Bonjour !
Petite erreur de ma part, la JC week commence en fait aujourd'hui.
Prompts du jour : Doré/Mascarade
À toi pour toujours
Chapitre 1
oOo
Jaime demeura un long moment le regard rivé sur la lettre, incapable de prononcer le moindre mot – ou, plus exactement, incapable de déchiffrer le moindre mot.
« Les... les lettres se mélangent, » balbutia t-il, honteux.
Les dents serrées, il baissa les yeux vers le sol, répugnant de croiser le regard de Tyrion presque autant qu'il redoutait de découvrir le contenu de la lettre. S'agirait-il du moment où ce qui pouvait très bien être une mascarade serait dévoilé ? Finirait-il avec le cœur en miettes, encore une fois ?
Tyrion lui saisit le poignet avec délicatesse. Leurs regards se croisèrent.
« Jaime. Tout va bien, d'accord ? »
Il parvint tant bien que mal à acquiescer.
« Je pourrais lire la lettre, si tu le souhaites. »
Ce n'était pas grand-chose, et pourtant Jaime en éprouva une reconnaissance infinie, et sut qu'il avait fait le bon choix en se confiant à lui.
Après un autre sourire rassurant, Tyrion saisit la lettre tendue et en commença la lecture.
Jaime,
Te souviens-tu des heures que nous avons passées dans cette salle, tous les deux ? Quand j'étais sur le trône et que tu te tenais à mes côtés, je me sentais invincible. J'entrevoyais déjà notre dynastie de lions, une dynastie d'or et de sang, une dynastie éternelle. Je n'avais qu'à fermer les yeux pour voir se dessiner dans mon esprit le jour où je t'épouserais au vu et au su de tous, je me voyais déposer la couronne sur ta tête et faire de toi mon roi, comme j'en avais toujours rêvé.
Ce rêve-là aussi est tombé en poussière, comme tous les autres. Peut-être même n'a t-il jamais existé que dans mon esprit. Tu te moquais d'une couronne, pas vrai ? Tu voulais être respecté et admiré, bien sûr – un Lannister reste un Lannister, après tout – mais le pouvoir ne t'intéressait pas. T'ai-je inconsciemment repoussé avec mes rêves de dynastie millénaire ?
Tu ne voulais que moi. Je te voulais toi, et je voulais la couronne.
Aujourd'hui, alors que le souvenir de tes baisers me brûle autant qu'il m'apaise, je sais qu'ils m'auraient suffi... que toi, tu m'aurais suffi.
Cersei
Un silence accablé s'abattit sur la pièce pendant de trop longues secondes qui parurent aussi éphémères qu'interminables à Jaime. Il essuya rageusement les larmes qui perlaient au coin de ses yeux.
« C'est elle, » murmura t-il d'une voix étranglée. « Ça ne peut être qu'elle. »
Il ne savait pas s'il avait envie de pleurer de joie ou de désespoir – peut-être un mélange des deux, quelque chose qui avait le parfum du bonheur le plus pur et l'odeur de la plus hideuse culpabilité, quelque chose de complexe et d'indéfinissable, quelque chose de Lannister.
Tyrion semblait pour une fois être à court de mots, aussi se contenta t-il de l'écouter en silence.
« Moi aussi, je me souviens des heures que nous avons passées ici. »
Ne sachant si c'était vraiment une bonne idée, il gravit les marches qui menaient au trône et se posta à la gauche de celui-ci, comme il avait l'habitude de le faire quand Cersei était la reine et que tout semblait encore possible.
« Elle a raison, tu sais. Le pouvoir, au fond, je m'en fichais. Mais... »
Il serra les dents, tentant d'empêcher ses sanglots de ravager son visage dans une coulée de larmes.
« Pour elle, j'aurais porté toutes les couronnes du monde. »
Un souvenir l'assaillit, et il le laissa avec une certaine réticence le ramener des années en arrière, à l'époque où tout son monde se résumait aux cheveux dorés de Cersei et à ses yeux émeraude.
.
La salle du trône était à présent vide. Cersei, sa nouvelle couronne trônant fièrement sur le sommet de son crâne, se tenait face au Trône de Fer, qu'elle contemplait d'un air pensif, les mains croisées. Jaime s'approcha prudemment d'elle. Il ne comprenait toujours pas ce qui avait bien pu se passer en son absence. Où était donc Tommen ? Et pourquoi ne restait-il plus que des ruines là où se tenait le Septuaire de Baelor ?
« Cersei... » murmura t-il.
Elle se retourna, et il fut surpris par la dureté de son regard.
« Veux-tu bien m'expliquer ce qu'il se passe ? Et ce que ceci signifie ? »
Il avait l'impression que ses questions l'agaçaient – où était-ce une manière comme une autre de lui dissimuler les nouvelles fissures invisibles qui venaient de se creuser sur son cœur ?
En quelques mots. Elle lui expliqua tout. Le procès. L'explosion.
Le suicide de leur dernier enfant.
Estomaqué, il ne sut que répondre.
Jadis, Cersei et lui se plaisaient à imaginer un avenir où ils pourraient s'aimer librement et vivre heureux pour toujours.
Un avenir doré.
Mais il ne voyait rien de doré, à présent.
Il voulut dire quelque chose à propos de Tommen mais ne trouva rien. Au bout de quelques minutes de silence, le masque d'indifférence que Cersei avait consciencieusement revêtu se fissura soudain.
Elle fondit en larmes et se jeta dans ses bras, et Jaime ne put que lui rendre son étreinte et lui murmurer des mots doux à l'oreille.
Peut-être restait-il quelques poussières d'or quelque part, un dernier espoir d'accéder au bonheur.
Et si ces poussières existaient, Jaime remuerait ciel et terre pour les trouver. Il s'en faisait la promesse.
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« Jaime ? Tout va bien ? »
La voix de Tyrion le tira de ses pensées.
« Non, » répondit-il avec honnêteté.
Réprimant un soupir, il demanda à son petit frère où ils devaient se rendre pour ouvrir la deuxième lettre.
« Dans les jardins. »
Jaime acquiesça.
« Ne perdons pas de temps. »
