Chapitre 2 : L'horreur des vacances

La première idée qui vint à l'esprit de Harry fut d'écrire à Sirius, son parrain voulant être informé de tout évènement anormal. Harry, la main sur son front tenta d'atténuer la douleur lancinante qui provoquait des résonnements dans son crâne, comme si on y avait enfermé un bourdon. Voyant qu'il était inutile de s'acharner, il se résigna à prendre un morceau de parchemin, sa plume d'aigle et sa bouteille d'encre. D'une main fébrile il écrivit.

Sirius,

J'espère que toi et monsieur Lupin allez bien. Je te remercie pour le livre et pour la photo. Il m'arrive quelque chose d'effrayant : j'ai reçu une lettre de Voldemort. Je sais que c'est lui, je connais son écriture et quand je l'ai ouverte la marque des ténèbres est apparue. Ma cicatrice s'est mise à me brûler si fort que je me suis évanoui et même à présent, alors que la marque a disparue, elle me fait encore mal.

Sur la lettre il y avait une tête de mort et le mot suivant : « Bon anniversaire Harry, je suis désolé mais je n'ai pas encore de cadeau à t'offrir. ». Qu'en penses-tu ? Dois-je prévenir Dumbledore ?

Réponds-moi

Bises,

Harry

Harry détestait rapporter à son parrain ses craintes par peur que celui-ci se fasse prendre par les sorciers du ministère alors qu'il reviendrait pour le protéger mais, la lettre de Voldemort l'avait réellement effrayé car il lui semblait qu'elle signifiait que le terrible mage noir et ses partisans, les mangemorts, pouvaient découvrir où il habitait et débarquer à tout moment pour le tuer. Cependant, en relisant la lettre Harry fronça les sourcils Voldemort n'avait visiblement pas l'intention d'en finir avec lui tout de suite. « Je n'ai pas encore de cadeau à t'offrir. ». Harry frissonna. Outre sa cicatrice les seuls cadeaux que Voldemort ait jamais faits à Harry étaient des tentatives de meurtre. A chaque fois, il avait réussi à se sortir des griffes du mage noir, mais, Harry se demandait si la chance ne finirait pas par tourner un jour ou l'autre.

Harry alla attacher sa lettre à la patte d'Hedwige, cette dernière lui mordilla les doigts et s'envola porter sa missive.

Serrant sa baguette dans sa main droite, Harry alla s'allonger sur son lit.

_ « Alors ! tu te lèves oui ou non ! »

Harry se réveilla en sursaut, à quelques centimètres de son visage, un autre visage, chevalin avec des yeux exorbités le fixait avec une expression de colère et de dégoût.

Harry souffla : ce n'était que la tante Pétunia.

Lorsqu'il s'était couché il ne pensait pas qu'il parviendrait à s'endormir. Il était resté longtemps à fixer la porte comme s'il s'attendait à ce que Voldemort puisse arriver à tout moment, un sortilège de mort sur le bout de langue. Mais, sur le matin, le sommeil avait fini par le gagner.

_ « Je t'ai déjà dis de ranger toutes ces bêtises » aboya la tante Pétunia en désignant les grimoires, les rouleaux de parchemin et les plumes qui traînaient en vrac sur son bureau.

_ « Ce ne sont pas des bêtises, ce sont mes affaires scolaires et mes devoirs de vacances » dit Harry d'un ton acide.

La tante Pétunia allait lui répondre sur un ton proche de celui d'une alarme anti-incendie quand un hurlement de douleur retenti au rez-de-chaussée. Oubliant son neveu détesté, la tante quitta précipitamment la chambre pour voir se qui se passait.

Harry s'habilla et mit ses lunettes en ricanant : lui, n'avait nullement besoin d'aller voir pour savoir ce qui se passait : son cousin, Dudley Dursley prenait des cours de rattrapage et le hurlement venait certainement du professeur chargé de les lui donner.

Des vociférations suivirent les hurlements, Harry attendit un peu avant de descendre et ne s'engagea sur la première marche de l'escalier que lorsqu'il entendit la porte d'entrer claquer en faisant trembler la maison de ses fondations jusqu'au grenier. Il se glissa silencieusement dans la cuisine immaculée et commença à manger une tartine à la confiture de fraise. La porte de la cuisine s'ouvrit comme sous l'effet d'un cyclone. Harry leva les yeux, l'oncle Vernon le regardait d'un air mauvais.

L'oncle Vernon était un homme grand, massif au point de sembler carré, avec une tête forte, une moustache très épaisse, des yeux porcins et un cou presque inexistant.

L'oncle Vernon alla s'asseoir et ouvrit son journal en grommelant, plus pour ne plus voir Harry que pour le lire.

« Tas de hippies… drogués… bons à rien… intellectuels… ». Harry savait très bien quelles étaient les cibles de la diatribe de l'oncle Vernon : les étudiants qui avaient, en vain, chercher à faire rentrer quelque chose dans le crâne épais de son cousin de Dudley.

Sur le bulletin de fin d'année, le proviseur de Smelting, le collège privé que fréquentait Dudley, avait signifié que le jeune Mr Dursley avait des notes insuffisantes pour prétendre passer dans la classe supérieure. La nouvelle avait scandalisé toute la maison Dursley, la tante Pétunia clamant haut et fort que Dudley était un garçon « trop sensible et trop fin pour être compris par tous ces professeurs bornés et terre à terre » ce qui fit beaucoup rire Harry car il aurait été très difficile de trouver plus bornés et terre à terre que les Dursley l'Oncle Vernon lui avait clamé au complot en prétendant qu'on voulait l'atteindre en humiliant son fils. Finalement, l'oncle Vernon avait appelé le collège et après moult hurlements, le proviseur finit par céder en acceptant de ne pas faire redoubler Dudley si celui-ci suivait des cours de rattrapage pendant les vacances.

Dudley aurait sans doute préféré redoubler que devoir travailler durant l'été mais ses parents, faisant à son égard preuve d'une fermeté étonnante, ne lui laissèrent pas le choix. Dudley prenait donc des cours, mais il y mettait toute la mauvaise volonté qu'il pouvait déployer et, en moins d'un mois, il avait poussé au bord de la crise de nerfs quatre étudiants pourtant plus flegmatiques que des veracrasses, mais, comme d'habitude, les Dursley avaient cherché toutes les excuses possibles pour dédouaner leur fils du tour catastrophique que prenaient ces cours de rattrapage.

Soudain, Vernon Dursley baissa son journal et regarda Harry en plissant ses petits yeux méchants. Harry se retint autant qu'il put mais au bout de quelques minutes, exaspéré, il demanda :

_ Bon, qu'est ce qu'il y a encore ?

Le regardant toujours avec le même air inquisiteur, l'oncle Vernon dit :

_ As-tu appris les équations dans ton…à… enfin à…

_ A Poudlard ? Lâcha Harry.

C'est comme si les yeux de l'oncle Vernon avaient enflé d'un seul coup. L'oncle de Harry le regardait maintenant comme s'il venait de l'insulter, il soufflait bruyamment, son visage avait prit une teinte de prune trop mûre et ses mains étaient tellement crispées que les jointures de ses phalanges devinrent livides.

_ Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas entendre ce nom sous mon toit ! Tu n'as pas à te vanter de ton anormalité ! Et répond à la question que je t'ai posée !

L'oncle Vernon avait rugit cela sans s'arrêter et il paraissait maintenant hors d'haleine. D'une voix lasse Harry répondit :

_ Oui, on utilise des équations dans certaines matières.

L'oncle Vernon sembla se calmer mais son visage était toujours violacé.

_ Bien, dit-il en évitant soigneusement le regard de Harry, dans ce cas tu montreras à Dudley comment cela fonctionne.

Harry le regarda la bouche ouverte. On aurait dit un poisson qu'on aurait trop brusquement sorti de l'eau.

_ Il n'en est pas question.  Parvint-il à articuler après un moment.

Cette fois ce fut l'oncle Vernon qui eu l'air d'un gros mérou agonisant. Sentant une colère aussi imminente que bruyante, Harry s'empressa d'ajouter.

_ Je veux bien le faire si vous m'autorisez à sortir librement… au moins dans le jardin.

L'oncle Vernon ferma la bouche. Sous son gros crâne les rouages se mirent à fonctionner.

_ D'accord, finit-il par dire, mais seulement quand ta tante sera également dans le jardin.

Harry opina du chef. Depuis le début des vacances, lorsque Dudley sortait de la maison, il était constamment escorté par sa mère. Sans doute les Dursley craignaient-ils que les menaces qui pesaient sur Harry touchent également leur grosse tête blonde adorée. Harry qui espérait en sortant de temps à autre dans le jardin échapper pendant un moment à sa désagréable famille en serait donc pour ses frais mais au moins, il pourrait prendre l'air de temps en temps.

La porte de la cuisine s'ouvrit à la volée, laissant passer un gros goret vêtu d'un maillot de l'équipe anglaise de rugby et d'un jean. Son visage, surmonté de cheveux gras et jaunes avait de curieuses similitudes avec celui d'un jeune garçon.

_ Dudley, je t'ai trouvé un nouveau professeur.

La tante Pétunia, qui suivait son fils, haussa un sourcil. Après la démission du deuxième étudiant, les Dursley avaient eu un mal fou à trouver des remplaçants : la réputation de Dudley aidant, les postulants avaient tous exiger des rétributions que même une famille plus riche que les Dursley aurait jugées excessives.

_ Qui est-ce ? Demanda la tante Pétunia.

Dudley, se désintéressant complètement de la question, plongea la tête dans son bol de céréales.

_ Harry. Dit l'oncle Vernon en triturant nerveusement son journal.

Dudley manqua de s'étouffer. Il toussa bruyamment, projetant des céréales à moitié mâchées dans toute la cuisine. La tante Pétunia vira au vert.

_ Mais enfin, Vernon…

_ Ca suffit, coupa l'oncle Vernon, pour une fois que nous parvenons à trouver une utilité à ce garçon. Jusque là il n'a fait que nous coûter les yeux de la tête.

Harry regarda son oncle d'un œil mauvais. Dans sa tête lui vint une bonne dizaine de maléfices qu'il lui aurait bien volontiers lancés. Lui, qui était obligé de porter les vieux vêtements de Dudley même s'ils étaient trop larges pour lui, et à qui les Dursley avaient toujours réservés les tâches les plus pénibles – laver la voiture, ranger la chambre de Dudley, tondre la pelouse, réparer le vélo de Dudley, repeindre la clôture, repasser les habits de Dudley…- voilà que son oncle venait de l'accuser de n'être qu'un parasite.

_ Quand devrais-je commencer ? demanda Harry d'une voix morne.

_ Cet après midi. Répondit l'oncle Vernon.

Dudley poussa un long gémissement et Harry l'aurait bien imité.

_ Reprenons depuis le début, soupira Harry les mains plaquées sur son front.

Depuis trois heures, il essayait de faire comprendre à son cousin le fonctionnement d'une équation à une inconnue, et il commençait à se demander s'il n'aurait pas dû demander à rester cloîtrer dans sa chambre durant tout le reste des vacances. Même Crabbe et Goyle, deux élèves de Poudlard particulièrement bêtes, avaient plus d'entendement que Dudley.

_ Allons X+1 = 6. Combien vaut X ?

Dudley le regarda comme s'il lui avait demandé de faire apparaître un lapin bleu sur la table. Harry leva les yeux au ciel.

_6-1 = 5, tu es d'accord ? Bon, et 5+1 = 6 donc, X est égal à ?

Dudley sembla faire un intense effort de réflexion.

_ 5, dit-il d'une voix hésitante.

_ C'est cela, dit Harry avec soulagement. Bon, maintenant 7-X = 9, quelle est la solution ?

Dudley regarda son cousin avec méfiance puis, avec un ricanement de satisfaction, répondit :

_ Ce n'est pas possible, 7-5 c'est égal à 2.