Hey !

Et voilà un nouvel Asra Julian ! (Nuit du Fof, thème Alizé, lalala) Cette fois on est sur un UA qui se déroule dans une ville au bord de la mer (Pour moi c'est Littoral dans Nier Repliqua. Voilà.) Parce que Julian le marin.

Merci à toutes les personnes qui ont commenté les OS précédents ! (Et à Ya pour sa relecture. Coeur)

Bonne lecture !

Entre deux départs

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Le soleil s'enfonce dans la mer et la nuit se gorge d'étoiles. Les lumières du village, elles, demeurent et illuminent les murs blancs de la rue. Un spectacle qu'Asra connaît par cœur. Il en observe un morceau découpé par la fenêtre de sa chambre chaque jour - ou chaque nuit, en l'occurrence. Le ciel qui s'éteint et s'allume de minuscules flocons, la place pleines de lueurs dorées et les rires qui se mêlent aux chants, frappés des pas de danse sur le pavé en fête. Un rythme familier s'élève, une odeur d'épice et de sucre qui lui donne envie de sortir.

Par cette même fenêtre, le vent marin se glisse et caresse sa peau comme on salue un ami. L'alizé qui porte les bateaux au port lui porte une bonne nouvelle.

Alors, en silence, il ajuste sa chemise aux boutons défaits et il ferme d'un tour de clef la porte de sa maison, avant de s'effacer dans les escaliers.

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Ici l'air sent le sel, les algues et les légendes. Le poisson, à l'heure du marché. Les rues sont un dédale sans fin de marches et de tournants qui perdent les visiteurs et amusent les enfants du coin. Le soleil transforme la mer en rivière de diamants quand il se lève, et la nuit s'y fond comme une goutte d'encre. Le rire des habitants est franc et vrai, le marché plein de vie. La pierre lourde de souvenirs.

Chaque fois que le Capitaine Devorak revient, son cœur se gonfle autant de joie que de tristesse. Il pense à tout le bonheur qu'il a eu ici, et à la prochaine séparation. Puis il ordonne à ses hommes de décharger la cargaison pendant que les enfants qui courent vont annoncer son arrivée au reste du village.

Julian a été un de ces enfants, il y a des années. Il admirait les bateaux qui s'échappaient du port et guettait leur retour depuis la fenêtre de sa salle de classe.

— Eh, Jules !

— Err, Lucio. Comment tu… vas ?

Un grand blond au regard vif s'approche. Il est plus petit que ses talonnettes ne veulent le faire croire, et Julian se tue à lui dire que de telles chaussures ne sont pas faites pour marcher sur le pavé. Mais c'est Lucio. Il entend ce qu'il veut entendre, sans parler du peu qu'il retient. Alors le revenant se laisse guider à sa suite et hoche la tête le long de son incessant bavardage.

— Et j'ai trouvé la bague parfaite pour Noddie ! Elle est énorme, en or, avec un rubis magnifique.

— Mm, oui.

— Mais pas assez chère, je suppose. Ça fait deux fois qu'elle refuse ma demande en mariage, il ajoute, contrarié.

Sans trop vouloir s'avancer, Julian pense que Nadia refuse ses avances parce qu'elle n'a pas envie de l'épouser. Mais il se doute que si Lucio n'a pas envisagé cette possibilité, alors qu'il n'est pas prêt à l'entendre.

— Oh ! Mercedes a eu ses petits !

L'intérêt du capitaine soudain piqué, il s'en va à la suite de son camarade admirer les chiots — le premier de ses nombreux points faibles.

Le second, c'est l'alcool.

Les fêtes et la bibine vont toujours de paire avec Julian. Il termine son verre de rhum plus vite qu'il ne l'a rempli, savoure la brûlure qui allume sa gorge et les étoiles qui dansent dans sa tête. Ses pieds ne sont plus aussi sûrs sur le pavé, mais il danse au milieu des instruments, attrape la main des villageois qui veulent bien de sa présence. Il y a des rires, des sourires qu'il rend et encore un autre verre qu'on lui remplit. Quand la chaleur et la boisson achèvent de le faire tanguer, il s'éloigne de la foule et va trouver l'ombre fraîche d'une ruelle.

Là où l'eau ruisselle avant de se jeter sur la mer, un autre de ses points faibles attend.

— Bonsoir, capitaine Devorak.

Drapé d'une chemise trop grande que la lune illumine, son regard chafouin encadré de boucles blanches, la sorcière du village patiente au bord de l'eau. Son cœur chavire.

— Asra, il murmure.

— Ravi de voir que tu n'as pas oublié mon nom.

Un rire de grelot retentit et sans qu'il ne l'ai vu s'approcher, l'étrange apparition se trouve soudain devant lui. Il inspire.

Asra sent toujours les fleurs. L'approcher, c'est comme se pencher sur les étalages du marché. Sa peau brune lui donne envie de mordre, et les boutons défaits de son vêtement appellent ses doigts. Il ne bouge pas, pourtant. Droit comme un piquet, le capitaine attend les ordres.

C'est la sorcière qui, la première, pose ses mains délicates sur sa taille. Et malgré ses vêtements, Julian pourrait jurer qu'il les sent jusque dans sa chair.

— Alors, ce voyage ?

— Parfait. Les transactions se sont bien passées. On a perdu deux ou trois caisses sur le chemin, une vilaine tempête qui nous a barré la route mais en dehors de ça… Mm, je t'ai ramené une surprise.

— Je sais. C'est un très beau collier.

— Il est- pardon ?

Le sourire spectrale du garçon s'étire comme il s'amuse de sa surprise. Un collier oui, c'est ce qu'il a prévu pour lui. Une pierre qu'on ne trouve pas dans le coin, dont la couleur mystique lui a rappelé celles qu'Asra utilise pour ses tours. Elle était belle — comme lui — et suspendue autour d'une corde simple, il l'a embarquée alors que le vendeur regardait ailleurs.

— Comment tu peux savoir ça ? Je ne l'ai pas sorti depuis qu'on a débarqué.

— En effet.

— Ce n'est pas-

— Chut, Ilya. Tu gaspilles ta salive.

Le doigt froid qui se pose sur sa bouche le fait frissonner. Ou bien c'est le vent marin qui danse encore autour d'eux et rapporte les odeurs de la mer. Julian a peut-être trop bu. Si ça se trouve, il invente tout ce qui est en train de se passer. Asra, son rire secret et les pans flottants de sa chemise qu'il voudrait lui enlever pour adorer son corps comme il se doit. Mais il n'a pas tant bu et il ne se souvient pas d'avoir attrapé de saloperie pendant le voyage.

La bouche du garnement se pose contre la sienne. Il espère de toutes ses forces qu'il n'est pas en train de délirer sur le pont du bateau, abandonné au soleil impitoyable des longs voyages en mer.

— Il est dans ta poche droite, Asra continue. Mais attends avant de me le donner, tu veux bien ?

— D'accord, Julian abandonne.

Asra s'avance sous la lune, au bord d'une eau qui court et brille comme le dos d'un poisson. La musique reprend au loin mais ils restent tous les deux là, dans l'ombre de la fête. La sorcière n'aime pas la foule. Et Ilya aime la sorcière, alors il la suit. Loin de l'escalier, là où la rue s'élargit entre deux maisons. Prêt d'un jardinet où se sont endormies les corolles des fleurs, le marin s'approche et ose enfin passer ses bras autour de sa taille.

Un soulagement étrange le gagne. Asra ne s'évapore pas. Il enfouit son nez dans ses cheveux.

— Me ferais-tu l'honneur de m'accorder cette danse ?

Il en a rêvé de longues semaines durant. Son corps contre le sien, le bruit des chants traditionnels et les gestes légers du jeune homme dans ses bras. La souplesse de ses pas de chat.

Il se souvient de la première fois qu'il l'a aperçu, fier petit gosse dressé devant la poste, qui courait à tout va distribuer le courrier pour se faire un peu d'argent. Son grand corps dégingandé a percuté celui d'un galopin qui se faufilait dans les rues. L'oreille tendue, il a entendu le marchand qui lui courait après en hurlant au vol. Il a vu le choux et la botte de carottes entre ses mains.

— Avec plaisir.

La méfiance froide dans ses yeux. Court sur pattes, il n'en a pas couru moins vite dans la ruelle la plus proche. Ilya s'y est précipité, mais le garnement avait déjà disparu.

Il n'a rien dit au marchand. Ç'aurait été mesquin de sa part, pour tous les fruits juteux qu'il cachait dans son sac alors qu'il entamait la conversation avec les vendeurs.

Leurs pieds se suivent et la danse commence au rythme d'une musique qui résonne dans les rues. Ce soir, Asra a revêtu son visage d'ange et Julian s'y laisse prendre. Il mène, mais c'est l'autre qui dirige le jeu. C'est avec plaisir que le marin tombe dans ses filets, pour cette nuit celles qu'il passera ici avant de lever l'ancre à nouveau.

Voilà. En vrai je n'arrêtais pas d'imaginer ces deux là dans les rues de Littoral en jouant à Nier Repliqua, et ça a donné cet OS. Pour une fois que c'est mimi et léger.

(J'ai encore un autre OS à poster, un UA aussi, qui arrive bientôt !)