Dédicace : Pour koyalau. En espérant que tu aimes.

Correctrice : Clina

Personnages : Hilda de Polaris et les 8 Guerriers Divins

Mention de : Athéna, Freya de Polaris, Cygne Hyoga

Ship : Hilda x Siegfried Freya x Hagen

Type d'écrit : introspection

Arc temporel : Avant le retour à la vie des Guerriers, post-série quelques années après.

Lieu : Le palais d'Asgard

Nombre de mots : 2117

Titre : Jour de pluie


La pluie ruisselait sur les grandes fenêtres de la salle. Hilda l'observait tomber depuis ce qui lui semblait être des jours. Elle avait perdu le compte du temps passé dans cette vaste pièce. Pour une fois ce n'était pas la neige qui recouvrait les terres d'Asgard, mais une pluie qui ne semblait pas vouloir finir. L'été touchait à sa fin. L'automne serait bientôt là. La jeune Souveraine ferma les yeux. Et elle tenta à nouveau de faire refluer le goût amer dans sa bouche. Dans l'âtre, un immense feu brûlait. Il réchauffait l'atmosphère de la vaste pièce. Le palais était construit en pierre et l'impression de fraîcheur ne quittait pas les pièces. C'était agréable en été parfois de retrouver un peu de frais. Mais en hiver cela demandait d'être créatif pour maintenir un air pas trop froid. Il y avait donc de grandes tapisseries face aux fenêtres et décorant les murs. Les feux brûlaient dans certaines pièces, là où on se réunissait le plus. Bien sûr, les vêtements étaient chauds et les couvertures étaient légion sur chaque couche. Mais on n'était pas encore arrivé à ce moment de l'année, où on se regroupait dans peu de pièces pour économiser la chaleur.

Hilda soupira. Le temps extérieur était à l'image de ses pensées et de son humeur. Dehors sur l'appui de fenêtre en pierre grise reposaient des roses rouges dans un bac en pierre. La pluie semblait les écraser. Leur couleur rouge rappelait bien des choses à Hilda : la couleur de la colère, de la passion, du sang versé, de la royauté… Elle avait l'impression de ployer comme ces pauvres fleurs sous les gouttes. La Reine d'Asgard pliait sous le poids de la culpabilité rongeant son âme depuis la fin de la guerre, depuis qu'elle n'était plus possédée. Son regard bleuté revient se poser sur les huit lits dans lesquels reposaient ses huit Guerriers Divins. Elle avait fait le choix de les rassembler dans la même pièce après qu'Athéna lui ait annoncé leur retour à la vie. Elle savait qu'ils respiraient et que leur cœur battait normalement. Mais revenir à la vie prenait un peu de temps. Elle ne jugeait pas. Elle leur devait bien cela. Elle eut un faible sourire quand son regard s'attarda sur Bud. Elle l'avait voulu avec les autres. Elle ne voulait plus qu'il vive caché dans l'ombre de Syd. Un autre soupir lui échappa, et elle s'éloigna de la fenêtre pour revenir s'installer face au feu en vis-à-vis des Guerriers.

Hilda replaça ses mèches de cheveux derrière son épaule. Elle regarda un moment le jeu des flammes dans la cheminée. Elle présenta ses mains froides au feu pour les réchauffer. Le poids sur son âme et l'étau autour de son cœur semblaient ne pas vouloir disparaître. Elle se souvenait des larmes versées après leur mort à tous. Ils l'avaient tous aveuglément suivie, obéissant jusqu'à y laisser leur vie. Aucun n'avait remis en doute ses ordres. Elle leur avait donné les Armures Divines. Et elle restait la Grande Prêtresse d'Odin et leur Souveraine. Si certains avaient remarqué son changement de comportement, ils n'avaient rien dit. Hilda secoua la tête et elle ferma les yeux. Elle prit une longue inspiration tremblante. Elle ne voulait pas se cacher derrière le fait qu'elle avait été possédée. Ces hommes, qui reposaient là dans le silence de la pièce, elle leur devait des excuses. Elle n'était même pas certaine de mériter une forme de pardon. Elle sentit une larme rouler lentement sur sa joue blanche. Elle lui avait finalement échappé. Hilda la chassa lentement du bout des doigts. Elle ne voulait pas pleurer, alors qu'elle devrait se réjouir. Elle avait une seconde chance et eux aussi.

Finalement, elle se remit debout et avança vers les lits. Elle s'arrêta près de chacun comme chaque jour pour leur prendre la main, prier et leur insuffler un peu de son Cosmos. Cela devait les aider à revenir dans le monde des éveillés. Elle commença immanquablement par Siegfried, son ami d'enfance et son plus proche Guerrier. Hilda prit sa main et ferma les yeux pour prier Odin de lui être favorable. Elle avait énormément de souvenirs avec lui. Il avait toujours été dans son entourage proche, un soutien sûr et fort sur lequel elle pouvait s'appuyer les yeux fermés. Par dévotion et amour pour elle, il n'avait remis aucun de ses ordres en doute. Il avait été son dernier rempart. Il s'était sacrifié pour la protéger et la libérer. Son cœur en saignait encore d'ailleurs. Ce n'était qu'après la fin de la bataille qu'elle avait ressenti le vide qu'il avait laissé en elle. Hilda s'était raccrochée à leurs souvenirs doux et chaleureux. Elle l'aimait tellement. Mais ils n'avaient jamais parlé de leurs sentiments respectifs. Même si Hilda devinait aisément qu'il lui portait le même amour qu'elle avait pour lui. Elle s'était promis que comme ils avaient tous une seconde chance, elle lui avouerait. Elle se refusait à le perdre à nouveau. Elle avait trop besoin de lui pour rester forte et droite.

À côté du lit de Siegfried se trouvait Hagen, l'ami d'enfance de sa petite sœur Freya. Le jeune homme qui était amoureux de sa cadette depuis l'enfance. Elle l'avait vite remarqué et compris. Hilda les avait toujours trouvés mignon. Elle se demandait si un jour, Hagen oserait ou non se déclarer. Elle voulait bien parier que Freya partageait cet amour secret. Lui aussi avait combattu sous ses ordres. Lui aussi y avait laissé la vie. Et Hilda s'en voulait d'avoir forcé Freya et Hagen à se disputer. Elle s'en voulait de les avoir séparés, même si sa sœur n'en parlait jamais. Freya lui avait tout pardonné, mais elle voyait parfois encore la tristesse dans son regard quand elle se perdait dans ses pensées. Hagen qui avait été rongé par une jalousie, que possédée Hilda n'avait pas hésité à attiser. C'était si facile de le mettre en colère pour s'assurer qu'il combatte pour elle. Aujourd'hui, elle regrettait. Parce qu'ils avaient souffert, parce que Hagen et le Saint du Cygne auraient pu être amis. Ce qui par sa faute n'arriverait jamais. Elle prit doucement sa main dans la sienne et elle pria pour lui aussi.

Puis venait Syd. Hilda lui prit aussi la main et elle eut un triste sourire. Il avait été séparé de son jumeau à cause des lois d'Asgard. Elle s'en voulait de ne pas l'avoir su plus tôt, de ne pas avoir compris le déchirement que c'était pour les jumeaux. Elle aurait pu changer la loi. Elle aurait pu inviter Bud à faire partie de la vie de Syd. Ce dernier était proche de Siegfried. Il faisait partie de l'aristocratie et de son entourage proche. Elle avait eu la faiblesse de penser qu'ils étaient amis. Lui accorderait-il encore son amitié maintenant ? Il était mort pour elle, sous ses ordres et pour son frère. Elle ne pourrait jamais lui offrir tout ce qu'il avait perdu. Syd était fidèle à sa Reine, même si la situation le faisait souffrir. Elle serra aussi sa main murmurant un pardon silencieux.

Comme ils étaient jumeaux, Hilda avait voulu que Bud repose dans le lit près de son frère. Elle ne le connaissait pas aussi bien. Au fond, elle ne l'avait vraiment rencontré qu'après avoir été possédée. Il était encore un étranger qu'elle avait manipulé. Elle avait usé de sa colère face à l'injustice qu'il avait vécue, de sa jalousie envers son frère et lui avait fait de fausses promesses pour qu'il la serve. Elle avait précipité sa mort et celle de Syd. Aujourd'hui, elle ne voulait qu'une chance de connaître Bud comme elle connaissait son jumeau.

Venait ensuite Mime, l'artiste du groupe. Lui aussi avait souvent erré à la cour. Hilda avait adoré ses concerts, la musique qu'il arrivait à produire avec sa harpe. Il avait passé bien des heures à jouer pour Freya et elle. Hilda regrettait de n'avoir jamais pris le temps de mieux le connaître, de comprendre cette lueur de regret et de tristesse dans son regard. Elle savait qu'il lui avait obéi pour rendre son père fier de lui, pour prouver à tous qu'il était digne d'être un Guerrier Divin. Pour lui aussi, elle pria. Et elle se jura qu'elle ferait en sorte de mieux le connaître, de lui offrir l'apaisement qu'il méritait. Et puis de le laisser jouer et chanter pour elle autant qu'il pourrait le désirer.

Le lit juste à côté était celui d'Alberic. Hilda le connaissait bien, comme toute sa famille. Lui aussi faisait partie de son cercle proche et elle avait grandi à ses côtés. Mais peut-être qu'elle ne s'était jamais montrée assez amicale avec lui. Si elle avait réussi à tisser une amitié avec Alberic comme avec Siegfried et Syd, peut-être n'aurait-il pas tenté de la trahir. Ô bien sûr même possédée, elle n'avait eu aucun doute sur la moralité et les désirs de son Guerrier Divin. Elle savait ce qu'il manigançait dans son dos, mais cela servait ses intérêts du moment. Après tout la fin justifiait les moyens. C'était Hilda qui avait voulu qu'il repose ici avec les autres. Il avait droit à une seconde vie, elle lui offrirait une chance de rédemption et de mettre son intelligence au service d'Asgard. Pour lui aussi, elle pria à nouveau.

Ensuite elle approcha de Thor. Il n'était pas issu de l'aristocratie asgardienne. C'était un homme simple, bon et avec un grand sens de l'honneur. Elle avait eu la chance de le rencontrer une fois avant d'être possédée. Il braconnait alors sur le domaine royal pour nourrir des gens dans le besoin. Elle lui avait pardonné et l'avait même soigné. Elle se rappelait de l'impression de force et de droiture qu'il lui avait faite. Et elle savait qu'elle avait fait une forte impression avec sa bienveillance naturelle. Et c'était pour cela qu'il s'était proposé de combattre en premier. Il ne la connaissait pas assez pour savoir qu'elle était possédée. Il ne doutait pas de la droiture de sa Reine. Et Hilda l'avait sacrifié sans remord sur le moment. Et Thor méritait tellement plus et mieux. Elle tenterait de regagner son respect durant cette seconde vie. Elle voulait lui offrir une raison de la servir cette fois-ci et s'excuser aussi bien sûr. Peut-être pourrait-il l'aider à trouver des solutions pour son peuple, lui qui était plus un paysan et un chasseur qu'un noble.

Le dernier pour qui elle devait encore prier était Fenrir, le Loup du Nord. Hilda regrettait de ne pas avoir pu ramener sa Meute. Elle savait que ses loups étaient sa famille, qu'ils étaient morts pour lui. D'ailleurs, avec Bud, il était celui qu'elle connaissait le moins. Et Fenrir était un Enfant Sauvage, élevé par les Loups et qui haïssait l'Humanité. Mais aucun Humain ne lui avait donné de raisons de croire en eux. Et Hilda ne valait pas mieux. Elle n'avait jamais cherché à savoir ce qu'il était devenu alors que sa famille était de la haute aristocratie. Elle s'était présentée à lui possédée. Ils avaient eu peu d'échanges. Et elle savait qu'il avait obéi parce que Ging s'était naturellement soumis à elle. Il pensait comme un Loup et elle était l'Alpha de la Meute. Revenir serait compliqué pour lui, elle le savait. Mais elle ferait tout pour l'apprivoiser, pour mériter son respect, son obéissance et qui sait son affection aussi. Elle voulait lui prouver qu'elle valait mieux que ce qu'il avait connu. Elle avait tant à faire pour lui, pour l'aider. Elle prit sa main et elle pria aussi pour lui.

Elle avait tellement à se faire pardonner par chacun d'eux. Elle leur devait tant. Elle voulait mériter leur respect cette fois-ci. Elle voulait prouver qu'elle était une Souveraine bienveillante et juste. Et elle se devait de les aider à reprendre goût à la vie, à retrouver leur place. Elle avait causé leur perte. Ce n'était que justice à ses yeux qu'elle soit là pour les aider maintenant. Elle s'excuserait à chacun en privé aussi. Elle avait besoin de le faire. Elle ignorait si ils lui pardonneraient facilement ou s'il leur faudrait du temps. Mais elle en avait besoin. Elle devait elle aussi avancer. Ils devaient former cette famille unie. C'était comme cela que les choses auraient dû être.

La pluie venait de s'arrêter. Hilda le constata en regardant vers la fenêtre. Un timide rayon de soleil tenta de percer par la fenêtre et vint illuminer le plancher en chêne. Au même moment, elle sentit l'agitation de leurs Cosmos à tous et les murmures qui annonçaient leur retour parmi eux. Hilda eut un léger sourire. Et elle remercia dans une prière rapide Odin et Athéna pour leur bonté. Puis elle fit volte-face pour offrir son sourire chaleureux à ses Guerriers Divins.


Merci d'avoir lu.