Au château, le temps passait rapidement. Le Roi Gryffondor mourut et laissa son titre à l'aîné de la famille. Godric, sachant qu'il ne serait jamais rien d'autre que Prince, décida de parfaire son talent de duelliste et parcourut les routes pour devenir un sorcier et homme accomplis. Helga trouva l'idée excellente et choisit de suivre son propre chemin, afin d'en découvrir plus sur elle-même. Elle quitta donc le château Gryffondor pour apprendre d'autres techniques de cuisine ou pour enseigner son savoir aux autres.
Un jour, elle décida d'étendre son voyage au pays voisin. Elle partit donc de l'autre côté de la mer sur un balai inconfortable, mais bien utile, emprunté au Château Gryffondor. Elle avait dans son sac quelques recettes, sa baguette, des pièces sûrement inutilisables dans le royaume franc, mais toujours importantes et une lettre de recommandation du Sorcierchef qui l'avait formée. Volant toute la nuit en évitant les trajets connus des bateaux, elle eut de la chance de ne pas être repérée, ni morte de froid à son arrivée sur la terre ferme.
Une fois qu'elle fut arrivée dans le pays, elle décida de s'en sortir par elle-même. D'abord, elle cacha sa condition de sorcière et sa lettre de recommandation pour tenter de se mêler aux moldus. Ils l'avaient toujours exclue de leurs jeux, elle voulait ainsi voir comment elle s'en sortirait maintenant adulte. Évidemment, il lui fallait converser et pour cela elle avait pris ses dispositions. Quelques temps avant son voyage, elle s'était rendue dans l'atelier de son père et ensemble ils avaient mis au point une potion linguistique lui permettant d'être comprise quelle que soit la langue qu'elle employait. Puis, souvent déguisée, elle réussit à rentrer en contact avec plusieurs personnes d'origine moldue, mais seulement celles vivant dans les bas étages de la société. Les nobles moldus ne s'intéressaient à elle qu'à la manière dont on regarde un chien errant. C'en était navrant. Elle eut alors l'idée d'user de la magie pour s'habiller de façon élégante et distinguée, le regard des nobles changea instantanément. Ce fut à cet instant qu'elle apprit l'importance de l'apparence et qu'elle se promit de ne jamais transmettre cela à ses futurs enfants.
Puis elle finit par rencontrer des sorciers, des briseurs de sortilèges, des gens aimables, des maîtresses de potions, des sorciers désagréables, bref il existait de tout, comme de par chez elle. Et la plupart de ses rencontres furent plaisantes et agréables. Elle apprit une cuisine différente et s'enorgueillit de leur en apprendre aussi. Jusqu'au jour où elle tomba sur deux personnes bien mal intentionnées.
Ce matin-là, Helga s'était emmitouflée dans une longue cape de voyage doublée, bien que le temps soit plus clément que là où elle avait grandi. Elle marchait sur la route de Normandie d'un pas vif, désirant rejoindre au plus vite l'auberge dont on lui avait parlé à demi-mot. Elle n'osait plus se déplacer en balai, bien que ce soit plus rapide, parce que la chasse aux sorcières n'était pas une légende. Elle s'était arrêtée deux secondes pour vérifier qu'elle était seule, puis avait sorti sa baguette afin de noter toutes les recettes apprises ces derniers jours. Elle avait une mémoire phénoménale, mais elle préférait tout inscrire sur des pages pour être sûre de ne rien oublier. Son grimoire de cuisine – ensorcelé pour ne rien peser – flottait dans les airs devant elle tandis qu'elle voyait l'encre se déposer sur les pages encore vierges de sa jolie écriture ronde. Soudain, un bruit l'avait faite sursauter ; un cheval arrivait. Elle avait rangé en toute hâte son attirail, mais c'était trop tard, on l'avait vue.
C'est ainsi qu'elle fut emmenée de force devant la personne dirigeante du coin qui, manque de chance, était totalement moldue. Rapidement, les maîtres de la maison l'enfermèrent dans un cachot sombre et plein d'humidité sans même écouter ses suppliques. Elle resta de longues heures dans le noir, seule et sans affaires. Ils lui avaient pris son sac, mais elle avait eu l'excellente idée de ranger sa baguette entre ses seins et bien sûr, personne n'avait fouillé à cet endroit-là. A l'aide d'un sortilège de cassage, elle s'était détachée et ensuite elle cherchait une solution. Certes, Godric lui avait appris quelques sortilèges pour se défendre, mais elle n'avait pas son talent ! Après avoir retourné toutes les possibilités dans sa tête – elle avait même songé à Rowena qui pouvait faire de ces cachots un lieu accueillant d'un seul tour de baguette –, elle décida qu'elle ne pouvait risquer sa vie et donc qu'elle devait fuir. En son for intérieur, elle espéra ne croiser personne, sinon elle ne donnait pas cher de sa peau. Elle se concentra pour utiliser tous les sorts qu'elle maîtrisait, mais les sortilèges de cuisine et ceux de duel n'étaient que peu utile contre cette énorme porte close.
À moins que … elle ramassa un bout de bois qui traînait et le mit dans la serrure. Avec le sort tournarus rapidos qui permettait de mélanger une soupe épaisse, elle le fit tourner dans le métal, qui, bien vite, cliqueta ! La porte s'ouvrit sans plus de bruit et, discrète comme elle pouvait l'être, elle monta les marches. En haut de celles-ci, se trouvait un garde ensommeillé. Il devait se dire que garder une bonne femme était facile et quelle erreur ! Elle utilisa cette fois-ci embellisum, un sortilège capable de rendre n'importe quel plat beau, sur un petit caillou. Le sortilège lui était très utile quand le rendu n'était pas là, alors que le goût, au contraire, l'était. Elle dû mettre beaucoup de puissance magique pour transformer le caillou en pâte de fruit, mais le résultat fût convainquant. Ensuite, elle fit voler le caillou-pâte de fruit vers le garde qui, à moitié endormi, l'attrapa et se concentra sur cette appétissante sucrerie. Il se cassa une dent sur le caillou dissimulé en le croquant, mais ne songea pas à donner l'alarme. Helga, totalement invisible dans l'ombre des murs et vêtue d'une large cape noire agrémentée d'un sortilège de dissimulation, passa doucement en riant sous cape. Elle aimait voir le garde essayer de comprendre comment une pâte de fruit avait pu lui casser une dent, inconscient que le véritable danger était la bonne femme enfermée dans le cachot juste en bas. Elle se rendait compte que, bien que les non-pratiquants disaient toujours qu'ils étaient capable de reconnaître la magie partout, alors qu'en réalité, ils sont incapable de voir la réelle magie, même si les faits se déroulent sous leurs yeux.
Elle se faufila dans les immenses couloirs, courant à toute allure puisqu'il n'y existait aucune cachette. Elle continuait d'utiliser les sortilèges utiles dans sa cuisine pour ne pas se faire voir. Elle fit chauffer une porte quand elle entendit des pas, ce qui empêcha la personne derrière de l'ouvrir et lui permit de s'échapper. Elle lança un glaçosucre qui fit couler un épais glaçage blanc derrière-elle, ainsi si elle se retrouvait poursuivie, elle aurait de l'avance. Enfin, elle utilisa le dangereux acurerum pour aiguiser la poignée d'une porte qui était en train de se tourner. Elle espérait qu'elle n'avait pas fait de mal à la personne derrière cette dite porte, mais elle n'avait pas eu le choix, il lui fallait conserver l'anonymat et fuir avant qu'ils ne donnent l'alerte.
Ensuite, elle grimpa quelques marches pour atteindre les étages supérieurs et trouva une chambre qui appartenait sans conteste à une jeune femme. Elle n'hésita pas et fouilla la belle garde-robe. Même si elle perdit quelques précieuses minutes à se changer et se farder, elle avait appris des années plus tôt que l'apparence était ce qui comptait, surtout aux yeux des habitants de ce château. Et puis, les déguisements les plus visibles étaient toujours la meilleure cachette. Heureusement qu'elle avait appris la façon de parler des nobles, chez les Gryffondor, et comment tenir sa tête ou comment marcher à petit pas. Puis, se promettant de revenir chercher son sac, ou d'envoyer quelqu'un, elle se résolut à quitter le lieu prestement sans plus perde de temps. Parlant avec une voix haute perchée et aiguë, à l'opposé de sa voix réelle très douce, elle sortit avec fierté du château, sans se presser. Personne ne songea un instant à l'arrêter ou à lui demander ce qu'elle faisait là. Les vêtements étaient réellement sa meilleure cachette.
Une fois l'auberge atteinte, elle s'assit avec joie pour manger un bon plat. Pendant qu'elle se régalait, elle sentit une main dans ses poches, malheureusement pour l'enfant qui avait voulu la dépouiller, vides. Sa tenue faisait des envieux et elle décida de discuter avec le jeune enfant. Il ne devait pas avoir plus d'une dizaine de printemps et pourtant, elle avait tout de suite senti qu'il était doué. Elle l'engagea alors pour récupérer son sac et son grimoire. Dès le lendemain, elle sut qu'elle ne s'était pas trompée sur le talent inouï de l'enfant puisqu'il revint avec lesdites affaires. Elle le paya chaudement avec les pièces qu'il lui restait et décida de lui montrer un léger tour de magie : elle lui offrit une pomme magique. Si chaque soir il déposait les pépins du fruit à côté de son lit, il pouvait être certain d'avoir une nouvelle pomme le jour suivant.
Après cela, elle décida qu'il était grand temps de rentrer chez elle. Cette idée fit germer un feu de joie dans son cœur. Si elle avait beaucoup appris du royaume franc, elle préférait de loin son pays natal et ses amis. Et elle avait hâte de retrouver Godric qui avait dû participer à beaucoup de duel et ainsi en apprendre encore plus sur lui-même en quelques mois.
Leurs retrouvailles furent joyeuses et ils passèrent de longues heures à se raconter leurs aventures, cachés dans un grenier, invisibles des moldus ou des sorciers, pour pouvoir se confier en toute simplicité. Godric avait rencontré du beau monde, mais il regrettait de ne pas avoir pu le faire dans des lieux publics et de ne pouvoir passer du temps avec des sorciers que dans le secret et par le bouche-à-oreille. Malheureusement, ni l'un ni l'autre n'avait une solution à ce problème, ils cessèrent donc de se plaindre et reprirent leur vie habituelle. Tout en continuant à rêver à de belles et grandes aventures.
