Bonsoir, et bonne lecture du chapitre.
Chapitre 24
- Allez mon grand, laisse toi faire. Je te promets que tu ne ressentira aucune douleur. Allonge toi que je t'examine de plus près.
Contre toute attente, le grand Cauchemar Monstrueux se couche et laisse Harold l'approcher. Ce dernier se place devant lui, droit devant le souffle du Dragon qui ne se gêne pas pour lui envoyer une grande expiration d'air chaud.
- Ah, suffit Monsieur-je-ne-suis-pas-d'accord! déclare Harold en se recoiffant. D'abord, je ne t'ai jamais forcé à t'allonger. Tu l'ai fait de toi-même. Ensuite, même si tu avais refusé, je n'aurais jamais demandé à Inghen pour te forcer à faire tout ce que je te dit. J'aurais l'impression de t'abuser alors que ce n'est pas mon intention; je veux juste t'étudier de plus près , c'est tout.
Le Dragon Titan lui souffla une nouvelle fois au visage, mais plus faiblement ce coup- ci.
- Je vais prendre ça pour oui. Je ne te manipulerais pas, et de toute façon, tu ne me sentirais même pas vu la différence de gabarit entre nous.
Harold pose doucement sa main sur la tête du Dragon. Ce dernier ferme les yeux, et malgré ce que pense Harold, il sent la main de l'humain qui se déplace sur ces écailles.
- C'est très étrange, j'ai pensé que tes écailles seraient chaudes vu que tu as cette capacité à t'enflammer. Et pourtant, je suis surpris de ne sentir aucune sensation de chaud. Donc, tu dois d'enflammer d'une autre façon. Je vais passer derrière ta tête pour inspecter tes cornes, tout le monde à Beurk pense que c'est du bois.
Comme si le Dragon le comprenait, il se met à grogner.
- Au vu de ta réaction, je pense que c'est faux. Voyons voir, cela ne ressemble pas à du bois. Pas la même matière, et ce n'est pas comme un os. C'est très bizarre, très étrange. Maintenant, ton cou. Il est très puissant, en même temps, il en faut de puissance pour balancer ta tête de droite à gauche. Quand à tes pattes, je ne voudrais pas m'y frotter, vu la taille de tes griffes. Si par chance, ton adversaire échappe à tes flammes, il devra se frotter à tes griffes acérées comme des rasoirs. Étend ton aile, tu veux bien s'il te plaît?
Le Dragon s'exécute, et laisse suffisamment de place pour qu'Harold puisse se glisser en dessous.
- Incroyable. Tu ne possède pas autant d'écailles à cet endroit, on voit que la lumière met en valeur ta couleur rouge.
Harold touche ce que ressemble à une membrane de l'aile.
- Surprenant, ça ressemble à notre peau. C'est fou. Tu prends les oiseaux, ils ont des plumes sur tout leur corps, même si les plumes de leurs ailes sont différentes. Toi, tu as des écailles sur la tête, le cou, et le dos; et pourtant, tu as de la peau sur tes ailes. Avec du recul, je n'ai jamais vu les ailes d'un Cauchemar Monstrueux s'enflammer. Sinon, elles prendraient feu.
Harold continue son examen, n'hésite pas à toucher toutes les autres parties du Dragons. À un moment, le Dragon s'écarte brusquement, surprenant Harold.
- Je ne comprends pas, je ne pense pas t'avoir fait mal. Pourquoi réagis-tu comme ça?
- Parce que tu rapproches un peu trop près de sa partie à lui, si je puis dire.
Harold sursaute et se retourne pour apercevoir Inghen, tranquillement assise sur un rocher.
- C'est fou comment il t'écoute sans broncher, il pourrait t'écouter au doigt et à l'œil en un simple claquement de doigt. Tu en ferrait ce que tu veux, enfin presque. Tu es rentré dans sa zone interdite.
- Je ne comprend pas.
- On va faire différemment, déclare Inghen en se levant et se rapproche d'Harold. Tu va me dire ce que tu ressentira. Pour un soucis d'équité, enlève ton haut.
Harold s'exécute et se retrouve torse nu.
- Bien, maintenant les rôles vont s'inverser. Je ne te mettrais pas mal l'aise, je veux simplement te faire ressentir les effets de ta petite manipulation sur un Dragon.
Inghen se met à genoux pour être au maximum à sa hauteur. Malgré ça, Harold lève tout de même la tête pour regarder Inghen droit dans les yeux.
- Maintenant, que ressens-tu? demande-t-elle alors qu'elle balade sa main sur le torse du jeune enfant.
- C'est... très étrange.
- Pour ne pas dire malaisant, hein? questionne Inghen tout en retenant son rire. Déjà, de un parce que tu n'as pas l'habitude, et de deux, parce que tu me connais. Maintenant, imagine si j'étais une véritable inconnue. Là, tu serais vraiment mal à l'aise. Cette sensation, c'est un peu la même que mon Dragon ressent quand tu le manipule. Et pourtant comme toi, je n'ai aucune mauvaise intention.
Harold baisse les yeux de honte, n'ayant jamais pensé à cette éventualité.
- Ne t'inquiète pas, rassure Inghen en voyant le mal-être de son apprenti. Il a des endroits sur ces écailles où le toucher, voir même le gratter, qu'il apprécie. Je te laisserais les trouver par toi-même. Pour en revenir à sa réaction de tout à l'heure, voyons comment tu va...
- Stop, interrompit Harold tout en écartant la main d'Inghen qui descendait vers la ceinture. Là, ce n'est pas possible.
- Et voilà, exactement la même réaction. C'est parce que tu approchais de la même zone qu'il a réagit comme ça. Maintenant, qu'en conclus-tu?
Harold, ayant compris, met ses mains devant son visage pour cacher son embarras. Inghen se met à éclater de rire, ce qui accentue la gêne d'Harold.
- Sache une chose: que ce soit un Dragon mâle ou femelle, la zone «a proprement parler» se situe au même endroit. Donc maintenant que je t'ai expliqué la seule zone «sensible» du Dragon, reprend donc tes analyses et hypothèses.
Harold remet son haut et observe le Cauchemar Monstrueux. Comprenant le regard interrogateur de l'humain, il se couche et lui permet de reprendre le contact. Harold continue de toucher les autres parties et revient à son point de départ, droit devant le Dragon.
- Très étrange, mais merci de t'avoir toucher pour que j'en apprenne plus à ton sujet. Bien que je ne comprend toujours pas comment tu t'enflammes.
Voyant son interrogation, il se relève et finit par s'enflammer. Cette réaction surprend Harold qui tombe à la renverse en voulant reculer.
- Ne recule pas, déclare Inghen. Il ne te fera aucun mal.
- Comment tu peux en être sûr?
- Parce que contrairement à ce que tout le monde pense, les Dragons peuvent ressentir les émotions, les questions et les inquiétudes des humains. Enfin, dans la limite de leur domaine de compréhension. Sache juste que cette méthode est à la base un technique d'intimidation, un premier avertissement pour signaler à l'agresseur pour fuir le combat. Mais dans ton cas, c'est différent. Patiente un peu, et quand ses flammes auront disparues, tu le toucheras à nouveau.
- Quoi? Mais tu es folle, je vais me brûler la main.
- Fais moi confiance, je connais mon Dragon. J'aurais pu gagner du temps et te transmettre tout ce que je sais. Mais tes erreurs lors de ton observation te serviront pour observer les autres, autant faire un maximum d'erreurs sur celui-ci qui est docile plutôt que sur un Dragon sauvage. Désolé mon cher ami, mais tu va servir de cobaye pour Harold.
Comme si les paroles de sa cavalière l'apaisait, le grand Dragon arrête ses flammes et se rapproche d'Harold. Devant le manque de réaction de ce dernier, Inghen enchaîne.
-Lève-toi Harold, et retourne à son contact. Fais moi confiance, je ne te laisserais pas tomber.
- Il faut une première à tout.
- Le plus tard possible, cela arrivera, je ne vais pas te mentir. La seule fois, et je l'espère, sera quand je devrais te laisser à ton sort.
- Dis comme ça, c'est très réjouissant.
Harold se relève et tend prudemment sa main vers le museau de la créature en face d'elle. Et au moment du contact tant redouté, aucune sensation de chaleur attendue.
- C ….. C... Comment est-ce possible? Je t'ai vu t'enflammer, brûler pendant de longue minutes. Et pourtant, tu es aussi froid que tout à l'heure. Et pourtant, tes écailles sont à peine brûlées.
- Maintenant, c'est à mon tour de t'enseigner ces deux détails. Laisse moi te montrer. Tout d'abord, aussi surprenant que ça puisse être, mon Dragon et peut être les autres en général, perd ses écailles. Et pourtant, il en a des nouvelles à la place. Ce qui veut dire que ces écailles ont une capacité à résister au feu. Est-ce pareil pour tout les autres? Je ne sais pas. Quand à sa capacité à s'enflammer, je n'ai pas toutes les réponses, mais seulement une partie. Regarde.
Inghen sort un couteau, et se dirige vers sa monture. Elle utilise le plat de son couteau pour gratter les écailles, puis se tourne vers Harold.
- Tiens, prend le couteau et observe-le. Que constates-tu?
- On dirait, une sorte de …... matière gluante ou visqueuse. Je ne saurais quoi dire.
- Maintenant, tend le bras et ne bouge pas. C'est à toi mon petit, une petite flamme pour allumer le couteau.
Le Dragon se concentre et réalise son plus petit souffle de feu pour ne pas blesser Harold. Une fois fini, Harold constate que le couteau qu'il tient dans la main est en feu. Par réflexe, il le lâche mais ce dernier continue de brûler au sol. Finalement, au bout d'un certain temps, la combustion s'arrête.
- Voilà qui explique les flammes du Cauchemar Monstrueux. Il sécrète cette matière tout le long de son corps, et c'est cette dernière qui s'enflamme. Comment il l'a produit, je ne sais pas.
- Hallucinant, je n'en revient pas. Tant de choses que l'on pense savoir sont en fait fausses.
- Et pourtant, vous n'en savez pas grand chose. À part les potentiels dégâts et le fait de les tuer tout de suite.
- Si on pouvait vivre avec eux, les possibilités seraient multiples.
- Je te calme Harold. Je comprend tout enthousiasme, mais il faut savoir une chose: les humais sont comme les Dragons. Ils mangent, boivent, élèvent leur progéniture et peuvent être bon comme mauvais. Vous n'êtes pas si différents qu'eux, à quelques détails près.
- Et pourtant, nous leur faisons la guerre.
- Alors là, c'est un autre débat. Maintenant que tu as fini d'utiliser mon Dragon comme cobaye, nous allons retourner à l'entraînement. Et tu ne vas pas aimer.
En sachant ce qu'elle veut dire, Harold soupire. Mais les derniers événements lui ont donné raison, il finit par accepter les souffrances infligées par les exercices de son mentor.
