Je ne possède aucun des personnages du film
PRE FILM : Un an après leur rencontre, Mary-Ann a décidé de présenter Ray à ses parents, sauf que le premier contact risque d'être plus difficile que prévu.
Oui j'aime vraiment écrire sur le passé des personnages et donc du coup, voilà !
En espérant que cela vous plaise !
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
L'accident
Depuis un mois, il faisait une chaleur étouffante qui rendait le travail encore plus difficile. Sur le port, tous les dockers souffraient de la chaleur. Pour ne pas souffrir d'insolation, au plus chaud de la journée, ils s'aspergeaient régulièrement d'eau. En plus, il y avait des semaines où tout se cumulait. Trois gros porte-containers étaient arrivés au port quasiment en même temps et il fallait les décharger aussi vote que possible. Du coup cela faisait plus de deux semaines que Ray travaillait entre 16 et 20 heures par jour et la fatigue commençait à vraiment se faire sentir.
Il souffrait d'un léger mal de tête à cause du manque de sommeil, mais il continuait à décharger sans se plaindre, acceptant même de travailler sept jours sur sept, comme le demandait son contremaitre. Ce n'était pas légal, mais toutes ses heures supplémentaires c'était de l'argent en plus et il avait besoin d'argent. Mary-Ann attendait leur deuxième enfant, une petite fille qui allait agrandir leur famille dans deux mois. Il était à la fois heureux et terrifié. Robbie avait cinq ans maintenant, il aurait bien aimé avoir un petit frère pour jouer, mais apparemment une petite sœur, ça lui allait aussi. Du coup, Ray tentait de faire le maximum d'heures. En travaillant ses dix heures classiques par jour il arrivait à un peu plus de mille dollars par mois. S'il montait à dix-huit voire vingt heures, il le doublait et il avait besoin de mettre de l'argent de côté, pour sa future princesse.
Perdu dans ses pensées, Ray sursauta lorsque la voix de son contremaître lui hurla.
- Tu rêves Ferrier au boulot !
- Désolé Dobbs, je faisais une pause.
- Alors, elle est finie !
Ray hocha la tête, remit ses gants et se dirigea vers son équipe. Ralph lui donna une tape sur l'épaule.
- Tu vas bien ?
- Oui, je pensais à Mary-Ann.
- Je m'en doutais.
Il lui sourit et les deux amis se remirent au travail. La grue pivota et présenta un container qu'elle venait de saisir sur le cargo. Il y eut des grincements, ce qui était normal, mais subitement, Ray se figea. Parce que les bruits qui suivirent n'étaient pas normaux. Il entendit un claquement et comprit que l'un des câbles venait de lâcher. Un frisson remonta le long de son échine. La grue n'aurait pas le temps de déposer le container et le jeune Jimmy, qui avait commencé le mois dernier était sur la trajectoire. Aussitôt, sans réfléchir, Ray bondit en avant.
- Jimmy !
Le jeune homme leva la tête sans comprendre et Ray, lui, ne perdit pas plus de temps. Il plongea sur son collègue au moment où les câbles finirent de céder. Des hurlements de peur retentirent.
Ray n'y fit pas attention et bouscula violemment Jimmy qu'il propulsa hors de la trajectoire du container, mais n'eut pas tout à fait le temps de se mettre lui à l'abri. Par chance, il évita le container qui l'aurait écrasé, mais ce dernier frappa un transpalette qu'il propulsa contre lui.
Ray fut percuté par la cabine et le choc le propulsa contre un autre container. Prit entre l'engin de levage et la paroi métallique il sentit les os de son torse se briser et la douleur explosa dans sa poitrine. Il glapit et s'affaissa sans perdre connaissance.
Il avait mal, sa respiration était difficile. Ses oreilles bourdonnaient. Il perçut vaguement des cris et quelqu'un dut faire avancer le transpalette parce que la pression sur son corps s'allégea, lui permettant de s'écrouler lourdement sur le sol. Son souffle était toujours aussi court. La douleur le faisait trembler et il n'arrivait pas à respirer. Pourquoi il n'arrivait pas à respirer ?
- Ray !
La voix paniquée de Ralph lui arriva vaguement aux oreilles alors qu'il sentait l'abime remporter la partie.
Ralph se jeta à genoux à côté de son ami et le détailla avec inquiétude.
- Ray ? Ray ?
Il posa une main sur sa joue et capta son regard rempli de douleur.
- Oh merde Ray !
Ralph redressa la tête et hurla.
- Appelez les secours !
Puis, il rebaissa la tête en direction de son ami. Ses yeux clignaient. Il luttait contre l'inconscience, mais il perdait lentement son combat. Ralph le voyait bien. Il n'arrivait pas à respirer, mais c'était normal parce que sa poitrine ne se soulevait pas de manière normale.
- Tiens bon Ray, les secours arrivent.
Pour toute réponse, Ray se mit à tousser durement. Quelque chose l'empêchait de respirer et Ralph frémit tout en pressant plus fort la joue de son ami pour le forcer à le regarder.
- Allez accroche-toi, pense à Mary-Ann.
Un léger sourire se dessina sur le visage de Ray malgré sa douleur, mais sa toux se fit plus dure et il cracha un peu de sang, ce qui terrifia Ralph qui comprit que c'était ça qui encombrait ses voies respiratoires, il était en train de se noyer dans son sang.
- Oh non Ray, accroche-toi, accroche-toi…
Le regard des deux amis se croisa une dernière fois et les yeux de Ray, à bout de force se fermèrent alors qu'une dernière pensée traversa son esprit : il ne tiendrait jamais sa fille dans ses bras.
Ralph hurla en voyant son ami perdre connaissance.
- Non ! Non ! Ray !
C'était un vrai cauchemar. Il ne pouvait pas mourir. Il se rappelait encore de leur rencontre douze ans plus tôt. Un gamin de dix-huit ans amoché par la vie qui cherchait juste un boulot pour survivre. Il l'avait formé et ils étaient devenus amis… Il ne pouvait pas mourir…
Et quand les secouristes débarquèrent pour le prendre en charge et qu'il comprit qu'ils étaient inquiets, Ralph ne put prononcer qu'une seule phrase.
- Il va avoir une petite fille…
OoooO
Le cœur de Mary-Ann battait fort. La jeune femme avait tout fait pour ne pas s'effondrer. Elle ne pouvait pas, mais elle n'avait pas pu retenir ses larmes. Le coup de téléphone de Ralph avait été terrible. Il y avait eu un accident grave sur les docks. Ray était blessé, gravement blessé… et la simple idée de le perdre lui était insupportable. Il ne pouvait pas mourir. Ils avaient un petit garçon de cinq ans et ils allaient avoir une petite fille. Ces enfants ne pouvaient pas grandir sans leur père. Comme elle détestait ce métier !
A la fois terrorisée et dans une rage folle, Mary-Ann entra dans le hall d'accueil de l'hôpital. Elle repéra immédiatement plusieurs dockers, mais surtout le contremaître, Dobbs, qui semblait contrarié. Frémissant de colère, la jeune femme se dirigea droit vers lui en tenant son fils par la main.
Elle se planta devant le type et sans prévenir le gifla avant d'exploser de colère.
- Vous ! C'est de votre faute cet accident espèce de salopard. Vous le faites travailler 18 heures par jour voire 20, il est totalement exténué, ça devait forcément arriver ! S'il meurt se sera entièrement de votre faute !
- Hey là ! Protesta Dobbs en se massant la joue. Il faut vous calmer, ce n'est pas moi qui lui fout un deuxième gosse dans les pattes sans avoir l'argent pour l'élever. Les heures qu'il fait c'est votre cher et tendre qui les demande, c'est clair. Il a besoin d'argent pour votre gamine, c'est tout.
Mary-Ann frémit et garda la bouche ouverte, absolument bouleversée par ce qu'il venait de lui lancer à la figure.
- Eh oui, quand on n'a pas de quoi à élever un gosse, on n'en fait pas !
La jeune femme blonde sentit ses jambes défaillir, mais quelqu'un la prit par le bras pour la retenir. Mary-Ann sursauta et se retourna, tombant nez à nez avec Ralph qui lui adressait un regard compatissant.
- Laisse-le. Viens t'asseoir.
- Ralph ? Murmura la jeune femme en le laissant la guider en direction de la banquette.
Ses jambes cédèrent et Mary-Ann eut juste le temps de s'asseoir pour ne pas s'écrouler. Bouleversé, elle se mit à trembler et agrippa l'une des mains de l'ami de son mari pendant que sa deuxième se posait sur son ventre. Son bébé avait senti sa nervosité, elle s'agitait et la femme enceinte frémit.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle à Ray les larmes aux yeux.
- C'est à cause de moi madame, intervint Jimmy qui était là, lui aussi.
Mary-Ann observa le jeune docker qu'elle ne connaissait pas.
- Il m'a sauvé la vie. Je suis désolé.
La jeune femme hocha la tête et se força à lui sourire pour le rassurer.
- Ça lui ressemble bien, ne t'en fais pas.
Puis, elle se tourna vers Ralph.
- Vous avez vu un médecin ?
- Non, mais nous allons attendre avec toi. Tout ira bien.
Mary-Ann baissa la tête, ne pouvant plus retenir ses larmes. Le petit Robbie qui était à côté de sa maman fit mine de monter sur ses genoux. Ralph le prit pour l'asseoir sur sa cuisse et le petit garçon se blottit contre sa mère assise à côté de l'ami de son père.
Tous se turent et ils attendirent que le médecin vienne leur donner des nouvelles et les minutes devinrent des heures…. Trois heures pour être précise pendant lesquelles Mary-Ann ne put retenir ses larmes. Elle ne se sentait pas de continuer sans lui et ni d'élever leurs deux enfants sans qu'il ne soit à ses côtés.
A un moment, la jeune femme pensa à appeler ses parents, mais elle savait à quel point ils pouvaient détester Ray. Ils n'étaient pas du même monde et ils se moquaient bien que le jeune homme ait grandi dans un milieu précaire, ce n'était pas le genre de mari qu'ils souhaitaient pour leur fille, alors, elle ne le fit pas, préférant rester avec Ralph et le jeune Jimmy.
Quand un médecin rentra dans la salle d'attente, Mary-Ann frissonna. Elle repoussa doucement Robbie dans les bras de Ralph et se rapprocha de lui. Le médecin la détailla et se sentit un peu déstabilisé par le fait que la jeune femme soit enceinte de sept mois.
- Madame Ferrier ?
- Oui, répondit la jeune femme en jetant un coup d'œil en direction de Robbie qui voulait la rejoindre.
- Vous avez quelqu'un pour garder votre fils ?
- Non…
- Je vais le garder, répondit Ralph.
Le médecin hocha la tête.
- Venez.
D'un geste, il entraîna la jeune femme un peu à l'écart, bien conscient qu'elle n'avait peut-être pas envie que tous les dockers entendent ce qu'il allait lui dire.
- Vous voulez une chaise ? Lui demanda-t-il sur un ton compatissant.
Mary-Ann frissonna et ne put retenir un violent sanglot. Comprenant qu'elle pensait peut-être qu'il n'avait pas survécu, il posa une main sur son bras pour la retenir et la rassurer.
- Il est vivant.
La jeune femme leva les yeux sur lui.
- Comment il va ?
- Je ne veux pas vous donner de faux espoir. Son pronostic vital est engagé. Le choc lui a écrasé la poitrine et lui a fracturé le sternum ce qui lui a brisé quatre côtes et entraîné un hémothorax.
Mary-Ann laissa filer un glapissement douloureux.
- Il va s'en sortir ?
- C'est trop tôt pour le dire.
- Je peux le voir ?
- Je vais vous emmener, mais il faut vous préparer à ce que vous allez voir dans cette chambre. A cause de ses lésions pulmonaires nous l'avons placé sous respirateur. Je lui ai aussi posé deux drains pour évacuer le sang de ses poumons.
Mary-Ann hocha la tête en sanglotant et le médecin se pencha sur elle.
- Vous êtes prête ?
Elle hocha la tête et le médecin l'emmena avec lui.
...
La chambre était froide, blanche, stérile, mais le regard de Mary-Ann fut attiré par le lit où était allongé Ray. Le médecin l'avait prévenu, mais les drains remplis de sang, le respirateur qui faisait disparaître la moitié de son visage, les bips de son moniteur cardiaque, les bleus qui dépassaient de sous les draps et sa peau trop blanche la terrifièrent. Mary-Ann explosa en larmes et manqua de s'écrouler.
- Oh mon dieu, Ray… Ce n'est pas possible… mon amour…
Mary-Ann se cramponna et se pencha en avant pour lui déposer un baiser sur le front.
- Je suis là Ray… Je suis là….
Bien évidemment, il ne pouvait pas lui répondre, mais c'était si normal. Il faisait plus mort que vivant… Sa main s'agrippa à la sienne pendant que l'autre lui caressait le front.
- Ray… Je t'en supplie… Ne meurs pas… Je t'aime…
