Lard.

Des Médicomages apparurent au coin de la rue. Et aussi Dumbledore, et d'autres professeurs. Mais la vue du Gryffondor se fit de moins en moins net. Il entendit les gens s'exclamer devant lui vivant, lui debout, lui à côté d'un animal de brume. Le chocobo les vit aussi. Harry était maintenant sauvé, il était donc temps pour lui de partir. Le grand oiseau tourna la tête vers le sorcier, lui adressa un dernier regard bienveillant, puis disparut subitement dans un « pop ». Alors Harry ne se sentit plus rattaché à l'énergie vitale du chocobo, et il s'effondra sur le sol.

Deux jours plus tard…

Gramine se réveilla un beau matin. Elle pouvait sentir le drap qui la recouvrait et la douce chaleur qui baignait la pièce. Avant même d'ouvrir les yeux, elle sut qu'elle était de retour à Poudlard, et à l'infirmerie. En face d'elle, la tigresse entendit des chuchotements et le bruit que fait un objet mou qui plonge dans de l'eau. Elle ouvrit les yeux. Le soleil y entra ( Tiens, ce serait pas le début d'un poème ça ? Je vous le mets à la fin de ce chapitre.). Gramine releva un peu la tête, ce qui la fit grimacer  à cause d'une douleur à son ventre. Elle aperçut dans les lits d'en face deux élèves qu'elle ne connaissait pas, qui chuchotaient en même temps qu'ils mangeaient leur petit-déjeuner. Quand ils s'aperçurent du réveil du Gramine, ils lui adressèrent un sourire amical puis appelèrent l'infirmière. Mme Pomfresh arriva illico presto, s'arrêta devant eux, puis après avoir échangé quelques mots, elle se retourna vers la tigresse.

« Bonjour, Gramine. Nous sommes heureux de vous revoir parmi nous. »

« Heu… oui. » Gramine regarda un peu alentour, et s'aperçut qu'en tout il n'y avait pas moins de cinq lits occupés. « Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant mon absence ? » demanda-t-elle avec inquiétude.

L'infirmière baissa les yeux.

« Pré-au-Lard a été attaqué. Il semble que vous ayez été une des cibles principales, mais heureusement vous êtes vivante. »

Gramine réagit aussitôt.

« Harry ! Où est-il ? »

« Il a été transféré à l'hôpital Sainte-Mangouste. Nous ne pouvions pas le soigner ici. »

« Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? » s'écria la tigresse, sans se rendre compte qu'elle risquait de réveiller les autres élèves.

« Il a été retrouvé seul sur le Chemin de Traverse, effondré par terre. Les Médicomages disent avoir vu un très grand oiseau à côté de lui, alors qu'il était encore debout. Et quand cet oiseau a disparu, il est tombé par terre. Mais ne vous en faites pas, il reviendra d'ici quelques jours, il a juste besoin de reprendre des forces et de se reposer. »

Gramine soupira de soulagement. L'oiseau, d'après les dires de Mme Pomfresh, ne pouvait être que son chocobo. Elle redemanda :

« Vous l'avez vu récemment ? »

« Oui, j'ai été prendre de ses nouvelles, pour ses amis. »

« Ne vous a-t-il rien remis ou demandé de spécial ? »

« Ah si, maintenant que j'y pense. Il m'a demandé de vous remercier grandement de sa part, et il a dit qu'il vous redonnerait votre dû dès qu'il rentrerait à Poudlard. Cela vous dit-il quelque chose ? »

« Oui. Merci. »

« Il faut maintenant vous reposer, Gramine. Vous n'êtes pas encore tout à fait guéri. Et il vaudrait mieux que vous ne recommenciez à manger que demain. »

Gramine grommela :

« D'accord. »

Mme Pomfresh lui donna une Potion de Sommeil et la tigresse s'endormit immédiatement.

Le lendemain, son estomac criait famine alors qu'elle était réveillée. Deux lits seulement étaient maintenant occupés par des élèves endormis. On devait être proche de midi, à en voir par le chaud soleil qui éblouissait la pièce. Gramine se leva de son lit. Elle ne sentait plus aucune douleur, juste un peu de fatigue due à son manque de repas ces derniers jours. Elle sortit de l'infirmerie, sans se préoccuper de l'infirmière ( qui d'ailleurs n'était pas là ) et se rendit dans le Grand Hall. Là, quelques élèves papotaient, en attendant de pouvoir entrer dans la Grande Salle pour le déjeuner. La tigresse pressa le pas, et monta dans la tour de Gryffondor.

« Le mot de passe ? » dit lentement le tableau de la Grosse Dame.

La tigresse réfléchit un instant puis dit :

« Farfadet. »

« C'est l'ancien mot de passe. Je ne peux pas vous laisser passer. »

« Mais je ne connais pas le nouveau ! Et puis je viens souvent ici, vous pouvez quand même me laisser entrer. »

« Le professeur Mac Gonagall a été catégorique, personne n'entre sans le nouveau mot de passe. »

« Mais pourquoi ? »

« C'est comme ça. »

« Bon, puisque c'est comme ça… »

Gramine se racla un peu la gorge, remplit ses poumons d'air, et… poussa un puissant feulement digne de faire s'enfuir les statues de pierre du château.

Quelques secondes plus tard, le tableau pivota et laissa apparaître une élève interloquée par le bruit. C'était Ginny.

« Tiens, Gramine. Tu es sortie de l'infirmerie ? »

« Oui. Je peux entrer ? »

« Heu… ( elle regarda derrière elle )… oui, vas-y. »

Fièrement, la tigresse entra dans la Salle Commune en jetant un regard méprisant au tableau, qui d'ailleurs était déjà occupé à autre chose.

Quand elle tourna la tête vers la salle, elle eut un choc : Devant les tapisseries vives suspendues aux murs flottaient de grandes draperies noires qui ondulaient comme des aurores funèbres. Les rideaux rouges aussi avaient été remplacés par des noirs. Quelques élèves chuchotaient dans un coin.

« Qu'est-ce que ça veut dire tous… ces changements ? » demanda Gramine à Ginny.

« Tu n'es pas au courant ? » demanda tristement Ginny.

« Non. »

Quand vint l'heure d'aller manger, la tigresse sortit avec les autres élèves, un air désemparé sur son visage, et triste aussi. Elle se sentait coupable maintenant, de ne pas avoir su protéger tout le monde. C'était une chance que Harry ait survécu, une chance qu'il n'y ait pas eu plus de morts, une chance que les Mangemorts ne se soient intéressés qu'à Harry et elle. Mais pourquoi donc certains avaient voulu résister contre les Mangemorts, au risque d'y perdre leur vie ?

Harry ne revint que deux jours plus tard, c'est-à-dire jeudi. Personne n'était au courant de son retour avant que sa classe ne le voie arriver. Ils étaient en plein cours de Soins aux Créatures Magiques, quand ils virent deux silhouettes qui progressaient dans le parc. Au début ils n'y firent pas trop attention. Mais un des Serpentards fit remarquer :

« Ce serait pas Potter là-bas ? »

Tous les regards s'étaient alors tournés vers lui. Harry venait vers eux, et il était accompagné d'un Médicomage. Un grand sourire s'afficha sur son visage quand il reconnut Ron et tous les autres membres de sa classe. Il courut vers eux, en pleine forme, et s'arrêta, heureux de les retrouver tous sains et saufs. Enfin, pas tous… Il ne savait pas quoi dire devant ses amis, mais son sourire le faisait à sa place. Le Médicomage intervint :

« Harry, je te laisse là. Je vais voir Dumbledore. »

« D'accord. »

Et le Mage les quitta. Harry s'assit par terre, parmi ses camarades de classe qui s'étaient tous regroupés pour ce cours. Il garda une main dans sa poche, et il semblait y triturer quelque chose avec ses doigts. Les Gryffondors s'étaient résolus à ne lui poser aucune question sur ce qu'il s'était passé, c'est pourquoi Ron commença à dire :

« Qu'est-ce que t'as dans ta poche ? »

Harry sortit sa main, dans laquelle il tenait deux baguettes magiques. Il en regardait une avec une fascination étonnante, et curieusement, ce n'était pas la sienne qu'il regardait ainsi.

« C'est quoi ces deux baguettes ? » demanda Parvati.

« Ce sont deux baguettes qui m'ont sauvé la vie. Il faut d'ailleurs que j'en rende une à Gramine, elle me l'avait prêtée. J'espère qu'elle fonctionne toujours après ce qu'elle a fait. »

« Pourquoi ? Qu'est-ce que tu as fait ? » demanda Lavande avec curiosité.

Harry releva la tête. Son sourire disparut quelques secondes en souvenir de ce moment. Mais il revint tout de suite après.

« C'est elle qui a commandé mes actes et les sorts qu'elle envoyait. Elle m'a obligé à jeter un sort que je ne connaissais même pas, et ça a fait fuir tout le monde, c'était … Wouaou ! Mais… ( il regarda le cercle d'individus qui l'entouraient )… Hermione n'est pas là ? »

Les élèves se regardèrent. Ron se leva et demanda à Hagrid s'il pouvait quitter le cours un instant, ce qui lui fut accordé.

« Viens Harry. » lui dit-il.

L'intéressé se leva lui aussi et suivit son ami, qui partit un peu plus loin dans le parc.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Elle est blessée ? Elle est à l'infirmerie ? »

Ron prit une grande inspiration, et dit :

« En fait, elle a… enfin… Quand Dean et Seamus m'ont ranimé, près de la fontaine, on a retrouvé Hermione dedans, assommée. Un Médicomage est arrivé avec Mac Gonagall, et il nous a demandés de l'emmener à l'infirmerie tout de suite. »

« Et alors, elle y est toujours ou non ? »

« Heu,non. Elle a pas supporté le choc. Elle nous a quittés, Harry. Pourtant elle respirait encore quand le Médicomage a vérifié son pouls, mais elle a dû mourir après. Les médecins pensent que la colonne vertébrale a été cassée sous la nuque, et la moelle épinière a du prendre un coup. »

Harry n'en revenait pas. Il n'arrivait plus à rien dire. Sa bonne humeur était définitivement passée. Il réussit tout de même à articuler :

« Mais ce n'est pas possible… Je lui avais dit de fuir, je ne voulais pas qu'elle finisse comme ça… » Des larmes coulèrent sur les joues du Gryffondor. Il baissa la tête. Les larmes tombèrent sur le sol.

« Il y a eu aussi un second mort, Harry. Un Serdaigle je crois. Ils sont tous bouleversés dans cette maison maintenant. On en voit tous les jours pleurer. Et en plus il y a eu cette attaque au Chemin de Traverse. Ca a fait plusieurs morts aussi. »

« Je sais, j'ai vu. C'est là que les Mangemorts m'ont emmené, après. »

Harry sécha ses larmes d'un geste de la main. Il respira longuement, ravalant sa tristesse. Il avait la gorge un peu nouée.

« Tu veux revenir en cours ? C'est le dernier avant les examens de fin d'année. » dit Ron.

« Non, je dois aller voir Dumbledore. »

Harry fit quelques pas vers le château, avant de se retourner.

« Ron ! »

« Oui ? »

« Et Gramine, elle est … »

« Tout va bien, elle doit dormir dans un coin du château, tu la connais. »

Harry soupira. « Ok. » Et il partit vers le château.

Dès qu'il entra dans le Hall, il vit une Gramine rayonnante se jeter vers lui et le serrer entre ses pattes de velours.

« Harry ! T'es enfin revenu. Je me demandais si tu n'avais pas préféré habiter là-bas, dis donc ! »

« Non, ne t'en fais pas. Je suis en pleine forme maintenant. »

« Tu as pleuré ? » interrogea-t-elle.

« Ah… oui. Je viens de savoir… pour Hermione. »

« Désolé… Je l'ai appris il y a deux jours. C'est … vraiment terrible ce qu'il lui est arrivé. »

Il restèrent quelques secondes silencieux.

« Gramine, tu m'accompagnes chez Dumbledore ? »

« Oui, d'accord. »

Ils firent donc le chemin ensemble. Après quelques escaliers et plusieurs couloirs, Harry remit sa main dans sa poche, et soudain, s'exclama :

« Gramine, tiens, je te la rends ! »

La tigresse sursauta en entendant ce cri si spontané. Harry pointait devant elle une grande baguette blanche.

« Alors, elle t'a servie ? »

« Un petit peu qu'elle m'a servie ! Je n'aurai rien pu faire sans elle. Merci beaucoup, vraiment. Si seulement j'y avais pensé plus tôt… j'aurai pu sauver mes amis. » dit-il avec rancœur.

« Ne pense plus à ça. Je t'en prie. Tu te fais du mal. »

Ils arrivèrent devant la statue de Dumbledore.

« Mince, » se plaignit Gramine, « j'ai pas le mot de passe. Tu le connais toi ? »

« Heu, non, j'y suis pas allé depuis un bout de temps. »

Gramine gronda sourdement en guise de protestations.

Soudain, le professeur Rogue surgit d'un couloir.

Il s'arrêta net devant eux, et les fixa d'un œil soupçonneux.

« Tiens, Mr Potter. Vous êtes revenu. » C'était plus une constatation qu'une question. « Qu'est-ce que vous faites tous les deux ici, à une heure pareille ? »

« Nous voudrions voir le directeur. Il m'attend. » dit Harry avec une pointe d'agacement dans la voix.

« Et je suppose que vous ne connaissez pas le mot de passe, n'est-ce pas ? »

« Oui. » répondit Gramine, un peu durement.

« Bien. Attendez-moi là. Je reviens tout de suite. »

Le professeur partit à grands pas, sa cape volant derrière lui. Il réapparut quelques minutes plus tard et leur tendit un papier. Harry y reconnut l'écriture de Mac Gonagall.

« Tenez, voici le mot de passe. »

« Merci. » dit Harry.

Gramine regarda le papier. Harry annonça : « Esquimau ! » et la statue s'écarta.

Le sorcier avançait sur l'escalier en colimaçon, quand il s'aperçut que la tigresse ne le suivait pas.

« Tu ne viens pas ? » demanda-t-il.

« Le directeur ne m'a pas demandé de venir. »

« Viens quand même, on n'a rien de secret à se dire, t'inquiète pas. »

« D'accord. »

Ils montèrent tous les deux jusqu'au bureau de Dumbledore. Alors que Harry allait frapper à la porte, le Médicomage en sortit en disant un « au revoir » au directeur. Il fut un peu surpris de les trouver là, enfin surtout Gramine, qu'il n'avait encore jamais rencontré. Le directeur les convia tous les deux à entrer. Le Médicomage les salua puis partit.

« Bonjour Gramine, bonjour Harry. Vous allez bien, tous les deux ? »

« Oui. » dirent-ils en cœur.

« Bien, je ne vais pas te déranger longtemps, Harry. Mais je voudrais quand même savoir ce que c'était que cet oiseau près de toi, avant qu'il ne disparaisse. »

Harry se tourna vers Gramine. C'était plus à elle de parler, lui n'avait fait qu'observer dans l'histoire. Elle commença donc :

« Avant que Harry ne parte à Pré-au-Lard, je lui avais confié ma baguette, au cas où. Je pensais que ce serait plus prudent qu'il possède deux baguettes sur lui. En plus, j'avais effectué quelques modifications sur la mienne, que je n'avais pas encore eu l'occasion de tester. Mais apparemment, l'effet a été concluant. J'ai fait en sorte que ma baguette réagisse indépendamment de son utilisateur, et bien entendu, utilise des sortilèges adéquats. Et en cas d'impasse, j'avais imprimé en elle une formule, qui ferait sortir le spectre de l'élément contenu dans la baguette, soit un chocobo. J'avais lu dans un livre que ce spectre empêchait les baguettes se situant dans les environs de fonctionner. Et il restait avec son sorcier tant que personne n'était en mesure de lui venir en aide, du fait de la grande puissance énergétique nécessaire pour sa formation, ce qui ferait s'évanouir le sorcier automatiquement dès la disparition du spectre. »

« Hum… intéressant. » fit Dumbledore. « Vous voulez me dire quelque chose d'autre ? »

Il regarda successivement Harry, Gramine, puis de nouveau Harry.

« Non, monsieur. » répondit celui-ci.

« Bien, vous pouvez partir. »

Gramine et Harry s'en allèrent du bureau et se rendirent dans la Salle Commune des Gryffondors. Harry sentit sa gorge se nouer à nouveau en voyant les grandes draperies suspendues un peu partout. Il alla dans sa chambre et se jeta sur son lit. Gramine se coucha à côté de lui.

« Tu ne vas pas en Divination ? » demanda-t-elle.

« Non, j'ai vraiment pas envie d'y aller. »

Harry ferma les yeux. Une larme coula le long de sa joue au souvenir d'Hermione.

La semaine des buses fut un vrai calvaire pour Harry qui n'avait pas commencé ses révisions avant son absence imprévue. Heureusement, des professeurs compréhensifs comme Mac Gonagall furent un peu plus indulgents envers leur élève, c'est pourquoi il réussit avec brio les matières de Métamorphoses, Enchantement, Botanique et Défense contre les Forces du Mal où il réussit un superbe Patronus, ce qui lui rajouta des points en plus. En Divination, la prédiction de sa mort prochaine ne fut pas une chose très difficile à lire dans les cartes, il obtint donc aussi son buse dans cette matière. L'histoire de la Magie ne fut pas une réussite, Harry ayant fait l'impasse sur le seul sujet qui était donné : La dernière Révolte des Gobelins récemment répertoriée en 1958 ( c'est ce qu'on appelle la loi de l'emmerdement maximal ).

L'examen de Potions se passa comme d'habitude : mal. Le professeur Rogue n'avait cessé de l'ennuyer pendant l'épreuve, avec ses regards suspicieux et ces remarques désobligeantes quand il passait à côté de sa table. Et il n'obtint pas son buse de ce côté-là. Mais il put se rattraper sur l'épreuve de Soins aux Créatures Magiques, où le nombre d'exercices qu'il avait appris à son Jarvey fut hautement récompensé. En effet, Mantaleye avait réussi à prononcer son propre nom, à énoncer celui de son maître, et il avait effectué une roulade autour du bras de Harry, s'était tenu debout, assis et couché au signe de son maître, puis avait roulé sur le sol comme un saucisson.

Harry ressortit de cette semaine plutôt content, malgré deux matières où il avait échoué. Mais il devait passer sans problème en 6ème année.

Deux semaines plus tard eut lieu le banquet de fin d'année. Et comme l'année d'avant, aucune couleur à l'effigie d'une des quatre maisons de Poudlard n'était représentée. A la place, de grandes draperies noires s'étendaient derrière la table des professeurs. Les élèves s'assirent silencieux à leurs tables respectives. Après quelques minutes, le professeur Dumbledore se leva. Le silence s'établit aussitôt.

« Une autre année vient de s'achever. » dit le directeur d'un ton solennel. « Vous avez tous pu remarquer durant cette longue année la puissance de Lord Voldemort. Il a laissé derrière lui des familles orphelines, tué des centaines d'innocents. Il nous a arrachés deux vies il y a quelques semaines. Je voudrais aujourd'hui leur rendre hommage une dernière fois. Je vous demanderai de vous lever et de porter un verre en l'honneur d'Hermione Granger et de Stephan Cols. »

Toutes les élèves se levèrent, sauf quelques Serpentards, et tous levèrent leurs verres. Beaucoup de Gryffondors et de Serdaigles s'étaient mis à verser des larmes en souvenir de la personne qu'ils venaient de perdre.

« Tous deux ont été de très bons élèves dans cette école, et ils reflétaient de nombreuses qualités de leur maison. Mais leur vie s'est arrêtée. Je voudrais que vous sachiez qu'ils ont été assassinés par des Mangemorts, alors qu'ils tentaient de leur résister pour sauver leurs amis. Ils ont fait preuve d'un immense courage en les combattant et j'espère que leurs souvenirs resteront toujours pour vous les exemples d'élèves innocents qui se sont battus comme ils le pouvaient contre le pouvoir de Lord Voldemort. »

Les élèves se rassirent silencieusement.

« Je dois aussi citer le nom de Gramine, qui nous a grandement aidé cette année pour la protection de l'école, et qui a failli perdre la vie dans l'attaque de Pré-au-Lard. Nous devons la remercier pour tout ce qu'elle a fait. »

Dumbledore se rassit, et avec lui les discussions reprirent, silencieuses. Chacun murmurait pour ne pas déranger les autres dans leur deuil. Harry regarda ses compagnons. Ils étaient tous accablés par la mort d'Hermione. Et même si certains l'appréciaient moins que d'autres, ils éprouvaient tous du remords à l'idée qu'elle ne soit plus là, et pour toujours.

Les plats se remplirent magiquement, après quelques minutes qui respectèrent le deuil des élèves. Harry commença à se servir, et se mit à manger. Il avait repris de l'appétit. Cela lui redonna le moral. Et surtout, ses maux de tête avaient largement diminué ces derniers temps. Voldemort s'était calmé. Plus aucune douleur ne lui venait de sa cicatrice.

Note de l'auteur : Voilà, j'en ai fini avec ce chapitre. Il m'en reste un dernier très court à faire, vraiment très court. Notez que j'ai réussi à finir mon chapitre par le mot « cicatrice » quand même. C'était le défi que m'avait donné Amarante, qui d'ailleurs doit être en train de lire le tome 5 d'Harry Potter en anglais. Mais moi aussi j'en ai lu un peu ! C'est une telle félicité que de tenir ce livre entre ses mains, alors qu'on l'attendait depuis 3 ans ! Et j'applaudis ceux qui auront le courage d'attendre le 3 Décembre pour la version française, moi je ne peux pas, je vais l'acheter en anglais, au risque de ne pas tout comprendre, car on ne peut pas dire que je sois géniale en anglais, mais bon, je me débrouille.

Voici le poème de Maurice Carême que j'avais promis :

Le chat ouvrit les yeux,

Le soleil y entra

Le chat ferma les yeux,

Le soleil y resta.

Voilà pourquoi, le soir,

Quand le chat se réveille,

J'aperçois dans le noir

Deux morceaux de soleil.

C'est quand même mieux que Baudelaire, ça !

Epayss