Cette fic est écrite dans le cadre de la 155ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Décadence". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Elle avait été l'élève la plus brillante que son collège n'ait jamais connu. Celle qui avait marqué son passage par l'invention des passages secrets permettant aux élèves de suivre les cours qu'ils désiraient et plus seulement ceux imposés par leur cursus. Qu'importe si elle était la seule à se rebeller contre ce système, qu'importe si elle était la seule à aller jusqu'au bout de sa volonté de pratiquer toutes les magies possibles. Elle est Eda Clawthorne, meilleure élève de la prestigieuse Hexside, chahuteuse en cheffe, élève brillante qui marquera les mémoires de toutes les façons possibles. Et elle adore ça.
Elle a fini sa scolarité et aurait pu devenir la sorcière la plus brillante du clan de son choix. Mais elle n'a pas voulu choisir. Elle n'a pas voulu céder aux supplications de sa sœur, pas voulu s'incliner devant le clan de l'empereur qui alterne mièvreries et menaces pour la recruter. Elle ne fera jamais partie d'un clan, elle gardera à jamais son talent, sa magie dans son entièreté. Même en dehors d'Hexside, elle restera connue comme la plus puissante sorcière de ce monde, la seule qui aura refusé de brider ses pouvoirs pour se conformer aux exigences d'un clan.
Sa réputation n'est plus à faire. Elle est à la fois la sorcière la plus talentueuse et la plus recherché de tout le monde magique. Cela devrait l'angoisser mais elle ne peut qu'exulter. Si on l'avait laissée en paix, elle aurait pu douter, ou même se rouiller et perdre de ce talent qui faisait sa puissance. Les autorités magiques et le clan de l'empereur n'ont au contraire de cesse de la pousser dans ses retranchements et elle ne se sent jamais aussi vivante que quand un déferlement de magie connu d'elle seule les repousse et qu'elle fuit encore une fois.
Elle vieillit. Elle fatigue, également. Elle parvient encore à le cacher à King qui ne prend pas le temps de remarquer qu'elle a besoin de plus en plus de potions pour contrôler le monstre en elle. La Dame Chouette est en train de perdre le combat contre cette chouette en elle qui prend de plus en plus de place et de puissance. Elle a toujours la force de lutter, elle trouve toujours suffisamment de potions pour contenir ses transformations. Elle est toujours aussi puissante, mais elle sent qu'elle entame une pente qui ne peut que descendre, sans aucune remontée possible.
Elle s'était sentie trop fatiguée pour affronter cette gamine humaine qui s'était imposée chez elle et avait décrété qu'elle serait son apprentie. Elle avait suffisamment de souci à s'occuper d'elle-même et de King comme cela, alors une gamine désireuse d'apprendre la magie ? Impossible. Pourtant, à chaque fois qu'elle veut la chasser, le regard de Luz l'interpelle. Elle a beau être en train de sombrer, Luz, elle, ne voit pas sa décadence. Au contraire. Elle l'admire, profondément. Elle voit sa puissance, son talent aussi. Et Eda, elle, adore cette sensation de toute puissance que le regard de Luz lui procure.
Elle a perdu le combat. Elle le sait, la Chouette au fond d'elle a gagné. Elle n'a plus la puissance de s'opposer aux troupes de l'empereur. Pourtant, quand elle apprend que Luz a été enlevée par l'empereur, elle n'hésite pas une seule seconde. Ses doutes, ses regrets sur sa gloire passée, sa peur du monstre en elle, tout est éclipsé par sa rage et son inquiétude sans nom. Elle était une sorcière géniale, la plus puissante de l'histoire de leur monde, la plus crainte, la plus mémorable. Et elle s'effondre, à la fois contre son monstre et contre sa sœur. Et, pour la première fois de sa vie, elle réalise qu'elle n'a plus peur de sombrer. Sa décadence n'a plus rien d'effrayant, ni de ridicule. Elle l'accepte et l'accueille avec le sourire, et elle n'a jamais été aussi sincère de sa vie quand elle assure à Luz que, toute puissante qu'elle était, elle n'a atteint son apogée qu'aux côtés d'une humaine trop enthousiaste et trop vivante qui lui a donné une raison de se battre, de vivre. Luz lui a donné une raison d'exister, de vivre entièrement. Et elle ne regrette pas une seule seconde de vivre une telle décadence.
Mon coeur bat beaucoup trop fort pour la rage, l'inquiétude et le déferlement de puissance d'Eda en fin de saison 1.
En espérant que ça vous ait plu !
